Recyclés, Cassin, Zola, Gramsci !
Il n’y pas que dans le tri des déchets : dans le commerce des idées aussi la récupération est d’actualité. L’air du temps n’a jamais paru aussi favorable à l’opportunisme de ce type d’opération en trois temps : détournement, recyclage, instrumentalisation. Plusieurs hautes figures intellectuelles en ont fait les frais ces derniers temps.
René Cassin (1887-1976) tout d’abord. Juriste et diplomate, c’est en tant que co-auteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948 qu’il fut vingt ans plus tard doublement couronné du prix Nobel de la paix et du prix des droits de l’homme des Nations unies. Une conscience que cet homme unanimement respecté dont la dépouille repose au Panthéon. Or il vient d’être enrôlé à son corps défendant par les nationalistes tant basques que catalans. Chez les premiers, on a ainsi pu entendre lors d’une réunion sur le campus universitaire de Vitoria d’anciens responsables terroristes de l’ETA se référer à René Cassin. Par quelle acrobatie ? En lui attribuant entre guillemets la dénonciation des «prétentions des États existants à vouloir trancher par le biais de leur constitution les problèmes reliés à l’autodétermination d’un peuple que les hasards de l’histoire ont placé sous leur domination » alors qu’il s’agit là… du commentaire du préambule de la Déclaration par un autre juriste.
Une manipulation que l’on retrouve sous la plume d’autres partisans du nationalisme basque. Qu’importe puisque cela leur permet de mêler dans l’inconscient collectif son nom prestigieux, les droits de l’homme et leur cause. A ceux qui objectèrent que les conceptions de la démocratie de René Cassin étaient aux antipodes des leurs, ils rappelèrent qu’il avait été aussi le responsable du service juridique de la France libre, un activiste et un militant dans sa défense des droits de l’homme et, argument imparable, qu’il était natif de Bayonne dont chacun sait qu’elle se trouve au pays basque ! Et tant pis si au passage ils piétinaient le double engagement juif et républicain qui domina son existence…
Autre exemple : Emile Zola. J’accuse, le plus célèbre éditorial de l’histoire de la presse française, est devenu un mantra chez les indépendantistes catalans. Au plus fort des récentes manifestations, ils ont usé en toutes circonstances d’un #JoAcuso pour dénoncer la répression de l’Etat espagnol contre leur mouvement et les condamnations judiciaires de leur partisans. Et ils l’ont explicité en dressant des parallèles avec l’injustice dont le capitaine Dreyfus fut la victime. Ce que n’a pas manqué de faire l’avocat Paul Bekaert, défenseur du président catalan destitué Carles Puigdemont : dans son cabinet trônait en bonne place un exemplaire du J’accuse de Zola au cas où l’analogie aurait miraculeusement échappé aux journalistes venus l’interviewer. Est-il besoin de rappeler que les deux causes n’ont rien à voir ?
Enfin, Antonio Gramsci (1891-1937). Jamais ce philosophe, et écrivain italien n’a été aussi tendance. Ce qui ne va pas de soi en regard non de sa stature intellectuelle mais de la nature de son engagement : membre fondateur du parti communiste italien, ce théoricien marxiste a souvent été réduit à une formule (« Pessimisme de l’intelligence, optimisme de la volonté ») et à sa définition de la crise :
« Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».
Mais c’est surtout ce qu’il dit du « combat culturel» dans ses fameux Cahiers de prison qui a été récupéré. A l’extrême-droite depuis longtemps par Alain de Benoist qui en appelait à un « gramscisme de droite » au risque de l’oxymore, et à droite à la veille de la présidentielle de 2007 par Nicolas Sarkozy :
« Au fond, j’ai fait mienne l’analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les idées. C’est la première fois qu’un homme de droite assume cette bataille-là ».
Depuis le philosophe est régulièrement cité, et donc instrumentalisé et dénaturé, par tous les courants politiques d’un extrême à l’autre pour son concept d’« hégémonie culturelle ». On le trouve derrière le populisme de la gauche radicale en Espagne aussi bien que dans la récente campagne électorale au sein des Démocrates de Pete Buttigieg aux Etats-Unis (mais lui au moins a une excuse : son père Joseph Buttigieg est le traducteur en anglais des Cahiers de prison et il fut le président de l’International Gramsci Society…) ou en France du côté de Marion Maréchal. Tous convaincus que la conquête du pouvoir passe par la capacité d’attraction et de séduction des idées sur l’opinion publique via les intellectuels. Mais qui n’est pas « gramsciste » aujourd’hui ? Ainsi annexe-t-on des penseurs qui n’en peuvent mais. Leurs fantômes en rient encore. D’un rire jaune ?
(Photo D.R.)
1 675 Réponses pour Recyclés, Cassin, Zola, Gramsci !
C’est celui qui dit qu’y est, Chaloux.
Et vous y êtes. Si précisément… Comment, je n’ose en croire mes yeux ? Deux posts, sans une seule insulte ? Juste des sous-entendus ? Vous baissez, mon cher ! Où est le vocabulaire « rabelaisien » (entendez = en dessous de la ceinture), l’invective sur deux paragraphes, l’amalgame, le rejet ?
d’où vient cette virevolte ?
J’espère, enfin je suis sûre, que cela ne vient pas de Jim. Mon portrait de ce dernier ne tient pas la route, n’est ni juste ni émouvant, ne recrée pas ce que cet homme fut pour les quelques rares humains qu’il eut à fréquenter. Donc, votre soudaine réserve ne peut venir d’un quelconque respect, surtout que vous n’en avez justement jamais usé à mon égard, et aux miens, dont Jim fut, si intimement.
Bref, derechef, pffffouuuuu….
Phil, selon l’une de mes amies, anthropologue, la mode de la depilation du mons veneris trouverait son origine dans l’influence des églises évangéliques US sur l’industrie du porno.
