de Pierre Assouline

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La République des livres
Léon Bloy, le mendiant ingrat, nous écrit

Léon Bloy, le mendiant ingrat, nous écrit

Etrange réflexe en vérité celui qui nous fait parfois nous précipiter sur des catalogues de ventes tout en sachant que l’on n’y achètera jamais le moindre bout de papier faute d’avoir l’esprit ou la monomanie d’un collectionneur. Il m’arrive d’en recevoir, le plus souvent liés à un événement littéraire ou artistique. J’en ignore les évaluations, encore pénétré de la répartie du jeune Jean Genet pris en flagrant délit de vol de livre rare et amené devant les juges : « Non, monsieur le Président, je n’en connais pas le prix mais j’en sais la valeur ». Certains de ces catalogues sont si bien faits, composés, mis en pages, illustrés, imprimés, qu’ils valent bien des beaux-livres ; d’ailleurs, ils se conservent d’eux-mêmes ; mais ils sont nettement mieux documentés car les notices, établies par des spécialistes de l’homme ou de l’œuvre, sont une mine d’informations.

Dans ces moments-là, ce n’est plus à Jean Genet mais à Michel Leiris que je pense. Il m’avait dit un jour : « Certains catalogues d’expositions de peinture sont tellement beaux et complets que c’est à se demander si elles ne furent pas un simple prétexte, comme un alibi, pour les mettre en œuvre ». C’est tellement vrai et de plus en plus, en regard de la marchandisation de ces grands raouts grâce auxquels la population fait la queue en nombre deux ou trois heures durant pour passer en moyenne une poigné de secondes devant chaque tableau entraperçu.

Cette semaine, j’ai reçu le catalogue d’une vente qui se doit se tenir à l’hôtel Drouot le mercredi 15 mai à 14h. Première partie : plein de papiers de François 1er et de Louise de Savoie issus de la collection du magistrat et diplomate Jean de Selve (1475-1529), premier président du Parlement de Paris. Passons. Deuxième partie : Léon Bloy (1846-1917), lui-même, le mendiant ingrat, le pèlerin de l’absolu…. Que du Bloy en veux-tu en-voilà. Un festival ! une farandole ! Ca fulmine sur soixante de pages de catalogues et une centaine de numéros. Et pas des lettres anodines ou des notes de blanchisserie (encore que le petit feuillet où il dresse la liste de « Ceux qui m’ont lâché » soit assez piquant) : que des manuscrits originaux et des carnets de notes.

Du lourd : Le Désespéré, La Femme pauvre, Les Funérailles du naturalisme, Les dernières colonnes de l’Eglise, Sueur de sang, Histoires désobligeantes, Léon Bloy devant les cochons, Le Sang du pauvre, la Résurrection de Villiers de l’Isle-Adam sans oublier bien sûr de larges morceaux de son Journal, l’un des plus fascinants et des moins connus des journaux d’écrivains ; comme s’il était écrit que l’insuccès rencontré par son oeuvre de son vivant devait se perpétuer à titre posthume. Ne manquent à l’appel pour l’essentiel que Belluaires et porchers, les Propos d’un entrepreneur de démolition et le Salut par les Juifs (ici ce qu’en a dit Remy de Gourmont) écrit en réponse au best-seller antisémite de Drumont.

Qui possédait une telle réunion d’originaux chez lui ? Un amateur éclairé ? Une famille ? Une institution ? Ne comptez pas sur Thierry Bodin, l’expert de la vente, pour vous le confier, il est lié par le secret professionnel. Qu’importe au fond puisque grâce aux fiches de M. Bodin, nous disposons de larges extraits qui suffisent déjà à notre bonheur, nous qui n’éprouvons pas le besoin impérieux, irrépressible de posséder pour aimer.

Bloy, grand exalté du symbolisme universel, se reconnaît à la lecture d’une seule de ses lignes, même dans ses lettres. On sait ses excès de langage, son goût de l’hyperbole, ses visions mystiques, son intransigeance religieuse, la puissance de son verbe, son style tellurique, son tempérament apocalyptique, ses injures aux confrères, ses éclats et son sens du comique, ses injonctions et son chantage à la misère (« Toute personne qui possède un franc me doit cinquante centimes »). Mais quel torrent sous la plume de ce visionnaire, que ce soit celle de l’essayiste, du diariste ou de l’épistolier ! Par la qualité de sa violence et la sincérité de son exigence , il parvenait donner ses lettres de noblesse à l’abjection. Qui écrit comme cela de nos jours , Personne. Wikipédia cite Marc-Édouard Nabe… Et pourquoi pas Stalker-le-vivisecteur tant qu’on y est ! Comme s’il suffisait de manier l’injure permanente pour être Bloy, ce qui est aussi primaire que de distinguer Céline pour ses points d’exclamation. Il est d’ailleurs remarquable que le pape François l’ait cité dans sa première homélie (« Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : ‘Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable.’ Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. » ) sans que cela suscite davantage de commentaire. La lettre ci-dessous, qui témoigne en passant que l’absolu le gouvernait en toutes choses, et pas seulement dans sa foi catholique (Bernanos, pour ne citer que lui, en conserva longtemps l’empreinte) m’a particulièrement frappé par, disons, son actualité permanente dans le monde des lettres, des idées, des revues et des gazettes. Longue de trois pages et datée probablement de mars 1885, cette requête à Edmond de Goncourt, un ennemi littéraire, par le rédacteur du Pal, pamphlet hebdomadaire qui n’aura que cinq numéros, ne semble pas avoir été finalement envoyée à son destinataire. Mais rien ne nous empêche de la recevoir :

