de Pierre Assouline

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La République des livres

traducteur

Canavaggio de la Mancha

Canavaggio de la Mancha

Albert Bensoussan

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Un dimanche, allant m’asseoir à ma table de travail, j’ai promené la main sur les rayons de livres derrière moi, et tiens, en bonne place, ce Dictionnaire Cervantès, de mon ami Jean Canavaggio, voilà que je l’ai caressé. Puis, j’ai ouvert ma boîte mail, et là, le choc d’apprendre la mort du plus grand cervantin de France et même du monde : Jean Canavaggio nous a quittés dimanche 20 août 2023. Mais alors, venait-il de me faire signe, moi son vieil ami, lui que j’avais connu en 1960, à l’agrégation d’espagnol dont il fut reçu premier, « cacique », disions-nous, et moi juste après, lui emboîtant le […]

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Zweig à l’identique

Zweig à l’identique

Françoise Wuilmart

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Pourquoi retraduire Marie-Antoinette de Stefan Zweig mis une première fois, avec succès, sur le marché français en 1933 ? La coutume veut certes que l’on retraduise tous les vingt ou trente ans, ne serait-ce que parce qu’une langue évolue, se modifie et devient désuète, et si l’original ne vieillit pas, les traductions qui se succèdent, hélas, prennent des rides. Pourtant, là n’est pas la raison véritable. Rappelons d’abord que c’est à Alzir Hella que l’on doit d’avoir fait connaître Zweig dans la francophonie et d’y avoir suscité l’enthousiasme pour cet auteur, mais auprès d’un public qui, forcément, n’avait pas connaissance de […]

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Les gammes d’un traducteur

Les gammes d’un traducteur

Albert Bensoussan

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Le Paradis ⸺ un peu plus loin peut apparaître comme une métaphore de la traduction. Qui est quête insensée et vaine de ce lieu de nulle part, cette utopie à laquelle croyait naïvement tel théoricien dogmatique assénant cet absurde postulat : « À une œuvre donnée correspond une traduction et une seule ».  Mais le traducteur vit dans ce mythe et cette croyance : il va tout faire pour gagner comme Koké ─ Gauguin pour les Maoris ─ le rivage mythique du paradis terrestre. Sauf que, comme lui, ce traducteur verra, indéfiniment, la terre se dérober sous ses pas et […]

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On ne traduit pas à partir d’une traduction

On ne traduit pas à partir d’une traduction

Jean-Pierre Pisetta

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Il y a, dans l’éthique des traducteurs, un précepte que l’homme de la rue trouvera sans doute excessif : ne jamais traduire à partir d’une traduction. Aujourd’hui, il est rare que l’on traduise, par exemple, un roman islandais à partir de sa traduction anglaise. Disons que ce genre de pratique, courante autrefois, a presque entièrement disparu. Mais combien de traducteurs, lorsqu’ils rencontrent, toujours par exemple, la traduction d’un vers d’Halldor Laxness dans un roman russe qu’ils sont en train de traduire en français recherchent-ils l’original islandais pour s’assurer que la traduction russe est correcte ou, pour le moins, recherchent-ils une traduction française […]

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Henri Meschonnic versus DeepL

Henri Meschonnic versus DeepL

Françoise Wuilmart

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Commençons par Henri Meschonnic. Et nous verrons ensuite si DeepL le fait se retourner dans sa tombe, et si oui, dans quel sens. La réputation de Meschonnic le précède depuis toujours : esprit très clair et novateur, presque révolutionnaire dans la pensée sur le langage, il a recours à un discours que l’extrême précision rend parfois sibyllin. Ce que je tenterai ici est une gageure : le simplifier, le synthétiser,  le « vulgariser », et vous verrez que dans le fond, il est limpide ! Allons-y ! Quelques termes-clés seront les premiers jalons sur la voie de sa découverte : le signe, le discontinu, le binaire, le continu, […]

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Grâce et disgrâce de la langue française

Grâce et disgrâce de la langue française

JOSÉ ORTEGA Y GASSET

L’exemple illustrant peut-être le mieux les vertus et les limites d’une langue est celui de la lutte opposant un écrivain à son traducteur. Du point de vue du premier, la caractéristique qu’il décèlera de prime abord dans chaque langue sera naturellement sa souplesse ou sa rudesse, sa malléabilité ou sa rigidité. Il est en effet des langues inhospitalières, ne tolérant pas la moindre infraction : c’est le cas, peut-être plus qu’aucune autre, du français. On aurait peine à le croire si l’on envisage, pour le dire ainsi, cette langue de l’extérieur : tout en elle ne semble a priori que […]

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Eclats de roman

Eclats de roman

Daniel Lefort

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Il est toujours réconfortant par les temps qui courent, des temps sauvages s’il en est, de saluer l’apparition d’une nouvelle collection chez un éditeur qui a pignon sur rue et le conserve contre vents et marées. C’est le cas des éditions Maurice Nadeau qui lancent non pas une, mais deux collections, À vif et Poche Maurice Nadeau, l’une tournée vers l’avenir, l’autre vers le passé, toutes deux animées par l’inépuisable curiosité dont le père fondateur a fait preuve tout au long de sa vie centenaire. Redoutable héritage et audacieuse entreprise dans l’ombre portée de celui qui fut l’un des grands […]

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« Ulysses » a cent ans

« Ulysses » a cent ans

Bernard-Robert Bloom

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A la mémoire de Maurice Goldring. Le jeudi 2 février 1922, une jeune femme fait les cent pas sur le quai de la Gare de Lyon en attendant l’express de Dijon. A 7h précises, le train arrive, s’immobilise lentement, le contrôleur en descend, cherche des yeux la jeune femme qui se précipite et lui prend des mains un paquet qu’elle sert fortement tout en courant vers le boulevard en contrebas, où elle s’engouffre dans le premier taxi, le cœur battant. Moins de dix minutes plus tard, arrivée au 9 de la rue de l’Université, elle grimpe les escaliers quatre à […]

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Péché de nivellement

Péché de nivellement

Françoise Wuilmart

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Le phénomène de nivellement touche au cœur même du problème de toute traduction littéraire. Nivellement, ou encore « normalisation » », c’est-à-dire action de « raboter » un texte ou de l’aplatir : y supprimer toutes les sortes de reliefs, y tronquer les pointes, y boucher les creux, y aplanir toutes les aspérités qui en font justement un texte littéraire. Une telle approche de la traduction littéraire, poétique surtout, est encore bien trop courante. Le « traducteur-niveleur » ne peut être un grand écrivain, car ce qu’il craint précisément c’est de prendre trop de libertés, alors que l’auteur ne construit sa […]

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Pas si « perché » que ça !

Pas si « perché » que ça !

Jean-Pierre Pisetta

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Les grands noms de la traduction, qu’ils soient grands par leurs compétences ou par la notoriété qu’ils ont acquise dans le milieu, sont des étiquettes commodes pour les éditeurs qui veulent publier, pour des raisons philologiques, littéraires ou simplement commerciales, une nouvelle version d’un classique. Il suffit d’indiquer « nouvelle édition revue par… » ou « traduction revue par… » pour cautionner une parution prétendument remise à neuf. Il y a quelques années, j’avais acheté, en français, Le jour de la chouette, roman de Leonardo Sciascia. Il avait été traduit en 1962 par Juliette Bertrand et Flammarion en avait publié, en 1986, une « Nouvelle […]

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