de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Littérature de langue française

Les moments de vérité d’Eric Vuillard

1085

commentaires

Il y a comme ça des écrivains qui ne laissent pas respirer leurs fidèles lecteurs. A peine achevé, digéré, loué leur dernier livre qu’un autre arrive. Assez bref en principe, sinon on ne voit pas comment cela serait possible. Généralement les chroniqueurs rechignent à y revenir trop tôt et trop vite de crainte de lasser les abonnés. Sauf exception. Faut-il qu’elle s’impose pour que je vous parle à nouveau d’Eric Vuillard après avoir dit ici-même le 27 janvier dernier le plus grand bien de ses récits historiques, bijoux littéraires qui s’attaquent à l’Histoire non avec une grande hache pour tailler […]

lire la suite .../ ...
Barbarie des « Misérables »

Barbarie des « Misérables »

Roméo Fratti

14

commentaires

Dans l’Antiquité, le terme ‘barbare’ est utilisé par les Grecs, puis par les Romains. Le barbaros ou barbarus désigne alors l’étranger, celui qui se situe à l’extérieur de la civilisation, entendue comme société ou communauté aux mœurs civilisées. Cet attribut de la barbarie implique, par définition, une exclusion, une non-participation à la vie politique. Or, dans Les Misérables, certains personnages se situent d’emblée ou se retrouvent dans un état de marginalisation. C’est le cas notamment de Thénardier, figure du ‘mauvais pauvre’, dont les actes sont en net contraste avec les mœurs a priori policées de la société ; de Fantine, que […]

lire la suite .../ ...
Il n’y a pas d’âge pour se sentir orphelin

472

commentaires

Il n’y a pas d’âge pour dire « Papa » ou « Maman » même si d’autres préfèreront toujours dire « mon père » ou « ma mère ». Question d’éducation et de milieu, de sensibilité et de pudeur aussi. Il faut parfois oser s’autoriser. Vingt ans après sa mort, Metin Arditi revient sur l’homme que fut son père, son héros. En écrivant Mon père sur mes épaules (168 pages, 15 euros, Grasset), il lui retourne les os selon un vieux rituel africain qui, lui, n’a rien de métaphorique. Dénuées de toute nostalgie, un piège dans ce genre d’exercice, ses réminiscences l’entrainent à louer sa sagesse, sa force, […]

lire la suite .../ ...
Ce que les oiseaux ont murmuré à l’oreille de Pascal Quignard

1114

commentaires

Il y a près de trente ans, Pascal Quignard enchantait les Français, et à sa suite le réalisateur Alain Corneau, en leur révélant les figures méconnues de compositeurs d’un autre temps, Marin Marais et Monsieur de Sainte-Colombe. Le succès de Tous les matins du monde, tant la brève nouvelle que le film qu’elle inspira, lança le renouveau de la musique baroque en France, du moins auprès d’un grand public qui ne l’avait guère fréquentée. Cet engouement n’a jamais cessé depuis, en témoigne ces jours-ci encore le choix de la programmation de Alcione (1704), tragédie lyrique de Marin Marais sous la […]

lire la suite .../ ...
Le génie des lieux

Le génie des lieux

489

commentaires

Il n’y a pas que les personnes : les maisons aussi peuvent résister. Offrir de la résistance. C’est la manière la plus fascinante et énigmatique par laquelle peut se traduire un phénomène impalpable que l’on appelle le génie des lieux. Faute de mieux et par défaut car comment le dire autrement lorsqu’un endroit lourd de sa propre histoire se met à raconter ce qu’il a vu et ce qu’il a vécu. On sait que les murs parlent mais rares sont ceux qui savent les écouter. Des poètes, sûrement ; des écrivains, parfois. Ces maisons sont habitées. Pour ne pas dire hantées. Elles […]

lire la suite .../ ...
Albert Memmi, dedans et dehors

Albert Memmi, dedans et dehors

Albert Bensoussan

4

commentaires

S’il est un homme à avoir pensé la Tunisie au temps de l’Indépendance, c’est bien l’écrivain Albert Memmi, romancier à succès – prix Carthage 1953 –, intellectuel engagé et sociologue accompli. La littérature de langue française en Tunisie commence réellement avec lui et la publication de La statue de sel, roman parrainé par ce grand découvreur que fut Maurice Nadeau et préfacé par Albert Camus. Memmi est alors un Tunisien convaincu. Né en 1920, à l’approche de son centenaire, il nous livre dans Tunisie, An I (édité et annoté par Guy Dugas, Biblis, CNRS éditions, 226 p., 10 €) ses carnets […]

lire la suite .../ ...
Translation de Rabelais

Translation de Rabelais

Marie-Madeleine Fragonard

6

commentaires

Ceci n’est pas, ne peut pas être une traduction. Tout le monde vous le dira, on ne traduit pas une langue en elle-même. Tout au plus des exercices de style comme ceux de Raymond Queneau permettent-ils de changer les niveaux de langues et styles de rédaction. Nous ferons donc des exercices de style en changeant de temps. Pourtant bien des gens vous le diront, Rabelais parle une langue étrangère. Française sûrement (quoique bien mêlée), mais archaïque, et si archaïque que l’usure du temps ne nous permet même pas de constater qu’elle n’était déjà pas immédiatement intelligible pour les lecteurs du XVIème […]

lire la suite .../ ...
Gloria victis !

Gloria victis !

801

commentaires

Quand on n’est pas soi-même conservateur, réac, daté ni ringard, il faut oser s’emparer d’un genre tel que le roman historique, qui pâtit depuis des lustres de cette réputation aux relents de naphtaline, pour espérer le renouveler. Ce défi, un écrivain français l’a déjà relevé en quelques livres à peine (édités par Actes sud à l’exception du premier chez Léo Scheer) ; et il a tenu son pari sur la durée avec un tel brio que l’on se demande s’il n’a pas réinventé l’un des plus vieux genres littéraires. Pour autant, le discret Eric Vuillard ne la ramène pas. Régulièrement remarqué […]

lire la suite .../ ...
Des années légères aux années de plomb

846

commentaires

On le sait bien : ce n’était pas mieux avant. Ou plutôt : si notre mémoire, en cela aidée par le mythe édénique, a fabriqué l’idée que c’était mieux avant, c’est juste parce que nous étions plus jeunes, souvent plus insouciants, pas encore alourdis par les responsabilités et pas gagnés par le désenchantement, l’amertume, le regret –selon les cas. De là à s’imaginer qu’on est passé de l’âge de l’innocence à celui de la barbarie, il n’y a qu’un pas de deux esquissé par deux livres que tout oppose. Dans Place des Vosges (150 euros, 16 euros, Seuil), Michel Braudeau, né en […]

lire la suite .../ ...
Creuser l’énigme dans la langue avec Pascal Quignard

819

commentaires

« La première œuvre de la littérature française date du mercredi 12 février 881, à Valenciennes, sur les bords de l’Escaut. La tradition a intitulé ce premier poème écrit en français Séquence de Sainte Eulalie… Remonter aux origines de l’origine, Pascal Quignard n’a jamais cessé de s’y aventurer de livre en livre. Cette fois, celles de la langue et de la littérature françaises. Il poursuit dans Les Larmes (214 pages, 19 euros, Grasset) son exploration obsessionnelle car inassouvie du jadis. Rien ne le passionne comme le moment où ça bascule que ce soit dans une vie, dans une ville ou dans un […]

lire la suite .../ ...