« Après Sainte-Beuve » : vous permettez, Proust ?
Un livre doit porter un titre pour le meilleur et pour le pire. Il arrive si souvent qu’il en soit rehaussé qu’on oublie trop les occasions où il en est accablé. Chaque lecteur peut en dresser sa liste personnelle, subjective, et nécessairement arbitraire. Encore ces titres ont-ils été choisis par leurs auteurs, ce qui limite les reproches qu’on peut leur adresser. Mais qu’un titre appliqué à titre posthume vienne à s’abattre sur un livre inachevé, et que le nom de Marcel Proust vienne couronner le tout sans qu’il l’ait vraiment voulu, voilà qui pose problème. L’affaire n’est pas d’aujourd’hui puisqu’elle remonte à 1954, date de la parution de son fameux Contre Sainte-Beuve. On sait qu’en fouillant dans les papiers de famille de Suzy Mante-Proust, Bernard de Fallois, qui n’était pas encore le grand éditeur qu’il devînt mais un professeur de Lettres de Stanislas préparant une thèse sur la Recherche, mit par hasard la main sur un trésor : les manuscrits inédits de Jean Santeuil et d’un ensemble hétéroclite de textes critiques qu’il rassembla sous le titre Contre Sainte-Beuve ; Gallimard le publia avant de le canoniser dans la collection de La Pléiade, sanctuaire fort bien fréquenté où l’on délivre un passeport pour l’éternité littéraire. Ce qui n’était peut-être pas un livre a donc accédé à ce statut par la seule vertu de sa publication. Nombre de ceux qui ne le connaissent que par son titre (certes tiré d’une lettre mais portant sur la préfiguration du roman et non sur ces textes précisément) en ont acquis la conviction que Proust était contre Sainte-Beuve, tout simplement ; elle a été il est vrai renforcée par l’analyse de ceux qui l’avaient lu et en ont déduit le syllogisme suivant : Proust distingue et oppose radicalement le Moi social du Moi créateur, l’un étant superficiel et l’autre profond ; il reprochait à Sainte-Beuve d’expliquer une œuvre par la biographie de son auteur ; Proust était donc contre la biographie. Ce qui a découragé des vocations de biographes, et singulièrement de biographes de Proust qui l’ont lu comme un bref traité de disqualification par anticipation. Il n’aurait pas aimé qu’un inconnu fouillât dans ses papiers, établît des concordances entre sa vie privée telle que exposée par sa correspondance et des pages de son roman, révélât son homosexualité, inventa ses serrures à une cathédrale de prose qui est tout sauf un roman-à-clés etc
C’est dire si l’essai de Donatien Grau vient à point. Ce jeune normalien, qui doit son prénom à l’admiration de ses parents pour un marquis qui n’était pas de ces salons-là, consacre son Tout contre Sainte-Beuve (401 pages, 24 euros, Grasset) à un démontage brillant, méthodique, parfois un peu naïf (il faut oser, par exemple, affirmer que « Rares sont les romans au XXème siècle à pouvoir afficher une issue heureuse » ; que de lectures cela suppose…) mais le plus souvent habile, de l’immarcescible doxa, du lieu commun et de la tarte à la crème qu’elle a enfanté dans tout commentaire proustifiant selon lesquels Proust a osé s’en prendre au grand Sainte-Beuve et le rejeter en même temps que le principe biographique.
Donatien Grau a eu des prédécesseurs, et comment en serait-il autrement si l’on considère l’immensité de la bibliographie proustienne. Jean-François Revel pour ne citer que lui : « La thèse de Proust sur la création littéraire est le retournement exact de celle de Sainte-Beuve, et elle est du même niveau. A la thèse que l’œuvre procède du moi des dîners en ville, Proust réplique qu’elle procède d’un moi qui ne mange jamais. » Et de défier Proust d’avoir eu plutôt le courage de se lancer dans un « Contre Taine », qui eut été d’une tout autre envergure et d’un tout autre intérêt eu égard à la qualité de grand historien des lettres, et d’une tout autre difficulté. Dans le sillage de Revel, Donatien Grau montre que si Proust a tant insisté sur son inimité pour Sainte-Beuve, ce sceptique absolu, c’est qu’il lui importait vraiment : il admirait l’historien de la littérature qui l’avait grandement influencé. Et l’essayiste de reprendre les textes d’Emile Faguet, des frères Goncourt, d’Eudore Soulié, de Gustave Lanson, Jules Lemaître, Léon Séché. Ce qu’il tire de sa relecture ? Rien moins que ceci : contrairement à une idée reçue, la critique de ladite méthode de Sainte-Beuve était monnaie courante plusieurs années avant que Proust ne s’y mette ; il n’a pas, comme on l’a souvent écrit, fait figure de subversif en s’en prenant au maître ; son point de vue sur la dualité des Moi n’était en rien une innovation puisqu’elle se trouvait déjà formulée dans le Journal des Goncourt que Proust avait lu passionnément. Et Donatien Grau, porté par son élan démystificateur, de s’interroger : « Proust ne serait-il pas un autre Sainte-Beuve ? Ne se serait-il pas identifié à l’écrivain ? En ce cas, l’examen de la matière beuvienne serait comme un moyen pour lui d’éprouver sa singularité. »
Dans sa quête des affinités électives, il établit des proximités entre Proust et Sainte-Beuve, entre la Recherche et Volupté, dresse des parallèles jugés troublants entre le jeune Proust et le grand Sainte-Beuve, à commencer par l’érudition. Sauf que, comme il le reconnaît, celle de l’auteur de ce chef d’œuvre qu’est Port-Royal (Donatien Grau en fait même l’équivalent monumental de la Recherche dans le versant de la connaissance positive et du savoir historique, et dans un même souci de la totalité,) était sans limites, alors que celle de Proust n’est impressionnante que pour les lecteurs du XXIè siècle ; elle l’était moins en son temps pour qui sortait des bonnes écoles.
Mais pourquoi continue-t-on à disputer de la dimension autobiographique ou non de la Recherche, de la dissociation du moi social et du moi qui écrit quand il apparaît désormais évident que l’œuvre de Proust se nourrit de sa vie, mais que dans le processus de création, rien ni personne ne s’y trouve intégralement transporté, tous les éléments y étant amalgamés, fondus et confondus ? De la contiguïté entre l’auteur et le Narrateur se dégage une ambiguïté qui ajoute à son mystère, et qui s’en plaindrait. Gardons-nous de trop les confondre tout en nous gardant de les distinguer systématiquement. Le débat paraît aussi vain que l’on écoute les partisans de l’un ou l’autre bord alors que Proust, malgré le postulat exposé dans sa philippique contre Sainte-Beuve, a de longue date souterrainement opéré la jonction entre les deux, comme le font tant de romanciers sans même que la question théorique ne les effleure. Alors ni Proust ni Sainte-Beuve, dans la mesure où l’on en a fait deux absolus de la critique littéraire exclusifs l’un de l’autre. Combien de fois Proust lui-même est-il sorti du texte seul, du texte nu, pour s’aventurer dans les dédales de la vie et en tirer une information, qu’il s’agisse de Balzac, Thomas Hardy, John Ruskin, Baudelaire ! Il brûle de savoir quels modèles de la vraie vie ont inspiré à George Eliot, Maggie et Tom Tulliver, les personnages du Moulin sur la Floss. Ses lettres regorgent de cette curiosité restée rarement inemployée. Et dans le Contre Sainte-Beuve même, ne remarque-t-il pas que le grand critique du XIXe siècle s’était bien gardé de s’en prendre à Chateaubriand du vivant de Mme Récamier ; mais Proust, lui, s’en prend à l’homme privé en Sainte-Beuve, le guignolisant comme peu de caricaturistes oseraient le faire et l’anecdotisant comme peu de biographes l’ont fait, pour mieux dénoncer le critique.
Quel plus bel exemple d’unité de l’œuvre à la vie et réciproquement que l’édification de cette grande machine romanesque qu’est la Recherche ! Elle est la négation même du principe exposé, succinctement mais radicalement, dans sa critique de l’esprit Sainte-Beuve ; mais à force de l’étirer en théorie, les glosateurs en ont fait un axiome de nature à terroriser des générations de biographes. Car si Proust l’a dit, n’est-ce pas, il n’y a plus qu’à ranger les instruments de l’enquête et à changer de genre. Après tout, Flaubert a cruellement méconnu, sinon méprisé, Stendhal, qui lui-même se moquait de Balzac ; mais chez Sainte-Beuve, l’erreur de jugement est impardonnable, parce qu’il a vocation de critiquer, c’est à dire mettre à leur rang les auteurs dont il est le contemporain. En fait, Proust le caricature, comme l’on fait d’ordinaire quand on veut discréditer une thèse adverse. Il en fait le critique incapable de démarquer la création littéraire, qui a partie liée avec la solitude et le face à face avec soi-même, de la conversation mondaine.
On verra bien si un jour, son « tout contre Sainte-Beuve », probablement inspiré par un mot de Sacha Guitry (« Je suis contre les femmes, tout contre »), en vient à replacer le « contre Sainte-Beuve » dans l’esprit public. Car à suivre Donatien Grau dans ses analyses, on se dit que Proust n’avait pas l’intention d’écrire « contre » mais « sur » Sainte-Beuve. Et que, si on voulait être fidèle à l’esprit en réinterprétant la lettre, quitte à faire parler Proust à notre tour, c’est « Après Sainte-Beuve » que son non-livre devrait être réintitulé… Vous permettez ?
(Illustration de Jean-François Martin ; « Sainte-Beuve vers 1860 » et « Marcel Proust », D.R.)
491 Réponses pour « Après Sainte-Beuve » : vous permettez, Proust ?
Eh bien, quelle manière de déglacer la sauteuse.
Mais enfin, donner à son enfant le prénom de Donatien c’est friser la correctionnelle.
Une sensation de vertige et de tournis s’est emparé de moi, alors que viennent à mon esprit de vieilles photos des premières escalades touristiques du Mont Blanc en jupes et costumes avec échelles successives, comme dans un grand jeu de Snake and Ladder. Pierre Assouline, vous devez savoir parler aux femmes.
Ce que je retiens de ces savantes et un peu alambiquées considérations, c’est que, s’agissant d’écrivains aussi considérables que Sainte-Beuve et Proust, la réalité est toujours beaucoup plus compliquée que ce qu’en retient une fade et simpliste vulgate critique et scolaire, qui souvent nous dispense (par paresse) d’y aller voir de plus près. Qui aujourd’hui, connaît un peu précisément, qui lit les textes de Sainte-Beuve (même « Port-Royal »)? Il est vrai que c’est tout de même plus excitant de lire tout Conrad (par exemple) ou tout Proust que de se taper tout Sainte-Beuve. Qui a lu attentivement l’intégralité des textes de Proust réunis sous le titre « Contre Sainte-Beuve » ? Je ne lirai sans doute pas ce livre de Donatien Grau,en tout cas pas tout de suite, pas avant de m’être replongé dans le « Contre Sainte-Beuve » et dans Sainte-Beuve. Ensuite, peut-être que le tour de Donatien viendra (dans deux ou trois ans ?). C’est que je n’ai pas que Sainte-Beuve et Proust à lire ou à relire.
Il me semble que l’article d’Assouline entretient une certaine confusion (ou c’est moi qui ne l’ai pas lu assez attentivement) sur un point essentiel : ce n’est pas parce que Proust puise dans sa propre vie – comme l’a montré naguère l’étude de Painter — une très grande partie de la matière de son livre que sa pratique de la littérature se rapproche le moins du monde de l’idée que s’en faisait Sainte-Beuve. Ce dernier, tout grand critique et historien qu’il a été, a toujours été infoutu d’écrire un ouvrage d’imagination de quelque envergure. Cette carence, cette impuissance, est probablement la cause de son incapacité à concevoir la création littéraire telle que Proust la comprendra, à savoir que le moi créateur s’empare de l’expérience vécue pour la fondre dans une synthèse qui la transcende. Il faut être un authentique créateur, comme Proust ou Balzac, pour être de plein pied, parce qu’il la vit, avec cette idée de la littérature ; un second couteau, même talentueux, comme Sainte-Beuve, en sera toujours incapable, comme aussi nos besogneuses tâcheronnes de l’autofiction, les Ernaux, Angot ou autre Jacub, dont l’inspiration ne décollera pas du niveau de leurs fesses tant qu’elles n’auront pas vraiment assimilé la théorie de Proust. La création proustienne est la démonstration de la justesse de ses vues sur la création littéraire en particulier et artistique en général.