« Je suis votre ennemi. Du moins, j’ai été votre ennemi jusqu’à ce jour, peut-être même l’ennemi le plus violent que vous ayez eu. – Le meilleur ami que je me connaisse dans l’étable à pourceaux qu’on appelle la littérature contemporaine, Huysmans, m’a assuré vingt fois que j’étais injuste. M. Barbey d’Aurevilly me l’a dit aussi. N’importe. J’ai continué de foncer sur vous, en taureau spiritualiste que j’étais (…) Il est vrai que la récente lecture d’Henriette Maréchal a quelque peu diminué ma rage (…)

Je suis un désespéré, vomi par toute la presse. J’ai passé dix ans de famine à poursuivre le merle blanc de la Vérité et de l’Equité littéraire absolues. J’ai déjeuné quelquefois de croûtes de pain ramassées dans des ordures. Quand une feuille quelconque m’était ouverte, j’ai dit ce que je croyais être juste et vrai, sans jamais recourir à la salauderie du pseudonyme, offrant toute ma personne à tous les coups. Ces derniers jours, aidé d’un ami presque aussi pauvre que moi, j’ai créé Le Pal (…)

En attendant le succès qui, par miracle, semble me venir, malgré l’hostilité silencieuse de la presse entière, que je contemne de toute la force de mon désespoir, je suis affamé, expirant, en danger et l’idée m’est venue d’aller à vous, précisément parce que j’ai toujours été votre ennemi et que vous ne me devez rien (…)

J’ai besoin de 50 fr. que je vous rendrai si je peux ou que je ne vous rendrai pas, mais alors, il faudra crever, désagrément ultime qui du moins ne sera pas accompagné pour moi de l’horreur infinie d’avoir pollué ma plume, ni mon cœur en me prostituant pour les quatre sous que vaut la célébrité à la vomitive camaraderie du Journalisme contemporain… »

( » Carte postale annotée par Léon Bloy dans une série sur « Nos contemporains chez eux » ; « Réédition à l’identique du Pal, préfacée par Patirck Kéchichian, L’Obsidiane, 2002)

P.S. du 24 mai : le montant des adjudications des principaux manuscrits

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire, Littérature de langue française.

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commentaires

707 Réponses pour Léon Bloy, le mendiant ingrat, nous écrit

u. dit: à

« le reste c’est dla préparation tiède pour ton clystère »
Je suis un suppo de Besnier, c’est ça?
Je me soigne dans l’oigne, comme tu dis.

Cette conclusion est un peu celle d’un monsieur tout-le-monde philosophique.

C’est une sorte de coup d’arrêt à la démesure, mais les théories de ces techno-prophètes sont plus intéressantes (Besnier lui-même est fasciné, c’est clair, même si chez les Jés., il montre patte blanche avec sa déclaration de style kantien).

Jacques Barozzi dit: à

« Plus nous nous sentirons impuissants et déprimés, plus nous serons tentés de nous tourner vers les machines. »

N’est-ce pas ce que nous faisons déjà tous ici ?

Serions-nous des avatars « d’une humanité exténuée » ?

Et moi qui croyait que nous formions une nouvelle forme de fraternité !

u. dit: à

L’idée, c’est de distinguer ce que Besnier pense et ce que disent les auteurs qu’il étudie, Journée entière
(Vous êtes le petit frère de Marguerite?).

Jacques Barozzi dit: à

que nous inventions une nouvelle forme…

Sigismond dit: à

entre Court et Chaloux, quel est le plus comique des deux : boudegras avec gode ceinturon

u. dit: à

une nouvelle forme de fraternité

D’accord, mais on laisse les queues à l’entrée, comme les flingues chez les Philippins.

des journées entières dans les arbres dit: à

Non, non, U, l’idée, c’est que vous lisiez ce que j’ai répondu à propos de cet entretien de JM Besnier, avant de penser à mes petites soeurs.

u. dit: à

Léon Bloy, le diamant en gros.

Jacques Barozzi dit: à

« Léon Bloy, le mendiant ingrat, nous écrit »

Planquons-nous, il vient nous taper de 50 euros !

oeeo dit: à

Et moi qui croyait que nous formions une nouvelle forme de fraternité !
vous voyez bien que vous êtes encore susceptible de croyances familiales et filiales irraisonnées

bouguereau dit: à

techno-prophètes

le mot fait l’heidegueur au bois devisant avec choppe et plumeau..jle méprise pas l’heidegueur note, pas du tout même, chus pas l’genre a dire que tout cqui dit c’est nazi pis tout..tient en parlant d’machine zouzou..écoute bien
https://www.youtube.com/watch?v=7yt8qvKO3Hs

bouguereau dit: à

putain elle est coupé bordel de cul!..bref..la « machine » c’est un truc tout proche de l’homme..un live c’est une machine zouzou..évidemment

Jacques Barozzi dit: à

Il a rempilé pour Londres, Ferdine, le boug ? Gen Paul n’aime pas les bonniches !

