de Pierre Assouline

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La République des livres
La smala d’Abd-el-Carrère mise à nu

La smala d’Abd-el-Carrère mise à nu

 D‘Emmanuel Carrère, je suis loin d’être un inconditionnel. Pour n’évoquer que les plus récents, si Le Royaume m’a exaspéré par sa vulgarité, Yoga m’a impressionné par sa violence psychique. Cette fois, avec Kolkhoze (560 pages, 24 pages, Pol), je suis, non sans réserves, conquis et convaincu que ce livre (non pas un roman mais « un Carrère ») sera des rares à dominer la rentrée à juste titre. Il explore l’histoire de ses familles, le côté des Zourabichvili et celui des Carrère d’Encausse (oui, Hélène, l’historienne et académicienne, était sa mère, issue de la famille aristocratique des comtes Panine, hante chaque page de Kolkhoze du début à la fin). Comme d’autres en pareille situation, le narrateur-auteur range la maison familiale après la mort de ses parents. En l’espèce, il s’agit de l’appartement de fonction de la secrétaire perpétuelle de l’Académie française. (« Déjà immortelle, elle l’était désormais à perpétuité »). Voilà le tableau : on n’est pas chez les bouseux- et alors ? les grands bourgeois n’ont pas droit à la mort eux aussi avec chasse aux souvenirs et réminiscences assorties ?

La touche Carrère, c’est une certaine manière de raconter, lui au centre les autres autour, sans que jamais ce ne soit irrespirable d’égolâtrie car dans l’histoire, d’autres vies que la sienne l’emportent toujours. De fait, la brique que constitue ces quelques 560 pages n’effraie pas. Epaisse mais jamais lourde, au contraire. Beaucoup d’humour, un zeste d’understatement (« cela semble une constante dans ma famille d’être toujours en politique du côté le moins sympathique »… »… « Il est devenu si affreux d’être russe aujourd’hui que j’ai envie de me trouver d’autres racines ») et une mémoire incertaine car trouée par des séances d’électrochocs à Sainte-Anne à la suite d’une sévère dépression mélancolique. Le choix d’une chronologie anachronique faite de flashbacks et de flashforwards le pousse souvent à prévenir et annoncer qu’il y reviendra par la suite.

Dans son autoportrait en filigrane, il ne se ménage guère et s’y révèle comme un type qui n’a pas le courage de ses opinions, ne comprend pas un mot d’anglais et parle mal le russe, asocial etc. Il est vrai que le personnage est clivant et qu’il suscite bien des jalousies chez ses pairs par ses succès tant critiques que publics ; certains ont parfois la carte quand lui semble avoir en permanence tout le jeu de cartes ; ça leur est si intolérable qu’ils en oublient de juger le livre. Son idéal, ce serait de se retirer dans le grand hôtel de la Montagne magique à Davos pour y lire sur la terrasse emmitouflé dans des plaids parmi des tuberculeux. La faute au caractère avec sa part d’héritage et à l’éducation :

« Ce n’est pas la même chose, ce n’est pas le même rapport au monde d’avoir eu comme ami de la famille Romain Gary ou Maurice Bardèche ».

Une devise familiale plus british que géorgienne : never explain, never complain. Pas de quoi dissiper les malentendus, ambiguïtés, non-dits et autres secrets de famille. Justement, c’est là que le bât blesse. Celui de sa mère, c’est d’avoir été la fille d’un collabo étrangement mort à la Libération. De cela on n’en parlait pas. On savait juste qu’il avait travaillé pour les services économiques de la Kommandantur parce qu’il parlait bien l’allemand, rien de grave. Ça, c’est la version de la mère, la seule femme qu’il ait jamais aimé, pas facile dès lors d’écrire ce livre « sous le signe de la piété filiale » ; car la version de son oncle était plus hard, et pour cause, elle disait le vrai.

Toute sa vie, il fut tiraillé entre les deux versions et en nourrira une passion pathologique pour la vérité. Après avoir transgressé l’omerta dans Un roman russe (2007), Carrère prit conscience, mais un peu tard car le mal était fait, que cette révélation urbi et orbi allait tuer sa mère. De fait, pour la seule fois de sa vie, elle fendit l’armure et s’écroula, elle qui jusqu’alors n’était qu’un bloc d’optimisme d’une mauvaise foi et d’une robustesse à toute épreuve. Elle songea à démissionner et à quitter la France tant la honte la submergeait. Pendant deux ans ils n’échangèrent pas un mot. Son père avait été un paria de la Libération et n’en était jamais sorti. Sa déchéance sous les yeux de son enfant a été « le noyau de tout ce qu’elle a été et de tout ce qu’elle sera ».

Là, il enfonce le clou post mortem sur la dimension franchement facho de sa mère, sa propension à honorer la mémoire de Robert Brasillach, sa longue et solide amitié pour le négationniste Maurice Bardèche, beau-frère du précédent. Mais la mère admirait tout autant Raul Girardet, le plus solaire des professeurs d’histoire de SciencesPo, et Maxime Rodinson, son directeur de thèse, un professeur Tournesol islamologue, juif et marxiste qui fut son mentor adoré, ainsi que, on allait l’oublier, Michel Houellebecq qui était devenu « sa boussole morale ». L’une des qualités de ce récit de famille qui n’en manque pas, c’est aussi de rappeler des silhouettes, des déclarations, des faits oubliés. Telle la réaction de Sartre lorsqu’on lui demandait de réagir à des preuves de l’existence de camps en URSS :

« Si cela existe, je trouve cela condamnable, bien sûr, mais tout autant l’usage qu’en fait la presse bourgeoise pour discréditer le communisme ».

