Anselm Kiefer face à l’histoire avec une grande hache
Certains artistes, c’est à se demander si leur lieu de travail ne fait pas partie de leur œuvre. Qu’il soit bureau ou atelier, il est aussi leur création, parfois si vivante qu’on la dirait volontiers leur créature. Ils y sont partout, jusque dans le moindre recoin. Ils l’habitent autant qu’ils en sont hantés. Pourtant, lorsqu’on a le privilège de pouvoir les y visiter, on ne les y voit pas vraiment comme s’ils s’y étaient fondus. D’eux on pourrait dire ce que l’un de ses amis disait de l’antre de Raymond Queneau rue Sébastien-Bottin : « C’est là qu’on a le plus de chance de le trouver absent ». Puisqu’on y invite parfois, pénétrons dans le saint des saints mais à condition de se débarrasser de l’illusion romantique en vertu de laquelle on assistera à la naissance et à l’épanouissement d’un acte créateur ; une telle naïveté était au cœur du documentaire que Clouzot consacra naguère à Picasso : il s’imaginait capter d’un œil indiscret et capturer avec sa caméra l’invisible et l’indicible du génie du peintre parce qu’il le filmait à travers une vitre sur laquelle il était en train de peindre…
Avec Anselm Kiefer Ateliers (300 pages, 69 euros, éditions du Regard), album d’une beauté saisissante, à l’édition extrêmement soignée par son maître d’œuvre José Alavarez et, on s’en doute, richement illustrée, c’est une expérience d’un autre ordre. Danièle Cohn y pose le regard d’une philosophe de l’art férue de l’esthétique des Lumières. Spécialiste de culture allemande, l’auteur de cet ouvrage remarquable sera la commissaire de l’exposition sur l’Allemagne qui se tiendra en mars au Louvre. On serait étonné de n’y pas retrouver ici ou là des traces de l’univers d’Anselm Kiefer. En mettant nos pas dans les siens, on se laisse d’emblée envahir par une étrange sensation : on marche dans le motif. Le gigantisme des ateliers de Kiefer, que ce soit à la briqueterie de Höpfingen (Buchen), à Barjac (Cévennes), à Croissy (Ile-de-France) ou dans le Marais parisien, change la donne. Tout y est matériau à transformer. C’est un chantier en perpétuel devenir. Pour avoir eu naguère l’occasion de me balader avec lui dans les sous-sols de son laboratoire parisien tout un après-midi, peu de temps après son emménagement, je dois avouer que je n’en suis toujours pas revenu.
Bois, métal, tuile, briques, plomb, cartes, photos, livres… Tout lui est matériau, tout ce qui entre fait ventre, d’autant que cet homme ne jette rien. Tout atelier de Kiefer est jonché d’œuvres en cours, comme toute œuvre tant qu’elle ne l’a pas quitté. Il les évoque comme autant de sédiments de son existence. Tant que l’œuvre est là chez lui, elle demeure en cours, prise dans le flux permanent de la création, continuum qu’il désigne par la métaphore du fleuve ; mais dès qu’elle le quitte pour le musée ou l’appartement du collectionneur, elle est tenue pour inapte à la métamorphose, figée, donc morte à jamais. Il s’en sépare à regret car ce qu’il fait relève au fond du commentaire infini. Son usage de la littérature, de la poésie, de l’Ancien testament, de la philosophie (on perçoit l’ombre portée du philosophe Martin Heidegger auquel il consacra un mémoire de fins d’études et un livre) renforce ce sentiment d’inachèvement. Tout tableau est un essai appelé à être transformé en permanence.