Les cinquante nuances de Grau, appliquées par petites touches sur la toile toute fraîche de cette relation prousto-beuvienne, rejointoient peut-être automatiquement dans nos yeux quelques pavés disjoints à Guermantes alors qu’au même instant une étincelle frottée depuis l’un des circuits perdus de la mémoire, de celle que l’on dit involontaire, retaille les dalles inégales d’un baptistère à Venise, remodèle une madeleine imbibée jusqu’au cou, sucre à nouveau les fraises de l’infusion de thé ou de tilleul chauffée à Combray. C’est cela la magie de « la critique du tout-contre » (qui n’est pas un dogme), c’est ça la vertu du saint breuvage bien remis de son ré-équilibrage après un saut périlleux fait sur lui-même dans la tasse aux souvenirs, que le jeune normalo-sadien nous propose de ré-estimer à sa juste valeur ; tremper comme pour l’inaugurale fois nos lèvres dans l’oeuvre du critique et boire une gorgée de Beuve comme si c’était la première fois (avec certaines bières, ça peut marcher aussi). Merci Donatien, à cause de vous Sainte-Beuve sauve sa tête et, par la grâce de la pastille d’un (tout) nouveau (contre)-titre, voit l’esprit de la lettre de sa pensée enfin décacheté. Bon, Proust l’avait dit dès les première pages de son multilivre. Que ce soit le goût du gâteau ou le goût de Sainte-Beuve : « il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui mais en moi. »
JB Qu’on en lise plus Sainte Beuve est un propos qui se discute. Il y avait ces derniers temps dans la vitrine de Delamain, place de la Comédie Française, une très belle édition des Causerie du Lundi et des Nouveaux Lundis. Elle est restée dix jours et puis elle est partie. La question serait plutôt: qui lit Sainte Beuve? Or je t’assure, pour commencer à y entrer, que c’est une lecture absolument passionnante et fascinante une fois qu’on a appris à dépasser les restrictions beuviennes.
Quant à ce livre lui-même, il me semble difficile de débusquer un écrivain à partir d’une problématique que lui-même a posée.
D’ailleurs, dans mon souvenir « Contre Sainte-Beuve », c’est dix pages à propos de Sainte Beuve et puis tout autre chose ensuite.
« Je ne crois pas que mon roman sur Sainte Beuve/soit entre nous très goûté chez la veuve. »
Qu’on ne lise…
Painter est très fameux pour avoir puisé dans La Recherche de quoi raconter la vie de Proust. Et c’est un beau livre. Une lecture de La Recherche pour ceux qui ne la liront pas, disait Barthes.
Il faut lire la Tadié, rien de comparable.
Mais oui, Chaloux, la lecture des Lundis, en raison de leur généreuse édition en collection « Bouquins » ont enchanté plus d’un non-littéraire, je ne crois pas être le seul.
(Le caractère artificiel de la relation Proust/ contre/ Sainte Beuve pouvait être perçue, puis vérifiée par un bon lecteur, même peu français.
Merci au « jeune normalien », qui rend désormais la chose indubitable!)
Je ne connais pas très bien Taine (c’est pour bientôt), ueda, mais il me semble bien qu’il est beaucoup plus au coeur de la création proustienne que Sainte-Beuve, et même que les Goncourt dont Proust s’est inspiré parfois à la lettre( ex : Le « Vous êtes une petite perfection » de la mère Verdurin à Odette sort texto du Journal), sans compter le pastiche et ses suites (est-ce dans Le Temps retrouvé?).
Reste que pour les vrais amateurs de littérature, les Goncourt et Sainte-Beuve sont bel et bien du premier rayon et non du second, comme on l’entend souvent dire. Seulement, c’est un premier rayon qui n’est pas pour tout le monde.
J’ai l’impression que pour savoir enfin quel contentieux existe vraiment entre Proust et Sainte Beuve, il faudrait éplucher non seulement les deux oeuvres mais aussi les correspondances. La solution est probablement, comme souvent, dans des bouts de phrases sur lesquelles personne ou presque personne ne songe à s’arrêter. Un travail de romain, et le travail de tout une vie.
inimité :
> inimitié
> intimité
> inimité
Et tant qu’à faire, lire aussi le « Pour Sainte Beuve » de José Cabanis.
tout le monde voit bien que l’illustration est un profil, d’un fil, couché ?
mais j’ai eu volupté au programme de licence, il y a longtemps, alors que je ne pensais encore qu’à lire Proust !
On ferme ! Las orders ! Last orders !
Typographie plus élégante, je ne suis pas sûr de la hauteur des caractères en rouge, un chouilla moins peut-être… mais vraiment un chouilla.
Sur fond gris, c’est très joli.
Il y a un peu de vert qui vient s’y mêler, j’ignore si c’est mon navigateur.
Comme quoi il faut travailler les détails, les petites choses.
Last orders ! Last orders !
Ach ! Zaint Peufe…
Bon, c’est pas tout ça, je vais lire Le Petit Chaperon Rouge (version tragique) à mes plus jeunes, vous pourrez toujours retenir ça contre moi.
…
…la nouvelle typographie est plaisante,…maintenant,…bon,…je préfère l’onciale,…comme l’écriture autour des monnaies du haut-moyen-âge,…les Ô sont parfait,…
…etc,…
« mais vraiment un chouilla. »
Venant d’un puriste, d’un écrivain français conscient de son lignage, de son sang (hein), cet arabisme me choque, M. Régniez.
Irez-vous un jour opter pour je ne sais quel sabir?
Aurez-vous, pour votre Reconquête, des auxiliaires indigènes dont vous maîtriseriez le parler guttural et sans détour?
« Un chouilla, crouilla »?
Pas vous, pas ça.
(Franchement, ce relâchement occasionnel m’inquiète un peu, puisque c’est votre visage public.
Faut-il en conclure qu’en famille, c’est nécessairement Trabaja la moukhère tous les dimanches?)
veda très cher, vous savez je vis parmi les indigènes qui baragouinent en Guarani, alors on se laisse aller, et puis, fort de l’expérience des pères missionnaires jésuites, on fait le tri…
Lisez-vous le Castillan ?
Savez-vous que le mot ananas viendrait du Guarani, et que pas un Guarani ne le connaît, méfiance, méfiance, même dans les petites choses.
Et dire que seule une phrase au hasard m’a accrochée,comment la retrouver?je n aurai pas le temps…
Je ne vous dit pas, depuis la venue du Porteur du Christ sur notre continent, la quantité de mots que nous utilisons qui ont leur origine dans le Guarani. Le Latin, à côté, c’est de la blague.
wouah!la typo,c’est d’une élégance,on ne va plus oser écrire des facilités,des insanités,des obscénités,des banalités,des absurdités,des férocités,des impudicités,des vanités…
onciale
Avantageusement supplantée par la minuscule caroline depuis le codex de Bèze.
1er mars 2013 bientôt le printemps, yeah…
grillée au poteau
Ici, c’est bientôt l’automne, tout est relatif, Rose.
immarcescible doxa
ces deux termes juxtaposés me semblent oxymoriques.
[Hormis le fait qu’immarcescible est un leurre, ce qui est un autre sujet de conversation,] la doxa justement n’est pas immarcescible puisqu’elle est variable.
Donatien, c’est pourtant joli.
des bonnes écoles
là me semble-t-il Passou c’est une litote pour dire les grandes écoles : quelqu’un les ayant fréquenté parlait encore latin/grec on va dire la génération née en 1920 (j’espère que ça va) des gens qui ont 95 ans aujourd’hui et plus et qui ne sont pas morts. On lisait et on parlait le latin et le grec ancien couramment : donc on était à même de traduire directos Thucydide les guerres puniques.
D’en parler à table.
D’en discourir avec nos enfants.
quelqu’un les ayant fréquentées je me rattrape au vol.
Et hop.
zut j’ai perdu le fil. Et mon com. Re-zut.
Fleurs des cognassiers du Japon roses prêtes à s’ouvrir. Bourgeons du cerisier bourgeonnant. Crocus et perce neige ayant percé depuis un mois déjà la neige crè frouade.
Nous allons vers le printemps.
Vivez où vous voulez et aimez qui vous voulez : ici c’est le printemps et midi à ma porte.
…
…Vérificateur typographique,…à 0 h 00 min
…Oui,…c’est bien çà,…
…
…enfin,…onciales ou demi-onciales celtes,…
…les onciales des « gros » à Louis IX,…et avant lui,…ce style d’onciale des templiers,…
…pour être plus précis,…etc,…
…
le y de l’illustration de JF Martin, à quoi le raccrocher ?
Ensuite tant mornes ces vallées, tant monotones ces trains, tant belles ces vaches, tant dure ta dent, telles !
remarquez, amusé, en incise le tant tant tant tant.
je ne suis pas l’objet de vos désirs. Et vous le savez fort bien.
Passez votre voie & changez de train, ce soir j’ai l’humeur sombre à cause de quand le chagrin l’emporte sur l’envie d’en découdre. Je vais d’ailleurs vous laisser là ; j’ai déjà supprimé mon cinéma de ce soir. Je ne ris pas. Quelqu’un dit un profond marasme les gens font ouaf youp yeah et c’est marre.
Ben non c’est pas marre.
Je suis sincèrement désolé, Rose. Je ne voulais pas vous faire de peine.
…
…tout ces gens heureux sur les cartes postales,…qui ne sont plus là,…en cabriolet ou avec les premières automobiles des années 1900,…toute une époque,…
…etc,…sans onciale de templier des fagots,…
…
…c’est pas marrant,…
…un drôle de patois français du terroir des roses,…etc,…
…
Que Flaubert méprise Stendhal, c’est inéluctable. Pour employer un vocabulaire moderne, on pourrait dire que d’une certaine façon Flaubert « déconstruit » Stendhal. À tous égards.
Par ailleurs, qui a déjà mis le nez dans Saint-Beuve sait que c’est un vrai critique. Il suffit de lire notamment les vingt-deux pages de « Du roman intime ou Mademoiselle de Liron ». : « livres exquis et rares qui trouvent moyen de naître ; il est toujours des cœurs de choix pour les produire délicieusement dans l’ombre. (…) Ce sont des livres qui ne ressemblent pas à des livres, et qui quelquefois même n’en sont pas ; ce sont de simples et discrètes destinées jetées par le hasard dans des sentiers de traverse, hors du grand chemin poudreux de la vie, et qui de là, lorsqu’en s’égarant soi-même on s’en approche, vous saisissent par des parfums suaves et des fleurs toutes naturelles, dont on croyait l’espèce disparue. (…) C’est d’amour que se composent ces trésors cachés (…) à transmettre ce souvenir, à l’éterniser (…) ou bien il garde pour lui et prépare, pour des temps où il ne sera plus, une confidence, une confession qu’il intitulerait volontiers, comme Pétrarque a fait d’un de ses livres, « son secret (…) et ces formes, nous le répétons, sont assez insignifiantes, pourvu qu’elles n’étouffent pas le fond et qu’elles laissent l’œil de l’âme y pénétrer au vif sous leurs transparence (…) comme Lamartine a fait pour Elvire (…) pur et naïf détail des choses éprouvées (…) s’en tenir étroitement au vrai et viser au roman le moins possible (…) toutes les histoires de l’Astrée ont un fondement véritable, mais l’auteur les a toutes romancées (…) omettant quelquefois avec goût, mais se faisant scrupule de rien ajouter (…) un charme particulier dans leur désordre. » (juin 1832)
On voit à la lecture de ces quelques lignes tout ce que La Recherche doit à la théorie ici esquissée mais sans lourdeur théorique (c’est à la fois une qualité et un défaut, parce que les concepts n’y sont pas pour penser ; il faut les créer soi-même en somme, ils sont encore pris dans la gangue anecdotique, comme celui d’ « ipséité » qu’il est nécessaire de faire ressortir, voire d’inconscient du texte). Mais on voit en même temps tout ce qui sépare Proust d’un tel roman intime ici analysé. À bien des égards, j’ai souvent pensé que l’écriture de Proust (pour employer un grand mot…) n’avait été qu’un approfondissement de ce que cette critique beuvienne du roman intime permet de cerner de l’intime et de rendre légitime comme art littéraire ; il suffit, en quelque sorte, après Sainte-Beuve de « densifier » le signifiant, les jeux de contraste et de parallélisme dans le récit, de tenir compte des jeux du son et de l’image métaphorique construisant le sens même du récit à l’intérieur d’une grande idée englobante pour « faire » du Proust.
