Ernst Jünger, vulnérable et reconnaissant
Un débat de haute volée a récemment agité certains intervenautes de la « République des livres » : était-il concevable qu’un homme tel que Ernst Jünger (1895-1998) ait pu ignorer en 1940 que le verre dans lequel il convenait de verser le champagne se nommait une « flûte », sonorité qui l’amusa ainsi que les officiers de son régiment alors qu’ils passaient par Laon ? On trouve cela dans ses carnets de guerre. La réponse à cette passionnante question ne figure pas dans la biographie, pourtant très complète, que Julien Hervier consacre à Ernst Jünger. Dans les tempêtes du siècle (538 pages, 26 euros, Fayard). On y découvrira en revanche un portrait d’une grande finesse de cet individualiste forcené, une analyse exhaustive de son œuvre, un examen attentif de sa correspondance, un panorama méticuleux de l’Allemagne de son temps, une étude éclairante de ses cercles d’amitié à ses différentes époques. Toutes choses qui rendent ce livre indispensable à tous ceux que cet écrivain singulier fascine ou intrigue quand il n’inquiète pas – du moins en France, où une véritable biographie manquait cruellement.
Pas évident d’écrire la vie d’un écrivain qui s’est déjà tant raconté tant dans ses romans que dans ses journaux intimes. Julien Hervier, son traducteur français et son éditeur dans la Pléiade, y parvient de manière convaincante en évitant l’écueil du démarquage. Il excelle à comparer les différents états des manuscrits, à confronter les préfaces successives d’un même livre. Sur les falaises de marbre, qui compta tant pour ceux qui choisirent l’exil intérieur, est bien mis en parallèle par l’auteur (dans le civil professeur de littérature comparée) avec Le Désert des Tartares de Buzatti et Le Rivage des Syrtes de Gracq, son grand admirateur. De même le dédoublement de la vision à l’œuvre dans Le Cœur aventureux, tant et si bien qu’on put parler alors de réalisme magique. Il entremêle parfaitement l’œuvre et la vie, rendant vaine toute tentative de les dissocier, comme s’y risquent certains biographes qui traitent de la vie à l’exclusion de l’œuvre, abandonnant son analyse aux universitaires. Comme s’il y avait une séparation entre les deux !
N’oubliant jamais sa qualité de traducteur, l’auteur nous éclaire sur des ambiguïtés qui ont souvent échappé au lecteur français notamment dans Le Travailleur (1932) : ainsi de Bürger qui signifie à la fois « citoyen » et « bourgeois » ; ou de Gestalt, à la fois « figure » et « forme » ; ou encore pour son Journal de guerre, de Strahlungen, à la fois « Rayonnements » et « Radiations » ; parfois, le traducteur reconnaît le « faute de mieux » s’agissant par exemple de son journal Siebzig verweht rendu en français par Soixante-dix s’efface, ce qui n’évoque pas, comme dans l’original, l’idée du sable qui s’écoule dans un verre et du vent qui emporte les jours à jamais. Passionnant, son récit est parfois un peu sec, à l’image de son héros, raide guerrier devenu pacifiste écologiste, doté d’une sensibilité sismographique aux grands ébranlements historiques, jamais dépris de sa fascination pour les vertus chevaleresques de l’armée prussienne, et plus encore depuis que les guerres étaient gouvernées par des techniciens.
Le récit de sa première guerre, celle qui lui valut de se voir décerner par Guillaume II à même pas 24 ans la plus haute distinction militaire allemande, l’ordre « Pour le Mérite », est bien documenté. Il montre bien le goût sportif du danger, l’autorité de fer exercée sur ses hommes, le courage à la tête des assauts, la capacité à maîtriser les situations de ce petit homme sec de 63 kgs, dont l’attitude n’est pas sans dandysme ni forfanterie. Sa stature de héros s’est façonnée là. Elle l’a longtemps protégé. Si Orages d’acier est l’un des grands livres (moins patriotique qu’on ne le croit) sur cette catastrophe, à ranger entre Le Feu de Barbusse, Ceux de 14 de Genevoix, Les Croix-de-bois de Dorgelès et La Comédie de Charleroi de Drieu la Rochelle, c’est parce que de tous les dangers qu’y a courus Jünger, celui qui le hanta le plus durablement, le plus angoissant de tous, n’est pas un corps à corps avec l’ennemi ou une course avec les obus, mais juste une errance dans les tranchées inconnues à la froide lumière du matin. Mais il y a en plus dans Orages d’acier quelque chose d’un roman d’éducation, où la guerre est considérée comme un grand jeu initiatique, sésame pour le passage à l’âge adulte, quitte à verser parfois dans ce que l’on a appelé « une esthétique de l’effroi ».
On l’a dit anarchiste conservateur, faute de mieux. Jünger était également fasciné par la politique et par la technique. Cette biographie éclaire l’influence sur sa pensée de la lecture du Déclin de l’Occident de Spengler, ou de l’amitié qui le liait au national-bolcheviste Ernst Niekisch ou au juriste Carl Schmitt, de même que la complicité intellectuelle qui le lia à son frère Friedrich Georg, ses relations avec les poètes Gottfried Benn et Paul Celan, son aversion pour Louis-Ferdinand Céline, qu’il rencontra sous l’Occupation à l’Institut allemand de Paris, et qui l’effrayait : il voyait en lui « la monstrueuse puissance du nihilisme contemporain, alliée à la mentalité d’un homme de l’âge de pierre »
N’en déplaise à ses irréductibles détracteurs (il y en a toujours eu en Allemagne comme en France, ils n’ont jamais désarmé, mais l’emphatique sérénité de cette biographie ne les calmera pas), on ne trouvera pas sous sa plume l’ombre d’un satisfecit accordé à Hitler ou au national-socialisme. Il ne l’a jamais rencontré ; mais, après avoir assisté à l’un de ses meetings, il en a retiré l’impression d’avoir affaire à un maître du Verbe « qui proposait moins des idées nouvelles qu’il ne déchaînait de nouvelles forces ». Non qu’il fut hostile par principe à un Führer, mais il estimait que celui-ci n’était « pas à la hauteur de la tâche à accomplir ». A partir de 1933, il a amendé ses écrits afin d’éviter leur instrumentalisation par les nazis, l’année même où il refusé la proposition de l’Académie allemande de poésie, passée sous la coupe des nazis, de la rejoindre. Tenir, se tenir, maintenir. Tant de lui s’explique là. Garder de la tenue, toujours.
L’un des plus violents articles qu’il ait écrits (dans Das Tagebuch, 21 septembre 1929) était clairement nihiliste, prônant la destruction de l’ordre bourgeois, ce qui lui valut d’être aussi pris à partie par le journal de Goebbels qui attribua sa conception du nationalisme à « son nouvel entourage kascher ». Quant à la question juive, il ne lui trouve aucun intérêt sur le plan politique. Il la règle d’ailleurs en une formule que Julien Hervier juge d’une détestable ambiguïté : « ou bien être Juif en Allemagne, ou bien ne pas être ». Ce qu’il explicita en associant « le Juif de civilisation » (entendez le Juif soucieux de s’intégrer et de s’assimiler aux Allemands) au libéralisme honni. Ce qui ne l’empêche pas de démissionner, avec son frère, de l’association des anciens combattants de leur régiment lorsque les Juifs en sont exclus
Le 20 juillet 1944, malgré son hostilité fondamentale au régime, sa solidarité et son amicale sympathie pour les conjurés, il ne fut pas du complot avorté contre Hitler. Son biographe rappelle qu’il a toujours été hostile au principe de l’attentat, non seulement à cause des représailles mais parce que les hommes se remplacent même au plus haut niveau et qu’un attentat ne saurait amener un bouleversement de fond en comble. Il échappa « miraculeusement » à la répression. Il n’en demeura pas moins pour beaucoup un officier de la Wehrmacht, un ancien ultra du nationalisme qui s’était répandu dans maints journaux durant l’entre-deux-guerres, un théoricien de la mobilisation totale.
L’homme privé n’est pas négligé par ce biographe inspiré, doté d’admiration critique. Pas un homme religieux mais pieux au sens ancien du terme, désarmé face au caractère sacré du monde naturel. Les drogues, Jünger a commencé à y toucher en juin 1918, à l’hôpital de Hanovre : blessé au combat (il le fut quatorze fois), il en profita pour essayer l’éther, expérience qu’il poursuivra plus tard notamment aux côtés d’Albert Hofmann, l’inventeur du LSD ; mais il cessa lorsqu’il comprit que si les substances lui permettaient d’accéder à des intuitions inédites, elles étaient un obstacle majeur à la conscience lucide indispensable à la création artistique. Mais c’est sur la question de sa vulnérabilité que ce livre apporte une lumière nouvelle.
Il nous montre son héros en mélancolique miné par les effets délétères de la Sehnsucht, état qui se traduisait notamment par des périodes d’aboulie. Dans les derniers temps du contemplatif centenaire, écrivain accablé d’honneurs et de prix qui ne se plaisait que dans ses voyages aux îles, le mot qui le résume le mieux selon lui n’en est pas moins « gratitude ». Il ne cessait de payer sa dette aux hommes qui l’avaient fait, aux valeurs dans lesquelles il se reconnaissait, dans les institutions auxquelles il devait, convaincu qu’il n’était pas de plus haute vertu que la reconnaissance. Bien que d’origine catholique et paysanne, il passa pour l’incarnation de l’aristocrate prussien protestant. Beaucoup ont confondu Jünger et Junker. Question d’euphonie probablement. Sa fierté d’avoir un papillon à son nom (Pyralis jüngeri Amsel) et même un organisme monocellulaire à lui dédié (Gregarina jungeri), une vingtaine d’insectes en tout, que l’entomologiste amateur respecté des professionnels a la coquetterie de juger plus importante que sa notoriété littéraire.
Alors oui, certes, sa capacité d’émerveillement face à la découverte de la flûte à champagne… Celle d’un homme qui avait mûri au milieu des tempêtes ainsi qu’en témoignait son ex-libris : « In tempestatibus maturesco ».