Un « tout autant » qui pèse son poids d’ignominie. C’était vers 1968, plusieurs années avant la révélation du Goulag dira-t-on, mais longtemps après les dénonciations publiques de Boris Souvarine et Victor Kravchenko. Autre piqure de rappel bien plus tard la décision de la Tate Gallery de débaptiser ses Danseuses russes, des gouaches de Degas, pour les rebaptiser Danseuses ukrainiennes.

   Avec Kolkhoze, l’auteur fore et creuse encore dans le fol espoir d’accéder à ce qu’il tient pour la source de son introspection : « l’amour sans limite qui nous a unis dans mon enfance », elle et lui bien sûr, dans un appartement où la lecture est érigée en règle absolue jusqu’à bannir radio et télévision. Longtemps, la mère et ses trois enfants (« la smala d’Abd el-Carrère ! ») ont dormi dans la chambre conjugale quand le père voyageait en province. Dans le lit et sur des matelas par terre. Ils appelaient ça « Faire kolkhoze ». Ca aurait ça, le bon titre, assez mystérieux, le vrai titre plutôt que Kolkhoze qui prête à confusion et annonce un traité sur la propriété collective des biens de production et des lopins de terre en Union soviétique à partir de 1928.

   Son père, personnage si insignifiant et si anodin par sa présence, son apparence, son propos, est le plus attachant de tous ceux de cette tribu car il est le plus pathétique. Son effacement sous la férule de la mère supérieure du quai Conti, « la tsarine » comme l’y appelaient ses sujets, émeut. On a envie de l’aider quand on le voit partir pour ses tournées en province des agences d’assurances de la GMF en prenant soin d’emporter sa petite boite de Paic citron pour laver ses slips et ses chaussettes dans le lavabo de l’hôtel. Ou quand leur fils raconte l’adultère prolongé de la mère qui dès lors exila le père, brimé, humilié, cassé dans un cagibi amélioré au fond du long couloir de l’appartement. Le livre rend justice à cet homme, prince consort qui ne s’épanouissait qu’hors de l’ombre écrasante d’une femme qu’il admirait encore après soixante-et-onze ans de mariage.

(« Hommage national à Hélène Carrère d’Encausse, le 3 octobre 2023 aux Invalides à Paris » photo Ludovic Marin ; « Emmanuel Carrère » photo D.R.)

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681 Réponses pour La smala d’Abd-el-Carrère mise à nu

Janssen J-J dit: 1 septembre 2025 à 9h43

@ et dont Onfray, que j’apprécie par ailleurs, se tire à vrai dire assez mal…

Après visionnage de cette séance homérique, on n’a décidément pas les même biais de perception. Bof.

@ vos rumeurs calomnieuses pas étayées

Je n’ai pas encore lu « la maison vide » et j’y reviendrai quand je l’aurai fait… Je trouve juste parfaitement oiseuse votre comparaison entre le « style » de Simon et celui de Mauvignier, quand bien même ce dernier en aurait revendiqué une certaine influence, je n’en sais rien. Quant à la déduction qui s’ensuit sur le rôel du « critique », càd « ne trompons pas le lecteur de l’RDL, nous qui sommes le premier à l’avoir lu et argumenté », avant passoul même », excusez-nous du peu… Franchement, « vanité des vanités », de grâce. Merci…

puck dit: 1 septembre 2025 à 9h46

la propagande en Europe vise à obtenir l’adhésion de la population en vue d’alimenter ce conflit.

en ce moment il y a en Chine la réunion de l’organisation de la coopération de Shanghai.

non seulement tous les pays qui y participent sont d’accord pour dire que la propagande en Europe visent à alimenter et prolonger le conflit en Ukraine.

mais même le secrétaire général de l’onu qui participe à cette réunion a dit la même chose : il a regretté que les pays européens font tout actuellement pour prolonger le conflit en Ukraine.

le truc encore plus marrant c’est que ceux qui sont les moins d’accord pour prolonger ce conflit c’est le peuple ukrainien !

du coup on se retrouve dans la situation assez hallucinante où les pays comme la France, l’Allemagne et l’Angleterre essaie de prolonger un conflit que les ukrainiens veulent arrêter.

ce n’est pas cruel ou cynique de la part de l’Europe, c’est juste idiot.

B dit: 1 septembre 2025 à 9h50

3J, certains lauréats déçoivent le lecteur, pour avoir acheté des  » récompensés » et donc encensés, même si en ne possède pas une immense culture littéraire, j’ai été déçue et je finis par croire que ces prix décernés ne sont pas toujours justement attribués.

puck dit: 1 septembre 2025 à 9h52

le fait que l’Europe veuille prolonger un conflit en Ukraine que le peuple ukrainien veut arrêter est l’effet le plus essentiel de la propagande qui sévit en Europe.

l’Europe se retrouve piégée par sa propagande qui se retrouve elle-même en décalage avec ce qu’elle raconte.

c’est une situation totalement absurde.

je pense que les spécialistes de littérature, de Mauvignier, de Carrère et consort ne peuvent pas être insensible à une situation où les auteurs d’un récit se retrouvent prisonniers de leur propre récit.

un auteur de récit qui se retrouve piégé par son propre récit est le coeur même de la compréhension de l’essence de la littérature.