Mais on voit bien combien Sainte-Beuve, a contrario, voit loin dans sa vision de l’intime, qu’il met déjà en forme théorique non seulement ce qu’on peut lire sous la plume de Proust (qui fut si mal compris en son temps qui n’avait pas lu ni compris Sainte-Beuve !) mais tant d’autres en France comme en Angleterre (le Valéry Larbaud aussi bien de « Barnabooth » que celui d’ « Amants, heureux amants », que Mrs Dalloway de W. Woolf, que aussi d’une certaine manière Aragon, celui d’Aurélien comme celui des « Voyageurs de l’Impériale » qui sont des romans de l’intime avant d’être des romans historiques). Sainte-Beuve était lui aussi prémonitoire d’une certaine modernité qui ne commencera d’émerger que vers les années 1860 avec Verlaine quand il sépare l’action de sa sœur le rêve.
Ce qui manque (Dominique l’a bien montré dans son Contre Saint-Proust) à Proust, à son tour, dans sa conception de la littérature, c’est tout ce qui relève en littérature de l’institution sociale de la littérature, tout ce que Maingueneau appelle d’un nom barbare la « paratopie », qu’il analyse dans son autre bouquin « Le discours littéraire Paratopie et scène d’énonciation ».
Tout cela est bien passionnant ! Car la littérature qui s’édifie aujourd’hui peut être lue largement comme un contre-Proust.
Quand Sainte-Beuve dit : « s’en tenir étroitement au vrai et viser au roman le moins possible », ça me fait aussi penser au style et aux romans de Houellebecq qui se situe aussi dans cette veine-là mais l’appliquant à une forme de sociologie romanesque ou romancée. Il me semble que Sainte-Beuve voit jusque-là aussi.
Comme le dit mon bon ami Andrew R., éminent critique littéraire de l’anglosphère, Proust ‘could do with a little editing’. En effet, bien peu sont ceux qui ont lu l’intégralité de la Recherche, ou même un seul de ses longs volumes. Pour cela, il faut avoir été posté en Mongolie dans les années 80, s’être cassé les deux jambes en sortant de piste à Avoriaz, purger une longue peine de prison, ou tout simplement préférer la vie des autres à la sienne, tropisme parfois tout à fait compréhensible pour qui renonce à la richesse intérieure.
En cette période de recrudescence alarmante du chômage de masse, il faut rendre grâce aux créateurs d’emplois que sont Proust et Joyce. De par le vaste monde, ces deux là font vivre des centaines, voire des milliers, de chercheurs, d’universitaires, de directeurs de thèse, de centre de recherche, de critiques littéraire bons et mauvais, de biographes lénifiants, etc. Leurs descendants aussi, car il semble que le jeune Donatien Normalien soit un de ces héritiers dont la République, en bonne naturalisatrice de la notion de caste, possède le secret. Longue vie aux études proustiennes et joyciennes: que ceux qui sont à la recherche du emploi perdu se disent qu’ils peuvent entamer l’odyssée de la logorrhée critique.
De nos jours, je ne vois qu’un seul écrivain qui promette de faire vivre des générations de glossateurs, Wellbeck, nouvellement du 13e.
Après Marcela la Malsainte et ses cochonneries semi-casher, les impressionnantes imitations porcines du Salon de l’agriculture. En France, le porc humain a de l’avenir (olus que le cheval):
France’s annual agricultural fair has been in full swing in Paris this week: a chance for farmers from across the country to show off their wares, and for city-dwellers to come and gawk.
One of the big crowd-pullers every year is the national pig-noise contest, where people compete to produce the most convincing grunts and squeals.
http://www.bbc.co.uk/news/world-europe-21624696
plus que
» il faudrait éplucher non seulement les deux oeuvres mais aussi les correspondances. La solution est probablement, comme souvent, dans des bouts de phrases sur lesquelles personne ou presque personne ne songe à s’arrêter. Un travail de romain, et le travail de tout une vie. » (rédigé par chaloux)
Oui, et c’est là que réside la vérité littéraire : elle est dans les nuances, les à-côté, les détails, elle s’accommode fort bien des contradictions, des revirements; une oeuvre a été fabriquée sur le plus compliqué des métiers à tisser; le résultat est que le lecteur idéal est semblable à son modèle, Proust se claquemurant dans sa chambre, avec ses fumigations, pour écrire « La Recherche ». Pour devenir un vrai lecteur, il faut renoncer au monde. Vivre ou lire, il faut choisir. J’ai toujours cru que Borges, en inventant son Pierre Ménard auteur du Quichotte, nous proposait la métaphore du lecteur idéal. Pour vraiment comprendre Proust, Balzac, Conrad (ou Sainte-Beuve), il faut entrer, par l’allée des convers, dans la cathédrale de leur oeuvre, pour n’en plus sortir, il faut refaire pas à pas leur parcours, phrase après phrase, mot après mot.(je m’exalte un peu trop là, si j’allais courir après le chat de la voisine)
« je dois, en commençant, un petit mot d’explication en réponse à plus d’une question qui m’a été faite en des sens divers. Quelle est mon intention et mon but en revenant volontiers ici sur des sujets du XVIIe et du XVIIe siècle? Ai-je ne vue de proposer des modèles? Non pas précisément; mais je voudrais aider avant tout à maintenir, à renouer la tradition, sans laquelle n’est rien possible en bonne littérature; et, dès lors, quoi de plus simple que de tâcher de renouer cette tradition au dernier anneau? Si bien des choses étaient déjà gâtées à la fin du XVIIe et pendant tout le XVIIIe, le langage du moins y était encore bon, la prose surtout s’y retrouvait excellente quand c’étaient Voltaire et ses proches voisins qui causaient ou qui écrivaient. Je voudrais donc nous remettre, me remettre moi-même tout le premier, au régime de ce langage clair, net et courant. Je voudrais que, dans le commerce de ces hommes ou de ces femmes d’esprit d’il y a un siècle, nous nous reprissions à causer comme on causait autrefois, avec légèreté, politesse s’il se peut, sans trop d’emphase. Un des défauts des générations nouvelles (lesquelles ont leurs qualités d’ailleurs, je ne le conteste pas), c’est de vouloir dater de soi seul, c’est d’être en général dédaigneux du passé, systématique, et, par suite, roide et rude, ou même un peu farouche. J’aimerais à voir la jeunesse s’apprivoiser et s’adoucir petit à petit à ce style plus simple, à ces manières de dire vives et faciles, qui étaient réputées autrefois les seules françaises. »
Sainte Beuve, Causeries du Lundi, Vol II, « Madame du Châtelet », P 266 (édition 1942).
JB, on peut même passer vingt ans de sa vie, à se demander ce qu’il faut vraiment sacrifier.
@ rose dit: 1 mars 2013 sont pas morts: » On lisait et on parlait le latin et le grec ancien couramment « :
Connaitre une langue vivante par son apprentissage scolaire, par la lecture, par la traduction dans les deux sens, n’a rien à voir avec parler une langue couramment. Parler une langue couramment, fluently en anglais, fliessen en allemand c’est parler sans même réaliser que l’on ne parle pas sa langue maternelle, c’est parler avec les mots qui courent naturellement. C’est être capable de changer de langue, sans effort aucun et à la minute même. Au contraire du commentaire de Langue Mauvaise, ce n’est pas ne pas faire de fautes diverses, grammaire, syntaxe etc… C’est parler sans traduire, c’est quand une conversation est terminée, ne plus même savoir se rappeler dans quelle langue la conversation a eu lieu.
Si comme le disait l’enseignant Mauvaise Langue, parler couramment une langue est ne jamais faire aucune faute de grammaire, les gens simples ne parleraient jamais « couramment » leur propre langue. Et que dire des langages qui n’ont pas ou peu de grammaire ?
Fazit, Rose, je ne crois pas que tous les bons élèves de grec et de latin, parlaient ces deux langues « couramment ». La Langue écrite par ailleurs, n’est pas la langue parlée.
Proust distingue et oppose radicalement le Moi social du Moi créateur
je ne me souviens peut être plus, mais l’idée que j’en ai conservé est que c’est un grave contresens, et pour sainte beuve et pour proust, c’est une trahison
D. dit: 1 mars 2013 à 0 h 40 min
merci j’apprécie beaucoup votre délicatesse ; c’est pas vous, là, mais vous appuyez sur le champignon ; c pas top. Je vous pardonne volontiers.
(je m’exalte un peu trop là, si j’allais courir après le chat de la voisine)
on peut faire des diversions et des récrés jean marron..je ne sas pas, peut être que beaucoup d’artistes sont des complets industriels, ils veulent être tout entier dans ce qu’il font
> Parler une langue couramment […]
Un opinion que beaucoup d’autre valent.
Je peux faire tout ça dans des langues que je sabir à peine et estropie à l’envi.
Je propose qu’il n’y a pas de critère individuel / autonome pour l’évaluation de la maîtrise d’une langue.
TKT dit: 1 mars 2013 à 9 h 50 min
> TKT que signifie fazit s’il vous plaît ? Est-ce la même chose que by the way ?
Je suis bien d’accord avec vous sur fluently. Bien que cela me semble difficile de s’approprier l’entièreté de la langue étrangère l’humour etc, les jeux de mots.
Ce que je voulais dire c’est que les gens, deux générations avant nous, qui apprenaient leurs humanités avaient la capacité de lire et traduire le grec et le latin. Et de lire dans le texte les écrits des antiques. Vous comprenez que cela m’émoustille ce talent là. Aujourd’hui pour moi trois/quatre citations, c’est un max, voyez la déshérence ! Par exemple un élève qui suivait les cours à Port Royal (là ça date, j’en suis consciente, merci) : Racine, au hasard, en incise, sortait de là écrivait en vers, tchac comme vous vous maîtrisez plusieurs langues : je veux dire, les mots lui venaient en vers à la bouche. C’est pas beau cela ?
Ah, je ne me lasse d’admirer…oui, c’est vrai.
..il est évident que le dandy gaucher façon gainsbourg en première illustration c’est qu’ajouter un bon logo à la marque..ça gueule un peu trop avec les deux autres
El les voilà qu’ils prennent des notes en regardant le paysage… il y a de la substance quoi… une force…
ben oui je crois cela aussi (demain il neige) qu’être artiste c’est être tout entier dans ce que l’on fait et que tant que l’on n’est pas habité par cette niaque là d’être bouffé par ce que l’on fait on n’est pas un artiste. J’y rajouterai qu’il faut le savoir de soi aussi : je suis un artiste. Là, tu ne peux être modeste. Je suis un artiste c’est je brûle pour cela et je l’assume.
[Je voulais te dire : tu ne meurs pas d ela précarité même si la vie doit être difficile, mais tu meurs de la solitude oui je le crois.
Les blogs ne comblent pas la solitude, misère de moi, rose. Virgule point sans incise.]
J’aime à te savoir peindre mais ton poème adolescent aussi.
Ceal peut être indifférent d’être un artiste. Comme cela peut être indifférent d’être plagiée. Parce que d’autres choses peuvent sous tendre ton désir de vie.
Mais cela peut être inhérent à toi : c’est à dire te définir. Cela, sans doute, mais qu’en sais-je ? si cela te rend heureux et t’apaise. Puis fait de toi un être réparé.
[Quand même, je crois, en incise, que si t’avais pas pris le virage à telle allure, je n’aurais pas été éjectée.]