Qui siffle ? dit: à

– Pour qui est ce serpent qui siffle sur nos têtes?
– Ce n’est point un serpent, c’est renatus pigmentatus qui achève son rôt.

Jacques Barozzi dit: à

« vous êtes encore susceptible de croyances familiales et filiales irraisonnées »

Et peut-être aussi d’un peu d’autodérision, non, oeeo ?

bouguereau dit: à

Gen Paul n’aime pas les bonniches !

c’est des citadins parisiens à gros bec..mais ils font ceux la qui mangent dans des vases a longs cols de cygne..bref ils savent pas ce qui est bons..l’ont oublié ! ce qui est pire

bouguereau dit: à

ceci dit j’aime bien gen paul..bordel c’est vrai qu’on trouvait ses toiles pour rien y’a pas si longtemps..j’en ai même vu chez des brocs un peu chics..enfin y’a longtemps
quand même causer comme il cause c’est une ascèse tu trouves pas, molière avait pas tout bon avec ses ridicules

renato dit: à

Faut voir.
Il y a des livres machine,
de livres traineaux, des livres char
— d’où l’expression « arrête ton char » —
il y a aussi les machines type
« Stars Fell On Alabama »
(Armstrong & Fitzgerald) :
http://www.youtube.com/watch?v=YzGKm1XC_aY
ce qui n’a rien à voir avec les perspectives de Deleuze et Guattari,
ni avec les bachelor machines de Michel Carrouges et d’Harald Szeemann
mais peut-être quelque chose en commun avec « L’Invention de Morel »
un livre machine…

la guerre des stalking-gangs dit: à

La technologie est l’alibi de nos faiblesses humaines

Un alibi ou une accusation ?
Flamelessensassobsessionnellement

renato dit: à

Les faiblesses sont l’alibi… ou bien le prétexte — on entend souvent ça…

la guerre des stalking-gangs dit: à

le gueule à queue ici semble décidé à ne pas en finir..

la traque dit: à

la guerre des stalking-gangs dit: 5 mai 2013 à 15 h 47 min
le gueule à queue ici semble décidé à ne pas en finir..

Il vient harceller qui ce con?

la guerre des stalking-gangs dit: à

renato dit: 5 mai 2013 à 15 h 47 min

Les faiblesses sont l’alibi… ou bien le prétexte — on entend souvent ça…

Non pas souvent, par moments

la guerre des stalking-gangs dit: à

Mais ça dépend parfois du nombre de volontaires

renato dit: à

« Non pas souvent, par moments »

Évidemment, mais ce sont des moments qui témoignent de la maitrise du mensonge…

JC dit: à

Bloom dit: 5 mai 2013 à 14 h 04 min

Mon brave, mon pauvre Bloom, il faut changer de calmant ! Celui-la ne donne rien, il ne marche pas. Pourtant j’avais bien précisé au potard : « Donnez-moi un truc puissant pour petit fonctionnaire nerveux qui n’aime pas les humains qui le contredisent…! »

Elixir dit: à

JC dit: 5 mai 2013 à 16 h 06 min

Mieux vaut une potion pour fonctionnaire cultivé, celle pour « Vieux BOF agité à la vue d’la Frigide » est trop indigeste.

Philippe Régniez dit: à

Court, vous êtes donc « ami » avec la mafia des suceurs de cadavres québécois, quelle surprise. Vous êtes comme Pouillon, ce que les Anglais appellent a fraud, même esprit de cour de récréation, même argument qui laisse pantois : ça il l’a pas lu, il parle pas anglais… On va loin, on va haut, pas vrai court. Est-ce que vous regardez votre merde quand vous avez chié, court ?

la guerre des stalking-gangs dit: à

ce sont des moments qui témoignent de la maitrise du mensonge…

en allant jusqu’à devenir une forme de solidarité cela peut faire comme un froid dans le dos !

Philippe Régniez dit: à

Tiens, Court, pour vous tout seul. Je vous laisse dans les bras de Mona Ozouf, ça va vous plaire.

« L’Homme, Ernest Hello. 396 pages

Réédition de ce texte mythique de E. HELLO, qui devrait faire partie du programme des classes de première ou de terminale. Ce livre apporte une réflexion et un argumentaire de premier ordre sur toutes les manifestations de la folie et du mal qui nous entourent. C’est une lecture essentielle pour les lecteurs exigeants.

Ernest Hello a souvent été comparé à Pascal. Certes, l’impact de leurs propos et la justesse de leurs tirs peuvent le permettre.
Mais Pascal était un janséniste recroquevillé sur lui-même, tandis que Hello n’était concerné que par l’être, c’est-à-dire par la manifestation active du divin en lui et en tout, et du moyen de se placer en harmonie avec.

