de Pierre Assouline

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La République des livres
Tchang comme s’il n’y en eût qu’un

Tchang comme s’il n’y en eût qu’un

Il s’appelait Tchang Tchong-Jen (1907-1998) mais il était universellement connu sous le nom de Tchang comme s’il n’y en eut jamais qu’un. Cette notoriété exceptionnelle, il ne la devait pas seulement à sa présence au sein de la famille de papier constituée par Hergé au fil des 24 albums des aventures de Tintin.  Elle s’expliquait aussi par sa singularité : de tous les personnages sortis de son crayon, il était le seul à avoir vraiment existé dans la vraie vie sous le même nom que dans deux albums. Issu d’une famille d’artistes de Shanghai, père sculpteur sur bois et mère brodeuse sur soie, il achève ses études à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles lorsqu’en 1934, l’abbé Gosset, aumônier de l’association des étudiants chinois de Belgique, lui fit rencontrer Georges Remi dit Hergé, à la demande celui-ci. L’auteur à succès des aventures de Tintin chez les Soviets, au Congo et en Amérique souhaitait expédier son reporter en Chine, pays dont il ignorait tout à l’exception de sa situation de victime de l’impérialisme nippon qui cherche alors à l’écraser sous sa botte en Mandchourie et à Shanghai. De cette rencontre naquit aussitôt une amitié indéfectible entre ces deux hommes de 27 ans ainsi que l’apprentissage de l’écriture chinoise (« le vent et l’os”, le vent de l’inspiration et l’os de la fermeté graphique) et deux albums : Le Lotus bleu en 1936 (aujourd’hui réédité par Moulinsart/Casterman, colorisation de l’original noir et blanc, 23 euros), où Tintin sauvait héroïquement son jeune guide en lui évitant la noyade dans le Yang Tsé Kiang, et Tintin au Tibet en 1958, aux couvertures mythiques dans l’œuvre : un monochrome rouge et un monochrome blanc unis par un même éloge de l’amitié. A la fin du premier, Tchang, Tintin et Milou pleuraient à l’heure de se séparer alors que les sirènes du […]

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