Bien adapté et élégant, Pierre Assouline, ce caractère des noms et pseudonymes, Univers corps étroit?
j’étais venue pour vous dire deux mots sur la doxa puis je pars au cinéma ce matin.
Elle correspond au sens commun qui, lui, ne correspond pas forcément à la réalité.
C’est une ensemble de représentations qui sont dominantes, socialement, venant du point de vue général, du peuple en particulier.
Posée comme notion par Platon dans La République le mot grec δόξα signifie gloire splendeur.
(c’est aussi le nom d’un grand palmier américain et d’une montre de plongée étanche).
Plusieurs ouvrages en référence :
Marie Anne Paveau Mots. Les langages du politique(article sur la toile pour un traitement rigoureux d’une notion floue, Pages 176, 181).
Charaudeau et Maingueneau 2002 Dictionnaire d’analyse du discours
Aristote dans Topiques signale la notion d’autorité liée à endoxa.
S’intéresser à épistémé, lire Barthes à ce sujet.
La doxa est une variable. On ne peut lui attribuer le terme immarcescible.
C’est presque illisible, tant c’est petit !
Se demande t-on quelle est la part du Moi social et du Moi créateur chez Sade ? Non, on apprécie la beauté souveraine de la langue et l’audace des propos et idées contenues dans la narration toute entière : pour Donatien, qui a donné sa vie à son art !
Matin calme.
Mauvaise langue n’a pas parlé de la judéité de Marcel Proust.
Il y a pensé, mais il ne l’a pas fait.
Tout devrait se dérouler tranquillement.
Rose, « fazit » n’a rien à voir avec « by the way ».
Fazit c’est « pour conclure ». Il est même possible quand quelqu’un est trop long dans ses explications, se gargarise de mots et de phrases pédantes, ou ne connait pas la concision; il est possible donc de l’arrêter et de lui ordonner: « Fazit ? !!!!! Devinez dans les derniers commentaires qui se gargarise ?
By the way c’est « à propos », c’est souvent l’ouverture d’une digression.
Tenez D. quand il nous dit ne pas être une danseuse nue, aurait pu commencer par: By the way, je ne suis pas une danseuse nue et il aurait pu ajouter, comme pour Fausto Coppi: Sainte-Beuve et Proust, c’est qui ?
« pour un traitement rigoureux d’une notion floue » (rose)
Ici, c’est assez souvent le contraire.
Il suffit de lire son « Port- royal » et ses » Nouveaux lundis » pour s’apercevoir que Sainte-Beuve est un écrivain de première grandeur , un portraitiste splendide, un critique littéraire original avec sa prose à la fois soyeuse, minutieuse et qui filtre admirablement les qualités et défauts et la singularité d’un texte .il crayonne avec des nuances et des ombres ses portraits. .
Il est évident que Taine l’a marqué et que le positivisme de l’époque poussait sainte- beuve a étudier le matériel biographique et la société qui était la sienne
mais il y a souvent chez lui –et c’est la part fascinante- une espèce de flair d’analyste , d’empathie, de finesse sensible et intellectuelle, d’intuition pour cerner l’auteur dans sa densité . sa marque c’est la compréhension : elle ressemble au bon diagnostic, au diagnostic sur d’une excellent médecin(ne pas oublier qu’il suivit, jeune homme, des études de médecine)..
Ses » causeries du lundi » sont éblouissantes .Relire son chateaubriand !.. et son XVII° siècle janséniste fait tout un panorama religieux d’une force impressionnante, quel magnifique paysage religieux il déploie.. surtout il est complètement fascinant par les liens qu’il tisse sur l’esprit du temps dans lequel baigne tout écrivain, les influences si ondoyantes des sensibilités les unes sur les autres, car il se méfie à juste raison de trop isoler chaque écrivain ; il décloisonne magnifiquement. Chaque écrivain n’est pas pour lui dans un photomaton, mais baigne dans un milieu, une époque. chaque écrivain est traversé d’influences spirituelles lais aussi de choses si concrètes : argent, famille, femmes, etc….Il le saisit avec sûreté.. C’est un travail de tissage et de navette absolument rare qu’il offre entre un auteur, son milieu, et la fermentation intellectuel de l’époque.
Oui ML a raison : il a vu très loin devant lui, et il fut prophétique sur les métamorphoses du roman …. Il faut un peu oublier la légende : le côté chattemitte, vieux célibataire en chaussons, Raminagrobis pantouflard assoupi dans le papier mâché, et ses flanelles tout en convoitant madame Hugo.
Pour finir ce jugement de Reynaldo Hahn : « Sainte-Beuve fait toujours mes délices.il me semble que personne n’est plus intelligent, n’a le coup d’œil plus fin et plus sûr, une plus libre raison. L’élasticité de son esprit m’enchante et c’est bien ce mot-là qu’il faut employer, car non seulement il se plie à tout, mais s’étend à tout ». extrait du
« Journal d’un musicien. »
j’ai pas dit être à ce que l’on fait rose. ça mange pas de pain.
sade est un exempe qui a fasciné parceque dans le fond se faire mettre en taule pour écrire sans connexion internet c’est demander le mieux à la société que ne te fais tu enfermer dans ton caveau baroz..mais non, sade n’est pas brévik, et je ne crois pas non plus que sade « ait eu un art » écrire c’était un moyen technique convenable
Chaque écrivain n’est pas pour lui dans un photomaton, mais baigne dans un milieu, une époque. chaque écrivain est traversé d’influences spirituelles lais aussi de choses si concrètes : argent, famille, femmes, etc
..mais c’est vrai de tout le monde polo..ce n’est pas « l’objet » de saintebeuve..et de ne cherche que saintebeuve dans saintebeuve..son coup d’oeil sa finesse etc..tu laches la proie pour l’ombre, son objet, sinon qu’aurait il de si particulier, et ce ne serait que sur ce point de « finesse » que proust aurait voulu rivaliser ? allons
« une espèce de flair d’analyste » (rédigé par Paul Edel)
…qui lui a tout de même largement fait défaut quand il s’est agi d’apprécier ses contemporains.
Oui pour le diagnostic sur Sainte Beuve, Paul Edel, mais le lien avec Marcel, rupture ou continuité et dépassement ?
Sainte-Beuve avait la faiblesse de croire que « Volupté » était supérieur au « Lys dans la vallée ».. « Je lui passerai ma plume au travers du corps », dit Balzac, un jour de 1834, du collaborateur de la « Revue des deux mondes ».
les contemporains, leur misère t’apparait trop cruellement jean marron : comment que ce gars sympa avec une jolie femme écrirait pas bien ?..que je vais l’inviter a passer boire un thé citron pendant que son mari vaque..
« Volupté », quel titre de livre pour la collection Harlequin !
« Lys dans la vallée »
..quand on pense que cette salope s’est barrée pendant qu’il était à claquer comme un iench
@ Rose; « cela me semble difficile de s’approprier l’entièreté de la langue étrangère l’humour etc, les jeux de mots. »: Pour l’humour et les jeux de mots, je ne suis pas d’accord avec vous. Il suffit d’être à l’écoute et d’avoir de la mémoire. Mais on peut avoir de l’humour rien qu’en utilisant les intonations, pour les jeux de mots, il faut avoir un minimum de vivacité d’esprit, le sens de l’ironie, de l’autodérision. Quant à l’entièreté d’un langage (j’y inclus les dialectes et les sabirs genre singlish, manglish, indlisch, yiddlish NYkais, français du 9-3 et français de La Pointe Rouge), cela évolue tout le temps, « es fliesst »…
Si vous croyez que Racine ne travaillait pas ses vers, c’est une opinion, la votre. Même les génies doivent travailler.
PS: Parler une langue couramment c’est aussi ne jamais oublier à qui l’on a affaire. Ne pas oublier Sir Winston Churchill faisant ses discours avec le vocabulaire et l’accent adéquates, suivant son auditoire.
Pour Mauvaise Langue, l’anglais est une langue de snob, un peu bizarre quand on sait que le français est une langue élitaire pour les non-francophones, et que l’anglais est la langue de travail en Informatique par exemple, le monde de la finance, de l’aviation, pas mal de professions scientifiques, la recherche médicale etc…
Voyez vous, Rose, quand vous écrivez des phrases avec des tournures de banlieues populaires, je vous trouve extraordinairement snob.
Une anti « Philosophie dans le Boudoir » ?
« une espèce de flair d’analyste » (rédigé par Paul Edel)
Le flair d’analyste de Sainte-Beuve ne l’a pas empêché de passer à peu près complètement à côté de Balzac, de Stendhal, de Baudelaire, et bien entendu de Hugo, ce qui fait tout de même beaucoup pour un seul homme.
« Volupté » c’était le mot pour le porno chic de l’époque barroz..maintenant on écrirait « sodomisation assourdissante à sec »..chuis sur que philippe le vend avec l’imprimatur de benoït
Qu’entendez-vous exactement par ce : » Vous permettez ? » final, Passou ?
..t’as pas pigé avec le « tout contre » sainte beuve ?..c’est assourdissant
« M. Baudelaire a trouvé moyen de se bâtir, à l’extrémité d’une langue de terre réputée inhabitable, et par delà les confins du romantisme connu, un kiosque bizarre, fort orné, fort tourmenté, mais coquet et mystérieux…[3] [3] Les points de suspension correspondent à une coupure :…
suite Ce singulier kiosque, fait en marqueterie, d’une originalité concertée et composite, qui depuis quelque temps attire les regards, à la pointe extrême du Kamschatka romantique, j’appelle cela la Folie Baudelaire. L’auteur est content d’avoir fait quelque chose d’impossible »
C’est à peu près tout ce que Sainte-Beuve trouva à dire de l’auteur des « Fleurs du mal ». Question discernement critique, on aurait pu rêver mieux. Baudelaire eut la faiblesse de se dire touché de l’intérêt que lui portait le grand Sainte-Beuve, qu’il admirait.
tu permets : lassouline il fait vachement plus fort que qui tu sais : tutur et tatave, tada il sait qui c’est !..et pfiou..ça en fait des pages et des pages
Pour varier des platitudes, un peu d’attitude et de latitude avec William Boyd et sa préface au Larnark de ce diable d’Alasdair Gray :
« Readers develop unique histories with the books they read. It may not be immediately apparent at the time of reading, but the person you were when you read the book, the place you were when you read the book, your state of mind while you read it, your personal situation (happy, frustrated, depressed, bored) and so on – all these factors, and others make the simple experience of reading a book a far more complex and multi-layered affair than might be thought. Moreover, the reading of a memorable book somehow insinuates himself into the tangled skein of personal history that is the reader’s autobiography: the book leaves a mark on that page YOUR life – leaves a trace – one way or another. »
Donatien (de Sade), le boug, enfermé avec les commentateurs de la RDL à Charenton, il nous aurait mis en scène dans une pièce magistrale !
« Pourquoi n’écrivez-vous pas pour le théâtre ? » On l’a fait !
» « Les Fleurs du mal », voilà qui est coquet » On imagine très bien le Sainte-Beuve, perdu quelque part entre ses pantoufles et sa toque de notaire, notant cette forte pensée un lundi matin, entre son bol de chicorée et sa tartine beurrée.
Si c’est parti pour durer, c’est une torture car « être bouffé par ce que l’on fait on n’est pas un artiste » est une rengaine bourgeoise.
Un gars comme Ludwig van ne passait pas son temps à se faire bouffer par ce qu’il faisait. L’historiographie XIXe ha inventé l’image du titan torturé, pensif, malheureux, qui habite en permanence au sommet de l’Olympe et dédaigne les simples mortels car il n’est séduit que par le sublime. Mais ça c’est l’historiographie XIXe, et pas étonnant du tout que les Emmas soient parties droit dans le mur.
