de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Du sexe de Moby Dick

Du sexe de Moby Dick

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Et puisque dans le commentarium tout le monde s’en mêle, raison de plus pour y mettre mon grain de sel… Imagine-t-on le désarroi d’un grand lecteur de Cervantès à qui l’on révélerait que Don Quichotte, chevalier à la triste figure, était en réalité une sorte de chevalier d’Eon ? Ou celui d’un fou de Don Juan apprenant qu’il s’agissait en vérité d’un castrat ? Celui encore d’un hugolâtre convaincu sur le tard que Jean Valjean n’était qu’un travelo brésilien ? Et celui d’un proustien compulsif à l’instant de découvrir qu’Albertine disparue n’était autre qu’Albert, le chauffeur de l’écrivain ? (ce […]

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Scintillants éclats de Gracq

Scintillants éclats de Gracq

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Avez-vous déjà essayé de caser le mot « langouste » dans un poème de langue française ? Il parait que c’est impossible. Il est tellement beau, fin, ciselé, fort, original, élégant, éclatant et si bien accordé à ce qu’il désigne qu’il ne peut se laisser réduire ni enfermer. C’est du moins ce qu’affirme Julien Gracq dans Nœuds de vie (165 pages, 18 euros, éditions Corti). Son dernier livre (mais il y en aura d’autres, rassurez-vous, à commencer par Notules dont la parution est annoncée pour 2027 selon son vœu afin de ne pas blesser des contemporains égratignés) est un recueil d’éclats de pensées, […]

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Pour saluer John le Carré

Pour saluer John le Carré

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D’abord rendre hommage au maitre. Non du roman d’espionnage mais du roman. David Cornwell alias John Le Carré, qui vient de mourir à 89 ans d’une pneumonie, dans les Cornouailles où il vivait une grande partie de l’année, en était un depuis la parution de L’Espion qui venait du froid (1963). En un peu plus d’un demi-siècle, il a construit un monde, un univers, une œuvre qui prolongent ceux de ses propres maitres Joseph Conrad et Graham Greene, et dans un genre différent Dickens et Balzac. A deux reprises ses lecteurs ont pu craindre qu’il ne rangeât définitivement sa machine à […]

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La malédiction du livre-culte

La malédiction du livre-culte

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Il arrive qu’un écrivain vive le succès comme une malédiction. Inutile de dresser la liste des anciens lauréats du prix Goncourt, de Jean Carrière (L’Epervier des Maheux) à Pascal Lainé (La dentellière), qui ont pu mesurer à leurs dépens le prix d’un Goncourt et ses dommages collatéraux tant sur le plan professionnel que psychologique. L’histoire de Charles Webb est à cet égard des plus édifiantes- et on imagine qu’un romancier doublé d’un scénariste ne manquera pas de s’en emparer un jour ou l’autre. Vous vous souvenez de ce refrain fredonné par Simon & Garfunkel qui a probablement bercé votre adolescence : […]

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Entre ici, Maurice Genevoix !

Entre ici, Maurice Genevoix !

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Ce 11 novembre, à l’occasion des célébrations de l’armistice, la République n’a pas seulement panthéonisé l’écrivain Maurice Genevoix (1890-1980) auteur notamment de Ceux de 14, dédié « À mes camarades du 106. En fidélité. À la mémoire des morts et au passé des survivants » au moment où sa famille fait don à la Bibliothèque nationale de France du manuscrit de ce livre considéré à raison comme un grand classique de la première guerre mondiale. Par la volonté du chef de l’Etat, elle a fait de la cérémonie un événement hors-normes malgré les conditions sanitaires en lui accordant une triple dimension artistique. Car outre la littérature, […]

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Pascal Quignard tel un voleur dans la nuit

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La vertu des livres tels que ceux du cycle Dernier royaume de Pascal Quignard est de constituer chacun une bibliothèque. Non seulement chacun est tissé de (re)lectures mais chacun renvoie in fine le lecteur à la (re)découverte d’autres livres, d’autres auteurs, d’autres univers. Ceux qui sont évoqués, sinon cités, et les invisibles qui nourrissent souterrainement la réflexion et irradient l’écriture de l’intérieur. L’Homme aux trois lettres (192 pages, 18 euros, Grasset), titre du volume XI de ce projet océanique, au sein duquel il ne puisse avoir de point de vue contrairement à un projet panoramique, est une périphrase qui fait […]

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Paul Morand, un homme méprisable mais quel écrivain !

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Enfin, « la » grande biographie de Paul Morand (1888-1976) ! Encore que on aurait pu survivre sans elle un certain nombre d’années de plus. Car s’il y a bien un auteur dont l’œuvre nous intéresse davantage que la vie, c’est bien lui. Un cas d’école, un de plus. Rassurez-vous, on ne vous fera pas le coup des deux Morand, le bon et le mauvais- l’affaire Céline a de longue date épuisé le procédé. D’ailleurs, dans son Paul Morand (478 pages, 24 euros Gallimard) qui parait dans quelques jours, Pauline Dreyfus (1969) est bien trop fine mouche pour verser dans ce travers. Sa […]

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Sur le funambulisme de René Crevel

Sur le funambulisme de René Crevel

Daniel Lefort

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À l’heure où la dissolution des frontières entre les genres littéraires semble atteindre un point de non-retour, celle qui résistait le plus – entre l’histoire et la fiction – fait l’objet d’un débat abondant qui n’aboutit qu’à rendre instable le statut de la vérité. L’historien cherche à la saisir depuis le point de vue de l’objectivité scientifique alors que le poète ou le romancier veut y parvenir par le pouvoir de l’imagination appuyée sur des faits. Cette opposition paraît d’autant plus vaine que les faits se prêtent à interprétation par l’un et par l’autre et que, si le romancier en […]

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Maurice Nadeau, le grand décapeur

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On n’assiste pas souvent à une grande leçon de critique littéraire. Celle que nous offre Maurice Nadeau (1911-2013) d’outre-tombe a des relents testamentaires en un temps où la critique journalistique n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut. Elle est d’autant plus percutante qu’il ne s’y donnait pas pour un maitre, n’ayant pas de disciple. Pas le genre à faire la leçon à qui que ce fut. Avec la parution de Soixante ans de journalisme littéraire. Les années “Lettres Nouvelles” (1600 pages, 39 euros, éditions Maurice Nadeau/ Les Lettres nouvelles), qui couvre la période 1952-1965, nous disposons désormais de son ars poetica. […]

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Pour saluer Michael Lonsdale

Pour saluer Michael Lonsdale

Pierre ASSOULINE

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L’acteur et comédien Michael Lonsdale , qui vient de disparaitre à l’âge de 89 ans, ne figure pas seulement au générique d’un nombre considérable de films, téléfilms et pièces de théâtre : celui qui a incarné dans Des hommes et des dieux frère Luc, moine assassiné à Thibirine, est également un grand lecteur, à voix basse comme à voix haute, et l’auteur de plusieurs livres, tous tournés vers la foi. Le dernier en date est un hommage à l’œuvre de Charles Péguy Entre ciel et terre (212 pages, Cerf). Je l’avais donc rencontré il y a quelques années chez lui à Paris […]

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