de Pierre Assouline

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La République des livres

traducteur

Avènement de Eduardo Halfon

Avènement de Eduardo Halfon

ALBERT BENSOUSSAN

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Le fil d’Ariane s’appelait alors Anne Mc Lean. Nous étions à Bogotá, pour la foire du livre où le grand homme de Medellín montait en gloire. Celui dont le père fut assassiné au nom des droits de l’homme qu’il entendait défendre. Et le fils, exilé en Italie pour échapper aux sicaires, était finalement rentré au pays, vingt ans après, pour conjurer l’oubli. L’oubli que nous serons, c’était le titre de ce récit de Héctor Abad pour lequel nous étions là, tous deux, à nous tenir la main — « mano a mano », dit l’espagnol —, Anne lisant ses pages en anglais […]

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Pierre Michon, écrivain de l’ouïe

Pierre Michon, écrivain de l’ouïe

JILL A. McCOY

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De but en blanc, tentons cette proposition : Pierre Michon est un écrivain de l’ouïe. Un écrivain de l’ouïe serait celui qui entend ou demande que les autres entendent, et dont l’écriture est inextricablement liée au son. La manière idéale de lire un tel écrivain est à voix haute, et lentement, pour que la force de ses mots frappe de plein fouet. Les poètes s’imposent bien sûr dans cette dimension sonore, obligeant leurs lecteurs à écouter leurs vers. Si Pierre Michon n’est pas  techniquement parlant un poète, il l’est spirituellement et artistiquement, auteur d’une prose si rythmique et musicale qu’on pourrait sans peine l’appeler […]

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Lettre ouverte à Dean Burnett, responsable des traductions AmazonCrossing

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Paris, le 13 mai 2014 Monsieur, AmazonCrossing a récemment sollicité certains membres de l’Association des traducteurs littéraires de France en vue de leur proposer des contrats de traduction d’œuvres littéraires. Nous nous réjouissons naturellement de l’intérêt que votre maison (et, à travers elle, le groupe Amazon Publishing) porte à la traduction littéraire, néanmoins nous avons été alertés par le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL) sur certaines clauses de vos contrats, qui sont contraires au droit et aux usages en vigueur en Europe et notamment en France. Les discussions que vous avez menées avec les associations représentant nos […]

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Comment j’ai traduit Annie Ernaux en espagnol

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Le premier jour du séminaire de mon ancien directeur de recherche sur la littérature française de l’extrême contemporain, à Paris-III, Bruno Blanckeman donne une liste d’une dizaine d’auteurs à lire. Le titre Journal du dehors se détache pour moi des autres : il renvoie à l’écriture que j’avais entreprise cette année-là à Paris, transcription détaillée du vécu de scènes, dialogues, lieux, contre l’oubli. De retour à Buenos Aires, j’entreprends comme chercheuse un travail de « divulgation » de l’œuvre de cet auteure très peu connue en Argentine. Mon principal objectif était de traduire Annie Ernaux pour la faire découvrir. Peu après, je rencontre […]

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Comment j’ai traduit « Albucius » de Pascal Quignard en japonais

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On me demande de temps en temps : « Comment avez-vous traduit ces livres quignardiens ? » Je sais très bien que c’est surtout de ma traduction d’Albucius, des Tablettes de buis d’Apronenia Avitia ou de La Raisonqu’on me parle. Je leur réponds les yeux baissés, gardant le sourire : « Ne me le demandez pas, je vous en prie. » Cela pour éviter toute excuse, mais intérieurement je me demande s’ils ont vraiment lu ces miraculeux romans à la fois romains et contemporains. On parle souvent de l’érudition ou de la pédanterie de Pascal Quignard. C’est vrai qu’il y a de nombreuses citations latines, grecques, ou d’autres langues anciennes partout dans ses ouvrages. […]

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Comment j’ai traduit « Confiteor »

Comment j’ai traduit « Confiteor »

Edmond Raillard

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La réponse est à la fois simple (« en traduisant ») et compliquée, tant les composantes de la traduction, comme de tout acte d’écriture, sont nombreuses et parfois impondérables. Côté pratique. La longueur, d’abord. L’avantage de la traduction sur la création, c’est que l’on sait où l’on va. L’ouvrage est à réécrire, mais il existe déjà. Il m’a donc fallu, pour ne pas être en retard sur la date de livraison promise de ce très gros livre, en me laissant une marge de deux ou trois mois pour les ajustements, fixer très précisément à quel point je devais être parvenu à la fin […]

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Solitaire, le traducteur ?

Solitaire, le traducteur ?

Meridiem

Il y a trois ans s’est déroulée la Fabrique franco-italienne des traducteurs, au Collège International des Traducteurs Littéraires, dans la ville d’Arles. Ce programme novateur venait d’être lancé, permettant à six jeunes professionnels de travailler ensemble pendant plusieurs mois, sous la houlette bienveillante de traducteurs chevronnés dans les mêmes combinaisons de langues. Dans l’espace Van Gogh, cet ancien hôtel-Dieu que le peintre hollandais a représenté en palpitantes couleurs, nous avons expérimenté le dialogue permanent et la critique fructueuse pendant dix semaines. En effet, les six traductrices que nous sommes, une Belge, trois Italiennes et deux Françaises, portions chacune un projet […]

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Deux poèmes inédits de Sappho

Deux poèmes inédits de Sappho

DIRK OBBINK

An “Oxford secret” is supposed to be a secret you tell one person at a time. Add social media and it’s across the world within hours, often in garbled form. In this case, the “secret” was the discovery on a fragment of papyrus of two new poems by the seventh-century BC Greek poetess, Sappho. The first concerns her brothers, “The Brothers Poem” for short. The second, “The Kypris Poem”, is about unrequited love and addressed to Aphrodite (by her other name, “Kypris”). The full evidence will be presented in an article in Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik (2014), and I am grateful to the […]

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Comment j’ai traduit « Last exit to Brooklyn »

Comment j’ai traduit « Last exit to Brooklyn »

Jean-Pierre Carasso

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Tout le monde (ou presque) doit connaître cette plaisanterie : le restaurateur dit à un client : « Comment avez-vous trouvé votre bifteck ? » Le client : « Par hasard, en soulevant une frite. » À la question : « Comment avez-vous traduit Last Exit to Brooklyn ? » je suis tenté de répondre par le même genre de pirouette : « Avec les plus grandes difficultés ! » Pour commencer, il nous a fallu, à Jacqueline Huet et à moi, consentir l’effort de surmonter une vraie répugnance à certains des traits les plus sordides des descriptions d’Hubert Selby Jr. Les filaments de vomi sanguinolents du malheureux troufion passé à tabac ; le mélange de sperme, d’urine et […]

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Comment les mots de Cortazar ont traduit les dessins de Cedron

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Parlons traduction et histoire, car tout est lié dans cette œuvre majestueuse créée en France en 1977, traduite et publiée en 2013 La racine de l’ombú, un inédit d’Alberto Cedrón et Julio Cortázar. Mais les mots clairvoyants que Cortázar a mis sur les dessins fantastiques (dans les deux sens du terme) de Cedrón ne sont-ils pas aussi une forme de traduction (c’est d’ailleurs ce qu’il laisse entendre dans sa préface, même s’il n’utilise pas ce mot) ? LE CONTEXTE D’ABORD Il y a à Buenos Aires des trésors littéraires inestimables. Des ouvrages en langue espagnole, française et anglaise, l’Argentine ayant toujours été […]

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