Pas que le XXe ait mieux fait car c’est comme si à travers la grande nouveauté qui représenta la psychanalyse, les historiens avaient trouvé une salle aux miroirs labyrinthique et passablement comique où les relation du grand faiseur de musique avec le père, le neveu, la belle-sœur, le poissonnier et le boulanger, avec le chien même… on ne sait pas si le chien à lui chien à lui, le chien à Bridgetower ou le chien de Mozart … Comment quel chien de Mozart ? celui de l’iconographie des funérailles, quoi ! un monument qui faisait la manche près du bistrot ou taverne où Ludwig van avait ses habitudes…
XIXe ou XXe que ce soit. L’image courante … pas la langue, l’image … heureux que vous ayez compris. L’image courante, je disais, est celle d’un gars plutôt antipathique, mal dégrossi, renfermé et hostile à tout ce qui n’est pas sublime, qui, par un miracle qui ne peut être que miraculeux, arrive à composer une musique qui reveille le sens de la fraternité même chez les esprits les plus coriaces.
Enfin-bref, si seulement on a lu sa correspondance on se dit : « Que des conneries d’historien » … Calmos, je ne vais pas vous ennuyer avec des citations pour illustrer ses blagues. Je ne vous emmerderai pas : mon argument contre l’image mystifié du sympathique bonhomme ce sera, j’espère, plus amusant.
Donc, le nôtre fut un pilier de bistrot (à l’enseigne de la Taverne Schwan) : poulet frit et vin blanc, blagues et chansons à boire — avec même quelque invention de sa poche … enfin, pas beaucoup de temps aujourd’hui, cherchez ‘Lob auf den Dicken’ (WoO 100) dédié à son ami (non seulement de beuverie) Ignaz Schuppanzigh… le gros petit Falstaff qui créa la plus part des quatuor de ‘Beethowino’ aussi que le Trio à l’Archiduc, la Neuvième symphonie et la Missa Solemnis.
Désolé, je dois arrêter… Bonne journée la compagnie…
c’est fort bien dit de bodlère jean marron..comme ton chalet de necessité est à vistemboires chantournés
John Brown. Quand il se trompe, sainte-beuve ses raisons et analyses sont intéressantes. de plus, il a écrit beaucoup de choses pertinentes et originale sur Hugo et Balzac, vous l’avez lu vite dans vos affirmations coup de poing. bien sur, à sa place vous n’auriez pas cafouillé comme lui. Baudelaire aussi, je vous le signale a pas mal cafouillé en peinture,mais en littérature il a écrit un article bref mais fulgurant sur « madame bovary ».
Entre 1851 et 1869, pendant que Hugo attendait des jours meilleurs à Guernesey, le Sainte-Beuve pantouflait au Collège de France, puis au Sénat.
que l’anglais est la langue de travail en Informatique par exemple, le monde de la finance, de l’aviation, pas mal de professions scientifiques, la recherche médicale etc…
—
Et de la mode, TKT, nos designers de mode, (Française d’origne africaine, Allemand de Berlin), communiquent avec leurs pairs d’ici en anglais. Certes, ces détails peuvent échapper aux omphaliens.
..je le vois a demi làbas dans la brume jean marron..son chemin balisé de lanterne chinoise à capteur solaire dont les diodes fatigués clignote..4.50 € chez leroymerlin ..tu comprends un contemporain connait les prix..mais dans un siècle ce sera vu comme des vrais de l’époque tang que t’auras fait venir de chine en procession et a grand frais, et à pied évidemment
pas mal de professions scientifiques
toutes baroz, c’est maintenant obligé..kabloom ne se rassure plus seulement sur ses choix, il trouverait normal de percevoir une taxe..un genre de taxe kabloom
« Quand il se trompe, sainte-beuve ses raisons et analyses sont intéressantes. » (rédigé par Paul Edel)
Je ne dis pas, et je ne nie pas qu’elles méritent qu’on y aille voir, mais tout de même, sur quelques uns de ses grands contemporains, ses erreurs sont tout de même massives. Ces grandes erreurs du critique Sainte-Beuve sont étroitement liées à son attitude à l’égard de la génération romantique. Curieuses d’ailleurs, ces préventions à l’égard du Romantisme de la part d’un écrivain qui appartint lui même à la mouvance romantique (voir « Volupté » ou les « Poésies de Joseph Delorme ».) Peut-être faut-il faire la part d’un certain dépit consécutif à l’échec relatif de ses ambitions de poète et de romancier. Mais le chroniqueur de Port-Royal est resté, au fond du coeur, un classique.
Mais le chroniqueur de Port-Royal est resté, au fond du coeur, un classique
c’est la martingal qui marche a tout coup jean marron..faire son pontif dégouté casse couille à la jean clair..son pantouflant un peu dépressif
Quel sale type ce sainte- beuve! Merci John Brown de révéler au grand jour la médiocrité professionnelle de ce sinistre personnage, (aussi nul que Gide en critique littéraire) pitoyable amant vantard qui écrivit des poèmes pur se vanter de sa liaison avec madame Hugo,(« le serpent à sonnets » dit Hugo..) ,et surtout qui émargeait aux fonds secrets de la monarchie de juillet,vous oubliez de le dire, et qui se fit nommer sénateur par des manoeuvres louches dignes d’un cumulard de l’UMP . De plus vous avez appliqué, sans faiblir,par une terrible ironie du sort, sa méthode critique à son propre cas. Vous êtes le Caton de ce blog John . La noirceur morale de ce triste sire , grâce à vous, m’incite à ne plus le lire qu’avec des pincettes .Vous m’avez ouvert les yeux,John et dépopuillé le critique plein de culot pour nous égarer sur Baudelaire.. qu’il soit écartelé et bouillu, ce sainte beuve.
sa méthode critique à son propre cas
nan c’est toi qui l’as fait polo..secrêtement jean marron imagine ce qu’il aurait pu dire de lui..et ça me parait trés sain
Les insuffisances du critique Sainte-Beuve me paraissent procéder d’un conservatisme foncier, qu’on retrouve dans ses préférence politiques, et dont procède sans doute aussi sa fameuse méthode critique, proche de celle de Taine, qui privilégie les déterminismes du milieu.
il nous aurait mis en scène dans une pièce magistrale !
toutafé baroz, mais c’est un peu comme oscar wilde aidant ses codétenus prolos a gagner les premiers jeux concours des journaux, il leur a fait gagner des lots dailleurs..
qui privilégie les déterminismes du milieu
dac, comme tocville « on sait d’où il parle »..et pourtant..pourtant! comme dirait aznavour
Toute une catégorie de penseurs en chambre du 19ème sicle ont pâti de la convergence de plusieurs mépris (distance aristocratique, ironie « artiste, puis critique sociale…).
Le fait qu’ils aient du bide et soient souvent représentés en robe de chambre et bonnet grec a été leur nemesis: le père Renan, etc.
C’est injuste, mais il était normal qu’un jeune homme du 20ème siècle se détourne de tels modèles (les ignore, plutôt).
J’ai connu quelqu’un qui était horripilé par son chat, devenu gros et paresseux, et qui l’appelait Sainte-B.
Un autre, rentrant chez lui, retirait ses chaussures et « enfilait ses sainte-beuves ».
On peut préférer l’air du large, c’est sûr.
Est-il nécessaire d’être stupide pour dire ou faire des conneries ?
(Robert Musil, deuxième paragraphe de « Sur la bêtise » : Dio ha concesso il linguaggio umano anche ai produttori di film sonori.)
Sur le cas Sainte-Beuve, je me suis livré au jeu de Pierre Bayard, mais dans l’autre sens : qu’aurait fait Sainte-Beuve en 1940 ? Sénateur (avec ses pantoufles et sa toque, je ne puis l’imaginer que sénateur), il aurait évidemment voté les pleins pouvoirs à Pétain, applaudi au statut des Juifs et versé dans le collaborationnisme. Voici pourquoi (comme disait Balzac) : la méthode Sainte-Beuve, qui explique l’écrivain par son milieu, est cousine de la méthode Taine (la race, le milieu, le moment) ; elles préfigurent évidemment le fameux enracinement de Barrès : le véritable écrivain français est le produit d’une race et d’un terroir. Je vois assez bien Sainte-Beuve, converti au nationalisme culturel pré-fasciste de Barrès, tenant le feuilleton littéraire de « Je suis partout » et finissant fusillé en 44 , aux côtés de Brasillach. question : Sainte-Beuve était-il antisémite ? Qu’il l’ait été ne m’étonnerait qu’à moitié.
« qui privilégie les déterminismes du milieu »
Le myeu.
Quand on vit avec des myons, on est d’un bon myeu, ça se voit à l’écriture.
« Si la bêtise ne ressemblait pas à s’y méprendre au progrès, au talent, à l’espoir ou au perfectionnement, personne ne voudrait être bête. » écrit Musil, cité par renato.
Le 20ème siècle pensait cela sur le 19ème.
Le 21ème choisirait probablement d’autres mots pour parler du 20ème. Quoique.
Ces deux grands noms de la littérature française sont le témoignage d’une époque où cette dernière existait encore…et vivait à travers des débats intellectuels dignes de ce nom.
En guise de jeu décalé, imaginons les transpositions les plus grotesques, adaptées à la médiocrité littéraire de notre époque. ce serait amusant de lire un » Contre Beigbeder par Christine Angot ou encore plus ridicule – jusqu’à la perversité, j’avoue- un » Contre Marc Lévy » par Patrick Grainville ( deux romanciers de gare, sans doute parmi les plus emblématiques du Kitsch littéraire des années 1980-2000, opposés par exemple sur l’usage des épithètes pour caractériser leurs personnages en carton-pâte). Sortie en 2014 aux éditions la martinière-le seuil…si si vous savez celle qui est située sur le périphérique…
« Sainte-Beuve était-il antisémite ? »
C’est une question légitime, John Brown.
On peut aussi choisir de ne pas y répondre!
Jambrun, il n’est en tout cas pas bien difficile de lire ce que vous appelez » les textes réunis » dans le « Contre Sainte-Beuve » présenté par Bernard de Fallois pour Idées / Gallimard, et repris en Livre de poche en 1954.
Sur les seize sections des 570 pages, seules quatre concernent une critique beuvienne, et encore : dans « Gérard de Nerval », je ne me souviens pas que soit prononcé le nom de Sainte-Beuve, même si Proust y pense. Dans « Sainte-Beuve et Baudelaire », c’est surtout l’ambiguïté de la relation (pas de véritable soutien du premier) qui est notée. Demeurent, quant à des précisions dont le billet et les commentaires ont déjà parlé, « La méthode de Sainte-Beuve » et « Sainte-Beuve et Balzac » (en effet très critique).
Le reste est ébauches pour la « Recherche », parfois surprenantes quand on pense à ce qui a été conservé, à ce qui a été effacé (largement le petit frère, très amusant, de « Retour à Guermantes », par exemple).
Je ne comprends pas grand-chose à ces questions du plus intime (mettons que le roman historique soit absent) par rapport au moi social et au moi créateur, et je crois bien être en accord avec bouguereau de 09h54.
« Nous touchons là un point vital ou l’homme Sainte-Beuve,est,qu’on le veuille ou non,inséparable de Sainte-Beuve écrivain.
Nul ne l’ignore,il s’était d’abord cru poète nourri de jugement critique;il dut bientôt se reconnaître,non sans chagrin,critique nourri de sensibilité poétique.Les confidences la-dessus abondent.A Banville qui vient de lui dédier ses vers il confie: »Vous ne pouviez rien faire qui m’allât plus au coeur-au coeur de l’ancien et secret Sainte-Beuve »A Adèle Courriard,l’année suivante,avec encore plus de franchise et de force:
« je me figure souvent que moi critique,travailleur,causeur à la semaine,je suis simplement le gardien et le concierge de mon ancien et toujours cher poète »
Mais c’est à Al.Vinet,dès 1844,qu’il avait adressé l’aveu le plus pathétique:
« je me trouve toujours sans parole devant vos éloges,m’en sentant si peu digne,passé que je suis à l’état de pure intelligence critique et assistant avec un oeil contristé
à la mort de mon coeur,l’intelligence luit sur ce cimetière comme une lune morte »
Il est vraiment très regrettable que Proust n’ai pas eu connaissance de ce genre de confession.Il y eut découvert d’étranges similitudes entre lui-même et son souffre-douleur:l’un et l’autre cultive l’intelligence la plus déliée,mais ils voudraient bien la rabaisser au rang de servante-l’auteur des Lundis va jusqu’à « concierge »-,le coeur et les sens,agents secrets de la poésie,étant »le roi et le dieu »
Extrait d’un article de Gérald Antoine.(En ligne sur le site « Persée »)
Faute de frappe, pardon : 373 pages, y compris la Préface de de Fallois.