B dit: 1 septembre 2025 à 9h55

Puck, pour finir il appartiendra à Poutine de façon prépondérante d’en décider et à Zelinsky d’accepter moyennant quelques assurances d’accepter les conditions d’une paix dictées par son homologue russe. Tout le monde connaît la réponse de Poutine quand on lui a demandé ce que lui avait apporté sa fonction au sein du KGB – j’ai appris à mentir. Alors peut-être est-ce ce que tout le monde ment ou chacun des camps a une vision révisionniste de la situation.

puck dit: 1 septembre 2025 à 10h01

par exemple Carrère qui a fait le choix d’être prisonnier de son récit, parce que son récit c’est lui-même, ce qui le piège c’est son narcissisme, Carrère est un type qui est prisonnier de lui-même.

si on transpose le cas Carrère à la propagande européenne on retrouve exactement le même dispositif : l’Europe se retrouve piégée par elle-même du fait de son narcissisme.

et c’est pour ça que tous les médias, ces mêmes médias qui véhiculent notre propagande font l’éloge de Carrère : parce qu’en célébrant Carrère ils se célèbrent eux-mêmes vu qu’ils partagent le même fonctionnement.

en principe des types qui prétendent aimer la littérature devraient comprendre ce type d’analogie et voir les raisons qui font que critiques s’excitent sur un auteur qui à priori n’a rien qui justifie cette excitation.

Chantal dit: 1 septembre 2025 à 10h02

@ puck, on n’est pas dupes du marchandage mais cela changera quoi de s’indigner toute la journée ?

Mon fils, ma maman, mon basilic demandent des soins, je n’ai qu’une voix électorale sollicitée tous les 36 du mois, j’ai déjà donné à la croix rouge ce que j’ai pu, mes écrits sont en lecture gratuite et je suis de la génération x donc la plus incitée à la résilience à la bienveillance et touti quanti, donc ce n’est pas du nihilisme, c’est juste un recentrage. On dirait que vous vous réjouissez sans cesse du malheur de l’Occident tout à votre soliloque j’ai envie de vous donner un coup de pied car vous êtes vide, un trou gigantesque comme un siphon où vous rejoindriez votre camarade Hurk Hurk Hurk !

puck dit: 1 septembre 2025 à 10h04

« Puck, pour finir il appartiendra à Poutine de façon prépondérante d’en décider et à Zelinsky d’accepter moyennant quelques assurances d’accepter les conditions d’une paix dictées par son homologue russe. »

B. je suis navré de vous le dire, mais décidément vous n’avez pas compris comment les choses fonctionnent.

les européens ne laisseront jamais le président ukrainien décider !

sinon ils l’auraient laissé décider en mars 2022 quand il avait trouvé un accord avec Poutine.

si les européens n’ont pas laissé signé cet accord en mars 2022 pourquoi le laisseraient-ils sigenr un accord aujourd’hui ?

je veux dire même un enfant de 8 ans pourrait comprendre ce genre d’évidence !

c’est là où je vois l’effet de la propagande de nos médias squi ont rendu des gens comme vous incapables de réfléchir !

puck dit: 1 septembre 2025 à 10h10

B. il faut écouter ce qu’a dit hier le secrétaire de l’onu à la réunion de l’ocs en Chine.

il n’a pas reproché au président ukrainien de refuser de signer un accord avec les russes : il a reproché aux pays européens de vouloir prolonger ce conflit !

B. si vous faites un sondage ici vous verrez que tous ici diront unanimement qu’il faut que les ukrainiens continuent de se battre !

aucun des gens sur ce blog ne veut qu’un accord signé avec Poutine !

parce que tous partent du principe qu’ils incanrenht le Bien et que Poutine c’est le Mal et on se signe pas d’accord avec le Mal !

en transformant le monde en combat entre le Bien et le Mal nous sommes devenus les habitants les plus cons de cette planète !

FL dit: 1 septembre 2025 à 10h17

« La suite est-ce elle plus captivante? »

Je » vous conseille de lire la mort de Pauline de Beaumont. Celui qui ne pleure pas en lisant la mort de Pauline de Beaumont n’a pas de coeur.

Ou bien Marat et Danton au club des Cordeliers.

« Le club des Cordeliers était établi dans ce monastère, dont une amende en réparation d’un meurtre avait servi à bâtir l’église sous saint Louis, en 1259 ; elle devint, en 1590, le repaire des plus fameux ligueurs.

Il y a des lieux qui semblent être le laboratoire des factions […] »

Le Vicomte avait des formules bien frappées.

D’après Eric Marty Chateaubriand s’inspire des portraits de brigands chez Sade pour écrire ces pages.

Il y a de fait des portraits de brigands chez Sade. Mais je ne pense pas que Chateaubriand s’en soit inspiré précisément: ces deux auteurs ont tout naturellement repris des clichés de la fin du XVIIIe siècle.

Si vous lisez le chapitre vous nous donnerez votre sentiment.

Si l’épaisseur du pavé vous effraient allez au sommaire et choisissez l’un ou l’autre chapitre. Ils sont courts et il y a vraiment de très belles choses.