Penseur original, mais aussi poète incroyable. Il faut lire ses pages lumineuses sur la vapeur, le télégraphe électrique ou encore la photographie.

Les Editions de La Reconquête se proposent de publier l’œuvre complète de Ernest Hello, troisième pointe du fer de lance de la littérature catholique du 19ème siècle, avec Barbey d’Aurevilly et Léon Bloy. »

Haricotage dit: à

« Bravo à Daaphnée pour tenir le créneau! »
Zouzou

Mais oui il l’aura son susucre, il remue si bien de la queue.
Même pour ça Chaloux ne fait pas le poids.

JC dit: à

Bien vu, Elixir !
on va changer de potion : un calmant pour petit fonctionnaire cultivé, subissant un rejet de greffe … ça arrive.

Haricot cuit dit: à

certains ont une queue, d’autres un haricot sec.

u. dit: à

On ne dit pas Court mais Marc Court ou M. Court.

« ami » avec la mafia des suceurs de cadavres québécois
C’est un peu roide.

même esprit de cour de récréation
Non, c’est moi.

Est-ce que vous regardez votre merde quand vous avez chié
Ça m’interloque.
(C’est pas un peu du chiqué? du bloy sans soif?)

u. dit: à

« Mais oui il l’aura son susucre, il remue si bien de la queue. »

Battement minuscule, d’après J. Barozzi.
Mais je compte sur l’effet papillon.

JC dit: à

Confondre une pensée élevée avec un petit battement de queue : j’aurais tout lu, ici bas !

JC dit: à

J’aime bien l’atmosphère des fins de bal, ou celle des fins de billet…

renato dit: à

« C’est pas un peu du chiqué? du bloy sans soif? »

Non, c’est plutôt la reconquête… plus puce-chique que chiqué…

u. dit: à

Les fins de manif?
Quand enfin on s’esprim’?

hamlet dit: à

renato, le XIXè? seuls ceux qui, aujourd’hui, ne connaissent rien du passé (culture, arts, humanités…) sont les mieux à même de construire rapidement un avenir paisible.

Kwaï ! Kwaï ! Kwaï ! dit: à

Hello, la re con quête, quête, quête.

hamlet dit: à

renato, dans la peinture à partir de quelle date peut-on situer la disparition de l’homme sous sa forme visible ?

La mauvaise langue dit: à

N’insultez pas Pascal, de grâce…! Pascal et son immense génie.

Question pascalienne : « D’où vient qu’un boiteux ne nous irrite pas et un esprit boiteux nous irrite ? À cause qu’un boiteux reconnaît que nous allons droit et qu’un esprit boiteux dit que c’est nous qui boitons. Sans cela nous en aurions pitié, et non colère. »

Vous aurez ainsi compris la source de toutes les saintes colères de la Rdl…

DHH dit: à

@bouguereau
vous aimez Gen Paul.
soit;cela peut plaire;il n’est pas pire que d’autres peintres moyens de l’ecole de Paris .
Mais moi je ne peux regarder ses tableaux sans que ma vision soit parasitée par ce que je sais du bonhomme,son statut de personnage bien en cour sous l’occupation ,cet ami de Celine qui illustre son oeuvre dans un ouvrage publié en 1943

La mauvaise langue dit: à

Là où Pascal se goure complètement, c’est quand il prétend que : « L’homme est ainsi fait qu’à force de lui dire qu’il est un sot, il le croit. »

La Rdl est la preuve constante du contraire…

La mauvaise langue dit: à

Que Pascal a AUSSI inventé la Rdl et son champ d’épandage :

« Épictète, ceux qui disent : Vous avez mal à la tête.
Ce n’est pas de même. On est assuré de la santé, et non pas de la justice. Et en effet la sienne était une niaiserie. »

Grande réflexion de Pascal sur la bêtise humaine : « Le bec du perroquet, qu’il essuie quoiqu’il soit net. »

« La grandeurd e l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable.
Un arbre ne se connaît pas misérable.
C’est donc être misérable que de se connaître misérable, mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable. »

Une idée qui avance dit: à

La mauvaise langue dit: 5 mai 2013 à 17 h 06 min
Là où Pascal se goure complètement, c’est quand il prétend que : « L’homme est ainsi fait qu’à force de lui dire qu’il est un sot, il le croit. »
La Rdl est la preuve constante du contraire…

Ne désespérons pas de Chaloux.

Comme quoi dit: à

« Un arbre ne se connaît pas misérable. »

Et pourtant le saule pleure.

Chaloux dit: à

« Quand quelqu’un vous dit: « je me tue à vous le dire », laissez-le mourir ».
Jacques Prévert.

Laissons cela…

La mauvaise langue dit: à

La Nature n’existe pas :

« Les pères craignent que l’amour naturel des enfants ne s’efface. Quelle est donc cette nature sujette à être effacée ?
La coutume est une seconde nature, qui détruit la première.
Mais qu’est-ce que nature ? Pourquoi la coutume n’est-elle pas naturelle ?
J’ai grand peur que cette nature ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est une seconde nature. »

Si c’est pas hyper bien chiadé un tel texte pour vous emberlificoter et vous envouter les neurones, mes petits chérie, alors je sais pas ce qu’il vous faut, moi !

