de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Zoé Milagros, telle qu’en elle-même enfin…

Zoé Milagros, telle qu’en elle-même enfin…

Albert Bensoussan

1

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Le prénom, le nom de baptême véritable de Zoé Valdés est Milagros. Je ne sais s’il figure sur ses papiers d’identité, mais mon accès à sa vie/son œuvre a eu quelque chose de miraculeux. C’est, d’ailleurs, son roman Miracle à Miami qui fit de moi, depuis 2002, son traducteur. Et ce sésame m’ouvrit la porte de cet univers d’une exilée dont la trajectoire me rappelait, en plus grand, plus pathétique, plus révoltant, la mienne propre, moi qui, en mon âge avancé, revois tout ce que j’ai laissé au rivage algérien : mes murs, mes fétiches, mes orishas, et par-dessus tout cet […]

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La nouvelle résonance d’une retraduction

La nouvelle résonance d’une retraduction

Josée Kamoun

4

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Certaines oeuvres appellent la retraduction par leur polysémie, leur singularité stylistique ; Le Meilleur des mondes, le plus souvent explicite, n’est pas à proprement parler un roman énigmatique ; l’énigme pourrait résider dans la position de son auteur vis‑à‑vis du texte, mais ce n’est pas non plus l’impression qui domine puisque que Huxley s’est largement expliqué sur sa démarche, au point de la critiquer, dans sa préface et ailleurs. Si ce roman semble « appeler » la retraduction plus ou moins permanente, c’est plutôt que, le temps passant, le futur créé se rapproche, se concrétise parfois, les projections de l’original […]

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Sous la tour blanche de Salonique

Sous la tour blanche de Salonique

Albert Bensoussan

7

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Au siècle dernier Thessalonique s’appelait Salonique, grande cité de la Macédoine grecque, berceau du christianisme primitif et ville peuplée aux deux tiers de Juifs séfarades qui l’avaient surnommée la Jérusalem des Balkans, la nommant même Madre de Yisrael :  סלוניקה Salonika. On se rappellera ce chant élégiaque célébrant la Tour blanche de Salonique : Là une fenêtre, une colombe,  les hommes de la mer et, conjurant la maudite solitude, cette main tendue ouvrant à l’amour : En la mar hay una torre Y en la torre hay una ventana Y en la ventana hay una paloma Que a los marineros ama.   […]

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Canavaggio de la Mancha

Canavaggio de la Mancha

Albert Bensoussan

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Un dimanche, allant m’asseoir à ma table de travail, j’ai promené la main sur les rayons de livres derrière moi, et tiens, en bonne place, ce Dictionnaire Cervantès, de mon ami Jean Canavaggio, voilà que je l’ai caressé. Puis, j’ai ouvert ma boîte mail, et là, le choc d’apprendre la mort du plus grand cervantin de France et même du monde : Jean Canavaggio nous a quittés dimanche 20 août 2023. Mais alors, venait-il de me faire signe, moi son vieil ami, lui que j’avais connu en 1960, à l’agrégation d’espagnol dont il fut reçu premier, « cacique », disions-nous, et moi juste après, lui emboîtant le […]

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Zweig à l’identique

Zweig à l’identique

Françoise Wuilmart

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Pourquoi retraduire Marie-Antoinette de Stefan Zweig mis une première fois, avec succès, sur le marché français en 1933 ? La coutume veut certes que l’on retraduise tous les vingt ou trente ans, ne serait-ce que parce qu’une langue évolue, se modifie et devient désuète, et si l’original ne vieillit pas, les traductions qui se succèdent, hélas, prennent des rides. Pourtant, là n’est pas la raison véritable. Rappelons d’abord que c’est à Alzir Hella que l’on doit d’avoir fait connaître Zweig dans la francophonie et d’y avoir suscité l’enthousiasme pour cet auteur, mais auprès d’un public qui, forcément, n’avait pas connaissance de […]

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Vargas Llosa à tous vents

Vargas Llosa à tous vents

Daniel Lefort

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Il existe une forme singulière dont usent certains écrivains, généralement au soir de leur vie, après avoir accompli une œuvre monumentale par son abondance ou sa diversité, pour porter à leur perfection leur art d’écrire et le propre de leur génie, quelque chose comme la quintessence de leur œuvre. Ce sont pour la plupart des écrits assez brefs, dotés d’une densité particulière et d’un magnétisme souvent envoûtant. À titre d’exemples, et non des moindres, je citerai Les eaux étroites de Julien Gracq, La fille du capitaine de Pouchkine, Bartleby de Melville ou encore La vie de Rancé de Chateaubriand – textes […]

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Les migrants des Lettres italiennes

Les migrants des Lettres italiennes

Fulvio Caccia

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Le Festival du livre de Paris s’apprête à accueillir l’Italie comme invitée d’honneur. Les projecteurs seront ainsi braqués, l’espace d’un week-end sur sa littérature donnant ainsi lieu à l’habituelle grande messe comme seul le microcosme littéraire parisien sait la faire. On aura ainsi droit à une déferlante médiatique dans laquelle on tentera de cerner les mystères insondables de la littérature transalpine. Déjà le Figaro littéraire donne le ton : « L’Italie, le pays des géants », titre flatteur s’il en est, qu’accompagne la photo de deux totems : Alberto Moravia et Erri de Luca suivi par les comptes rendus sur les nouveaux adoubés (Vincenzo Latronico, Teresa […]

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La mémoire de Javier Marías ne dormait que d’un oeil

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Rares sont les écrivains avec lesquels je ressens de profondes affinités, pour lesquels j’ai éprouvé dès la découverte de leur œuvre une évidente familiarité, auxquels je me suis attaché pour des raisons tant littéraires que purement humaines, sans les avoir jamais rencontrés, ni croisés, ni interviewés. Javier Marías en était. C’est peu dire que l’annonce de sa mort le 11 septembre 2022 à 70 ans m’a touché, une émotion inexplicable à ceux qui ne placent pas la littérature dans les hauteurs de l’art, une émotion ravivée par la parution à titre posthume de son dernier roman Tomás Nevinson (Tomás Nevinson, […]

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A l’ombre d’un géant

A l’ombre d’un géant

Daniel Lefort

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On a beaucoup glosé sur la traduction, ses théories et sa pratique, beaucoup moins sur la relation du traducteur avec l’auteur. Il est vrai que cet angle d’analyse ne devient vraiment intéressant que si l’un ou l’autre des protagonistes s’exprime sur le sujet. Que dire alors de la fascination que peut provoquer l’exercice lorsqu’il est mené par un traducteur qui a introduit dans la langue française, en exclusivité et pendant un demi-siècle, tous les romans et essais – soit une bonne cinquantaine, sans compter les innombrables articles – d’un auteur parmi les rares dont la figure surplombe la vie littéraire […]

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Les gammes d’un traducteur

Les gammes d’un traducteur

Albert Bensoussan

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Le Paradis ⸺ un peu plus loin peut apparaître comme une métaphore de la traduction. Qui est quête insensée et vaine de ce lieu de nulle part, cette utopie à laquelle croyait naïvement tel théoricien dogmatique assénant cet absurde postulat : « À une œuvre donnée correspond une traduction et une seule ».  Mais le traducteur vit dans ce mythe et cette croyance : il va tout faire pour gagner comme Koké ─ Gauguin pour les Maoris ─ le rivage mythique du paradis terrestre. Sauf que, comme lui, ce traducteur verra, indéfiniment, la terre se dérober sous ses pas et […]

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