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Chateaubriand_-_M%C3%A9moires_d%E2%80%99outre-tombe_t2.djvu/32

Janssen J-J dit: 1 septembre 2025 à 10h18

9.50, je ne parle pas de cela… Sur une pointe de taquinerie, PE, vous feignez de ne pas avoir vu l’émoticône marquant un trait d’humour.
Je connais bien l’oeuvre de Mauvignier et non pas les seuls trois romans signalés (il est extraordinaire que « dans la foule », encensé par tout le monde, soit le seul de ses romans que j’aie trouvé faiblard). Je connais également l’œuvre de Simon avec laquelle vous avez souvent su trouver des mots justes, ou du moins auxquels ma propre admiration rejoignit la vôtre. Mais il ne me serait jamais advenu à l’idée de les comparer un seul instant, en dépit d’un parallélisme de thématiques, et d’un « auto-enfumage » de Mauvignier par rapport à Simon. C’est « sa » propre justification, peut-être, mais pourquoi y accorder un tel crédit et jaser ainsi à partir de là ? Prétexter ce fil pour faire part de votre déception au vu de votre attente (liée à quoi ?), c’est vraiment trop court. Et je n’attente pas à votre honneur, croyez le bien. Mauvignier a l’air de rester fidèle à son style que vous n’aimez plus. Mois comment en irait-il autrement ?… On aime sa patte ou on ne l’aime pas… c’est toujours à peu près la même. Je ne comprends pas toujours comment fonctionnent les gens qui font profession de…, tenant à se distinguer d’autres critiques apparemment plus enthousiastes, donc intoxiqués par la nécessité de choisir son camp dans un duel préfabriqué par un tout petit monde, entre LM et EC…
Evidemment, si le Goncourt arrive un peu trop tard dans l’œuvre de Mauvignier, on pourra toujours soutenir qu’on avait eu raison que ce prix ne vaudrait plus guère tripette depuis 20 plombes, vu qu’il n’y aurait plus aucun détecteur de fumées blanches qui vaille.
Amen.

puck dit: 1 septembre 2025 à 10h19

@ »Nous n’en sommes plus là, étaient ils présents pour manger du flétan en Alaska? »

bien sûr que nous en sommes toujours là : l’ancienne ministre des affaires étrangères allemande a dit que l’Allemagne était en guerre contre la Russie, l’autre allumée de Maria Callas dit la même chose : elle, elle est en guerre contre la russei depusi qu’elle est née, Macron dit que la Russie représente une menace pour la France, les anglais disent qu’il faut démanteler la Russie etc…

en fait nous utilisons l’Ukraine pour mener notre guerre.

à partir de là nous ne laisserons jamais les ukrainiens signer la moitié du quart d’un accord avec le Mal Absolu.

FL dit: 1 septembre 2025 à 10h23

« La suite est-ce elle plus captivante? »

Je vous conseille de lire la mort de Pauline de Beaumont. Celui qui ne pleure pas en lisant la mort de Pauline de Beaumont n’a pas de coeur.

Ou bien Marat et Danton au club des Cordeliers.

« Le club des Cordeliers était établi dans ce monastère, dont une amende en réparation d’un meurtre avait servi à bâtir l’église sous saint Louis, en 1259 ; elle devint, en 1590, le repaire des plus fameux ligueurs.

Il y a des lieux qui semblent être le laboratoire des factions […] »

Le Vicomte avait des formules bien frappées.

D’après Eric Marty Chateaubriand s’est inspiré des portraits de brigands chez Sade pour écrire ces pages.

Il y a de fait de tels portraits chez le Marquis. Mais je ne pense pas que le Vicomte s’en soit inspiré précisément: ces deux auteurs ont tout naturellement repris des clichés de la fin du XVIIIe siècle.

Si vous lisez le chapitre vous nous donnerez votre sentiment.

Si l’épaisseur du pavé vous effraient allez au sommaire et choisissez l’un ou l’autre chapitre. Ils sont courts et il y a vraiment de très belles choses.

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Chateaubriand_-_M%C3%A9moires_d%E2%80%99outre-tombe_t2.djvu/32

vadeboncoeur dit: 1 septembre 2025 à 11h16

même l’avion d’Ursula est traficoté :

Et alors, qu’attendez-vous Chantal, pour rentrer dans la résistance anti-russe?
Déjà l’interdiction des livres selon le bon gré de la censure soviétique va bon train.

Janssen J-J dit: 1 septembre 2025 à 11h41

10.23 Elle mourrut de phtisie le 4 novembre 1803 dans les bras de son amant : « Nous la soutenions dans nos bras, moi, le médecin et la garde ; une de mes mains se trouvait appuyée sur son cœur qui touchait à ses légers ossements ; il palpitait avec rapidité comme une montre qui dévide sa chaîne brisée ; nous inclinâmes sur son oreiller la femme arrivée au repos ; elle pencha la tête, quelques boucles de ses cheveux déroulés tombaient sur son front ses yeux étaient fermés, la nuit éternelle était descendue. (…) Tout était fini… »
Vous avez vraiment pleuré, FL ? Un brin trop sentimental.e peut-être ?… Y’a pas de honte, remarquez. C’est devenu si rare, en ce monde de brutasses.

closer dit: 1 septembre 2025 à 11h51

Il faut lire tout l’épisode PdeB, JJJ. Admirable.

Rose: vous faites un concours de Pauline?

D. dit: 1 septembre 2025 à 11h56

Aux dernières nouvelles le GPS n’est pas un instrument de navigation aéronautique. Jusqu’à preuve du contraire.

En revanche il est un système militaire des USA, ouvert à l’utilisation civile gratuite avec en compensation une précision 10 fois moindre que la localisation militaire.

D. dit: 1 septembre 2025 à 11h58

Donc si un état estime utile de le brouiller pour se protéger, il le brouille et ce en toute légalité.