En ses ateliers, il est le maître d’œuvre d’un chantier. Il en faut, des ouvriers de l’art, pour transporter ces tonnes, tendre les toiles, manipuler les immenses châssis, déplacer ses chers containers, même si le patron est un grand solitaire. On ne connaît guère d’artiste aussi physique et corporel. Ses ateliers atteignent une telle dimension, à la mesure des œuvres et de leur ambition, qu’elle rend encore plus souriante la réflexion d’Alechinsky : « La peinture monumentale commence quand le peintre éprouve le besoin de monter sur un escabeau ». Chez lui au travail, Kiefer est dans la vérité du moment. Pas en représentation, quoi qu’en pense le traducteur et germaniste Georges-Arthur Goldschmidt qui ne l’apprécie guère, persuadé que cet Allemand plaît aux Français car il leur donne ce qu’ils veulent voir du passé allemand de la guerre, son univers de cendres, de ruines, de destruction, de mort et de décombres. A cet égard, il serait intéressant de le confronter à Danièle Cohn, auteur de cet album, lors de la prochaine manifestation allemande du Louvre. N’empêche que cet artiste né en 1945 à Donaueschingen (Bade-Wurtemberg) crée comme si sa biographie était celle de l’Allemagne, et utilise l’Histoire à l’égal d’un matériau. Le réel lui étant trop lourd à exprimer, il passe par le mythe pour mieux ressusciter son émotion. Dans ses ateliers plus encore que dans les galeries ou les musées, le tout que le regard embrasse est bien celui de l’histoire non avec un grand « H » mais, comme le disait Perec (W ou le souvenir d’enfance), avec sa grande hache.
(« Dans l’atelier parisien d’Anselm Kiefer » photos Passou)
878 Réponses pour Anselm Kiefer face à l’histoire avec une grande hache
Non, pas truffé de digressions, une digression qui pourrait manifester l’impossibilité de parler de quelque chose comme un centre vide autour de quoi tout tourne, comme l’essieu vide de la roue, comme le Judaïsme qui est justement ce Vide de D.ieu.
W, méfiez-vous, ne me prenez pas pour un autre. Le seul vrai D., c’est moi. Et, contrairement à ce que dit le faux D. de 19h40, Daaphnée n’est pas du tout un modèle de tendresse pour moi. Mon modèle, c’est vous.
de nota, on peut aussi citer « 62, modelo para armar »… encore que les fins critiques ne refusent à Cortázar le statut d’écrivain… avec les cons on sait jamais…
Les gens parlaient comme ça dans les salons élégants. D’autre part ce n’est pas un hasard s’il a la même légèreté de Hogarth… mais bien sûr les vieux cons refuseront l’option coutume…
Est-ce que l’évitement de la narration n’est pas l’indice d’un danger? (Je n’ai pas Tristram sous les yeux, j’ai donné l’exemplaire que j’avais.)
Cela rejoint un peu l’idée de substitution à laquelle je faisais allusion l’autre jour à propos du Duras. L’enfant est vendue par sa mère au chinois, mais c’est indicible. A cet indicible est donc substitué l’histoire d’une passion amoureuse (Et elle a peut-être en effet aimé cet homme). Et c’est d’ailleurs ce qui à mon avis fait que l’art de Duras et celui de Mme de Lafayette se rejoignent quelque part. Mme de Lafayette ne peut pas dire que Nemours et la princesse de Clèves éprouvent l’un pour l’autre du désir. Elle dissimule donc cette réalité sous la fameuse scène de la cravache (le magnifique et légendaire essai de M. Butor dans un des Répertoire).
Je me demande plutôt si Sterne n’a pas isolé quelque chose qui se trouve partout dans la littérature, presque à chaque page.
Un grand moment de cinema …
ttp://www.youtube.com/watch?v=5B-I02S3Bbk
ML: Können et pas kônnen, pour une raison toute simple, l’accent circonflexe n’existe pas en allemand.
C’est un plaisir de lire votre blablabla, c’est bien tournicoté, vous avez le sens du names-dropping.
Et moi qui dans le temps, vous prenais au sérieux.
Repassé par là.
C.P., vous êtes un peu sibyllin.
ML, que vous tourniez autour d’un axe vide, il y a longtemps qu’on l’a compris (et il y a de bonnes raison à ça).
Je me souviens de vous avoir suggéré de vous rendre un jour plus à l’est.
Faire le tour du Palais impérial à Tokyo à inspiré à beaucoup des réflexions assez comparables (Barthes en France, bien sûr).
C’est très bien si l’on voit que c’est dispositif largement imposé par MacArthur: il était possible de supprimer l’institution impériale, mais le choix américain a consisté à le maintenir, vidé de toute substance.
Les Japonais souffrent de cette ambiguïté terrible.