Pino Pascali, Grande bacino di donna — mons veneris :
https://blogfigures.blogspot.com/2012/04/pino-pascali-grande-bacino-di-donna.html
La très belle flute (traversière, en bambou, le bansouri) de Hariprasad Chaurasia, qui a aujourd’hui 81 ans (à ne pas confondre avec son neveu Rakesh Chaurasia):
Raag Shivanjali
Dans le même temps, on a assisté à la dépilation complète du corps des homos, renato, suivie de celle des jeunes hétéros…
Plus récemment, les barbes ont refait leur retour en Mase !
en masse…
« aux miens, dont Jim fut, si intimement. »
Ne faudrait-il pas commencer par là, Clopine ?
« Surveillance », une petite vidéo de 2 min. que Google interdit sur Youtube, dont il est propriétaie:
https://www.kla.tv/index.php?a=showlanguage&lang=fr&id=15080&date=2019-10-19
À propos de Boulez, Pablo.
Beaucoup etudié quelques-uns de ses textes. Les plus anciens Penser la musique aujourd’hui, Relevés d’apprenti, Par volonté et par hasard, et plus récemment sa correspondance avec John Cage.
Assité à deux repetitions : oreille extraordinaire, technique impeccable.
Rencontré un fois en marge du Festival de Lucerne et une fois dans un musée de Basel devant un grand Rousseau — conversation brève à propos du peintre.
Souslaceinturoclopine, tout vous est bon pour vous raconter des histoires. Vous ne comprenez rien à ce qu’on vous dit. Vous ne valez pas ce pauvre dindon mort sous les coups.
merci Renato, explication stimulante. mes compétences sont limitées à l’industrie du porno en Bavière années septante, forte pilosité, cuir et Volksmusik. nous en causerons volontiers un autre soir.
hier ou aujourd’hui, noté votre belle « sortie du lac »
Oui, Jazzi, toutes mes écritures sont douloureuses. Sauf, évidemment, les jeux oulipiens, les pastiches, etc. Mais pour le reste, vu que « de profundis clamavit », je veux dire que je parle du « fond » de la société, de ceux qui n’ont jamais eu le capital culturel et économique de la classe dominante, comment veux-tu que je ne me plaigne pas ? Imagine un seul instant que le cerveau de Jim soit né dans le seizième arrondissement de Paris ? Crois-tu qu’il serait resté ignoré, dans ce cas ?
Renato,
Vous avez beaucoup de chance de rencontrer Boulez ainsi, mais sans doute avez-vous bien aidé la chance. Je l’ai écouté plusieurs fois parler de la musique. Dans mon expérience, il est l’un des rares à savoir en parler. Impressionnant. Très forte impression d’un « homme » (Goethe) qui incarne la musique. Evidemment, les symphonies de Mozart ne lui apportent rien. Le rencontrer au musée de Bâle. Quelle chance. Quand j’y étais, le gardien devant le tableau de Kokoschka m’a fait un clin d’oeil en disant, « Ach, die Alma… »
Année LvB, WoO 116 :
Que le temps me dure, texte : Jean-Jacques Rousseau
Renato,
Je voudrais ajouter que la musique « contemporaine » s’écoute mieux en concert, et dans une atmosphère créatrice, pas en grande salle show-spectacle, disons festival d’été (e.g., Donaueschingen).
Phil, vous filez un mauvais coton, ce doit être sacrément difficile d’alimenter aujourd’hui une telle inclination. Je vous plains, le manque doit vous être pénible et douloureux.
@ renato
Et tu penses quoi de sa musique (ou plutôt de sa non-musique)?
« Boulez […] Je l’ai écouté plusieurs fois parler de la musique. Dans mon expérience, il est l’un des rares à savoir en parler. Impressionnant. Très forte impression d’un «homme» (Goethe) qui incarne la musique. Evidemment, les symphonies de Mozart ne lui apportent rien… »
vedo dit:
Tiens, Pétomane, un sérieux concurrent pour les Perles…
Clopine, j’ai la berlue et pourtant je rentre d’un parcours agreste mais votre – vous baissez- s’ est transformé momentanément en un – vous baisez- ce qui à première lecture ne m’a pas plus surprise que cela tant le personnage est connu pour ses moeurs dissoutes dans le stupre et la luxure.
3J, revenez, ne boudez pas dans votre coin. Je vous aime!
Je n’ai pas aidé la chance, vedo, c’est mon prof qui a organisé la fencontre de Lucerne. Basel ce fut un hasard, plutôt etonné qu’il m’ait reconnu.
Pour les execution je suis d’accord. Dans ma jeunesse j’organisais des performances dans mon atelier, toujours pour petits ensembles, naturellement.
Bon, là un grand ensemble qui n’aurait pas pu entrer dans mon atelier :
Gruppen :
Renato,
Puisque vous mentionnez Rousseau, je me permets d’évoquer un souvenir en famille lors d’un radieux dimanche de Pentecôte, dans un château au bord de la Vègre, quand, les propriétaires absents pendant la journée, j’avais trouvés des partitions de Rousseau imprimées vers cette époque, et que j’avais essayées au piano à queue qui se trouvait là. Bon, disons que leur intérêt, c’était surtout, parce que c’était Rousseau, les partitions d’époque et le cadre.
Bon, allez, j’arrête car tout le monde ici tient au sérieux des échanges culturels. Je dois avouer que ma forme en passoire n’a rien hébergé depuis au moins 7 jours aussi l’inspiration et la matière m’ont quittée me laissant au regret de n’avoir rien à déclarer d’intéressant si tant est que ce se soit produit un jour.
J’ai apprécié l’epexpérience créative de Boulez, Pablo. Interessant exercice de lecture comparative : Boulez-Messiaen.
