de Pierre Assouline

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La République des livres
Cet été, bovarysez !

Cet été, bovarysez !

On va finir par croire que Madame Bovary, en vérité, c’était lui ! Car vingt ans après sa propre édition du roman de Gustave Flaubert, Jacques Neefs en donne une nouvelle à nouveau au Livre de poche (672 p., 3,90 €). Ce qui s’appelle avoir de la suite dans les idées. Il en est l’éditeur, le commentateur et le préfacier. Mais comment s’y prend-on pour renouveler  le classique des classiques afin de l’actualiser ? L’universitaire s’en est expliqué sur le site En attendant Nadeau :

«  Il s’agit non pas d’arrêter une interprétation « contemporaine » de ce qui serait son sens, mais plutôt de faire apparaître ce qui en elle demeure activement problématique, ce qui est sa puissance de suspens esthétique.

Dans le fol espoir d’appréhender l’intensité d’une insaisissable présence, de pénétrer cette prose lente dans son inaccessible quête de la « splendeur du vrai », il a fait profiter son édition des vingt dernières années de recherches génétiques sur l’œuvre de Flaubert menées à l’université de Rouen ainsi qu’à Lyon notamment. De quoi interroger et renvoyer à d’autres livres de Flaubert bien sûr mais aussi autour de lui.  Celui de Pierre-Marc de Biasi par exemple Gustave Flaubert, une manière spéciale de vivre (494 pages, 21,50 euros, Grasset) qui se veut une enquête biographique du troisième type. Non  pas la vie seule, ni même saviesonoeuvre, mais une biographie génétique, fondée sur l’étude des manuscrits et des carnets, laquelle est la spécialité de l’auteur puisqu’il en fut jadis le pionnier éditeur.

Son domaine, c’est l’entre-deux de l’existence et de la littérature, ce no man’s land incertain mais fascinant dissimulé dans les manuscrits. C’est si riche et si fécond qu’il est impossible d’aborder, fût-ce en passant, toutes les facettes de la main à plume creusées par Pierre-Marc de Biasi. Arrêtons-nous donc sur le chapitre 7 puisqu’il permet de pulvériser un poncif et une légende une fois pour toutes qui ont la vie dure. Gustave Flaubert n’a jamais écrit « Madame Bovary, c’est moi ! ». Il ne l’a même pas dit. Mais par quels chemins cette idée reçue s’est-elle si bien installée dans les esprits jusqu’à acquérir force de vérité ?

En fait, c’est un ouï-dire. Suivez la chaîne : 1. René Descharmes lance la chose dans Flaubert, sa vie son caractère et ses idées en 1857 que Ferroud publia il y a très exactement cent ans. En rapportant le mot, ce premier biographe donne tout de même une source : une femme  de ses relations le tenait de la bouche même d’Amélie Bosquet, correspondante de Flaubert, qui dit l’avoir plusieurs fois interrogé sur le personnage à l’origine de son héroïne et l’avoir entendu plusieurs fois répondre : »Madame Bovary, c’est moi !… D’après moi ! » 2. Albert Thibaudet rapporte le mot comme « certain » et l’authentifie au passage en 1935 3. Un an après, René Dumesnil, éminent flaubertien, enfonce le clou, aussitôt suivi par J. Nathan qui prétend même que cela se trouve dans la Correspondance, mais sans aller jusqu’à fournir la référence, et pour cause ! 4. Hubert Juin le prend au mot en 1965. Il est suivi un an après par André Maurois.

Bien entendu, nombreux sont ceux qui savent que la formule n’est pas de Flaubert. Ou du moins que rien ne permet sérieusement de la lui attribuer. Mais beaucoup plus nombreux sont ceux qui l’ignorent, et continuent à la citer avec autant d’assurance que le « Je est un autre » placé dans la bouche ou sous la plume de Rimbaud. Destin des formules. Pour autant, Biasi n’est pas de ces fols qui irait jusqu’à nier toute dimension autobiographique dans cette entreprise fictionnelle:

« Indiscutablement, Flaubert avec Madame Bovary fait une plongée dans son propre passé littéraire (…) L’érotisme de Madame Bovary, très atténué, il est vrai, des brouillons au texte définitif, paraît profondément inspiré par les expériences amoureuses (réelles et fantasmatiques, difficile de distinguer en ce domaine) de l’homme Gustave Flaubert. »

Reste à savoir si, de la dérision universelle à l’ironie dépassionnée, on a affaire à la marque d’une personnalité rebelle ou à l’effet généralisé d’un style ? C’est tout le sujet de cet essai qu’il vaut mieux aborder en possédant déjà quelques lettres en flaubertisme mais qui , dès lors, ouvre des perspectives enchantées à celui se sera aventuré dans cette traversée. Le plus extraordinaire est encore qu’en le refermant, on se fiche bien de savoir qui était Madame Bovary. Lui ou une autre. C’est la preuve éclatante de la réussite de cette « vie d’écrivain » semblable à peu d’autres. On sait juste que ce n’était ni Jennifer Jones, ni Valentine Tessier, ni Isabelle Huppert. Et moins encore une femme de la vraie vie. L’authentique Madame Bovary existe et elle est innombrable : toute lectrice troublée, voire chavirée, par ce roman

Depuis le bovarysme a fait du chemin. Rappelons que cet état d’âme a été effectivement défini comme « la capacité qu’a l’être humain de se concevoir et de se vouloir autre qu’il n’est » par Jules de Gaultier dans Le bovarysme (Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2006). Ce « délire du coeur », qui consiste à s’enivrer en rêvant à un avenir radieux mais fantasmé, avait été esquissé par Flaubert dans Passion et vertu, Novembre ainsi que dans la première Education sentimentale (« Il souffrait toujours de quelque chose qui lui manquait ; il attendait sans cesse je ne sais quoi qui n’arrivait jamais ») avant de devenir si central dans Madame Bovary que cela le ferait bientôt accéder au rang de concept et consacrer en néologisme :

« Mais, en écrivant, elle percevait un autre homme, un fantôme fait de ses plus ardents souvenirs, de ses lectures les plus belles, de ses convoitises les plus fortes; et il devenait à la fin si véritable, et accessible, qu’elle en palpitait émerveillée, sans pouvoir le nettement imaginer, tant il se perdait, comme un dieu, sous l’abondance de ses attributs. Il habitait la contrée bleuâtre où les échelles de soie se balancent à des balcons, sous le souffle des fleurs, dans la clarté de la lune. Elle le sentait près d’elle, il allait venir et l’enlever tout entière dans un baiser. Ensuite, elle retombait à plat, brisée; car ces élans d’amour vague la fatiguaient plus que de grandes débauches. » (III, 6)

N’allez pas croire que j’ai trouvé cela tout seul. J’ai puisé dans l’indispensable Dictionnaire Flaubert (780 pages, 39 euros, CNRS éditions) de Jean-Benoît Guinot, somme pratique et complète.

Et si l’on est flaubertien canal historique, on peut toujours savourer l’édition très originale de Madame Bovary (515 pages, 32 euros, Droz). Rien moins que la reproduction au trait de l’original de 1857 annoté par Gustave Flaubert en personne. C’est l’exemplaire tel que tinrent entre leurs mains de Maxime du Camp et Léon Laurent-Pichat, poète et rédacteur-propriétaire de la Revue de Paris qui publia le roman du 1eroctobre au 15 décembre 1856. On oublie souvent qu’ils l’ont censuré « pour son bien et en toute affection » ( !) avant le procureur impérial Pinard, lequel était au fond dans son rôle de gardien de la morale publique. Alors qu’eux étaient censés n’être guidés que par un souci esthétique.

Ce sont eux qui, les premiers, exigèrent de l’auteur des coupes, ce qu’il ne leur pardonna pas, dussent-ils se retrouver ensuite in solidum devant le tribunal. Raturés au crayon ou biffés à la plume, parfois encadrés, souvent commentés dans la marge, ces passages sont censés purger le livre de son immoralité. Flaubert n’hésitait pas à exhiber son exemplaire (aujourd’hui conservé à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris) devant ses amis afin de les édifier sur l’état de la chose littéraire. Parfois drôle, d’autre fois pathétique, toujours instructif sur les mœurs littéraires, et les mœurs en littérature (ne pas oublier le sous-titre sur la couverture : « Mœurs de province »).

Dans une postface aussi éclairée qu’éclairante, Yvan Leclerc rappelle que les censeurs s’en sont pris principalement aux morceaux les plus fameux : la noce (banquet provincial), les comices (une foire de bêtes de gens), le pied-bot (une opération chirurgicale), toutes choses qui mettaient en cause des valeurs sociales. Petite anthologie de ces retouches à 71 reprises. Parfois un mot (« concupiscence », « ta concubine ! », « bandages ») ou un groupe de mots (« la première grossesse de sa femme », « couvert de scrofules au visage », « suant sous ces couvertures », « leurs jambes entraient l’une dans l’autre », « Napoléon représentait la gloire ») parfois deux pages (la scène du fiacre) dont le choix souvent déconcerte tant il paraît anodin, même en se replaçant dans l’époque ; enfin, pas toujours :

« Auprès d’une parisienne en dentelles, dans le salon de quelque docteur illustre, personnage à décorations et à voiture, le pauvre clerc, sans doute, eût tremblé comme un enfant ; mais ici, à Rouen, sur le port, devant la femme de ce petit médecin, il se sentait à l’aise sûr d’avance qu’il éblouirait. L’aplomb dépend des milieux où il se pose : on ne parle pas à l’entre-sol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d’elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque, comme une cuirasse, dans la doublure de son corset ».

Ou encore :

« On le vit pendant une semaine entrer le soir à l’église. M. Bournisien lui fit même deux ou trois visites, puis l’abandonna. D’ailleurs, le bonhomme tournait à l’intolérance, au fanatisme, disait Homais ; il fulminait contre l’esprit du siècle et ne manquait pas, tous les quinze jours, au sermon, de raconter l’agonie de Voltaire, lequel mourut en dévorant ses excréments, comme chacun sait »

Quelle logique à l’œuvre ? Celle qui consiste à anticiper sur l’application de la loi de 1819 par la Justice (outrage à la morale publique ou religieuse ou aux bonnes mœurs). On dirait aujourd’hui qu’ils ont agi en vertu du principe de précaution. Le procureur Pinard approuvera d’ailleurs l’essentiel de ces censures. En conservant précieusement cet exemplaire pour la postérité, Flaubert voulait se venger. C’est réussi tant cette lecture demeure éloquente et émouvante plus d’un siècle et demi après. On n’entre jamais autant en empathie avec Gustave qu’en suivant sa main à plume courir contre son gré sur ces pages pour témoigner avec éclat de l’étroitesse d’esprit et la bêtise de la police des Lettres, l’officielle et l’autre, tout près et pire encore car si amicale et si confraternelle…

Il y a peut-être d’autres urgences, encore que, rien de moins évident. Il est grand temps de rouvrir le dossier du bovarysme. Après tout, il s’agit rien moins que penser notre rapport au réel en libérant « un moi situé au-dessus de soi ». Madame Bovary, c’est nous. (

( » Il Ballo, Festa di Capodanno a Villa Airoldi, 1985, photo © letizia battaglia ; « Audrey Hepburn à NY » photo D.R. ; photo Toni Frissell ; « California 1955 photo Elliott  Erwitt/courtesy agence Magnum)

 

 

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

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commentaires

1 745 Réponses pour Cet été, bovarysez !

Jazzi dit: à

« On va finir par croire que Madame Bovary, en vérité, c’était lui ! »

Pour ma part, je n’en ai jamais douté, Passou !

Passou dit: à

Pardon Jazzy mais mon « lui » désignait Jacques Neefs… Encore que tout est possible puisque elle, c’est nous…

Jazzi dit: à

« Madame Bovary, c’est nous. »

A l’exception des hypocrites et des esprits bornés !

de nota dit: à

« C’est une nature quelque peu perverse, une femme de fausse poésie et de faux sentiments. Mais l’idée première que j’avais eue était d’en faire une vierge, vivant au milieu de la province, vieillissant dans le chagrin et arrivant ainsi aux derniers états du mysticisme et de la passion rêvée. J’ai gardé de ce premier plan tout l’entourage( paysages et personnages assez noirs), la couleur enfin. Seulement, pour rendre l’histoire plus compréhensible et plus amusante, au bon sens du mot, j’ai inventé une heroine plus humaine, une femme comme on en voit davantage. J’entrevoyais d’ailleurs dans l’exécution de ce premier plan de telles difficultés que je n’ai pas osé. »
Flaubert, lettre à Mlle Leroyer de Chantepie(30 mars 1857)

Jazzi dit: à

A l’épreuve de français du bac (Cannes, 1970), j’avais retenu le sujet : « Quel est votre personnage préféré en littérature ? » Et j’avais choisi Madame Bovary. Car à cette époque, moi aussi : « je souffrais toujours de quelque chose qui me manquait ; j’attendais sans cesse je ne sais quoi qui n’arrivait jamais ». Le propre de l’adolescence, en somme. Mais en ce temps-là, les prof étaient passablement marxistes et Sartre venait de publier « L’idiot de la famille », résultat : 8/20.
Les procureurs Pinard avaient changé de profession : ça a failli me coûter mon diplôme !

renato dit: à

P.S.

Letizia Battaglia (Palerme, 5 mars 1935) photographe, photo-journaliste et femme politique. Elle a été la première femme européenne à recevoir, en 1985, ex aequo avec l’Américaine Donna Ferrato, le Eugene Smith Award. Elle est aussi lauréate du prix Mother Johnson Achievement for Life — 1999.

Jazzi dit: à

« Mais l’idée première que j’avais eue était d’en faire une vierge, vivant au milieu de la province, vieillissant dans le chagrin et arrivant ainsi aux derniers états du mysticisme et de la passion rêvée. »

Comment Emma deviendra la Félicité de « Un coeur simple » ?

tristan dit: à

Hier quatre posts effacés chez ALR. Aujourd’hui même topo ! Porqué ? No sé !
Des posts qui avaient au moins le mérite d’alimenter son blog déjà bien en déshérence.
Que risque sa « culture cinématographique » déjà si vieille qu’elle n’intéresse plus personne si bien qu’elle restera là, jusqu’à tomber en poussière entre ses fauteuils d’orchestre livrés aux araignées, dans l’indifférence des générations futures obsédées par le réchauffage climatoridien ?

pado dit: à

Annibal 12h53
Mais en ce temps-là, les prof étaient passablement marxistes et Sartre venait de publier « L’idiot de la famille », résultat : 8/20.
Les procureurs Pinard avaient changé de profession : ça a failli me coûter mon diplôme !

As-tu envisagé une seconde que ta copie valait 6, mais que d’avoir choisi un personnage non dans l’air du temps t’avait valu 2 points de sympathie ?

Jazzi dit: à

« L’air du temps » n’avait que mépris pour madame Bovary, pado. Raison pour laquelle je m’identifiais à elle…

Jazzi dit: à

Il me semble que ceux qui avaient choisi Julien Sorel s’en étaient mieux sortis, pado ?

tristan dit: à

« gardien de la morale publique. Alors qu’eux étaient censés n’être guidés que par un souci esthétique. »

On ne saurait mieux dire pour illustrer le comportement erratique de la modération dur la RdC.

Passou dit: à

Renato, Grazié mille !

Jazzi dit: à

« Grazié mille ! »

Vous avez un très joli accent français quand vous parlez en italien, Passou !

Delaporte dit: à

Jacuzzi, c’était habile d’avoir choisi Mme Bovary. Vous auriez dû vous payer 16 sur 20, au moins. Que s’est-il passé ? Une crise passagère d’anti-sartrisme ? Guérie aujourd’hui, j’espère ?

Delaporte dit: à

Ma prof de français, quand j’étais en seconde, nous parlait avec admiration d’un étudiant qui avait lu soixante-dix fois Mme Bovary, et qui avait été reçu les doigts dans le nez à l’agrégation. Comme quoi, ce roman est un sésame. Je l’ai moi-même lu plusieurs fois, dans des éditions différentes. Dont la première de Neefs. Passou m’a donné envie de l’acheter dans la nouvelle édition. Moins de quatre euros, ce serait dommage de s’en priver. C’est moins ruineux que trois jours aux Caraïbes néerlandaises, à faire l’amour sur la plage et à se raconter des stupidités !