(« Ernst Jünger à différents âges – et avec Cioran » photos D.R.)
957 Réponses pour Ernst Jünger, vulnérable et reconnaissant
A lire les propos apaisés autours de cet écrivain que je n’ai pas lu, je me demandais pourquoi cette différence de traitement entre lui et Gunter Grass qui révéla sur le tard son engagement dans les jeunesses hitlériennes. D’un coté une distance tissée malgré le rôle, la fonction, de l’autre une erreur de jeunesse liée au contexte historique et la propagande qu’on sait et la honte qui hante toute une vie.
Pour faire concurrence à Christiane :
» Être ému, c’est respirer avec son coeur » (Pierre Reverdy)
(Cité par Jünger dans le Second Journal Parisien à la date du 21 février 1943)
En ce qui me concerne je n’ai ni pleuré ni ri devant une toile, mais j’avoue m’être déjà énervé.
@ bérénice dit: 8 février 2014 à 21 h 44 min
Ça me fait plaisir de lire votre remarque. c’est exactement ce que j’écrivais cette nuit dans ce commentaire que je n’ai pu envoyé (bug et non censure). Je comparais la démarche de P.Assouline à celle de P.Edel qui a su lui aussi mettre sur son blog des billets profonds concernant G.Grass, L-F. Céline H. Böll… Nous avons besoin de ces plumes courageuses qui osent approfondir des œuvres dont les auteurs ont eu des vies complexes, des prises de positions par toujours louables. J’écris courageuses car la controverse est à prévoir.
@ Onésiphore de Prébois dit: 8 février 2014 à 21 h 56 min
Belle concurrence. Pensée magnifique et subtile.
Dans le Second Journal parisien, à la date du 5 mars 1943, Jûger écrit :
» Terminé Léon Bloy : « Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne », son journal de 1900 à 1904. »
A la page précédente, il note : « Bloy n’est pas encore un classique, mais il le deviendra ».
Certitude bien fondée : avec un titre pareil, cela ne faisait aucun doute !
http://fr.answers.yahoo.com/question/index?qid=20070128152926AAIXOC2
salut à tous
descendre jusqu’à florence p et mourir de rire
tony truand
@ Christiane: J’ai retrouver les photographies de mon voyage à Jakarta. Il y a deux ou trois Notes sur la ville et son port ancien.
Pour ce qui est du « flou », il y a eut à Hamburg, une grande exposition sur le flou dans la photographie et la peinture, avec et après Gerhard Richter.
Scharf, Unscharf nach Gerhard Richter.
Je n’ai pas trop aimé la photographie de Ms Moon, et sur internet, je ne trouve pas d’adresse valable, pour en voir plus.
http://traube.blog.lemonde.fr/2008/07/21/jakarta-4-harbour-with-boats-by-the-river/
j’ai retrouvé
je viens corriger, avant que la boniche-comptable vienne troller.
La femme de Jünger s’appelait Perpetua. Quel beau nom. Ou quelle calamité. Selon.
intervenaute ? Que c’est laid, laid et ridicule.
La femme de Jünger s’appelait Perpetua. Quel beau nom. Ou quelle calamité. Selon. (mézigue)
Enfin, c’est lui qui l’appelait comme ça. Pour l’état-civil, elle s’appelait Gretha. Perpetua, est-ce que ça voulait dire « Je te veux pour toujours » ou « quelle canule, cette bonne femme! » ? Probablement les deux.
La femme de Jünger s’appelait Perpetua. Quel beau nom. Ou quelle calamité. Selon. (mézigue)
Dans « l’Etranger », le vieux Salamano dit de son chien : « Il est toujours là ». Il aurait du l’appeler Perpetua.
Oui c’était un mélancolique miné : à perpète hue ha !
Enfin 103 ans, j’admire immodérément, c’est vrai. Comme quoi à perpète hue da cela conserve comme les cornichons dans le vinaigre et les olives dans la saumure.
Hue cocotte Gretchen.
Il y a haute volée et haute tenue.
Comme basse côte.
@ TKT dit: 8 février 2014 à 22 h 19 min
Quel plaisir de revoir ces photos. elles sont vraiment puissantes. D. ne peut pas me contredire ! J’ai cherché sur votre blog mais juillet 2008 ne m’a pas donné accès à ces trois photos. Merci Thierry. Superbe.
Franchement…Ernst Junger…quand allez-vous donc laissez ces zombies retourner a leur purgatoire? s’passe donc rien de nouveau dans la douce France?
P.S. puisque le sujet est la flute de Ernst, l’expression cockney pour un costard est justement ‘whistle and flute’…whistle pour faire court…comme dans: ‘hey… look at Ernie boy, he’s got a brand new whistle’…la verite, parole d’abdel…
Christiane, ces photos sont d’un commun hallucinant. N’importe quelle beauf en vacances a fait les mêmes, vous pouvez êtes certaine qu’elles existent déjà à 9000 exemplaires à travers le monde.
Vous me faites de la peine, une fois de plus. Quintuplement peine : peine pour moi, pour vous, pour TKT, pour les lecteurs, pour la Photo.
Triolet de la diérèse.
Inspection, sélection,
Choses à faire avant la chasse.
Irruption, affection,
Vibration, érection.
Objection, déception,
Voilà que la dame se casse.
Inspection, sélection,
Choses à faire avant la chasse.
Jean Calbrix, le 09/02/14
NB. Scansion : tion et ssion, sont lus si-on
Triolet à belle
Je n’ai trouvé de rime à belle,
Sous le sabot de ma jument.
Par même un or de mirabelle.
Je n’ai trouvé de rime à belle.
Hélas pour moi, mon haridelle,
Ne veut rimer, assurément.
Je n’ai trouvé de rime à belle,
Sous le sabot de ma jument.
Jean Calbrix, le 09/02/14
> Je n’ai trouvé de rime à belle,
Broadez, broadez.
Christiane,
Que pouvez vous trouver à ces photos de navires de Djakarta … ? Elles sont d’une banalité, mais alors d’une banalité peu banale ! Inintéressantes comme provenant d’un regard de chien mort…
En toute amitié, pour vous comme pour le photographe amateur. Bon dimanche !
AFP /Trappes: François Hollande avec Jamel Debbouze à un match d’improvisation de collégiens.
Pour ce qui est de l’improvisation, le Président, un maître en la matière, ne pouvait que donner des leçons à tous ces gamins de banlieue …
Par bonheur, le ridicule ne tue plus. Depuis le vibrion Sarkozy, on est habitué aux pitreries médiatiques qui dispensent une image « moderne » auprès des électeurs. Que nous espérons fidèles aux humoristes en déficit d’affection … mais rien n’est moins sûr !
LIBERATION/
« «Je ne peux plus débattre pendant des heures et des heures», avertit Bruno Ledoux, qui a chargé un de ses proches, François Moulias, de conduire les discussions. Dans un email adressé aux autres actionnaires, qu’a révélé le site de BFMTV , Bruno Ledoux, qui est par ailleurs propriétaire de l’immeuble parisien de Libération, explique qu’il veut «rendre ringards tous ces esprits étriqués et tirer un coup d’avance, un coup cash, où tout est dit, y compris le projet sur l’immeuble».
Des propos qu’il assume mais qui ne sont pas faits pour apaiser un conflit qui vire à la guerre ouverte. »
Le changement, c’était hier qu’il fallait le faire : la presse papier quotidienne ne se vendra plus, les librairies et libraires à l’ancienne vont disparaître… Inéluctable !
J’implore le pardon de tous, pour ce hors-sujet, et en particulier du Maître de ces lieux enchantés où traînent des voyous diserts, des loubards surdiplômés et des étrangetés organiques inachevées…
Ernst Jünger à Wilfllingen/Schwaben:
http://traube.blog.lemonde.fr/2012/02/06/5061/
À lire une biographie des deux frères Jünger, Friderich Georg et Ernst:
« Brüder unterm Sternenzelt »,eine Biographie vom Jörg Maggenau, Klett-Cotta Verlag.
Dans la chambre de Goethe, deux copies (les bustes seulement) de sculpture : Laokoon il a écrit un essai sur lui en 1798 et Niobide.
Deux moulages en plâtre.
D. et JC
Je ne les trouve pas banales. Elles ont traversé le temps depuis 2008. Ce que je rerouve en les regardant ? Une mémoire du temps où je dessinais dans le port de Rouen, de très près, ces grands bateaux, ces grues. Il faut avoir ce rapport proche avec ces immenses coques pour sentir leur puissance et en même temps, elles bougent, imperceptiblement car elles sont posées sur l’eau.
Peut-être une émotion non communicative. Tant pis.
Dans les films sur le Titanic (fictions et documents) des contre-champs ont toujours présenté la coque du navire de bas en haut pour la rendre imposante.
Il y a quelque chose de semblable près des grands mammifères : éléphants, baleines… si on les approche.
Avez-vous connu la baleine, « Jonas », exposée sur l’esplanade des Invalides, sur un plateau de semi-remorque en 1953. J’ai eu ce choc, enfant, devant ce monstre venu de si loin.
Voilà le lien entre ces photos qui vous paraissent banales et le voyage qu’elles me font faire de l’ordre du minuscule devant le géant. Une histoire de Gulliver enfouie dans l’enfance et les années étudiantes.
Merci à Thierry de les avoir cherchées et remontées du passé.
Oui, JC, je suis un amateur, un amateur voyageur qui fait de la photographie. Rien à voir avec de la photographie d’art, qui elle est souvent mis en scène. Mais vous, JC, votre trollisme aigu est-il de l’art ou, un constat sur votre santé morale ? Comme D.bile, plus bête que vous, mais tout autant mauvais, vous réagissez presque simultanément, comme deux enfoirés que vous êtes, l’un vous, qui ne peut plus (vous êtes toujours à l’affut, pas de temps pour aller dans les lupanars de Toulon ?), et l’autre, asexué qui n’a jamais pu. Pour un homme, le manque de vie sexuelle, est mauvais pour la bonne santé de la prostate. je vous souhaite à tous deux un dimanche de merde !
