de Pierre Assouline

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La République des livres

LE COIN DU CRITIQUE SDF

Des mondes à l’agonie

Des mondes à l’agonie

Philippe Godoy

3

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L’été 1893, dans un superbe palais vénitien, au bord de la lagune, séjourne le compositeur Tchaïkovski. Il est reçu par le propriétaire du palais, le docteur Barparoz. Ce dernier reste invisible, son mécénat semble mystérieux. Certes il reçoit généreusement des artistes ; il leur laisse une liberté totale pour se concentrer sur leur création. Mais le célèbre compositeur russe et les autres invités ignorent que le contenu des poubelles du palais est  soigneusement  conservé et permet au docteur de se constituer une inestimable collection d’inédits. Ainsi Tchaïkovski jette l’argument  et la partition d’un projet de ballet ‘Le mannequin d’or’ sans penser […]

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De la Bible au Quijote

De la Bible au Quijote

Dominique Aubier

26

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Chaque peuple célèbre avec solennité l’ouvrage – chasse, danse ou littérature – qui interprète son génie et correspond à sa maîtrise. Mythe sacré ou art, un tel ouvrage honore une disposition de l’esprit collectivement ressentie, préférée à toute autre et, par là, ligatrice. Certains peuples voient le mobile de leur volonté créatrice confondu à un livre ; ainsi Israël. L’Espagne, également, a placé un livre sur l’autel de son génie : L’Histoire de l’Ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche. Elle paraît en 1605, publiée par les soins des libraires éditeurs Blas de Robles, sur les presses de Juan de la […]

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Comment ranger le corpus aristotélicien

Comment ranger le corpus aristotélicien

Pierre Pellegrin

3

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Il y a deux façons d’analyser les textes d’un corpus en vue de les ranger dans un ordre chronologique. On peut d’abord s’appuyer sur des critères doctrinaux, en déclarant des passages porteurs d’une doctrine plus « archaïque », et plus anciens que des textes plus « avancés ». On est évidemment grandement aidé dans cette entreprise si l’auteur lui-même a fourni des indications en ce sens, ce qui n’est malheureusement pas le cas d’Aristote. On peut aussi prendre en compte des critères stylistiques, parce que, au cours de sa vie, tout écrivain évolue dans ses manières de s’exprimer. C’est cette dernière […]

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En fuyant la montée du fascisme

En fuyant la montée du fascisme

Philippe Godoy

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Dans Tanta Vita ! (traduit de l’italien par Renaud Temperini, 228 pages, 17 euros, Belfond), Paolo di Paolo évoque la brève existence de Piero Gobetti (1901-1926). Turinois, fils d’épiciers, très jeune, il parvient à créer, avec peu de moyens, une revue et une maison d’éditions. Parmi les poètes publiés, un jeune inconnu, Eugenio Montale qui sera une grande figure de la littérature italienne. Sur  les problèmes liés à des débuts difficiles, va se greffer la montée du fascisme et la prise du pouvoir par Mussolini. Alors,  la revue surtout consacrée à la littérature, devient une tribune virulente contre les atteintes à […]

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Dreyfus, au-delà de l’Affaire

Dreyfus, au-delà de l’Affaire

François Maillot

21

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Je le dis sans fausse pudeur : La vraie vie du capitaine Dreyfus (Tallandier, 216 pages, 18,90€) de Laurent Greilsamer m’a profondément ému. Il ne s’agit pas tant d’apprendre des faits nouveaux sur l’Affaire qui a divisé la France et l’a marquée au fer rouge. Tout a été dit. Mais au fond, derrière l’Affaire, l’homme disparaissait. C’est l’immense mérite de Laurent Greilsamer que d’avoir remis au centre de cette histoire le principal protagoniste, celui que partisans et adversaires, tout à la joute politique et au combat des idées ont oublié, instrumentalisé et traité comme un dommage collatéral. S’appuyant sur le journal […]

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La religion de la poésie selon Yu Jian

La religion de la poésie selon Yu Jian

Françoise Siri

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Yu Jian est impassible, comme une statue de bronze, sur la scène de la Maison de la Poésie de Paris. On devine, derrière le masque du visage, une fébrilité, une inquiétude et une grande attention. Il commence par lire en chinois, avant d’être traduit. Sa langue est très musicale : il répète souvent le même son, comme une litanie, comme un martèlement, par exemple celui du mot qui signifie “mur” et qui donne son titre à un poème de son tout dernier recueil. Le mur, le mur qui enferme les hommes en Chine, le mur dans la culotte des garçons […]

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Discours de Guadalajara

Discours de Guadalajara

Yves Bonnefoy

10

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Je remercierai d’abord le jury de la Foire Internationale du Livre de Guadalajara qui m’a décerné son prix cette année. Je sais la qualité des attributions qui ont été faites dans le passé de cette distinction, et je ne puis donc que ressentir le choix qui a été fait de mon œuvre comme un très grand honneur, dont j’espère que je suis digne. Mais je veux aussi remercier tous ceux qui par leurs initiatives, leur soutien actif, leur travail, assurent l’existence du prix, lui permettant d’occuper la grande place qui est la sienne sur la scène internationale. C’est du fond […]

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1914, année Péguy

1914, année Péguy

Claire Daudin

8

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« Où est votre semaine ? Quelle sera votre fête ? Quel est votre anniversaire ? Quel jour sera le jour de votre commémoration ? Quel jour les petits arrivistes ultérieurs célèbreront-ils, organiseront-ils votre glorieux cinquantenaire, votre centenaire, votre bi-, votre cinq-centenaire. Il faut tout cela pour l’histoire « [1]. Tels sont les mots que Péguy prête à Clio, la muse de l’histoire, dans A nos amis, à nos abonnés, texte de juin 1909 qui ressasse l’échec du dreyfusisme dont le gérant des Cahiers de la Quinzaine fait une tragédie personnelle et nationale. En commémorant le centenaire de sa mort, en dédiant à Péguy non […]

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Sade, ce fin rhétoricien

Sade, ce fin rhétoricien

Michèle Vallenthini

23

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Si la rhétorique classique préconise le modèle idéal d’une parole efficace et claire fondée sur des valeurs politiques, morales et spirituelles, les caractéristiques de l’« ars bene dicendi » sadien sont par contre totalement différentes. Pour simplifier les choses, on peut les réduire à deux : premièrement, la rhétorique sadienne se caractérise par une tendance à la surenchère, ce que Villeterque qualifie de « démesure », disloquant l’équilibre classique de la rhétorique, qui n’est pourtant jamais sans une élégance classique digne d’un Bossuet. Il y a de tout, et souvent il y en a trop : trop de mots, trop de pages, trop de […]

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Shakespeare, pionnier de la théorie des genres ?

Shakespeare, le premier, pour avoir été ou être encore acteur, quand il écrit Comme il vous plaira, sait combien sont peu crédibles les jeux de masques au théâtre en termes de « ressemblance » réaliste et ce qu’il faut de complicité entre l’auteur et son public pour laisser croire qu’on y croit. À moins que le jeu soit de n’en rien croire et d’en faire un artifice de plus dans l’art du détournement maniériste où auteur et public sont de connivence dans la manipulation des leurres. Le dramaturge a saisi tout le parti à tirer du travestissement de la Rosalynde […]

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