de Pierre Assouline

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La République des livres
Mort d’un homme à femmes un peu trop direct

Mort d’un homme à femmes un peu trop direct

Lequel d’entre nous peut jurer ne s’être jamais aperçu à l’annonce de la mort de quelqu’un qu’il avait eu une vie ? Grâces en soient rendues aux nécrologies. Dans la pratique de ce genre journalistique, les anglo-saxons font figure de pionniers- tout comme dans la biographie et ce n’est pas un hasard, l’une étant un condensé de l’autre. Ceux qui élèvent l’enterrement médiatique au rang d’un des beaux-arts ont droit au titre d’« obituarists ». L’understatement, sport national anglais qui est un concentré d’euphémisme et d’humour acide, en est le pilier.  Le Daily Telegraph, le Times, The Economist ont leurs « obits » attitrés. Ceux-ci étaient traditionnellement obséquieux et flatteurs jusqu’au milieu des années 80 ; ils sont devenus plus critiques le cas échéant mais l’esprit de litote demeure, du moins sous les plumes anglaises car aux Etats-Unis, le respect pour le mort prime de même que l’évitement des sujets qui fâchent. Sous leur plume un violeur compulsif est évoqué comme « un homme à femmes un peu trop direct ». Ils ne disent pas que le défunt était ennuyeux mais qu’on se souviendra de lui comme d’« un infatigable raconteur ». S’il était homosexuel croyant et pratiquant, le mot n’est pas imprimé mais chacun comprend si l’on précise qu’« il ne s’était jamais marié » ou qu’il était « un célibataire endurci ». Les obits sont devenus si populaires que des romanciers les ont croqués en personnages.     Et en France ? Il arrive que les nécrologies contredisent la vie. Les « frigos » où l’on conserve les « viandes froides » (qu’en termes choisis…), entendez le dossier où la rédaction d’un journal garde des nécrologies écrites à l’avance afin de ne pas être pris de court, témoignent de l’évolution des mentalités. Le côté personnel requis désormais du rédacteur (souvenirs, détails, vie privée dans les limites de la décence) autorise le recours à […]

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