de Pierre Assouline

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La République des livres

cinéma

Kerangal, Amalric et la note juste

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En toute création artistique, la réussite tient aussi à la note juste. La trouver et la tenir. Rares sont ceux qui y parviennent, discrets sont-ils le plus souvent. La preuve par deux : un livre et un film. Après l’immense succès de Réparer les vivants, Maylis de Kerangal ne pouvait se manifester que par un petit signe. Ainsi publie-t-on sans paraître. Un livret plutôt qu’un livre avant de se lancer à nouveau dans une entreprise romanesque aussi ambitieuse et puissante. La collection « Paysages écrits » lui en a donné l’occasion. Editée par Guérin à l’initiative de la Fondation Facim, elle propose à […]

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Alexandre Tharaud, du piano comme d’une pure question de désir

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Il en est des disques comme des livres : l’œil y est de prime abord souvent attiré par l’épître dédicatoire, ou par son absence. Avec le pianiste Alexandre Tharaud, elle éclaire le programme musical, et plus encore l’interprétation car il s’agit d’une manifestation de gratitude. Comme si l’enregistrement (le plus souvent dans l’Espace de projection de l’Ircam qui jouit de parois mobiles et d’une acoustique modulable) devait précisément quelque chose à cette personne en particulier, que son rôle demeure énigmatique à nos yeux ou pas, et qu’il était urgent de s’acquitter d’une dette. Des professeurs et maîtres le plus souvent (Carmen […]

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Un nouveau fleuron de la filmographie simenonienne

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Avez-vous vu L’Escalier de fer il y a un instant sur France 3 ? Guettez la rediffusion car vous avez raté quelque chose de fort. Georges Simenon, auteur du roman dont le téléfilm est adapté, reconnaissait que le titre lui avait donné l’histoire. L’histoire se passe à Montmartre « de nos jours » disait le romancier, donc au début des années cinquante puisqu’il l’a écrite en 1953, même si le film la situe dix ans plus tard (le juke-box crie Twist à Saint-Tropez). Celle d’Etienne Lomel, 40 ans, marié sans enfants, voyageur de commerce rongé par la suspicion qu’il nourrit vis à vis […]

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Regarder les hommes tomber, faut-il en rire Hen-ri ?

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Question récurrente : « Comment choisissez-vous les livres ? » Réponse à multiples facettes. Sans oublier celle-ci qui n’est pas la moindre : l’enthousiasme des autres, qu’ils s’agisse de lecteurs anonymes, de libraires, de critiques. Lorsqu’ils forment un halo, voire un chœur, comme ce fut las récemment au Masque et la plume, il faut aller voir de quoi il en retourne, ne fût-ce que pour faire la part de l’emballement, phénomène d’illusion collective par lequel nos contemporains se donnent parfois le mot pour porter aux nues ce qui n’en vaut pas la peine. Ce que j’ai fait pour Le garçon incassable (173 pages, 16 euros, […]

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Spartacus contre McCarthy

Spartacus contre McCarthy

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Ecrit ou filmé, un making of se cantonne nécessairement à un récit tissé d’anecdotes, plus ou mois intéressantes, sur l’invention, la réalisation et la fabrication d’un film. On sait s’expérience que l’exercice offre plus ou moins d’intérêt – et plutôt moins, ce qui a dissuadé les éditeurs de s’y prêter. Car il est rare que l’auteur décolle du quotidien au jour le jour de l’avancée de la grande machine à produire du rêve. C’est pourquoi I am Spartacus ! (I am Spartacus ! Making a film, breaking the list, traduit de l’américain par Marie-Mathilde Burdeau, 185 pages, 19 euros, Capricci) mérite d’emblée […]

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Robert Bresson, metteur en ordre

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Quand la palme d’or a été attribuée à La Vie d’Adèle, alors que l’élu se dirigeait vers la scène du Palais des festivals, j’ai pensé à Claude Berri, qui, le premier, crut en lui et le porta ; à Julie Maroh auteur de Le Bleu est une couleur chaude (Glénat), album sans lequel il n’y aurait pas eu de film ; à Maurice Pialat dont il a hérité d’une vision, d’une exigence et d’un caractère. Pourquoi alors me suis-je précipité vers Robert Bresson (1901-1999) qui venait de se poser sur ma table ? Allez savoir ! Peut-être parce que certains confèrent une sorte de noblesse à la […]

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La déesse aux pieds nus

La déesse aux pieds nus

THERESA REVAY

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D’elle, on se rappelle un fourreau sombre, un déhanchement, un gant noir. Elle, c’est Gilda. La séduction incarnée. Hollywood dans toute sa splendeur de l’après-guerre. Ce miroir aux fantasmes où se fracassent les étoiles. Ainsi, Marylin. Ainsi Rita Hayworth, la Déesse de l’Amour. « Les hommes couchent avec Gilda mais ils se réveillent avec moi. » Les étoiles ne sont pas naturelles. Leur plastique est trop parfaite, le plus souvent artificielle. L’arme imposée par les magnats des studios : un sourire immaculé. Un seul mot d’ordre : l’éclat. Mais derrière ce mirage façonné par des agents et des publicitaires, que de petites filles […]

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Hannah Arendt, celle qui voulait penser sans garde-fou

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S’il est un cas d’école dans le biopic (film biographique ou biographie filmée), c’est bien la mise en scène, en images et en paroles de la vie d’un intellectuel. Quand on sait à quel point il est déjà difficile de l’écrire, on mesure à quel point il est risqué sinon impossible de filmer la pensée en action. De quoi se rendre à reculons à la projection de Hannah Harendt, le film de Margarethe von Trotta sur les écrans français à partir d’aujourd’hui. On est déjà soulagé à la lecture même de son projet, lequel évite l’écueil qui a plombé nombre […]

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