La gauche a critiqué tout et son contraire mais ne s’attaque pas frontalement à l’empereur, et la droite fantasme sur une institution qu’elle présente comme éternelle, et constitutive de la nipponité.
Mais bien sûr la réflexion la plus forte sur la vacuité (dynamique) du centre vient hélas de nos foutus voisins chinois.
Il y aura des pages blanches, noires, marbrées dans votre roman?
Mais comme vous le savez, il y a un centre vide présent dans la littérature depuis deux siècles, et qui est le « moi » de l’écrivain lui-même
(inexistant, disent les uns, hors-jeu disent les autres, inatteignable disent encore d’autres, insignifiant disent leurs voisins…)
dédé II, accord avec vous sur le spectacle écrit et mis en scène par Christophe Honoré. L’humour prétendu ne m’y a pas atteint, et j’ai eu un peu de peine pour des comédien(ne)s que j’aime bien.
Mauvaise Langue, sérieusement, il faudrait revenir sur la « description » (d’espaces ou même d’actions) selon Claude Simon. Il y voit le renouveau du roman depuis Proust, en gros anti-stendhalien (à une exception près, justement), et il est pour moi convaincant, y compris parce que j’aime ce qu’il en a fait, et non seulement les quatre conférences prononcées à Genève, Kingston et Bologne. Mais ce sera pour une autre fois ?
thierry t’es cousin de la famille de crohn?
(Daaphnée, naturellement, je ne peux répondre à un message ainsi protégé par des X, en haut comme en bas.
N’oublions pas que des enfants nous lisent.
Et puis, Chaloux est un camarade de blog, et le voir signer un jour Jaloux serait quand même un peu injuste)
ueda, si vous en avez le temps, faites-moi confiance et lisez ces « Quatre conférences » (1980 / 1993) de Claude Simon, éd. de Minuit, 2012.
La mauvaise langue dit: 26 janvier 2013 à 19 h 22 min
Non, Sterne a instillé dans l’art du roman l’art du commentaire infini et de l’évitement. Ce faisant, il parle de ce dont il parle mais autrement qu’en en parlant. Je ne sais pas si vous me suivez…’
euh…pas vraiment, mais je vous parie un demi de guinness contre un verre d’eau que Sterne, z’avez google mais en fait jamais lu…j’ai bon? non merci, j’evite de boire de l’eau…comme disait l’autre, les poissons baisent dedans…
D. est un lutin.
Il est là pour nous appliquer sur les yeux un love-in-idleness, nous faire aimer des ânes et nous pousser à nous envoyer des pains.
A la fin de la comédie, il vient saluer.
Mais bien sûr Chaloux, c’est ce que je me tue à vous expliquer : Sterne a isolé ce qui se trouve à chaque page d’un roman (un commentaire). De même Robbe-Grillet a isolé ce qui se trouve à chaque page d’un roman (une description). Mais ils en ont fait tout autre chose.
Salut.
Bien noté, C.P.
Comme les vrais cancres, je prends des notes, et (ce qui m’étonne moi-même) il m’arrive d’y revenir.
Céline m’a pratiquement contraint de lire il y a peu le dernier livre d’Angot ( une ‘persona’ que je n’aime pas du tout), et j’y suis allé de mon bref commentaire en décembre dernier, reconnaissant la maîtrise indéniable du texte (« je ne dirai plus que C.A. écrit -seulement- avec son corps », ça m’en a coûté d’écrire ça, hein).
Ce blog est souvent un terrain de jeu, mais on y rencontre parfois des semina veritatis (pour parler comme ML qui s’endort en lisant Tacite) qui viennent germer dans votre esprit, sans qu’on y pense.
Abdelkader, à défaut d’Anselm, parlez nous donc d’Arsène.
(Grande admiration de mon côté, même si le foot est un sport mineur, comparé au ballon ovale).
Que voulez-vous, Ueda, il faut bien y passer, la jalousie est une érotique…
CP, j’ai lu les conférences de Simon. Ce qu’il dit est très intéressant pour mieux comprendre proust et Claude Simon. Mais s’il pousse l’art de la description qui raconte jusqu’à ses extrêmes possibilités, après lui, je ne vois pas ce qu’on inventer de neuf. l’option description qui raconte aboutit forcément à une impasse après le Nouveau Roman qui a épuisé le stock des possibles de la description. Il faut trouver autre chose. La voie, c’est à mon avis Sterne qui la montre.
