de Pierre Assouline

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La République des livres
N° 102 L’ingénieur dans l’arche de Noé

N° 102 L’ingénieur dans l’arche de Noé

Par Jacques Drillon

Les gens qui regardent dans leur mouchoir après s’en être servi.

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L’humiliante perplexité ressentie par un auteur porté aux nues par un critique qu’il juge d’une parfaite incompétence.

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« Avoir l’âme chevillée au corps » signifie :
a. Résister à la maladie, aux blessures

b. Résister au démon et à ses œuvres
c. Résister à sa lâcheté naturelle, ou à sa paresse.

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De moins en moins d’espèces animales représentées dans les dessins animés de Walt Disney.

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Le prestige dont jouit l’artisanat. Ils disent tous : « Je suis un artisan », pour éviter de se définir artistes, et de paraître en tirer gloire. Les écrivains qui s’affichent potiers ou menuisiers. Un chapitre réussi, c’est un assemblage en queue d’aronde particulièrement bien ajusté.

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(Suite)
Le métier dont personne ne se réclame, et qui pourtant mériterait d’être usurpé : ingénieur. Celui qui rapproche théorie et pratique, et sait construire un pont, une centrale atomique, une machine-outil, un logiciel, un moteur, un essuie-glace, un implant dentaire, un haut-fourneau…

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L’extrémité d’un cheveu de l’autre qui touche votre joue. Vous la sentez, puis elle vous chatouille, puis vous irrite, puis vous fait mal.

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L’IFOP, qui assure que « plus d’un jeune adulte sur cinq ne se sent ni garçon ni fille ». Diable ! Qui constituait leur « échantillon représentatif » ? Quelques légions d’anges ?

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(Suite)
La manière élégante dont Baudelaire pose sa pierre à l’édifice que constitue depuis des siècles la querelle du sexe des anges, ou plutôt le pulvérise sans pitié : selon lui, ils sont impuissants.

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Personne ne sait
S’il existe au monde une musique aussi bête que celle de Philip Glass. Il faut croire que c’est un hapax, car la musique ne saurait être ni bête ni intelligente – ces concepts lui sont étrangers. Celle de Phil Glass, si. Elle est idiote avant toute chose, avant d’être autre chose. Sans doute avant d’être de la musique.

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Noé, qui sauve le vivant en l’abritant dans une arche. En hébreu, cette arche est appelée téva. Téva, cela veut dire aussi « mot ». On protège le vivant dans la langue. Ceux qui malmènent la langue ouvrent des voies d’eau dans l’arche des hommes.

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La lourdeur, la patauderie, le provincialisme des expressions « celui-ci », « celui-là », dans des tournures comme : « J’ai rencontré ma voisine et la fille de celle-ci », « celui-ci lui a répondu ». Manières de notaire. Presque toujours, « son » ou « sa », ou des pronoms, « le », « lui », « la », qui renvoient au terme le plus proche, suffisent, et ne laissent subsister aucune ambiguïté.

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(Exemple)
Chateaubriand, qui vend ses Mémoires d’outre-tombe en viager à un éditeur, qui pourra les publier après sa mort. Le bouquet se monte à 156 000 F, la rente annuelle à 12 000 F.

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(Fin)
« Après la mort de celui-ci » ? « De celui-là » ?
Dans « qui pourra les publier après sa mort », le possessif « sa » pourrait laisser supposer que c’est après sa propre mort que l’éditeur pourra publier. Ce qui est absurde.

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Papa, plus tard, je serai influenceur. Il paraît que c’est un beau métier. Ou alors, si ça ne marche pas, créateur de contenu.

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Dernière minute

Libé, qui surnomme Emmanuel Macron « Le variant de l’Élysée ».

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« Le Monde », qui vient de consacrer deux pages entières à un entretien avec Line Renaud.

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La troisième série de petits Papiers (Papiers découpés), parus sur Bibliobs.com, fera l’objet d’une publication en volume et n’est plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014), la deuxième (Papiers recollés) sous le titre Le cul rose d’Awa (Du Lérot 2020, disponible sur commande en librairie ou chez l’éditeur.

Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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