Au cœur de l’œuvre de Gramsci, on trouve l’importance donnée à la culture conçue comme « succession de pratiques quotidiennes », en conséquence « site privilégié des luttes politiques ». De là naît sa théorie des intellectuels et ses déclarations sur l’absence de « non-intellectuels ». Gramsci distingue deux types d’intellectuels (professionnels) : l’organique lié à une « classe émergente de la société » et le traditionnel qui préexiste à cette dernière. Ces catégories sont issues de sa réflexion sur leur degré d’indépendance vis-à-vis de la société ou d’un groupe social. Chez Gramsci, les intellectuels participent à la diffusion d’une nouvelle conception de la société et sont donc au cœur des luttes politico-culturelles et de l’éducation, un autre thème important de son œuvre.
Fondamentalement, Gramsci est un penseur de la politique définie comme la « contribution de chaque être humain à la transformation de son environnement social. » Ainsi, Gramsci l’envisage à l’aide de la trinité « société civile/société politique/Etat » et les luttes politiques grâce aux concepts de « guerre de mouvement » et de « guerre de position », fortement
AUTOUR DE Pourquoi je hais l’indifférence
Antonio Gramsci
29 août 2012
Rivages
205 pages INActualité(s) de Gramsci
PAR Benjamin CARACO sur non fiction bonsoir
C’est quoi une l’epexpérience ?
Une expérience qu’a trempé dans le Martini dry ?
Bonsoir, M.Court.
Je travaille avec une amie sur La Culture populaire au XVIIIe Siècle. Savez-vous quelque chose sur les livres de la « Bibliothèque bleue », une collection populaire destinée aux plus pauvres ? (Livres qui souvent étaient lus à la veillée et passaient de famille en famille, aux contenus divers allant de l’astrologie à la cuisine, en passant par le jardinage…)
Savez-vous qui les imprimait, qui rédigeait leur contenu ?
Nous avons travaillé à la bibliothèque sur un essai passionnant : « Les moralistes français et la politique à la fin du XVIIIe siècle » de Cyril Le Meur (éd. Honoré Champion).
J’avoue que je ne connaissais que ceux si célèbres du XVIIe S. (La Rochefoucauld – Pascal – La Bruyère…) et bien mal Montesquieu, Vauvenargues, Chamfort (si pessimiste), Rivarol (brillant), Meilhan, le prince de Ligne….
Il semble que cette fin de siècle assiste à la mort d’un genre « classique » disparaissant avec la Révolution. L’ancienne société, déjà si transformée, s’effrite et va disparaître.
Qu’en est-il de l’éducation des enfants sous l’Ancien Régime ? Par qui est assuré l’enseignement ? Qui en bénéficie ? Où en est l’analphabétisme ? Avez-vous des livres à nous recommander ? Nous avons déjà pioché dans « l’Emile » et les « Discours » de Rousseau, « Le Temps perdu ou les écoles publiques » de Maubert de Gouvest.
Si vous avez le temps…. Vos conseils de lecture seront les bienvenus quand les bibliothèques ouvriront à nouveau leurs portes !
A demain, bonne soirée!
Pour donner suite à et alii, ce lien
https://www.nonfiction.fr/article-6403-actualite_s_de_gramsci.htm
@renato, je lis un entretien d’un musicien philosophe dont je mettrai le lien parce qu’il est précis , nuancé et riche en éléments biographiques;donc juste quelques lignes:
Pour terminer, ne peut-on pas considérer qu’avec l’expérience du confinement nous faisons tous une expérience du temps et de l’éveil à l’essentiel, qui nous met en contact avec la spiritualité de la musique, et du jazz en particulier ?
Sans aucun doute. Et je dirais même qu’on retrouve les trois dimensions du jazz que j’ai évoquées. La dimension religieuse ou communautaire, avec la question de la communauté et de l’identité à laquelle nous appartenons – le virus fait-il d’abord de nous les membres d’une famille, d’une ville, d’une région, d’une nation, d’une religion, d’un continent, de l’humanité ? Ou plus largement encore, de toutes les formes de vie ? La dimension mystique, ensuite, avec l’éveil à la sacralité de l’instant, la capacité que nous avons de transformer le présent en durée pour faire l’expérience de quelque chose qui nous dépasse. Comme nous avec le confinement, le mystique n’a pas choisi de faire l’expérience qui est la sienne. Mais il a besoin de la sublimer dans l’écriture ou la composition pour ne pas sombrer dans la solitude et la folie. Je suis convaincu que ce qui a sauvé Coltrane peut nous aider à traverser l’expérience du confinement. Enfin, la dimension métaphysique – au sens de la création d’un univers autre, de l’accès à un niveau de réalité insoupçonné – est au cœur des questions que nous nous posons sur le monde d’après. À défaut d’inventer et de construire un nouveau monde, nous ne sortirons pas indemnes de cette expérience.
w.philomag.com/lactu/raphael-imbert-ce-qui-a-sauve-john-coltrane-peut-nous-aider-a-traverser-lexperience-du
Le Martini very dry, svp.
« Imagine un seul instant que le cerveau de Jim soit né dans le seizième arrondissement de Paris ? Crois-tu qu’il serait resté ignoré, dans ce cas ? »
Clopine, j’ai connu des rejetons de bonnes familles, très brillants, qui ont eu des destins tout aussi désastreux que celui de Jim. Les neveux de Rameau sont légions…
My Favorite Things :
« Et tu penses quoi de sa musique (ou plutôt de sa non-musique) ? »
Pourquoi poser la question à renato, Pablo75, puisque tu as déjà un avis définitif sur le sujet ?
B dit: à
3J, revenez, ne boudez pas dans votre coin. Je vous aime!
–
Vous perdez la raison ma chère…
l’epexpérience
C’est l’hep pep pep Rians.
Ville gallo-romaine.
Reviens demain. Suis tombée davs le livre Emlène-moi au bout du monde.
Las, non, l’a pas perdu la raison.
Pas contente, contrairement à Sergio
« Pour terminer, ne peut-on pas considérer qu’avec l’expérience du confinement nous faisons tous une expérience du temps et de l’éveil à l’essentiel, qui nous met en contact avec la spiritualité de la musique, et du jazz en particulier ? »
Pas du tout du tout du tout.
