traducteur

Suite à la sortie de l’anthologie bilingue de la Baby Beat Generation, publiée aux Éditions La main courante en 2006, diffusée en France et aux USA, j’ai traduit le livre d’un de ces baby beats : le récit autobiographique de Thomas Rain Crowe, Ma vie dans les Appalaches (titre original : Zoro’s field – My life in the Appalachian woods). J’ai organisé en 2006 une tournée française de neuf lectures bilingues avec quatre poètes de la Baby Beat Generation. Qui sont-ils ? De jeunes poètes originaires des quatre coins des États-Unis qui, dans les années 1970, se rendent à San Francisco pour […]
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Les lecteurs de Joyce se souviennent sans doute d’Anna Livia Plurabelle, fragment de Finnegans Wake de James Joyce, dont une éblouissante traduction collective avait été entreprise en 1931 par l’auteur et ses amis, qui fut reprise en 1962, en annexe de fragments plus longs du livre adaptés par André du Bouchet, dans un petit volume publié par Gallimard en 1962. Cette traduction, je voulais la republier depuis plusieurs années dans Luna-Park. Il y avait urgence à la redonner. C’est un texte court, sept pages dans Luna-Park. Pourquoi la réimprimer ? Parce que l’adaptation par du Bouchet de Finnegans Wake formait l’essentiel du […]
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Traduire, on le sait, ce n’est pas aligner une suite de mots avec, à ses côtés, un dictionnaire prêt à être consulté. Traduire, c’est entrer dans un monde, s’y baigner, le sentir, le ressentir. C’est s’approprier les mots de l’auteur pour y mettre les siens. Traduire du théâtre, c’est aussi faire de la dramaturgie. Un texte théâtral, c’est une partition. On travaille avec des rythmes, des sonorités, des cadences, des tons avec, parfois, des arrêts dans le flux des mots… pour ensuite laisser mieux redémarrer ce flux, avec plus de force. Si la construction des phrases n’est pas conventionnelle, elle […]
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L’entreprise un peu démesurée d’Ezra Pound – que les Cantos résument, certes, mais auxquels elle ne saurait se réduire – est l’une de celles qui auront le plus contribué à modifier la conception et l’exercice même de l’écriture poétique, au cours du siècle dernier: aux Etats-Unis tout d’abord, cela va sans dire, mais aussi dans nombre d’autres pays (elle est désormais très sérieusement considérée en Chine, par exemple). Son irruption en France au milieu des années 1960, grâce aux efforts conjoints de Denis Roche et de Dominique de Roux, ne devait d’ailleurs pas rester sans conséquences, tout en suscitant quelques malentendus […]
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Autrefois, quiconque traduisait se donnait pour tâche de plier l’étranger aux lois qui avaient cours en France, lois du langage, lois de la poétique, ou même, simplement, lois de la politesse. Au vers 452 du chant VII, on entend Poséidon dire: «moi et Apollon». L’un des meilleurs représentants du goût classique, et pour cette raison tête de Turc de Victor Hugo, Prosper Bitaubé (1732-1808) corrige sereinement le dieu, lui enseigne les bonnes manières, et traduit: «Apollon et moi». Leconte de Lisle suit cet exemple. Comme ses prédécesseurs, et beaucoup de ceux qui l’ont suivi, Leconte de Lisle a été dressé […]
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Faut-il aimer un livre pour bien le traduire ? J’ai plus d’une fois pensé que non. Qu’un peu de distance rendait plus lucide, plus exact, plus précis. Qu’à trop s’identifier l’on risquait au contraire de s’aveugler, de s’emballer en suivant la pente, et de finir par trébucher. I would prefer not to. Plutôt être un traducteur brechtien, distancié, qui joue le rôle (de l’auteur) sans se prendre pour lui, qui le mime en l’ayant à l’œil, toujours prêt à s’en méfier tout en l’admirant souvent. J’ai traduit bien des romans ainsi, sans que les auteurs en prennent ombrage. Certains (rarement, j’en […]
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Et si nous devions la naissance de notre langue et celle de notre littérature au souvenir sanglant de batailles perdues, d’affrontements effroyables dans lesquels « tant de français ont perdu leur jeunesse » ? A la nécessité d’écrire le rappel d’une « bataille merveilleuse et totale » où des milliers de jeunes gens sont morts, et donc au devoir de chanter leurs noms ? La chanson de Roland est la première grande œuvre rédigée en français primitif que nous ayons en notre possession. C’est une longue et magnifique litanie célébrant une obscure défaite de l’arrière-garde de Charlemagne en 778, aux confins […]
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J’ai traduit Crime et Châtiment en 1995, dans une espèce de hâte, avec le souci constant de rendre sensible ce que Dostoïevski considérait comme essentiel, ce à quoi il passait, de son propre aveu, la majeure partie de son temps en écrivant un livre, la mise en place de l’image, du noyau poétique. Cette image, elle est invisible à la première lecture, et bouleversante d’évidence une fois qu’on l’a vue. Dans Crime et châtiment, c’est la résurrection de Lazare, présente non seulement à chaque page du livre, mais, littéralement, à chaque phrase, par la déclinaison des trois moments du récit […]
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Si Louis et Celia Zukovsky sont parvenus à faire entrer le Brooklyn des années 30-40 dans les vers de Catulle lorsqu’ils l’ont traduit, est-il possible de faire entrer dans la langue française ce même Brooklyn, tel qu’il a été entendu, utilisé et transformé par Gilbert Sorrentino ? Seuls les lecteurs pourront le dire. Mais j’espère cependant qu’un peu de la langue de Sorrentino se retrouvera un jour dans le français de ses trop rares admirateurs de ce côté de l’Atlantique. Genre — « C’est pas un homme, mais une rustine sur le cul d’un homme », que j’aimerais entendre un jour, dans le […]
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Vilnius, le jeune héros du roman d’Enrique Vila-Matas, Air de Dylan, ressemble au chanteur Bob Dylan et cultive cette ressemblance. Le problème, c’est que Bob Dylan ressemble à tout le monde et à personne car, protéiforme, il change sans arrêt d’apparence. D’où l’évanescence physique de Vilnius qui ne peut ressembler à quelqu’un qui ne se ressemble pas. Dans cet ordre d’idées, la version française aurait pu très bien s’intituler « Faux air de Dylan », mais c’était négliger une autre piste, la voie duchampienne. Air de Dylan est aussi un hommage à Marcel Duchamp évoqué, entre autres, à la page 205 : « Une […]
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