Oui, j’aimerais bien pouvoir m’endormir en lisant Tacite. C’est une autre option à laquelle je n’avais pas songé, l’option mallarméenne.
ueda, j’étais aux Etats-Unis alors, et à mon retour Céline m’a dit…
Toute la famille (tarée ?) aime la plutôt mal-aimée ici. Mais pas lue, ici encore, donc ce n’est pas de jeu. Et elle n’a pas besoin de nous pour la défendre.
D je vous lis chaque jour avec beaucoup d’amusement d’ailleurs quand vous n’y êtes pas c’est comme un jour gris toutefois j’ai bien peur de pouvoir vous décevoir,je ne dispose pas de votre vélocité,de ce don qui fait de vous quelqu’un de précieux comme une chaleur,gardez-vous je vous confie mon amitié.
Vous avez raison ueda, pour les semina veritatis. J’ai d’ailleurs l’intention d’inclure dans mon roman la Rdl et certains de ses membres pour faire débat à la Diderot comme dans Jacques en plus des digressions infinies. Ça va chauffer…
Mauvaise Langue, je vous crois quant à votre lecture des « Conférences ». Et même : « la description qui raconte » est bien juste. Mais je ne vois toujours pas l’impasse, et le seul nom du merveilleux Sterne me paraît être pour tout le monde, y compris pour vous, un argument aussi facile que ses (ou sa pratique de la) « digressions ».
Parce qu’avec Marusa, nous avions des débats un peu semblables à ceux d’ici sur la Shoah, et aussi sur des membres de la rdl, entre nous. Je me souviens, quand on se promenais à Zürich, une blague entre nous, c’était la peur panique qui nous prendrait à l’idée de tomber nez à nez sur Tkt… On en riait à gorge déployée… Et aussi l’idée que je n’ai toujours pas écrit un roman dont je parle sans arrêt, je trouve que c’est une excellente idée romanesque aussi comme centre vide du roman… Mais ce n’est là que le plus évident à écrire. Le noyau dur, c’est autre chose.
Qu’est-ce que vous voulez dire CP par un argument aussi facile ». Vous êtes souvent sybilin dans vos commentaires. Je ne sais pas pourquoi. Vous nous cachez quelque chose…
On peut faire comme Claude Simon, comme d’autres font comme Balzac, etc. En quoi n’est pas une impasse ? Sur quel art romanesque nouveau ça débouche, CP ? Je ne vois pas.
Merkel reconnaît la responsabilité permanente de l’Allemagne pour la Shoah
La chancelière Angela Merkel a estimé aujourd’hui que l’Allemagne avait « une responsabilité permanente pour les crimes du national-socialisme » à quelques jours du 80e anniversaire de l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler.
« Naturellement, nous avons une responsabilité permanente pour les crimes du national-socialisme, pour les victimes de la Seconde Guerre mondiale, et avant toutes choses, également, pour l’Holocauste », a déclaré la chancelière, dans un podcast, diffusé samedi sur son site internet alors que mercredi marquera le 80e anniversaire de l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler, le 30 janvier 1933.
Je vais inclure Merkel aussi dans mon roman comme commentaire de la Shoah et comme réponse à certains membres de la rdl. Ça devrait être intéressant.
Mauvaise Langue, j’ai dit que je vous croyais : il ne s’agit pas de déboucher sur un « nouvel art romanesque » par la seule éviction du narratif-« preum », mais en effet de se débarrasser de la description toile-de-fond-et-garante-du-vraisemblable. Je n’ai rien voulu dire de plus, sauf qu’on ne peut plus faire comme Balzac, qui avait d’ailleurs bien des mérites, y compris documentaires. Le cou a été très normalement tordu à cette vraisemblance-là, c’est ce que montrent -et non seulement pratiquent- Claude Simon avec d’autres, et leur descendance. Vous-même avez retenu récemment ce « fait » de descendance, -quoi que je pense de vos exemples-, et je ne suis pas « sibyllin ».