Réfutons Pascal dit: à

« Un arbre ne se connaît pas misérable. »

Chaloux non plus, donc ?

Pari sur l'avenir dit: à

« mes petits chérie »
LML

Après bien des réflexions Mimi est finalement adepte du mariage monoparental pour toutes.

La mauvaise langue dit: à

Le saule pleure mais pour dire son bonheur d’être un saule qui pleure. Non seulement il n’est pas misérable mais ne se connaît pas misérable même si il l’était, ce qu’il n’est pas.

u. dit: à

Vous parlez de Pascal, Mauvaise langue, comme une dame me parlait de son rejeton en louant ses « mots d’enfant ».

N’est-ce pas une lecture « hypocoristique » (comme il ETAIT génial, le petit Pascal, comme il DÉPASSAIT les autres de toute une tête)?

Bloom dit: à

qui n’aime pas les humains qui le contredisent

JC, humain? La bonne blague.Infra, certes, para-, sans doute…Mal abouti, pas fini et déjà sur la sortie.
Payé par l’extrême droite pour occuper l’espace, sa Médiocrité s’imagine avoir une quelconque importance. Un grotesque.

renato dit: à

« … dans la peinture à partir de quelle date peut-on situer la disparition de l’homme sous sa forme visible ? »

Que voulez-vous dire par là hamlet ?

Enfin, si on prends l’histoire des arts plastiques dès leurs débuts connus, c’est plus le temps où l’homme est absent que le contraire…

Jacques Barozzi dit: à

« Le saule pleure mais pour dire son bonheur d’être un saule qui pleure. Non seulement il n’est pas misérable mais ne se connaît pas misérable même si il l’était, ce qu’il n’est pas. »

L’original est nettement supérieur à la contrefaçon !

La mauvaise langue dit: à

Pourquoi, c’est pas assez bien une lecture hypocoristique de Pascal ?

« Nous connaissons la vérité non seulement par la raison, mais encore par le cœur. (…) Cette impuissance ne doit donc servir qu’à humilier la raison, qui voudrait juger de tout, mais non pas à combattre notre certitude. » etc.

La mauvaise langue dit: à

Pourquoi contrefaçon ? Quand on veut noyer son chien, on l’accuse de la rage…

Le pire serait évité dit: à

Jacques Barozzi dit: 5 mai 2013 à 17 h 49 min
L’original est nettement supérieur à la contrefaçon !

Et pourtant, que demander de plus qu’une contrefaçon de baroz.

La mauvaise langue dit: à

« Cela suffit pour embrouiller au moins la matière. »

Faudra que j’écrive un jour un essai pour montrer que Pascal a écrit en fait un traiter d’embrouillage… C’est pas très universitaire, bien sûr, mais c’est un angle de lecture tout à fait passionnant pourtant.

La mauvaise langue dit: à

Grandeur de l’homme dns la concupiscence même, d’en avoir su tirer un règlement admirable et en avoir fait un tableau de la charité. »

On voit qu’il ne connaissait pas la Rdl à cette époque…

renato dit: à

Il me semble que Alexander Pope reçut un panier de figues de Smyrne ; qu’il mangea les figues et laissa le panier près de la pièce d’eau de son jardin… une branche prit racines, et devint vite un beau arbre, etc. C’est comme ça que le saule pleureur arriva en Angleterre. Un ami américain de Pope planta dans son jardin sur les rivages du Potomac une branche de l’arbre de Pope, ainsi le saule pleureur arriva dans le Nouveau Continent.

(Les Natifs amérindiens connaissaient les vertus curatives de l’écorce du saule rouge (en bref, l’acide acétylsalicylique) qu’il fumaient)

La mauvaise langue dit: à

Rôle ominprésent du hasard, même dans la pensée : les idées ne nous viennent que par hasard. Pas de principe organisateur du monde ni même du monde de la pensée humaine, pas de nature humaine :

« Tout est un, tout est divers. Que de natures en celle de l’homme ! Que de vacations, et par quel hasard ! Chacun prend d’ordinaire ce qu’il a ouï estimer. Talon bien tourné. »

La mauvaise langue dit: à

Pas de moi :

« Je sens que je puis n’avoir point été, car le moi consiste dans ma pensée. Donc moi qui pense n’aurais point été, si ma mère eût été tuée avant que j’eusse été animé. Donc je ne suis pas un être nécessaire. Je ne suis pas aussi éternel ni infini. Mais je vois bien qu’il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et infini. »

Chaloux dit: à

Merci, par ce « donc » de me comparer à un arbre. Il n’y a pas de plus bel éloge, fut-il involontaire.
En Grèce, on rencontre souvent des oliviers millénaires dont certains ressemblent à des rondes humaines. Ils n’ont pas l’air de se croire misérables. Il y a trois ans, à Céphalonie, j’ai passé bien du temps à regarder l’un de ces oliviers, dont les deux troncs séparés ressemblaient à un homme appuyant sa tête contre un arbre. Comme une leçon donnée par l’arbre à l’homme qui le regardait. Depuis trois ans, en un sens, je n’en ai pas détourné les yeux.