Tristram dit: à

Flaubert note pourtant :
« La passion ne fait pas les vers. − Et plus vous serez personnel, plus vous serez faible. J’ai toujours pêché par là, moi : c’est que je me suis toujours mis dans tout ce que j’ai fait. »
Lettre à Louise Colet, 5-6 juillet 1852

Intéressant également, le commentaire de Maurice Genevoix dans « Trente mille jours » sur l’auteur-acteur :
« Et cela revient, comme toujours, au « Madame Bovary, c’est moi » , au « se mettre à la place de », à ce protéisme imparfait […]
Au vrai et à la rigueur, il faudrait retourner la formule, l’équilibrer par son complémentaire : « J’ai dépouillé le Flaubert que je suis pour être Emma Bovary. Protée heureux j’ai joué ce rôle à la perfection. » Mais il faut d’abord être dieu. C’est avouer que pareille réponse, si imparfait qu’aurait pu être mon propre jeu, aurait trahi d’outrancières ambitions. »

Curieux aussi l’avis a contrario de Phyllis Dorothy James dans « Il serait temps d’être sérieuse… » :

« Gustave Flaubert écrivait qu’il n’y avait rien de vrai dans Madame Bovary. Pour lui, c’est une histoire de pure invention où il n’a rien mis ni de ses sentiments, ni de sa propre vie. Au contraire, l’illusion, s’il y en a, viendrait de l’objectivité même de l’œuvre. Mais il est difficile de croire que Flaubert n’avait pas à un moment quelconque rencontré une Madame Bovary ou quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup. »

Delaporte dit: à

Chantal est une sorte de Mme Bovary d’aujourd’hui. Je préfère affronter le phénomène dans le livre de Flaubert, à l’occasion d’une énième relecture, plutôt qu’en direct sur une plage des Caraïbes néerlandaises. Dans ce dernier cas, il m’aurait fallu débourser 3000 € nets, alors qu’en me plongeant seulement dans le livre, il ne m’en coûte que 4 €. Vraiment il n’y a pas photo. Les folles, c’est bien, mais uniquement en caractères d’imprimerie…

Jazzi dit: à

Madame Bovary, comme sur les photos choisies par Passou, était une belle brune, qui ne comptait pas pour des prunes !

« Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d’un seul morceau, tant ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui s’enfonçait légèrement selon la courbe du crâne ; et, laissant voir à peine le bout de l’oreille, ils allaient se confondre par derrière en un chignon abondant, avec un mouvement ondé vers les tempes »

Delaporte dit: à

Avec 3000 €, je peux acheter, tenez-vous bien, 750 exemplaires de Mme Bovary. Arithmétique majestueuse ! Un artiste d’aujourd’hui pourrait faire une installation avec ces 750 exemplaires empilés les uns sur les autres, intitulée par exemple : mes vacances de merde aux Caraïbes néerlandaises !

et alii dit: à

AUTREFOIS?ON DISAIT/il te manque toujours 20 sous pour faire un franc

D. dit: à

Ce soir je mange du poulet froid-mayonnaise avec des chips.

Sarah dit: à

On se disait, à quand le second souffle de El Alii?
Le voilà!

D. dit: à

Ce soir je mange du poulet rôti froid-mayonnaise avec des chips.

D. dit: à

Ce soir je mange du poulet rôti froid-mayonnaise, avec des chips.

Delaporte dit: à

On pourrait aussi donner ces 750 exemplaires de Mme Bovary aux migrants qui arrivent en France, pour qu’ils apprennent notre langue. Ce serait très beau et très utile. Et typiquement catholique. Moi, ce soir, D, je vais manger des carbonara faits par moi (c’est succulent !) avec un rosé de derrière les fagots.

Errata dit: à

Pierre Assouline, je suppose qu’il faut lire 1966 et 1967 plutôt que 1976 et 1977, à moins que Maurois zombifié n’ait écrit ces Bovaryques lignes dix ans après sa mort?

Sarah dit: à

Un artiste d’aujourd’hui pourrait faire une installation avec ces 750 exemplaires empilés les uns sur les autres, intitulée par exemple : mes vacances de merde aux Caraïbes néerlandaises !

Vous bovarysez mon vieux, le concept est trop simpliste ( c’est fini le post-duchamp élémentaire et basique!)et en ce qui concerne le prix d’une œuvre conceptuelle ( le beau varie, hélas )vous êtes vraiment à côté de la plaque ( de vous faire plaquer)!

MC dit: à

L’exemplaire annoté de Madame Bovary à la BHVP.
Prions pour que le conservateur le conserve. La disparition de l’ancien fonds général, dont deux bennes finirent à la voirie, fut déjà une catastrophe. Et merci, Caroline Franklin-Groult!

Sarah dit: à

Le beau à RY :

Au musée des automates, dit « galerie Bovary » à Ry, petit bourg devenu célèbre, près de Rouen, le destin tragique d’Emma est représenté par des figurines automates miniatures, hautes de quinze centimètres. La fiction romanesque de Flaubert, matérialisée et déployée tel un livre d’images ouvert à toutes les pages y occupe une place centrale. L’idée a germé dans l’esprit de M.B., artisan-horloger du bourg et facteur d’automates, convaincu qu’Emma a réellement existé dans son village et que « toute cette histoire est vraie ». La rumeur [1]
[1]M. Ducamp fait allusion à cette histoire dans une lettre…
, à l’époque où Flaubert écrit son roman, rapporte qu’une certaine Delphine Couturier, mariée à un médecin Delamare à Ry (ancien élève du père Faubert, chirurgien en chef de l’hôtel Dieu à Rouen), s’est donné la mort après un amour adultère avec un petit hobereau, à quelques lieues du village. »

https://www.cairn.info/revue-sociologie-de-l-art-2005-2-page-39.htm

MC dit: à

Ernest Pinard… Aujourd’hui, nous aurions les chiennes de Garde, Marpa Chialène, et une ou deux femen illettrées pour faire la peau de la Bovary et de Flaubert. je vois d’ici le réquisitoire sur la Femme avilie dans Madame Bovary…Et les applaudissements des pingouin(e)s de service…Un ordre moral a chassé l’autre, il n’est pas dit qu’on n’y ait gagné!
MC

MC dit: à

Dans la famille Pinard, préférer Oscar, le neveu d’Ernest, dont l’Histoire du Barreau de Paris reste documentée et se lit avec agrément.
MC

Bérénice dit: à

Sarah, seriez vous réellement de confession juive? Ou n’est ce qu’un effet de style pour en cacher un autre. Votre pseudo d’apparition récente ne laisse pas de me surprendre. Zemmour , le celebre, pourrait d’ailleurs s’en prendre à tous ces prénoms bibliques , aussi pour rester dans une critique equitable. Lui s’appelle Éric en dépit de ses origines, ce qui s’avère s’apparenter à une certaine prudence .

De même, le Coran cite le moment où Sara rit lorsque des anges lui annoncent la naissance d’Isaac dont le nom arabe (Ishaq) peut être tiré de la racine « rire » et signifierait « elle a ri ».

Signifierait, elle a ri. Le prénom est néanmoins inscrit dans la bible, la Torah, le Coran.

et alii dit: à

. Exit les subtilités, les nuances ou même l’imprécision de la vie quotidienne : aucune opacité n’est plus tolérée, toutes les régions de la réalité doivent se soumettre à l’impératif du décompte chiffré. Dans Madame Bovary, Gustave Flaubert esquisse de façon visionnaire le face-à-face entre la mentalité calculatrice (représentée par M. Homais) et Charles Bovary, un médecin à l’ancienne. »

« […] cela fait peu de temps que cette passion de l’épreuve est devenue une question philosophique de première importance ainsi qu’une menace majeure. Il y a toujours eu dans la modernité des signaux trahissant l’attirance pour le « calculable », cette tentation que Flaubert a incarnée dans le personnage du pharmacien Homais. Mais, à chaque fois, il y avait aussi un Charles Bovary pour s’opposer à la dérive prescriptive. »
Ronell n’a pas attendu l’été pou prouver qu’emma c’est elle
Addict. Fixions et narcotextes (Bayard, 248 p.

Bérénice dit: à

le beau varie, hélas )

oui bien sûr. Les canons divers selon les civilisations où ils ont cours cependant j’accorderais volontiers un caractère universel à cette notion. Où que l’on soit posé, le laid restera laid et la beauté continuera d’éblouir, ravir nos sens. Ensuite il faudrait être collectionneur pour cautionner la laideur instaurée art et cotée à des fins fins d’investissements et retour sur investissements avec les bénéfices que chacun connaît.

christiane dit: à

Passou écrit : « On sait juste que ce n’était ni Jennifer Jones, ni Valentine Tessier, ni Isabelle Huppert. »
Pour Isabelle Huppert, je ne suis pas d’accord. Il faut relire l’entretien de Claude Chabrol/ Pierre-Marc de Biasi, 1990 Un scénario sous influence :
http://www.pierre-marc-debiasi.com/textes_pdf/179.pdf
Le lisant et suivant les rôles interprétés par I.Huppert et les films réalisés par C.Chabrol, on comprend pourquoi on est saisi devant I.Huppert / Emma Bovary. Pour moi, elle est l’incarnation idéale d’Emma. « C’est le texte à fleur de peau » comme il existe une connivence, une symbiose entre l’écrivain et le cinéaste (voir cet entretien). Chabrol veut faire passer dans son film : « l’insatisfaction féminine, […] l’amour inassouvissable, le souhait, le désir, le regret, la nostalgie, le rêve, l’ennui, […] la frustration, la répugnance pour son milieu… »
Emma Bovary, c’est le romantisme désavoué. Ce n’est pas une héroïne sublime de mélancolie. On découvre, peu à peu, la bêtise d’Emma vacillant entre une certaine lucidité et un aveuglement intime. « Elle est sporadiquement capable de prises de conscience : par éclairs, elle voit la médiocrité du monde qui l’entoure […] mais sans aller jusqu’à mesurer sa propre bêtise, elle n’a pas la force d’en prendre conscience. » Elle agit, elle pense sur le fond d’un ennui irrépressible. Elle se noie dans le réel, intoxiquée par tous les romans qu’elle a lus , adolescente. Elle rêve d’une aventure à venir, d’une passion qui doit venir, qui lui sont dues. La vie passe et ses rêves fondent comme neige au soleil. C’est la mau-mariée…
L’ennui est ce qu’exprime le mieux Isabelle Huppert dans ses rôles. Une certaine tonalité qui lui appartient, vraiment.
Et dans le Journal des Goncourt (consultable en ligne), le 17/03/1861, on peut lire : « Flaubert nous disait aujourd’hui : « L’histoire, l’aventure d’un roman, ça m’est bien égal. j’ai idée, quand je fais un roman, de rendre une couleur, un ton. Dans Madame Bovary, je n’ai eu que l’idée de rendre un ton gris, cette couleur de moisissure, d’existence de cloportes ». »
Ce « gris » dans lequel se dissolvent les rêves d’Emma. Cette couleur hante le film de Chabrol et le jeu de Huppert.
Flaubert n’a peut-être pas dit « Emma, c’est moi. » mais il s’est identifié à elle.
« Emma, c’est nous » ?

Bérénice dit: à

Et Rodolphe , le séducteur concupiscence ainsi que les autres profitant de l’aubaine.

et alii dit: à

à propos d’addict et Ronell
Warning ! Addict, Fixions et narcotextes est un texte sous influence : celle de Flaubert, mais pas seulement (Derrida, Heidegger, Nietzsche, entre autres). Un essai dense, original, halluciné. Un livre-objet où le moindre mot est connoté, polysémique : ligne, héroïne, roman comme drogue de substitution, tout est ici passé au crible de l’addiction et Madame Bovary lue comme une fiction sur le danger des fixions…

Emma est un être sous drogues, qu’il s’agisse de prothèses chimiques (maquillage), vêtements, romans, rêveries, passions, elle est tendue vers l’ivresse et cette démesure donne au personnage une fonction autre, politique. Emma, femme adultère, par « distillation » de l’étymologie du mot, est ce qui altère, elle désigne l’illicite, le hors la loi, elle déstabilise les frontières.

Il n’est pas étonnant que ce personnage « investi » ait séduit l’auteur d’Addict : Avital Ronell est une philosophe américaine hors cadre. Professeur à l’Université de New York (NYU), elle est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, privilégiant des objets originaux, peu académiques, nos compulsions contemporaines, des sujets interrogeant un rapport au monde, à la société, aux normes : la mise à l’épreuve (cf., à la suite de cet article, le rapide billet consacré à Test Drive), le sida, le café, le téléphone (Telephone Book, Bayard, 2006), l’idiotie (Stupidity, Stock, 2006, rééd. « Points » Seuil, 2008).
Addict. La forme même, étrange, de ce livre épouse son objet : une typographie baroque, une mise en page hétérogène, un refus de la pagination traditionnelle, une discontinuité stylistique, formelle, dans les modes mêmes d’analyse, des disruptions, tout dit le refus de l’académisme universitaire, comme, d’une certaine manière, le choix d’écrire comme on prend des doses. De livrer un texte stupéfiant, dans tous les sens du terme.

Le projet naît d’une phrase du Gai Savoir de Nietzsche :

« Qui contera un jour toute l’histoire des narcotiques ? – Elle est presque l’histoire de la « culture », de notre soi-disant haute culture ».

En réponse, Avital Ronell se glisse dans ce « presque nietzschéen – cette place où le narcotique articule un frisson entre histoire et ontologie. L’addiction sera notre question – un certain type d’« être-sous-drogue » qui a tout à voir avec la mauvaise conscience de notre époque ».

Addict est donc pour une part une autopsie d’Emma, une relecture radicale, originale de Madame Bovary, dans le cadre plus large d’une analyse de la passion littéraire comme besoin addictif, objet de dépendance, à la fois stimulant et tranquillisant, par essence ambivalent. L’analyse trouve ses fondements épistémologiques chez Baudelaire (l’ivresse comme manière d’être au monde et anywhere out of the world), Freud (nous ne savons pas renoncer à quoi que ce soit, faire le deuil et l’addicté est un « non renonçant »), Nietzsche, de Quincey, Heidegger.
Plus largement, Avital Ronell nous place sous l’angle d’une littérature du « narcossisme », des Confessions d’un mangeur d’opium (de Quincey) aux Paradis artificiels de Baudelaire, de Jünger (Annäherungen : Drogen und Rausch) à Benjamin (Haschich à Marseille) ou Guattari (L’Esprit des drogues), de la drogue comme élan, excentricité mais aussi manque, aspiration, Sehnsucht, en tout état de cause expérimentation esthétique, jeu sérieux.

La littérature est présentée comme une « pharmacodépendance », elle est – tout ensemble – un traitement, un sédatif, un secours, une substance euphorisante, ou, comme le dit Derrida dans La Pharmacie de Platon (La Dissémination, Seuil, 1972) – texte qu’Avital Ronell ne cite pas tant il est en creux dans son propre travail sans doute –, elle est, comme tout langage, pharmakon, remède et/ou poison, permettant de dépasser les dualités simplistes, les oppositions socialement réconfortantes :
« Cette « médecine », ce philtre, à la fois remède et poison, s’introduit déjà dans le corps avec toute son ambivalence. Ce charme, cette vertu de fascination, cette puissance d’envoûtement peuvent être – tour à tour ou simultanément – bénéfiques et maléfiques ». […] « [S]i le pharmakon est “ambivalent”, c’est donc bien pour constituer le milieu dans lequel s’opposent les opposés, le mouvement et le jeu qui les rapportent l’un à l’autre, les renverse et les fait passer l’un dans l’autre (âme/corps, bien/mal, dedans/dehors, mémoire/oubli, parole/écriture, etc.) » (Derrida, La Pharmacie de Platon).

Madame Bovary, le roman, est pharmakon, accusé d’être un « poison », condamné par la justice impériale. Parce qu’il est question, ouverte, mise à mal des limites, des frontières (« un penseur devrait n’avoir ni religion ni patrie, ni même aucune conviction sociale. Scepticisme absolu » écrit Flaubert à Hugo), mise en abyme du genre romanesque comme pharmakon, remède à la mélancolie d’Emma, poison de son existence car il lui donne le goût de l’échappée, de l’imaginaire, il devient drogue. Lui impose des doses de plus en plus fortes pour retrouver l’élan mais se développe aussi comme une paradoxale pulsion de mort, une confrontation aux abîmes, une soustraction à la sphère sociale pour vivre dans un retrait narcissique, dans une forme d’« autonomie libidinale ». Emma ne distingue plus désir et besoin. Elle est addictée mais aussi un être « hallucinateur, une créature par excellence du simulacre » qui à son tour suscite désirs, fantasmes, hallucinations. Une addiction à une addictée.
Addict est un portrait puissamment original et intense d’Emma, une mise en question fabuleuse du roman de Flaubert, lu comme l’œuvre d’une époque, au sens étymologique, moment de suspension du jugement. Ce qui le rend éminemment dérangeant, politique, critique. Et explique sa condamnation par une société qui refuse le dérangement des lignes.

Addict est un texte difficile, parfois abscons, ne le nions pas. Mais il mérite l’effort qu’il exige de ses lecteurs, ne serait-ce que pour cette lecture de Madame Bovary, d’une intelligence rare, jusque dans les pages consacrées à une explication ligne à ligne de passages du roman, en une explication de texte véritablement œuvre, comme Barthes a pu le faire du Sarrasine de Balzac (S/Z, « Points » Seuil, 1970).

