de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Histoire Littéraire

Un éloge du fragment : le Fellini-Satyricon

Un éloge du fragment : le Fellini-Satyricon

Jean-Michel Ropars

Federico Fellini s’est attaqué en 1968 au Satyricon, ce roman « picaresque » attribué à un certain Pétrone dont l’identité véritable n’est pas assurée et qui n’est pas datable avec certitude (1er ou 2ème siècle après J.-C.)[1]. Pourquoi s’y est-il intéressé (outre son goût pour l’Antiquité classique[2], partagé par beaucoup dans sa génération) ? Fellini a dit qu’il avait été fasciné par la nature lacunaire du roman de Pétrone : celui-ci ne nous est plus connu en effet qu’à l’état de fragments (des livres XIV à XVI surtout, alors qu’il a pu en comporter 24, comme l’Iliade et l’Odyssée). Il a pu ainsi laisser libre […]

lire la suite .../ ...
Aragon, combien de divisions ?

1190

commentaires

Louis Aragon (1897-1982), combien de divisions ? Cinq Pléiades pour les romans, deux pour la poésie et désormais une pour les Essais littéraires (sous la direction d’Olivier Barbarant avec la collaboration de Marie-Thérèse Eychart et Dominique Massonnaud, 2064 pages, 80 euros, Gallimard), tous les Aragon étant ainsi consacrés sur papier bible en huit tomes. Autant de divisions. Peu peuvent en dire autant. La réunion de son œuvre critique presque complète dans sa dimension littéraire propose un peu d’inédit, quelques introuvables et surtout d’indispensables retrouvailles avec des textes lus, connus et reconnus. Préfaces, chroniques, fragments, articles, et même, convenons-en, des essais […]

lire la suite .../ ...
Pouchkine, c’est la Russie

1372

commentaires

La Maison Pouchkine à Pétersbourg, qui est bien davantage qu’un musée à sa gloire, a été inaugurée en 1905. On y trouve ses manuscrits, sa bibliothèque, ses objets, des gravures et tableaux et de quoi organiser des rencontres culturelles et des colloques qui dépasse sa seule personne car Pouchkine, c’est la Russie, ou du moins la littérature russe, tout simplement. Son œuvre recèle des expressions ou des morceaux de phrases qui sont devenus des mots de passe entre les Russes. Ainsi « la nuit du 3 » (Eugène Onéguine) est-elle un schibboleth, un signe d’appartenance ou de reconnaissance, il n’y a pas […]

lire la suite .../ ...
De l’effet pervers en littérature

1584

commentaires

Pour qui fait profession d’observer la vie littéraire au quotidien, rien n’est réjouissant comme la rencontre inopinée en librairie de deux livres qui paraissent en même temps, sont peut-être disposés innocemment bras dessus bras dessous dans certaines librairies et se parlent à l’insu de leur plein gré, nouant ainsi une discrète conversation dont tout lecteur peut tirer profit. Le cas depuis peu de La nuit sur commande (180 pages, 19 euros, Stock) de Christine Angot et de Déshonorer le contrat (153 pages, 19 euros, Gallimard) d’Antoine Compagnon. Deux essais dont on pourrait penser a priori qu’ils n’ont rien à voir […]

lire la suite .../ ...
N’ayez plus peur de Virginia Woolf

1528

commentaires

Qui n’a encore jamais lu Virginia Woolf est impardonnable. Sa réputation de cérébrale, et la complexité de ses situations, voire l’hermétisme prêté à ses personnages, ont longtemps rebuté certain public. A tort. Les sortilèges et envoûtements provoqués par le livre-culte Mrs Dalloway, en témoignent. Alors avant d’y plonger, oubliez l’abstraction dont son univers est entaché ainsi que la tristesse censée s’en dégager. Bien qu’il soit en partie fondée, ce faux-semblant repose aussi sur l’effet rétroactif de sa propre fin, sa mort volontaire à l’issue de crises de mélancolie récurrentes, Virginia pénétrant lentement dans l’eau de la rivière en contrebas de […]

