de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Histoire

Jacques Le Goff l’européen

848

commentaires

S’il est un intellectuel que l’attribution du prix Nobel de la paix 2012 à l’Union européenne a enchanté, c’est bien Jacques Le Goff ; encore eût-il été comblé si sa satisfaction avait été plus largement partagée. Convaincu que l’héritage médiéval était le plus important de tous les héritages à l’œuvre dans la construction de l’idée européenne, il fut sans aucun doute l’un des plus fidèles et des plus ardents militants d’une Europe des profondeurs. Un essai L’Europe est-elle née au Moyen-Âge ?, paru en 2003 dans la collection « Faire l’Europe » qu’il dirigeait au Seuil, et son corollaire pédagogique L’Europe expliquée aux jeunes, en […]

lire la suite .../ ...
Le « swing » de l’aviron ou la poésie en mouvement

638

commentaires

Qu’on se rassure : il n’est pas plus nécessaire d’avoir pratiqué l’aviron pour apprécier Ils étaient un seul homme (The Boys in the Boat, traduit de l’anglais/Etats-Unis par Grégory Martin, 456 pages, 21,90 euros, La librairie Vuibert) que de connaître les règles des soixante-quatre cases pour goûter Le joueur d’échecs de Zweig ou La défense Loujine de Nabokov. C’est justement l’un des miracles de la littérature que de nous sensibiliser par le biais de l’universel à un monde qui nous est étranger sans passer par le filtre de la connaissance, ni par celui de l’expérience directe. Encore que pour ce qui […]

lire la suite .../ ...
Le problème avec Jules Ferry

522

commentaires

Les écrivains sont rares parmi les historiens. Lorsqu’on en repère qui s’inscrit dans la lignée qui va de Michelet à Duby, on ne le lâche pas. Il y en a bien quelques uns parmi nos contemporains. Mona Ozouf en est et des plus brillants. Une plume au service d’une vision. Un vrai charme dans l’écriture, la matière fut-elle rugueuse. Son dernier livre en date en témoigne. Jules Ferry. La liberté et la tradition (112 pages, 12 euros, Gallimard) est un essai particulièrement inspiré sur un homme abhorré de son temps, dont l’action pèse encore sur la vie des Français, mais […]

lire la suite .../ ...
Ce que la Mitteleuropa doit à la nostalgie du monde d’hier

1268

commentaires

Milan Kundera aura beau tonner contre et dire que « ça n’existe pas », la Mitteleuropa est partout. Guère d’études, d’articles ou de conversations sur le devenir de l’Europe qui n’y fassent référence. Ainsi l’influent quotidien économique Les Echos a-t-il récemment baptisé « syndrome de la Mitteleuropa » l’attitude par laquelle plusieurs nations occidentales ont stigmatisé l’Allemagne en lui imputant une large part de responsabilités dans les situations d’austérité qu’elles traversent. Entité floue aux frontières changeantes, notion diffuse s’il en est née au milieu du XIXème siècle, déjà difficile à cerner même en son âge d’or, la Mitteleuropa désigne traditionnellement en allemand l’Europe médiane […]

lire la suite .../ ...
Chaneliser en équipage pour la plus grande gloire de Coco

583

commentaires

Etrange ce sentiment qui nous prend à la lecture d’un livre lorsqu’on « sent » qu’il a été écrit à la lumière d’un autre. Rien à voir avec le plagiat, la copie, le décalque, ni même l’imitation. On a juste l’impression qu’il en a été secrètement nourri sinon irradié. Le cas en lisant Notre Chanel (276 pages, 20 euros, Bleu autour) de Jean Lebrun. Il en fait d’ailleurs l’aveu à la page 87, sous forme de reconnaissance de dette, en citant l’influence de Misia (1981, repris en poche chez Folio), récit à deux mains qu’Arthur Gold et Robert Fizdale avaient consacré à […]

lire la suite .../ ...
Henri Cartier-Bresson, antifasciste, foutugraphe, oeil du siècle