Quoi ?! ils ajoutent des plâtres aux livres maintenant ?!
(Frédérique Hébrard – La Chambre de Goethe)
>christiane
contreplongée plutôt que contrechamp.
Là c’est de près, quasiment zoomé. Avec une belle symétrie et comme c’est photographié de la hauteur d’un homme, cela nous rend tout petit face aux coques (dont une tranchée en deux fort récemment par la tempête en mer).
non je n’ai pas vu Jonas exposée à Paris aux Invalides.
Bon dimanche à tous,
2000 volumes juste après la chambre du poète, dans la bibliothèque reconstituée.
Dont Ossian de Mac Pherson, Mémoires de Voltaire, Lettres de Pline. Cette maison de Franckfurt am Main étant celle de son enfance, je doute de la bibliothèque, qui devait plutôt être celle de son père Johann Caspar.
JC : un sous-Eric Zemmour, i.e. moins que rien. Encore un prétendu « libre-penseur » qui reprend toutes les désinformations qui traînent dans le caniveau.
» 1-Pour un homme, le manque de vie sexuelle, est mauvais pour la bonne santé de la prostate.
2-je vous souhaite à tous deux un dimanche de merde »
(Thierry de veau)
1/ Vous inquiétez pas pour ça, mon brave !
2/ C’est gentil. Merci !… mais ça m’étonnerait, on a de la ressource et de la joie en réserve…
christiane dit: 9 février 2014 à 9 h 05 min
D. et JC
« Je ne les trouve pas banales. Elles ont traversé le temps depuis 2008. »
Ces photos sont d’une banalité affligeante ! Elles vous plaisent car elles réveillent des souvenirs en vous. Respect pour cela. Sans plus. Rien à voir avec la qualité de ces clichés dignes d’un gamin de 15 ans qui vient de recevoir un appareil en cadeau, et le découvre…
JC….. dit: 9 février 2014 à 9 h 45 min
Possible…
Certains objets, paysages, musiques, toiles, photos nous font comprendre, comme dans ce fragment de texte de Piero Santi (« Ombre Rosse ») : « que la vie ne se réduit pas à la clarté et à l’évidence, mais qu’il y a en elle quelque chose d’insaisissable et d’imprévisible. Parce qu’au-delà des objets qui nous entourent, au-delà même des gestes que nous croyons accomplir en toute conscience, quelque chose d’obscur et de secret nous enveloppe. »
Merci pour cette remarque qui tient du fil d’Ariane. (Ah, nos labyrinthes !)
Répondre
Le mot « Répondre » est un ovni. Je ne sais d’où il vient…
et c’est reparti avec citations par-ci citations par-là, faut-il n’avoir aucune pensée personnelle pour nous infliger ces répétitions, une fois ça va mais ça recommence à bien faire… ouvrez donc votre blog perso, Christiane, ce serait mieux : quant à comparer JC à Zemmour, bien vu bien dit, aussi nocif
cela ci dessous pour vous christiane : dans le livre de Clopine cela est en écho avec un des deux « secrets » de Proust la réminiscence.
Votre baleine de 53 avait des problèmes de stabilité structurelle, Christiane.
La bienpensante Curiosa, graine de flic à tics de la pensée, s’oblige à trouver de la nocivité, là où il n’y en a pas ! Si j’osais, j’utiliserais « nauséabond »… hurkhurk !
Christiane, le côté obscur de la vie, le secret qui l’entoure, le hasard, l’improbabilité des évenements, l’inconscient tout puissant, le subi, le tu de la nuit, etc, etc … le poids que l’on donne à tout ça est fonction de sa sensibilité personnelle.
(Puisque nous sommes seuls ici, je vous confie que je n’ai pas vécu plus de quelques semaines avec une drôlesse hypersensible : nous ne vivions pas dans le même monde, et rapidement je ne partageais plus son côté… « ombres intérieures aux commandes » !
Ici, c’est tous les jours qu’une grosse baleine puante s’expose.
Elle s’appelle John Brown.
« je n’ai pas vécu plus de quelques semaines avec une drôlesse hypersensible »
Ebouriffant ! Vivre avec un gus pareil, même la Vénus de Milo en aurait les bras qui tombent.
JC….. dit: 9 février 2014 à 10 h 15 min
La bienpensante Curiosa, graine de flic à tics de la pensée, s’oblige à trouver de la nocivité, là où il n’y en a pas !
Pas besoin de chercher pour la trouver, ta nocivité, tu en es enduit de pied en cap.
C’est poignant, Marcel
« Inspection, sélection,
Irruption, affection,
Vibration, érection.
Objection, déception »
Bravo pour le soin des préliminaires, on n’est jamais assez trop prudents.
Vibration, érection: chez une minorité de sujets, l’ordre de consécution est inverse.
C’est probablement effrayant.
je ne partageais plus son côté… « ombres intérieures aux commandes » !
C’est surtout que la « chemise brune » ne lui allait pas au teint.
u. dit: 9 février 2014 à 10 h 44 min
C’est poignant, Marcel
i.e. « c’est poilant, Marcel »
Marcel dit: 9 février 2014 à 1 h 52 min
Marcel, mon bon, on dirait de l’amour en sachet, une sorte de potage.
Ce qu’on se demande c’est si l’érection continue ou pas après le départ de la dame.
Ô maitre du suspens, y aura-t-il une suite?
cSdM,
Vous vous trompez lourdement : je tiens soigneusement la liste des sympathisants qui me trouvent particulièrement agréable, parmi eux, des gens éminemment sensés, lucides, pertinents, certains écrivains, d’autres haltérophiles, un évêque, une fille des rues, un chien, une chatte …
Contentez vous de ce brave Simon pour exciter, et assouvir en solitaire, vos pulsions morbidouillesques…
qu’est ce qu’un petit célinien du dimanche lui métrait à ce petit arnaque de mes couilles..ça a fait 2 guerres ça y a pris son pied et ça veut rester digne en faisant croire que c’était les autres qui voulaient la faire..avec sigmaringeune au moins y’avait la gueule de bois..ça c’est un truc d’homme responsabe
@ Curiosa dit: 9 février 2014 à 10 h 04 min
Oh, vous me manquiez, Charmante curiosa.
Tenez juste pour vous, une jolie petite citation (Cioran) :
« Un ennemi est aussi utile qu’un Bouddha. Car notre ennemi veille sur nous, il nous empêche de nous laisser aller. En signalant, en divulguant la moindre de nos défaillances, il nous conduit en ligne droite à notre salut, il met tout en œuvre pour que nous ne soyons pas indigne de l’idée qu’il s’est faite de nous. aussi notre attitude à son égard devrait-elle être sans bornes. »
Aussi pour que vous ne soyez pas brutalement en manque,et pour votre salut, je vais veiller à vous offrir plein de belles citations. Comme cela vous pourrez continuer à poser vos commentaires… indispensables… à la bonne tenue de ce blog. Je crois même que Passou va vous décorer de l’ordre des fins amateurs de citations.
Belle journée, charmante curiosa.
Ce qu’on se demande c’est si l’érection continue
t’occupes de ton calbut et de tes affaires cheuloux
@ Rose
Merci pour vos liens et citations toujours pertinents. Beaucoup aimé le désert rouge, hier au soir.
« avec sigmaringeune au moins y’avait la gueule de bois..ça c’est un truc d’homme responsable » (b.)
‘Lutin’!
Christiane est-elle une Sœur Missionnaire de la Société de Marie (SMSM)?
Je n’ai trouvé de rime à belle,
Sous le sabot de ma jument.
la croupe rime à l’unisson et pleinement même par nuit noire obscur et sombre
On dit, en effet : « Dai nemici mi guardi Dio che dai nemici mi guardo io ». Bon, c’est aussi vrai que désormais cela se sait, et un petit cours chez un bon acteur (ou actrice) peut aider un ennemi à jouer l’ami… le contraire est aussi vrai, incompréhensible toutefois…
« C’est surtout que la « chemise brune » ne lui allait pas au teint. » (cSdM)
Eh ! Pas de chemise ! Lorsque je l’ai branchée, j’étais en permanence en soutane Cardin, je savais que ça lui plairait, elle adorait le mystère des hommes en jupe, et venait de rompre avec un Ecossais en kilt … »A coté de ta soutane ample, son kilt faisait mini-jupe, me disait elle, tu m’as plu tout de suite …! »
JC….. dit: 9 février 2014 à 10 h 53 min
Contentez vous de ce brave Simon pour exciter, et assouvir en solitaire, vos pulsions morbidouillesques…
Allons, tu pourrais faire mieux que ça, non, Simon de Montfaible ?
à coté de goering il fait quand même petit allemand de poche ce youngueur..faite chanter ali alo à ce nabot plein de puce filait lui une poufiasse au bras et on dirait juste un sarkozi nazi..même un pti français comme cheuloux a coté frait autrement petit péteux plus conséquent..surclassement dans la petite morgue
JC….. dit: 9 février 2014 à 11 h 04 min
j’étais en permanence en soutane Cardin
Tout s’explique : d’où la fatale attraction de Christiane…
un sarkozi nazi
Marcel fera-t-il son miel de cette rime riche ?
C’est épouvantable comme l’habit fait le moine.
Sur la première photo, cet homme pourtant devenu urbain, pose le doigt sur un interrupteur:
« Si fous fous obstinez… Fous allez m’obliger à faire passer le chus ».
La coiffure aussi, la crinière au fer, façon Kominform.
Cioran avait une tête de pianiste soviétique.
Pénible pour lui en temps de guerre froide.
Jünger rigole devant le naïf photographe.
« Ne leur dis pas que j’étais de ton côté », lui dit Cioran à l’oreille.
« j’étais en permanence en soutane Cardin »
Le jour où je surprendrai un prêtre en nuisette, je saurai que c’est la fin.
u. a passé une nuit blanche avec Julien Green.