Suis cocue et pas contente.
Confinée et pas contente.
Etc.
J’ai apprécié l’epexpérience créative de Boulez, Pablo. Interessant exercice de lecture comparative : Boulez-Messiaen.
renato dit:
Moi j’apprécie ton habilité pour ne pas te mouiller. Impossible de savoir si tu aimes ou tu n’aimes pas « la musique » de Boulez. (Entre Messiaen et Boulez – qui traitait Messiaen de naïf et a parlé très mal de son oeuvre – il n’y a pas photo: le premier restera, le deuxième sera très vite oublié).
Censuré. (Je me censure moi-même).
Pourquoi poser la question à renato, Pablo75, puisque tu as déjà un avis définitif sur le sujet ?
Jazzi dit:
Pour savoir ce qu’il pense quelqu’un qui connaît très bien le thème. Tu auras remarqué que je ne te demande pas à toi ce que tu penses de Boulez, parce que ton opinion n’a pour moi aucune valeur.
Contrairement à ce qu’ils pourraient penser ceux qui ont une vision manichéenne des gens, je m’intéresse beaucoup aux opinions contraires aux miennes venant des gens qui connaissent très bien un thème qui m’importe, surtout si j’écris sur lui. Et cela pour connaître à fond toutes les objections qu’on pourrait faire à mes idées.
Celles que j’ai lues ici sont très faibles et je les ai entendues mille fois, parce que les gens qui les font ne se sont jamais intéressé vraiment au problème. Les deux personnes qui ont réfléchi sur lui ici c’est Pat V et Renato.
Malheureusement aucun des deux veut se mouiller et parler clairement, et encore moins entrer dans une discussion approfondie, sans doute parce qu’ils savent très bien au fond d’eux-mêmes que l’art abstrait ou la musique atonale sont, in fine, philosophiquement indéfendables.
christiane, il y a le livre pionnier de Geneviève Bollème, La Bibliothèque Bleue. en Collection Archives, que je couplerais bien si j’étais vous avec Maurice Lever, Canards Sanglants, Fayard, qui montrent ce qui a subsisté des faits divers tragiques qui régalaient aussi le petit peuple.
De toute manière, pour la Bleue, on reste tributaire du fonds de la Maison Garnier à Troyes, qui a conservé près de trois siècles d’archives. C’est à la fois peu et beaucoup, car nous ignorons ce qui pouvait figurer au répertoire des autres maisons. Vois aussi Nisard, Le Livre de Coloportage, je crois, intiateur des recherches sur ce fonds troyen. Je posséde deux plaquettes qui, je crois en rechappent, une du Dix-Huitième contenant un Conte de Madame d’Aulnoy, Histoirevdu Prince Cocorico (?) et une autre plus récente, Romantique et Parisienne, Renault 1846 qui se présente comme un traité Complet de Démonologie, et qui réactive la mémoire du Sabbat en la saupoudrant de deux anecdotes de Diablerie.
Bon courage.
MC
Autrement dit, si j’ai bien compris, tu veux connaitre les arguments de Pat V et renato pour pouvoir mieux les réfuter par la suite, Pablo75 ?
Ils apprécieront !
Tu ne cherches pas à apprendre mais à conforter ta propre opinion…
Sur la Bleue il y a un volume dans la collection « Bouquins ».
Pablo, vous avez tellement plein de préjugés et d’aprioris sur les gens, avec des jugements à l’emporte pièce.
Barenboïm vous l’aimez l’aimes bien je crois Pablo ? lui, ce n’est pas un Pétomane nazi communiste, il fait partie des gens que vous respectez, non ?
vous voulez savoir ce qu’il en pense de Boulez ?
voilà ce qu’il en pense gros débile que vous êtes :
« Pour moi, il était une des personnalités musicales les plus importantes du XXe siècle. Par son activité de compositeur, de chef d’orchestre et de théoricien, il a véritablement transformé la vie musicale, au niveau mondial. Par exemple, avant lui, les grands orchestres symphoniques jouaient rarement les compositeurs de la deuxième école viennoise, Schönberg, Berg et Webern. C’était réservé à quelques festivals de musique contemporaine. D’ailleurs, de nombreuses personnes parlent de cette musique comme étant contemporaine, alors qu’elle a été écrite il y a plus de 100 ans. Boulez a su faire bouger les lignes, et pas seulement au niveau de la programmation. Il a libéré la vie musicale de certaines contraintes qui s’étaient établies avec le temps. »
Vous pourriez nous résumer l’histoire du Prince Cocorico, M. Court ?
sur le système scolaire
Essentiellement l’école curiale et les collèges de Jésuites, choisis par Henri IV pour recreer un système scolaire, au prix d’une francisation massive de l’ordre.
Une classe de Collège n’est pas homogène en terme d’age. des enfants de 12 ans peuvent cotoyer d’autres plus agés. Le sureffectif est la norme. 4O élèves est une estimation usuelle pour une classe.
Sur ce qu’on y enseigne, le meilleur travail reste encore le Damville, « L’EDUCATION DES JESUITES », toujours édité.
Plus léger, dans l’excellente collection Archives, DU COLLEGE AU LYCEE, 1500-1850, présenté par Marie-Madeleine Compère.
sur l’ Enfance en général, accouchement, place dans la famille, etc, indépendamment d’Ariès que vous connaissez, ENTRER DANS LA VIE, Toujours en Archives, textes présentés par J Gelis, M Laget et MF Morel.
Bien à vous.