Addict donne un sens plein à la littérature comme objet de pensée, manière d’être au monde et de le faire voler en éclats, par un triomphe de l’intelligence et de l’esprit critique :

« L’horizon de la drogue est le même que celui de la littérature : ils sont sur la même ligne, dépendent de technologies semblables, souffrent parfois de répressions juridiques du même ordre. L’une et l’autre ont la fiction dans le sang et font disjoncter tout un régime de conscience ».
Warning ! Addict, Fixions et narcotextes est un texte sous influence : celle de Flaubert, mais pas seulement (Derrida, Heidegger, Nietzsche, entre autres). Un essai dense, original, halluciné. Un livre-objet où le moindre mot est connoté, polysémique : ligne, héroïne, roman comme drogue de substitution, tout est ici passé au crible de l’addiction et Madame Bovary lue comme une fiction sur le danger des fixions… Emma est un être sous drogues, qu’il s’agisse de prothèses chimiques (maquillage), vêtements, romans, rêveries, passions, elle est tendue vers l’ivresse et cette démesure donne au personnage une fonction autre, politique. Emma, femme adultère, par « distillation » de l’étymologie du mot, est ce qui altère, elle désigne l’illicite, le hors la loi, elle déstabilise les frontières. Il n’est pas étonnant que ce personnage « investi » ait séduit l’auteur d’Addict : Avital Ronell est une philosophe américaine hors cadre. Professeur à l’Université de New York (NYU), elle est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, privilégiant des objets originaux, peu académiques, nos compulsions contemporaines, des sujets interrogeant un rapport au monde, à la société, aux normes : la mise à l’épreuve (cf., à la suite de cet article, le rapide billet consacré à Test Drive), le sida, le café, le téléphone (Telephone Book, Bayard, 2006), l’idiotie (Stupidity, Stock, 2006, rééd. « Points » Seuil, 2008). Addict. La forme même, étrange, de ce livre épouse son objet : une typographie baroque, une mise en page hétérogène, un refus de la pagination traditionnelle, une discontinuité stylistique, formelle, dans les modes mêmes d’analyse, des disruptions, tout dit le refus de l’académisme universitaire, comme, d’une certaine manière, le choix d’écrire comme on prend des doses. De livrer un texte stupéfiant, dans tous les sens du terme. Le projet naît d’une phrase du Gai Savoir de Nietzsche : « Qui contera un jour toute l’histoire des narcotiques ? – Elle est presque l’histoire de la « culture », de notre soi-disant haute culture ». En réponse, Avital Ronell se glisse dans ce « presque nietzschéen – cette place où le narcotique articule un frisson entre histoire et ontologie. L’addiction sera notre question – un certain type d’« être-sous-drogue » qui a tout à voir avec la mauvaise conscience de notre époque ». Addict est donc pour une part une autopsie d’Emma, une relecture radicale, originale de Madame Bovary, dans le cadre plus large d’une analyse de la passion littéraire comme besoin addictif, objet de dépendance, à la fois stimulant et tranquillisant, par essence ambivalent. L’analyse trouve ses fondements épistémologiques chez Baudelaire (l’ivresse comme manière d’être au monde et anywhere out of the world), Freud (nous ne savons pas renoncer à quoi que ce soit, faire le deuil et l’addicté est un « non renonçant »), Nietzsche, de Quincey, Heidegger. Plus largement, Avital Ronell nous place sous l’angle d’une littérature du « narcossisme », des Confessions d’un mangeur d’opium (de Quincey) aux Paradis artificiels de Baudelaire, de Jünger (Annäherungen : Drogen und Rausch) à Benjamin (Haschich à Marseille) ou Guattari (L’Esprit des drogues), de la drogue comme élan, excentricité mais aussi manque, aspiration, Sehnsucht, en tout état de cause expérimentation esthétique, jeu sérieux. La littérature est présentée comme une « pharmacodépendance », elle est – tout ensemble – un traitement, un sédatif, un secours, une substance euphorisante, ou, comme le dit Derrida dans La Pharmacie de Platon (La Dissémination, Seuil, 1972) – texte qu’Avital Ronell ne cite pas tant il est en creux dans son propre travail sans doute –, elle est, comme tout langage, pharmakon, remède et/ou poison, permettant de dépasser les dualités simplistes, les oppositions socialement réconfortantes : « Cette « médecine », ce philtre, à la fois remède et poison, s’introduit déjà dans le corps avec toute son ambivalence. Ce charme, cette vertu de fascination, cette puissance d’envoûtement peuvent être – tour à tour ou simultanément – bénéfiques et maléfiques ». […] « [S]i le pharmakon est “ambivalent”, c’est donc bien pour constituer le milieu dans lequel s’opposent les opposés, le mouvement et le jeu qui les rapportent l’un à l’autre, les renverse et les fait passer l’un dans l’autre (âme/corps, bien/mal, dedans/dehors, mémoire/oubli, parole/écriture, etc.) » (Derrida, La Pharmacie de Platon). Madame Bovary, le roman, est pharmakon, accusé d’être un « poison », condamné par la justice impériale. Parce qu’il est question, ouverte, mise à mal des limites, des frontières (« un penseur devrait n’avoir ni religion ni patrie, ni même aucune conviction sociale. Scepticisme absolu » écrit Flaubert à Hugo), mise en abyme du genre romanesque comme pharmakon, remède à la mélancolie d’Emma, poison de son existence car il lui donne le goût de l’échappée, de l’imaginaire, il devient drogue. Lui impose des doses de plus en plus fortes pour retrouver l’élan mais se développe aussi comme une paradoxale pulsion de mort, une confrontation aux abîmes, une soustraction à la sphère sociale pour vivre dans un retrait narcissique, dans une forme d’« autonomie libidinale ». Emma ne distingue plus désir et besoin. Elle est addictée mais aussi un être « hallucinateur, une créature par excellence du simulacre » qui à son tour suscite désirs, fantasmes, hallucinations. Une addiction à une addictée. Addict est un portrait puissamment original et intense d’Emma, une mise en question fabuleuse du roman de Flaubert, lu comme l’œuvre d’une époque, au sens étymologique, moment de suspension du jugement. Ce qui le rend éminemment dérangeant, politique, critique. Et explique sa condamnation par une société qui refuse le dérangement des lignes. Addict est un texte difficile, parfois abscons, ne le nions pas. Mais il mérite l’effort qu’il exige de ses lecteurs, ne serait-ce que pour cette lecture de Madame Bovary, d’une intelligence rare, jusque dans les pages consacrées à une explication ligne à ligne de passages du roman, en une explication de texte véritablement œuvre, comme Barthes a pu le faire du Sarrasine de Balzac (S/Z, « Points » Seuil, 1970). Addict donne un sens plein à la littérature comme objet de pensée, manière d’être au monde et de le faire voler en éclats, par un triomphe de l’intelligence et de l’esprit critique : « L’horizon de la drogue est le même que celui de la littérature : ils sont sur la même ligne, dépendent de technologies semblables, souffrent parfois de répressions juridiques du même ordre. L’une et l’autre ont la fiction dans le sang et font disjoncter tout un régime de conscience ». CM
Warning ! Addict, Fixions et narcotextes est un texte sous influence : celle de Flaubert, mais pas seulement (Derrida, Heidegger, Nietzsche, entre autres).

Bérénice dit: à

Concupiscent, mes excuses présentées pour cette correction inopinée et non contrôlée.

christiane dit: à

Si vous avez le temps, ouvrez le lien et lisez cet entretien brillant d’intelligence et d’intuition mis en lien, entre Claude Chabrol et Pierre-Marc de Biasi : Un scénario sous influence. 65 pages qu’on lit avec passion.

Bérénice dit: à

Et alii, sans posséder le dixieme de votre culture, on peut y voir en creux le portrait d’un psychopathe en la personne du pharmacien, Homais, qui se débarrasse d’une façon ou d’une autre des êtres qui alourdissent son pouvoir, le gênent, lui deplaisent( il a réussi à chasser le prédécesseurs Charles). Dans ce cas, sans pouvoir être impliqué, il pousse Emma au suicide après l’avoir encouragé à l’infidélité, la conseillant sur ces sorties. C’est un être dangereux et pour finir un veritable assassin qu’il n’est pas possible, en dehors de la faillite que les rêves d’Emma rendent patente, de ne pas lui faire porter la responsabilite d’un empoisonnement dûment et habilement prémédité.

Bérénice dit: à

Qui amoindrissent son pouvoir de prescripteur peut-être. Correcteur.

Pablo75 dit: à

« …il a fait profiter son édition des vingt dernières années de recherches génétiques sur l’œuvre de Flaubert […] une biographie génétique ».

Et malgré cela on ne sait toujours pas si Flaubert et Mme Bovary ont le même ADN?

Pablo75 dit: à

« Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun d’un seul morceau, tant ils ÉTAIENT lisses, ÉTAIENT séparés sur le milieu de la tête par une raie fine »

Flaubert a passé des années à écrire son texte et des mois à le corriger, et il a laissé passer cela?

et alii dit: à

it: 12 août 2019 à 16 h 56 min
je ne fréquente pas le Homais, ce que j’ai juré à quelqu’un par écrit;donc je ne fréquente pas les bérénice;qu’elles me foutent la paix avec leur lecture des noms et des prénoms

Bérénice dit: à

Psychopathe parmi d’autres, ils ont toujours été agissant en plus de la perversité ordinaire qui satisfait les appétits les plus modestes , les plus vils.

christiane dit: à

Suite de 16h25 et 16h48
Dans l’entretien ne ratez pas (de la page 32 à la page 35) leur échange sur la bêtise dans les romans de Flaubert et dans le personnage d’Emma.

et alii dit: à

Psychopathe
orthographe! ils ont toujours été donc S

Bérénice dit: à

Et alii, sans être un personnage central, vous ne pouvez nier son action au sein de ce roman. Vos fréquentations réelles ne regardent que vous et Je suis loin par une reponse qui me vient consequence de vos recherches d’en faire partie. Nous restons dans le domaine du virtuel et je ne pense pas que ma réplique puisse être comprise comme une attaque, un manque de reconnaissance ou de respect en regard de votre science littéraire. C’est un avis personnel.

Bérénice dit: à

Un psychopathe parmi d’autres. Cela vous confie-t-il?

et alii dit: à

Psychopathe parmi d’autres, ils ont toujours été
psychopathes agissants

Paul Edel dit: à

Un an avant sa mort, Flaubert écrivait à Georges Charpentier, éditeur,le 16 février 1879 :
« « La Bovary m’embête.
On me scie avec ce livre-là. -Car tout ce que je fais depuis n‘existe pas- Je vous assure que si je n’étais besoigneux je m’arrangerais pour qu’on n’en fît plus de tirage. Mais la nécessité me contraint. Donc, tire, mon bon. Quant à l’argent, pas n’est besoin de me l’envoyer ici-Vous me le donnerez quand je viendrai à Paris. (..) Le 10 Août prochain expire mon traité avec Lévy. Je rentre en possession de l’Education sentimentale .Je voudrais bien en tirer quelques subsides. »
*dans le besoin

et alii dit: à

Cela vous confie-t-il?
ça ne veut rien dire:il est quoi, le correcteur?

Pablo75 dit: à

Ce soir je mange du poulet froid-mayonnaise avec des chips.
D. dit: 12 août 2019 à 15 h 09 min

Une vraie catastrophe nutritionnelle… Et après tu veux nous faire croire que tu es disciple de Bruce Lee ? ¡Venga ya!

et alii dit: à

La conjonction “et” n’a nullement dans Flaubert l’objet que la grammaire lui assigne. Elle marque une pause dans une mesure rythmique et divise un tableau. En effet, partout où on mettrait “et”, Flaubert le supprime. C’est le modèle et la coupe de tant de phrases admirables. (…) En revanche, là où personne n’aurait l’idée d’en user, Flaubert l’emploie. C’est comme l’indication qu’une autre partie du tableau commence, que la vague refluante, de nouveau, va se reformer. (…)

La très lente acquisition, je le veux bien, de tant de particularités grammaticales (et la place me manque pour indiquer les plus importantes que tout le monde notera sans moi) prouve à mon avis, non pas, comme le prétend le critique* de la Nouvelle Revue française, que Flaubert n’est pas un “un écrivain de race”, mais au contraire qu’il en est un. Ces singularités grammaticales traduisant en effet une vision nouvelle, que d’application ne fallait-il pas pour bien fixer cette vision, pour la faire passer de l’inconscient dans le conscient, pour l’incorporer enfin aux diverses parties du discours ! »

Marcel Proust, Nouvelle Revue française, janvier 1920
https://www.lemonde.fr/blog/correcteurs/2010/02/20/et-quand-marcel-parlait-de-gustave/

et alii dit: à

STUPIDITY? bêtise?

Sur un sujet proche
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« La bêtise, cette marque indélébile de la modernité, est notre symptôme. »
Avital Ronell, Stupidity, Paris, Stock, 2006 p. 27
1– En acceptant de parler de la bêtise, vous prenez beaucoup de risques.

2– Vous pensez sans doute à Flaubert qui a pu écrire : « Bouvard et Pécuchet m’emplissent à tel point que je suis devenu eux ! Leur bêtise est mienne et j’en crève [1]
[1]
Gustave Flaubert, Lettre à Edma, dans Correspondance, IV,…. » Cette plainte inquiétante de Flaubert donne à penser que la fréquentation de la bêtise serait contagieuse, qu’il suffit d’en parler pour devenir bête ou qu’on ne parle toujours de la bêtise d’autrui qu’à partir de la sienne propre.

3– Ce qui est plus inquiétant encore, c’est que, bêtes par contrat, Bouvard et Pécuchet, comme le souligne Derrida, font de la bêtise leur objet de savoir, de réflexion, d’archivation, de collection [2]
[2]
Jacques Derrida, Séminaire La bête et le souverain, Paris,…. L’intelligence de la bêtise serait donc elle-même bête puisque c’est en développant cette intelligence de l’intelligence de ses protagonistes à connaître la bêtise que Flaubert devient bête à son tour et que cela lui est insupportable. Rien n’atteindrait la bêtise sans se trouver enveloppé par elle, jusqu’à ce que Derrida appelle « le devenir-chose du nom propre » – comme dans le cas d’un certain Thompson qui, sur la colonne de Pompée à Alexandrie, a écrit son nom en lettres de six pieds de haut : « ce crétin, dit Flaubert, s’est incorporé au monument et se perpétue avec lui ». On voit se répandre aujourd’hui la manie de chosifier son nom en mettant des cadenas avec inscriptions personnalisées sur les ponts enjambant les fleuves des grandes villes.

4– Sans parler de la quasi-nécessité pour tant de gens d’avoir un compte Facebook ou twitter pour faire savoir à tous ce qui leur passe par la tête à propos de tout et de n’importe quoi. C’est Barthes qui disait : « Ce qui vient à l’esprit est d’abord bête » et parlant de lui à la troisième personne : « Il est curieux qu’un auteur, ayant à parler de lui, soit à ce point obsédé par la Bêtise, comme si c’était la chose interne dont il avait peur : menaçante, toujours prête à fuser, à revendiquer son droit à parler (pourquoi n’aurai-je pas le droit d’être bête ?) : bref, la Chose [3]
[3]
Roland Barthes, « Barthes puissance trois », dans Œuvres….
https://www.cairn.info/revue-chimeres-2013-3-page-199.htm

et alii dit: à

Noms et prénoms dans Madame Bovary

Jean Pommier a publié jadis un très joli article sur les noms et prénoms dans Madame Bovary (1). Il y montre l’extrême importance que Flaubert attache aux petits noms et aux patronymes de ses personnages, en signale les sources possibles et en étudie la signification. Jean Pommier a tout à fait raison de souligner le fait que Flaubert hésite longuement entre tel ou tel nom ou prénom avant de se décider, mais je n’irais pas jusqu’à écrire, comme lui, que « c’était — un peu — un entêtement d’enfant gâté » (2). Les très grands écrivains ont eu le génie de découvrir des noms et prénoms qui passent en proverbe, comme Panurge, Tartuffe ou Oblomov. Dans ce cas, le signifiant est aussi important que le signifié, ou mieux : ils ne font qu’un.

Avant d’en venir aux prénoms de Charles et d’Emma Bovary, une petite note concernant l’une des Œuvres de jeunesse de Flaubert, Ivre et mort, conte bachique (15 juin 1838). Les deux héros, qui se battent en duel à coup de bouteilles, se nomment Hughes et Rymbault. J’ai suggéré à tort que le nom de Rymbault pouvait provenir du roman de George Sand intitulé Valentine (3). En fait, ces prénoms sont sans doute empruntés à la Jérusalem délivrée du Tasse : Hughes est le frère du roi de France (chant I, strophe 37), il meurt avant l’arrivée des croisés à Jérusalem, et c’est lui qui apparaît à Godefroi de Bouillon pour lui ordonner de rappeler Renaud de son exil (chant XIV, strophes 5-19). Quant à Raimbaud de Gascogne, il est l’un des « aventuriers » (chant I, strophe 54) ; il part avec Armide (chant V, strophes 75 et 81-84), renie sa foi et lutte contre Tancrède (chant VII, strophes 31-44 ; cf. chant X, strophe 68). Comment le jeune Gustave Flaubert a-t-il découvert l’épopée du Tasse ? je ne sais. Mais il aimait beaucoup Chateaubriand, alors, et la Jérusalem délivrée était l’un des livres favoris de l’auteur du Génie du Christianisme. En tout cas, cette épopée si riche en combats singuliers a très bien pu fournir à Flaubert les prénoms de ses guerriers « bachiques ».