Comparaison de Zemmour Alec JC -troll-moisi ? curiosa, l’un est Petrie de malice, l’autre est un troll malade
Troll malade ?
Quand on sait que Thierry a raté le Concours du plus beau Cadavre organisé par le Service Dissection de l’Hôpital Général de Zurich…pas assez frais.
c’est vrai qu’on me trouve très charmante, Christiane, ce n’est pas le cas de tout le monde icite, tabernacle !
@ contre Simon de Montfort dit: 9 février 2014 à 11 h 00
Je repense, vous lisant, à une des plus belles plumes de ce blog qui signait « sœur marie des roses »…
@JC
Dans la ville où je vis, il y a un Espace Cardin. Les dernières photos de Thierry (TKT) montre des hommes japonais portant robe. Ils sont craquants !
@ U.
« Le sage est un destructeur apaisé. Les autres sont des destructeurs en exercice. »
Cioran
Je vous situe dans l’entre-deux entre sagesse et espièglerie !
Goering et Christiane, héros de ce blog d’après bouedegras, décidément
Sœur Marie des Anges ? Une hyène trotsko-fasciste, petite bourgeoisie du Luberon …
une des plus belles plumes de ce blog qui signait « sœur marie des roses »
C’est à des détails comme celui-ci qu’on devine que Cricri a beaucoup lu Oui-oui
« Dai nemici mi guardi Dio » (renato)
> dagli amici?
« Une hyène trotsko-fasciste, petite bourgeoisie du Luberon … » (JC)
Quand on est courtois, on dit une femme de convictions.
— Une hyène, ça laisse quand même tranquilles les vivants.
On aura beaucoup médit de ces pauvres bêtes.
Camarade u.
Je n’ai rien contre les hyènes dont le rire m’a toujours séduit, brave bête qui fait ce qu’elle peut pour survivre, genre fonctionnaire européen …
Mais Sœur Marie des Rosses ! c’était de la hyène dactylographique, élaborée, immonde de liberté-frigo-plein, idées bloquées sur à gauche toute…. et j’avoue que le fond me déplaisait tant, que la forme ne m’a laissé aucun souvenir.
« Jeux de Sotchi 2014 : nous ne serons pas complices ! » (le monde.fr)
Un des article-manifestes les plus idiots des 10 dernières années : à ne manquer sous aucun prétexte … Sportifs s’abstenir !
Mon adjudant, Christiane est une sainte ! Nitouchez pas ! Il faudra me passer sur le corps … femmes et enfants d’abord !
… Quant à Hans, sa morbidezza teutonica lui avait coupé la parole. Quand il consentait à parler, c’était pour évoquer l’énigmatique suicide des lemmings du haut des falaises, ce qui m’inquiétait car, à force de s’enferrer dans sa mélancolie, on finit par courtiser la mort (…) « Qu’est-ce que tu as, Hans, tu es livide ? C’est les Nègres ? » lui demanda Perpetua. – « Je réalise que les dents sont la seule partie visible de notre squelette durant toute notre vie terrestre, et c’est effrayant » (p. 302).
Voici quelques fragments de dialogues issus du dernier roman du maître des lieux sur le livre en promo d’à côté. Ce n’est pas Jünger qui parle, mais un personnage de l’entourage du chef d’Etat-minor de la Mélasse, dans l’atmosphère sulfureuse entretenue par les sigmaringouins frappés de sigmaringite aiguë en dedans et en dehors du fameux château…
J’y vois d’incroyables parallélismes actualisés…, hélas parasités par cette envie puérile que nous avons de connaître la fin de l’histoire d’Anthony Hopkins et d’Emma Thomson. Quel talent, tout de même ce Passoul de l’Académie Goncourt !… mais surtout, quel talent, ces intervenautes en raccord à leur insu, avec leurs prophétiques histoires de flûtes à champagne : « Je la lui enlève d’autorité [la bouteille de champagne], quoique délicatement pour ne pas le vexer et, la tenant par la piqûre, la main gauche derrière le dos, je m’incline vers Jeanne pour la servir. » (p. 347). Incroyable, j’en reviens pas !
le Concours du plus beau Cadavre organisé par le Service Dissection de l’Hôpital Général de Zurich…pas assez frais
je ne sais pas s’il n’y pas transvaluation des valeurs du beaux..il suffit de regarder les séries télé..au plus pourri au mieux, la liquéfaction est prisée..de l’art contemporain pour les pauvres..aprés tout la télé c’est une boite formol qu’il dirait damien
…pas assez frais
je dirais soi vontraube fait le macchab qui parle trop ou pas assez..ou comme macchab tu n’as pas les mots de ta consicence sociale adhoc vontraube..c’est teutchy
…
…encore un stratificateur de la société des dogmes, sur un échiquier en diagonal, et des livres , comme sur des cases blanches ou noires,…
…quels jeux,…ou aventures humaines mimés,…etc,…à tantôt,….
…
» le Service Dissection de l’Hôpital Général de Zurich »
Il faudrait demander à TKT ce qu’il en est du sentiment anti-allemand à Zurich, en ce jour de votation (hausse des loyers, Hoch Deutsch imposé, compétition accrue, etc.)
Sœur Marie des Rosses
Après la rosse, le beret
mourir de rire
tony truand
si pisser sur tes bottes pouvait te tuer..
A Paris en 41, Jünger va au cinéma pour y peloter les tétons d’une fleuriste de rencontre (Brust anfassen). Il note sa routinière lassitude. La conversation avec un zazou ramassé à Montmartre par ses hommes, peu farouche dans ses approches de galonnés occupants, l’amusera plus que la fleuriste. Une sympathie qui permettra à Jean Marais de ne pas boire « la tasse ».
Il écrira seulement plus tard que la nrf est une des trois grandes puissances françaises. Nombreuses sont les accointances avec Drieu.
Dans les couloirs de la rue Sébastien Bottin après guerre (rue de Beaune avant déclassement), son allure inoxydable épatera la population locale au teint cendré de circonstance. Seules les conversations avec Gaston Gallimard qui continuait de collectionner femmes et voitures gardaient un panache français.
Riefenstahl aurait pu regagner une virginité en préférant la botanique aux membres massaï.
Mais qui est cet adjudant sniper qui tire sur Christiane ?
Le même (la même ?) qui tirait sur Clopine ?
Et voilà que JC déterre les morts !
Haine cuite et recuite…
C’est plus un espace de commentaires, c’est une guérilla !
Marcel, stance ici semble rimer avec rance…
« en préférant la botanique aux membres massaï. »
Mais le Massaï est un homme fleur, Phil, une belle plante de choix !
@ Chaloux, 10 h 53 min.
Mais mon Chaloux mélomane, la structure du triolet ne permet aucun suspense. Retour à la case départ pour le don Juan éconduit. Et il doit filer dare-dare au boxon le plus proche pour vider bourses et bourse, sinon gare aux problèmes de la prostate comme le fait si justement remarque Thierry.
@ Christiane,9 h 05 min
Merci, Christiane, pour cette évocation rouennaise de Jonas de 1954 ! et dont la pestilence se mélangeait aux effluves du fleuve.
Oui Baroz, La Riefenstahl avait une certaine prescience des goûts de la population.
Sortis de Nuremberg, les Dieux du Stade continuent de faire carrière en calendriers pour gens sensibles, faux camionneurs.
« Mais qui est cet adjudant sniper qui tire sur Christiane ? » (JBa)
Je ne sais pas, mais il a soigneusement écrit son texte.
Ça fait longtemps qu’il était à plat-ventre, avec un seul oeil ouvert.
Le coup de la suie passée sur la lorgnette pour que le tireur se relève avec un oeil au beurre noir, ça faisait rire les Allemands aussi.
De grands enfants.
« dagli amici? », u.
Oui, c’est vrai, où avais-je la tête ?! Dagli amici mi guardi Iddio, ché dai nemici mi guardo io… ça doit être l’absence de voitures dans la rue qui fait son effet… ou les clochettes des chevaux qui passent au trot…
Rien de tel que l’esprit trouffion pour ébranler les grands capitaines.
Rommel abaissant ses jumelles pour montrer des yeux de panda.
@ Adjudant Willsdorff, 12 h 19 min.
Attation mon adjudant, le général Passouline va vous mettre aux arrêts de vigueur si vous continuez de titiller notre égérie normande.
Cela bien à part, u., il se peut que ce soit une erreur expliquée par la suite du post… enfin, il vaut mieux pratiquer la défiance (avant) que la pleurnicherie (après)…
Sur la dernière photo, c’est pas un fauteuil que s’est choisi Jünger pour son auguste postérieur, mais un véritable trône, d’assez mauvais goût !
Heart Beat, Pig Meat :
C’est beaucoup plus inquiétant quand un crétin choisi un fauteuil du Flora pour nous emmerder avec son plagiat de l’existentiel…
renato, avez-vous vu le dernier film de Peter Greenaway ? Plutôt baroque, quasi fellinien, et on est censés se trouver à Colmar du temps de la haute gravure édifiante et licencieuse…
La bande-annonce
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19541791&cfilm=174401.html
Gravures édifiantes et licencieuses pour branleurs en tous genres… et pas théoriques du tout…
« et pas théoriques du tout… »
Plutôt réthorique !
C’est tellement glissant que Sophie Avon (SAvon) n’a pas osé en parler !
Est-ce que Passou a parlé de « Viviane Elisabeth Fauville » en 2012 ?
Cela dit, il suffit qu’un gars simule un monde pour qu’on parle de fellinien, c’est assez fatiguant, surtout que F.F. était un grand réaliste.
