de Pierre Assouline

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La République des livres

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Le problème avec ceux qui ont un problème avec Peter Handke

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C’était à craindre et ça n’a pas manqué : sitôt l’annonce du prix Nobel de littérature 2019 décerné jeudi dernier à l’Autrichien Peter Handke (1942), des voix se sont faites entendre pour dénoncer la décision et ses motifs. Les académiciens suédois émergeaient à peine d’une série de scandales (Bob Dylan statufié en poète majeur, l’affaire Arnault, les démissions et la crise interne qui s’en suivirent) qui avaient considérablement affaibli leur institution : non pas « l’Académie Nobel », qui n’existe pas, mais le comité Nobel de l’Académie suédoise, lequel fait plancher toute l’année son comité d’experts qui lance ses filets un peu partout dans […]

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A qui ne se bat pas dans la nuit Roland ne parle pas

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M. Boyer ne se refuse rien. Après saint Augustin et Shakespeare,  le voilà qui s’attaque à un autre monument. Mieux : un socle de notre patrimoine littéraire, le premier roman national,  la source de nos imaginaires, le pilier sur lequel s’appuyèrent tant de textes : la première épopée, rédigée en français conservée de notre Moyen-Age, du plus célèbre chevalier de l’histoire de France, le soldat inconnu princeps, excusez du peu. Et comme précédemment, il commence par se réapproprier le titre, histoire d’imprimer sa marque, ce qui permet d’identifier « sa » version d’un coup d’œil. Aussi, de même qu’il avait fait des Confessions, Les Aveux, […]

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Régis Debray veut être avec Chateaubriand ou rien

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Tout écrivain engagé dans les affaires de la Cité devrait un jour ou l’autre sacrifier à cet exercice : le recueil de ses textes  divers et variés. C’est un genre en soi ; il vaut ce que vaut la curiosité de l’auteur, sa disposition à l’autocritique lorsque ses anciens écrits exhumés laissent apparaître des contradictions par rapport à son évolution, et la capacité de résistance de ses textes à l’érosion du temps. Au-delà de l’intérêt que présentent pour eux-mêmes ces articles, conférences, préfaces dispersés en des lieux les plus improbables, ils offrent en supplément le plus subtil des autoportraits. Inutile de creuser […]

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La mémoire du colonel de La Rocque

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Le descendant d’un personnage historique est-il fondé à faire corriger les erreurs manifestes qui entachent la réputation de son aïeul dans des articles, des films ou des livres ? C’est peu dire que la jurisprudence ne lui est pas favorable. Autant convenir tout de suite que la question se pose moins sur le terrain du droit que sur celui de la morale, des principes, de l’usage, voire, pourquoi pas, des règles du savoir-vivre. Un cas parmi d’autres illustre le problème : l’affaire La Rocque. Le colonel François de La Rocque, qui fut ,entre les deux guerres, le chef de la ligue d’anciens […]

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Dans la grande course du temps

Dans la grande course du temps

Jean-Claude Lamy

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Depuis Love, etc., prix Femina étranger 1992, et surtout Le Perroquet de Flaubert, prix Médicis essai en 1996, Julian Barnes, qui vit à Londres, fait partie du paysage littéraire français. Comme le newyorkais Paul Auster, régulièrement célébré par ses lecteurs de l’Hexagone. Ce sont deux auteurs incontournables de la vie littéraire de notre pays où ils se sentent chez eux. La rentrée de janvier s’est enrichie d’un nouveau roman de Julian Barnes, Une fille, qui danse, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin. Son éditeur annonce qu’il a reçu le prestigieux Man Booker Prize, le Goncourt d’outre-Manche. C’est une bonne raison […]

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Duras en son dur désir de durer

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On n’a pas fini d’écouter Marguerite Duras, ses mots autant que ses silences. Il n’y pas que ses livres. Ses entretiens pourraient être inclus dans ses Œuvres complètes tant ils la prolongent. Sa voix la précédait et l’annonçait jusqu’à l’identifier puissamment, à l’écrit comme à l’oral. Nul besoin d’être l’un de ses nombreux captifs pour guetter un inédit. Celui-ci vaut le détour car il la ressuscite dans toutes ses dimensions. Il a une histoire qui ressemble déjà à du Duras. En 1987, la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torre rencontre l’écrivain chez elle à Paris pour le compte de La […]

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Aragon, les chutes d’une oeuvre

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Maintenant que Louis Aragon a été enfin consacré comme un classique moderne sinon un monument national, à l’heure où l’on peut prononcer son nom et citer les titres de ses livres avec admiration sans éprouver l’obligation de les assortir d’une préposition restrictive (malgré… bien que… en dépit de… ) généralement suivie d’une évocation de son rôle au Pcf ou de son silence face au goulag, nombre de lecteurs vont peut-être le découvrir enfin avec un regard neuf. La parution du premier tome de l’impressionnante biographie que lui consacre Pierre Juquin  (Aragon, un destin français 1897-1939, 791 pages, 29,90 euros, Editions […]

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L’ombre de Zweig

L’ombre de Zweig

LAURENT SEKSIK

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La vie d’un écrivain est faite de hasards minuscules qui s’enchaînent dans la solitude de sa chambre ou près des étals des libraires. En cette fin d’après- midi-là, j’hésitais encore sur le sujet de ma chronique. Depuis que j’avais cessé l’activité de critique littéraire, des années auparavant, je n’étais plus totalement au faîte de l’actualité du livre. Je ne recevais plus comme autrefois, par dizaines, et avant leur sortie, les livres sur mon palier. Les maisons d’édition avaient fort justement oublié mon adresse comme les lecteurs des journaux dans lesquels j’avais écrit, mes articles. Je suivais donc avec retard les […]

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Coup de grâce de Patrick Rambaud à Sa Piaffante Majesté

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Maurice Thorez n’a jamais dit : « Il faut savoir finir une saga », mais il aurait pu car Patrick Rambaud l’a pensé très fort. Il est le seul Français que l’échec du candidat-président Nicolas Sarkozy à sa réélection a délivré d’une tragédie intérieure. Car ce qu’il avait lancé comme une boutade, une farce, lui était devenu un fardeau, un boulet. D’ailleurs, sa dédicace aux copains est d’une éloquente brièveté : « Ouf, c’est fini ! ». On partage son soulagement. Manifestement, des centaines de milliers de lecteurs itou, non parce qu’ils en avaient marre de lire sa savoureuse chronique du règne de Nicolas 1er mais parce qu’ils […]

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De la dignité d’un grand majordome

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Un mot suffit parfois à engager et gouverner une vie. Un seul mot mais généralement porteur d’une telle charge de sens et de valeur qu’il vaut bien toute une œuvre. Pour Stevens, majordome de Lord Darlington dans les années 30, ce mot fut « dignité ». Kazuo Ishiguro, écrivain britannique d’origine japonaise, a fait de cet homme le narrateur et de ce mot le leitmotiv de son roman Les Vestiges du jour (The Remains of the day, traduit de l’anglais par Sophie Mayoux), couronné du Booker Prize en 1989, publié en français par Calmann-Lévy en 2011 et repris en poche chez Folio […]

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