D. dit: 1 septembre 2025 à 12h25

L’aéroport de Plovdiv est bien équipé d’un ILS, alors je ne vois pas en quoi aurait été utile un guidage Rnav/gnss qui aurait pu se baser sur un GPS ?!

B dit: 1 septembre 2025 à 12h28

D, dans le fig ils disent que le pilote a tourné une heure pour finir par s’orienter avec des instruments d’un autre siècle.

B dit: 1 septembre 2025 à 12h36

L’un ne possède pas l’envergure suffisante et la seconde ne pourra peut-être pas se présenter. Vous pensez à Florian Philippot , énarque victime lui aussi d’un brouillage de GPS?

B dit: 1 septembre 2025 à 12h39

A moins que ce problème de GPS ait été réalisé par ce commando de hackers qui a désorganisé les aéroports de Moscou pourtant réputé ultra sécurisé.

Jazzi dit: 1 septembre 2025 à 13h02

JJJ, Paul Edel nous livre, en privé et à titre gratuit, une critique détaillée et argumentée de « La maison vide » de Laurent Mauvignier.
Que demander de plus !
Après, chacun est libre de le suivre ou pas.
Pas besoin d’en rajouter…

Maurice revient... dit: 1 septembre 2025 à 13h12

La Gigi est haineuse et rancunière, il ne sert à rien de lui expliquer les bonnes et élémentaires manières.
Elle ne respecte rien ni personne, la gourdasse, et la vulgarité est sa marque de fabrique.
Oublions-là.

D. dit: 1 septembre 2025 à 13h26

Le contrôle aérien de Plovdiv voyait l’avion sur écran radar au moins à 110 km et vraisemblablement bien plus.
Le contrôle aérien avait comme de bien entendu était sensibilisé de l’arrivée d’un haut VIP. Le pilote n’avait qu’à tourner les molettes (cap, altitude, vitesse) du pilote automatique pour se laisser guider jusqu’au corridor ILS.

Il aurait : « tourné pendant une heure ». Ah bon. Et pourquoi donc ? Il était devenu invisible au radar ? Sa radio était en panne ?

MC dit: 1 septembre 2025 à 14h49

Notez qu’il existe aussi, créée pour faire pièce à la Soviétique, une subtile censure ukrainienne, mais de celle- là personne ne parle….

B dit: 1 septembre 2025 à 14h57

D, l’article du Fig parle de cartes analogiques. Lisez le, sont-ils mal renseignés ? Des sources peu fiables leur feraient publier n’importe quoi en matière d’information ?

Jazzi dit: 1 septembre 2025 à 15h08

La recherche française à l’honneur !

« Cancer : Raphaël Rodriguez, le chercheur qui a trouvé la faille des métastases
Sciences.
Ce chimiste à l’Institut Curie a mis au point une molécule qui pourrait détruire ces tumeurs secondaires à l’origine de 70 % des décès par cancer. Ses travaux suscitent un immense intérêt dans la communauté scientifique. »
https://l.lexpress.fr/iFs

B dit: 1 septembre 2025 à 15h23

je viens de lire l’info sur Le Monde qui relativise les difficultés d’approche et d’atterrissage en précisant que si l’aéroport est équipé d’un ILS les avions se posent sans danger.

puck dit: 1 septembre 2025 à 15h40

là encore les médias parlent de pb de brouillage gps, mais ils ne parlent pas de l’accueil réservé à notre brave Ursula en Bulgarie avec des pancartes assez marrantes du genre « Ursula = nazi »

closer dit: 1 septembre 2025 à 15h44

Tout ça ne nous dit pas si vous avez aimé le « Tant Mieux » de votre compatriote, Chantal.

puck dit: 1 septembre 2025 à 15h47

en fait le truc qui est en train de basculer c’est même le récit historique.

demain vont commencer en Chine la commémoration du 75è anniversaire de la victoire de la Chine sur le Japon en 1945 : un tas de chefs d’état y seront.

pareil pour les commémorations de la victoire de la Russie sur le nazisme.

jusque-là l’occident avait le monopole du récit genre c’est les américains qui nous ont libérés, les anglais c’est des héros avec les bombardements de Londres et le bourrage de mou à passou sur Churchill durant tout l’été sur France Cult.

ce récit écrit par les vainqueurs est en train de basculer vers la vérité à savoir que ceux qui ont libéré l’Europe du nazisme c’est les russes et ceux qui ont vaincu les japonais c’est les chinois.

avec pour chacun de ces 2 pays 25 millions de morts !

soit un total de 50 millions de morts pour la Russie et la Chine.

quand on regarde le nombre de morts en France lié à la seconde guerre mondiale ça nous renvoie automatiquement dans les oubliettes de l’histoire, pareil pour les anglais et les américains !

à partir d’aujourd’hui les vainqueurs de la 2è guerre mondiale au niveau du récit historique mondial seront la Russie et la Chine parce que ces 2 pays se sont réappropriés l’écriture du récit historique !

cqfd.

closer dit: 1 septembre 2025 à 15h48

En consultant ton blog, je vois avec consternation que tu n’as pas vu « La femme qui en savait trop », JB. Pourquoi perdre ton temps avec voir les petites crottes pondues par le cinéma occidental, alors que les iraniens et autres cinéastes exotiques font des films magnifiques?

