LE COIN DU CRITIQUE SDF
History is a nightmare from which we have yet to awake. James Joyce Ce sont les paroles les plus silencieuses qui apportent la tempête. Ce sont les pensées qui viennent comme portées sur des pattes de colombes qui dirigent le monde. Friedrich Nietzsche Parmi les milliers de livres que Shakespeare a lus, il y a Qu’est-ce qu’un auteur ?, la fameuse conférence que Michel Foucault a prononcée devant les membres de la Société française de philosophie le 22 février 1969 à Paris. Que l’homme de Stratford ait pu avoir accès à ce texte constitue un mystère que même un biographe du Barde aussi érudit […]
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À la fin de l’année 1931, Dorothy Thompson, la plus brillante journaliste américaine de son temps, première femme à diriger une rédaction à l’étranger, en l’occurrence celle du New York Post à Berlin, réussit enfin à décrocher une interview d’Adolf Hitler. Il y a huit ans qu’elle cherche à l’obtenir, depuis que ce dernier avait été arrêté et jugé pour la tentative ratée du Putsch de la Brasserie le 9 novembre 1923. Depuis son poste en Allemagne, cette amie de Ödön von Horváth, Thomas Mann, Stefan Zweig et Bertolt Brecht assiste à la « montée démocratique » à marche forcée […]
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Alors que la littérature en langue yiddish est aujourd’hui universellement célébrée bien au-delà du monde juif, la littérature en judéo-espagnol n’a jamais été reconnue au-delà du cercle étroit des linguistes et des philologues. Faire connaître au plus grand nombre les classiques de cette langue et à travers eux, la culture et l’histoire des judéo-espagnols, c’est le défi que se lance Lior éditions qui vient de publier coup sur coup deux albums de contes et trois autobiographies[1]. Qui sont ces Judéo-espagnols qui cultivent la discrétion mais dont l’influence, de Spinoza à Elias Canetti, va bien au-delà de leur faible nombre ? Ce […]
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Chez Albert Cohen et dans toute son œuvre, l’idée de la disparition, de la fin du monde, de la mort – pour lui et ses « frères humains » – est très ancienne. Ce natif de Corfou, qui a connu l’exil, à Marseille où ses parents avaient trouvé refuge en 1900, et à un âge si tendre – cinq ans –, cet enfant nomade qui deviendra un adulte sédentaire, a toujours eu sous les yeux et sa vie durant l’image d’un monde instable, périssable, en voie de décomposition. Alors que l’Europe, et principalement la France, connaissent aujourd’hui la terrifiante angoisse du terrorisme […]
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Le premier intérêt à lire les Anciens, et notamment le volume d’Oeuvres (1664, pages, 69 euros) d’Aristote dans la collection de la Pléiade présenté par Richard Bodéïs, consiste à y chercher ce que nous avons encore en commun avec eux et en quoi ils nous enseignent à affronter les événements de notre vie. Le second, presque accessoire, est d’apprendre par quels hasards ces textes sont parvenus jusqu’à nous et combien d’altérations ils ont subies de la part des divers disciples et copistes qui nous en transmettent souvent seulement des fragments -qui nous deviennent essentiels. Ainsi, ce n’est qu’en 1871 et 1890 que […]
lire la suite .../ ...« Minchielli ». Voilà un nom joliment suggestif, difficile à porter pour tout Italien conscient que minchia ! et minchione signifient respectivement putain ! et couillon (pas le jeu de cartes). Pourtant, on est ici loin, bien loin d’une famille de « blaireaux » susceptible de se voir attribuer des « fichtre ! » (beauté de la langue de Molière oblige, usons et abusons des synonymes qu’elle offre). Tout au plus pourrait-on penser à une famille de fruits de mer, puisque depuis qu’il est au chômage, Lucien Minchielli est comme une « moule » sur son canapé, une « larve échouée sur la banquise télévisée », un « bulot sur son rocher ». En voilà […]
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On le savait journaliste et surtout globe-trotteur. En se penchant sur les ravissements de la paternité, Julien Blanc-Gras dévoile ses qualités de « reporter de grossesse ». Même si le caractère introspectif de l’écriture n’est pas sans rappeler le genre du journal intime, ce roman intitulé In utero (190 pages, 15 euros, Au Diable Vauvert) a bien un côté Livre des merveilles à la Marco Polo : après tout, la grossesse n’est-elle pas le plus « banal » et « universel » des périples ? Le plus beau aussi ? « Beau » certes, mais prenons-la avec des pincettes cette beauté de la grossesse : avec un humour décapant, fleurant bon l’autodérision […]
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Comme la peinture, la littérature est un art du silence. La nuit de feu (Albin Michel) est un tableau du désert, d’où émane un silence habité par une surabondance de vitalité. L’écrivain se fait peintre et sa palette de nuances amène le lecteur à « (…) savourer un simple trésor, vivre ». Cet élan vers la vie prend tout son sens aux yeux d’un Éric-Emmanuel Schmitt pas encore trentenaire. Au cours d’une randonnée dans le Sahara algérien, le jeune homme de vingt-huit ans découvre la simplicité et le bien-être quotidiens d’une civilisation à la pureté presque originelle. Au troisième jour de […]
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Il y a des textes dont la modestie touche au sublime. Histoires (Buchet-Chastel) de Marie Hélène Lafon, qui vient d’être couronné du Goncourt de la nouvelle, appartient à cette bibliothèque-là, une bibliothèque qui affiche comme trésors principaux Un cœur simple de Flaubert ou Vies minuscules de Pierre Michon. Pourquoi parler de modestie ? Ses personnages demeurent des humbles et son écriture, suivant la grande règle selon laquelle le fond commande la forme, n’attire pas l’attention sur elle. Récit et phrases procurent au lecteur une jouissance savoureuse, ininterrompue, mais ni les héros de Marie-Hélène Lafon ni son style ne « font l’intéressant ». […]
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La réforme de l’orthographe, qui a fait beaucoup de bruit, n’est pas si grave quand on examine son contenu ; ce qui est plus grave, ce sont les questions de fond qu’elle soulève. Prenons les deux exemples surmédiatisés de la réforme, qui concernent le changement d’orthographe de « nénuphar » au profit de « nénufar » et d’ « oignon » pouvant s’écrire désormais « ognon ». Vérification faite dans le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey, « nénuphar » est un emprunt du persan, où le mot s’écrit avec un « f » ; il a même pu s’écrire, au XIIIe siècle, « neufar » et neuenfar ». Quant à « l’oignon », il n’avait pas de […]
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