LE COIN DU CRITIQUE SDF
Je voudrais vous parler de l’homme augmenté. De l’homme égaré, effacé. Ce n’est pas la réalité qu’il faut augmenter, ou amplifier, à coups de logiciels, d’ions et d’octets. C’est l’homme qu’il faut amplifier, l’humain en nous qu’il faut bichonner. Lui redonner, à ce bourge, l’ivresse du soleil lorsqu’il monte de la terre au ciel, et qu’il glapit de joie. Lui refaire goûter la lumière qui prend à la gorge, qui fait vaciller comme un alcool, te laboure le gosier jusqu’à la glotte, te patouille, te fripouille. Les données se sont emparées de nous, avec gloutonnerie. C’est la grande bouffe, le […]
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L’histoire mouvementée de l’Irlande, largement conditionnée par ses rapports avec la puissance coloniale britannique, a donné aux liens entre poésie et politique une intrication et une pertinence particulières. Qu’on en juge par les deux exemples qui suivent: trois des chefs nationalistes qui saisirent avec leurs troupes d’irréguliers les principaux points stratégiques de Dublin lors du soulèvement de Pâques 1916, Patrick Pearse , Thomas MacDonagh et Joseph Mary Plunkett étaient des poètes accomplis; William Butler Yeats, le plus grand des poètes irlandais, prix Nobel de littérature en 1923, après avoir assisté de Londres aux violents soubresauts qui allaient porter sur les fonts baptismaux […]
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La collection « Poche » chez Maurice Nadeau a été lancée il y a deux ans. Déjà, en reprenant certains titres du catalogue de ce grand homme des lettres mort centenaire, elle nous a donné le plaisir de lire ou relire des ouvrages qui ont souvent révélé aux lecteurs français des auteurs étrangers d’envergure – comme Malcom Lowry, Stig Dagerman ou Variam Chalamov – qui ne perdent rien de leur portée même s’ils sont passés hors de l’actualité. La republication du livre de Charles Duits André Breton a-t-il dit passe (Maurice Nadeau, coll. Poche, 10,90€) est à ce titre une aubaine. Elle […]
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Le prénom, le nom de baptême véritable de Zoé Valdés est Milagros. Je ne sais s’il figure sur ses papiers d’identité, mais mon accès à sa vie/son œuvre a eu quelque chose de miraculeux. C’est, d’ailleurs, son roman Miracle à Miami qui fit de moi, depuis 2002, son traducteur. Et ce sésame m’ouvrit la porte de cet univers d’une exilée dont la trajectoire me rappelait, en plus grand, plus pathétique, plus révoltant, la mienne propre, moi qui, en mon âge avancé, revois tout ce que j’ai laissé au rivage algérien : mes murs, mes fétiches, mes orishas, et par-dessus tout cet […]
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Au siècle dernier Thessalonique s’appelait Salonique, grande cité de la Macédoine grecque, berceau du christianisme primitif et ville peuplée aux deux tiers de Juifs séfarades qui l’avaient surnommée la Jérusalem des Balkans, la nommant même Madre de Yisrael : סלוניקה Salonika. On se rappellera ce chant élégiaque célébrant la Tour blanche de Salonique : Là une fenêtre, une colombe, les hommes de la mer et, conjurant la maudite solitude, cette main tendue ouvrant à l’amour : En la mar hay una torre Y en la torre hay una ventana Y en la ventana hay una paloma Que a los marineros ama. […]
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Au moment où la poésie se raréfie dans l’air quotidien, elle se purifie dans le cercle des poètes authentiques comme Alain Roussel qui ont conservé le sens aigu des pouvoirs du langage en marchant sur le fil de l’expression poétique, à la fois chemin de crête, fil d’Ariane et cordon de dynamite : trois images qui s’appliquent avec assez de justesse à son dernier livre, Le texte impossible (13,50 euros, Arfuyen). L’oxymore du titre est un ressort de l’imagination : le texte est possible puisqu’il est là, sous nos yeux, découpé en trois parties. D’abord un poème liminaire – « Lettre-poème pour un […]
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La Littérature bretonne de langue française, ouvrage collectif sous la direction de Pascal Rannou (472 pages, Editions Yoran Embanner, Fouesnant, 2020), n’est pas un simple dictionnaire des écrivains bretons, mais une étude d’ensemble de la littérature bretonne de langue française. Il comporte cinquante-deux articles, rédigés par des spécialistes et consacrés non seulement aux auteurs d’origine bretonne, mais aussi aux écrivains non bretons ayant évoqué la Bretagne, aux principaux thèmes, lieux et personnages de la littérature bretonne, aux revues littéraires publiées en Bretagne, aux grands moments de l’histoire littéraire bretonne, ainsi qu’aux différents genres et courants de la littérature bretonne. À […]
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Petite Venise ou grande flaque d’eau (si l’on en croit l’étymologie de son nom), le Venezuela qui est le premier au monde en réserve de pétrole, est devenu aujourd’hui l’un des tout derniers, avec un taux d’émigration très élevé — selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 4,6 millions de migrants —, et montré du doigt par l’ONU pour ses violations des droits de l’homme, aujourd’hui comme hier. Jean-Louis Coatrieux, dans Natcho, l’enfant du barrio (Riveneuve, 2023, 262 p., 21 €) va saisir le problème à la fin des années 80, le pays étant dirigé par […]
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Il existe une forme singulière dont usent certains écrivains, généralement au soir de leur vie, après avoir accompli une œuvre monumentale par son abondance ou sa diversité, pour porter à leur perfection leur art d’écrire et le propre de leur génie, quelque chose comme la quintessence de leur œuvre. Ce sont pour la plupart des écrits assez brefs, dotés d’une densité particulière et d’un magnétisme souvent envoûtant. À titre d’exemples, et non des moindres, je citerai Les eaux étroites de Julien Gracq, La fille du capitaine de Pouchkine, Bartleby de Melville ou encore La vie de Rancé de Chateaubriand – textes […]
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Le Festival du livre de Paris s’apprête à accueillir l’Italie comme invitée d’honneur. Les projecteurs seront ainsi braqués, l’espace d’un week-end sur sa littérature donnant ainsi lieu à l’habituelle grande messe comme seul le microcosme littéraire parisien sait la faire. On aura ainsi droit à une déferlante médiatique dans laquelle on tentera de cerner les mystères insondables de la littérature transalpine. Déjà le Figaro littéraire donne le ton : « L’Italie, le pays des géants », titre flatteur s’il en est, qu’accompagne la photo de deux totems : Alberto Moravia et Erri de Luca suivi par les comptes rendus sur les nouveaux adoubés (Vincenzo Latronico, Teresa […]
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