MC
Barenboïm sur Boulez suite :
« Pierre Boulez tenait particulièrement à deux choses, l’ouverture d’esprit et la complexité. »
(sans doute pour ça que ça coince entre vous Pablo)
« Lors d’une intégrale des symphonies de Mahler où nous étions tous les deux présents, il avait dit que ce qu’il préférait chez Mahler, c’était la complexité. Selon lui, ce qui est compliqué est inutile, mais ce qui est complexe nécessite les outils nécessaires à la clarification. Son obsession première était la transparence, tant au niveau musical qu’au niveau humaniste. »
Barenboïm sur Boulez suite :
question : Ses détracteurs disaient justement de lui qu’il a noyauté la vie musicale et qu’il a pu empêcher une certaine forme de liberté dans la création musicale…
réponse de DB : « Ces critiques, justifiées ou non, existaient et existent uniquement en France. En Allemagne, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, etc. aucun musicien ne tiendra ce discours. J’ai eu très peu de contacts avec les critiques de Boulez et je ne suis donc pas très bien placé pour en parler. Et il ne faut pas oublier que sa pensée musicale était quasi-germanique, alors que son invention sonore était absolument française. La complexité dont je parlais à l’instant, n’est pas la qualité la plus évidente de la musique française en général, à part peut-être chez Debussy qui est un phénomène à lui seul. Pour la musique allemande, il faut un degré très élevé de stratégie mais pas de tactique. Les crescendos dans la musique de Beethoven, Brahms, Bruckner ou Wagner doivent être dosés pour ne pas qu’ils partent trop tôt parce qu’ils peuvent durer 16 ou 32 mesures. Chez Debussy, ce sont des étincelles. Crescendo et decrescendo sur une seule note. »
« ils savent très bien au fond d’eux-mêmes que l’art abstrait ou la musique atonale sont, in fine, philosophiquement indéfendables. »
Qu’est-ce que la philosophie a à voir dans tout ça ?
il faudrait retrouver la brochure, Jazzi, et elle n’est pas avec les autres! Qui donc parlait joliment de ces livres qui se cachent quand on les cherche, l’air de dire: « maintenant que tu as besoin de moi après m’avoir si longtemps délaissé, je me cache! C’est ma manière à moi de me venger »?
Bien à vous.
MC
Merci, M.Court et Chaloux,
voilà des pistes précieuses.
C’est un plaisir de découvrir progressivement ce qui s’est mis en place à la fin du XVIIIe siècle pour les enfants des classes populaires, comment vivaient les familles, (très différemment de notre conception de la famille) et de voir que déjà les milieux populaires aimaient les livres, aussi modestes soient-ils.
Beaucoup d’enfants abandonnés aussi…
Les contes de Madame d’Aulnoy ? C’est elle qui a lancé la mode des contes de fées (un peu précieux). Je me souviens de « la chatte blanche » qui était une princesse du « Nain jaune », de la princesse Florine et du roi charmant, de « La biche au bois » qui ressemble à « la Belle et la Bête », mais pas de « cocorico » !
Bonne soirée et encore merci.
Petit Rappel dit: « sur le système scolaire
Essentiellement l’école curiale et les collèges de Jésuites, choisis par Henri IV pour recréer un système scolaire, au prix d’une francisation massive de l’ordre. […] »
Ah, cette suite m’intéresse.
Il n’y a pas la moitié d’un compositeur / musicien (sérieux) actuel pour qui Boulez n’est pas une référence, c’est impensable.
si l’on admet cette idée, à partir de là on peut faire des critiques de Boulez.
parce qu’il y a un tas de choses problématiques et contestables chez Boulez, mais avant d’aborder ces critiques il faut d’abord admettre ce que dit Barenboïm.
et ensuite seulement on critique.
Pétomane, encore une fois tu n’as rien compris. Ce n’est pas parce que j’aime bien Barenboïm comme chef d’orchestre et que lui dois beaucoup d’heures de plaisir Salle Pleyel que je suis d’accord avec ce qu’il pense sur Boulez, le problème israelo-palestinien, le tango ou la façon de faire la paella. Il n’y a qu’un crétin puéril comme toi pour croire des conneries pareilles. Toi qui aimes ta femme beaucoup plus que moi Baremboim, tu es d’accord avec tout ce qu’elle pense? (Entre parenthèses, Barenboïm il s’est gardé bien, quand il était à la tète de l’Orchestre de Paris, de programmer des oeuvres de Boulez. Pendant les 8 ans où je suis allé très souvent à ses concerts, il a dû le faire 2 ou 3 fois. Cela est sa meilleure façon de donner sa vraie opinion sur sa musique).
La faiblesse de tes objections m’inquiète de plus en plus. Depuis quelques semaines j’ai l’impression que tu as le cerveau en compote bien plus qu’avant. Et je parle sérieusement. Je t’ai connu plus lucide. Mais là, tu as un sérieux coup de mou. C’est la conséquence de tous les coups que tu prends ici et qui te cassent le moral?
Pétomane, lis ça:
« Je résume : Boulez, compositeur et maître à penser la musique, c’est une théorie fondée sur l’idéologie progressiste. Comme l’écrit Le Monde dans l’hommage qu’il lui rend, « la mort de Boulez met un point véritablement final au XXe siècle musical avant-gardiste qu’il avait notablement contribué à façonner avec d’autres compositeurs nés au cours des années 1920. Un courant mort, en effet, de sa belle mort parce que d’emblée fondamentalement mortifère. En effet, tous ces compositeurs avaient « adhéré à un langage qui remettait en question les acquis fondamentaux de l’harmonie classique ». Comprenez tout bazarder, tout foutre en l’air – la mélodie et le rythme, la sensibilité et l’instrument -, casser le discours, supprimer la phrase musicale – cette horreur bourgeoise -, priver les auditeurs de tout repère. Sérialisme contre musique tonale. C’est aussi la génuflexion fascinée devant la technologie naissante, les prémices stridentes de la musique électroacoustique qui chatouille les nerfs et fait grincer des dents. Pour faire encore plus simple : l’apothéose du bruit et de la cacophonie. La traduction en musique de la « table rase », l’intrusion du nihilisme dans l’art qui nous a valu les toiles blanches, le triomphe du ready made, des Merda d’artista et autres tas d’ordures que des femmes de ménage égarées par leur perception sans doute étriquée jettent régulièrement à la benne.