Jean Langoncet dit: 1 septembre 2025 à 15h54

@Le roi des juifs, en love

Intéressant ; dès lors qu’on distingue opinions politiques et croyances religieuses, temporel et spirituel. « L’Occident » dispose à cet égard de quelques longueurs d’avance sur le reste du monde ; c’est son apparente faiblesse, temporaire, devant les obscurantistes de tous ordres, aussi bien que sa plus grande force – aidons les faibles en cœur, en esprit et en pragmatisme à surmonter leurs crispations et replis …

https://www.catholique78.fr/priercelebrer/liturgie/les-fetes-catholiques/jesus-christ-roi/

closer dit: 1 septembre 2025 à 15h56

puck passe les bornes de la connerie! Tant de millions de morts, donc ils ont vaincu l’Allemagne et le Japon! Pour nous français et pays d’Europe de l’Ouest, ce sont les anglais (tout seuls jusqu’en 1941!) et les américains qui nous ont libéré. Quant au Japon, c’est la bombe atomique US qui l’a fait plier définitivement après que les américains aient eu beaucoup de pertes dans la guerre du Pacifique.
Les russes n’ont eu autant de morts que parce qu’ils n’avaient rien préparé, confiants qu’ils étaient dans leur alliance avec le moustachu!

Patrice Charoulet dit: 1 septembre 2025 à 16h07

Langue française

Doit-on écrire « Etat de droit » ou « état de droit » ?

Il faut écrire « état de droit », lorsque « état » signifie « situation » . Ainsi écrit-on « Rousseau imagine le passage de l’état de nature à l’état de droit. ».
En revanche on écrira « La République française est un Etat de droit . »

puck dit: 1 septembre 2025 à 16h19

@ »Quant au Japon, c’est la bombe atomique US qui l’a fait plier définitivement après que les américains aient eu beaucoup de pertes dans la guerre du Pacifique. »

alors ça c’est un exemple typique de la fabrication de l’Histoire.

en fait les américains n’avaient aucun besoin d’utiliser ces 2 bombes, les japonais avaient déjà accepté la défaite.

les américains ont utilisé ces 2 bombes juste pour montrer aux soviétiques qui étaient les plus forts.

tous ces japonais sont morts pour rien sinon pour permettre aux US d’affirmer leur supériorité sur le monde.

le coup du « ils les ont utilisées pour épargner des vies blablabla » c’est tout du flan ! les américains n’ont rien épargné du tout !

ce genre d’enfumage ça porte un nom : propagande.

puck dit: 1 septembre 2025 à 16h32

quand on voit tout le foin médiatique qu’on nous a fait pour le 11 septembre pour les 2 tours à New York.

si les américains devaient payer tous leurs crimes c’est pas 2 tours c’est la ville complète qui aurait dû être rasée rien que pour payer le prix des horreurs commises par leurs 2 bombes atomiques.

puck dit: 1 septembre 2025 à 16h40

comme quand passou écrit :

« Telle la réaction de Sartre lorsqu’on lui demandait de réagir à des preuves de l’existence de camps en URSS :

« Si cela existe, je trouve cela condamnable, bien sûr, mais tout autant l’usage qu’en fait la presse bourgeoise pour discréditer le communisme ».

Un « tout autant » qui pèse son poids d’ignominie. »

sérieux ? est-ce que la France est bien placée pour parler d’ignominie ?

encore donner des leçons de morale ?

le goulag c’est pire que le colonialisme ?

le colonialisme c’est l’équivalent du nazisme : c’est fondé sur les mêmes principes de races supérieures à d’autres !

le colonialisme c’est la quintessence des théories racialistes !

et notre colonialisme a fait bien plus de massacres et de misères que le goulag.

est-on bien placés pour encore et toujours donner des leçons de morale et parler d’ignominie pour les autres sans voir les nôtres ?

c’est exactement ce qui est en train de changer aujourd’hui.

et c’est bien pour ça que l’Europe veut absolument faire une guerre : quitte à être dans l’ignominie autant l’être jusqu’au bout !

puck dit: 1 septembre 2025 à 16h51

aujourd’hui on en a un exemple flagrant.

Trump a voulu mettre la pression sur l’Inde et la Chine pour qu’il arrête d’aider la Russie.

la réponse on l’a quand on voit les photos prises lors de la réunion de l’ocs ce week end.

un ministre indien a dit que les américains voient tout en matière d’argent, mais il y a des choses qui sont plus importantes que l’argent.

qu’est-ce qui est plus important ?

simplement le fait que les russes ont toujours été là pour aider les indiens et les chinois !

Trump pourrait mettre des frais de douanes de 1000% que ça ne changerait rien.

là encore c’est un monde qui change.

et c’est pas en continuant de lire nos écrivains égocentrés comme l’occident comme Carrère que cela changera le cours de cette transformation du monde.

puck dit: 1 septembre 2025 à 16h53

les américains ont envoyé des bateaux de guerre pour menacer le Venezuela.

en réponse les chinois et les russes ont envoyé des bateaux de guerre pour protéger le Venezuela.

résultat : les américains ont retiré leurs bateaux de guerre.

