de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Histoire Littéraire

Quel « écrivain national » pour incarner la France ?

508

commentaires

C’est tout de même un sacré paradoxe : la France, qui passe pour la plus littéraire des nations européennes, n’a pas de Grand Ecrivain National – dans cet ordre et avec forces majuscules. Enfin, pas vraiment. Entendez par là un écrivain qui, par-delà les clivages de toute nature, l’incarne et la représente tant par la puissance de son style, l’empire exercé par son œuvre, l’influence de ses idées, le magistère de sa personne. Cela dit, soyons sans illusion sur le caractère relatif d’une telle entreprise, car on chercherait en vain un écrivain parmi les personnalités les plus appréciées des Français dans […]

lire la suite .../ ...
Louable nostalgie de la République des Lettres

231

commentaires

Parfois, plusieurs jours s’écoulent entre deux billets de la « République des livres. Il arrive que l’on me le reproche. Pourvu que ça dure…  N’y voyez aucune négligence de ma part. C’est juste que le livre en question est si riche, il est une telle fête pour l’esprit et la curiosité, que je m’accorde ce luxe d’un autre temps : prendre le temps de le savourer page après page, en y revenant au besoin avant même d’en avoir achevé la lecture. Ce qui est précisément le cas de La République des Lettres (480 pages, 25 euros, Gallimard) de Marc Fumaroli. Si le […]

lire la suite .../ ...
L’autre « Royaume », celui de Julien Gracq

405

commentaires

Celui-là, je m’en gardais la lecture pour la fin de l’année, afin de l’inscrire dans l’un de ces rares moments où le temps suspend son vol, lorsque la fourmilière semble marquer le pas et la société se retirer du moins dans les grandes villes, et que quelques uns des maux de l’époque – vitesse, précipitation, superficialité…- semble s’être absentés, entre Noël et Jour de l’an. On se prépare ainsi quand on s’attend à vivre des instants savoureux pour l’esprit et goûteux pour les sens.  Rien moins qu’un événement pour la librairie que les fidèles d’un écrivain s’approprient comme un événement […]

lire la suite .../ ...
De la Bible au Quijote

De la Bible au Quijote

Dominique Aubier

26

commentaires

Chaque peuple célèbre avec solennité l’ouvrage – chasse, danse ou littérature – qui interprète son génie et correspond à sa maîtrise. Mythe sacré ou art, un tel ouvrage honore une disposition de l’esprit collectivement ressentie, préférée à toute autre et, par là, ligatrice. Certains peuples voient le mobile de leur volonté créatrice confondu à un livre ; ainsi Israël. L’Espagne, également, a placé un livre sur l’autel de son génie : L’Histoire de l’Ingénieux Hidalgo don Quichotte de la Manche. Elle paraît en 1605, publiée par les soins des libraires éditeurs Blas de Robles, sur les presses de Juan de la […]

lire la suite .../ ...
Leopardi deux fois plutôt qu’une

470

commentaires

L’expérience est fascinante, surtout quand on ne l’a pas fait exprès : lire un poète tout en lisant sa biographie, laquelle renvoie sans cesse à son œuvre, après avoir vu un film à lui consacré. Cela peut avoir des effets néfastes pour les livres comme pour les films, l’un ne supportant pas la comparaison avec l’autre, trop en-decà dans le registre de la connaissance, ou celui de l’émotion, quand ce n’est tout simplement celui du pur plaisir de lecteur ou de spectateur. Bref, le hasard a fait que quelques jours durant, j’ai pu me leopardiser comme jamais avant de me lover […]

lire la suite .../ ...
Céline en Lavant fait danser les alligators sur scène

472

commentaires

S’emparer de Céline ? Soit. Mais qu’en faire après tant d’autres ? On s’en doute, un célinien aussi averti qu’Emile Brami s’était posé la question avant d’oser y toucher. Non pour un livre de plus, d’autant qu’il en avait déjà plusieurs à son actif. Mais une pièce de théâtre. Une vraie et non pas une lecture du Voyage au bout de la nuit, assis sur une chaise derrière un bureau en tournant les pages comme le fit l’un, ou arpentant la scène en récitant le texte comme le fit l’autre. Emile Brami a donc saisi à bras le corps l’immense corpus de […]

lire la suite .../ ...
Y a-t-il vraiment un « style Minuit » ?

1355

commentaires

Et dire qu’il y en a pour s’imaginer qu’un écrivain change de style en changeant d’éditeur ! Ou que, à tout le moins, son œuvre franchit une nouvelle étape après une rupture à laquelle quelques éditeurs, plusieurs critiques et certains universitaires accorderaient volontiers le statut d’épistémologique. D’aucuns ont voulu croire que celle de Simenon avait connu autant de périodes que celle de Picasso, ses éditeurs lui accordant sa couleur : la période Fayard, la période Gallimard et la période Presses de la Cité. Ce qui ne résistait pas à l’examen. Et pourtant, il arrive que des maisons d’édition de petite taille impriment […]

lire la suite .../ ...
Faudra-t-il protéger Kafka des kafkaïens ?

1616

commentaires

Après tout, qui sait si la perspective de l’imaginer un jour ensevelie sous une montagne de commentaires et d’analyses n’a pas fait renoncer Franz Kafka à publier son œuvre… Son ami Max Brod, à qui l’on doit de la connaître, ne l’a pas vraiment formulé ainsi, et même pas du tout ; mais au vu des rayonnages de bibliothèques consacrés dans de nombreuses langues à la dissection de ses écrits, rien n’interdit de le penser. Ces temps-ci encore, la kafkalogie déborde en librairie. S’il est un champ bien labouré, c’est celui-ci ; aussi se permet-on d’être exigeant avec les nouveautés. Non que […]

lire la suite .../ ...
Pour saluer aussi d’autres Pauvert

1054

commentaires

« Quel est aujourd’hui l’éditeur qui fait ce job ? » se demande Paul Edel sur son blog dans la chute de son hommage à Jean-Jacques Pauvert qui vient de disparaître à 88 ans. La question, posée ès-qualités par un critique littéraire doublé d’un écrivain, vaut d’être méditée car on la retrouve un peu partout dans les nécrologies du grand-éditeur-de-Sade qui fut aussi celui d’André Hardellet (il se retrouva au tribunal pour Lourdes, lentes), Siné, Topor, Mandiargues, Breton, Bataille, Albertine Sarrazin, Brigitte Lozerec’h, Hortense Dufour et l’exhumateur de textes d’Oscar Panizza, Georges Darien, Alfred Jarry, Léon Bloy, Raymond Roussel… Paul Edel cite à […]

lire la suite .../ ...
Les incertitudes manifestes de Frédéric Pajak

954

commentaires

Un tel projet force l’admiration que ce soit vis à vis de l’auteur Frédéric Pajak comme de l’éditeur, Noir sur blanc ayant pris le relais des PUF. Car il y a là, derrière le risque d’inscrire dans la durée une entreprise littéraire, historique, biographique en l’échelonnant avec un certain nombre de volumes, une vision artistique d’une ténacité et d’une singularité sans égales ni équivalent dans ce qui se publie de nos jours. Ils ne savent pas où ils vont ni le temps que cela prendra mais ils savent qu’ils y vont. C’est d’autant plus remarquable qu’en creusant ce sillon unique, […]

lire la suite .../ ...