@rose
les etudes de lettres classiques d’autrefois ne conduisaient personne à « parler couramment « le grec et le latin ,mais fabriquaient des gens capables de lire et de comprendre sans difficulté même des textes difficiles(thucydide) ou Lucain.
Quant aux textes faciles(ciceron ou plaute en latin,lucien ou lysias en grec)les gens de ma generation les lisaient et les comprenaient dans le texte des le lycée .
le veritable exercice pour eux etait la mise en forme d’une traductionelegante et fidele ,la recherche d’ equivalences d’une langue à l’autre .
ML nous a donné un echantillon de cet exercice sous le fil precedent avec sa traduction de Juvénal.
Rien a voir avec la maîtrise d’une langue vivante ,qui consiste à pouvoir la parler spontanement avec un vocabulaire actif riche , en passant sans effort d’une langue à l’autre et surtout en etant à l’aise dans tous les registres qu’on pratique dans sa langue maternelle
de nota, férocité ou non de Proust en conclusion de « La méthode de Sainte-Beuve » ? :
« Je me demande, par moments, si ce qu’il y a encore de mieux dans l’oeuvre de Sainte-Beuve, ce ne sont pas ses vers. » Et la suite, pas très flatteuse mais l’exonérant du mensonge, sinon de l’imitation, mesurant « un effort charmant et quelquefois heureux pour exprimer la pureté de l’amour, la tristesse des fins d’après-midi dans les grandes villes, la magie des souvenirs, l’émotion des lectures, la mélancolie des vieillesses incrédules… », jusqu’à : « Apparence, les LUNDIS. Réalité, ce peu de vers. Les vers d’un critique, c’est le poids à la balance de l’éternité de toute son oeuvre. »
« Sur le cas Sainte-Beuve, je me suis livré au jeu de Pierre Bayard, »
ça ne m étonne pas…mon pauvre pâaaauvre John Brown. ça ne m’étonne pas si on a du temps à perdre.: ré écrire l’histoire n’importe comment pour évidemment caricaturer,mépriser,dire n’importe quoi de son humeur.. et montrer,par là, sa supériorité en canassons……vous feriez mieux de lire les textes de sainte beuve de prés de près au lieu de jouer au justicier uchronique. ah les petits guillotineurs de blog.. ..
DHH,
Giuseppe Sinopoli, me raconta que lors de son premier séjours à Darmstadt, ne sachant pas un mot d’allemand, avait discuté en latin avec Stockhausen — j’ai par la suite moi-même fait le constat que le latin de Stockhausen était plutôt bon. D’ailleurs, il m’est arrivé de parler latin avec des Allemands car je lis l’allemand mais ne le parle pas… et je ne cause pas du latin d’église — ni du « latinorum » dont parle Renzo Tramaglino dans ‘Les Fiancés’ de Manzoni…
Ce qui me manque le plus de la relation que j’ai longtemps entretenue avec une critique d’art maintenant décédé (qu’apparemment Versubtil à connu) ce ne sont pas les subtiles allusions érotiques qui habitaient son discours, mais le temps que nous passion en traduisant ‘Les dialogues’ de Lucien car elle avait un bel accent — là j’ai un peu fait mon HR… mais je garantis que cette amie n’était pas psy et n’avait pas fait une analyse…
Mon père et ses amis parlaient latin ou grec par jeu (divertissement), et ce dernier avec l’accent d’avant et d’après la traversée de la mer. Mais c’était une autre époque, et déjà mon père observait que lorsqu’il avait mon âge (à l’époque de mes études, j’entends) il n’y avait pas toutes les distractions dont nous jouissions et qu’il fallait bien occuper son temps.
« vous feriez mieux de lire les textes de sainte beuve de prés de près au lieu de jouer au justicier uchronique. ah les petits guillotineurs de blog.. .. » (rédigé par Paul Edel)
Paul Edel n’a pas pris garde au mot « jeu ». Où a-t-il vu que je me prenais pour le justicier de quoi que ce soit.Ah, le sérieux pesant de Paul Edel. Des tonnes, madame, ça pèse des tonnes.
@ Rose: Pour PM Winston Churchill, j’ai écrit accent, j’aurais dû écrire « accent et prononciation », plus prononciation qu’accent. Ce que l’on appelle le King’s english ou Qeen’s english, c’est une manière de prononcer afin que tout le monde puisse comprendre. Je ne suis pas trop sûr qu’avant les premiers passages à la radio, les membres de la famille royale aient eu besoin de changer de prononciation. Dans les pays germanophones, les Politiques font aussi de la politique en gardant leur accent régional.
By the way, Rose, en Finlande, vous comptez parler anglais ? Puis apprendre le finlandais, avec un accent méridional français, cela doit êtres plein de charme.
Paul Edel est de la race de ceux que j’appelle les goûteurs. Ah, ma chère, encore un peu de ce Sainte-Beuve ? Exquis, exquis, n’est-il pas? Encore un morceau de cette Rabouilleuse ? Vous m’en direz des nouvelles. Car nous voulons la nuance encor… ah,un cheveu, une paille dans la rabouilleuse ? C’est pas du Balzac, ça ? ah non, tiens, c’est de moi. J’ai dû encore me louper sur mon clavier, excusez, ma bonne, c’est l’âge. Sacré Popaul, va. Bah, il en faut des comme ça, c’est amusant des fois.
Il y a dans la perception de la littérature de (par) Sainte-Beuve quelque chose qui est proche de la démence théorique qui sévira au XXe siècle. Il est évident que l’œuvre des certains écrivains est le reflet de leur vie. Il est par contre moins évident que le reflet puisse explique l’œuvre car sauf dans le Journal, et encore, le point de vue de l’écrivain écrivant n’est pas toujours le point de vue de l’écrivain vivant l’événement.
Bref, l’approche critique de Sainte-Beuve est bonne pour les écrivains qui agissent dans les limites de l’expérience que Sainte-Beuve définit bien ; mais si, par exemple, on l’applique à ‘Les fiancés’ on va droit dans le mur car il s’agit d’un romans avec des grandes espaces et des personnages qui agissent sans peine dans ces grands espace. Or, Manzoni était un homme que la panique pouvait terrasser dès qu’il se retrouvait dans la rue… et même en cherchant bien, dans ‘Les fiancés’ on ne trouve rien qui puisse renvoyer à cette particularité curieuse…
La question de la démence théorique me semble intéressante car on la voit naitre dans la même époque où à côté de la vraie recherche scientifiques se faisaient les plus folles expériences, celle qui débouchèrent, pour nous entendre, sur les ‘machines célibataires’ qui ne sont que l’aspect plus comique (tragi-comique, naturellement) des théories artistique qui ont fait florès quand les ‘manifesti’ d’intention (d’un groupe d’artistes plutôt que d’un autre) sont passés du bistrot où les artistes se réunissaient à l’Université où des gens sans imagination on cru pouvoir définir à priori des champs d’action, etc., etc.
« Where is the wisdom that we have
Lost in knowledge?
Where is the knowledge we have
Lost in information? »
T.S. Eliot, The Rock, 1934
ah les petits guillotineurs de blog.. ..
Du mérpis pour de possibles lecteurs potentiels?
ah, les petis écrivaillons d’aujourd’hui…
« démence théorique » (rédigé par renato)
Démence ou simple obstination ? IL est vrai qu’à partir d’un certain degré d’obstination…
tu réécris l’histoire renato..les machine célibataires c’est un hydropathe du xix qui va du bistrot à la galerie d’art du xx..un xix qui serait pas un brin scientiss et déterminiss..ça srait mettons comme un hitler sans moustache
Where is the knowledge we have
Lost in information?
avec les saisons..barrées avec les fusées
Toujours sur « Persée »la recension d’un livre de
Wolf Lepenies-sociologue allemand qui occupa la »chaire européenne »au Collège de France-,consacré à Sainte-Beuve,très clairement une réhabilitation…
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_2000_num_30_109_942
IL est vrai qu’à partir d’un certain degré d’obstination…
..avec de la chance et du talent ça peut donner des trucs biens..sans ça donnera jamais riengue
« tu réécris l’histoire… »
Mais pas du tout bouguereau ! relis lentement… je n’ai pas dit où se faisaient les machines célibataire, mais que les ‘manifesti’ se faisaient dans les bistrots…
Il est évident que les machines célibataires sont passées dans les galléries : il y avait quelque chose à vendre, ça aurait été dommage ne pas en profiter.
Cela dit, tu ne peux pas nier que les théories littéraires (et plus généralement artistiques) sont des machines célibataires — déjà pour le bruit de fond, et puis cet arrière-goût d’onanisme…
relis lentement…
tu m’as déja fait le coup renato..
> the knowledge we have lost in information
&
> Lost in translation
Ça me fait repenser à Claude Shannon qui a proposé une quantification de la quantité d’information et par ailleurs une modélisation de la communication entre machines qui peut servir de base à une modélisation de la communication humaine :
(message à émettre)
source → encodeur / signal / décodeur → destinataire
(message tel que reçu)
Arrière-goût d’onanisme, arrière-goût d’onanisme… Faut quand même être acrobate…
très clairement une réhabilitation…
dommage qu’on puisse pas en lire davantage..
Le faux-culisme dans toute sa gloire :
« Afin de ne pas choquer ses plus jeunes lecteurs, le HuffPost a décidé de ne pas reproduire la photo en question dans son intégralité. Si vous souhaitez malgré tout la découvrir, cliquez ici — https://littlemonsters.com/image/5011260d26885b435d0023ac »
Comme si les plus jeunes lecteurs, qui sont N.B. des lecteurs, n’étaient pas initiés à la lecture… et par ce fait dans l’impossibilité d’accéder à l’image de leur performer préférée en sachant que she stands there naked…
Faut quand même être acrobate…
t’as essayé et t’y es pas arrivé voilà tout
« tu m’as déja fait le coup… »
Et bien repetita iuvant, bouguereau…
non..ça lasse
dommage qu’on puisse pas en lire davantage
Bouguereau,je vous réserve le bouquin de Wolf à la librairie,je vous ferai cinq pour cent de remise,promis!et puis on ira s’en jeter un dans un petit caboulot,on refera le monde et le blog à passou dans la foulée,bref,on aura trop bu et on se séparera copain comme cochon…
« non..ça lasse »
Tes reflexions à la con aussi…
Un bouquin d’oncle Wolf ? Faudrait voir au Japon, je crois qu’ils les rééditent…
(Excusez-moi pour un pseudonyme berrichon resté dans la boîte, et dont j’avais usé une fois hier soir, bien inutilement, en fin de fil « Kipling », vu un environnement craignos)
Les sincérités de Sainte-Beuve, ses vacheries, ses rares moments d’estime pour ses contemporains, c’est dans « Mes Poisons » qu’on les retrouve le mieux. Proust n’a pas connu cet ouvrage posthume, où il n’y a pas de méthode, mais des jugements souvent très rapides, à côté de « pensées » sur l’amour, l’âge, la littérature, les honneurs…
Là Balzac est expédié salement pour sa « saleté ». Quant à Hugo, c’est le yoyo : tour à tour les pires critiques et la reconnaissance de la force. Je ne parle pas des autres, pour faire court, mais Lamartine a son billet, Vigny aussi, et Nodier…
Il y a donc bien eu de la dissimulation chez Sainte-Beuve. Mais de la mélancolie aussi, à laquelle je crois. Je cite seulement, comme ça (de 1864) :
« Il y a des moments où la vie, le fond de la vie se rouvre au dedans de nous comme une plaie qui saigne et ne veut pas se fermer. »
Quelqu’un que j’aime beaucoup, Cyril Connolly, était particulièrement féru de Sainte-Beuve, qui apparaît et réapparaît abondamment dans « The Unquiet Grave », en particulier avec des citations de « Mes Poisons ».
C’est qui , les brandouilleurs de Malicornay ?