Pour le reste, j’ai voulu dire que Sterne, sur qui il y a un consensus bien compréhensible, sert à toutes mains : extraordinaires liberté et invention, qui après tout n’étonnaient pas trop Diderot bien qu’il les enviât, … et qu’on a redécouvertes (ce qui est parfois risible, non ?) assez récemment.
Vous l’étiez, vous ne l’êtes plus ! Mais n’y a-t-il pas aussi chez Claude Simon la traditionnelle description garante du vraisemblable ? Il me semble bien que oui. L’une n’exclut pas l’autre.
Risible, pourquoi risible ?
Sert à toutes mains ? Quelles mains ? On veut des noms… Je n’en vois pas à part Diderot justement.
le seul nom du merveilleux claude simon me paraît être pour tout le monde, y compris pour vous, un argument facile
oh ça marche aussi
Mauvaise Langue, « risible » était bien simple : je voulais dire que l’on redécouvrait avec étonnement des audaces qui étaient fort bien passées en leur temps de parution. Vous le savez bien, et pour aller au plus spectaculaire : page noire, page grise, par exemple,- et, pour rire tout de même alors que l’heure s’avance, la page blanche que l’auteur (oui !) vous propose, renonçant à SA description d’une belle fille, pour vous proposer d’y dessiner ou d’y décrire VOTRE maîtresse.
CE1, Claude Simon n’était qu’un exemple, simplement venu de ce que Mauvaise Langue avait bel et bien dit « description ».
Oui, oui, je sais tout cela (on dirait une réplique de Molière…). Mais je ne trouve pas pour autant ni risible qu’on l’ait oublié ni risible qu’on s’en souvienne. Ça doit correspondre à quelque chose. Ça a du sens qu’on l’ait oublié.
Vous êtes toujours aussi sybilin, CP. Mais la chose vous est si consubstancielle qu’elle doit vous échapper. Je vous assure, en plus, que je ne suis pas le seul à le penser et même à le dire, que vous êtes sybilin. Et ne traduisez pas par « si vilain, hein ! Vous vous tromperiez sur mes intentions.
C’est tout juste maintenant si je ne vais pas pour le coup me sentir coupable d’avoir employer le mot de « description ». Ah, vous en avez, CP, des tournures comme ça qui vous flanquent la trouille !
J’aime bien aussi votre « page grise, page noire ». Je n’y ai rien compris. Vous voyez, quand je vous dis que votre style sybilin m’inquiète, je ne plaisante pas ?
« page grise, page noire » c’est pourtant transparent…
Mauvaise Langue, renato répond en même temps que moi sur les pages noire, moirée ou blanche : vous n’avez pas d’édition de « Tristram Shandy » ?
Oui, sous une épaisse piles de bouquins sur une armoire… Oui, compris !
Sacré ML, vous parvenez à faire exploser le compteur avec vos passions.
Il est vrai qu’il y a quelque chose de moliéresque dans vos apparitions (rassurez-vous, la gamme des rôles possibles est infinie), et C.P. s’efforce parfois de jouer le rôle du critique théâtral impartial, ce qui veut quand même dire beaucoup de travail.
Votre allusion à un Shandy non disponible (enseveli sous les piles) est-elle un argument de plus, sur une représentation du centre-vide?
(Mon ancêtre romanesque est là, j’en suis sûr, mais je ne le lis pas, hein).
Bah, il a été écrit ici (par qui?) que le monumental en peinture commençait lorsqu’on montait sur un escabeau.
Ça peut commencer avec votre armoire, et ses rossignols, ce n’est pas moi qui vais vous jeter la pierre.
Buona notte a tutti.
Rassurez-vous, s’il est sous une pile de bouquins sur une armoire, c’est que je le l’ai lu et même étudié de près puisqu’il était au programme de l’agrégation il y a quelques années…! Ça s’appelle un coup de théâtre ça ?
Non, dans mon histoire il y a une espèce d’équivalent de la page vide de Tristram. C’est un tableau de Rembrandt qui a eu une grande importance pour moi.