Dans le tout premier scénario de Madame Bovary, le prénom de l’héroïne était Marie : « Me Bovary Marie (signe Maria, Marianne ou Marietta) » (4). Dès le scénario suivant, elle s’appelle Emma (5). Pour Charles, Flaubert n’a jamais varié. Pourquoi Flaubert a-t-il changé « Marie » en « Emma » étant donné surtout que le premier prénom lui était si cher ? Comme l’écrit Jean Pommier : « Emprunté à la fille, Marie, de la femme aimée (Mme Schlésinger), cueilli sur les lèvres de celle-ci (1836), — stylisé en « Maria » en 1838 (Mémoires d’un fou), redevenu « Marie » en 1842 (Novembre), associé à « Anna » sous la forme « Maria » en 1850-1851 (Une Nuit de don Juan) ; essayé sous ses deux formes à la fin de 1851 pour baptiser la future Mme Bovary, puis rejeté, — il est repris plus tard et désigne finalement Mme Arnoux, c’est-à-dire encore Mme Schlésinger » (6). Pourquoi donc Flaubert a-t-il abandonné « Marie » pour « Emma » ? Jean Pommier suggère plusieurs hypothèses : Edma Roger des Genettes, d’autres Emma mentionnées ici et là par Flaubert, Alfred Le Poittevin ou Louise Colet, — mais sans grande conviction (7). J’ai confiance, pour ma part, dans l’authenticité de la fameuse anecdote rapportée par Maxime Du Camp dans ses Souvenirs littéraires : « Aux confins de la Nubie inférieure, sur le sommet de Djebel-Aboucir, qui domine la seconde cataracte … il (Flaubert) jeta un cri : « J’ai trouvé I Eurêka ! Eurêka ! je l’appellerai Emma Bovary… » (8). J’ai tenté de montrer ailleurs que cette révélation concernait le « roman flamand », auquel Flaubert songeait alors, et non Madame Bovary (9). Le projet du « roman flamand » comportait-il un personnage portant le prénom de Charles ? on ne sait. En tout cas, dès le second scénario de Madame Bovary, Charles et Emma sont unis par Flaubert dans leur tragique destinée.
https://www.amis-flaubert-maupassant.fr/article-bulletins/051_042/

et alii dit: à

Or, en 1810, avait paru, en traduction, un roman du célèbre auteur allemand August Lafontaine, intitulé : Charles et Emma, ou les amis d’enfance (10). En voici le résumé, très simplifié : Charles de Nordstein a dix ans ; une femme inconnue, qu’il prend pour un ange, lui confie une fillette de trois ans, Emma ; ils passent leur enfance ensemble. Le lecteur n’apprendra qu’à la fin du second volume qu’Emma est la fille de Lidi, comtesse de Traubé, et de l’oncle de Charles. Après de nombreuses péripéties, deux mariages sont décidés : Emma épousera le pasteur Weisdorn, et Charles, Valeria, la fille de Mme de Paradisi. Mais Emma, qui aime Charles, tombe malade ; Charles l’épouse in extremis, et après sa mort, se jette dans un cloître. Rien de plus romanesque que l’intrigue de Charles et Emma ; rien de plus éloigné, à tous points de vue, de Madame Bovary.

Je ne prétends pas que le roman de Flaubert doive quoi que ce soit à l’élucubration de Lafontaine — sinon la conjonction des deux prénoms. Que Flaubert ait pu connaître le titre : Charles et Emma (11), rien de plus vraisemblable. August Lafontaine jouissait d’une grande réputation auprès des mères de famille et des cabinets de lecture de l’époque ; son œuvre se situe entre celle des deux comtesses : de Genlis et de Ségué. Etant donné l’extraordinaire mémoire de Flaubert pour tout texte imprimé, le souvenir de ce titre n’aurait-il pas « cristallisé » les prénoms des deux personnages ?

Jean Bruneau

Annelise dit: à

Tristan 13h04, c’est de l’idéfix ! Pleurnicherie pavlovienne, rongeant l’os sur thème complotiste, « on m’a effacé », « la pauvrette en déshérence devrait être contente que je sème mes ordures scatos, du bon fumier » au point de venir polluer aussi sur la RdL alors que Pierre Assouline vous sort un nouveau papier ?

Biasi, en plus d’être incollable sur Flaubert, est excellent modérateur, juste et pondéré.. .il m’avait gratifiée de l’exercice au festival du livre de Mouans Sartoux dans un théâtre bondé. Un calme plaisant, communicatif, mieux audible que bien des vociférations

Pablo75 dit: à

Comment passer à l’Histoire de la Littérature, réussir à figurer dans des centaines de livres, être cité souvent dans des cours, des conférences des articles de presse, et avoir même une fiche wikipédia tout en n’ayant jamais écrit une ligne littéraire et mème n’ayant rien à foutre carrément de la littérature?

Facile: il suffit de se trouver au bon endroit au bon moment et de s’occuper de ramener sur le bon chemin des pauvres types comme Flaubert, Baudelaire et Eugène Sue.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_Pinard

et alii dit: à

(11) Pourquoi Lafontaine avait-il choisi lui-même ces deux prénoms pour les héros de son roman ? Il faut remonter à une légende très connue depuis le Moyen-Age : les amours d’Emma, fille de Charlemagne, et d’Eginhard. Alfred de Vigny semble être le dernier poète à évoquer cette belle histoire (La Neige (1830), in Poèmes antiques et modernes (1837).

Jazzi dit: à

Madame Bovary, c’est moi ! Quasi l’anagramme de mon nom…
N’y-t-il pas un peu de Bovary en Bartleby ?

Annelise dit: à

Qui plus est, à de rares exceptions près vous moulinez en paroles la plupart du temps contre un robot. .véritable oxymore..le picaresque agité est meilleur chez Cervantès

Bérénice dit: à

Pablo, les menus sont métaphorique, libres d’interprétations.

Bérénice dit: à

…ques. Pardonnez.

Sarah dit: à

Grâce à El Alii, on a pu connaître Madame Amable Tastu (sic)ineffable initiatrice du keepsake en français.On se frotte et on se touche non sans douleur aux  » Soirées littéraires de Paris  » : Emma, combien de Tomes?

Bérénice dit: à

Des pauvres types ? Je ne m’en été pas aperçue. Je ne connais pas Sue Eugene.

D. dit: à

Eh non, Pablo. Tout dépend de quand je mange ce poulet-mayonnaise-chips dans la journée. Ou après quoi je le mange.
De la quantité aussi.
De si l’on a utilisé une huile de Colza ou de Tournesol ou d’Arachides aussi.

Annelise dit: à

…j’ai même demandé à Jacques Drillon, aux « Petits papiers » savoureux, comment il s’y est pris when he closed the comments (like the water).. décision bien tentante,Tristantant votre frégolisme usb est tusant

Bérénice dit: à

Quelques-unes de ses camarades apportaient au couvent les keepsakes qu’elles avaient reçus en étrennes. — (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857, édition de Nelson Éditeurs, p. 59, 1952)

et à lui, convient, il est vivant, le correcteur.

et alii dit: à

Je ne m’en été et bientôt l’autome!

Pablo75 dit: à

Borges à propos de « Madame Bovary »: « Creo que es uno de los libros más torpes [maladroits] de la literatura. »

(Dans « Borges, sus días y su tiempo », de María Esther Vázquez).

Clopine dit: à

A la lecture du billet de notre hôte, je me rends compte à quel point la correspondance de Flaubert, que j’ai découverte grâce à Paul Edel, ici même, occulte désormais pour moi son oeuvre même, qui s’enfonce dans une sorte de passé scolaire, une lecture non pas laborieuse, non, quand même pas, mais grise, ou plutôt grisée (pas au sens alcoolisé !) par les Lettres. Surtout celles de jeunesse, et celles à Louise Colet.

C’est d’elles dont j’aimerais entendre parler, qu’il faudrait analyser, fouiller encore et encore…

Les livres me sont désormais trop connus, avec leurs « morceaux de bravoure », le fiacre dans les rues de Rouen, le comice agricole, l’opération du pied-bot. D’autant que je n’ai qu’à lever le nez pour retrouver, ici ou là, sous l’autoroute et les ronds-points, les lieux décrits par Flaubert. J’ai même, dans ma grange, une carriole qui aurait pu servir à Charles Bovary, c’est dire…

Je mets ce désenchantement flaubertien que le compte de l’âge. Du mien, bien entendu !

christiane dit: à

@Chantal
Toujours ce texte du 10 août à 13 h 47.
Vous écrivez : « Seule la flamme d’une bougie léchait encore dans le silence les rebords fondants comme des dunes mystérieuses… »
On sent que vous avez aimé regardé les flammes des bougies et peut-être aimé approcher l’index de la cire fondante et brûlante.
Deux échos me viennent.
1. L’essai de Gaston Bachelard La flamme d’une chandelle (P.U.F.) :
« La flamme est précaire et vaillante. cette lumière, un souffle l’anéantit. La flamme est naissance facile et mort facile. Vie et mort peuvent être ici bien juxtaposées. […]
Si je lève les yeux du livre pour regarder la chandelle, au lieu d’étudier, je rêve.
Alors les heures ondulent dans la solitaire veillée. La flamme d’une chandelle est, pour beaucoup de rêveurs, une image de la solitude… « .
2. Des toiles de Georges de la Tour. Dans ses tableaux, une bougie est souvent l’unique source de lumière, comme dans : « Saint Joseph charpentier » et une série d’approches de « Madeleine » (à la veilleuse, au miroir, aux deux flammes). Hors du halo de ces flammes qui éclairent les scènes de l’intérieur, les tableaux demeurent dans la nuit.
Vos textes ne se livrent jamais totalement. Ce n’est pas vraiment une écriture romanesque mais une succession de petites scènes qui gardent leurs secrets. Une succession énigmatique où l’escargot écrabouillé reste une image difficilement oubliable. Y a-t-il un chemin liant tous ces textes ?
Comme Georges de la Tour vous aimez le clair-obscur.

Pablo75 dit: à

Que le même homme ait pu, à peu de distance, être à la fois Whistler et Rochegrosse, écrire Bovary, puis Salammbô, est stupéfiant.
(P. Morand. Journal inutile)

Le Flaubert des scénarios et celui des chapitres correspondants de Bovary, descente de dix tons. Sentait-il que ça ne passerait pas, que l’époque n’était pas encore prête à recevoir ça?
(P. Morand. Journal inutile)

Jazzi dit: à

Annelise, sans être désobligent (prétérition), si vous fermiez le robinet à commentaires sur la RDC, qu’est-ce qu’il resterait ?

et alii dit: à

Cette seconde ablation nous laissait « Byessard ». Réduit à l’essentiel, demeurait-il un nom de lieu possible, permettant cette combinaison : « le val Byessard » ? Allions-nous enfin le lire dans le gigantesque répertoire aux soixante mille vocables ? Oui, enfin, nous l’y avons lu, avec la différence d’une lettre qui, d’ailleurs, ne tire pas à conséquence : Biessard. Nous l’y avons lu en exemplaire unique, sans homonyme aucun pour toute la France, un « apax legomenon ». C’est un lieu-dit d’une soixantaine d’habitants. Mais où niché ce Biessard unique ? On vous le donne en mille : dans le coin le plus choisi du royaume, dans la commune même de Canteleu, où est Croisset !… On part du studieux ermitage à la poursuite d’un mot, on fait le tour de la France, et ce vaste rallye-paper nous ramène au lieu qu’on n’eût pas dû quitter.

Ainsi Flaubert ne l’a pas forgé, ce nom, ni puisé dans quelque recueil géographique ou généalogique. Il l’avait à sa porte, il l’entendait prononcer communément, et il l’a pris, en y joignant cet heureux indicatif « La Vau », puisqu’aussi bien le château du marquis d’Andervilliers, c’est-à-dire le château du Héron, est posé « dans une vallée [où coulaient] deux rivières », selon que l’indique un scénario du roman. Et selon qu’il est dit dans le roman lui-même : « Une rivière passait sous un pont ». Cette rivière est l’Andelle, et l’autre est son affluent, non dénommé sur les cartes
https://www.amis-flaubert-maupassant.fr/article-bulletins/003_007/.

christiane dit: à

Annelise dit: 12 août 2019 à 17 h 42 min

« Biasi, en plus d’être incollable sur Flaubert, est excellent modérateur, juste et pondéré.. .il m’avait gratifiée de l’exercice au festival du livre de Mouans Sartoux dans un théâtre bondé. Un calme plaisant, communicatif, mieux audible que bien des vociférations. »

Je partage votre point de vue sur P-M. de Biasi. Cet entretien est formidable d’intelligence, pondérée pour de Biasi, éruptive pour Claude Chabrol.
Bien pensé à vous en le mettant en ligne.

Bérénice dit: à

D, il faut essayer l’emulsion jus de citron huile d’olive, recette grecque de l’habitant.
J’ai lu quelquepart que Salammbô n’avait pas rencontré le succes escompté par l’auteur, un dur labeur pourtant. Je ne suis pas encore parvenue à bout de ce roman qu’il me faudrait reprendre. Peut être gouterais je à present et à sa juste valeur le talent inventif appuyé des recherches qui ont presidé à son écriture.

et alii dit: à

Flaubert est « harassé. […] Je me sens stérile par moments comme une vieille bûche. J’ai à faire une narration. Or le récit est une chose qui m’est très fastidieuse. Il faut que je mette mon héroïne dans un bal. Il y a si longtemps que je n’en ai pas vu que ça me demande de grands efforts d’imagination. Et puis c’est si commun, c’est tellement dit partout ! Ce serait une merveille que d’éviter le vulgaire, et je veux l’éviter pourtant ». (27 au 28 avril 1852)

Bérénice dit: à

18h11 qui fit scandale, ne pas oublier le contexte de sa publication.

Pablo75 dit: à

A la lecture du billet de notre hôte, je me rends compte à quel point la correspondance de Flaubert […] occulte désormais pour moi son oeuvre même,
Clopine dit: 12 août 2019 à 18 h 11 min

Unamuno a écrit plus d’une fois que le vrai chef-d’oeuvre de Flaubert est sa Correspondance, qu’il relisait souvent.´

« He releído L’Education Sentimentale, los Trois Contes, me propongo releer Madame Bovary, ayer terminé Bouvard et Pecuchet. ¡Pero, sobre todo, la Correspondance! Aquí está el hombre, ese hombre que dicen -lo decía él mismo- que no aparece en sus obras. Lo cual no es cierto, ni puede serlo tratándose de un gran artista. »

(« Leyendo a Flaubert ». Dans le livre « Contra esto y aquello » -1912-).

On peut lire le texte entier ici:

http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/contra-esto-y-aquello-785974/html/ff20cca0-ee0e-4c60-bd38-e18c63b83f84_2.html

renato dit: à

Madame Bovary, 1856 — Bartleby, the Scrivener, 1853

Jazzi dit: à

« Louise Colet »

C’était une chieuse de première classe, Clopine !

Annelise dit: à

Jacques
Ma façon de donner billet dans les commentaires, si elle a des vices voulus, en particulier obliger à s’immerger dans les réseaux sociaux à température ambiante (après tout c’est le jeu), a manifestement certaines qualités, dont avoir réussi à développer, puis canaliser un dialogue autour du cinéma ou des films, pas seulement en nombre très largement décuplé en quatre ans, mais surtout en contenu mieux ciblé. Que vous soyez insatisfait car je ne chronique pas « l’actualité » des films tel qu’il vous paraîtrait bon de le faire, ou que vous pensiez faire mieux en postant ici sur RdL ou chez moi vos propres avis sur les sorties en salle vous regarde. C’est moi qui dirige la chronique et ne faisant pas dans le clientélisme, je ne vous demande pas d’adhérer ni de m’accorder votre feu vert. L’échange s’est enrichi de participations moins fanfaronnes, d’étudiants, d’assez bons experts secrets ou spectateurs lambda qui lisent et participent au lieu de verser dans le crépitant doum doum sur tout, et si possible n’importe quoi

Bloom dit: à

Madame Bovary, bien sûr, et L’Éducation sentimentale et les Trois contes. Mais le chef d’œuvre absolu de Flaubert, c’est sa correspondance, sans plus d’apprêt que l’intérêt qu’il cherche à susciter chez le/la destinataire. Pas de souffrance, mais une délivrance.Magistral.

« À Louis Bouilhet

Patras, 10 février 1851.

(…)Et c’est qu’il y a, monsieur, tant d’espèces de tetons différents. Il y a le teton pomme, le teton poire, – le teton lubrique, le teton pudique, que sais-je encore? (…)Il y a le teton du boulevard, lassé, mollasse et tiède, ballotant dans la crinoline, teton que l’on montre aux bougies, qui apparaît entre le noir du satin, sur lequel on frotte sa pine, et qui disparait bientôt.Il y a les deux tiers de teton vus à la clarté des lustres, au bord des loges de théâtre, tetons blancs et dont l’arc semble démesuré comme le désir qu’il vous renvoie. Ils sentent bon, ceux-là; ils chauffent la joue et font battre le cœur.Sur la splendeur de leur peau reluit l’orgueil, ils sont riches et semblent vous dire avec dédain: « Branle-toi, pauvre bougre, branle-toi, branle-toi. » »
Correspondance Tome I, Pléiade, p. 753.