« F.F. était un grand réaliste »
Nous ne doutons pas de la réalité de ses fantasmes, ni de votre grande fatigue congénitale…
They asked me how I knew
My true love was true
I of course replied
« Something here inside
Cannot be denied »
They said someday you’ll find
All who love are blind
When your heart’s on fire
You don’t realise
Smoke gets in your eyes
So I chaffed and I gaily laughed
To think they would doubt my love
Yet today, my love has flown away
I am without my love
Now laughing friends deride
Tears I cannot hide
So I smile and say
« When a lovely flame dies,
Smoke gets in your eyes. »
… et pour la musique, ça :
arrêts de vigueur ou ave (AV) de rigueur: il f
il faut choisir : j’
il faut choisir et j’ai choisi de vous dire vale
bonne soiree
La SFC ou CFS n’est pas congénitale…
La lecture du « Journal Parisien » d’Ernst Jünger, présente pour nous l’intérêt d’exhumer des figures aujourd’hui bien oubliées du microcosme littéraire français de l’époque : Jouhandeau, Morand, Giraudoux, Cocteau, Henri Thomas, personnages dont nous connaissons aujourd’hui tout juste les noms. La présence à Paris ( en des circonstances dont il appartient aux spécialistes érudits de cette période mal connue de cerner les contours ) de cette grande figure des lettres allemandes eut au moins cet effet bénéfique de protéger ces personnages falots d’un oubli complet. A quelque chose malheur est bon.
adjudant w:Ce n’est pas lui rendre service que de la flatter en lui faisant croire qu’elle touche au sublime. Quand on écrit des niaiseries prétentieuses comme la phrase épinglée par Onésiphore, c’est qu’on nourrit des ambitions littéraires au-dessus de ses moyens, et qu’on déborde secrètement de vanité. Or rien n’est plus dangereux qu’une femme blessée dans son amour propre, ce qui arrive fatalement quand la vérité tombe.
Euh… En toute logique faudrait il accepter que la vérité, toutes vérités, soient blessantes, affligeantes et si tel est votre argument, ce qui circule dans ce monde entre les êtres ne serait que tissu de mensonges? Comment dans cet éclairage, le votre, lire ce qui précède la fin de votre paragraphe? Comme un savant calcul visant à ternir l’image d’un(e) autre en lui prêtant peut-être un de vos fonctionnements puisque votre démonstration n’atteint au final qu’une idée fausse, en tout cas déformée, du vrai si l’on tombe d’accord qu’une vérité est un ensemble constitué par des éléments vrais d’une réalité.
W. H. Auden, The Unknown Citizen
He was found by the Bureau of Statistics to be
One against whom there was no official complaint,
And all the reports on his conduct agree
That, in the modern sense of an old-fashioned word, he was a
saint,
For in everything he did he served the Greater Community.
Except for the War till the day he retired
He worked in a factory and never got fired,
But satisfied his employers, Fudge Motors Inc.
Yet he wasn’t a scab or odd in his views,
For his Union reports that he paid his dues,
(Our report on his Union shows it was sound)
And our Social Psychology workers found
That he was popular with his mates and liked a drink.
The Press are convinced that he bought a paper every day
And that his reactions to advertisements were normal in every way.
Policies taken out in his name prove that he was fully insured,
And his Health-card shows he was once in a hospital but left it cured.
Both Producers Research and High-Grade Living declare
He was fully sensible to the advantages of the Instalment Plan
And had everything necessary to the Modern Man,
A phonograph, a radio, a car and a frigidaire.
Our researchers into Public Opinion are content
That he held the proper opinions for the time of year;
When there was peace, he was for peace:when there was war, he went.
He was married and added five children to the population,
Which our Eugenist says was the right number for a parent of his
generation.
And our teachers report that he never interfered with their
education.
Was he free? Was he happy? The question is absurd:
Had anything been wrong, we should certainly have heard.
Manque un peu de monocle, ce gars, faudrait s’y mettre, quoi…
De toutes façons la vérité ne sert à rien, lire comment réussir en étant honnête, c’est la question posée par je ne sais quelle revue, on pourrait aussi se demander comment réussir à rester honnête en garantissant le mensonge ou l’inverse.
Voilà que par la grâce d’Alain Mabanckou je suis devenu cinéaste !
bérénice dit: 9 février 2014 à 15 h 07 min
comment réussir en étant honnête
C’est De Gaulle qui professait que chaque fois qu’il avait réussi quelque chose, il avait l’impression d’avoir abandonné une partie de son âme…
« le sentiment anti-allemand à Zürich en ce jour.. »
Il n’existe pas !!! La preuve…
La preuve c’est lorsqu’on cherche à rejoindre depuis cette ville, cette autre si proche phonétiquement: Munich, eh bien c’est comme le fameux canal Rhin/Rhön qui aurait du unir des frères ennemis, rien de direct; surtout pas (et ce n’est pourtant pas l’argent qui manque!). Non, pas la moindre autoroute, voie rapide, plutôt un dédale de petites routes tortueuses, sinueuses, piégeuses… Bref comme l’entrée en Hollande depuis l’Allemagne. Mais tout cela n’empêchant pas les zürichois d’avoir une très mauvaise image des « romands » et autres genevois.
Tout cela conduit en tout cas à repenser à Jünger… et quelques autres, et l’accès au contenu de textes qui ne manquent pas de valeur littéraire; au risque de voiler ce contenu.
On ne peut nier en effet, que ce dernier pseudo-Jünker, est « utilisé » ici-même dans un sens « anti-allemand »…; oui, on nous dira anti-nazi seulement, mais c’est comme Marlène D. véritable patriote, la chose ne fait rire personne là-bas. Même si, le Centenaire le permettant, c’est de Bonne Guerre après tout. Car il en fut de même de Barbusse, et surtout de Céline, encore lui. Ne revenons pas sur le sens de la traduction du Voyage en « russe » par Triolette… En fait lorsqu’on y réfléchit bien, tous furent « grrrand » pour peu qu’ils aient été d’une certaine manière contre leur pays, qu’ils aient pu faire ressortir tant soit peu « l’horreur », la « boucherie », la « folie »…
Bref -l’édition étant ce qu’elle est- en ce siècle on ne pouvait qu’être très loin d’Homère et de la gloire des héros (Jünger y arrive-t-il ?)
Et pourtant – et c’est la grandeur immense de Céline refusant le rôle « d’intellectuel organique » qu’on lui offrait sur un tapis bien rouge à Médan-, ce jeu qu’on s'(est)efforce(é) de faire jouer à ces écrivains talentueux s’avère toujours très risqué. Il y a donc Céline, mais à l’envers -et c’est très proche de l’esprit de Jünger- il y a Nietzsche par exemple qui est une sorte de bombe non désamorcée dans les Archives Goethe-Schiller (on n’ose plus à Weimar parler des Nietsche’s Archiv… ce qui ressemble à l’annexion d’un autre fou célèbre, Althusser, par les « Groupe Spinoza »…). Bref on nous fait ressortir à longueur d’études, tout la rejet nietzschéen des allemands « petite cervelle et longues jambes », son amour du « Midi », des écrivains français de seconde zone… Depuis Camus jusqu’à Onfray, tout le monde y va de son couplet sur la falsification du message nietzschéen, etc… etc… Mais sérieusement que sait t-on du simple Zarathoustra ? Ou pareillement qui peut prétendre avoir compris la place des Illuminations chez Rimbaud ou des Pamphlets céliniens au cœur de ces littératures. Et dès lors, qui est en mesure de savoir les effets réels -l’efficience- de ces textes au-delà des meilleurs intentions de ceux qui les agitent?
Par exemple P.Muray ayant cru bon, après avoir longuement réfléchi, de ne distinguer presque que Rousseau (avec Sade -sic) parmi les Grands qui n’aient point été « antisémites » (l’on vient de perdre récemment Dante !) … et quelqu’un venant au bout d’un rappel de dire « … et Dieu aurait répondu » (à Moïse bien sûr), qu’on aille faire un petit retour sur la Profession de foi du Vicaire… pour bien comprendre.
C’est que finalement on arrive à très bon port, sans se presser, à Munich depuis Zürich; et vice versa.
@ bérénice dit: 9 février 2014 à 15 h 07: “comment réussir en étant honnête“: J’imagine que c’est une question ? Il y a tellement de domaines où l’on puisse vouloir réussir, qu’il faudrait préciser. Il faudrait aussi indiquer, s’il s’agit d’être honnête avec soi-même ou, avec les autres, et si c’est par rapport aux autres, à quels groupes on s’adresse. Éliminons alors les périodes historiques où sévit une dictature, car là il s’agit de sauver sa propre peau. Tout le monde n’a pas les moyens moraux de devenir un héros. Pour faire court, ne prenons que l’honnêteté avec soi-même.
Mais là, les salauds peuvent alors rester honnêtes avec eux-mêmes, tout en produisant les pires actes.
Je sais par observation et donc expériences, que ceux qui réussissent au dessus de la moyenne, sont parfois capables de dureté et de manques ponctuels de morale. Pour réussir, n’être que gentil et honnête serait, comment dire, un handicap ? Quant aux belles carrières, dans le monde de l’Entreprise ou de la Politique, il va sans dire que ceux qui sont les patrons, savent jouer des coudes et du croche-pied.
Tachons d’être honnêtes avec soi-même, c’est déjà pas mal.
opinion pas volée sur les conversations
jamais je n’ai imaginée que la RdL se propoait comme ce que l’on appelle « atelier d’écriture » ouvert sous ‘égide de PI (PI=> psychanalyste imaginaire)
Bardamu ou xlew.m ?
« sur un tapis bien rouge à Médan »
Médan (Zola) ou Meudon ?
TKT ce n’est pas ma question mais la couverture d’une revue littéraire, me semble-t-il, qui titre ainsi. Je ne me pose pas cette question, mais la lire ainsi comme si l’urgence s’imposait à tous d’y trouver une réponse qui ne va pas de soi, surement en existe-t-il autant que de circonstances comme pour rire, de tout mais pas avec n’importe qui.
je n’ai imaginé
« il y a Nietzsche par exemple qui est une sorte de bombe non désamorcée dans les Archives Goethe-Schiller » (Bardamu)
En quel sens?
On n’a pas à peu près tous les textes depuis Colli/Montinari?
