de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

93 rue Lauriston : de la révision à la négation

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Il y a comme ça des noms maudits. Les principaux concernés le vivent comme une fatalité. Le cas d’espèce ne concerne pas les noms de famille, catégorie à part, mais les noms de rue ou de ville. Les habitants de Vichy n’y peuvent rien si ce n’est se plaindre s’en relâche : même des historiens spécialisés sur la période confondent encore « vichyste », qui désigne un partisan du régime du maréchal Pétain et de la Révolution nationale, et « vichyssois », réservé en principe aux seuls habitants de la ville quelle que soit l’époque. Sous leur plume, ils apparaissent souvent comme tous vichyssois ! A Paris, […]

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Dreyfus, au-delà de l’Affaire

Dreyfus, au-delà de l’Affaire

François Maillot

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Je le dis sans fausse pudeur : La vraie vie du capitaine Dreyfus (Tallandier, 216 pages, 18,90€) de Laurent Greilsamer m’a profondément ému. Il ne s’agit pas tant d’apprendre des faits nouveaux sur l’Affaire qui a divisé la France et l’a marquée au fer rouge. Tout a été dit. Mais au fond, derrière l’Affaire, l’homme disparaissait. C’est l’immense mérite de Laurent Greilsamer que d’avoir remis au centre de cette histoire le principal protagoniste, celui que partisans et adversaires, tout à la joute politique et au combat des idées ont oublié, instrumentalisé et traité comme un dommage collatéral. S’appuyant sur le journal […]

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Quand Paul Veyne se porte un intérêt désintéressé

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« Sa physionomie annonçait son âme ». C’est de Candide dont parlait Voltaire dès la première page, autrement dit tout à chacun dont Paul Veyne, professeur honoraire d’histoire romaine au Collège de France, 4800 euros de retraite par mois, quelques droits d’auteur en prime, un trois-pièces, une petite auto, des dizaines de milliers de livres dans sa bibliothèque. Vit de longue date dans un paysage cézannien, au pied du mont Ventoux. Un homme précédé par son visage qu’il dit très laid car affecté d’une malformation congénitale dite Leontiasis ossea qui lui relève en bosse la joue gauche. De cette physionomie dissymétrique on […]

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Il n’y a plus d’après… à Saint-Germain-des-Prés…( et plus d’avant non plus !)

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Vous connaissez Saint-Germain-des-Prés ? Non seulement cela n’existe pas mais c’est à peine si cela a brièvement existé. Juste le temps de forger un mythe médiatique et historiographique appelé à une rentabilité durable. Telle est la thèse soutenue par l’historien Eric Dussault dans L’invention de Saint-Germain-des-Prés (247 pages, 22 euros, Vendémiaire), probable synthèse d’un travail universitaire de grande ampleur si l’on en juge par l’importance des sources. Il explique le phénomène par l’indifférence des historiens du culturel et par la subordination de l’Histoire à la mémoire. Car si jusqu’en 1960 la narration de l’épopée était bien le fait des journalistes, après elle […]

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Des oiseaux et des oeuvres, mais sous quel nom et à quel titre ?

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Ces deux livres-là attendent sur ma table depuis près de deux ans. Comme quoi… Peur d’y toucher ? Pas vraiment. Plutôt l’appréhension de pénétrer dans une forme déroutante, mêlée au sentiment que certains livres s’inscriront dans la durée par leur étrangeté même. Il est vrai que les projets qui sous-tendent ces deux-là sont particulièrement originaux. Quel est le plus souvent notre réflexe naturel lorsque nous entrons dans un musée ? Le regard attiré par un tableau, nous nous précipitons vers le petit cartouche sur le bord du cadre, ou sur le cartel à côté, pour nous renseigner : titre, auteur, collectionneur… Le pedigree, […]

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Aimer la Résistance sans aimer tous les résistants

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On n’imagine pas un « Dictionnaire amoureux de la collaboration ». Encore que, l’air du temps s’y prêtant, certains se feraient un plaisir. Difficile de résister à un Dictionnaire amoureux de la Résistance (504 pages, 22 euros, Plon-Fayard). L’air du temps, là aussi, mais pas le même : non celui des élections mais celui des célébrations. Gilles Perrault y est parfaitement à son affaire : non seulement il a autrefois consacré de copieuses enquêtes à des réseaux tels que l’Orchestre rouge, mais il est si imprégné de cette épopée qu’il vit à Sainte-Marie-du-Mont, dans le Cotentin, à deux pas d’une plage du Débarquement. C’est […]

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Vraiment, la France fut le laboratoire du fascisme ?

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Pour une fois, on ne reprochera pas à un intellectuel de s’être résigné au livre d’entretien sur « saviesonoeuvre » en lieu et place de Mémoires dûment sortis de sa plume même. D’abord parce que, eu égard à la matière brassée par ses recherches, à l’extrême diversité de ses sources, à son érudition souvent impressionnante mais touffue, à la complexité théorique qui y est parfois à l’œuvre, il n’est pas toujours aisé de suivre Zeev Sternhell dans ses raisonnements ; d’autre part parce qu’il ne s’est jamais considéré comme un écrivain d’histoire ; enfin parce que ses thèses sur le nationalisme français ayant […]

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Jacques Le Goff l’européen

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S’il est un intellectuel que l’attribution du prix Nobel de la paix 2012 à l’Union européenne a enchanté, c’est bien Jacques Le Goff ; encore eût-il été comblé si sa satisfaction avait été plus largement partagée. Convaincu que l’héritage médiéval était le plus important de tous les héritages à l’œuvre dans la construction de l’idée européenne, il fut sans aucun doute l’un des plus fidèles et des plus ardents militants d’une Europe des profondeurs. Un essai L’Europe est-elle née au Moyen-Âge ?, paru en 2003 dans la collection « Faire l’Europe » qu’il dirigeait au Seuil, et son corollaire pédagogique L’Europe expliquée aux jeunes, en […]

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Le « swing » de l’aviron ou la poésie en mouvement

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Qu’on se rassure : il n’est pas plus nécessaire d’avoir pratiqué l’aviron pour apprécier Ils étaient un seul homme (The Boys in the Boat, traduit de l’anglais/Etats-Unis par Grégory Martin, 456 pages, 21,90 euros, La librairie Vuibert) que de connaître les règles des soixante-quatre cases pour goûter Le joueur d’échecs de Zweig ou La défense Loujine de Nabokov. C’est justement l’un des miracles de la littérature que de nous sensibiliser par le biais de l’universel à un monde qui nous est étranger sans passer par le filtre de la connaissance, ni par celui de l’expérience directe. Encore que pour ce qui […]

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Le problème avec Jules Ferry

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Les écrivains sont rares parmi les historiens. Lorsqu’on en repère qui s’inscrit dans la lignée qui va de Michelet à Duby, on ne le lâche pas. Il y en a bien quelques uns parmi nos contemporains. Mona Ozouf en est et des plus brillants. Une plume au service d’une vision. Un vrai charme dans l’écriture, la matière fut-elle rugueuse. Son dernier livre en date en témoigne. Jules Ferry. La liberté et la tradition (112 pages, 12 euros, Gallimard) est un essai particulièrement inspiré sur un homme abhorré de son temps, dont l’action pèse encore sur la vie des Français, mais […]

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