La mauvaise langue dit: à

« Que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordures. »

Bloom dit: à

le saule pleureur arriva dans le Nouveau Continent.

Lorsqu’un jour, las de pleurer, le saule se mit à rugir d’un souffle qui donna naissance à l’auteur d’Herzog, le grand Saul Bellow.
Un grand merci à Alexander, prince des Wits.
« Ye Sylphs and Sylphids, to your chief give ear!
Fays, Fairies, Genii, Elves, and Daemons , hear.
Ye know the spheres and various tasks assigned
By laws eternal to the aerial kind. »

La mauvaise langue dit: à

L’an de grâce 1654
Lundi 23 novembre, jour de saint Clément, pape et martyr et autres au Martyrologe.
Veille de saint Chrysogone, martyr et autres.
Depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi.

Feu

Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob,
non des philosophes et des savants.
Certitude, certitude, sentiment, joie, paix.
Dieud e Jésus-Christ.
Deum meum et deum vestrum.
Ton Dieu sera mon Dieu.

Oubli du monde et de tout, hormis Dieu.
Il ne se trouve que par les voies enseignées par l’Evangile.

Grandeur de l’âme humaine.

Père juste, le monde ne t’a point connu, mais je t’ai connu.
Joie, joie, joie, pleurs de joie.
Je m’en suis séparé.
Dereliquerunt me fontem aquæ vitæ.
Mon Dieu, me quitterez-vous ?
Que je n’en sois pas séparé éternellement.

Cette est la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.
Jésus_christ.
Jésus-Christ
Je m’en suis séparé. Je l’ai fui, renoncé, crucifié.
Que je n’en sois jamais séparé.
Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Evangile.
Renonciation totale et douce, etc.

La mauvaise langue dit: à

« O sainte Sion, où tout est stable, et où rien ne tombe ! » (Pascal)

éloge de la transsubstantation des mauvais grecs dit: à

bon à ce stade faudrait carrément installer un autel

hamlet dit: à

renato, non sur les tableaux, le cubisme, Gris, Braque, Picasso…, la fragmentation, de quel moment date la disparition de l’homme sur les tableaux ? le début du XXè ?
comment les peintres ont-ils eu cette prémonition, cette intuition de cette disparition à venir ?
au seuil du XXè s.

l’homme est une invention asses récente, une construction étroitement liée à la littérature.
est-ce par reconnaissance, seule la littérature continue de faire semblant de perpétuer cette existence.
la littérature est touchante dans sa volonté de continuer de pédaler, alors qu’on a enlevé la chaine du vélo.

Chaloux dit: à

renato, que vous êtes donc bête.

Daaphnée dit: à

« O sainte Sion, où tout est stable, et où rien ne tombe ! »

mmm … « veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour ni l’heure .. »
J’aime assez ce « rappel à l’ordre » et, finalement, cette leçon d’humilité .. Bien que ce mot d’ « humilité » ne me plaise guère .
Nous pouvons avoir des fulgurances de conscience, oui. De là à en produire de la pensée ..

Miroir, mon beau miroir dit: à

Chaloux dit: 5 mai 2013 à 18 h 56 min
renato, que vous êtes donc bête

hamlet dit: à

Pascal a donné son heure de gloire à l’intériorité : la construction de l’homme passe par la délimitation de son intériorité : le lien entre l’homme à Dieu supposait une délimitation de chacune des deux entités.
à la fragmentation de la figure de l’homme correspond la rupture des délimitations de son intériorité : à la fragmentation de la figure correspond la fusion dans l’espace des intériorités.
le post humain sera un état d’être à la fois fragmentaire et fusionnel.

Miroir, mon beau miroir , mon beau miroir... dit: à

Miroir, mon beau miroir dit: 5 mai 2013 à 19 h 00 min
Chaloux dit: 5 mai 2013 à 18 h 56 min
renato, que vous êtes donc bête

C’était vous aussi, renato. Je n’en reviens pas de vos métamorphoses morpionnifères !

renato dit: à

Mais hamlet, il n’y a pas eu disparition. Voyez les femmes de Kooning ; The Artist and His Mother d’Arshile Gorky ; Francis Bacon et Lucian Freud. Ce qui s’est passé avec le cubisme n’est vraiment pas si intéressant qu’il paraît.

renato dit: à

Vous faites un discours très conventionnel hamlet. Il y a la question du portrait derrière tout ça… cherchez en ce sens…

hamlet dit: à

renato, merci pour vos réponses, vous avez sans doute raison, je suis trop conventionnel, ce n’est pas facile pour remettre les choses en ordre, merci à vous.