Non, j’ai le début. C’est pas un escabeau. C’est le livre que j’écris sur Marusa et où je vais parler de la Shoah. Mais je ne sais jamais comment faire pour embrayer… Je ne connais pour l’instant que la pédale de frein. C’est très lent à venir, la conduite chez moi…
Bon, nous avons eu une journée avec deux, je dis bien deux, coups de théâtre : bas les masques.
C’est un tableau de Rembrandt qui a eu une grande importance pour moi.
J’ai le début. C’est pas un escabeau. (ML)
En effet, c’est plutôt un escalier.
Et il est question d’un philosophe, n’est-ce pas?
En tous cas, je vous souhaite de foncer!
@ mauvaise langue dit:26 janvier 2013 à 21 h 01: Se rencontrer par hasard aurait été improbable. Au début 2008, j’ai eu une conversation téléphonique avec Marie Louise. Elle était à Bergün et moi, terminant un séjour de trois semaines en Suisse, avant de retourner à Singapore. J’avais le numéro de sa sœur, une femme assez sèche, qui me dit de rappeler plus tard. J’ai par la suite eu une conversation d’une heure, avec Marie Louise (que vous nommez Marusa), malheureusement nos agendas respectifs ne permettaient pas une rencontre à Zürich. Si nous nous étions rencontrés tous les trois, plus tard, par la suite, personnellement je suis sociable et socialisé. J’aurais été charmant. Les gens qui ont été élevé, comme Marie Louise, dans cette région des Grisons, sont un peu spéciaux. C’est perdu en pleine montagne, coincé entre deux cultures et « die Berglern » (expression suisse allemande) à force de regarder la montagne, solitaires, ne sont pas trop mondains. C’est une région pleine de châteaux forts, construits pas ces familles patriciennes, qui louaient aux princes européens, des soldats. En dehors de ça, je crois que c’est le lieu de naissance des Giacometti, le père et ses deux fils, tous les trois peintres. Il ne faut pas oublier non plus, que c’est une région catholique, ce n’est pas anodin.
Addendum
Même si ce n’est pas le tableau de 1633, il vous accompagne nécessairement.
Eh bien, moi aussi, aussi athée que Baruch pouvait l’être.
Mazette, Rembrandt, le peintre de la lumière, je crains, cher Michel, que vous ne saurez peindre, avec des mots, que l’obscurité. Vous vous rappelez ange et démon ? Plutôt devenue démon, enfin depuis la RdL.
Regardez les dessins de Rembrandt, sauriez vous être si précis dans les détails ? Si fin ?
Votre obsession de la Shoah, rejoint Marusa, qui entendait des voix.
On voit Tkt, que vous connaissez mal les Grisons. Il y a des catholiques et des evangéliques. Bergün est évangélique en majorité mais il y a aussi une église catholique. De toute façon Marusa était tombée loin du nid… c’est le moins qu’on puisse dire. Elle n’a pas de sœur. Vous avez dû tomber sur sa belle-sœur, Irene, toujours extrêmement serviable, courtoise et aimable. Ce sont tous de très braves gens à Bergün mais Marusa n’aurait jamais pu y vivre. Je la comprends. C’est bien pour s’y promener en été, faire du ski en hiver. Mais autrement c’est mortel. Son père, émigré italien de la région du Lac de Côme, tout près du lac, était un entrepreneur de bâtiment mais il avait en même temps une âme d’artiste, dont avait hérité Marusa. Il jouait très bien du violon, paraît-il. Il y a une photo de lui jouant du violon sur le pas de sa porte à Bergün.
Non, Rembrandt n’est pas le peintre de la lumière mais de l’obscurité. C’est justement un tableau sombre de lui qui a eu une grande importance pour moi et qui est au cœur de toute mon histoire. Il est au Louvre. Rembrandt à l’atelier.
Vous êtes bête, Tkt, Vous ne comprendrez jamais rien de ce qui est votre monde. C’est triste, vous faites pitié.
« Les gens qui ont été élevé dans cette région des Grisons, sont un peu spéciaux. »
Il y a deux mois, TKT, faisant mes courses chez Migros, j’ai croisé une femme âgée qui était accompagnée d’un chien qu’elle disait « citoyen » (vous connaissez le sens que nos amis genevois donne à cette expression, ça a rapport avec l’hygiène et le civisme).