Bon, maintenant voilà de la viande de girafe dans des bâtonnets d’antilope…Il ne manquerait plus qu’on retrouve du python dans ma crème de cafard…du Sainte-Beuve dans du Proust ou, fraude suprême, l’inverse.
Le monde des comestibles est devenu indigeste.
Cyril Connolly dans les commentaires Jean-François Revel dans le corps du billet, mais comment bouder son plaisir..? (j’ai envie de faire : « miaou » et de laper le fond d’une décoction encore chaude de feuilles de thé bleu cueillies jeunes sur les pentes de l’Himalaya des souvenirs.)
What’s your poison ? Have you got any whisky creed ? What’s your Bourbon religion ? I’m not particular…
Oh non, flûte, voilà que ça recommence.
Beuve aurait besoin de voir un tailleur de toute urgence ? Qu’on lui donne l’adresse de celui de Kipling sur Saville Row, Julie proposera les noms de marques qui iront avec son style (compassé mais indémodable et résistant à l’usure du temps critique.)
Amusant comme tout mais Sartre, dans « Situations II » (le tome sur la littérature) affirme que l’origine, la classe sociale, la nation d’un individu « ne peuvent être de simples concomitants de sa vie sentimentale ». Pour lui chaque affection ou toute autre forme de manifestation psychique révèle la situation de son ‘moi social’ au grand jour. Je crois bien que la thèse inverse est développée par J-F. Revel dans son livre « Sur Proust » (chapitre « Proust contre les snobs. »)
J’aurais pu ajouter comme ayant leur paquet : Musset, Sand, Michelet, même « l’aimable Gautier », et même un Chateaubriand en demi-teinte, en tout cas épinglé pour sa vanité. Tout cela bien avant les années de vieillesse de Sainte-Beuve et une impuissance qu’il avoue (« la machine est cassée »).
Sont épargnés des gens que l’on ne peut appeler des « poètes », Cousin et Royer-Collard, par exemple. Et tout de même Flaubert, Mérimée et Feydeau.
Silence, dans « Mes Poisons », sur Baudelaire poète. Je le crois révélateur. Sainte-Beuve a bien dû sentir que ses « Consolations » n’étaient pas « Les Fleurs du mal ». Mais Proust l’avait remarqué, et il y a même une note positive à la fin de « Sainte-Beuve et Baudelaire », dans le « Contre Sainte-Beuve ».
John, c’est un groupe de vieux gars du Bas-Berry. Pour vous et tout à fait hors-sujet :
« Le Père Jean-Jean
Jouait de la musette
Son p’tit Léon
Jouait du violon… »
Mauvaise langue n’a pas parlé de la judéité de Marcel Proust.
Il y a pensé, mais il ne l’a pas fait. (je ne sais plus qui)
Non, je n’en parle pas parce que ce n’est guère pertinent. Néanmoins une critique s’y est collée, mais sans grand intérêt. Mais il n’est pas interdit de penser que de lointains ancêtres talmudistes ont produit un rejeton Proust qui coupe souvent les cheveux en quatre. Ça c’est très juif.
Dans la définition que Sainte-Beuve propose, en 1850, de l’écrivain classique, on trouve ceci :
» un auteur […] qui a parlé à tous dans un style à lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde « .
L’auteur qui, pour Sainte-Beuve, correspondait le mieux à cette définition, c’était certainement Molière, à qui il voua toujours une admiration inconditionnelle. Je ne sais pas si ses grands contemporains — Flaubert par exemple, ou Baudelaire, ou Nerval, auraient souscrit à cette définition, qu’aurait sans doute encore contresignée un Anatole France, mais certainement pas un Gide. Une telle conciliation nous paraît aujourd’hui plutôt acrobatique, en tout cas pertinente pour des époques de l’histoire littéraire antérieures au Romantisme, mais pas pour l’époque moderne, Romantisme compris. Il est généralement admis aujourd’hui que l’originalité du style d’un écrivain se mesure au contraire à l’écart entre son style et celui « de tout le monde », et c’est, parmi quelques autres critères, ce point de vue sur le style qui nous guide généralement encore pour classer les écrivains sur une échelle de valeurs. Les grands classiques du XXe siècle, Gide, Proust,Céline, Beckett, se signalent justement par un très grand écart entre leur style et celui de la majorité de leurs contemporains.
Je ne pense pas, contrairement à ce que semble vouloir montrer Donatien Grau, que l’antagonisme Proust / Sainte-Beuve soit superficiel. Il est au contraire très profond, très significatif, et doit être repéré au-delà des textes écrits par Proust sur Sainte-Beuve.
Ç ne devait pas être si évident que ça de voir le génie de Baudelaire à l’époque de Sainte-Beuve. Je pense que ce que veut dire JB, c’est que le tempérament plutôt conservateur en littérature qu’était SB n’a pas facilité la lecture de Baudelaire. En cela, JB n’a pas tort, il me semble. En revanche on voit bien qu’un esprit neuf comme Rimbaud le comprend immédiatement quelques années plus tard à peine. Rimbaud le découvre en 1870 à peu près, même un peu avant. SB était aveuglé par sa grande culture et le respect un peu convenu il est vrai qu’il lui vouait.
« Non, je n’en parle pas parce que ce n’est guère pertinent. » (rédigé par LML)
Il y a tout de même le personnage de Bloch. On ne peut nier que la judéité soit un thème important des premiers épisodes de la « Recherche ».
Je ne crois pas que SB ait réellement vu en quoi Molière était un génie inventif d’une nouvelle forme de comédie avec un pied déjà même dans le drame bourgeois du 18ème siècle et d’un nouveau rire fondé sur ce que le dix-huitième siècle appellera le « ridicule » et une folie des protagonistes de ses pièces (M. Jourdain, Alceste, Harpagon et tant d’autres) qui ne permet plus au spectateur de s’identifier à lui pour « se corriger par le rire » mais de rire du délire que provoque sa folie incorrigible. SB est un érudit souvent un peu pesant, c’est vrai. Mais il est capable de très fines intuitions.
Oui, vous avez raison, JB. J’allais y venir justement. Bloch bien sûr, tout à fait, et assez ironique du monde juif en fait, comme tout bon esprit juif… Mais ce n’est pas vraiment pertinent globalement dans La Recherche.
« SB est un érudit souvent un peu pesant, c’est vrai. »
Comme l’auteur de cette ligne.
« Mais il est capable de très fines intuitions. »
Ce qu’on ne peut pas dire de l’auteur de cette ligne.
« et assez ironique du monde juif en fait, comme tout bon esprit juif… »
Ce serait la preuve que LML n’est pas juif?
Personnellement j’ai un peu de mal à comprendre ce nouvel engouement de notre époque pour les biographies d’auteurs. Je n’arrive pas bien à saisir l’intérêt de cette mode rétro. Bien sûr, je lis comme tout le monde, à l’occasion, les bios des auteurs pour m’informer, mais je n’en tire jamais de conclusions définitives sur tel ou tel. C’est un ensemble d’indices comme tant d’autres, qui encadre tout lecture bien entendu mais sans plus. Ça n’aide pas vraiment à mieux lire, je trouve.
En revanche, tout ce qu’explique D. Maingueneau sur la scène d’énonciation, la paratopie, la fonction des institutions sociales de la littérature dans la construction même des textes littéraires (ce qui échappe la plupart du temps aux auteurs eux-mêmes) aide vraiment à mieux lire, à mieux comprendre le sens des textes. J’ai vraiment compris, il me semble, pour la première fois la grandeur de La Fontaine grâce à D. Maingueneau, et toute la sagesse et l’ataraxie du fabuliste qui n’est pas du tout dans ma sensibilité mais je goûte vraiment depuis lors pourtant. C’est ça à mes yeux le rôle d’une authentique critique.
L’attitude du personnage de Bloch à l’égard de sa propre judéité (et de celle de sa famille) est très curieuse et révélatrice. Je n’ai pas les textes sous les yeux mais il me semble qu’elle se caractérise à peu près systématiquement par une distance ironique appuyée (cela va de la blague à la dépréciation), à l’égard de tous les signes extérieurs de la judéité. Or on est en pleine affaire Dreyfus. D’un autre côté Bloch évolue dans le monde des gens « comme il faut », par lesquels il rêve il manifestement de se faire accepter. L’attitude du narrateur à l’égard de Bloch ne me paraît pas très claire : blâme-t-il un comportement assez hypocrite et lâche, ou se contente-t-il de le noter avec un certain amusement, dans l’esprit où il étudie le comportement d’un Legrandin, soucieux, lui aussi,d’effacer les traces de ses origines ? Il me paraît difficile, en tout cas, d’admettre que Proust, en peignant Bloch, n’ait pas songé à sa propre judéité et à ses propres attitudes personnelles vis à vis de cette judéité.
Je ne crois pas JB. Proust est en dehors de tout ça. Il est à part. Il n’y a rien de spécifiquement juif dans la vie de Proust.
http://www.senscritique.com/liste/Prix_Bookseller_Diagram/31865
John Brown, très vite : dans « Combray », alors que la famille est amie de Swann, et à propos de Bloch, le narrateur montre son grand-père défiant de façon maniaque devant ses camarades juifs. Je ne tape pas le passage assez long, facilement retrouvable et d’ailleurs assez drôle. « A la garde ! A la garde ! »
Vous avez raison sur Molière et une espèce de paradoxe, que vous développez pour le XXe siècle, quant aux styles originaux. C’est aussi que Sainte-Beuve dit détester le mauvais goût, la déraison, le ridicule et la folie, l’extravagance… Or il n’en voit pas chez Molière, alors qu’il craint de commettre lui-même des fautes de goût, comme « romantique », avouant ( étrangement ?) que la chute de Lamartine et Hugo… serait aussi la sienne. J’insiste à cet égard sur le fait qu’il est acide et cruel d’abord avec lui-même, dans « Mes Poisons » toujours.
Enfin, vous m’avez fait penser qu’il y a bien quelqu’un qui romanticise Alceste : c’est Musset. Mais Musset, surtout dans sa « deuxième période », est un cas très curieux.
les structuralistes avaient raison.
à une époque j’étais propriétaire d’une VW immatriculée LMW 281F.
l’avouer aujourd’hui n’aurait plus de sens, structurellement parlant.
ne serait-il pas grand temps d’écrire une contre histoire de la littérature ?
hamlet, sauf que le structuralisme, ayant mis en avant les relations internes dans l’oeuvre… la livrent ensuite à la critique d’interprétation, où se rebâtit au moins une figure d’écrivain, dans diverses optiques possibles.
l’ironie d’une ironie est-elle encore ironique ?
j’étais propriétaire d’une VW immatriculée LMW 281F.
C’était dans quel pays ?
Pardon : « la livre… »
» C’est aussi que Sainte-Beuve dit détester le mauvais goût, la déraison, le ridicule et la folie, l’extravagance… Or il n’en voit pas chez Molière, alors qu’il craint de commettre lui-même des fautes de goût, comme « romantique », avouant ( étrangement ?) que la chute de Lamartine et Hugo… serait aussi la sienne. » (rédigé par C.P.)
Quel extraordinaire critique aurait été Sainte-Beuve s’il s’était attaché à … défendre les plus grands écrivains de sa génération et à montrer leur génie. Au lieu de cela, une liste d’impasses d’autant plus désolante que, de 1800 à 1870, on ne voit à peu près personne qui ait eu assez de clairvoyance et de talent pour défendre les écrivains novateurs. Heureusement qu’ils se sont défendus les uns les autres. Il me semble que Sainte-Beuve est le représentant du goût dominant, qui reste très classique. Ce goût dominant est peut-être d’ailleurs celui des élites en place (dans l’Université en particulier), de la majeure partie de la bourgeoisie, de l’aristocratie, plutôt que celui d’un lectorat qui,entre 1830 et 1870 se renouvelle et s’élargit considérablement ( les lecteurs de Balzac, dans les feuilletons de « la Presse », seraient assez représentatifs de ce nouveau lectorat), un lectorat en décalage par rapport à la critique officielle, à l’Université, plus ouvert aux nouveautés. Vers le début de la IIIe République, tout bascule. Comme l’a fait remarquer LML, un Rimbaud de 17 ans est alors capable de voir dans les textes de Baudelaire ce que le critique chevronné Sainte-Beuve avait été incapable de voir, et il n’est pas le seul.
