de Pierre Assouline

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La République des livres

LE COIN DU CRITIQUE SDF

Le charme trop discret du judéo-espagnol

Le charme trop discret du judéo-espagnol

François Azar

73

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Alors que la littérature en langue yiddish est aujourd’hui universellement célébrée bien au-delà du monde juif, la littérature en judéo-espagnol n’a jamais été reconnue au-delà du cercle étroit des linguistes et des philologues. Faire connaître au plus grand nombre les classiques de cette langue et à travers eux, la culture et l’histoire des judéo-espagnols, c’est le défi que se lance Lior éditions qui vient de publier coup sur coup deux albums de contes et trois autobiographies[1]. Qui sont ces Judéo-espagnols qui cultivent la discrétion mais dont l’influence, de Spinoza à Elias Canetti, va bien au-delà de leur faible nombre ? Ce […]

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La merveilleuse défaite d’Albert Cohen

La merveilleuse défaite d’Albert Cohen

Albert Bensoussan

5

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Chez Albert Cohen et dans toute son œuvre, l’idée de la disparition, de la fin du monde, de la mort – pour lui et ses « frères humains » – est très ancienne. Ce natif de Corfou, qui a connu l’exil, à Marseille où ses parents avaient trouvé refuge en 1900, et à un âge si tendre – cinq ans –, cet enfant nomade qui deviendra un adulte sédentaire, a toujours eu sous les yeux et sa vie durant l’image d’un monde instable, périssable, en voie de décomposition. Alors que l’Europe, et principalement la France, connaissent aujourd’hui la terrifiante angoisse du terrorisme […]

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Aristote nous tend un miroir

Aristote nous tend un miroir

Jean Clausel

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Le premier intérêt à lire les Anciens, et notamment le volume d’Oeuvres (1664, pages, 69 euros) d’Aristote dans la collection de la Pléiade présenté par Richard Bodéïs, consiste à y chercher ce que nous avons encore en commun avec eux et en quoi ils nous enseignent à affronter les événements de notre vie. Le second, presque accessoire, est d’apprendre par quels hasards ces textes sont parvenus jusqu’à nous et combien d’altérations ils ont subies de la part des divers disciples et copistes qui nous en transmettent souvent seulement des fragments -qui nous deviennent essentiels. Ainsi, ce n’est qu’en 1871 et 1890 que […]

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Bienvenue dans la famille Minchielli

Bienvenue dans la famille Minchielli

Romeo Fratti

« Minchielli ». Voilà un nom joliment suggestif, difficile à porter pour tout Italien conscient que minchia ! et minchione signifient respectivement putain ! et couillon (pas le jeu de cartes). Pourtant, on est ici loin, bien loin d’une famille de « blaireaux » susceptible de se voir attribuer des « fichtre ! » (beauté de la langue de Molière oblige, usons et abusons des synonymes qu’elle offre). Tout au plus pourrait-on penser à une famille de fruits de mer, puisque depuis qu’il est au chômage, Lucien Minchielli est comme une « moule » sur son canapé, une « larve échouée sur la banquise télévisée », un « bulot sur son rocher ». En voilà […]

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Julien Blanc-Gras en terre inconnue

Julien Blanc-Gras en terre inconnue

Roméo Fratti

1

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On le savait journaliste et surtout globe-trotteur. En se penchant sur les ravissements de la paternité, Julien Blanc-Gras dévoile ses qualités de « reporter de grossesse ». Même si le caractère introspectif de l’écriture n’est pas sans rappeler le genre du journal intime, ce roman intitulé In utero (190 pages, 15 euros, Au Diable Vauvert) a bien un côté Livre des merveilles à la Marco Polo : après tout, la grossesse n’est-elle pas le plus « banal » et « universel » des périples ? Le plus beau aussi ? « Beau » certes, mais prenons-la avec des pincettes cette beauté de la grossesse : avec un humour décapant, fleurant bon l’autodérision […]

