N° 13 Le physique d’un enfant unique
Élie Faure sur Céline : « Céline est plein de la mort comme toutes les grandes âmes, et le goût lui en monte aux lèvres dans le vomissement et le sanglot. Comme toutes les grandes âmes, il ne peut croire à l’immortalité. Son pessimisme transcendant le rejette dans le vrai monde, dont l’horreur le renvoie à la mort, toujours à la mort. »
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Les petites cuillers-souvenirs, dont le manche se termine par le blason d’une ville, d’une région. Il paraît que cela existe toujours, et que des gens les collectionnent.
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Petit jeu. Qui a écrit : « Mon physique me dégoûte, et il me le rend bien ! » ? Cochez la bonne réponse.
( ) Jules Renard (Journal)
( ) Frédéric Dard (Mon culte sur la commode)
( ) Louis-Ferdinand Céline (Lettres à Albert Paraz)
( ) Roland Dubillard (Diablogues II)
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Les saligauds qui prennent des After Eight et laissent, vides dans la boîte, les petites enveloppes noires. On croit qu’il y en a encore, et soudain la boîte est vide.
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Un colloque sur la traduction : « Littéralité et littérarité ». C’est pédant, mais c’est bien le problème.
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(Suite)
Christian Giudicelli, qui raconte avoir été présent à ce colloque, au titre de producteur de France Culture, qui enregistrait les communications. C’était très savant, très ennuyeux, et c’était après un déjeuner un peu trop arrosé. Il somnolait. Soudain la « modératrice » prononce une phrase terrible : « Et qu’en pense Christian Giudicelli ? » Il blêmit, comme s’il avait pris un « uppercut », dit-il, incapable de dire un mot. Mais dans l’assistance, un homme se lève, se met à parler, tout à fait en situation. À la fin de son intervention, on le remercie : « Merci, Christian Giudicelli, vous venez d’éclairer le débat. » Il existait bien un autre Christian Giudicelli, professeur d’espagnol à la Sorbonne, qui avait eu la bonne idée d’être présent.
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Ce « trans-genre non binaire », né dans un corps de femme, homme dans son esprit, mais dont « l’utérus saigne tous les mois », et qui réclame des poubelles pour ses tampons hygiéniques dans les toilettes pour messieurs.
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Le 218 rue Saint-Jacques, où Jean de Meung finit d’écrire Le roman de la rose en 1285.
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Les San-Antonio, parfaits pour les jours de forte fièvre.
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En Chine, au moins une génération entière d’enfants uniques. Centaines de millions d’enfants uniques.
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50.000 caméras dans le métro parisien.
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Le grand acteur qui prenait un plaisir méchant à entrer dans tel ou tel magasin bourré de clients, et qui criait, par exemple : « Sa viande est pourrie ! J’ai été malade trois jours ! Dégueulasse ! »
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« Administrer par voie orale », pour « avaler ».
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Personne ne sait
S’il vaut mieux avoir une insomnie dans un lit étroit, où il n’y a rien à faire, ou dans un lit large, où l’on ne sait pas où aller.
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(Dernière minute – Petites nouvelles de l’infantilisation ordinaire)
Le 6 juillet dernier était la Journée du Bisou. Muray, reviens !
(Suite)
Le Monde du 10 juillet titre : « L’Assemblée vote la loi contre la haine en ligne. » La haine devient illégale. Que va-t-on devenir ?
Cela dit, cette information est donnée, sur cinq colonnes, à la page « Économie & Entreprise ». On voit tout de suite ce qui les préoccupe dans cette affaire.
Et Muray qui ne revient pas.
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Les deuxième et troisième séries (Papiers recollés, Papiers découpés) feront l’objet d’une publication en volume et ne sont plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014).
3 Réponses pour N° 13 Le physique d’un enfant unique
Tout le monde regrette Philippe Muray, mort trop tôt. Même Philippe Lançon, dans le Lambeau. On a pourtant trop surestimé ce moraliste. Et comme par hasard, tout le monde s’est empressé d’oublier Gilles Châtelet.
J’aurais bien aimé répondre Jules Renard àla devinette littéraire, mais je n’en sais rien. J’aimais beaucoup la nature de la souffrance de cet homme et la façon dont il tenta de la domestiquer, sans jamais y être parvenu.
Difficile de commenter vos sympathiques billets du vendredi. On aimerait réagir sur chacune de vos entrées, mais à quoi bon expliquer ce qu’elles activent en nous ? C’est tellement enfoui, et ce serait tellement indiscret. Et pourtant, cela parle à… presque tous les coups, soyez-en sûr ! Parfois douloureusement, le plus souvent avec un éclat, une flaque de rire. Il faut donc continuer, ce n’est pas en vain. Merci.
« Les San-Antonio, parfaits pour les jours de forte fièvre. »
En fait, San-A. est bon pour tout, guérit tout, y compris des maladies psychologiques. Par exemple, contre le délire de paranoïa mégalomaniaque ou la démence schizophrénique littéraire (propre aux Français). C’était l’ordonnance du Dr Delaporte…
Bravo mondrillon
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