629

commentaires

Si on a pu appeler Henri Cartier-Bresson (1908-2004) « l’œil du siècle », c’est parce qu’il l’avait couvert dans les deux sens du terme : comme reporter en se colletant à l’Histoire immédiate, et comme contemporain d’un XXème qu’il vécut de bout en bout animé du dur désir de durer. Une grande exposition à Beaubourg jusqu’au 9 juin, première rétrospective de cette ampleur en Europe (il était temps !) et l’album qui l’accompagne (400 pages, 500 illustrations, 49,90 euros, éditions du Centre Pompidou), où le texte et l’image sont au diapason de l’exigence, rendent justice tant à l’artiste qu’à l’artisan en lui. A la […]

lire la suite .../ ...
La « zone grise » ou les tribulations d’un concept

619

commentaires

Ce roman –là, j’avoue ne l’avoir ouvert qu’en raison de son seul titre, la Zone grise (336 pages, 19,50 euros, éditions de l’Olivier) m’ayant toujours intrigué, sinon inquiété. Les auteurs, deux sœurs du nom de C. et L. Mary, ne me disaient rien, et pour cause, un premier roman. Je ne ferais pas la critique de ce « roman policier psychique » comme il se présente car, au bout d’une cinquantaine de pages, il m’est tombé des yeux avant de me tomber des mains. Pourtant, les morceaux placés en épigraphe m’inclinaient à l’aimer, l’un extrait des Carnets du sous-sol de Dostoïevski, l’autre […]

lire la suite .../ ...
Peut-on encore découper l’Histoire en tranches ?

632

commentaires

Parfois, poser la question c’est déjà y répondre. Surtout dans un titre de couverture comme c’est le cas avec Faut-il vraiment découper l’histoire en tranches ? (Seuil). Car on n’imagine pas que l’on pourrait se passer d’un outil chronologique aussi pratique que le siècle. Jacques Le Goff y revient sur ce long Moyen Âge occidental qui lui est cher et qui court de l’Antiquité tardive (IIIème-VIIIème siècle) jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. C’était avant la mondialisation des histoires. La centralité de la Renaissance, ou plutôt de la « Renaissance », idée médiévalissime, est au cœur de ce bref essai assez pédagogique dans la présentation […]

lire la suite .../ ...
De la commémorationnite au commémorathon

903

commentaires

La commémorationnite serait-elle la maladie infantile du présentisme ? Passe encore que nous subissions par rafales livres, émissions,  numéros spéciaux sur le sujet en un temps donné. Une telle concentration est préjudiciable à tous et à chacun. D’autant que, se livrant à une absurde surenchère pour être le premier, les magazines s’acharnent à célébrer l’événement l’année précédent la date anniversaire ! Mais doit-on pour autant se résigner en être les spectateurs passifs, sinon les acteurs consentants ? Dis moi qui tu commémores et comment, je te dirais qui tu es. Nos rituels nous reflètent bien mieux que des discours. Le chapitre « Commémoration » des […]

lire la suite .../ ...
Quand la victoire est amère

Quand la victoire est amère

541

commentaires

Il s’en trouvera encore pour dire que ce n’est qu’un détail de la seconde guerre mondiale. Sauf pour les Italiens. Eux s’en souviennent. Dans certaines régions, certaines villes, certains villages de la botte, tous les témoins ne sont pas morts et tous se souviennent. Ils n’ont pas attendu que des écrivains, puis des cinéastes, enfin des historiens s’en emparent. Contrairement à nous. C’est de la face cachée, sombre, récusée du passage du corps expéditionnaire français en Italie (CEF) qu’il s’agit. Cela s’est passé entre novembre 1942 et juillet 1944. Curzio Malaparte fut le premier à provoquer un choc en publiant […]

lire la suite .../ ...