D. dit: à

Oui Bérénice mais l’huile d’olive n’est pas su bonne qu’on nous le dit… une bonne huile de colza bio est plus neutre de goût et présente une formulation d’acides gras meilleure.
Hé ben oui.

Bérénice dit: à

Pablo, je pense que tout le monde ici à pris note du polylinguisme de certains dont je ne suis et en dehors de l’effet mousse, se faire mousser, je ne saisis pas tout à fait l’avantage de s’adresser aux élus en possession de ces langues surtout quand on s’enorgueillit d’etre traducteur à moins que cela s’inscrive dans un processus d’exclusion élitiste ou dans une démarche utilisée des snobs qui ne manquent pas ici , sans vouloir m’en plaindre mais juste à les remarquer différenciant du commun ou estimant du haut de leur relief que posséder plus d’une langue est un minimum, les autres n’ont qu’à aller se faire trois oeufs ou aller se faire voir ailleurs.

Clopine dit: à

Une chieuse, peut-être, mais trahie au-delà de ce qu’on peut imaginer par Flaubert, lui refusant une aide pécuniaire au motif que sa vie bourgeoise risquerait d’en être (légèrement, ndlr) compromise ! Et le lui annonçant dans une lettre où l’égoïsme le dispute à la goujaterie…

Annelise dit: à

Sur ce, Bovarysez bien… belle iconographie, au visage d’Audrey Hepburn ici étrangement mi Melina Mercouri, mi Ava Gardner… cela me rappelle la fin du Soleil se lève aussi… lady Ashley doucement pressée dans le taxi contre Barnes : « On aurait pu être si heureux ensemble, Jake » (Baroz) Trop tard? ( ou Si tu reviens j’efface tout?)

D. dit: à

Je ne sais pas avec quelle huile Annelise fait sa mayonnaise. Si elle sait la faire. Je sais qu’elle boit du bon pinard en tout cas, ça c’est un bon point, voire plusieurs bons points ; une image quoi, parce que plusieurs bons points = 1 image.

Bérénice dit: à

D, j’utilise le régime crétois excepté en hiver, huile de noix pour les salades. Je ne m’en porte pas plus mal. Et je ne mécréants pas en fritures et friteuses.

Bérénice dit: à

Ne me répands pas.

Jazzi dit: à

« Madame Bovary, 1856 — Bartleby, the Scrivener, 1853 »

Je rectifie, renato : « N’y aurait-il pas un peu de Bartleby dans Madame Bovary ? »

Il me semble que la question reste pertinente. Ne pas la prendre dans le sens de l’influence que l’un aurait eu sur l’autre, mais dans le sens que ces deux écrivains, qui ne se connaissaient probablement pas (?), ont imaginé, à peu près au même moment, un personnage littéraire emblématique dont le patronyme est devenu un nom commun. Et l’on pourrait trouver bien des points communs entre une Bovary, qui dit oui à ses rêves, et un Bartleby, qui dit non à la réalité !
On pourrait même s’interroger sur les personnalités de Flaubert et Melville, qui avaient en commun une identité sexuelle pareillement mal définie…

Passou dit: à

Merci MC pour la coquille sur la date. Les touches s’étaient emmêlées les pinceaux. Corrigé !

Paul Edel dit: à

Gracq s’énerve bcp à propos de la « phrase retombante » de Flaubert, et Montherlant parle de phases « paralysées ».
Julien Green ne l’appréciait pas : »la phrase avance comme un régiment en marche.le mot semble choisi pour lui même,il ne se fond pas avec le reste,il se détache avec une énergie continue et fatigante. » et là je vois une contradiction chez Green..
JK Huysmans aimait particulièrement « La tentation de Saint-antoine » et « Salammbô »,il trouvait que Flaubert nous emmenait « loin de la vie mesquine », « il évoquait les éclats asiatiques des vieux âge,leurs éjaculations et les abattements mystiques »

Clopine dit: à

Bloom, si je suis entièrement d’accord avec vous pour la correspondance, ce n’est pourtant pas ce passage-là que j’aurais choisi (sourire !), mais plutôt toutes ces belles lettres où Flaubert définit une sorte d’idéal littéraire.

Jazzi dit: à

Nous sommes d’accord, Annelise. Mais si vous coupez ce robinet-là, que resterait-t-il ? Rien !

Bérénice dit: à

Bloom, en tout cas, passée la cinquantaine,peut-être meme avant,la chose ne l’intéressait plus. Il est entré en religion avec sa littérature.

Paul Edel dit: à

Jazzi, relis la correspondance Louise Colet Flaubert,tu rendras du plaisir.. avec de tre beaux moments. flaubert vers la fin de leur liaison s’est mal conduit.A nuancer.

Bloom dit: à

A l’été 2007, Pierre Marc de Biasi avait tenu une chronique espiègle & irrévérencieuse sur FC. Quand on songe au vague brouet tiédasse à base de pisse d’âne que l’on nous sert ces temps-ci…

Delaporte dit: à

« N’y aurait-il pas un peu de Bartleby dans Madame Bovary ? »

A mon avis, non. Ou alors, vraiment un tout petit peu. Bartleby ne s’ennuie pas. C’est dans l’Education sentimentale qu’on pourrait évoquer Bartleby, à cause de l’apathie du héros, Frédéric Moreau. Il a cependant des « sursauts » de vitalité mondaine, qui finissent par avorter. La fin du roman de Flaubert est un sublime avortement. On aurait tellement aimé que ça finisse bien, par exemple par une promenade romantique sur une plage des Caraïbes néerlandaises qui aurait coûté une fortune !

Patrice Charoulet dit: à

NAISSANCE , ORIGINES, ARYENS , JUIFS , RACISME , CELINE

Quelques rappels, en préambule :
« Tous ces Juifs dont nous crevons… » (Céline)
« Qu’on saigne les Juifs : c’est mon avis. » (Céline)
« Les boches, au moins, c’est des Blancs. » (Céline)
« Je suis raciste et hitlérien. » (Céline)
« Moi, je voudrais bien faire une alliance avec Hitler. Pourquoi pas ? Il a rien dit contre les Bretons ,contre les Flamands…Il a dit seulement sur les Juifs. » (Céline)

De ces quelques phrases ignobles, il y en a des centaines analogues,les dernières méritent qu’on les examine. En effet, Céline s’estimait Aryen (c’est quoi, ça?)car un de ses parents était Breton et que l’autre était Flamand. Voilà son passeport, sa fierté, sa garantie, sa supériorité…en réalité sa sottise, son irréflexion, son erreur.
La naissance est le fruit du hasard. Nul ne saurait sérieusement s’en prévaloir. L’erreur du racisme est là. Comment tirer gloire de ce hasard absolu qu’est la naissance ? Qui choisit sa famille, qui choisit ses parents ? Qui choisit sa ville de naissance ? Qui choisit sa couleur ?Le jugement raciste condamne un homme dès son berceau, dès la maternité, dès son premier jour. Tu es né ceci ou cela, je suis supérieur à toi depuis mon premier jour, car je suis ceci ou cela. Y a-t-il plus grande erreur ?
Aucune pensée religieuse ne m’anime en disant ces évidences.

Le racisme est le racisme. Ne mélangeons pas les sujets. Il est , et ce n’est plus du racisme, à chacun d’avoir une opinion sur les frontières, sur le droit du sol ou le droit du sang, sur la souveraineté, sur les flux migratoires, sur les religions, sur le burkini dans les piscines, sur la construction des édifices religieux, sur le financement des associations, sur le RSA, sur les squats, sur les forces de l’ordre, sur le respect de la loi, sans y mêler à tout bout de champ le mot « racisme », qui a un sens très précis, et qui n’en a pas mille.

Bloom dit: à

Vous êtes une intello, Clopine, je ne suis qu’un être sensuel très très moyen qui aime les écrivains quand ils parlent de tout sauf de leur propre conception de la littérature. En revanche, ils sont précieux sur le travail des autres, en public en tous cas (plutôt langues de p.te en privé).

Jazzi dit: à

« La Correspondance », c’est Flaubert sans la fiction.
Un Flaubert journaliste et auto fictif.
Et c’est rudement bon.
Cela aide aussi à mieux apprécier et comprendre le grand oeuvre de notre écrivain : une oeuvre variée, voire métissée.
Quoi de commun en effet entre Salambo et Un coeur simple ?
« La Correspondance » est un peu à Flaubert ce que les « Choses vues » sont à Victor Hugo.

Delayourte dit: à

Avec 3000€ nets je peux me payer des années d’abonnement à des revues diverses qui me distrairont plus longtemps qu’un monologue de Chantal sur la plage, et sous la pluie. Donner à l’Eglise. Payer le restau à des chinetoques. Ou, simplement, payer mes impôts. Je suis sûr qu’Ed est partie en Allemagne pour fuir le Trésor Public. Ed est bien du genre à filouter les Impôts : c’est une adepte du fisc fucking.

et alii dit: à

Et je ne mécréants pas ça ne veut rien dire!

Chantal dit: à

oui christianne, c’est l’enfant que j’ai été qui décrit les bougies, ce n’est plus moi aujourd’hui. J’ai parfois difficile à maîtriser en même temps les subtilités de la langue et le récit qui me vient, peut être que parce qu’à certains moments je suis dans un pays d’une autre langue-mère mais comme j’écris en français je dois restituer dans cette langue là, c’est toujours un dilemne . Et puis effectivement les images viennent de ce que j’ai regardé, Fantin Latour, comme Frans Hals.

je n’en veux pas à ceux qui ne connaissent pas, pour certains textes d’autres auteurs je n’ai pas le background, mais si cela m’attire je fais l’effort , vous le faites souvent, c’est pourquoi je vous estime.

ps : une clef peut -être ce qui m’a intéressée mais je ne sais pas encore quoi en faire, c’est que monsieur ouine se rapproche du carnavalesque que l’on retrouve chez Ensor et procède par tableaux l’articulation n’est pas classique, voilà c’était jusque comme çà. Et pour la noyade c’est quelque chose qu’on retrouve souvent en littérature et dans les strates du roman leurs enfants après eux ( vous avez lu je pense ), on retrouve l’eau, la noyade … sous une forme qui étonne car on passe de continuités dialoguées très scénarisés voire brutaux à des moments ailleurs, déconnectés beaucoup plus poétiques.

Delaporte dit: à

« Un Flaubert journaliste et auto fictif. »

Vous racontez n’importe quoi, Jacuzzi. Flaubert « journaliste » ? C’est le rabaisser plus bas que terre ! C’est époustouflant ! Vous dites cela parce que vous-même vous prenez pour un journaliste d’élite. Vous vous envoyez des fleurs, Jacuzzi. Vous les presque écrivain, le quasi-esthète, le demi-cinéphile !

et alii dit: à

Gustave Flaubert et Maxime Du Camp sont deux amis de quarante ans qui se disputent la première place dans la république des Lettres pendant quelques années, le temps de publier deux grands romans pour Du Camp, Mémoires d’un suicidé et Les Forces perdues. Et puis Flaubert vient le détrôner dès lors que la question de l’approche biographique oppose une littérature en quête d’autonomisation à une littérature utile, qui rende d’abord service à son lecteur. C’est le combat entre deux conceptions opposées de la littérature et deux rapports au lecteur sans commune mesure, que le double parcours des deux écrivains vient illustrer au moment où la littérature fait le choix de l’écriture flaubertienne contre l’inspiration ducampienne.
POYET THIERRY

Maxime Du Camp contre Flaubert ou la nécessité d’écrire la vie
https://www.revue-interrogations.org/Maxime-Du-Camp-contre-Flaubert-ou

Jazzi dit: à

La Correspondance Gustave Flaubert/Louise Colet est un roman à lui seul, Paul.
Mais Flaubert a choisi l’oeuvre à la vie !

À LOUISE COLET

Samedi 8 Août 1846.