D. dit: 1 septembre 2025 à 17h24

Qu’est-ce que j’en ai â foutre qu’une carte soit analogique ou numérique, moi. Ce qui est intéressant c’est qu’elle soit exactement.
On a pas besoin de numérique avec la centrale inertielle et pour trianguler avec deux VOR ou DMS et savoir oû on est. Comment croyez-vous qu’on faisait dans les années 70 où il n’y avait pas une once de numérique à bord ?
Comment

renato dit: 1 septembre 2025 à 18h15

Le monde est un pays.
« Je viens de terminer la lecture du roman lauréat du prix Strega 2025 (Andrea Bajani, L’anniversario), mais je dois admettre que c’était plus difficile que je ne l’avais imaginé. Le texte avance sans force incisive, sans fioritures stylistiques, sans véritable élan linguistique : sec, aride et franchement monotone. Plus qu’un roman, il ressemble à un dispositif narratif construit pour s’adapter à certains modèles et bien trop épuré pour être comparé à mon domaine – presque un court métrage qui s’appuie sur une phrase d’accroche finale pour donner du sens à l’ensemble. »

Source The Italian review
le lien ne passe pas

renato dit: 1 septembre 2025 à 18h44

Apocalypse, chapitre 13, verset 18, mais le nombre (666) n’est pas incontestable, cela dépend des manuscrits et des controverses générées par cette superstition.

renato dit: 1 septembre 2025 à 18h54

Toujours au sujet des nombres dans l’Apocalypse, le nombre 4 représenterait la complétude, cependant que le monde soit incomplet est quelque chose que n’importe qui, même vaguement délirant, devrait savoir.

Jean Langoncet dit: 1 septembre 2025 à 19h04

@le nombre 4 représenterait la complétude

Xi, Vlad, Ubu et leur obligé à tous, Bibi ; si Musk pouvait leur faire un prix de gros et les envoyer tous quatre prospecter au-delà du système solaire … qui sait, peut être un écho de la sonde Voyager porterait au seuil de leurs oreilles un témoignage d’humanité
https://youtu.be/lNeEb7I3bwI?si=ZoVawPn1bSHOK_MG

Jean Langoncet dit: 1 septembre 2025 à 19h06

(La NASA estime que le disque (et la sonde elle-même) survivront plus longtemps que la Terre et le Soleil.)

Janssen J-J dit: 1 septembre 2025 à 19h23

@ Pas besoin d’en rajouter (13.02)…
A qui le dites vous, jzmn ?
(Vous ne comprenez donc pas qu’on puisse un brin égratigner un homme généreux, à titre purement amical) ? – Oublions plutôt l’épouse de Mauricette et son épouss’toi d’là. Plaignons la, surtout. (Manche Aballée). As-TU vu Léa ?

Jazzi dit: 1 septembre 2025 à 19h31

« tu n’as pas vu « La femme qui en savait trop », JB. »

Chaque chose en son temps, closer.
Je visionne les films du monde entier.
Tu ne perds rien pour attendre…

D. dit: 1 septembre 2025 à 19h39

Ce moment de l’année est l’un de mes préférés : les jours raccoursaucissent, il pleut, les mioches, leurs parents et les professeurs stressent. Quel bonheur !

closer dit: 1 septembre 2025 à 19h40

Il y a un débat effectivement pour évaluer le rôle réel des bombardements atomiques du Japon dans sa capitulation. Je ne sais pas répondre de façon certaine, mais je constate que Hiroshima et Nagasaki ont été bombardées le 6 et le 9 août et que l’Empereur annonçait la capitulation du Japon le 15 août. Ce n’est sans doute pas une pure coïncidence. En tout cas la certitude est que ce sont bien les américains qui ont vaincu le Japon et pas la Chine.

Quant aux affirmations délirantes sur la comparaison entre le nazisme, le colonialisme et le goulag (puck oublie le génocide ukrainien), elles ne méritent aucune réponse.
On atteint l’ignominie à propose des twin towers.

B dit: 1 septembre 2025 à 20h06

en fait les américains n’avaient aucun besoin d’utiliser ces 2 bombes, les japonais avaient déjà accepté la défaite

J’ai vu une émission historique dans laquelle il était dit qu’effectivement les japonais aller se rendre, étaient tout prêts de déclarer leur défaite et que les deux bombes n’auraient pas dû dans ce contexte être larguées.

B dit: 1 septembre 2025 à 20h08

Dix millions de morts sont recensés au Congo entre 1885 et 1908 alors que le roi Léopold II en est le possesseur à titre personnel. Des écrivains, diplomates et historiens se sont exprimés au moment des faits pour dénoncer le massacre. L’auteur s’interroge à son tour, dans la lignée de ses prédécesseurs, sur ces disparitions insensées

https://www.bm-geneve.ch/ark:/75245/caT007341454

Janssen J-J dit: 1 septembre 2025 à 20h09

@ elles ne méritent aucune réponse.
Al’hors, pkoi y donner suite… ?
c qu’on peut pas s’empêcher parfois de… vouloir combattr’ sur tous les fronts des résosoziaux dédéis à la littérature du monde,… y’a du boulot avec 8 miards d’intervenautes, parfois on a tencande à baiser les (wonder) bras, or faut pas, que disent ma mère et ma soeur qui croivent toujours en moij.

Janssen J-J dit: 1 septembre 2025 à 20h14

@ étaient tout prêts de déclarer leur défaite et que les deux bombes n’auraient pas dû dans ce contexte être larguées.
Mais voyons, B-20.08, la « capitulation » du Japon, on sait bien que c’était pas la vraie raison… hein ?, (comme dirait ki-kepu-dukur-k).