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Le voyage initiatique d’Éric-Emmanuel Schmitt

Le voyage initiatique d’Éric-Emmanuel Schmitt

Roméo Fratti

3

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Comme la peinture, la littérature est un art du silence. La nuit de feu (Albin Michel) est un tableau du désert, d’où émane un silence habité par une surabondance de vitalité. L’écrivain se fait peintre et sa palette de nuances amène le lecteur à « (…) savourer un simple trésor, vivre ». Cet élan vers la vie prend tout son sens aux yeux d’un Éric-Emmanuel Schmitt pas encore trentenaire. Au cours d’une randonnée dans le Sahara algérien, le jeune homme de vingt-huit ans découvre la simplicité et le bien-être quotidiens d’une civilisation à la pureté presque originelle. Au troisième jour de […]

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Le « coeur simple » de Marie-Hélène Lafon

Le « coeur simple » de Marie-Hélène Lafon

Eric-Emmanuel Schmitt

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  Il y a des textes dont la modestie touche au sublime. Histoires (Buchet-Chastel) de Marie Hélène Lafon, qui vient d’être couronné du Goncourt de la nouvelle, appartient à cette bibliothèque-là, une bibliothèque qui affiche comme trésors principaux Un cœur simple de Flaubert ou Vies minuscules de Pierre Michon. Pourquoi parler de modestie ? Ses personnages demeurent des humbles et son écriture, suivant la grande règle selon laquelle le fond commande la forme, n’attire pas l’attention sur elle. Récit et phrases procurent au lecteur une jouissance savoureuse, ininterrompue, mais ni les héros de Marie-Hélène Lafon ni son style ne « font l’intéressant ». […]

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Malaise dans l’orthographe

Malaise dans l’orthographe

Françoise Siri

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La réforme de l’orthographe, qui a fait beaucoup de bruit, n’est pas si grave quand on examine son contenu ; ce qui est plus grave, ce sont les questions de fond qu’elle soulève. Prenons les deux exemples surmédiatisés de la réforme, qui concernent le changement d’orthographe de « nénuphar » au profit de « nénufar » et d’ « oignon » pouvant s’écrire désormais « ognon ». Vérification faite dans le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, « nénuphar » est un emprunt du persan, où le mot s’écrit avec un « f » ; il a même pu s’écrire, au XIIIe siècle, « neufar » et neuenfar ». Quant à « l’oignon », il n’avait pas de […]

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Apologie du point-virgule

Apologie du point-virgule

Françoise Siri

12

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« Cette phrase-là, ça ne va pas : supprime le point-virgule ! » vient de me dire mon rédacteur en chef pour l’un des journaux où je travaille. Le fait est là : il disparaît de la circulation et vous n’en voyez presque plus quand vous lisez vos quotidiens. Ok, je vais passer pour une réac : oui, je fais partie des journalistes qui résistent et défendent le point-virgule, à l’instar d’écrivains comme Michel Houellebecq, Erik Orsenna ou le regretté Léopold Sédar Senghor. Pourquoi ? Parce que le point-virgule, c’est une demi-pause qui garantit l’unité de la phrase. Si je le remplace par un point, je […]

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« Hurlevent », conte brutal et amoral

« Hurlevent », conte brutal et amoral

Patti Smith

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(…)  Hurlevent s’ouvre par un double récit dans le temps réel du roman. Un certain Mr. Lockwood s’aventure dans les landes lointaines pour rendre visite à son nouveau propriétaire et se voit forcé de rester pour la nuit à cause de la météo capricieuse. Une atmosphère on ne peut plus lugubre règne dans cette maison où les jeunes gens, pleins d’amertume, restent tapis dans les coins. Heathcliff, seigneur du manoir qui tombe en ruines, semble hanter sa propre demeure comme un fantôme enragé et incurablement vivant. Lockwood, qui est extrêmement curieux, interroge Nelly Dean, sa gouvernante dévouée, qui a été, […]

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