de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature de langue française

Pour saluer Claude Michel Cluny

Pour saluer Claude Michel Cluny

Jean-Yves Masson

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Orphée vient de mourir. Une nouvelle fois. Il renaîtra donc, comme le veut la légende, si profonde, mais il n’aura plus jamais ce visage. Chaque poète digne de ce nom est Orphée. Les incarnations d’Orphée au fil des millénaires sont nombreuses, mais pas innombrables en un temps et en un pays donnés. Un vrai poète est une chose rare. Dans le cas de Claude Michel Cluny (2 juillet 1930 –11 janvier 2015), le nom d’Orphée s’impose d’autant mieux qu’il avait choisi de placer sous la protection du premier poète de la Grèce antique, et donc d’un grand mythe païen, la […]

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Michel Houellebecq, subversif et irresponsable comme jamais

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Donc, Houellebecq. Impossible de le contourner, de faire l’impasse ou de passer par-dessus. Quoi qu’on pense de lui ou de ses livres, il est là, occupe le terrain et domine la scène littéraire française depuis près de vingt ans. A l’étranger, il est « le » romancier français par excellence, le plus traduit, le plus commenté, fût-ce souvent pour de mauvaises raisons, étant celui par qui le scandale arrive. Précédé par sa légende, chacun de ses romans est un événement avant même d’être publié, phénomène qui lui vaut le statut de phénomène de société. Soit, mais ce qui compte, c’est le texte […]

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Des mondes à l’agonie

Des mondes à l’agonie

Philippe Godoy

3

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L’été 1893, dans un superbe palais vénitien, au bord de la lagune, séjourne le compositeur Tchaïkovski. Il est reçu par le propriétaire du palais, le docteur Barparoz. Ce dernier reste invisible, son mécénat semble mystérieux. Certes il reçoit généreusement des artistes ; il leur laisse une liberté totale pour se concentrer sur leur création. Mais le célèbre compositeur russe et les autres invités ignorent que le contenu des poubelles du palais est  soigneusement  conservé et permet au docteur de se constituer une inestimable collection d’inédits. Ainsi Tchaïkovski jette l’argument  et la partition d’un projet de ballet ‘Le mannequin d’or’ sans penser […]

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2015 : Faites vos voeux… les voeux sont faits… rien ne va plus !

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« Il y a/ des prunes Dans le frigidaire Elles sont froides/et délicieuses Pardon, je les ai mangées Un poème/ c’est pratique Avec/ sois sage oh ma douleur Regarde comme ça se déroule Ca s’arrête/ et on enjambe Et ça se déplie ensuite simplement Regarde la poésie/ c’est facile Ramasser les morceaux/ les poser Aussitôt dit/c’est fait On inspire Blancs flottants/ réglables Ca respire Je vais te guider/ pas à pas Un attelage Pareil/ que pluie et neige descendent du ciel Le décor suivra en tirant un bout de tissu De même la parole/ qui sort de ma bouche Ne doit […]

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L’autre « Royaume », celui de Julien Gracq

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Celui-là, je m’en gardais la lecture pour la fin de l’année, afin de l’inscrire dans l’un de ces rares moments où le temps suspend son vol, lorsque la fourmilière semble marquer le pas et la société se retirer du moins dans les grandes villes, et que quelques uns des maux de l’époque – vitesse, précipitation, superficialité…- semble s’être absentés, entre Noël et Jour de l’an. On se prépare ainsi quand on s’attend à vivre des instants savoureux pour l’esprit et goûteux pour les sens.  Rien moins qu’un événement pour la librairie que les fidèles d’un écrivain s’approprient comme un événement […]

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Diable de Caubère !

Diable de Caubère !

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Mais comment fait-il ? Trois heures durant, Philippe Caubère est partout sur la scène de l’Athénée-Louis Jouvet, on ne voit et on n’entend que lui, et à la fin, il a l’élégance de ne pas paraître exténué quand les spectateurs le sont allègrement d’avoir autant savouré, souri et surtout ri sans discontinuer. Que c’est bon d’entendre des gens rire de bon cœur, d’un rire qui n’est pas le rire gras des shows télévisés ni le rire de dérision que Canal + a incrusté dans les esprits. Rire moliéresque, finesse de marivaudage, tragique russe, hénaurmité rabelaisienne, humour bouffon, ridicule de la farce, et […]

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Prix Goncourt : Salvayre Regina !

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Le prix Goncourt 2014 a été attribué au cinquième tour de scrutin à Lydie Salvayre pour Pas Pleurer par 6 voix contre 4 à Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud. Le prix Renaudot, décerné dans une pièce attenante du restaurant Drouant, est allé à David Foenkinos pour Charlotte. Le Seuil n’avait pas eu un auteur couronné par l’Académie Goncourt depuis vingt-cinq ans, Eric Orsenna étant le dernier pour L’Exposition coloniale. Lydie Salvayre, qui a abandonné il y a deux ans son métier de pédo-psychiatre dans un hôpital en région parisienne, a publié une œuvre riche d’une vingtaine de titres, des romans et […]

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Y a-t-il vraiment un « style Minuit » ?

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Et dire qu’il y en a pour s’imaginer qu’un écrivain change de style en changeant d’éditeur ! Ou que, à tout le moins, son œuvre franchit une nouvelle étape après une rupture à laquelle quelques éditeurs, plusieurs critiques et certains universitaires accorderaient volontiers le statut d’épistémologique. D’aucuns ont voulu croire que celle de Simenon avait connu autant de périodes que celle de Picasso, ses éditeurs lui accordant sa couleur : la période Fayard, la période Gallimard et la période Presses de la Cité. Ce qui ne résistait pas à l’examen. Et pourtant, il arrive que des maisons d’édition de petite taille impriment […]

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Le castellologue est l’amer de toutes les batailles

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Vous auriez tort de prendre le sable à la légère car c’est de la guerre qu’il s’agit. Du moins est-ce le sentiment qui enveloppe l’estivant qui sommeille en tout lecteur, fût-il éventuellement un estivant honoraire ou émérite, nostalgique de vacances datant d’une lointaine enfance, mais toujours sensible à l’émoi balnéaire. Sauf que lorsqu’il progresse dans Les Barrages de sable (298 pages, 16 euros, Grasset) sous-titré « Traité de castellologie littorale », il prend progressivement la mesure du projet de Jean-Yves Jouannais, lequel dépasse la polémologie de plage pour se donner une triple dimension littéraire, historique, esthétique. Tous ceux qui, comme lui, ont […]

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Patrick Modiano et Annie Ernaux sur le fil incertain de leur mémoire

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Un malaise s’installe, un certain trouble nous enveloppe, puis nous envahit avant de nous hanter durablement. C’est la magie Modiano, dès l’entame. Rien à expliquer sinon cela n’en serait pas. Un homme trouve un carnet d’adresses perdu et insiste pour le ramener à son propriétaire. Mais en le feuilletant, il tombe sur un nom pour lequel il manifeste une intense curiosité. Son insistance n’est donc pas gratuite. Dès la première page de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier (160 pages, 16,90 euros, Gallimard), roman sans dédicataire, fait inhabituel chez cet écrivain, tout est installé à commencer […]

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