de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Théâtre

Shakespeare, pionnier de la théorie des genres ?

Shakespeare, le premier, pour avoir été ou être encore acteur, quand il écrit Comme il vous plaira, sait combien sont peu crédibles les jeux de masques au théâtre en termes de « ressemblance » réaliste et ce qu’il faut de complicité entre l’auteur et son public pour laisser croire qu’on y croit. À moins que le jeu soit de n’en rien croire et d’en faire un artifice de plus dans l’art du détournement maniériste où auteur et public sont de connivence dans la manipulation des leurres. Le dramaturge a saisi tout le parti à tirer du travestissement de la Rosalynde […]

lire la suite .../ ...
Le songe d’une nuit de théâtre

1013

commentaires

Une pièce, on y met ce qu’on veut. Qu’on la mette en scène, ou qu’on y assiste, il est permis de la bousculer, et même de lui faire violence, donc de la violer dès lors qu’on lui fait un bel enfant (merci Dumas !). Ce genre de réflexion est inévitable lorsqu’on assiste à un spectacle tel que Le Songe d’une nuit d’été (A Midsummer Night’s Dream, écrit en 1594) monté par Muriel Mayette-Holtz depuis hier à la Comédie française. On peut tout faire subir à Shakespeare, il en sortira toujours vainqueur. Ce qui est rassurant. Tel est le privilège des génies : […]

lire la suite .../ ...
Shakespeare, toujours aussi déconcertant

851

commentaires

Déconcertant : c’est le mot. Celui qui revient le plus souvent pour évoquer les comédies de Shakespeare. Leur interprétation y semble ad infinitum.  On dit de cet univers qu’on peut s’y perdre comme dans l’ordonnancement labyrinthique d’un jardin anglais. Leur structure est pleine d’énigmes. Dès qu’en surgit la part dissimulée le doute envahit le lecteur/spectateur (la, précision s’impose car on en connaît qui n’apprécient pas Shakespeare au théâtre mais s’en régalent lorsqu’ils en tournent les pages). On aura beau ranger ces comédies sous l’étiquette bien commode de « maniériste », avec tout ce que cela suppose d’énergie dans le scepticisme, il en faudrait […]

lire la suite .../ ...
Feydeau à la folie !

Feydeau à la folie !

756

commentaires

Feydeau ? Adultères et portes qui claquent. Soit. Mais une fois qu’on a lancé ce lieu commun, on n’a rien dit. Car si son théâtre n’était réductible qu’à sa caricature, pas sûr qu’il ferait autant d’effet plus d’un siècle après. On le dirait daté, obsolète et on le remiserait au grenier. Or il suffisait l’autre soir de voir la salle bondée du Vieux-Colombier pliée de rire du début à la fin, et le large sourire des spectateurs à la sortie, pour imaginer qu’il n’en est rien et qu’il porte en 2013 comme en 1892, date de la création à Paris du […]

lire la suite .../ ...
Un curieux assassinat

Un curieux assassinat

DOMINIQUE FERNANDEZ

36

commentaires

La vague, la rage d’homophobie sans précédent qui s’est abattue sur la France à l’occasion du débat sur le mariage gay, a fait un dégât collatéral. Le meilleur spectacle de l’année à Paris a été assassiné par la critique. Et pourquoi, grands dieux ? L’invocation aux habitants de l’Olympe n’est pas déplacée, car Troïlus et Cressida, la pièce de Shakespeare jouée à la Comédie Française, met en scène des héros de l’Iliade, les Grecs Agamemnon, Achille, Ajax, Ulysse, Diomède, Patrocle, Nestor et les Troyens Priam, Hector, Troïlus, Paris, Énée, aux prises lors de la guerre de Troie. Sans doute le […]

lire la suite .../ ...
Gabriel Calderón, “l’enfant terrible” du théâtre uruguayen

15

commentaires

Traduire, on le sait, ce n’est pas aligner une suite de mots avec, à ses côtés, un dictionnaire prêt à être consulté. Traduire, c’est entrer dans un monde, s’y baigner, le sentir, le ressentir. C’est s’approprier les mots de l’auteur pour y mettre les siens. Traduire du théâtre, c’est aussi faire de la dramaturgie. Un texte théâtral, c’est une partition. On travaille avec des rythmes, des sonorités, des cadences, des tons avec, parfois, des arrêts dans le flux des mots… pour ensuite laisser mieux redémarrer ce flux, avec plus de force. Si la construction des phrases n’est pas conventionnelle, elle […]

lire la suite .../ ...
Dario Fo, l’indigné

Dario Fo, l’indigné

PATRICK FERLA

16

commentaires

En création à Genève au Théâtre de La Comédie, dès le 10 avril à Malakoff, voici On ne paie pas, on ne paie pas de Dario Fo, dans une mise en scène du comédien Joan Mompart. Un spectacle enlevé, une belle réussite pour les cent ans du théâtre que dirige Hervé Loichemol, saison anniversaire placée sous le signe d’un répertoire résolument engagé dans son temps. Un théâtre qui tente de « retrouver la joie d’une époque où la citoyenneté avait un sens et le peuple une réalité. Où celui-ci inspirait la vie sociale, dessinait un avenir, orientait la vie artistique et […]

lire la suite .../ ...
Marcel Aymé se paie encore la tête des juges

1038

commentaires

« Les profanes de mon espèce attendent des Juges qu’ils aient le courage de poursuivre le crime et le délit sans égard à l’argent ni au pouvoir. Il leur semble que si la Justice consent à se laisser entamer dans ses positions les plus avancées, elle n’est plus la Justice et qu’un Juge ne peut avoir bonne conscience, même en face d’un criminel de droit commun. Je souhaite que, dans votre discours d’ouverture, vous mettiez en garde la magistrature contre l’indifférence et la légèreté, bien sûr, mais d’abord contre toute espèce de complaisance. Et je souhaite que vous soyez entendu ! » Ces […]

lire la suite .../ ...
Vous êtes sûr que ça va, Jean-Claude Grumberg ?

9

commentaires

 » Ca va ? –  Pas des masses, figure-toi que… – Stop attention, je te signale que tu t’apprêtes à franchir la ligne jaune. – Quelle ligne jaune ? – Je te dis en passant « ça va », et toi, au lieu de me dire « pas mal et toi ? », tu t’arrêtes et tu t’apprêtes à me raconter ta vie. – Je m’apprête à répondre à ta question, oui. – Je ne t’ai pas posé de question, je t’ai dit « ça va », comme j’aurais pu te dire « bonjour ».  Avec deux petits mots faciles comme un coup de fil (et le bonjour qui va avec), Jean-Claude […]

lire la suite .../ ...
L’affaire Vaudoyer : une comédie très française

949

commentaires

Qui l’eut dit et qui l’eut cru : une « affaire Vaudoyer » en 2013 ? Elle agit symboliquement comme une piqure de rappel : s’il est vrai que les qualificatifs de « négationniste » et de « pédophile » sont les plus efficaces pour détruire une réputation, lorsque c’est à titre posthume, « collabo » fait encore des ravages. L’affaire remonte à mai 2012 mais n’a vraiment éclaté que ces jours-ci. A cette date, six unités de soins étaient inaugurées au nouvel hôpital de Clamart, non sans avoir été auparavant baptisées avec des noms du monde de la culture : Dora Maar, Auguste Rodin, Anna Marly, Pierre-Jean de Béranger, Fernand […]

lire la suite .../ ...