Elle avait cette sorte de rudesse qui par contraste, moi humble nippon, me faisait paraître comme « parisien ».
Je suis allé en vitesse vider à côté mes trois « déci » de Goron, avant de m’en retourner à Carouges, pour une atmosphère plus chaleureuse…
(Je ris en écrivant cela, car il m’est arrivé de commander des « déci » au restau à Paris, avec les résultats que vous pouvez imaginer…)
(Salut aussi à renato, s’il a rompu le Barrage de ces échanges pacifiques: changez d’adresse e-mail, le IP n’est pas ce qui importe. Je ne cesse de franchir les haies…)
Tschüss!
Giacometti est né à Chur. C’est encore largement dans la vallée. Les Grisons ça ne commence vraiment qu’après. D’ailleurs c’est à Chur que commence la ligne de chemin de fer des Grisons, la Rhätische Bahn, qui serpente au bord des abîmes, parfois jusqu’au vertige quand il monte jusqu’à Arosa.
Giacometti, est né à Borgonovo dans le Val Bregaglia , à Coire il y est mort…
Trois coups de théâtre, trois…
Viafier retica…
ttp://renatomaestri.blogspot.fr/2010/05/viafier-retica-2009.html
TKT se posant en proche de ange et démon et faisant la leçon à ML.
Le grotesque le dispute au pitoyable,
cet homme représente le summum de la fatuité et de la bêtise crasse.
Piqure de rappel.
Le clair-obscur s’effectue sans transition perceptible, par gradations fondues.
Le procédé du clair-obscur a été mis au point dès la Renaissance (Léonard de Vinci en fut l’initiateur — sfumato). Porté à sa plus belle expression par Le Caravage et ses suiveurs, puis par des peintres des écoles du nord (approximativement le XVIIe siècle), surtout Rembrandt.
On parle de « ténébrisme » lorsque des parties claires côtoient immédiatement et sans dégradé des parties sombres, créant des effets de contrastes violents, et l’ombre domine l’ensemble du tableau. Pour ce qui est de Rembrandt on ne peut pas parler de ténébrisme… ma bon, chacun ses opinions…
ma vélocité ?
Bonne nuit, W.
Oui, merci Wikipedia ! C’est vrai qu’on en avait déjà parlé ici. Bah tout le monde peut se tromper hein. C’est pas si dramatique.
Et je ne suis pas obsédé du tout par la Shoah. Il ne s’agit pas du tout d’obsession mais d’un essai pour comprendre le monde où je vis, vers quoi devrais tendre tout votre être si vous aviez seulement une âme d’artiste. Mais ce n’est pas en fréquentant les banquiers et les grues de votre milieu que vous y parviendrez, ni les artistes de l’arte povera… Arte povera mon cul… Vous n’êtes qu’un pauvre en esprit.
Vous devriez la consulter plus souvent, cela vous ferait du bien. Mais je me souviens que vous m’avez bien insulté chez Paul en soutenant, dur comme fer, que le Val Bregaglia était dans le Canton Tessin… mais bon, je vous comprends: tans de rêves et peu de substance ça doit faire mal…
Non, vous avez tout faux, renato. Mais on sent que vous vous faites plaisir…
Pour mieux comprendre :
http://www.akadem.org/sommaire/themes/culture/litterature/shoah-et-litterature/enquetes-familiales-26-03-2012-32041_404.php
Oui D!votre vélocité,votre agilité,votre rapidité,votre légèreté ,tout ce qui vous permet de manier des arguments qui n’en sont pas et l’absurde pour en distiller une logique sans complexe et drolatique ,si certains n’aiment pas il faut que vous sachiez que je trouve toujours dans votre trace écrite de quoi rire et sourire.
Vous me faites rire, Mauvaise Langue, difficile de peindre la lumière ou l’obscurité, autrement que par contraste.
Vous choisissez l’obscurité et moi, la lumière, ce qui rend cette dernière plus éblouissante. Non que je la choisisse, mais ce qui rend la lumière plus puissante, c’est l’obscurité proche sur la toile.
Quant aux Grisons, que vous avez découvert avec Marusa, je les connais depuis 1969.
