de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Pour saluer François Maspéro et…

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Pour ceux qui ne le connaissaient pas, François Maspéro, qui vient de disparaître à 83 ans , était quelqu’un de pudique, discret, réservé. Du genre qui pèse chacun de ses mots avant de les employer. Des qualités manifestées tant dans son activité d’éditeur (« éditeur engagé » clament ce matin les médias, mais s’agissant de lui, c’était d’une telle évidence que cela en devenait pléonastique) que dans celle de traducteur et d’écrivain. Tout le contraire d’un bateleur de médias. Il fut autrefois le fondateur et l’âme des éditions Maspéro, résolument engagées à gauche, et l’animateur de la légendaire librairie « La joie de […]

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Du silence de Pascal Quignard « Deo Soli Gloria »

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Qui d’autre que Pascal Quignard imagine-t-on prononcer une conférence sur « Les ruines de Port-Royal » en la cathédrale de Coutances, un soir de l’été dernier, en compagnie de Jean-François Détrée à l’orgue puis au clavecin ? Pour ceux qui n’en étaient pas, un éditeur attentif a pensé à la publier, non sans la réunir à d’autres prises de parole du même, mais improvisées celles-là, sous le titre Sur l’idée d’une communauté de solitaires (75 pages, 8 euros, Arléa). Est-ce dû à leur oralité première, fût-elle corrigée après coup ? Toujours est-il que ces paroles souvent lumineuses sont plus accessibles, en tout cas moins […]

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Gaston Gallimard versus Bernard Grasset et réciproquement

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Si la rivalité entre deux monstres sacrés de l’édition moderne n’avait été qu’une querelle de personnes éminentes, ou un affrontement d’egos, elle serait secondaire. Si elle vaut que l’on s’y attarde, c’est bien que deux visions de leur monde, deux conceptions de leur métier, et, tout de même, de la littérature, se sont opposées à travers l’antagonisme qui lia Gaston Gallimard (1881-1975) à Bernard Grasset (1881-1955) durant toute la première moitié du XXème siècle. De quoi justifier le passionnant documentaire que Jérôme Dupuis, journaliste littéraire à L’Express, leur consacre ce jeudi à 21h35 sur France 5 dans la série « Duels ». Le […]

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Quel « écrivain national » pour incarner la France ?

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C’est tout de même un sacré paradoxe : la France, qui passe pour la plus littéraire des nations européennes, n’a pas de Grand Ecrivain National – dans cet ordre et avec forces majuscules. Enfin, pas vraiment. Entendez par là un écrivain qui, par-delà les clivages de toute nature, l’incarne et la représente tant par la puissance de son style, l’empire exercé par son œuvre, l’influence de ses idées, le magistère de sa personne. Cela dit, soyons sans illusion sur le caractère relatif d’une telle entreprise, car on chercherait en vain un écrivain parmi les personnalités les plus appréciées des Français dans […]

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Louable nostalgie de la République des Lettres

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Parfois, plusieurs jours s’écoulent entre deux billets de la « République des livres. Il arrive que l’on me le reproche. Pourvu que ça dure…  N’y voyez aucune négligence de ma part. C’est juste que le livre en question est si riche, il est une telle fête pour l’esprit et la curiosité, que je m’accorde ce luxe d’un autre temps : prendre le temps de le savourer page après page, en y revenant au besoin avant même d’en avoir achevé la lecture. Ce qui est précisément le cas de La République des Lettres (480 pages, 25 euros, Gallimard) de Marc Fumaroli. Si le […]

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L’autre « Royaume », celui de Julien Gracq

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Celui-là, je m’en gardais la lecture pour la fin de l’année, afin de l’inscrire dans l’un de ces rares moments où le temps suspend son vol, lorsque la fourmilière semble marquer le pas et la société se retirer du moins dans les grandes villes, et que quelques uns des maux de l’époque – vitesse, précipitation, superficialité…- semble s’être absentés, entre Noël et Jour de l’an. On se prépare ainsi quand on s’attend à vivre des instants savoureux pour l’esprit et goûteux pour les sens.  Rien moins qu’un événement pour la librairie que les fidèles d’un écrivain s’approprient comme un événement […]

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De la Bible au Quijote

De la Bible au Quijote

Dominique Aubier

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Chaque peuple célèbre avec solennité l’ouvrage – chasse, danse ou littérature – qui interprète son génie et correspond à sa maîtrise. Mythe sacré ou art, un tel ouvrage honore une disposition de l’esprit collectivement ressentie, préférée à toute autre et, par là, ligatrice. Certains peuples voient le mobile de leur volonté créatrice confondu à un livre ; ainsi Israël. L’Espagne, également, a placé un livre sur l’autel de son génie : L’Histoire de l’Ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche. Elle paraît en 1605, publiée par les soins des libraires éditeurs Blas de Robles, sur les presses de Juan de la […]

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Leopardi deux fois plutôt qu’une

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L’expérience est fascinante, surtout quand on ne l’a pas fait exprès : lire un poète tout en lisant sa biographie, laquelle renvoie sans cesse à son œuvre, après avoir vu un film à lui consacré. Cela peut avoir des effets néfastes pour les livres comme pour les films, l’un ne supportant pas la comparaison avec l’autre, trop en-decà dans le registre de la connaissance, ou celui de l’émotion, quand ce n’est tout simplement celui du pur plaisir de lecteur ou de spectateur. Bref, le hasard a fait que quelques jours durant, j’ai pu me leopardiser comme jamais avant de me lover […]

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Céline en Lavant fait danser les alligators sur scène

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S’emparer de Céline ? Soit. Mais qu’en faire après tant d’autres ? On s’en doute, un célinien aussi averti qu’Emile Brami s’était posé la question avant d’oser y toucher. Non pour un livre de plus, d’autant qu’il en avait déjà plusieurs à son actif. Mais une pièce de théâtre. Une vraie et non pas une lecture du Voyage au bout de la nuit, assis sur une chaise derrière un bureau en tournant les pages comme le fit l’un, ou arpentant la scène en récitant le texte comme le fit l’autre. Emile Brami a donc saisi à bras le corps l’immense corpus de […]

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Y a-t-il vraiment un « style Minuit » ?

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Et dire qu’il y en a pour s’imaginer qu’un écrivain change de style en changeant d’éditeur ! Ou que, à tout le moins, son œuvre franchit une nouvelle étape après une rupture à laquelle quelques éditeurs, plusieurs critiques et certains universitaires accorderaient volontiers le statut d’épistémologique. D’aucuns ont voulu croire que celle de Simenon avait connu autant de périodes que celle de Picasso, ses éditeurs lui accordant sa couleur : la période Fayard, la période Gallimard et la période Presses de la Cité. Ce qui ne résistait pas à l’examen. Et pourtant, il arrive que des maisons d’édition de petite taille impriment […]

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