de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Drôle d’endroit pour un ouikende

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Inutile de faire semblant : la parution de Week-end à Zuydcotte, ce roman historique de Robert Merle remontant à 1949, il y a fort à parier que, malgré le grand succès public que lui assura le Goncourt  pour nombre d’entre nous, ses (anti)héros aient l’allure de Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Pierre Mondy, François Périer, Georges Géret… Une sacrée distribution. Il en va ainsi chaque fois qu’un film à forte notoriété, souvent diffusé à la télévision, révèle un livre aux générations venues après ; le plus souvent, celui-ci n’est découvert et lu qu’après coup ; et immanquablement, des visages et des silhouettes se superposent […]

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Mathieu Belezi, le glorieux

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« Enfin ! » Le mot résume l’article élogieux récemment consacré par le New York Times à Mathieu Belezi. Le journal s’y félicitait qu’un romancier français osa enfin s’emparer des origines de la colonisation de l’Algérie et put toucher le grand public. L’auteur n’est certes pas le premier (avant, il y eut notamment Jules Roy et sa fresque des Chevaux du soleil en plusieurs volumes à partir de 1967) mais il est des rares à l’avoir fait avec un tel souffle dans la dénonciation. Non celle de la guerre d’Algérie, ni même celle d’une Algérie dominée, exploitée et martyrisée (d’ailleurs, il ne donne […]

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Pas une rentrée sans histoire

Pas une rentrée sans histoire

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Des romans historiques dans la rentrée littéraire ? L’exception plutôt que la règle. Tout éditeur bien né vous répondra que ce n’est pas de saison. Il a été décidé il y a bien longtemps qu’en septembre, l’air du temps ne s’y prêterait pas. Les nouveautés de la fiction française n’en ont généralement que pour le culte du moi, les souvenirs d’enfance, d’authentiques destins exemplaires, les sujets de société, tous plus ou moins rhabillés de romanesque afin de concourir pour les prix. Il n’empêche qu’à chaque rentrée, quelques romans historiques se fraient un chemin. Trois notamment cette fois. En ouvrant Veiller sur […]

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Murat, prousterie familiale

Murat, prousterie familiale

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Un livre peut changer une vie. A ceux qui en doutent encore, on ne saurait trop conseiller la lecture de Proust, roman familial (256 pages, 20 euros, Robert Laffont), l’un des plus beaux et des plus puissants livres de la rentrée. Quoi Proust, encore lui ? Parfaitement. Mais cette autobiographie n’est en rien un essai de plus sur le sujet. Laure Murat (Neuilly sur seine, 1967), lui doit d’avoir été par lui constituée comme sujet ; en lui fournissant le mode d’emploi de son milieu, il l’a faite lectrice active de sa propre vie ; en la dessillant sur la vanité sinon le […]

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Lacombe Lucienne, vraiment ?

Lacombe Lucienne, vraiment ?

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Qui ne connait cette photo-là ? C’est la plus iconique de toutes celles prises à la Libération de la France. Elle est l’incarnation de ce que l’on a appelé l’épuration sauvage, cette justice au coin du bois, plus expéditive que l’épuration légale dont les tribunaux furent le théâtre. L’un des romans de la rentrée littéraire y est consacré, en s’appuyant naturellement sur l’Histoire mais en prenant de telles libertés avec elle qu’il engage à réfléchir aux limites. Inutile de la reproduire, il suffit de la décrire pour qu’elle revienne en mémoire : une femme au crâne fraichement rasé, croix gammée marquée au […]

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De quelques romans de la rentrée  (3)

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Il y a deux ans, son Murnau des ténèbres avait été remarqué. Nicolas Chemla y révélait déjà un certain attrait pour les messes noires et compagnie. Avec L’Abîme (304 pages, 21 euros, Le Cherche-midi), titre qui doit peut-être à un fameux aphorisme nietzschéen (« Celui qui combat des monstres doit prendre garde à ne pas devenir monstre lui-même. Et si tu regardes longtemps un abîme, l’abîme regarde aussi en toi », traduction de Cornelius Heim), il va plus loin et s’enfonce dans un univers de mysticisme et d’ésotérisme. On y suit la descente aux enfers d’un Américain plongeant irrésistiblement dans des abîmes sexuels […]

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De quelques romans de la rentrée (2)

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Francis Bacon a-t-il eu seulement une nourrice ? Et d’abord l’a-t-elle vraiment élevé jusqu’à le suivre dans ses pérégrinations une fois adulte ? A la limite, on s’en fiche ; on n’ira pas vérifier car on y croit dur comme fer dès lors que Maylis Besserie est notre guide. Son roman La nourrice de Francis Bacon (247 pages, 20 euros, Gallimard) clôt une trilogie irlandaise commencée avec Beckett (Le Tiers-temps, 2020), poursuivie avec Yeats (Les amours dispersées, 2022) et achevée là avec Bacon. Car cette écrivaine a vraiment l’Irlande chevillée au corps, à l’esprit, à l’âme. L’écriture en est fine, précise, charnelle, […]

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De quelques romans de la rentrée (1)

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Dommage que la personnalité d’Eric Rheinhardt et, partant, son œuvre soient aussi clivantes (citez son nom et vous ne récolterez que des réactions radicales pour le meilleur et pour le pire). C’est regrettable et l’on ne peut qu’engager les lecteurs à passer outre car son nouveau roman Sarah, Suzanne et l’écrivain (432 pages, 22 euros, Gallimard) en vaut vraiment la peine. Comment un détail (la découverte d’un acte de propriété de la maison achetée par le couple puis celle des pratiques solitaires du mari, la nuit, isolé dans sa cave) bouleverse l’équilibre d’une famille apparemment tranquille et l’effondre. Le détail […]

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De Caracas en Orénoque

De Caracas en Orénoque

Albert Bensoussan

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Petite Venise ou grande flaque d’eau (si l’on en croit l’étymologie de son nom), le Venezuela qui est le premier au monde en réserve de pétrole, est devenu aujourd’hui l’un des tout derniers, avec un taux d’émigration très élevé — selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 4,6 millions de migrants —, et montré du doigt par l’ONU pour ses violations des droits de l’homme, aujourd’hui comme hier. Jean-Louis Coatrieux, dans Natcho, l’enfant du barrio (Riveneuve, 2023, 262 p., 21 €) va saisir le problème  à la fin des années 80, le pays étant dirigé par […]

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Le temps tel le grand Condor des Andes

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De quoi parle-t-on lorsqu’on parle du Chili aujourd’hui ? De l’insécurité permanente créée par le narcotrafic et de l’indice de la peur au plus haut à Santiago et Iquique. Des difficultés du pouvoir à réformer la Loi fondamentale après la victoire de la droite conservatrice et de l’extrême-droite aux élections au Conseil constitutionnel. De la récente décision du président (de gauche) Gabriel Boric d’envoyer l’armée patrouiller dans le nord (région de Tarapaca) afin de refouler les milliers de réfugiés vénézuéliens qui fuient leur pays la misère au ventre, confinant de facto ces migrants dans une kafkaïenne zone grise où ils ne […]

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