Chaloux dit: à

N’oublions point Les Provinciales…
« n examine deux questions : l’une de fait, l’autre de droit.
Celle de fait consiste à savoir si M. Arnauld est téméraire pour avoir dit dans sa Seconde Lettre : Qu’il a lu exactement le livre de Jansénius, et qu’il n’y a point trouvé les propositions condamnées par le feu Pape ; et néanmoins que, comme il condamne ces propositions en quelque lieu qu’elles se rencontrent, il les condamne dans Jansénius, si elles y sont.
La question sur cela est de savoir s’il a pu, sans témérité, témoigner par là qu’il doute que ces propositions soient de Jansénius, après que Messieurs les évêques ont déclaré qu’elles y sont.
On propose l’affaire en Sorbonne. Soixante et onze docteurs entreprennent sa défense et soutiennent qu’il n’a pu répondre autre chose à ceux qui, par tant d’écrits, lui demandaient s’il tenait que ces propositions fussent dans ce livre, sinon qu’il ne les y a pas vues, et que néanmoins il les y condamne, si elles y sont.
Quelques-uns même, passant plus avant, ont déclaré que, quelque recherche qu’ils en aient faite, ils ne les y ont jamais trouvées, et que même ils y en ont trouvé de toutes contraires. Ils ont demandé ensuite avec instance que, s’il y avait quelque docteur qui les y eût vues, il voulût les montrer ; que c’était une chose si facile qu’elle ne pouvait être refusée, puisque c’était un moyen sûr de les réduire tous, et M. Arnauld même ; mais on le leur a toujours refusé. Voilà ce qui s’est passé de ce côté-là. »

Chaloux dit: à

C’est du Kafka, comme disent ceux qui ne le lisent pas…

renato dit: à

À propos du portrait et des questions relatives, hamlet, voyez aussi Irving Penn, Diane Arbus, Richard Avedon, Robert Mapplethorpe, Cindy Sherman.

A la recherche du moi perdu dit: à

« Ce qui s’est passé avec le cubisme n’est vraiment pas si intéressant qu’il paraît. »
renato

Etre ou ne pas être, telle est la question

Grand angle dit: à

renato dit: 5 mai 2013 à 19 h 42 min
À propos du portrait et des questions relatives, hamlet, voyez aussi Irving Penn, Diane Arbus, Richard Avedon, Robert Mapplethorpe, Cindy Sherman

Quel passeur de talents ce renato

oeeo dit: à

un titre
James Lasdun’s most recent book is “Give Me Everything You Have: On Being Stalked.”

renato dit: à

« Quel passeur de talents… »

Vu le contexte rappelé par hamlet (disparition du sujet) je ne vois pas pourquoi parler d’autres auteurs…

En outre, ce n’est pas sur un blog littéraire que l’on parlera de ce qui réellement advient…

renato dit: à

Tiens ! c’est avec beaucoup de retard que je trouve cette observation distinguée :

Chaloux dit: 5 mai 2013 à 18 h 56 min
renato, que vous êtes donc bête.

Un chouia, il se peut… comme tout le monde… mais jamais jusqu’à prendre un Courbet pour… qu’est-ce que c’étais déjà ?

Chaloux dit: à

Rideau.

Osée dit: à

On peut agrandir les feuillets de ce beau catalogue en cliquant sur « version PDF » en haut à droite.

renato dit: à

« C’était un lapsus. »

Oui, d’accord, les autres sont bêtes et vous ne faites que des lapsus ! Ah ! ces goujats !

G. Guareschi, je suppose que vous le connaissez, a dit : « La plus minable des actions que l’on peut commettre lors d’une controverse, c’est de s’accrocher aux erreurs de grammaire et de syntaxe de l’adversaire. »

Bonne soirée.

Interrogation légitime dit: à

Mais alors ce renato c’est un vrai con ?

Pause dit: à

Interrogation légitime dit: 6 mai 2013 à 21 h 02 min
Mais alors ce renato c’est un vrai con ?

renato je ne sais pas, par contre chaloux c’est sûr..

Affirmation légitime dit: à

En matière de connerie humaine et lieux communs qui font bien renato est imbattable toutes catégories. Hors concours. On en peut comparer la connerie renatesque avec aucune autre. Le reste n’est que pâles satellite. renato est le soleil de la connerie humaine.

renato dit: à

Il y a de bon que l’opinion d’un anonyme et un pet de rat ça revient au même.

JC dit: à

J’ai connu un rat, anonyme, qui appelait ça : un vent de liberté…

renato dit: à

« un vent de liberté »

Comme les dénonciations anonymes aux « temps glorieux » des chemises brunes ?

(Si t’as besoin de l’anonymat pour t »exprimer librement c’est que tu n’es pas libre… ah ! les célèbres rats…)

Jacques Barozzi dit: à

Et avec celui-là, pas anonyme, ça fera 700 tout rond.

700 tout rond dit: à

celui-là qui, le pd fasciste ?

Admirateur de Toto dit: à

« celui-là qui, le pd fasciste ? »

C’est vrai qu’il est distingué, ce Toto. Et jamais Goujat

renato dit: à

Alors JC, toujours favorable au vent de liberté garanti par l’anonymat ?

