
Servitudes et grandeurs d’un éditeur de combat
A quoi reconnait-on un éditeur qui n’édite plus ? Toujours un grand lecteur à ceci près qu’il ne tient plus un crayon entre les doigts, ne corne plus les pages et rumine avec délice le vieux dicton : « Les manuscrits on les reçoit, les livres on les choisit ». Le cas d’Éric Vigne (1953) qui vient de quitter Gallimard après y avoir passé trente-six années à la tête de la prestigieuse collection, pardon de « l’espace de publication », labellisée « nrf essais » en lettres bleues sur une couverture grise légèrement gaufrée. C’est peu dire qu’il y aura grandement contribué à la restauration d’un genre. Le dernier livre dont il eut à s’occuper est un rapport d’étape en guise d’adieu à la profession, qu’il a préféré à un dispendieux cocktail médiatique. Sous un titre qui fleure bon son Vigny, Servitudes et grandeurs des disciplines (232 pages, 22 euros, Gallimard) paru en janvier est celui qui lui ressemble le plus tant il reflète sa priorité absolue accordée au collectif. Pas de signature au-dessus du titre mais quatorze noms d’historiens, de philosophes, de sociologues, de spécialistes de la littérature à l’intérieur en page de titre, comme s’il s’agissait de « Mélanges », usage académique d’anciens étudiants en hommage à leur professeur vénéré. Sauf que l’éditeur n’étant pas un maitre il n’a pas eu de disciples et que l’amitié a présidé à ses rapports avec ses auteurs. Pour autant, il n’oublie pas que le titre originel de ce livre en hommage à sa carrière s’intitulait sur un ton plus balzacien « Splendeurs et misères des disciplines… » Ce livre aussi riche que dense résonne comme un manifeste au cœur d’un paradoxe. Il est vrai que la pluridisciplinarité, clef des financements de la recherche à l’échelle internationale, s’inscrit à rebours des critères d’évaluation de l’université en France qui privilégie les disciplines et la spécialisation. […]
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