Bien entendu je n’ai jamais été un proche de Marie Louise, ce n’est pas une session téléphonique d’une heure, qui rend « proche ».
PS: Paix à l’âme de Marie-Louise, ceci dit, Mauvaise Langue, il serait difficile de dire que vous ne vous étiez pas bien trouvés: L’une entendant des voix, l’autre obsédé par la Shoah.
Mauuvaise Langue: Chur (Coire en français), est la capitale du canton des Grisons.
Et comme le rappelle, Renato, une partie des Grisons se trouve après le col du San Bernardino, vers le sud, et la langue est l’italien. D’où votre confusion. Pas grave, chacun peut se tromper.
N’oubliez quand même pas que le meilleur moyen de connaitre la géographie d’un pays, est d’y vivre. Cela rentre plus aisément dans la tête.
cet homme représente le summum de la fatuité et de la bêtise crasse.
0H28
A 8h57 vontraube nous prouve qu’il peut être aussi un parfait dég….
Ma légèreté ?
il y a une trentaine d’années, je songeais à une recherche sur ce qui me semblait un « envahissement » des oeuvres d’art visuel par de l’écriture, -des écritures-
j’y ai repensé à cette tentation à laquelle je n’ai pas cédé dès que j’ai vu cette page, cette volée d’écitures, et à la manière dont la question des écritures me revient encore, et comme je la reonnais sous de nouveaux visages
J’ai tout faux quoi, ML ? Que chez Paul vous m’avez insulté ? Que vous avez soutenu que Giacometti était Tessinois ? Que vos rêves ne trouvent pas de substance pour se réaliser, qu’ils sont trop grands pour ce que réellement vous avez à offrir ? Faut y aller ML, dites-moi où j’ai tout faux… mais voyons l’état des lieux.
Vous aviez promis une traduction magistrale de je ne sais pas quoi avec MàC ? MàC s’est tiré, dites vous, et pas de traduction.
Maintenant vous promettez une traduction de Max Frisch, et vous chipotez sur le mot « corral » (pas, comme vous l’écrivez, « coral », n’est-ce pas). Mot à propos du quel il vaudrait mieux que vous vous informiez car « corral » peut venir de la tauromachie comme il peut venir des éleveurs de bovins de l’Ouest américain, et il y a une différence, si si, je vous assure, et c’est une différence de taille.
Quant à la Shoah, contrairement à d’autres et ben que ce soit l’impression que vous en donnez, je ne dirais pas que vous en êtes obsédé. Je dirais plutôt que vous l’employez comme bouclier afin de cacher vos faiblesses et vos manques, ce qui n’a rien à voir avec l’une des plus grandes tragédies de l’humanité, mais seulement avec l’incapacité qu’est la votre d’assumer la banalité de votre réel quotidien.
Maintenant lâchez-vous, ML, cela vous fera le plus grand bien.
Comme d’habitude, la haine vous égare…
Pas un mot de juste dans ce que vous dites.
Ce que vous dites ou rien c’est pareil pour moi…
oui D votre légèreté !je vous laisse le soin de faire votre auto-portrait de choisir le vocabulaire qui vous conviendrait ,je jetterai un oeil
Il est vrai que je suis quelqu’un d’assez exceptionnel, mais je n’aime pas trop qu’on me le rappelle en public, W., par égard pour les autres, car je suis également humble.
Cela dit, W., n’ayez pas de complexes d’infériorité. Vous me convenez parfaitement. Je m’accommode très bien de vous, en d’autres termes.
C’est pourquoi je m’étais permis de vous demander en mariage pour le 8 février, mais rien en presse en fait, je ne voudrais pas paraitre trop léger et véloce, disons qu’on est d’accord sur le principe et que rien ne presse, chaque chose venant en son temps.
Entre D. et W. c’est de la parthénogénèse !
« Pas un mot de juste dans ce que vous dites. »
ML 27 janvier 2013 à 14 h 13 min
Si vous le dites ça doit être vrai. Je ne vais pas chercher chez Paul, par exemple, vous en valez pas la peine, ce qui d’ailleurs me permet de ne pas éprouver de la haine : ce serait inutilement fatiguant.
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