Boulez est un cerveau brillant, un génie des maths qui trouve qu’Olivier Messiaen est encore trop pépère. Mais si la musique de Beethoven peut se mettre en équations mathématiques, les équations mathématiques ne font pas nécessairement de la bonne musique.
Boulez est surtout un arbre sec, privé de cette sève qui irrigue la sensibilité. C’est un colérique, à sa façon un tyran devant qui les pouvoirs publics se sont couchés pendant des décennies. Ce qu’on ne dit pas, ou si peu, c’est que ses caprices d’avant-gardiste ont coûté des fortunes à la nation, et encore je ne parle ici que des fumisteries autour de la « recherche musicale » financées par l’État. En tête l’IRCAM, la machine à fabriquer du son accolée à Beaubourg, et dont le rayonnement n’a jamais dépassé le sous-sol où elle est enterrée. Hormis les communications à la presse et les conférences d’obscurs chercheurs auxquelles assistent seuls des collègues payés pour le faire, l’IRCAM n’a jamais réussi à influencer la vie artistique, et c’est tant mieux. Mais on a payé, et fort cher, des concerts (qui ne rassemblaient qu’une poignée d’invités et d’étudiants en musique vite lassés, et dont les publications discographiques chez Erato n’ont pas été diffusées au-delà des services de presse). Mais comme l’écrivait Benoît Duteurtre dans son Requiem pour une avant-garde : « Par consentement mutuel, la musique atonale est inattaquable. » Comme l’art conceptuel, elle est politique, et dans un monde où les « élites » sont incultes, tout est dit. »
(Marie Delarue. Pierre Boulez? Inaudible et tyrannique, ils le détestaient tous, 9 janvier 2016)
Il n’est pas question de me mouiller ou pas, Pablo, nos points de vue sont évidemment inconciliables, d’un côté, debattre serait donc une inutile perte de temps ; d’un autre, je n’ai pas de jugements préfaits et j’accepte sans peine que chacun défend ses opinions.
Cela dit, pour se dédier à lecture comparative Boulez-Messiaen, il faut savoir lire les partitions.
Pétomane, tu ne m’as pas dit combien de temps tu as réussi à tenir le coup devant le « Repons » de Boulez. Tu as dépassé les quatre minutes de Chaloux?
@ renato
Ce n’est pas parce que « nos points de vue sont évidemment inconciliables » que tu ne peux pas me dire si tu aimes la musique de Boulez ou pas. C’est facile de dire si oui ou non, si tu le considères un compositeur fondamental du XXe siècle ou un petit compositeur.
Enfin, Pablo ! Oui ou non c’est archaïque. J’ai dit que son experience créative m’intéresse ce qui signifie que je l’apprécie. Relativement au fait d’apprécier je me suis récemment expliqué, je ne vais quand même pas perdre mon temps en inutiles répétitions.
Pour ce qui est de ça : « la mort de Boulez met un point véritablement final au XXe siècle musical avant-gardiste qu’il avait notablement contribué à façonner avec d’autres compositeurs nés au cours des années 1920. » Seulement sur Le Monde on peut lire une pareille bêtise.
@ renato
Et tu penses quoi de l’opinion de Boulez sur la musique de Messiaen: « de la musique de bordel »?
Ou de celle-ci: « Chostakovitch est une deuxième ou même troisième pression de Mahler ».
Brian Ferneyhough :
Je n’ai rien à penser des opinion des autres, Pablo : chacun est maître et responsable de siennes. On peut aimer le lancée de vacheries ciselées.
Boulez a aussi dit que si Schubert n’avait pas existé, l’histoire de la musique n’en aurait pas été changée.
Pour ma part, que Boulez ait ou non existé, je m’en fous, puisque nous avons bel et bien Schubert, Chostakovitch et Messiaen. Boulez est un bon chef pour la musique française (voir son Pelleas)mais sa suffisance critique le rapproche évidemment d’une forme de débilité.
Rebatet, dans son histoire de la musique, a aussi écrit beaucoup de bêtises. Du moins était-il drôle.
Renato, il faudra nous raconter un jour comment un type aussi omniscient que vous, dont le jugement remplacerait avantageusement, du moins à vos yeux auto-éblouis, le Jugement Dernier, a pu devenir garçon d’étage dans un hôtel borgne de province. (Ça me rappelle la nouvelle Garcia-Marquez sur l’ange trouvé dans un poulailler).
Voilà que le parvenu recommence avec ces hustoriettes.
Ici c’est L’invention de Morel : les mêmes question reviennent comme les maladies de saison. Devant une carte de l’Europe n’importe suel crétin peut comprendre pourquoi l’Alsace est intéressante du point de vue logistique si on a des intérêts dans les principales villes Européennes.
Fragmentation :
https://www.designboom.com/art/fabio-viale-acqua-alta-galleria-poggiali-forconi-05-02-2020/
SELECTION DU LIVRE INTER COVID’2020 –
Que vient faire l’ECHENOZ de merbe là-dedans ? Serait foutu de l’emporter. Quelle hontre !..
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Le Ghetto intérieur, par Santiago Amigorena (P.O.L)
Love me tender, par Constance Debré (Flammarion)
Propriété privée, par Julia Deck (Minuit)
Vie de Gérard Fulmard, par Jean Echenoz (Minuit)
Les Services compétents, par Iegor Gran (P.O.L)
Le monde n’existe pas, par Fabrice Humbert (Gallimard)
Papa, par Régis Jauffret (Seuil)
Cora dans la spirale, par Vincent Message (Seuil)
Avant que j’oublie, par Anne Pauly (Verdier)
Eden, par Monica Sabolo (Gallimard)
@petit rappel
merci
grâce a votre reponse à Christiane sur la littérature de colportage j’ai retrouvé le nom que je cherchais désespérément de la collection Archives, dans laquelle Foucault avait publié sa première version des mémoires d’Herculine Babin
C’est l’Affaire Chatel qui sert de déclencheur, Christiane: Le jeune Chatel ,élève des Jésuites, devie’nt régicide manqué. D’ou émeute contre le Collège Parisien, d’ou fermeture temporaire des établissements sur ordre royal, et négociations.
