de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Histoire Littéraire

Le triomphe du roman sans fiction

Le triomphe du roman sans fiction

691

commentaires

Je n’est pas toujours un autre. Il arrive qu’il s’affirme clairement comme étant l’auteur et nul autre. Ainsi le pacte de lecture est-il clairement établi qui nous dispense de chercher à retirer les masques superposées sur le visage de celui qui signe de son propre nom en haut de la couverture. Le genre n’est pas nouveau. Les Américains l’ont brillamment illustré du Truman Capote de De Sang-froid (1966)   ) au William T. Vollman de La Famille royale , en passant par le Norman Mailer du Chant du bourreau (1979) Qu’il s’agisse de comprendre le passage à l’acte existentiel de meurtriers, […]

lire la suite .../ ...
Et vous, qu’auriez-vous fait ?

Et vous, qu’auriez-vous fait ?

861

commentaires

Alexis Ragougneau ? En d’autres temps, l’éditrice Françoise Verny aurait gueulé : « Pas un nom d’écrivain, ça coco ! Trouves-moi autre chose qui sonne mieux ! Littéraire, quoi ! ». D’Alexandre Ragougneau, j’avoue n’avoir lu à ce jour aucun des polars, ni vu aucune des pièces, puisqu’il mène une double activité de romancier et de dramaturge. Aussi, quand son Niels (354 pages, 20 euros, Viviane Hamy) est arrivé sur ma table, j’étais loin de me douter qu’il se révèlerait à l’examen comme l’un des tout meilleurs romans de la rentrée. Rien de moins. Enfin un roman qui se lit comme un roman. Le Niels du titre, de […]

lire la suite .../ ...
Franz Kafka à la trace

Franz Kafka à la trace

890

commentaires

Le lecteur passionné en nous a-t-il vraiment envie de convaincre l’autre réfractaire ? Même pas sûr. Difficile de résister pourtant. Quand j’entends dans la bouche de la romancière Cécile Guilbert, un esprit fin, pointu, curieux, qu’elle n’a jamais pu lire les romans de Kafka tant ils lui « tombent des mains », cela m’accable ; mais lorsque peu après elle reconnaît que le Journal du même Kafka la comble, cela me console et je me dis que tout n’est pas perdu. L’envie me vient alors de lui en donner le goût non par la force mais par la persuasion, de biais, en la faisant […]

lire la suite .../ ...
Les ténèbres au coeur de l’univers de Joseph Conrad

1081

commentaires

Le rituel des célébrations a parfois du bon. Une fois lambris, flonflons et autres salamalecs mis de côté, il engage à revisiter une œuvre et un écrivain. A la fin de l’année, à l’occasion du 160 ème anniversaire de sa naissance, hommage sera rendu à Joseph Conrad. La Pléiade ne pouvait laisser passer pareille occasion. Un volume est annoncé pour le 28 septembre intitulé Au Cœur des ténèbres et autres écrits, ceux-ci regroupant sous un titre désinvolte rien moins que Le Nègre du « Narcisse », Lord Jim, Typhon, Amy Foster, Le Duel et la Ligne d’ombre, excusez du peu. Des œuvres […]

lire la suite .../ ...
Dans le tourbillon de la vie

824

commentaires

Ce soir, la Cinq diffusera Ascenseur pour l’échafaud, inoubliable errance urbaine écrite par Louis Malle et Roger Nimier, mise en musique par Miles Davis (accompagné de Barney Wilen, René Urtreger, Pierre Michelot, Kenny Clarke, merci pour eux jamais cités) et au centre une Jeanne Moreau pétrie d’angoisse, de doute et de solitude admirablement photographiée en noir, blanc et toutes les nuances du gris de la nuit à gros grains par Henri Decae. Hier soir, Arte diffusait Jules et Jim, un film qui renvoie à un livre qui lui a fait écho. Il y a comme ça des gens dont la mémoire […]

lire la suite .../ ...
Avons-nous perdu le sens de la grandeur, Saint-Simon ?