Je suis brisé, étourdi, comme après une longue orgie ; je m’ennuie à mourir. J’ai un vide inouï dans le coeur. Moi si calme naguère, si fier de ma sérénité, et qui travaillais du matin au soir avec une âpreté soutenue, je ne puis ni lire, ni penser, ni écrire ; ton amour m’a rendu triste. Je vois que tu souffres, je prévois que je te ferai souffrir. Je voudrais ne jamais t’avoir connue, pour toi, pour moi ensuite, et cependant ta pensée m’attire sans relâche. J’y trouve une douceur exquise. Ah ! qu’il eût mieux valu en rester à notre première promenade ! Je me doutais de tout cela ! Quand, le lendemain, je ne suis pas venu chez Phidias, c’est que je me sentais déjà glisser sur la pente. J’ai voulu m’arrêter ; qu’est-ce qui m’y a poussé ? Tant pis ! tant mieux ! Je n’ai pas reçu du ciel une organisation facétieuse. Personne plus que moi n’a le sentiment de la misère de la vie. Je ne crois à rien, pas même à moi, ce qui est rare. Je fais de l’art parce que ça m’amuse, mais je n’ai aucune foi dans le beau, pas plus que dans le reste. Aussi l’endroit de ta lettre, pauvre amie, où tu me parles de patriotisme m’aurait bien fait rire, si j’avais été dans une disposition plus gaie. Tu vas croire que je suis dur. Je voudrais l’être. Tous ceux qui m’abordent s’en trouveraient mieux, et moi aussi dont le coeur a été mangé comme l’est à l’automne l’herbe des prés par tous les moutons qui ont passé dessus. Tu n’as pas voulu me croire quand je t’ai dit que j’étais vieux. Hélas ! oui, car tout sentiment qui arrive dans mon âme s’y tourne en aigreur, comme le vin que l’on met dans les vases qui ont trop servi. Si tu savais toutes les forces internes qui m’ont épuisé, toutes les folies qui m’ont passé par la tête, tout ce que j’ai essayé et expérimenté en fait de sentiments et de passions, tu verrais que je ne suis pas si jeune. C’est toi qui es enfant, c’est toi qui es fraîche et neuve, toi dont la candeur me fait rougir. Tu m’humilies par la grandeur de ton amour. Tu méritais mieux que moi. Que la foudre m’écrase, que toutes les malédictions possibles tombent sur moi si jamais je l’oublie ! Te mépriser ? m’écris-tu, parce que tu t’es donnée trop tôt à moi ! As-tu pu le penser ? Jamais, jamais, quoi que tu fasses, quoi qu’il arrive ! Je te suis dévoué pour la vie, à toi, à ta fille, à ceux que tu voudras. C’est là un serment ; retiens-le, uses-en. Je le fais parce que je puis le tenir.
Oui je te désire et je pense à toi. Je t’aime plus que je ne t’aimais à Paris. Je ne puis plus rien faire ; toujours je te revois dans l’atelier, debout près de ton buste, les papillottes remuantes sur tes épaules blanches, ta robe bleue, ton bras, ton visage, que sais-je ? tout. Tiens ! maintenant la force me circule dans le sang. Il me semble que tu es là ; je suis en feu, mes nerfs vibrent… tu sais comment… tu sais quelle chaleur ont mes baisers.
Depuis que nous nous sommes dit que nous nous aimions, tu te demandes d’où vient ma réserve à ajouter « pour toujours ». Pourquoi ? C’est que je devine l’avenir, moi ; c’est que sans cesse l’antithèse se dresse devant mes yeux. Je n’ai jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait vieillard, ni un berceau sans songer à une tombe. La contemplation d’une femme nue me fait rêver à son squelette. C’est ce qui fait que les spectacles joyeux me rendent tristes, et que les spectacles tristes m’affectent peu. Je pleure trop en dedans pour verser des larmes au dehors ; une lecture m’émeut plus qu’un malheur réel. Quand j’avais une famille, j’ai souvent souhaité n’en avoir pas, pour être plus libre, pour aller vivre en Chine ou chez les sauvages. Maintenant que je n’en ai plus, je la regrette et je m’accroche aux murs où son ombre reste encore. D’autres seraient fiers de l’amour que tu me prodigues, leur vanité y boirait à l’aise, et leur égoïsme de mâle en serait flatté jusqu’en ses replis les plus intimes ; mais cela me fait défaillir le coeur de tristesse, quand les moments bouillants sont passés ; car je me dis : Elle m’aime et moi, qui l’aime aussi, je ne l’aime pas assez. Si elle ne m’avait pas connu, je lui aurais épargné toutes les larmes qu’elle verse ! Pardonne-moi ceci, pardonne-le moi au nom de tout ce que tu m’as fait goûter d’ivresse. Mais j’ai le pressentiment d’un malheur immense pour toi. J’ai peur que mes lettres ne soient découvertes, qu’on apprenne tout. Je suis malade de toi.
Tu crois que tu m’aimeras toujours, enfant : toujours ! quelle présomption dans une bouche humaine ! Tu as aimé déjà, n’est-ce pas, comme moi ; souviens-toi qu’autrefois aussi tu as dit toujours. Mais je te rudoie, je te chagrine. Tu sais que j’ai les caresses féroces. N’importe, j’aime mieux inquiéter ton bonheur maintenant que de l’exagérer froidement, comme ils font tous, pour que sa perte ensuite te fasse souffrir davantage… Qui sait ? tu me remercieras peut-être plus tard d’avoir eu le courage de n’être pas plus tendre. Ah ! si j’avais vécu à Paris, si tous les jours de ma vie avaient pu se passer près de toi, oui, je me laisserais aller à ce courant sans crier au secours. J’aurais trouvé en toi pour mon coeur, mon corps et ma tête, un assouvissement quotidien qui ne m’eût jamais lassé. Mais séparés, destinés à nous voir rarement, c’est affreux, quelle perspective ! et que faire pourtant… je ne conçois pas comment j’ai fait pour te quitter. C’est bien moi, cela ! C’est bien dans ma pitoyable nature ; tu ne m’aimerais pas, j’en mourrais, tu m’aimes et je suis à t’écrire de t’arrêter. Ma propre bêtise me dégoûte moi-même ; c’est que, de tous les côtés que je me retourne, je ne vois que malheur ! J’aurais voulu passer dans ta vie comme un frais ruisseau qui en eût rafraîchi les bords altérés, et non comme un torrent qui la ravage ; mon souvenir aurait fait tressaillir ta chair et sourire ton coeur. Ne me maudis jamais ! va, je t’aurai bien aimée, avant que je ne t’aime plus. Moi, je te bénirai toujours ; ton image me restera toute imbibée de poésie et de tendresse, comme l’était hier la nuit dans la vapeur laiteuse de son brouillard argenté.
Ce mois-ci je t’irai voir, je te resterai un grand jour entier. Avant quinze jours, douze même, je serai à toi. Que Phidias m’écrive, et j’accours ; c’est convenu. Est-il remis de sa colère, ce bon Phidias ? A-t-il compris le sens du cadeau ? Tâche de lui bien faire entendre que c’était pour le faire rire et rêver, et lui rendre un peu de satisfaction qu’il nous avait causée.
Tu veux que je t’envoie quelque chose de moi. Non, tu trouverais tout trop bien. Ne m’as-tu pas assez donné, sans y joindre tes éloges littéraires ? Tu veux donc achever de me rendre fat ! Et puis je n’ai rien de lisible ; tu ne t’y reconnaîtrais pas, au milieu des ratures et des renvois, n’ayant rien fait recopier. N’as-tu pas peur de te gâter le style en me fréquentant ? Tu voudrais que je publiasse quelque chose tout de suite ; tu m’exciterais ; tu finirais par faire que je me prendrais au sérieux (ce dont le ciel me garde !). Autrefois la plume courait sur mon papier avec vitesse ; elle y court aussi maintenant, mais elle le déchire. Je ne peux pas faire une phrase, je change de plume à toute minute, parce que je n’exprime rien de ce que je veux dire. Tu viendras à Rouen avec Phidias, tu feras semblant de m’y rencontrer et tu me feras une visite ici. Cela te satisfera mieux que toutes les descriptions possibles. Alors tu penseras à mon tapis et à la grande peau d’ours blanc sur laquelle je me couche dans le jour, comme moi je pense à ta lampe d’albâtre, quand je regardais sa lumière mourante onduler sur le plafond. Avais-tu compris, ce soir-là, que je m’étais donné ce terme ? Car je n’osais pas ; je suis timide, va, malgré mon cynisme, à cause de lui peut-être. Je m’étais dit : j’attendrai jusqu’à ce que la bougie soit éteinte. Oh ! quel oubli de tout ! quelle exclusion du reste du monde ! Comme elle était douce la peau de ton corps nu, … ! et quelle joie hypocrite je savourais, dans mon dépit, pendant que les autres étaient là et qu’ils ne s’en allaient pas ! Je me souviendrai toujours de l’air de ta tête quand tu étais à mes genoux, par terre, et de ton sourire ivre quand tu m’as ouvert la porte et que nous nous sommes quittés. Je suis descendu dans les ténèbres, sur la pointe du pied, comme un voleur. N’en étais-je pas un ? Et tous sont-ils aussi heureux, quand ils fuient chargés de leur butin ?
Je te dois une explication franche de moi-même, pour répondre à une page de ta lettre qui me fait voir les illusions que tu as sur mon compte. Il serait lâche à moi (et la lâcheté est un vice qui me dégoûte sous quelque face qu’il se montre) de les faire durer plus longtemps.
Le fonds de ma nature est, quoi qu’on dise, le saltimbanque. J’ai eu dans mon enfance et ma jeunesse un amour effréné des planches. J’aurais été peut-être un grand acteur, si le ciel m’avait fait naître plus pauvre. Encore maintenant, ce que j’aime par-dessus tout, c’est la forme, pourvu qu’elle soit belle et rien au delà. Les femmes qui ont le coeur trop ardent et l’esprit trop exclusif ne comprennent pas cette religion de la beauté, abstraction faite du sentiment. Il leur faut toujours une cause, un but. Moi, j’admire autant le clinquant que l’or. La poésie du clinquant est même supérieure en ce qu’elle est triste. Il n’y a pour moi dans le monde que les beaux vers, les phrases bien tournées, harmonieuses, chantantes, les beaux couchers de soleil, les clairs de lune, les tableaux colorés, les marbres antiques et les têtes accentuées. Au delà, rien. J’aurais mieux aimé être Talma que Mirabeau, parce qu’il a vécu dans une sphère de beauté plus pure. Les oiseaux en cage me font tout autant pitié que les peuples en esclavage. De toute la politique, il n’y a qu’une chose que je comprenne, c’est l’émeute. Fataliste comme un Turc, je crois que tout ce que nous pouvons faire pour le progrès de l’humanité ou rien, c’est absolument la même chose. Quant à ce progrès, j’ai l’entendement obtus pour les idées peu claires. Tout ce qui appartient à ce langage m’assomme démesurément. Je déteste assez la tyrannie moderne parce qu’elle paraît bête, faible et timide d’elle-même, mais j’ai un culte profond pour la tyrannie antique que je regarde comme la plus belle manifestation de l’homme qui ait été. Je suis avant tout l’homme de la fantaisie, du caprice, du décousu. J’ai songé longtemps et très sérieusement (ne va pas rire, c’est le souvenir de mes plus belles heures) à aller me faire renégat à Smyrne. À quelque jour j’irai vivre loin d’ici, et l’on n’entendra plus parler de moi. Quant à ce qui d’ordinaire touche les hommes de plus près, et ce qui pour moi est secondaire, en fait d’amour physique, je l’ai toujours séparé de l’autre. Je t’ai vu railler cela l’autre jour à propos de ***, c’était mon histoire. Tu es bien la seule femme que j’ai aimée et que j’ai (sic) eue. Jusqu’alors j’allais calmer sur d’autres les désirs donnés par d’autres. Tu m’as fait mentir à mon système, à mon coeur, à ma nature peut-être, qui, incomplète d’elle-même, cherche toujours l’incomplet.
J’en ai aimé une depuis quatorze ans jusqu’à vingt sans le lui dire, sans lui (sic) toucher ; et j’ai été près de trois ans ensuite sans sentir mon sexe. J’ai cru un moment que je mourrais ainsi, j’en remerciais le Ciel. Je voudrais n’avoir ni corps ni coeur, ou plutôt je voudrais être crevé, car la mine que je fais ici-bas est d’un ridicule exagéré. C’est là ce qui me rend défiant et timide de moi-même.
Tu es la seule à qui j’aie osé vouloir plaire et peut-être la seule à qui j’ai (sic) plu. Merci, merci. Mais me comprendras-tu jusqu’au bout, supporteras-tu le poids de mon ennui, mes caprices, mes abattements et mes retours emportés ? Tu me dis par exemple de t’écrire tous les jours, et si je ne le fais, tu vas m’accuser. Eh bien, l’idée que tu veux une lettre chaque matin m’empêchera de le faire. Laisse-moi t’aimer à ma guise, à la mode de mon être, avec ce que tu appelles mon originalité. Ne me force à rien, je ferai tout. Comprends-moi et ne m’accuse pas. Si je te jugeais légère et niaise comme les autres femmes, je te paierais de mots, de promesses, de serments. Qu’est-ce que cela me coûterait ? Mais j’aime mieux rester en dessous qu’au-dessus de la vérité de mon coeur.
Les Numides, dit Hérodote, ont une coutume étrange. On leur brûle tout petits la peau du crâne avec des charbons, pour qu’ils soient ensuite moins sensibles à l’action du soleil qui est dévorante dans leurs pays. Aussi sont-ils, de tous les peuples de la terre, ceux qui se portent le mieux. Songe que j’ai été élevé à la Numide. N’avait-on pas beau jeu à leur dire : « Vous ne sentez rien, le soleil même ne vous chauffe pas ». Oh ! n’aie pas peur : pour avoir du cal au coeur il n’en est pas moins bon. Eh bien non ! En me sondant, je ne me trouve pas meilleur que mon voisin. J’ai seulement assez de perspicacité et quelque délicatesse dans les manières. Voilà le soir qui vient. J’ai passé mon après-midi à t’écrire. À 18 ans, à mon retour du Midi, j’ai écrit pendant six mois des lettres pareilles à une femme que je n’aimais pas. C’était pour me forcer à l’aimer, pour faire du style sérieux, et ici c’est tout le contraire ; le parallélisme est accompli. Encore un dernier mot : j’ai à Paris un homme à mes ordres, dévoué jusqu’à la mort, actif, brave, intelligent, une grande et héroïque nature aux volontés de la mienne. En cas de besoin, compte sur lui comme sur moi. J’attends demain tes vers, dans quelques jours tes deux volumes. Adieu, pense à moi ; oui, embrasse ton bras. Tous les soirs ce sont tes oeuvres que je lis. J’y recherche des traces de toi-même, j’en trouve quelquefois.
Adieu, adieu ; je mets ma tête sur tes seins et je te regarde de bas en haut, comme une madone.

11 heures du soir
Adieu, je ferme ma lettre. C’est l’heure où, seul et pendant que tout dort, je tire le tiroir où sont mes trésors. Je contemple tes pantoufles, ton mouchoir, tes cheveux, ton portrait, je relis tes lettres, j’en respire l’odeur musquée. Si tu savais ce que je sens maintenant !… dans la nuit mon coeur se dilate et une rosée d’amour le pénètre !
Mille baisers, mille, partout, partout.

Bloom dit: à

« La Correspondance » est un peu à Flaubert ce que les « Choses vues » sont à Victor Hugo.

Les bienfaits de la défécation, des bordels, des grands tremblements de l’amour physique et de l’Orient en plus, Baroz.

Bérénice dit: à

19h23 correction apportée à 18h53. Et merde
Il est evident que Flaubert était athée , tiraillé entre humanité mépris atténuée par une charité envers le peuple misérable.

Bérénice dit: à

Atténué.

Jazzi dit: à

Là, Flaubert n’est-il pas un peu reporter, Delaporte ?

À SA MÈRE

Beyrouth, 26 juillet 1850

C’est dans la nuit de jeudi à vendredi dernier que nous sommes arrivés à Beyrouth. La brume voilait les côtes de Syrie, il faisait humide, le pont était trempé, tous les passagers dormaient, moi seul excepté qui, le lorgnon sur l’œil, me guindais pour découvrir quelque chose. – Enfin quelques lumières à ras des flots ont paru : c’était Beyrouth. Nous étions dans la rade, le bateau allait à demi-vapeur, tout le monde se taisait, on entendait de dessous l’avant du navire glousser une poule dans la cage aux volailles, et au haut de la vergue du mât la lanterne qui crépitait dans l’humidité de la nuit. Quelque temps après j’ai entendu venir du rivage le chant d’un coq, un autre y a répondu, et puis il s’est mêlé à ces deux voix une autre voix, stridente et se répétant d’une façon monotone, comme le chant du grillon. Le capitaine sur la passerelle donnait des commandements, la lune venait de se coucher, il faisait beaucoup d’étoiles.

Nous avons passé près d’un navire dont la cabine était éclairée, on a lâché l’ancre et nous étions arrivés et j’ai été me coucher. Il était 3 h. 5 m du matin à ma montre.

Le lendemain, ou plutôt 3 heures après, à 6 heures, nous nous sommes embarqués, bagages et gens, dans le canot du lazaret. Nous avions avec nous, comme devant être nos compagnons de captivité, deux moines Franciscains, dont l’un s’en va à Ispahan et l’autre à Jérusalem, un capitaine maltais, deux ou trois marchands chrétiens de Syrie établis à Alexandrie, dont l’un possédait une pauvre petite négresse d’environ 10 à 12 ans. Quand nous sommes arrivés sur le vapeur, nous l’avions vue blottie dans un coin et qui pleurait à chaudes larmes. – Elle avait l’air si misérable et si triste que les marins en étaient apitoyés. Joseph, qui connaissait son propriétaire, m’a dit : « Il est de si grandes canailles, ces chrétiens de la Syrie ! bien pis que des Turcs. Il est de mauvaises gens tout à fait ; durs, savez-vous bien ? brutaux comme des mulets. » Hier nous l’avons vue comme ses maîtres lui faisaient prendre un bain de mer. Son pauvre petit corps noir était là tout nu sur la plage, les pieds dans l’eau, en plein soleil, avec sa tête noire frisée et un grand anneau d’argent passé à son cou. Ils l’ont savonnée avec du sable, et d’une si rude façon que la peau lui saignait. Après quoi on l’a entrée dans l’eau et rincée comme un caniche. Alors j’ai pensé aux jeunes personnes d’Europe qui sortent dans la rue avec leurs mères, ont des maîtres, jouent du piano, lisent des romans, les pieds dans leurs pantoufles brodées… Il y avait aussi avec nous une bonne Alsacienne qui va à Jérusalem rejoindre son fiancé qui tient une manufacture de vers à soie, et de plus un étudiant allemand. L’étudiant allemand a rencontré sa compatriote à Marseille, il l’accompagne et la protège. Ces deux braves gens avaient acheté à Alexandrie une bouteille de vin qui dans l’embarquement était égarée et dont ils paraissaient fort inquiets. C’était comme l’homme aux bottes de la guimbarde de Fécamp : « Ne sentez-vous pas les bottes ? » L’étudiant disait à tout le monde : « Ne foyez-vous bas une pouteille de fin ?… Chosef, ne chentez-fous bas une pouteille de fin ? » Enfin on a fini par découvrir la fameuse bouteille qui se soûlait au fond de la barque, sous une de nos cantines. En voyant le danger qu’elle avait couru, son propriétaire en a écarquillé les yeux sous ses lunettes. C’était une polissonne de bouteille grande comme un broc et qui contenait bien dix à quinze litres. Ils avaient emporté ça pour le « foyache ».

La mer était si transparente et si bleue que nous voyions les poissons passer et les herbes au fond. Elle était calme et se gonflait avec un doux mouvement, pareil à celui d’une poitrine endormie. En face de nous Beyrouth, avec ses maisons blanches, bâtie à mi-côte et descendant jusqu’au bord des flots, au milieu de la verdure des mûriers et des pins parasols. Puis, à gauche, le Liban, c’est-à-dire une chaîne de montagnes portant des villages dans les rides de ses vallons, couronnée de nuages et avec de la neige à son sommet. Ah ! pauvre mère, tiens, dans ce moment-ci, j’en ai les yeux humides en pensant que tu n’es pas là, que tu ne jouis pas comme moi de toutes ces belles choses, toi qui les aimes tant ! Que j’aurais de plaisir à voir ta pauvre mine, ici, à mes côtés, s’ébahissant de ces prodigieux paysages. Je crois que la Syrie est un crâne pays, « il est carquechose de particulier », comme dit Joseph. Nous ne sommes pas gâtés en fait de verdure, et de vues grasses. L’Égypte n’est même belle que par le caractère monumental, régulier, impitoyable de sa nature, beauté sœur jumelle de son architecture. Mais la Syrie est au contraire mouvementée, variée, pleine de choses imprévues. – Le lazaret, par exemple, est un des plus beaux pavillons de campagne que je connaisse. Ceux du Bois-Guillaume même n’en donneraient qu’une faible idée. Ô nature ! nature ! Quelle canaille que cette vieille nature ! Comme c’est calme ! Quelle sérénité, à côté de toutes nos agitations !

Dans 10 jours nous serons à Jérusalem, où nous allons par Tyr, St-Jean-d’Acre, Jaffa. De Jérusalem, Jéricho, le Jourdain et la mer Morte. De la mer Morte à Tabarié, lac de Tibériade. – De Tabarié nous filons sur Damas, Homs, Alep d’où nous revenons par le Liban nous embarquer à Beyrouth pour Chypre. – Le voyage de Syrie va durer de deux à trois mois. Je n’aurai de lettres de toi qu’à Jérusalem, à Damas et à Beyrouth lors de mon retour. Quant à toi, pauvre chérie, je ne sais comment je ferai arriver mes lettres ici à Beyrouth. – Les chemins ne sont pas faciles comme en Égypte où il y a toujours la grande route du Nil. De plus, réfléchis que Beyrouth est à 105 lieues plus loin qu’Alexandrie. Conséquemment les dates seront un peu plus reculées. Ne t’attends donc pas, au plus, à plus d’une lettre par mois. C’est là ce qui me paraît maintenant le maximum. – Achille, dans un temps plus ou moins éloigné, sera averti qu’il y a à la douane de Rouen 6 colis à sa destination. – Il les laissera à la douane où on ne les déplombera qu’à notre retour à Rouen. J’ai pensé qu’il y avait ainsi plus de probabilité pour ne rien perdre et que ça vous donnera moins d’embarras. Ils sont expédiés par la maison Pastré d’Alexandrie à la maison Pastré de Marseille qui les expédiera à Marseille on les plombera et on les enverra à la douane de Rouen. – Maxime ne peut plus aller sur mer sans être malade. Une promenade en canot dans la rade l’étourdit. Quant à moi je crois que j’étais destiné à être amiral. Depuis que nous sommes ici nous dévorons. C’est l’air de la mer et des montagnes, à moins que ça ne soit le ver solitaire.