Ne serait-ce que parce qu’il est incollable sur Proust et possède une bonne connaissance de Sainte-Beuve.
Car Chaloux est très intelligent, vous ne l’ignorez pas. Si l’envie lui en prend, il pourra facilement vous ridiculiser grâce à sa grande culture. Y avez-vous réfléchi ? Vous feriez bien d’être plus prudent avant d’avancer des hypothèses farfelues.
Quant aux jugements de Sainte Beuve, je crois qu’il ne faut pas se montrer trop naïvement critique. Ils sont du reste toujours beaucoup plus nuancés qu’on ne dit. Grasset avait eu il y a quelques années la très bonne idée de rassembler les textes portant sur ceux de ses contemporains qui comptent encore immédiatement pour nous. Cela s’intitule « Mes Chers Amis », cahiers rouges. Pour le reste, ce qu’on y trouve encore, si l’on parvient à faire abstraction de ses jugements politiques, de son ressentiment vis-à-vis de certains, comme Hugo, de son incompréhension de Baudelaire (et encore, le jugement cité plus haut est-il si faux, et Baudelaire tenait-il tellement à être compris? Ce n’est pas ce qui ressort du témoignage d’autres contemporains tels que Nadar qui a écrit sur lui un petit livre formidable, c’est une odyssée de la lecture sans exemple, Les Mille-et-unes nuits de la littérature et de l’histoire (car il est beaucoup question d’histoire chez Sainte Beuve). Avec le temps, l’oeuvre du critique s’est muée en oeuvre d’écrivain. Il est tout à fait extraordinaire qu’il n’existe pas de Pléiade des oeuvres complètes.
bonjour C.P. les possibles ? oui c’est possible, ce type a écrit l’histoire d’un chat qui se mord la queue, sauf qu’entre Proust et Ste Beuve on ne sait plus qui est le chat et qui est sa queue ?
les deux sont nécessaires au monde, quand il nous apparait un possible apparait à sa suite son contraire.
dans l’exégèse du monde le contraire d’un possible est aussi un possible, ils se partagent le réel à parts égales, comme un chat et sa queue.
« Avec le temps, l’oeuvre du critique s’est muée en oeuvre d’écrivain. Il est tout à fait extraordinaire qu’il n’existe pas de Pléiade des oeuvres complètes. »
Je suis parfaitement d’accord.
En revanche, je trouve que hamlet est un peu chafouin dans son approche du réel.
nous avons une idée si précise de l’écrivain et un sens critique tellement aigu de son oeuvre qu’ils ont fini par tous ressembler à l’idée qu’on se fait d’eux.
Non, hamlet, n’insistez, vous n’y êtes pas du tout.
Mais Chaloux a très bien choisi dans « Les Causeries du lundi », et de nota sacrément bien cité Gérald Antoine.
On s’habitue à tout… enfin… à tout… à presque tout…
hamlet dit: 1 mars 2013 à 20 h 00 min
C’est faux, c’est complètement faux ! Vous allez me faire vomir.
Dans la série, « Fume c’est du Belge » :
hamlet, sauf que le structuralisme, ayant mis en avant les relations internes dans l’oeuvre… la livrent ensuite à la critique d’interprétation, où se rebâtit au moins une figure d’écrivain, dans diverses optiques possibles.
même si Sainte Beuve était un bon critique il appartenait encore à une époque où les écrivains étaient meilleurs écrivains que leurs critiques.
aujourd’hui c’est différent, les critiques sont ce qu’ils sont sont et même quand ils sont médiocres ils restent toujours meilleurs que les livres qu’ils critiquent : la critique nous parle de notre monde bien mieux que les livres ne le font.
Précisément, JB, Rimbaud avait dix-sept ans, et Sainte Beuve, le jour cet anniversaire, était mort. Le fait qu’un grand esprit ne comprenne rien à ce qui vient n’oblitère le fait qu’il est un grand esprit. Si je prends l’exemple de Saint-Simon, il serait très intéressant de savoir quelle idée il s’est exactement fait du XVIIIe siècle qui lui coulait entre les mains. Qu’est-ce que c’était que ce Voltaire, qui dit lui-même dans une lettre de 1735 qu’un français exilé depuis vingt-ans ne reconnaîtrait pas les français, qu’est-ce c’était d’autre que le fils du notaire de son père. Ce qui n’empêche pas Saint-Simon d’être « le plus irremplaçable des écrivains » et un très grand esprit. Et qu’est-ce que Voltaire aurait pensé de la Révolution, s’il avait vécu jusque-là? Même les esprits les plus élevés ont leurs limites, qui sont d’abord des limites dans le temps, qu’il faut accepter, tout comme nous acceptons si facilement les nôtres.
Sainte Beuve, conscient ou non du génie de Baudelaire, ne voulait prendre aucun risque, ne pas se compromettre si vous préférez, attitude sinon humaine très moderne au demeurant.
« … la critique nous parle de notre monde bien mieux que les livres ne le font. »
C’est encore bon, donc : la littérature est dans le monde et tant bien que mal elle fait son travail.
à quel moment la critique est-elle devenue plus pertinente que les oeuvres ?
les critiques ont lu Proust et Gracq, du coup ils ont gardé le sens des possibles développé, quand ils lisent un livre ils ne l’imaginent pas tel qu’il est mais tel qu’il aurait pu être.
mettre sur le même plan Angot à Iacub n’aurait jamais dû vexer Angot mais Iacub.
nous admirons ceux qui prennent des risques en escaladant des montagnes ou en traversant les océans sur une planche, par contre nous méprisons ceux qui prennent des risques dans l’usage de pratiques SM, alors que ces derniers ont un sens de l’aventure aussi développé que les autres, sinon plus.
« … du coup ils ont gardé le sens des possibles développé… »
Vous voulez dire qu’ils ont développé le sens des possibles, je suppose…
Je suis persuadé qu’il y a encore de très bons livres et même plus que de bons livres. Les contraintes économiques font qu’il faut parler avant tout de ce que tout le monde est capable de comprendre. C’est à dire de pas grand-chose. Le fait que l’enseignement soit de plus en plus technique nous rapproche de plus en plus du profil de L’Ancien Régime où la haute culture était réservée (car il ne faut pas se leurrer, il y a haute et basse culture).
Et il y a des « optiques » sérieuses, mais d’autres rigolotes. Raymond Picard n’a pas eu tort pour un zigoto comme le « paléo-critique » Jean-Paul Weber. Un unique traumatisme… et toute l’oeuvre y passe. Une pendule, une chute dans le bassin aux cygnes… le tour est joué.
bonsoir renato, sauf que les auteurs ne peuvent pas se passer de la critique alors qu’aujourd’hui la critique pourrait très bien se passer des auteurs, ils ont gagné en autonomie, au contraire les livres sont devenus un frein à leur imagination, une critique littéraire sans livres c’est ce qu’on peut souhaiter de mieux pour les lecteurs.
Ce qui caractérise le génie de Sainte Beuve, à mon avis, c’est l’art du portrait, et l’art de montrer une personnalité sous toutes ses facettes, et dans le temps. Une leçon bien retenue par Proust : C’est un des thèmes majeurs de La Recherche.
un écrivain a écrit : ‘si l’Allemagne a sombré dans le nazisme c’est à cause des allemands moraux et pas des immoraux parce que dans les temps difficiles la morale se révèle toujours creuse’.
« … aujourd’hui la critique pourrait très bien se passer des auteurs… »
Non, pas d’accord, le critique est un animal spinal : il réagit à l’œuvre, même indigente. Voyez ce qu’ils écrivent quand ils se lancent dans une initiative… que sais-je… romanesque…
@DHH : nota bene, la traduction de Juvénal sur le fil précédent était d’Olivier Sers.
(cf com : La mauvaise langue dit: 28 février 2013 à 21 h 39 min : « Non, non, pas de moi, un traducteur d’aujourd’hui : Olivier Sers. Aux Belles Lettres, où tous les grands auteurs ont été récemment retraduits avec une traduction réactualisée. »)
La mauvaise langue dit: 1 mars 2013 à 18 h 20 min
‘…Personnellement j’ai un peu de mal à comprendre ce nouvel engouement de notre époque pour les biographies d’auteurs…’
euh…j’ai toujours pensé que vous preniez vos opinions sur les auteurs, en 2eme ou 3eme main…par ex, Sterne, z’avez pas lu mais ca ne vous empêche pas de parler du Tristram Shandy, comme si… (remarquez le garde-champête est pas mieux, il pense que fournir le ISBN d’un bouquin est une preuve de lecture)…bref, moi qui n’ai étudié ni le grec ni le latin, je ne comprends pas pourquoi lire l’opinion de Sainte Beuve sur Proust ou Flaubert serait plus important que de lire Proust ou Flaubert dans le texte…les anglishes ont un proverbe bien sage, en fait: ‘talk to the Organ Grinder, don’t talk to the monkey’…in other words, read the #ucking book! sinon, on finira tous sur Wikipedia a copier-coller, comme certains ici…comment ca tout le monde le fait? tain…je retourne a mon Alice in Wonderland…suis dégouté…
Salut, Abdel !
« et pas étonnant du tout que les Emmas soient parties droit dans le mur »
forcément! c’est à quoi elle aspirent
..autre gran cricroc, le jules de la valles qui, à y regarder de pus pré, lys com je peace: apré l’entteremen de beaudelair, il commis dan sa cuizine un biyet qui me donne la nozée rétreaupecstivemen..
..ou cé les crevètes quétaient pa frèche..
D., il faut que je mette du zoom avant à mes retours une fois sur trois. Vous avez un remède ?
D. dit: 1 mars 2013 à 21 h 04 min
Salut, Abdel !
D, on a dit 5 ans, cad pas avant le 1er mars 2018…
« mettre sur le même plan Angot à Iacub n’aurait jamais dû vexer Angot mais Iacub ».
La question mérite d’être posée.
Comme la tendance est aujourd’hui à rabaisser Mme Iacub plus bas que terre, j’ai écouté une partie d’une conférence donnée par elle sur la sexualité.
La forme déconne un peu (quoique l’imperfection puisse être séduction), mais l’étude de l’histoire du droit donne une certaine consistance à son propos.
(Je me méfie un peu des grands schémas séculaires, mais quoi, j’ai appris plusieurs choses, merci Marcela).
Sainte-Beuve a le défaut aussi de nous faire oublier toutes les autres influences de Proust.
Par exemple en sociologie, le rôle éminent de Tarde, trèsd à la mode à la fin du XIXè siècle (1890, les Lois de l’imitation ; 1893, La Logique sociale) qu’on retrouve abondamment dans Sodome et Gomorrhe. En 1896, Tarde enseigne à Sciences Po que vient juste de quitter Proust ; en 1900 il est nommé contre Bergson au Collège de France. Tarde s’oppose à Durheim, c’est un des grands débats de l’époque. Proust l’aurait pas mal relu pendant la Grande Guerre et développé tous les commentaires d’ordre linguistique et sociologique visibles sur les placards de l’édition Grasset de 1913, où il se met à décrire des cercles sociaux, à théoriser le snobisme en des termes qui ne doivent plus rien aux moralistes français.
Tarde apporte ainsi au romancier ce qu’il cherche depuis toujours : un système qui explique le grégarisme de l’espèce humaine tout en reconnaissant le pouvoir exceptionnel du créateur (ce que Tarde nomme « imitation » d’un côté et « invention » de l’autre). Il n’y a donc pas que Sainte-Beuve en lice : « L’homme n’invente pas pour le plaisir d’inventer, mais pour répondre à une nécessité sentie. Le génie éclôt à son heure. » (Proust, I, 308).
ueda, le tennis analogique : Marcela Iacub a commis l’erreur de jouer sur un court inadéquat à ses talents, si je ne l’avais pas entendue j’aurais du mal à croire en son C.V., ce qui d’un autre côté me laisse songeur : comment elle a pu tomber dans l’écriture de ce livre ? Mais bon, il ne faut pas chercher à comprendre…
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