de Pierre Assouline

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La République des livres

vie littéraire

Les éditeurs sont-ils vraiment tenus d’écrire ?

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Une fois rangé des voitures, quand bien même continuerait-il à accompagner quelques uns de ses auteurs, un éditeur a le choix entre lire et écrire. Gaston Gallimard s’était bien gardé de prendre la plume quand Bernard Grasset ne pouvait s’en empêcher. Mais même lorsqu’il cède à la tentation de l’écriture, souvent après avoir juré ses grands dieux durant toute sa carrière que jamais il ne succomberait à un tel pêché d’orgueil, l’éditeur hésite entre raconter sa vie et raconter celle des autres. Dans le premier cas, il présente son ours comme un « roman », alors que cela ne trompe personne (André […]

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L’au-revoir à Claude Durand

L’au-revoir à Claude Durand

Régis Debray

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Excuse moi, mon cher Claude. Je ne vais pas pouvoir évoquer, pour une fois que tes amis sont réunis autour de toi et que se retrouvent entre eux tous ceux qui te doivent quelque-chose (et Dieu sait s’ils sont nombreux) – tous les Claude Durand que nous avons connus, dont nous avons les uns et les autres profité sans vergogne, à un moment donné ou un autre de notre vie. Énumérons-les. Il y a le Claude accoucheur, de textes et de vocations ; il y a le Claude des longues fidélités et non des clientèles, et non des coups médiatiques ; il […]

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Pour saluer Claude Durand, éditeur « intuitu personae »

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Il vient de disparaître à 76 ans, dont quarante-cinq dans le bâtiment. Entendez : l’édition. Il avait fait ses classes au Seuil dès 1958 où il publia des dissidents de l’Est et des romanciers latino-américains, traduisant certains de ceux-ci avec sa femme Carmen d’origine cubaine. Le Garcia Marquez de Cent ans de solitude et le Soljénitsyne de l’Archipel du Goulag furent ses grandes révélations, et par la même ses grandes découvertes, de cette époque. Vingt ans plus tard, il quitta une maison qu’il aurait aimé diriger pour Grasset dont on lui proposa la direction générale. Le courant ne passa pas et […]

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Choqués par Charlie, des écrivains américains à côté de la plaque

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Ils étaient six, ils sont désormais près de deux cents. Six écrivains américains s’étaient désolidarisés la semaine dernière de l’initiative du Pen Club International d’honorer le courage de CharlieHebdo ; la polémique aidant, ils ont été rejoints depuis par plusieurs dizaines d’autres, et ce n’est pas fini. Leur message est clair : on ne peut pas honorer la mémoire d’une rédaction aussi « islamophobe » et qui cultive ainsi le goût du blasphème. Il faut lire leur lettre collective qui a tout d’une pétition. Les responsables du PEN ne se sont pas donnés le ridicule de faire circuler une contre-pétition pour soutenir leur initiative, […]

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Gaston Gallimard versus Bernard Grasset et réciproquement

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Si la rivalité entre deux monstres sacrés de l’édition moderne n’avait été qu’une querelle de personnes éminentes, ou un affrontement d’egos, elle serait secondaire. Si elle vaut que l’on s’y attarde, c’est bien que deux visions de leur monde, deux conceptions de leur métier, et, tout de même, de la littérature, se sont opposées à travers l’antagonisme qui lia Gaston Gallimard (1881-1975) à Bernard Grasset (1881-1955) durant toute la première moitié du XXème siècle. De quoi justifier le passionnant documentaire que Jérôme Dupuis, journaliste littéraire à L’Express, leur consacre ce jeudi à 21h35 sur France 5 dans la série « Duels ». Le […]

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La soumission à Michel Houellebecq gagne l’Europe

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Naturellement, il y en aura pour dire que c’était écrit d’avance, que c’était plié depuis des mois, qu’ils l’avaient donc prévu, anticipé, annoncé et qu’il n’y a donc pas de quoi être surpris eu égard au contexte politique et social. Il y en aura également pour décréter que cela ne dit rien de l’esprit du temps, que la vente des livres n’a de toute façon en rien partie liée avec la littérature et que la chose ne mérite au fond qu’un haussement d’épaules. Il n’empêche que Soumission de Michel Houellebecq est dans le même temps numéro un des ventes de […]

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Faut-il vraiment faire le ménage dans les dictionnaires ?

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S’il est un domaine de l’esprit et de la connaissance dont les écrivains devraient se mêler, c’est bien le contenu des dictionnaires. Elle les concerne plus que tout autre. Non que la chose soit trop sérieuse pour être abandonnée aux seuls lexicographes, mais c’est peu dire que poètes et romanciers y ont leur mot à dire. Ils sont certes cités dans leurs œuvres, mais sont-ils consultés ? Deux récentes initiatives nous y mènent à nouveau. Il y a d’abord eu une enquête de L’Express à partir d’une étrange question, suscitée par la parution d’un non moins surprenant Dictionnaire de la rature (Actes […]

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La rentrée littéraire vitrifiée par « Soumission » ?

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Il y a désormais deux rentrées littéraires : la grande à la fin de l’été, et la petite au cœur de l’hiver. Ou la première et la seconde. Mais que ce soit en septembre ou en janvier, elles s’exposent pareillement au même spectre qu’auteurs et éditeurs conjurent par tous les moyens à leur disposition : gousse d’ail, crucifix, rosaire, miroir etc Ce spectre a un nom : la vitrification ; il s’incarne en une seule et même personne qui défie les saisons : Michel Houellebecq. C’était en 1998 et il s’échappait déjà régulièrement de la seule rubrique « Livres » des journaux pour rejoindre les pages […]

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2015 : Faites vos voeux… les voeux sont faits… rien ne va plus !

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« Il y a/ des prunes Dans le frigidaire Elles sont froides/et délicieuses Pardon, je les ai mangées Un poème/ c’est pratique Avec/ sois sage oh ma douleur Regarde comme ça se déroule Ca s’arrête/ et on enjambe Et ça se déplie ensuite simplement Regarde la poésie/ c’est facile Ramasser les morceaux/ les poser Aussitôt dit/c’est fait On inspire Blancs flottants/ réglables Ca respire Je vais te guider/ pas à pas Un attelage Pareil/ que pluie et neige descendent du ciel Le décor suivra en tirant un bout de tissu De même la parole/ qui sort de ma bouche Ne doit […]

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Patrick Modiano à Stockholm ou le discours d’un roi

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Une ovation debout, d’une durée inhabituelle en de tels lieux, a salué le discours de réception du prix Nobel de littérature prononcé par Patrick Modiano ce dimanche en fin d’après-midi dans les locaux de l’Académie suédoise à Stockholm. Il est vrai que l’exercice a rarement donné lieu à tant d’humilité dans l’expression de la pensée, mêlée à une telle qualité dans l’écriture. Il se déroula selon la tradition, c’est à dire sans protocole particulier ni lambris ostentatoires, l’écrivain se tenant debout derrière un pupitre sur une estrade, face à quelques centaines d’invités, de personnalités suédoises et de journalistes venus de […]

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