de Pierre Assouline

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La République des livres

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L’édition est-elle l’avenir du reportage ?

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Peut-on encore dire, comme Hegel autrefois, que la lecture du journal est la prière du matin de l’homme moderne ? S’il a tendance à changer de forme et de support, l’esprit demeure tel un vieux réflexe dont on ne saurait se débarrasser. On verra bien pour la prochaine génération de citoyens-lecteurs. En attendant, les réflexions de fond sur l’avenir du journalisme sont suffisamment rares pour être remarquées. Raison de plus pour faire une place à part  au Manifeste XXI, brochure de 20 pages encartée dans la dernière livraison de la revue du même nom à l’occasion de son cinquième anniversaire (No21, […]

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Michel Jullien rend sa copie

Michel Jullien rend sa copie

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C’est terrible, un incipit. Terriblement injuste car cela peut faire fuir ou captiver. Très précisément : rendre le lecteur captif du texte. Dès l’incipit, on sait si un écrivain se tient derrière la plume. Ainsi débute Esquisse d’un pendu (184 pages, 16 euros, Verdier), roman de Michel Jullien : « La Machine n’est qu’ossature, rien mieux qu’un emboîtage architectural éviscéré, cubique, sans complexité de construction. C’est une pile creuse faite de niveaux amoncelés sur un empierrement mastoc, à répétition d’étages, une cage vide, libre au vent, des parois criblées de fenêtres sans vitres et protection.. Sa fonction fut d’exposer, de magasiner, de remiser à […]

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Un monument de papier à la gloire des invisibles

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Ce serait bien de commencer l’année par un coup de chapeau à une entreprise qui se distingue par son audace, sa témérité, son originalité. Imaginez le chantier : rien moins qu’une Histoire des traductions en langue française dans tous les domaines de la vie de l’esprit ! L’idée a germé un jour dans la conversation d’Yves Chevrel et de Jean-Yves Masson, deux comparatistes de l’université Paris-Sorbonne ; ils en ont fait l’axe de leur programme de recherche du XVème siècle à nos jours ; une fois que l’Agence nationale de la recherche eut donné son accord pour le financement, il ne manquait plus que […]

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Oraison funèbre pour un chat beauté

Oraison funèbre pour un chat beauté

Bernard Morlino

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Dommage que Paul  Léautaud soit mort : il aurait aimé Que Tal, le livre que Daniel Arsand a consacré à son chat du même nom.  Ce sarcophage littéraire va rendre jaloux beaucoup de monde dans l’entourage de l’écrivain. Ce chat est parvenu à déclencher un manuscrit à son auteur quand bon nombre des ses proches n’ont même pas eu droit à un aphorisme en guise d’adieu. De nombreux ouvrages ont été consacrés aux félins domestiques dont ceux de Rilke/Balthus (Mitsou), Colette, Simenon, voire Marie Dormoy.  Dans celui de Daniel Arsand  on perçoit une grande force spirituelle qu’il parvient à canaliser dans […]

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2013 : voeux à volonté !

2013 : voeux à volonté !

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« … Tel un géomètre, tout entier cloué à la mesure du cercle, qui ne trouve nulle idée du principe qui lui manque, tel j’étais, à cette vision nouvelle : je voulais voir comment avait pu se joindre la figure au cercle, et quel lieu elle y scelle ; mais à cet envol ne suffisaient mes plumes : or mon esprit fut ébranlé d’un éclair dans lequel son souhait fut accompli. Ici défaillit la sublimée vue ; mais déjà menait mon désir et vouloir, comme est régulièrement mue une roue, l’amour qui meut le soleil et les étoiles ».       […]

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Des femmes disparaissent

Des femmes disparaissent

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Une découverte ? Sans aucun doute. Une révélation ? Probablement. Avec le recul des quelques mois écoulés depuis sa parution, Certaines n’avaient jamais vu la mer (The Buddha in the Attic, traduit de l’anglais par Carine Chichereau, 144 pages, 15 euros, Phébus) a tout du petit livre inattendu d’une parfaite inconnue qui a réussi à discrètement s’imposer par sa force tranquille, sinon par l’évidence de ses qualités : originalité du thème, puissance du récit, maîtrise de la prose poétique, parfaite adéquation de l’une aux autres. On ne peut même pas dire que Julie Otsuka, californienne d’origine japonaise née en 1962, nous était arrivée […]

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MO3T, mon amour

MO3T, mon amour

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Il arrive qu’en se télescopant sur la couverture d’une revue, des noms et des thèmes produisent un étrange effet dans l’inconscient du lecteur. Non sur celle de l’hebdomadaire Newsweek qui n’existe plus désormais qu’en ligne à la veille de fêter son 80ème anniversaire (ci-dessus la dernière couverture, historique) mais sur celle exquisement orangée de la vénérable (toujours préciser qu’elle est vénérable, eut dit Flaubert en son dico) Revue des deux mondes (220 pages, 13 euros) en sa livraison de janvier 2013 : l’annonce d’un grand dossier sur « La vie numérique » y voisine avec la révélation de lettres inédites de Paul Claudel. […]

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L’image de Le Corbusier et l’oeil de l’architecte

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Nul n’est moins mort que Charles Edouard Jeanneret (1887-1965) dit Le Corbusier, l’architecte le plus marquant du XXe siècle. Mais avant tout un artiste complet, comme on le dirait d’un athlète. Et le photographe en lui ne fut pas le moindre, non seulement parce qu’il ne cessa de prendre des photos monumentales mais encore parce que très tôt, il prit soin de son image (noeud papillon, lunettes rondes à noire monture épaisse en nickel puis en corne, costume strict, chemise blanche, pipe entre les dents) et porta une grande attention à celle que les photographes donneraient de lui. Un album […]

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Extension du domaine de l’humanisme à la photographie

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Si nécessaire, Willy Ronis (1910-2009) justifierait à lui seul l’extension du domaine de l’humanisme à la photographie. Bien sûr, il ne fut pas le seul : Doisneau, Izis, Boubat, Brassaï… Comment définir ce courant qui ne fut pas une école ni même un mouvement ? Disons un mélange de réalisme social et de poésie du quotidien, qualifié de « réalisme poétique ». Ses principaux représentants (dès avant-guerre avec Marcel Bovis et d’autres) voulaient donner à voir l’infiniment humain en tendant à la société un miroir fraternel, au risque d’être taxés de « mièvrerie » ; ils privilégiaient la part du rêve tout en reflétant un imaginaire d’après […]

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Christian Bobin n’est pas un ravi de la crèche

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Ce n’est pas une fatalité mais il y a de cela : dès lors que la spiritualité s’immisce, discrètement ou en prenant ses aises, voire carrément en majesté, dans l’œuvre d’un écrivain, il passe pour un cul-béni, une grenouille de bénitier. Rien n’exaspérait Graham Greene comme d’être taxé « grand écrivain catholique » – et ce n’était pas à cause de « grand »… On peut être écrivain et catholique sans être pour autant « écrivain catholique », non plus qu’ « écrivain juif » s’agissant de Saul Bellow ou de Philip Roth. L’influence de Georges Bernanos et François Mauriac en a pâti, encore que dans son cas, cela s’aggravait […]

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