Le roi ,en position de force, et les Pères, qui n’ont aucun intéret à l’affrontement, tombent d’accord pour que la politique de construction des Collèges continue, mais Henri IV exige la disparition des éléments exogènes. De fait, il n’y a guère que quelques uns dont l’Ecossais Gordon, type même du spirituel, et Maitre de Michel Le Nobletz, qui restent en place.
Bien à vous.
MC
Petit Rappel dit: « C’est l’Affaire Chatel qui sert de déclencheur […] »
Oui, la réaction fut aussi féroce envers les Jésuites, expulsés de France pendant 10 ans.
Si Henri IV n’avait eu envie de retrouver sa maîtresse Gabrielle d’Estrées dans son hôtel particulier à Paris, Jean Châtel aurait-il tenter d’assassiner le roi ? Et si le roi ne s’était baissé au moment où le jeune homme tentait de le poignarder, il aurait certainement était mort… et les Jésuites n’auraient pas été bannis…
Le régicide était à la mode semble-t-il !
Un effet de temporalités emboîtées… L’assassinat d’Henri IV finit par arriver et ranima les affrontements civils entre catholiques et réformés.
Michel Le Nobletz… Un passage étonnant, sa retraite à Plouguerneau dans une sorte de cellule couverte de paille au milieu des rochers de la plage de Treménac’h où il y passa un an dans le dénuement et l’ascèse avant de partir en mission dans les îles d’Ouessant, Molène, Batz, Sein.
Vous en aviez parlé dans votre conférence (« ar beleg fol », le prêtre fou.) Vous aviez fait projeter des cartes marines ou portulans extrêmement rares.
Il dénonça l’interdiction faite par Saint Paul aux femmes de prendre la parole dans l’église. (Influence de sa sœur Marguerite ?) et la fausseté de certains dévots, mit des paroles édifiantes sur des airs de chansons populaires pour toucher son public… Plutôt sympathique pour l’époque !
Puis le Conquet après sa révocation où il restera jusqu’à sa mort, handicapé par la maladie de Parkinson, mais se déplaçant chaque jour dans les maisons du Bas Léon. Il s’occupa de la jeune orpheline, Jeanne Le Gall, qu’il envoya se former auprès des béguines de Douarnenez.
J’aime beaucoup son testament plein d’humour :
«J’ai voulu vous laisser, par mon testament, ce beau rien dans un coffre, espérant que vous en pourriez tirer plus de profit et de gain que si je vous y aurais laissé quelque trésor d’or ou d’argent, connaissant bien que la possession de l’or et de l’argent et autres biens de ce monde sont les plus dangereux ennemis de notre salut. […], je vous laisse pour soulagement de votre maladie ce précieux médicament : rien.»
(Mouez Dom Mikael (bulletin paroissial de Plouguerneau), n° spéc. « 350e Anniversaire de Dom Michel Le Nobletz »], p. 45-48, Plouguerneau, 15 août 2002.)
Vous êtes pour beaucoup dans ces recherches…
Gabrielle d’Estrée
La Pulsion régicide fait suite à l’Edit de Nantes qui, on le sait aujourd’hui, n’a satisfait aucun des deux camps. De bonnes pages là-dessus chez Crouzet, in « Dieu en ses Royaumes », une analyse qui montre un Roi parfaitement conscient que seul son assassinat recimentera de nouveau la Nation, en Guerre Civile larvée.
Les amours du Vert-Galant, qui font partie des prérogatives du Corps royal, ne sont pas non plus dénuées d’arrières pensées politiques…
Se rappeler que l’Edit possède des articles secrets qui interdisent par exemple le Protestantisme en Bretagne.
Sur Le Nobletz, cette retraite est un problème, d’autant qu’elle est dupliquée, sans doute par erreur, dans la biographie officielle du Père Verjus en 1666 . J’y vois personnellement un retour au Christianisme primitif autant qu’une volonté de s’éprouver, d’autant que la grève de Treamenec’h renfermait une Abbaye engloutie.
Je n’ai fait projeter qu’ une copie du Typus Religionis, gravure d’une fresque allégorique en théorie visible aux Archives au premier étage de l’Hotel de Rohan, en réalité, toujours cachée par une expo. La gravure résulte de l’intérêt porté par un conservateur en 1953, et, bien que reproduisant un original ancien, ne remonte pas au delà de 1953. La brochure et la gravure s’achetaient toujours quand j’en ai pris des exemplaires pour une conférence à Londres, ou ils n’avaient pas été distribués,; et plus récemment. Donc pas rare.
Le texte auquel vous faites zallusion est un rappel plus qu’une contestation des grandes héroïnes du peuple élu. C’est aussi un plaidoyer pro domo, puisque, frappé d’interdiction par son évêque Lézonnet, il évangélise par femmes interposées…Et rayonne d’autant plus qu’il est défendu!
Ces cartes, de faible format, n’étaient probablement pas faites pour l ‘eglise. Les sujets ne sont pas visibles de loin, tout fait penser qu’elles étaient réservées à un public restreint mais divers.
« Les paysans, qui sont les mondains de ce monde-ci »
Les étudiants, Les marins (Carte du Harboulin, dont il ne reste que le texte).
Et Le Nobletz rayonne encore et loin, étant à l’origine des tableaux de mission envoyés par Maunoir après sa mort au Canada. On sait que certaines cartes ont été la matière première du tipi d’un Huron converti…
Le plus étonnant est peut-être cet ordre laic du Mépris du Monde, qu’il avait créé et dirigeait de manière occulte.
J’ai essayé de voir ça dans « Michel Le Nobletz et ses Réseaux », qui lui n’est pas disponible sur internet.