1249

commentaires

Il y a comme cela des auteurs auxquels on fait confiance. De ceux avec qui on s’embarque sans hésiter à chaque nouveau livre en sachant que leurs tropismes ne les éloigneront guère de leurs terrains de chasse favoris, lieux de souvenirs de lecture enchantés. C’est précisément le cas avec Jean-Michel Delacomptée, l’un des auteurs les plus discrets, mais aussi les plus réguliers et les plus fidèles de la collection « L’un et l’autre » jadis fondée et dirigée par J.B. Pontalis et donc Jean-Michel Delacomptée a hérité, laquelle est déjà en soi le label d’une certaine qualité même si ses titres sont  […]

lire la suite .../ ...
Le paradoxe de l’interviewer

Le paradoxe de l’interviewer

830

commentaires

Le problème avec les interviews d’écrivains, ce n’est pas tant la réponse que la question. Le phénomène est flagrant lorsque paraît un bouquet de ces entretiens, le genre de fleurs idéal à offrir à celles et ceux qui aiment la littérature et qui ont parfois envie de se reposer en allant fureter dans les arrière-cuisines- même si l’on sait d’expérience que l’on n’a plus tellement envie de goûter les plats quand on a vu comment ils étaient préparés. On ne se lasse pas de (re)lire l’anthologie d’interviews d’écrivains sur « l’art de la fiction » paru sous le titre Paris Review. Les entretiens (Paris […]

lire la suite .../ ...
Myriam Anissimov en reconnaissance de vérité

Myriam Anissimov en reconnaissance de vérité

Albert Bensoussan

9

commentaires

Die liebe ist ziss… mit broïte (*) (proverbe yiddish)  Voilà un livre dont on ne peut se détacher, qu’on garde en sommeil et qui persiste comme un cauchemar. Myriam Anissimov, marquée par sa naissance dans un camp de réfugiés en Suisse et par l’horreur de la Shoah dont les siens furent victimes, et qui n’a jamais cessé de l’habiter tel un poison charrié dans son sang, ainsi qu’elle le dit dans son dernier livre : Les yeux bordés de reconnaissance (Le Seuil, 2017, 240p., 19€), revient à nous après tant de livres talentueux, dont ses grandes biographies de Romain Gary, de […]

lire la suite .../ ...
Nul besoin d’yeux d’époque pour lire les classiques

917

commentaires

Quand le public se nourrissait de romantiques, les romantiques se nourrissaient de classiques. Encore faut-il s’entendre sur le sens du mot sans se taper dessus. Dans son Dictionnaire des idées reçues, Flaubert prévenait : « Classiques (Les) : On est censé les connaître ». Pas mal mais il aurait pu faire mieux. Quelque chose du genre : « Ne jamais dire qu’on les lit. Toujours dire qu’on les relit ». De toutes façons, nul n’a mieux fait qu’Italo Calvino dans un article de L’Espresso en date du 28 juin 1981 :  “Est classique ce qui tend à reléguer l’actualité au rang de rumeur de fond, sans pour autant prétendre éteindre cette rumeur. […]

lire la suite .../ ...
Gabo et Mario vont en bateau

Gabo et Mario vont en bateau

1469

commentaires

Pas facile d’organiser la rencontre publique de deux « titans des lettres latinoaméricaines », comme il est d’usage de présenter les deux Nobels Gabriel Garcia Marquez (1927) et Mario Vargas Llosa (1936), en l’absence de l’un des deux. Disons que c’est une rencontre à moitié posthume qui s’est donc tenue hier à l’Escorial dans le cadre du programme estival de l’université de la Complutense de Madrid, l’un des deux étant décédé il y a trois ans. Gabo et Mario vont en bateau… On pourrait raconter un demi-siècle de littérature et de politique latino-américaine à travers leur amitié intense, houleuse, contrastée, interrompue. Des […]

lire la suite .../ ...