Bardamu, Zürich et München, deux noms de villes qui ont quoi, phonétiquement en commun ? le ü ? un peu comme Londres ou Montpellier, un o ? Paris et Panama, un p etc…
Zürich est une ville qui ne fut jamais une résidence royale (lire de gouvernement monarchique9 et München, c’est toute l’Histoire des Wittelsbach. Sans oublier que c’est de là, que Herr Hitler parti conquérir un ensemble d’entités nationales réunis par Bismarck. L’invention de l’Allemagne, est ce qui arriva peut-être de pire aux Allemands.
Zürich est une jolie ville, on y trouve tout le confort offert par la civilisation capitaliste et un aéroport internationale. L’industrie de l’armement n’existe plus, et le système bancaire en tant qu’asile pour un argent gagné ailleurs, est en train de disparaitre. Au finish ? L’Opéra de Zürich, par manque de subsides extravagantes de ses mécènes, les deux grandes banques, est en train de se provincialiser. Moins de stars sur les affiches, le ballet, coutant moins cher, reste un des meilleurs d’Europe.
J’ai oublié, Bardamu, pourquoi vous vouliez jouer sur les nom propres.
Votre Rhin/Rhön est d’un lourd, et puis ö se prononce œ…
« un autre fou célèbre, Althusser, par les « Groupe Spinoza »… » (Bardamu)
C’est pas le contraire, l’invention franco-italienne du camarade Spinoza?
Sergio, m’étonne pas! Un grand homme.
jamais je n’ai imaginée
Oh ça, quand on choisit le camp de l’imagination qu’on n’a pas…
Bon, on nous promet de voir bientôt comment ceux qui s’en vantent tout le temps se battent vraiment contre le rejet de l’Autre… Du changement ?
@Jacques Barozzi dit: 9 février 2014 à 13 h 19 min
Laissez-le, Jacques, ça l’occupe. Ce pauvre adjudant n’a pas grand chose à dire et son vocabulaire est assez réduit, ses sujets de préoccupation aussi. Bon, si ça l’amuse, soyons clément avec les petites gens.
Parlons de choses plus sérieuses. Je lis votre « Goût de l’Afrique ». Vous avez suivi un chemin original et offrez des citations surprenantes. Vous rappelez dans votre préface que la transmission a été essentiellement orale(griots – anciens) en Afrique sub-saharienne, faisant une large place à un imaginaire irrationnel où la magie et la sorcellerie deviennent réalité. Passeurs de rêves et puis le cauchemar de l’esclavage, puis la littérature de la négritude (la voix des poètes). L’histoire coloniale y est esquissée dans les choix de la deuxième partie. Relation entre violence, contestation et langage. Quelle est la langue de l’écriture ?
Votre panorama nous offre 27 écrivains (« goût de l’Afrique » partagé entre ceux qui en sont originaires et ceux qui l’aiment de loin ou de près ou de passage.
Enfin, la littérature née de l’exil et de l’immigration.
Heureuse d’y avoir retrouvé quelques exemples de la littérature féminine africaine dont Marie N’Diaye (Les femmes ont longtemps été privées de parole !).
Vos présentations précédant les textes choisis mettent en avant chaque écriture. C’est un « bel » et… « bon »… instrument de découverte pour aller vers ces livres que vous avez choisis.
L’identité africaine reste, néanmoins, une notion assez mouvante.
Colonisations, indépendances, dictatures, révolutions… La succession des évènements historiques de ce vaste continent est aussi complexe que celle de la vieille Europe…
@ Bardamu, 15 h 22 min
La preuve c’est lorsqu’on (début du discours)
C’est que finalement on arrive à très bon port (fin du discours)
Il y a beaucoup trop de « on » dans votre copie. Précisez !
Bardamu, le sentiment anti-allemand à Zürich, existe bien.
Mon quartier de Seefeld, est une sorte de Deutschland-am-See.
Du beau-monde, entre trente et quarante ans et plus, population ayant des emplois dans le management. L’accent teuton comment ce à taper sur les nerfs, un avantage quand même, la qualité des produits d boulangerie est en hausse. Je ne sais pas quelle est la situation à Genève. Je me suis toujours amusé de décrire Genève, comme une banlieue de Neuilly. Neuilly-sur-Seine, bien entendu.
Si on supprime les visas pour les travailleurs étrangers, les hôpitaux suisses pourront fermer leurs portes, ainsi que les universités. D’autre part, qui fera les travaux réservés aux derniers arrivés ?
Depuis 1945, il y a en Suisse, une aversion de tout ce qui est allemand. Ce qui ne veut pas dire, que tous les Helvètes étaient anti-nazis. Deux Bundesräte pro-nazis pendant la guerre. 2 sur 7.
« Littérature de l’effroi », c’est bien ça. Pas étonné plus que ça que Jünger ait eu un mouvement de canon sans recul devant l’entreprise littéraire de Céline. Céline en avait marre de l’extraordinaire schock and awe que produisit le premier conflit mondial sur la société française en général mais surtout sur la langue, le français étant pour lui « the language » par excellence, quelque chose qu’on s’ingéniait à détruire depuis (relire ce que dit Ph. Muray de la victoire d’Amyot sur Rabelais, un truc écoeurant et tout collant dans l’esprit de Céline). Il voulait écrire des contes feériques, avaient des désirs d’histoires de chevaleries, comme Kafka aspiraient à écrire des « Märchen ». Le comble c’est que c’est plutôt Jünger avec ses récits de guerre qui transforma l’essai (beaucoup de respect pour les Tommies et bien moins pour les Poilus dans ses livres) et Céline qui chercha à éteindre l’incendie de frayeurs éructées qui sortaient par la bouche de sa digital-Betacam-stylo comme d’une gargouille.
Grandeur de la RFA qui sut transformer un guerrier qui suintait le martial par tous les pores en un prosateur apaisé, passionné par la biologie et les sciences de la Terre.
Un type tout de même bien à l’aise dans l’orthodoxie de la pensée militaire placée sous la coup de « L’Imperium » de la Wehrmacht, invulnérable et rebondissante (j’aime les titres proto-passouliniens), celle qui perpétuait chez ses membres l’idée de « coup de poignard dans le dos », donné par les politiques en 1918, alors qu’on sait que l’Allemagne du Kaiser prit une magistrale dégelée militaire, acquise sur le terrain et nulle part ailleurs (offensive des anglais au nord d’Amiens en 18 et percées fantastiques des Américains sur les autres fronts, voir le dernier livre de Nick Lloyd sur le sujet).
L’idée de revanche sur les Français était dans toutes les têtes des officiers, ils savaient que c’était à leur portée. Certains historiens parlent de guerre de trente ans à propos de la période 1914-1944, avec un gros intervalle de cessez-le-feu. Avant l’étude de Herfried Münkler, « Der Große Krieg », on ne parlait pas de « Grande guerre » en Allemagne, on se contentait d’évoquer une collection de batailles sanglantes épinglées comme autant de lépidoptères dans les étaloirs entomologiques, Tannenberg, Verdun, le Jutland, Gallipoli, la Somme. Très peu dans le peuple allemand (les « masses » chères à Hitler) partageaient les vues néo-militaristes des officiers revanchards. On a beau avoir méprisé toute sa vie « Kniebolo », on s’est quand même rangé avec enthousiasme derrière sa figure de guignol messianique dès 1933.
C’est l’honneur de l’Allemagne des années cinquante que d’avoir sincèrement revu leur estimation de la France et des Français (Hervier, plus comparatiste que pur germaniste, témoigne de toute l’amitié reçue là-bas. Je pense que ce n’était pas du pipeau lorsque Heidegger disait aimer G. Bataille, il y eut un moment réellement « franco-allemand » vers cette époque, complètement dissout sous les protestations d’europhilie, plus insincères les unes que les autres, chez le personnel politique français d’aujourd’hui.)
@ Marcel dit: 9 février 2014 à 13 h 32 min
Mais oui, cette odeur nauséabonde. Je me souviens.
redites redites..
Y paraît que cricri cherche un camping
Polo il en pouvait pus.
L’honnêteté est le seul point d’appui qui permette de viser l’infini…
@Le manège enchanté dit: 9 février 2014 à 11 h 51 min
Et que vous, vous ne l’avez jamais lu. Pas vraiment le style « oui-oui » !
Kniebolo, oncle Wolf, l’idiot de Berlin, quel succès !
A dix heures, un homme de liaison nous transmit l’ordre de nous mettre en route pour la première ligne. Un animal sauvage qu’on traîne hors de sa tanière, un marin qui voit s’abîmer sous ses pieds la planche de salut, doivent ressentir à peu près ce que nous éprouvâmes quand nous dûmes dire adieu à l’abri sûr et tiède pour sortir dans la nuit inhospitalière.
L’agitation y régnait déjà. Nous courûmes à travers la tranchée Félix sous un tir vif de shrapnells et parvînmes sans pertes à l’avant. Tandis que nous serpentions en bas, à travers les tranchées, l’artillerie roulait déjà sur des passerelles au-dessus de nos têtes, pour aller se mettre en position. Le régiment, dont nous devions constituer le bataillon de pointe, avait reçu un secteur extrêmement étroit. Tous les abris furent combles en un clin d’oil. Les isolés se creusèrent des trous dans les berges de la tranchée, afin de se protéger en quelque mesure du feu d’artillerie qui précéderait l’assaut. Après de longues palabres, chacun finit par trouver sa petite place. Une fois encore, le capitaine von Brixen réunit les chefs de compagnie pour la discussion. Quand nous eûmes pour la dernière fois vérifié la concordance de nos montres, nous nous serrâmes la main et nous séparâmes.
Je m’assis sur un escalier d’abri à côté de mes deux officiers, pour attendre l’heure H, cinq heures cinq, où devait commencer la préparation d’artillerie. Le moral s’était un peu éclairci, car la pluie avait cessé et la nuit étoilée promettait un matin sec. Nous passâmes notre temps à fumer et à bavarder. On déjeuna à trois heures, et on se tendit les gourdes à la ronde. Aux premières lueurs de l’aube, l’artillerie ennemie prit une telle activité que nous craignîmes que l’Anglais n’eût éventé la mèche. Quelques-unes des nombreuses piles de munitions dispersées à travers le terrain volèrent en l’air.
