Un (re)traducteur, ça s’autorise autant que ça s’empêche.
Gardons-nous d’en faire un phénomène révélateur de la météo éditoriale. N’empêche qu’à la charnière de 2025/2026, il y a embouteillage du côté des retraductions littéraires. De quoi cet air du temps est-il le nom ? Un fois passées les réactions d’instinct hésitant entre un « encore ? », un « à quoi bon ? » et un « quel intérêt ? », on évoquera bien sûr une raison technique, à savoir le renouvellement de droits étrangers sur certains romans classiques, voire la chute de ceux-ci dans le domaine public (mais oui, il est dit généralement que l’on y tombe…). Mais cela ne suffit pas. Quoi alors ? Il faut compter avec le goût sinon le désir d’écrivains qui ne sont pas des professionnels de la traduction de s’emparer d’une œuvre qui leur est chère, publiée à l’origine dans une langue dont ils estiment avoir une maitrise suffisante pour en assurer le transport en français. Ce n’est certes pas nouveau (de Maurice Maeterlinck et André Gide avant-guerre à Marie Darrieussecq plus récemment). Ainsi Jean-Philippe Toussaint ces jours-ci avec Le Verdict (44 pages, 5,50 euros, éditions de Minuit) de Franz Kafka. Comme c’est souvent le cas en pareille situation, il joint au texte une postface intitulée « Le vrai, le pur, l’immuable » justifiant son travail ce qu’un traducteur de métier fait plus rarement. Face à pareille entreprise, l’écrivain ne s’autorise que de lui-même, comme il l’avait déjà fait en s’emparant de la Schachnovelle de Stefan Zweig. Toussaint, lui, se doit d’expliquer le concours de circonstances qui l’a conduit à traduire ce texte de l’allemand. D’abord la conviction assez partagée que Kafka est devenu écrivain la nuit durant laquelle il a écrit cette nouvelle d’une traite à 29 ans ; ensuite le fait qu’il est son frère d’armes en écriture, celui qui l’a […]
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