Bien à vous.
MC
Merci, M.Court.
Lors de ce colloque en juin 2017 de « Michel Le Nobletz », trois cent cinquante ans après sa mort au Conquet, le 5 mai 1652, qui s’était tenu au Port-Musée de Douarnenez, réunissant historiens, chercheurs, étudiants, prêtres, passionnés… tous curieux de connaître celui que l’on appelait «ar beleg fol », ce « fou de Dieu ».
Vous aviez dans vos interventions permis de découvrir cette figure locale. Le rôle des femmes, sans être une avancée du féminisme, était une idée intéressante. Ses «taolennoù», images peintes mêlant symboles et allégories.
J’avais bien aimé, aussi, celles sur le lien avec la langue bretonne et sur les manuscrits et cartes peintes, sur l’état de ses cartes.
Vous, vous reveniez sur sa diffusion des images du « chevalier chrétien », apparaissant comme un splendide guerrier portant cuirasse, figure haute en couleur, personnage éminemment complexe, le prêtre « fou » aux yeux du monde, et de ses cartes peintes, tout en insistant sur sa pauvreté – le mépris du monde, une des hantises. Son ermitage de Tréménac’h est un lieu émouvant comme la petite maison du Conquet où il se retira à la fin de sa vie- et sa sincérité.
Un témoin d’un temps où les élites inventaient l’ignorance en matière de langue, d’hygiène, de religion, de tous les domaines de la vie, Le Nobletz inventant un discours adapté au peuple joignant l’image et le texte.
Bien aimé votre évocation de l’éducation des enfants donnée par de vertueux ecclésiastiques qui inspiraient … efficacement la piété et la doctrine à leurs écoliers ! Bien aimé aussi la métaphore du navire qui navigue sur la mer s’attachant à traduire en termes figurés « La proue est la Foy », le vent, la grâce et le gouvernail-obéissance ! Quelle pédagogie !
L’image en couleur transportable (n’excédant pas la taille du parchemin tiré d’une peau d’animal, était assortie de cahiers manuscrits appelés « Déclarations » contenant des éclaircissements destinés à guider leurs utilisateurs), les cantiques en breton sur un air populaire et les textes manuscrits… Une biographie spirituelle, un mémoire, se dévoilant par ces traces devenant archives dans ces nombreux exposés.
Comment en 1620, un fidèle de Douarnenez pouvait-il se faire une idée sur la religion à partir discours de Le Nobletz, soient-ils faits en breton ? Et pourtant il a essaimé cet homme dérangeant qu’on n’arrive ni à maîtriser ni à classer…
Quant à l’ouvrage fondamental quasi introuvable qui a pour titre « La Vie de Monsievr Le Nobletz Prestre et Missionnaire de Bretagne », cette première biographie qui fut imprimée à Paris en 1666, chez Jean Cusson, rue saint Jacques et qui sert de source à tous ces biographes, Il semble donc que vous ayez écrit une suite…
«Michel Le Nobletz et ses réseaux». Politica Hermetica, 2014.
C’était bien que ce colloque universitaire s’ouvre à un large public, non spécialiste du sujet.
sur la Vie de Mr Le Nobletz, il y a deux éditions: une pour le lecteur lambda qui ne donne pas les noms propres, une autre, dont le public est visiblement breton, qui donne en marginalia les noms des personnages. toutes deux de 1666 .
Ce texte a été réédité au dix-neuvième siècle avec les notes. C’est moins cher que l’édition de 1666!
Ce qu’on ne trouve jamais dans l’édition de 1666, c’est le portrait signé Le Brun! La Vie avait été offerte au Colbert évêque, grand bibliophile devant l’Eternel.
Je dois avouer que Verjus m’ennuie un peu.
C’est Le Nobletz qui parle du Chevalier Chrétien, ou du Désireux, ce qui m’a amené à le chercher. J’ai cru l’avoir trouvé dans le roman éponyme de Commelada, ce qui m’a valu d’être traité de personnage à l’imagination débridée par une auguste autorité qui ignorait visiblement tout du livre, au point de contester une notice très documentée fournie par la BN en pensant que je l’avais fabriquée. Il y a aussi des pages de Benoit de Canfield, Le Chevalier Chrétien que je n’avais pas pu lire à l’époque, le livre étant alors non numérisé.
C’est à partir de 1623 que le Concile de Trente est appliqué, et sa directive de prêcher en langue vernaculaire. On peut penser que Nobletz, élève des Jésuites ordre fer de lance de cette Réforme, a commencé très tôt. Dans ce port sardinier, il sait calculer, peut parler avec compétence de la marée, de la navigation, passer des petits poissons aux choses de Dieu comme dit à peu près son biographe. Parmi les converties, il y a Claude Bellec qui est femme d’armateur et fort tempérament.
Les débuts, cependant, ont été très durs.
Pour le reste, c’est une sorte de partage des pouvoirs avec Henri Capitaine, Curé en titre de la paroisse, dont l’appui dure assez longtemps, jusqu’à ce qu’il veuille mettre son neveu à sa place.
Le choix d’accepter théâtralement le décret qui l’expulse en fait un personnage de légende. Je note quelque part que, parmi les pires injures langagières de Douarnenez, il y a celle-ci dont l’ancien Maire Jean Michel Boulanger peut témoigner: « tes parents ont vendu Michel Le Nobletz ! » C’est une consécration qui vaut toutes les canonisations du monde, avec les prières adressées à ce « St Michel Le Nobletz » par les marins du cru!
sur les cartes, voyez la communication de notre collègue autrichien, qui a une modestie proportionnelle à sa compétence, même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui. Détail piquant: c’est le seul qui ait admis l’importance du Typus Religionis. Et ce suffrage là, venant du spécialiste de l’iconographie de Michel Le Nobletz, équilibre le refus, voisin du déni, de certains autres.
Bien cordialement.
MC
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