Peu de temps avant l’heure H, on diffusa le radiogramme suivant: « S.M. l’Empereur et Hindenburg se sont rendus sur le théâtre des opérations. » Il fut salué d’applaudissements.
L’aiguille avançait toujours; nous comptâmes les dernières minutes. Enfin, elle atteignit cinq heures cinq. L’ouragan éclata.
Un rideau flamboyant monta en l’air, suivi d’un rugissement soudain, tel que nous n’en avions jamais entendu. Un tonnerre à rendre fou, qui engloutissait dans son roulement jusqu’aux coups de départ des plus grosses pièces, fit trembler le sol. Le grondement mortel des innombrables canons, derrière nous, était si terrible que même les pires batailles que nous avions subies nous semblaient en comparaison un jeu d’enfant. Ce que nous n’avions osé espérer se produisit: l’artillerie ennemie se tut; elle avait été annihilée d’un seul coup gigantesque. Nous ne tînmes plus dans nos abris: debout sur les défenses, nous contemplâmes, éberlués, le mur de feu haut comme une tour, dressé sur les tranchées anglaises, et qui se voilait de nuées ondoyantes, rouges comme du sang.
Ce spectacle fut gâché par des larmoiements et une sensation de brûlure dans les muqueuses. Les vapeurs de nos obus à gaz, refoulées par le vent contraire, nous enveloppaient d’une violente odeur d’amandes amères. Je remarquai, soucieux, que beaucoup de mes hommes commençaient à tousser, à suffoquer, et s’arrachaient finalement le masque du visage. Je m’efforçai donc de retenir mes premières quintes de toux et de ménager mon souffle. Les vapeurs se dissipèrent peu à peu, et une heure après, nous pûmes ôter les masques.
Le jour s’était levé. Derrière nous, l’énorme vacarme ne faisait que croître, bien qu’une aggravation parût impossible. Devant nous, une muraille de fumée, de poussière et de gaz, impénétrable au regard, s’était dressée. Des inconnus couraient à travers la tranchée, nous hurlant à l’oreille des interjections joyeuses. Fantassins et artilleurs, sapeurs et téléphonistes, Prussiens et Bavarois, officiers et hommes de troupe, tous étaient subjugués par la violence élémentaire de cet ouragan igné et brûlaient de monter à l’assaut, à neuf heures quarante. A huit heures vingt-cinq, nos lance-mines lourds entrèrent dans la danse: ils étaient dressés tout près, à de courts intervalles, derrière la tranchée de première ligne. Nous vîmes les énormes mines voler en arcs tendus à travers l’air et retomber de l’autre côté, provoquant comme des explosions volcaniques. Leurs impacts se succédaient comme une chaîne serrée de cratères crachant des flammes.
Les lois naturelles mêmes semblaient suspendues. L’air tremblait comme aux jours brûlants d’été, et ses papillotements faisaient danser de-ci de-là des objets immobiles. Des bandes d’ombre noire filaient à travers les nuages de fumée. Le vacarme était devenu absolu: on ne l’entendait plus. On ne notait que confusément comme des mitrailleuses, dans notre dos, lançaient par milliers leurs essaims de plomb en plein ciel.
La dernière heure de la préparation devint plus dangereuse que les quatre autres, durant lesquelles nous nous étions promenés insoucieusement à découvert. L’ennemi mit en action une batterie lourde, qui lança coup sur coup dans notre tranchée bondée. Pour l’éviter, je me repliai sur la gauche et rencontrai l’officier d’ordonnance, le lieutenant Heins, qui s’enquit du baron von Solemacher: « Il faut qu’il prenne tout de suite le commandement du bataillon – le capitaine von Brixen vient d’être tué. » Bouleversé par cette affreuse nouvelle, j’allai vers l’arrière et m’assis dans un trou profond. Ce court bout de chemin m’avait déjà fait oublier l’événement. Je marchais en somnambule, comme perdu dans un rêve, à travers l’ouragan. Le cerveau ne se cramponnait plus à la réalité que par un chiffre, neuf heures quarante.
Debout devant mon trou, mon compagnon de Regniéville, le sous-officier Dujesiefken, me supplia de revenir dans la tranchée, car la moindre chute d’obus devait m’ensevelir sous des masses de terre. Une explosion lui coupa la parole, il tomba sur le sol, une jambe arrachée. Tout secours était vain. Je sautai par-dessus son corps et courus vers la droite: j’y rampai jusqu’à un terrier où deux sapeurs avaient déjà cherché asile. Dans le cercle étroit qui nous entourait, les obus lourds continuaient à faire rage. On voyait soudainement des mottes de terre noire jaillir en tourbillon d’un nuage blanc; l’explosion était engloutie par le fracas général. D’ailleurs, à mieux dire, on n’entendait plus rien du tout. Dans la petite section de tranchée, sur notre gauche, trois hommes de ma compagnie furent mis en pièces. L’un des derniers coups, un obus qui n’éclata pas, tua de plein fouet le pauvre petit Schmidt, qui était encore assis dans l’escalier de l’abri.
Je me tenais devant mon terrier avec Sprenger, la montre en main, et attendais le grand moment. Les restes de la compagnie s’étaient rassemblés autour de nous. Nous réussîmes à égayer les hommes et à les distraire par des plaisanteries d’une épaisse naïveté. Le lieutenant Meyer, qui vint voir ce qui se passait au coin de la traverse, me raconta plus tard qu’il nous avait crus fous.
A neuf heures dix, les patrouilles d’officiers chargées de surveiller le déroulement de l’opération quittèrent la tranchée. Comme les deux positions étaient à plus de huit cents mètres l’une de l’autre, nous devions nous rassembler, avant même que la préparation d’artillerie eût pris fin, et nous planquer aux aguets dans le no man’s land, de manière à pouvoir sauter à neuf heures quarante dans la première ligne des ennemis. Sprenger et moi escaladâmes donc le parapet, quelques minutes plus tard, suivis des hommes.
« On va leur montrer maintenant de quoi la 7e est capable! – Maintenant, je me fiche de tout! – Vengeance pour la 7e! – Vengeance pour le capitaine von Brixen! » Nous sortîmes nos pistolets et franchîmes nos barbelés, à travers lesquels les premiers blessés se traînaient déjà vers l’arrière.
Je regardai à droite et à gauche. La ligne de partage de deux peuples offrait un singulier spectacle. Dans les trous de marmite, devant la tranchée ennemie, que fouissait à chaque moment la tourmente de feu, sur un front qui se prolongeait à perte de vue, massés par compagnies, les bataillons de choc attendaient. A la vue de ces masses accumulées, la percée me parut chose faite. Mais trouverions-nous en nous la force de disperser les réserves adverses, de les isoler pour les détruire? J’en avais la conviction. Le combat final, l’ultime assaut semblait venu. Ici, le destin de peuples entiers était jeté dans la balance; il s’agissait de l’avenir du monde. J’avais, bien que par la seule intuition, conscience de la gravité de l’heure, et crois que chacun sentit à ce moment-là fondre tout ce qui en lui était personnel, et que la crainte sortit de lui.
L’atmosphère était étrange, brûlante d’une extrême tension. Des officiers, tout debout, se lançaient nerveusement des plaisanteries. Nous échangions des signaux fraternels. Je vis Solemacher au milieu de son petit état-major, en manteau, comme un chasseur qui attend la battue par un jour frais, une pipe demi-longue au fourneau vert dans la main. Souvent, une mine lourde tombait trop court, soulevant un geyser haut comme un clocher, et arrosait de terre les hommes attentifs, sans qu’un seul courbât seulement la tête. Le tonnerre du combat était devenu si terrible que personne n’avait plus l’esprit clair. Il avait une puissance étouffante, qui ne laissait plus de place dans le cour pour l’angoisse. La mort avait perdu ses épouvantes, la volonté de vivre s’était reportée sur un être plus grand que nous, et cela nous rendait tous aveugles et indifférents à notre sort personnel.
Trois minutes avant l’assaut, mon ordonnance, le fidèle Vinke, agita dans ma direction une gourde pleine. J’y bus une profonde gorgée. C’était comme si j’avais avalé de l’eau. Il ne manquait plus que le cigare des offensives. Le souffle éteignit par trois fois l’allumette.
La fureur montait maintenant comme un orage. Des milliers d’hommes avaient déjà dû tomber. On en avait la sensation: les brouillards rouges étaient traversés de souffles spectraux. Le feu avait beau se poursuivre: il semblait retomber, comme s’il perdait sa force.
Le no man’s land grouillait d’assaillants qui, soit isolément, soit par petits paquets, soit en masses compactes, marchaient vers le rideau embrasé. Ils ne couraient pas, ni ne se planquaient quand les immenses panaches s’élevaient au milieu d’eux. Pesamment, mais irrésistiblement, ils marchaient vers la ligne ennemie. Il semblait qu’ils eussent cessé d’être vulnérables.
Le grand moment était venu. Le barrage roulant s’approchait des premières tranchées. Nous nous mîmes en marche.
Parmi les masses qui s’étaient levées, on se trouvait pourtant solitaire; les formations s’étaient mélangées. J’avais perdu les miens des yeux; ils s’étaient fondus comme une vague dans le ressac. Seuls Vinke et un engagé pour un an, nommé Haake, étaient à côté de moi. Ma main droite étreignait la crosse de mon pistolet, et la main gauche une badine de bambou. Je portais encore, bien que j’eusse très chaud, ma longue capote et, comme le prescrivait le règlement, des gants. Quand nous avançâmes, une fureur guerrière s’empara de nous, comme si, de très loin, se déversait en nous la force de l’assaut. Elle arrivait avec tant de vigueur qu’un sentiment de bonheur, de sérénité me saisit. L’immense volonté de destruction qui pesait sur ce champ de mort se concentrait dans les cerveaux, les plongeant dans une brume rouge. Sanglotant, balbutiant, nous nous lancions des phrases sans suite, et un spectateur non prévenu aurait peut-être imaginé que nous succombions sous l’excès du bonheur.
