de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Dubois, qualité française

Dubois, qualité française

1793

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La qualité française, on voit bien que cela a pu être au cinéma depuis l’après-guerre. Il y eut les films de François Truffaut, puis ceux de Claude Sautet, les uns et les autres frappés de ce label, noble ou indigne selon les points de vue et surtout le ton avec lequel il est prononcé. L’expression est née d’ailleurs à la suite d’un article retentissant de Truffaut en 1954 dans les Cahiers du cinéma « Une certaine tendance du cinéma français » dans lequel il dézinguait Autant-Lara, Delannoy, Clément, Carné, Clouzot, Clair, Duvivier et surtout les scénaristes-dialoguistes au service de leur prétendu « académisme » […]

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Les fantômes de la guerre civile espagnole

1217

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Pas de rentrée littéraire sans une forte présence de la guerre dans la fiction : les deux guerres mondiales bien sûr, avec un tropisme marqué pour l’Occupation (et cette fois à noter le roman d’Alexandre Seurat L’administrateur provisoire et celui de Laurent Sagalovitch Vera Kaplan sur lesquels je reviendrais), la guerre d’Algérie régulièrement et depuis peu la guerre que le terrorisme islamiste livre au reste du monde. Mais de toutes ces parutions, la plus originale concerne cette fois un type de guerre qu’un peuple s’est livré à lui-même : la guerre civile espagnole, celle-ci serait-elle à son insu le véritable premier acte de […]

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Le voyage de Simon Liberati au bout de l’horreur

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Le massacre de Sharon Tate, la femme de Roman Polanski, et de ses amis, dans sa villa de Los Angeles le 8 août 1969. L’affaire a fait les choux gras de la presse pendant des semaines. C’est la matière de California girls (342 pages, 20 euros, Stock) de Simon Liberati. L’auteur de Eva, qui nous avait soufflé l’an dernier, revient avec cette histoire atroce. Il la raconte par le menu, de la préparation du crime à la veille du procès en se focalisant sur les trente-six heures qui ont entouré le passage à l’acte. Ses sources : le dossier de presse […]

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La merveilleuse défaite d’Albert Cohen

La merveilleuse défaite d’Albert Cohen

Albert Bensoussan

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Chez Albert Cohen et dans toute son œuvre, l’idée de la disparition, de la fin du monde, de la mort – pour lui et ses « frères humains » – est très ancienne. Ce natif de Corfou, qui a connu l’exil, à Marseille où ses parents avaient trouvé refuge en 1900, et à un âge si tendre – cinq ans –, cet enfant nomade qui deviendra un adulte sédentaire, a toujours eu sous les yeux et sa vie durant l’image d’un monde instable, périssable, en voie de décomposition. Alors que l’Europe, et principalement la France, connaissent aujourd’hui la terrifiante angoisse du terrorisme […]

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Julien Blanc-Gras en terre inconnue

Julien Blanc-Gras en terre inconnue

Roméo Fratti

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On le savait journaliste et surtout globe-trotteur. En se penchant sur les ravissements de la paternité, Julien Blanc-Gras dévoile ses qualités de « reporter de grossesse ». Même si le caractère introspectif de l’écriture n’est pas sans rappeler le genre du journal intime, ce roman intitulé In utero (190 pages, 15 euros, Au Diable Vauvert) a bien un côté Livre des merveilles à la Marco Polo : après tout, la grossesse n’est-elle pas le plus « banal » et « universel » des périples ? Le plus beau aussi ? « Beau » certes, mais prenons-la avec des pincettes cette beauté de la grossesse : avec un humour décapant, fleurant bon l’autodérision […]

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Le silence d’un père suffit à inquiéter l’enfance d’un fils

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Un écrivain écrit ce qu’il a à écrire à son heure. Kairos, dieu de l’occasion opportune par opposition à Chronos, dieu du Temps et père des Heures, en a décidé ainsi. Ce n’est pas Yves Bonnefoy qui nous démentira. Son dernier livre, dans les deux sens du terme probablement (il s’est éteint le 1 er juillet à l’aube, en est la bouleversante illustration. En 1964, il s’était lancé dans ce qu’il voyait comme « une idée de récit ». Depuis, il n’avait cessé de la reprendre et d’y renoncer, d’interruptions en reprises et de reprises en renoncements. La chose, informe et confuse […]

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Le voyage initiatique d’Éric-Emmanuel Schmitt

Le voyage initiatique d’Éric-Emmanuel Schmitt

Roméo Fratti

3

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Comme la peinture, la littérature est un art du silence. La nuit de feu (Albin Michel) est un tableau du désert, d’où émane un silence habité par une surabondance de vitalité. L’écrivain se fait peintre et sa palette de nuances amène le lecteur à « (…) savourer un simple trésor, vivre ». Cet élan vers la vie prend tout son sens aux yeux d’un Éric-Emmanuel Schmitt pas encore trentenaire. Au cours d’une randonnée dans le Sahara algérien, le jeune homme de vingt-huit ans découvre la simplicité et le bien-être quotidiens d’une civilisation à la pureté presque originelle. Au troisième jour de […]

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Prisonnier de Nasser, libéré par Nadia

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On le sait depuis la Lettre du voyant (1871) de Rimbaud, « je est un autre ». Mais quand l’auteur s’abrite derrière un pseudonyme dissimulant un tandem ? Alors « je est deux autres » ? Etrangeté de ce « je » à deux qui resurgit dans le roman de Mahmoud Hussein Tenir tête aux dieux (165 pages, 17,50 euros, Gallimard). Ils sont français d’origine égyptienne, ils ont veillé pendant des années à la bonne marche du Courrier de l’Unesco, ils se sont fait connaître en 1974 lorsque Jean Lacouture les a mis face à l’historien Saül Friedlander pour ce qui deviendra Arabes et Israéliens. Un premier dialogue […]

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Quand l’affaire Iveton devient l’affaire Andras

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Le 11 février 1957, un militant communiste du nom de Fernand Iveton, 30 ans, a la tête tranchée par la lame de la guillotine. Il est et demeurera le seul Européen exécuté par la justice de l’Etat français durant la guerre d’Algérie. Celui que la presse populaire de métropole qualifie de « tueur » ou de « terroriste », et ceux qu’il prétend aider des « rebelles », en un temps où l’on parle toujours d’ « événements » et pas encore de « guerre d’Algérie ». Natif du Clos-Salembier, quartier populaire d’Alger, militant communiste et anticolonialiste rallié au FLN, il a été volontaire dans son organisation pour réaliser un attentat […]

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Le « coeur simple » de Marie-Hélène Lafon

Le « coeur simple » de Marie-Hélène Lafon

Eric-Emmanuel Schmitt

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  Il y a des textes dont la modestie touche au sublime. Histoires (Buchet-Chastel) de Marie Hélène Lafon, qui vient d’être couronné du Goncourt de la nouvelle, appartient à cette bibliothèque-là, une bibliothèque qui affiche comme trésors principaux Un cœur simple de Flaubert ou Vies minuscules de Pierre Michon. Pourquoi parler de modestie ? Ses personnages demeurent des humbles et son écriture, suivant la grande règle selon laquelle le fond commande la forme, n’attire pas l’attention sur elle. Récit et phrases procurent au lecteur une jouissance savoureuse, ininterrompue, mais ni les héros de Marie-Hélène Lafon ni son style ne « font l’intéressant ». […]

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