Claudio Bahia dit: 1 septembre 2025 à 20h44

En revanche on écrira « La République française est un Etat de droit . »
il est même permis d’écrire, sans faute d’orthographe: « La République française est un État de droit »

Mare Sasseur dit: 4 septembre 2025 à 18h37

Ce qu’il va manquer à ce récit de Carrère pour aller au bout de l’aventure du Goncourt et atteindre le maximum de lecteurs, ce n’est pas seulement un dessin. Un dessin, comme on en trouve parfois en préambule de certains livres, où foisonnent les personnages.
Et ça tient à presque rien, un bout d’arbre généalogique pour ne pas perdre le lecteur qui n‘aura pas le temps de se familiariser avec tel ou tel illustre personnage. Ils sont nombreux.
C’est ce que j’ai fait, crayonné à la hâte une chronologie de noms, liés entre eux par les bouts de lignes.
Dans la famille Von Pelken-Komarovsky, je demande Nathalie, la plus classe dans l’arbre en quelque sorte. Nathalie mère d’Hélène, mais aussi Nathalie ado aventurière qui part avec un guide, « sorte de Erri de Luca », randonner dans les Dolomites, Nathalie, abandonnée par son père, comme Hélène en somme, et qui à 22 ans au début des années 1920 se retrouve à Paris, absolument seule et sans un sou. Qui a peut-être pensé voir son salut dans une union avec un roturier géorgien. Choix funeste.
Les lecteurs de son « roman russe » (Gallimard 2007) n’apprendront rien de plus sur le grand-père collabo convaincu, qui n’ait déjà été écrit. D’ailleurs Carrère renvoie lui-même à la page 61 de cet opus…Il est vrai que ce roman russe avait plutôt marqué par les déboires que raconte son auteur, à la parution d’une nouvelle érotique « l’Usage du Monde », parue dans le journal du même nom, fiction porno sur le potentiel érotique d’un voyage en train, pas du Bouvier donc.
Mais c’est aussi dans ce « roman russe », qu’on peut lire l’une des plus belles lettres « à la mère » , de la littérature française.
Je ne peux écarter l’idée que les émigrés Russes du début du XXème auront aiguisé l’attention que porte Carrère aux migrants et aux intérimaires qui font des heures.
Malgré la longueur, le récit reste prenant, on y retrouve l’âme russe bien sûr, ses barines et ses vanias, sa perspective Nevski…on y croise les personnage qui ont fait l’histoire russe depuis le XIXème et puis bien sûr Soso, le malfrat géorgien qui plus tard deviendra un dictateur parmi les plus criminels, et puis on croise toujours les mêmes pour finir, Dosto, Tchekhov, Tolstoï, Nabokov, qui masquent mal la pauvreté culturelle de ce qui a été un très grand empire… de serfs.
Evidemment la Russie, puis l’URSS, la Russie de Poutine et aussi l’Ukraine bien sûr, sont le décor de ce récit, et quelque part ce livre était de l’ordre d’une obligation, à la fois actuelle et historique, et familiale pour l’écrivain de la famille. Cela en fera-t-il un bon Goncourt ? sincèrement, je ne le pense pas . Contexte qu’il ne lâche pas, puisqu’il s’attèle à l’adaptation ciné du très bon roman de G. da Empoli, « le mage du Kremlin » qui aurait été un Goncourt honorable, si …le mort à moto n’avait finalement pas tout fait foiré.
Entre ciné et littérature Carrère n’a pas choisi, et c’est tant mieux. Qui se rappellera qu’il a commencé son œuvre écrite par une monographie du très excellent Werner Herzog.
C’est pour un film qu’il était parti à Kotelnitch, c’est pour un film qu’il s’est retrouvé à Moscou au moment de l’invasion de l’Ukraine par les Russes
Alors oui, Carrère est un très bon raconteur d’histoire, et ici il avait le matériau, foisonnant et fourni, le tout déjà bien préparé par son père mais aussi les précieuses correspondances conservées par son oncle. Et les photos… C’est fou ce qui tient dans une valise. Il n’en a pas fait un roman historique, juste un portrait de famille, une famille qui a fait l’histoire.
Hélène et les garçons
Alors bien sûr, la petite histoire s’inscrit ici dans la grande, car c’est d’une femme qui a servi la France, qu’il s’agit. Le discours du président Macron permettra aussi de l’inscrire dans la postérité des grands serviteurs de l’Etat, et ses ancêtres, aristocrates dans la plus noble tradition cosmopolite, avaient effacé les frontières de l’Europe.
Ses aveuglements et ses convictions, son déni et sa rigueur auront été tout à la fois une qualité, et un écueil. Dire et ne pas dire ; reste qu’elle inspire un sentiment de rigidité, aussi inflexible que les règles du dico, auxquelles elle présidait. Dire et ne pas dire.

Marie Sasseur dit: 4 septembre 2025 à 19h38

Gosh
Erreur
Lire  » un roman russe » P.O.L mars 2007
Carrère aura assez dit son indefectible attachement au fondateur de cette maison d’edition, dans son recit  » yoga » notamment.

Chantal dit: 12 septembre 2025 à 7h13

Emmanuel Carrère chez Mollat, très intéressant, il sort aussi un livre sur son principe d’Uchronie, et si … l’histoire avait pris une autre direction, cela m’intéresse tout comme la description du minuscule canapé dans lequel dormait très inconfortablement sa mère. Me rappelle des souvenirs de stoïcismes incompréhensibles pour moi genre « le confort c’est la mort » tout un attirail éducatif une rigidité dont il faut réussi à rire un peu pour ne pas être envahi de codes obscurs inconscients qui nous empêchent de vivre au présent : https://www.youtube.com/watch?v=uYyTkA3tTKc

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