Embrasse pour moi Lilinne, le père Parain, Achille, etc.

et à toi, pauvre mère, les plus tendres embrassements. Ton fils.

Gve Flaubert

Je ne vois jusqu’à présent ni peste ni choléra. La quarantaine que les deux derniers paquebots ont faite à Alexandrie avait pour cause la peur d’Abbas-Pacha qui avait appris qu’à Malte il y avait eu deux cas de choléra. Quant à celle de Beyrouth elle a lieu en permanence pour tous les bateaux qui viennent d’Égypte, pays qui doit avoir continuellement la peste. C’est comme à Odessa pour ceux qui viennent de Constantinople. La nôtre ne nous a pas ennuyés. Nous avions une trop belle vue pour cela !

Dis à Me Delamarre que, quoique je me moque de sa dévotion, je lui rapporterai un chapelet béni de Jérusalem. Quant à toi je sais bien quoi te rapporter, ce sera ce qui peut te faire le plus de plaisir, à savoir ma personne. Voilà quel sera mon cadeau. Cependant j’ai déjà acheté bien des paniers à ton intention. Mes compagnons en bougonnaient, tant ça tenait de place.

DHH dit: à

Je suis une admiratrice inconditionnelle de Flaubert et particulièrement de Madame Bovary ; je l’ai lu et dégusté plusieurs fois, pas 70 évidemment , mais il y a des passages que je sais par cœur tellement ils m’ont habitée. Comme le fatras grotesque des clichés romantico oreientalistes empilés, qui parasitent l’esprit d’Emma, ,comme ces jeunes gens du bal qui ont »le teint de la richesse » ,comme les convives de la noce, récurés et tondus de frais avec leurs s oreilles qui « s’écartaient des têtes » et les fillettes auxquelles on a rallongé pour la circonstance la robe de leur premiere communion ,comme l’émerveillement extatique d’Emma devant son miroir , fascinée par son propre visage de femme qui a désormais un amant, et vit cet instant comme « une nouvelle puberté »
Et ce qui me désole c’est que cette admiration que j’ai pu communiquer il y a bien longtemps à mes élevés , je n’arrive pas à la faire partager cinquante ans plus tard aux adultes que je côtoie dans ma vie ordinaire C’est l’incompréhension voire la dérision que l’expression de cette admiration suscite le plus souvent chez des gens qui pourtant ne sont pas des ploucs, qui pour certains même appartiennent à la nomenklaturra ,et qui refusent tout ’intérêt à de ce roman à leurs yeux démodé ,l’un d’eux s’etant étonné qu’une personne sensée d’aujourd’hui puisse lire les histoires de « galipettes d’une petite bourgeoise du XIX eme siecle » (sic)

Phil dit: à

Agréable message deashash. qu’ajouter sinon que la nomenklatura n’est plus ce qu’elle était, dear dhh. souhaitons avec vous que la banquise fondante emporte cette « nomenklatura ».

christiane dit: à

@Chantal dit: 12 août 2019 à 19 h 23 min
Joie de lire votre longue réponse.
Vous expliquez très bien pourquoi votre narration est parfois bancale : « difficile à maîtriser en même temps les subtilités de la langue et le récit qui me vient, peut être parce qu’à certains moments je suis dans un pays d’une autre langue-mère mais comme j’écris en français je dois restituer dans cette langue là, c’est toujours un dilemme. »
Merci pour ce cadeau courageux.
Votre double référence à Ensor et Bernanos (Monsieur Ouine) donne à ces textes leur aplomb.
Ensor, c’est pour moi, ces masques grimaçants peu à peu remplacés par des crânes dans des foules bigarrées pleines de squelettes, un carnaval obsédé par la mort.
Quant à Monsieur Ouine, le roman le plus obscur de Bernanos, une ombre malfaisante gagne un village du Nord (fin de votre premier texte), le transformant dans un monde livré à la pulsion, aux désirs primitifs. Crimes, délations, hystérie. Odeurs de pourriture omniprésentes. Tout devient bourbeux et emporté par le surnaturel. Le curé est dépassé et déclare dans son sermon que le village est livré au Mal et abandonné de Dieu.
Quant à monsieur Ouine, violé enfant par un professeur, homme pas très beau, gras et fragile, d’une onctuosité menaçante, le cœur vide. Il meurt espérant vivre enfin une enfance…
Pour Frans Hals, que j’apprécie beaucoup, je n’ai pas vu un rapport entre ses toiles et ce que j’ai lu de vos textes. Vous me direz.
Tout cela devient cohérent.
Avez-vous écrit d’abord ces textes dans votre langue et les traduisez-vous ou tentez-vous d’écrire directement en français ? Cette difficulté n’apparaît pas dans vos commentaires.
Merci.

christiane dit: à

@DHH dit: 12 août 2019 à 20 h 08 min
Enfin, une lectrice de ce grand roman Madame Bovary !
Avez-vous aimé le dialogue entre P.-M. de Biasi et C.Chabrol que j’ai mis en lien (65 pages) ? Un bel échange empli du roman : Un scénario sous influence :
http://www.pierre-marc-debiasi.com/textes_pdf/179.pdf

Delaporte dit: à

Jacuzzi (pseudo journaliste) au début de l’entretien qu’a mis en ligne notre chère christiane, ceci de Pierre-Marc de Biasi qui va vous en boucher un coin :

« On croirait vraiment entendre Gustave : il ne supportait pas les journalistes!… »

Delaporte dit: à

Jacuzzi (pseudo journaliste), au début de l’entretien qu’a mis en ligne notre chère christiane, ceci de Pierre-Marc de Biasi qui va vous en boucher un coin :

« On croirait vraiment entendre Gustave : il ne supportait pas les journalistes!… »

Chantal dit: à

@Christianne, j’écris directement en français, mais toute la semaine j’ai parlé en néerlandais pour mon travail, ou lu des textes en anglais, la mécanique sonore s’installe, il y a toujours un moment où je dois m’extraire pour revenir au français, je cherche les mots dans ma mémoire et puis viens le plaisir d’écrire, si je suis trop ici à lire, il y a comme une sorte de défouloir de personnages dont je ne sais pas quoi faire dans la vraie vie, je dois en faire ququ ch, c’est une urgence, tant que j’ai pas trouvé, difficile de dormir, voilà c’est pas spécialement pour montrer faire une performance, plutôt pour faire un rendu imparfait. Pour Frans Hals je pensais au portrait de famille, ce tableau est très amusant parce qu’il n’est pas du tout guindé, je le regarde ces enfants s’amusent, leurs parents ne les grondent pas.

christiane dit: à

@Chantal dit: 12 août 2019 à 21 h 09 min
Je ne connaissais pas du tout ses portraits de famille. je ne me souviens pas en avoir vu à Harlem.
C’est impressionnant votre voyage sonore entre le néerlandais, l’anglais et le français.
J’avais aimé dans votre premier texte cette description très réussie de Med, munie d’un énorme tape-mouches en osier, frappant vigoureusement le duvet, puis fondant mollement sur les plumes encore gonflées d’air. Puis, vous écrivez (t.2) qu’elle s’endort. Et là, mystère… Ce cygne blanc dévorant des grenouilles est-il dans ses songes ? Et ce curé, écraseur d’escargot, ne sentant pas très bon, serait-il une apparition dans son rêve ? Elle tombe dans le sommeil comme « Alice au Pays des merveilles » affronte la peur et l’angoisse. Le clocher qui tourne semble imitait la petite isba des contes russes qui tourne sur ses pattes. Et vous terminez ce deuxième texte par la chambre des parents, vide.
On s’enfonce dans l’étrange…

Et le plus sidérant dans votre commentaire ce sont ces mots : « si je suis trop ici à lire, il y a comme une sorte de défouloir de personnages dont je ne sais pas quoi faire dans la vraie vie, je dois en faire ququ ch, c’est une urgence ». Voulez-vous dire que vos textes sont dus à l’ambiance survoltée, parfois, du fil de commentaires de la RDL ? Donc, Med tape sur ce Duvet comme vous sur certains commentaires afin d’en ‘précipiter dans l’air des milliers de micro – particules, des miasmes, et quelques bestioles endormies qui sursauteraient dans l’air de leurs pattes minuscules, épouvantées » etc.

Vous menez là une sacrée croisade digne du carnaval d’Ostende.

Bon, je vais aller voir ce film de Jean-Pierre Mocky qui passe sur la cinq : Y’a-t-il un Français dans les salles ?, sorti en 1982, et mettant en scène Victor Lanoux et Jacqueline Maillan. J’ai lancé l’enregistrement.
Je ne savais pas que Stanislas Nordey était le fils de Jean-Pierre Mocky. Un comédien et metteur en scène très intéressant. Je l’ai entendu sur France-Inter. Juste et émouvant.

christiane dit: à

@Chantal dit: 12 août 2019 à 21 h 19 min
Je découvre ces portraits de famille. On reconnaît bien sa façon vivante de saisir visages et attitudes. Merci pour le lien.

Jean Langoncet dit: à

@Bérénice
Même un Champagne dit “brut” contient une “liqueur de dosage » d’environ une dizaine de grammes de sucre par litre, si bien qu’on ne peut le qualifier de sec (sans sucre) ; reste des cuvées spéciales « ultra brut » ou encore « zéro dosage » pour combler vos attentes de sensations fortes et préserver l’email de vos dents naturelles

Jean Langoncet dit: à

@bulles de Méditerranée
À propos du Prosecco … C’est assez approximatif sur le plan géographique, mais l’image est jolie : bulles de Méditerranée.

renato dit: à

Vu la quantité de Bovary qui se jettent sur le marché, être Giulia Beccaria me plait mieux. Déjà sur sa tombe elle fit écrire « Fille de Cesare Beccaria, mère d’Alessandro Manzoni » — le mari écarté volontairement —, puis elle vantait une vie sentimentale variée et excentrique.

Ou alors Caterina Sforza dite La dame Guerrière, mère de Jean des Bandes Noires. Assiégée dans l’un de ses châteaux, les ennemis qui avaient pris en otage ses fils menaçaient de les tuer si elle ne s’avouait pas vaincue. Elle monta sur un merlon, souleva sa robe jusqu’à montrer son sexe et répondit : « J’ai là ce qu’il faut pour en faire des autres ».

renato dit: à

«… il ne supportait pas les journalistes!… »

Les supporter n’est pas facile. Ce soir, par exemple, un petit géni à défini la crise Salvini-Di Maio « un divorce à l’italienne ». Or, le divorce à l’italienne est un meurtre — il y a même un film.

Jazzi dit: à

« l’un d’eux s’etant étonné qu’une personne sensée d’aujourd’hui puisse lire les histoires de « galipettes d’une petite bourgeoise du XIX eme siecle » (sic) »

C’est exactement l’impression que j’ai eu à l’occasion du bac de Lettres dont j’ai parlé, DHH !
Une idiote lue par des idiots…

MCourt dit: à

A propos de Du Camp, une rareté, ces Mémoires d’un Suicidé. Préférons cependant ses Souvenirs Littéraires. Ah, le chapitre sur Musset et Sans intitulé les Galériens de l’Amour.Ce qui s’appelle frapper juste!

et alii dit: à

ce geste rapporté dans l’entretien en lien mefrappe:
. J’ai
trouvé un très beau portrait de Flaubert. Je l’ai installé juste
en face de moi, sur mon bureau, ça devenait une affaire entre moi et moi .

Jazzi dit: à

Belle lecture des textes de Chantal, Christiane ! J’ai trouvé aussi qu’il y avait du Lewis Carroll dans l’air. Mais je n’avais pas pensé à la RDL. C’est à se demander à quoi Chantal nous cuisine ?

closer dit: à

Oui Chantal, à la Fondation Custodia, près de l’Assemblée Nationale.

Christiane, c’est une expo à voir (si elle est toujours là).

christiane dit: à

@Jazzi dit: 12 août 2019 à 22 h 34 min
Oui, elle a bien éclairé ses textes par ses commentaires. Où va-telle nous mener ?

Pat V dit: à

 » C’est l’incompréhension voire la dérision que l’expression de cette admiration suscite le plus souvent chez des gens qui pourtant ne sont pas des ploucs, qui pour certains même appartiennent à la nomenklaturra,  » DHH.

Cela correspond au « oh, quelle horreur » pour notre admiration suscitée par une œuvre d’art et que l’on veut faire partager.
C’est dans ces milieux que vous taxez de « nomenklaturra » que la plouquerie s’exprime le mieux. 😉

Jazzi dit: à

Delaporte, Flaubert ne devait pas non plus bien aimer les écrivains !
Peu importe.
Je ne te parlais pas du métier, sous l’angle professionnel, mais sous sa forme littéraire.
Les « Choses vues » de Hugo sont plus franchement journalistiques.
Les lettres de Flaubert sont beaucoup plus intimistes, autobiographiques. Mais on y glane aussi des tas d’annotations, de descriptions, d’informations sur l’époque, notamment au moment de la Commune, entre autre.
Le charme tout particulier de la Correspondance vient du fait que le Flaubert romancier, qui, tel un orfèvre, sue habituellement sang et larmes pour trouver le bon mot, laisse tout simplement ici courir sa plume…

Marie Sasseur dit: à

Cher Passou, je vous écris d’un pays lointain.
Si madame Bovary c’est vous, cette pauvre dingo, toujours partante , pour échapper à sa petite vie bien étriquée, dans des galères innommables, en se faisant des films, j’adresse mes sincères condoléances à Charbovary, le pauvre cocu de l’histoire.
Il a eu bien du mérite.
Je regrette beaucoup qu’Elliott Erwitt serve de caution photo à ces cinq-a-sept. D’autant qu’elle a servi de « couverture » à deux romans mémorables…
Formule de politesse, etc.

Jazzi dit: à

Certaines lettres de Flaubert sont comme des nouvelles. Ne pas oublier que Flaubert est le père spirituel de Maupassant…

Jazzi dit: à

« C’est dans ces milieux que vous taxez de « nomenklaturra » que la plouquerie s’exprime le mieux. 😉 »

Et là-dessus, Martine Sasseur vint.
Quelle ploucasse celle-là, même dans la lointaine Sicile !

Marie Sasseur dit: à

Je ne faisais que passer. Pas le temps de lire les vieux d’ici, en boucle et en chenil.
Je vous écrirai de Sicile, si je veux.

Mais cette photo, cette photo !
Passou l’a partagée with a Yankee of my mind.

Charbovarysez bien.

Pablo75 dit: à

Et la Correspondance de Flaubert, et beaucoup d’autres livres du XIXe siècle – y compris certains introuvables ailleurs.

Jazzi dit: à

C’est mieux de les lire en poche, Pablo75.

D dit: à

Le champagne ce n’est jamais bien terrible, même les plus grands crus.
Il ne faut jamais oublier que c’est un vin obtenu par accident, une altération que l’on a décrétée agréable puis travaillée.
Cela reste dans l’âme une altération dont le potentiel sera toujours limité. Le champagne est porteur de ses limites. Il est impossible d’être émerveillé par un champagne.
Rien à voir avec un grand Bourgogne ou même avec des liquoreux comme l’Yquem ou le Jurançon qui eux peuvent vos transporter littéralement au septième ciel.
Je vous le dis par expérience.

D. dit: à

Généralement ceux qui courent après le champagne manquent de palais. Leur goût est perverti et ils ne s’en rendent pas compte. Ils correspondent presque tout le temps à des esprits conventionnels et assez soumis, ceux qui apprennent puis récitent.

renato dit: à

C’est vrai qu’on se souvient de l’occasion ou du prétexte qui nous à amené à boire du champagne — même bon —. Un grand Bourgogne on se souvient l’avoir bu.

D. dit: à

Tout-à-fait.

Bérénice dit: à

23h09, puisqu’elle ne lira pas ce commentaire de vieille à l’article _ on ne pourra pas conclure à l’efficacité de la nouveauté d’un decor et paysage sur une mentalité des plus débonnaire . Mais enfin , quelle idée que celle de passer des vacances dans une île où le machisme se fait sentir sur toutes les places. Mais peut être pas après tout, dans les hôtels de luxe où cette necessiteuse séjourne vraisemblablement, l’argent peut tout même se soumette au respect de façade envers les voyageuses libérées du carcan ancestral.

