de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

La musique de chambre de Joyce

La musique de chambre de Joyce

ROBERT BLOOM

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L’histoire mouvementée de l’Irlande, largement conditionnée par ses rapports avec la puissance coloniale britannique, a donné aux liens entre poésie et politique une intrication et une pertinence particulières. Qu’on en juge par les deux exemples qui suivent: trois des chefs nationalistes qui saisirent avec leurs troupes d’irréguliers les principaux points stratégiques de Dublin lors du soulèvement de Pâques 1916, Patrick Pearse , Thomas MacDonagh et Joseph Mary Plunkett étaient des poètes accomplis; William Butler Yeats, le plus grand des poètes irlandais, prix Nobel de littérature en 1923, après avoir assisté de Londres aux violents soubresauts qui allaient porter sur les fonts baptismaux […]

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Comment toucher à « Penelope » sans attenter à « Ulysses » ?

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Nul doute qu’avec l’acquisition des droits cinématographiques de Voyage au bout de la nuit par Joann Sfar, on va encore reparler des mauvaises manières que le cinéma fait à la littérature et du caractère intouchable des héros de roman qui campent dans notre imaginaire. Bas les pattes devant Bardamu ? On en reparlera.  En attendant, on peut déjà parler d’un autre chef d’œuvre, ce qu’on appelle un classique moderne : Ulysses de James Joyce, le plus grand poète de l’anglosaxonnie. Est-il normal, admissible, décent, ce que vous voulez, de démembrer ce qui a été conçu comme un tout ? Passe encore qu’un manuel […]

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Une amitié du roman-culte au film-cuite

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On écoute les dialogues de l’un, on lit les livres de l’autre et on se dit que la vie aurait été vraiment injuste si ces deux-là s’étaient ratés. À ne pas croire qu’ils n’aient fait équipe qu’une seule fois. Au-delà d’un air de famille, une évidente fraternité devait lier Michel Audiard et Antoine Blondin. En théorie plus qu’en pratique car l’écrivain passait son temps dans les stades, les bars et les étapes du Tour quand le dialoguiste fréquentait plutôt les hauts plateaux. Ensemble ils n’auront fait qu’un bébé mais quel ! Un singe en hiver (1962), film-culte adapté d’un roman-cuite (prix Interallié 1959) (1) […]

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Baudelaire, le grand consolateur

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Il n’y a pas à en sortir : Baudelaire (1821-1867) est l’ambassadeur historique de la collection de la Pléiade. Et réciproquement serait-on tenté d’ajouter. L’explication d’un tel privilège ? Il a été le tout premier du temps où Jacques Schiffrin, son inventeur, oeuvrait à peu près seul à l’animer à Paris au début des années 20, quelques années avant que des soucis financiers le pousse à sacrifier son indépendance en rejoignant Gallimard par l’intercession de Gide. Ses deux volumes d’œuvres du poète parurent en 1931 et 1932. Quoique imprimés sur du papier Bible, ils étaient considérés comme des livres de poche, bien […]

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Il faut que tout change pour que rien ne change

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S’il est vrai qu’une phrase lue dans un livre suffit à engager une vie, on en connait qui passent leur vie à creuser une phrase. Ils confesseront volontiers que toute leur vie n’aura pas suffi à en épuiser le sens. Encore ne s’agit-il pas là de traducteurs du Bartleby le scribe qui s’affrontent depuis 1853, pour savoir si « I would prefer not to », la formule-clé de l’anti-héros d’Herman Melville, doit se traduire par « Je préfèrerais ne pas », « je ne préfèrerais pas », « Je préfèrerais pas » ou « j’aimerais mieux pas ». Personnellement je me garderais bien de ne trancher pas la querelle. De […]

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Call me Olson

Call me Olson

Thierry Gillybœuf

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Charles Olson (1910-1970) a dix-neuf ans quand ses parents lui offrent un exemplaire de Moby Dick, dans l’édition de 1926 de la Modern Library, avec une introduction de Raymond M. Weaver, qui fut l’un des véritables pionniers et artisans de la redécouverte de Herman Melville. Tombé dans l’oubli le plus complet à sa mort, en 1891, l’auteur de Bartleby connut un regain d’intérêt auprès de la génération désenchantée de l’après-guerre, qui s’était reconnue dans le sentiment de déréliction qui habite son œuvre et ses personnages les plus emblématiques, en particulier depuis que Weaver, professeur de Columbia University, avait publié en 1924 […]

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Pour saluer Bernard Pivot

Pour saluer Bernard Pivot

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S’agissant d’un ami avant tout, et plus encore de quelqu’un à qui l’on doit, tant sur le plan humain que professionnel et dont la disparition a suscité d’innombrables louanges, il est préférable de séparer l’évènement du bruit qu’il a fait. Voilà pourquoi j’ai attendu la cérémonie des adieux à Bernard Pivot, cet après-midi à Quincié-en-Beaujolais, en présence de sa famille et de ses proches parmi lesquels quelques écrivains et vignerons, pour payer ma dette à celui que j’ai eu le bonheur de côtoyer durant une trentaine d’années. Il ne voulut pas de messe mais une cérémonie à l’église de son […]

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La traduction demeure une affaire de désir

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Malgré la commande qui en est souvent à l’origine, et en dépit de la difficulté matérielle à la refuser, la traduction est une affaire de désir. Son point commun fondamental avec la création littéraire. Ce qui confirme d’emblée, dès la première page du Dictionnaire amoureux de la traduction (539 pages, 29 euros, Plon) de Josée Kamoun notre conviction selon laquelle un traducteur est le coauteur du livre qu’il a traduit puisque tous les mots français qui y figurent sont de lui, résultent de son propre choix avec ce que cela peut compter d’honnêteté, de trahison fidèle et d’arbitraire. Traduire, c’est […]

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 Italo Calvino tout sauf perché

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La tentation est grande de faire d’Italo Calvino (1923-1985) un écrivain perché. Les journaux y résistent difficilement. C’est la rançon à payer lorsque le titre d’un livre ou le nom de son héros accèdent à une grande et durable notoriété. De quoi porter préjudice à son auteur. Non que cela soit infâmant mais son génie propre, l’ampleur de son œuvre, sa diversité risquent d’en souffrir. Le cas de Calvino et la faute à son Baron perché (Il barone rampante, 1957), fable virant au conte philosophique, second volume d’une trilogie constituée également du Vicomte pourfendu (Il visconte dimezzato,1957) et du Chevalier […]

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Des poètes qui ont fait la guerre à la guerre

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Etrangement, l’expression « poètes de guerre » a pu évoquer au cours de l’histoire des poètes, engagés dans des unités de combat ou non, dont l’œuvre a été en partie consacrée à la guerre à laquelle ils prirent part et ce depuis l’Antiquité jusqu’à la guerre américaine du Vietnam en passant par la guerre de Sécession (Walt Whitman), la guerre de Crimée (ah, la Charge de la brigade légère de Tennyson…), la guerre des Boers (Rudyard Kipling, Thomas Hardy, Swinburne) la guerre civile espagnole (Garcia Lorca, Antonio Machado) et d’autres encore en Perse, en Albanie, en Irlande, en Russie, en Grèce (qui […]

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