lire la suite .../ ...
Pouchkine et son double, Belkine

Pouchkine et son double, Belkine

Jean-Pierre Pisetta

1

commentaire

Le 3 septembre 1830, Alexandre Pouchkine arrive à Boldino, village que son père lui a légué (avec ses deux cents « âmes ») en vue de son mariage qui aura lieu quelques mois plus tard, en 1831. Il pensait ne faire qu’y passer, mais une épidémie de choléra dans la région l’y retiendra jusqu’en décembre. Cette période de sa vie, connue sous l’appellation d’« automne de Boldino », s’avère extrêmement féconde. Il écrit le 9 décembre, quatre jours après être rentré à Moscou, à son ami Piotr Pletniov : « Je te dirai (ça doit rester entre nous) que j’ai écrit à Boldino comme je ne l’avais […]

lire la suite .../ ...
Ce dont les Français n’ont plus idée

1345

commentaires

  Il faut autant d’audace, d’imagination, d’inventivité, de créativité et de goût du risque pour rééditer que pour éditer. Mis à part le cas le plus courant de la réédition en format de poche un an après la parution en édition originale, c’est à chaque fois un pari. Comme un défi que l’éditeur se lance à lui-même. Il s’agit le plus souvent de révéler à une, ou parfois deux, générations de lecteurs une œuvre qu’ils n’ont pu croiser en son temps faute de maturité. Les éditions Séguier en donnent un bel exemple ces jours-ci en relançant en librairie sans en […]

lire la suite .../ ...
A l’échelle de Prévost

A l’échelle de Prévost

1195

commentaires

Quoi encore, une lubie générée par une IA en délire ? Mieux : une nouvelle mesure des mots dans leur accord avec des actes. Un engagement à ne plus lire innocemment, à reconsidérer les livres une fois séparés de leur légende et à se méfier de leurs auteurs. Ce référent, ce peut être l’écrivain de notre choix, celui à qui on voue une totale confiance à la lumière de son œuvre, de sa vie, de ses convictions et de son authenticité lors de la mise en musique de tous ces éléments conjugués. Dans Des mots et des actes (164 pages,18,50 euros, Gallimard […]

lire la suite .../ ...
Ce que la littérature doit à la péréquation

895

commentaires

Y a-t-il dans le monde littéraire de notion moins poétique que la péréquation ? On a beau chercher… Elle est pourtant l’alpha et l’oméga de l’édition et de la librairie en France et à l’étranger depuis un bon siècle. Selon la loi de péréquation, on publie ou on met en avant des livres d’une lecture aisée promis à un large succès commercial afin d’en publier ou d’en exposer d’autres à l’accès plus difficile et à l’amortissement envisagé sur le long terme. Ainsi Gaston Gallimard imposa-t-il L’Equipage, premier roman de Joseph Kessel à son comité de lecture qui n’en voulait pas, au motif […]

lire la suite .../ ...
La musique de chambre de Joyce

La musique de chambre de Joyce

ROBERT BLOOM

4

commentaires

L’histoire mouvementée de l’Irlande, largement conditionnée par ses rapports avec la puissance coloniale britannique, a donné aux liens entre poésie et politique une intrication et une pertinence particulières. Qu’on en juge par les deux exemples qui suivent: trois des chefs nationalistes qui saisirent avec leurs troupes d’irréguliers les principaux points stratégiques de Dublin lors du soulèvement de Pâques 1916, Patrick Pearse , Thomas MacDonagh et Joseph Mary Plunkett étaient des poètes accomplis; William Butler Yeats, le plus grand des poètes irlandais, prix Nobel de littérature en 1923, après avoir assisté de Londres aux violents soubresauts qui allaient porter sur les fonts baptismaux […]

lire la suite .../ ...