Bérénice dit: à

Renato, jamais bu de grands Bourgogne, souvenirs de bons Bordeaux et d’aussi bons Champagne. Les papilles possèdent elles une mémoire , il vous faudrait nous conter ces vins , le vocabulaire ne manque pas, ce qui cependant ne réussira pas à nous en procurer le plaisir dégustation.

Bérénice dit: à

Le quatrième cliché avait été ici soumis, crois-je me souvenir, n’est ce pas Mishima ou un de ces mystérieux asiatiques nimbé si ce n’est du sfumato du mystère causé par tant de fumée.

http://www.terra-ignota.fr
Petit vice aux volutes sulfureuses

Bérénice dit: à

Si madame Bovary c’est vous, cette pauvre dingo, toujours partante , pour échapper à sa petite vie bien étriquée,

Ah tenez, votre prose me rappelle quelqu’une mais moins sotte qui savait monnayer ses charmes, la literature ne manque pas de ces courtisanes , de leur péripéties et aventures rentables si l’on envisage comme elles en ont eu l’intelligence de rentabiliser une jeunesse qui hélas ne résistait pas aux soins esthétiques à disposition et s’entendaient du baume, creme de jouvence à l’oisiveté et aux massages qui les préservaient autant que cela était possible des outrages du temps inlassablement cruels et quelle que fut leur ascendance.

christiane dit: à

@Pat V – 22h52

Pour rappel :
1. rose dit: 13 juillet 2019 à 17 h 57
Femme de dos et mise en abyme
https://images.app.goo.gl/pTL1LVADqrZvHzdb8

2. christiane dit: 13 juillet 2019 à 18 h 38
Hum… cette « Femme de dos et mise en abyme » ne me dit rien qui vaille. Quelle horreur !

3.Pat V dit: 13 juillet 2019 à 20 h 01
« Hum… cette « Femme de dos et mise en abyme » ne me dit rien qui vaille. Quelle horreur !
Ah, je suis bien heureuse que vous ayez ressenti cette plénitude. C’est tout ça, l’art. Ça se partage avec joie. Ben, voyons Ginette! »

Et depuis ce 13 juillet (donc, un mois !), Pat V intervient rarement sauf pour répéter comme un perroquet : « Quelle horreur ! »
Pat V, grand connaisseur de l’art aurait pu varier ses répliques et écrire par exemple qu’il s’agissait d’une série de Dali intitulée « Dalí de dos peignant Gala de dos » composée par six cornées virtuelles provisoirement réfléchies dans six vrais miroirs. (Date : 1972-1973 –
Dimensions : 60,5 x 60,5 cm – Technique : Huile sur toile – Emplacement : Théâtre-Musée Dalí)
Que c’était un exemple des expériences menées par Dalí dans les années soixante-dix. (à travers la stéréoscopie, l’artiste voulait atteindre la troisième dimension et obtenir un effet de profondeur. Comme dans Las Meninas, le peintre, ici aussi, apparaissait en train de créer.)

Cela nous aurait intéressées, Rose et moi, plus que « Ben voyons, Ginette ! », plus que « Cela correspond au «oh, quelle horreur» pour notre admiration suscitée par une œuvre d’art et que l’on veut faire partager. C’est dans ces milieux que vous taxez de « nomenklaturra » que la plouquerie s’exprime le mieux. » (adressé à DHH, ce soir)

Mais voilà, Pat V ne sait que répéter : « quelle horreur »…
J’aurais pu alors lui répondre que l’exclamation « quelle horreur » visait la pauvre Gala, immobilisée entre ces six miroirs et dont le visage est tout sauf gai. Et que je préférais bien d’autres toiles de ce grand peintre.

J’aurais ajouté que dans le cadre de ses expositions sur les femmes photographes entre 1920 et 1950, le Jeu de Paume à Paris avait proposé une rétrospective de l’œuvre photographique de Florence Henri, une figure des milieux artistiques de l’entre-deux guerres et notamment de la photographie. Que ses premières images sont des portraits et des autoportraits dans des miroirs. Que toutes les idées du cubisme sont présentes dans ses images Enfin, comme le fait remarquer Cristina Zelich, la commissaire de l’exposition du Jeu de Paume, que « Les miroirs lui permettent de fragmenter l’image et de démultiplier les formes. »
Et là, j’aime. (Lien suit dans le prochain commentaire.)

christiane dit: à

Et bien sûr, toute mon amitié à Rose avec qui j’ai pu échanger longuement sur ce même fil. Rose a cette qualité : elle est franche, spontanée et conçoit que ses amis puissent l’être aussi. (Pas comme « Grincheux » ! Et j’adore la lire et lui envoyer des petits commentaires.

Delaporte dit: à

Les théories du complot foisonnent à tout va, pour expliquer le « suicide apparent » d’Epstein, tant son procès – qui n’aura pas lieu – impliquait de hautes personnalités :

« Beaucoup de ces théories laissaient entendre que Jeffrey Epstein aurait été assassiné en raison des hommes de pouvoir – du prince Andrew à Bill Clinton, en passant par l’ex-émissaire spécial pour l’Irlande du Nord George Mitchell ou le patron de Victoria’s Secret Leslie Wexner – qu’il avait fréquentés, et qui auraient voulu l’empêcher de parler. Les causes de la mort n’ont pas encore été officiellement confirmées. Le médecin légiste de Manhattan a indiqué dimanche, après avoir effectué l’autopsie, réserver ses conclusions dans l’attente de « plus d’informations ». »

Il y a des ramifications jusqu’en France, pays que fréquentait Epstein. Des personnalités en vue sont dans la ligne de mire. La ministre Schiappa a demandé l’ouverture d’une enquête, même si son zèle est intempestif et qu’elle a été recadré par la ministre de la Justice. Bref, cette histoire frise tous les débordements, tous les dégorgements, comme dirait Mère Clopine qui n’en peut mais, et moi non plus. L’affaire Epstein ferait un très bon thriller, avec tous les ingrédients de cauchemar éveillé. Le Pouvoir tremble, d’Amérique en Europe, le monde vacille sur ses bases. Epstein mort est encore plus encombrant que vivant, ou presque…

Delaporte dit: à

Je suis curieux de savoir ce que vaut le documentaire sur Weinstein qui va sortir ce mercredi. Est-ce tout sur Weinstein ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Weinstein sans jamais osé le demander ? Cela sera suivi l’année prochaine d’un film sur Epstein : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Epstein sans jamais osé le demander ? Du pain sur la planche, on dirait. Epstein est encore pire que l’affaire Weinstein, pourtant planétaire. J’irai sans doute voir ce docu sur Weinstein, pour comprendre. J’attends tout de même de prendre connaissance des critiques.

Delaporte dit: à

Un film documentaire sur Polanski et l’affaire Polanski serait par exemple passionnant. Voir comment ce grand réalisateur a plongé dans l’aventure criminelle, s’est enfui, a inauguré une cavale de par le monde, et comment son oeuvre (à moitié ratée) s’en ressent. Polanski à coeur ouvert, ou plutôt à braguette ouverte. Ce ne serait pas un pamphlet, mais une analyse de ce syndrome moderne, et même postmoderne, d’un artiste juif persécuté par les nazis, puis persécuté par les Américains, qui a fuit les nazis avant de fuir l’Amérique parce qu’il ne voulait pas être jugé, alors que son crime est irréfragable. Un jour, il y aura ce film sur Polanski, sans complaisance, avec rigueur. Polanski n’en sortira pas grandi : il sera évalué comme un objet d’étude pour la science criminelle et/ou psychiatrique.

Delaporte dit: à

Les ramifications françaises, brièvement, qui nécessitent effectivement que soit diligenté une enquête :

« L’enquête américaine, qui a abouti à l’inculpation de Jeffrey Epstein le 8 juillet pour « exploitation sexuelle de mineures » et « association de malfaiteurs en vue d’exploiter sexuellement des mineures », a révélé des liens du milliardaire avec la France. Ce dernier possède un immeuble à Paris et une victime explique avoir été contrainte d’avoir des rapports sexuels avec le directeur français d’une agence de mannequinat. »

Delaporte dit: à

Choses vues de Hugo, c’est un livre culte chez les journalistes, en effet. A condition de comprendre de quoi il s’agit et de ne pas rabaisser l’acte littéraire sublime de Hugo. C’est un art du discours, comme chez Flaubert, ouvert sur la communication moderne, qui en inaugure le règne, pour le meilleur et -surtout – pour le pire. Quand je vois aujourd’hui tous ces pauvres journaleux qui courent après leur copie, je me dit « Hugo, relève-toi ! »… Toutes ces têtes de mort putrides n’y auront rien compris. Jacuzzi, vous voulez sauver du désastre une profession qui a été assassinée depuis longtemps par Internet, notamment. Parce que vous en êtes. Ce sursaut vous honore, Jacuzzi, vous le presque journaliste, le quasi-écrivain, le semi-esthète, le cinéphile, le flâneur des deux rives mortes et la feignasse du blog.

rose dit: à

Elle nous cuisine aux petits oignons.

Lorsque l’argent on le considère avec distance, on a gagné.

Christiane
Merci de l’explication qui concerne Gala. C’était, plus que le portrait, la mise en abîme qui m’intéressait.
Ai trouvé chez Berthe Morizot, au musée d’Orsay, un autre portrait de femme vue de dos. (J’entame une collection, à vous destinée, la discrétion, l’élégance, la distanciation).

rose dit: à

Ai cherché sur la carte, pour vous renato, et alii, Marie Sasseur, n’ai pas retrouvé.
C’est côte sud.
Après Agrigente.
La route, petite, longe précisément la mer.
On voit deux trois barcarins(de barcarolle) amarrés le long d’un petit ponton. Petit parking sur la droite avant.
Hormis la beauté du tout et du tour de l’île,
s’arrêter à la pointe opposée au débarcadère. Pointe arrondie.
Là, on est grosso modo face à Carthagène.
Une route est sous l’eau et relie à la pointe opposée de la terre ferme plus loin.
C’est là que le christ a marché sur l’eau sous les yeux de ses disciples ébahis.
J’aurais voulu vous le dire dans le creux de l’oreille.

Pas grave.
Les secrets sont faits pour être dits. Pas forcément dans le creux d’une oreille.

Bonnes vacances, puissiez-vous heureux être.

rose dit: à

Enfin, pardon pour renato et et alii ; ai du mal à m’adresser directement à Marie Sasseur.

rose dit: à

qui avait lu soixante-dix fois Mme Bovary, et qui avait été reçu les doigts dans le nez à l’agrégation.
Delaporte
Comme notre MàC avec ses trains qui a eu l’agreg.les doigts dans le nez.
Y a des gens comme ça.
D’autres ont Aragon, le fou d’Elsa, y avait de quoi l’être, rendent copie blanche, sèchent.
N’ont jamais connu l’amour comme ça.

rose dit: à

Sont soudainement abattus.
Z’étaient pourtant fort prêts. Deux l’étaient de la promo. Un garçon et une fille. Le garçon l’a eue l’agrég. Devait avoir les doigts dans le nez, lui. Elle, sur la cithare.
Sans regret, hein, comme de savoir que les fonctionnaires touchent leur retraite à partir de leurs six derniers mois de carrière.
Se marier, pour ne pas vieillir seul. Partir en DOM TOM.
Proposer la polygamie.
Tout un programme.
Ou bien
Aghadoe.
Prononcer : A-ado. Comme dans Edgar Poe, le e dans l’o.final.
Et ne pas prononcer le g.

rose dit: à

Aghadoe

Deux ifs
Yew

The evergreen yew with dark green, poisonous, needle-like leaves and red berries has commonly symbolized death in the Indo-European imagination


Deux ifs abattus.
Cf. immense tempête.1999 etc.

Nota : découvert à Sainte Geneviève des bois, allée seule,
Quand on est mort, on est mort.

Dslée, mais cela est.

rose dit: à

Prions pour que le conservateur le conserve. La disparition de l’ancien fonds général, dont deux bennes finirent à la voirie, fut déjà une catastrophe.

MC
J’en connais d’autres fonds qui finirent à la voirie et précédemment balancés du premier étage par dessus la rambarde. Outre les fonds ancestraux des bibliothèques qui finissent au rebut.
Plus de place chez moi pour les livres.
Hé, ce n’est pas grave : la seule chose grave est mourir.
I-e : quand on est mort, on est mort.
Finies alors les plages.des.Caraïbes néerlandaises. 3000 euros pour trois jours et les stupidités dans l’oreille.
Alors qu’on aurait failli apprendre où, hou dit le loup, où le Christ avait-il bien pu marcher sur l’eau.

christiane dit: à

Rose – 4h17
Merci Rose de votre bon message. Voici deux autres états des stéréoscopies de Dali.
https://www.salvador-dali.org/fr/oeuvre/catalogue-raisonne-peinture/obra/853/dali-de-dos-peignant-gala-vue-de-dos-eternisee-par-six-cornees
Je m’étais relevée pour voir des étoiles filantes, maintenant que la presque pleine lune est couchée car c’est leur nuit, mais il y a trop de pollution lumineuse à Paris (et quelques nuages). Je n’ai vu que les feux clignotants d’un avion de ligne passant très haut dans le ciel sombre. J’ai pensé à votre Saint-Exupéry et à Vol de nuit.

rose dit: à

Bérénice à 16h13

Moi aussi, je ris. Je pleure même de rire.
Nous sommes trois :
Bova, Sarah et moi.

Passionnant, l’article du Cairn Sarah sur les automates de Ry.
Surtout quand elle écrit que monsieur M.B ne renonce pas à trouver.
D’un côté, des gens, les doigts dans le nez.
De l’autre, des gens, acharnés.

rose dit: à

Christiane
Merci pour tous vos documents.
Pour la pollution lumineuse, faudrait éteindre les lumignons.
Bien cordialement,

christiane dit: à

Et avant de quitter l’ordi, ce billet savoureux de Dominique Hasselmann (que je lisais en 2013 sur « Le Tourne-à-gauche »):
https://doha75.wordpress.com/tag/salvador-dali/

Il évoque Salvador Dali et André Breton à propos de l’expo Dali au Centre Pompidou et il termine avec cette gracieuse expression :
« Tout compte fait, et d’un strict point de vue «paranoïaque-critique», pour Salvador Dali la vie fut la représentation permanente d’un dîner de Gala. »

christiane dit: à

@rose dit: 13 août 2019 à 5 h 40 min
Vous me donnez des envies de lance-pierres ou de panne de secteur !

rose dit: à

Christiane
À 5h28
Dans ce document que vous relayez, il y a aussi le triple autoportrait de Norman Rockwell.
En fait, j’y comprends comme une illusion qui serait dévoilée subrepticement.
L’artiste dit je ne dis rien de moi, mais il dit tout de lui. C’est une manière extrêmement pudique de parler de soi.
J’aime bien les dos, moi aussi. Et leurs décolletés.

rose dit: à

Lance-pierres, vous auriez du boulot, Christiane. Panne de secteur, invoquer Thor ???
Nota : y a des coins, en Lozère, en Corrèze où y a pas trop de lumières 🤗 et des moeurs de province.

Bérénice dit: à

Le médecin légiste de Manhattan a indiqué dimanche, après avoir effectué l’autopsie, réserver ses conclusions dans l’attente de « plus d’informations ».

Allons donc, peut attend il que le feu passe au vert, dans le cas contraire il bénéficiera d’une promotion, d’une prime silence, au pire il sera prié de se taire sous peine de devoir à son tour se plier à l’exercice plaisant de sa propre autopsie. Vous y croyez , vous, à toutes ces manigances? L’indépendance de la justice connait quelques limitations. Il est des cas oú les résultats d’autopsie pour des morts remontant à quelques années n’ont toujours pas livrés , d’autres ont carrément été falsifiés.

rose dit: à

Et alii à 16h44 hier sur Addict

Votre texte est réécrit plusieurs fois.

Le lisant, ai pensé à la fiche wiki sur Antonin Artaud lue il y a peu.
Tout dépend de la souffrance de soi et d’autrui.
De soi, elle peut se concevoir, à tout le moins d’admettre.
D’autrui, elle est tout bonnement inacceptable.

Or, Antonin Arthaud, né à Smyrne, a réclamé, lui-même, oui, fin des traitements -chocs électriques- et fin de l’internement.
Lui-même.
Très touchée par une observation faite. Dois relire la fiche. M’a échappé brutalement. Fait sens.

Ai compris aussi qu’il a su aimer. Oui. En delà de ce qu’il a vécu.

rose dit: à

Dslée

à tout le moins s’admettre (puisque qu’il.s’agit de son propre choix).

rose dit: à

, d’autres ont carrément été falsifiés.
Oui. Yves Montand avec le soutien de Bernard Kouchner.

rose dit: à

Cela me revient, en fermant les yeux. Peux me rendormir.
Est sorti grâce à ses amis.
Se sont cotisés pour qu’il puisse vivre.
Parfois tu peux participer à cela.
Il a fait une conférence.
Tenue.
Certains, au fond de la salle s’apprêtaient à rire, à se gausser.
Hors (et non or), cela fut un grand succès et applaudissements nourris. Un triomphe. Celui d’Antonin qui disait pourtant préférer le mal au bien.
A bcp souffert sa vie durant. Qui fut courte. (Une bénédiction ?).(Non).

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