Sant'Angelo Giovanni dit: à


…Non,…à part l’échafaud,…la guillotine,…quoi de neuf,…

…une idée extraordinaire,…
…çà serait d’instituer quelques années de commerce total, libre pour tous, sans taxes et T.V.A.,…
…Oh,…là,…là,…les bourses pleines,…
…la fusée des affaires,…
…en, plus à tout les étages portes ouvertes,…

…Non,…pas ma femme et mes filles pour des chameaux,…
…Non,…même pour 200 chameaux,…
…a louer,…contre du pétrole,…Non, on est déjà à l’hybride,…Oui, tout change si vite,…
…vous avez des carottes  » polaires  » dans le nez,…puisque vous le dite,…vous les achetez au gramme ou au kilo,…
…au schmilblick,…O.K.,…
…chérie,…montre tes fesses, c’est la crise,…en solde,…pour le foot,…mondial,…avec le pot de chambre,…
…que, c’est drôle,…Ah,…Ah,…etc,…pas mal la diversion,…

Jacques Barozzi dit: à

Le cadavre de Léon Bloy bouge encore !

Ebooks fr dit: à

Merci
Léon Bloy, le mendiant ingrat, nous écrit

Baudry Dominique dit: à

Fin juillet 1914, Mathias ( = Pierre van der Meer, filleul de Léon Bloy, qui parle de lui dans son livre « Dieu et les hommes » à la troisième personne sous le pseudonyme de Mathias ) passa quelques jours chez Léon Bloy, au village de Saint Piat, situé à la limité de la Beauce, non loin de Chartres. Il y régnait une atmosphère d’inquiétude et les habitants étaient soucieux. On ne savait encore rien de précis, mais on sentait l’inévitable approche du malheur. Chaque matin, après la première messe, Bloy et Mathias se rendaient à l’auberge du village et , tout en buvant leur verre de café et en fumant force cigarettes, ils parcouraient les journaux. Ceux-ci, il est vrai, s’efforçaient de maintenir l’espoir que les conflits internationaux menaçants pourraient encore être évités par la voie diplomatique. Malgré l’inquiétude croissante qui gagnait l’Europe entière, ce furent de bien bonnes heures que Mathias passa auprès de son cher parrain. Leurs intimes et confiantes causeries tournaient sans cesse autour des sujets qui leur était chers entre tous: la joie d’être chrétien et le sentiment de totale dépendance et de soumission au bon vouloir de Dieu. Cependant Léon se montrait inquiet. Sensible comme il l’était, il pressentait que cette catastrophe, qu’il attendait depuis des années, qu’il avait prédite si souvent dans ses livres et ses conversations, allait éclater. Maintenant elle devenait réalité. Les jours étaient accomplis.
Les paysans qui commentaient avec Léon et Matthias les rumeurs inquiétantes et les nouvelles, ou qui envisageaient quelles pouvaient être les suites éventuelles des évènements, s’en allaient ensuite à leur travail aux champs où les attendait la moisson. Ils hochaient la tête soucieusement et sans rien dire. Dans cette région on avait encore à ce moment à faucher les blés et à ramasser les gerbes…Les charettes vides s’avançaient sur les champs fauchés, recueillaient les javelles, puis repartaient pour porter leur lourde charge aux granges. A perte de vue les champs de blé épousaient les ondulations lentes de la terre beauceronne. Ici, tout était calme et large dans les travaux de la paix.
Dans les petites boutiques et les quelques petits cafés du village, on refusait déjà d’échanger les billets de banque. Ce premier signe marquait que la situation n’inspirait plus confiance au peuple. On commençait à craindre que cette monnaie de papier ne perde toute valeur. On réservait au bas de laine les pièces d’or et d’argent.
Le samedi matin 1er août, les journaux annoncèrent l’impressionnante nouvelle de l’assassinat, en plein Paris, du tribun socialiste Jean Jaurès… L’atmosphère était lourde. La guerre semblait inévitable. L’après-midi, Matthias partit pour rentrer chez lui. Léon avait les larmes aux yeux lorsque , sur le quai étroit de la petite gare, il embrassa paternellement Matthias… « Je te le dis, Matthias, cela va commencer. » Ensuite posant la main sur l’épaule de Mathias, il poursuivit : « Tu te souviens des paroles terribles de Notre Dame de la Salette : je ne peux plus retenir le bras de mon Fils. Mais mon vieux coeur est lourd de peine, de soucis, de pressentiments. Mais tout au fond de mon coeur, je possède la paix. Va avec Dieu, Mathias. »
Mathias monta dans la voiture bondée de monde et demeura à la fenêtre tandis que le train se remettait en marche. Le vieil homme continua de faire des signes de la main jusqu’au moment où un tournant de la voie lui cacha le train. De ses bons grands yeux, coulaient des larmes, car il aimait ce grand filleul qui lui était devenu comme un vrai fils et qui, dès leur première rencontre, avait été compté parmi ses amis, pour la vie.  » ( Extrait de « Dieu et les hommes », Pierre-Matthias de van der Meer de Walcheren, pages 39, 40 et 41, éditions Desclée de Brouwer.

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