Nous traversâmes sans difficulté un lacis de barbelés en morceaux et sautâmes dans la première tranchée, qui était à peine discernable. La vague d’assaut passa en dansant, comme une file de fantômes, à travers des vapeurs blanches, errantes, par-dessus des creux aplatis comme au rouleau. Il n’y avait plus un seul ennemi ici.
Contre toute attente, une mitrailleuse se mit à cracher contre nous de la seconde ligne. Je bondis avec mes compagnons dans un trou d’obus. Une seconde après, un craquement terrible retentit, et je tombai la face contre terre. Vinke m’attrapa par le col et me retourna sur le dos: « Vous êtes blessé, mon lieutenant? » On ne trouva rien. L’engagé avait un trou dans le haut du bras et affirmait en gémissant qu’une balle lui était entrée dans le dos. Nous lui arrachâmes son uniforme pour le panser. Un sillon régulièrement tracé indiquait qu’un shrapnell s’était abattu sur le bord de l’entonnoir à la hauteur de nos visages. C’était miracle que nous fussions encore en vie. Ceux de l’autre côté étaient encore plus forts que nous ne l’avions cru.
Pendant ce temps, les autres nous avaient dépassés. Nous nous lançâmes à leur suite, abandonnant le blessé à son sort, après avoir planté près de lui un bout de bois avec un haillon de charpie blanche, comme signal pour les ambulanciers qui suivaient les vagues d’assaut. En avant et à gauche de nous, le haut remblai du chemin de fer Ecoust-Croisilles, que nous avions à traverser, surgit de la fumée. De meurtrières et de fenêtres d’abris, ménagées dans le ballast, le feu des fusils et des mitrailleuses crépitait aussi dru que si l’on avait secoué un sac plein de petits pois. Et ce feu était bien ajusté.
Vinke, lui aussi, avait disparu. Je suivis un chemin creux, sur le talus duquel bâillaient des abris défoncés par les obus. J’avançais furieusement à travers le sol noir, labouré par les tirs, où traînaient encore en fumées les gaz asphyxiants de nos obus. J’étais tout à fait seul.
C’est alors que je tombai sur le premier ennemi. Une forme en uniforme brun était accroupie à vingt pas devant moi, au milieu de la dépression martelée par le feu roulant, les mains appuyées au sol. Nous nous aperçûmes quand je tournai tout d’un coup. Je le vis sursauter; il tint ses yeux fixés sur moi, tandis que je m’approchais, l’arme braquée. Il devait avoir commandé dans cette section de tranchée, car je vis des décorations et des insignes de grade à la tunique par laquelle je l’empoignai. Avec un gémissement, il porta la main à sa poche, pour en tirer, non pas une arme, mais une photo. Elle le montrait sur une terrasse, entouré d’une nombreuse famille.
J’ai par la suite considéré comme un grand bonheur de m’être dominé et d’avoir passé mon chemin. C’est justement cet adversaire qui depuis m’apparut souvent en rêve. Cela me fit espérer que ceux qui me suivaient lui laissèrent aussi la vie.
Des hommes de ma compagnie bondirent d’en haut dans le chemin creux. Je brûlais. J’arrachai ma capote et la jetai. Je me souviens encore d’avoir crié deux ou trois fois très énergiquement: « Voilà le lieutenant Jünger qui retire sa capote », et que les fusiliers en rirent comme si j’avais fait la plus fameuse des plaisanteries. Là-haut, tout le monde courait à découvert, sans se préoccuper des mitrailleuses qui tiraient de quatre cents mètres, tout au plus. Moi aussi, je m’élançai à l’aveuglette contre ce remblai qui crachait le feu. Dans un quelconque entonnoir, je sautai sur une forme humaine, vêtue de manchester brun, qui déchargeait son pistolet. C’était Kius, en proie à un état d’âme semblable au mien, et qui me tendit en guise de salut une poignée de munitions.
J’en conclus que l’infiltration à travers la ligne des trous d’obus avait dû se heurter à une certaine résistance, car je m’étais fourré dans la poche, avant de partir, une bonne réserve de balles de pistolet. Il est probable que les restes des défenseurs refoulés hors des premières lignes s’y étaient établis, et qu’ils surgissaient tantôt ici, tantôt là, parmi les assaillants. Mais, pour cette partie de terrain, je n’ai gardé aucun souvenir personnel. Je la traversai en tout cas sans me faire blesser, et pourtant, non seulement les tirs des entonnoirs s’entrecroisaient, mais les projectiles du remblai pleuvaient sur les deux partis, amis et adversaires, bourdonnant comme un essaim. Ils devaient y disposer de réserves presque inépuisables de munitions.
Notre attention se fixait maintenant sur le remblai, qui se dressait devant nous comme la muraille menaçante d’une forteresse. Le terrain labouré de coups qui nous en séparait était peuplé d’Anglais égaillés par centaines. Les uns cherchaient encore à atteindre le remblai, d’autres étaient engagés dans des corps à corps. Kius me rapporta par la suite quelques détails que j’écoutai avec le sentiment qu’on éprouve quand on entend narrer par un tiers des folies commises en état d’ivresse. C’est ainsi qu’il avait pourchassé un Anglais à coups de grenades tout le long d’un bout de tranchée. Quand il fut à bout de munitions, il poursuivit sa chasse, « pour forcer l’adversaire », à coups de mottes de terre dure, tandis que debout, en haut, sur le parapet, je me tenais les côtes de rire.
Parmi des aventures de ce genre, nous parvînmes sans nous en rendre compte au pied du remblai, qui crachait du feu sans relâche, comme une grande machine. Là, ma mémoire recommence à fonctionner, et se saisit d’une situation des plus favorables. Nous n’avions pas été touchés, et maintenant que nous étions tout contre sa pente, le remblai se changeait pour nous d’obstacle en couverture. Je vis, comme sortant d’un rêve profond, que des casques allemands s’approchaient à travers le champ d’entonnoirs. Ils poussaient comme une moisson de fer dans le sol labouré par le feu. Je m’aperçus en même temps que juste à côté de mon pied, le tube d’une mitrailleuse lourde dépassait d’une fenêtre camouflée d’une toile à sac. Le vacarme était si violent que nous reconnûmes seulement aux vibrations de son canon que l’arme lâchait des salves. Le défenseur n’était donc plus qu’à une longueur de bras de nous. Ce fut sa perte. Une buée brûlante montait de l’arme. Elle devait avoir fait déjà beaucoup de victimes, et continuait à faucher. Le canon ne se mouvait qu’à peine; le pointage était réglé.
Je fixai, fasciné, ce bout de fer brûlant et vibrant qui semait la mort et me frôlait presque le pied. Puis je tirai à travers la toile. Un homme se dressa près de moi, l’arracha et balança une grenade dans l’ouverture. Une secousse, et la fumée blanche qui jaillit, nous en apprirent l’effet. Le procédé était brutal, mais sûr. L’arme se tut; le canon ne se mouvait plus. Nous courûmes le long de la pente pour faire subir le même sort aux plus proches meurtrières. De cette manière, nous ouvrîmes une brèche dans le front. Je levai la main pour avertir nos hommes, dont les balles, tirées de tout près, nous tintaient aux oreilles. Ils répondirent joyeusement à mon signal. Nous escaladâmes alors le remblai, en même temps qu’une centaine d’autres. Ce fut la première fois à la guerre où je vis se heurter des masses humaines. Les Anglais défendaient, sur la face arrière du remblai, deux tranchées établies à contre-pente. Des coups de feu furent échangés, à quelques mètres de distance; des grenades volèrent en arc.
Je sautai dans la première tranchée; m’élançant derrière la première traverse venue, je me heurtai à un officier anglais, à la vareuse déboutonnée, dont pendait sa cravate, par laquelle je l’empoignai pour le plaquer contre un parapet de sacs. Derrière moi, la tête chenue d’un commandant apparut; il me cria: « Abats ce chien! »
C’était inutile. Je passai à la tranchée inférieure, qui grouillait d’Anglais. On se serait cru au milieu d’un naufrage. Quelques-uns lançaient des « oeufs de cane », d’autres tiraient avec d: es colts, la plupart s’enfuyaient. Nous avions désormais l’avantage.
@Onésiphore de Prébois dit: 8 février 2014 à 21 h 56 min
Certains se moquent un peu rapidement de cette citation. P.Reverdy est un écrivain difficile d’accès. J’aime cette étude « d’Esprits nomades » :http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/reverdy/reverdy.html
@Orages d’acier dit: 9 février 2014 à 16 h 23 min
Magnifique citation. Vous devriez la dédiée à Curiosa (elle adore les citations !)
Belle journée ça fait penser à Gonzague ; ma foi, c’était pas mal, un peu sucré comme le Steinway…
A propos de Jünger, il faut savoir lire Julien Gracq. parfois il pèse ses phrases sur une balance très délicate. il amorce en douceur ses changements d’opinion, ses révisions de jugements, ses nuances, au fil du temps.. .
Exemple.
Quand Gracq fut interviewé par jean louis de Rambures pour le journal « le monde », en 197O, plusieurs fois le journaliste est revenu sur les affinités de Gracq avec Jünger ; mais celui ci lui glisse entre les pattes habilement….. c’est que nous n’étions plus en 1959,ni en 1939 , lorsque Gracq analysait l’œuvre du « soldat » Junger, avec admiration ; Gracq racontait son choc en ayant lu « sur les falaises de marbre » en septembre 1939 !! .Il faut replacer le contexte, « sur les falaises de marbre » parait donc en septembre 39 !! ,un livre qui, pour Gracq ,éclaire « notre temps », et comme le précise Gracq c’est le « temps des équarrissoirs ».
Equarissoirs..Grand terme, digne de Gracq .
Gracq ajoute :« le grand choc en retour de la barbarie contre les civilisations humanistes d’Occident » (paroles de gracq..) bien sûr, des années plus tard, Gracq mesure les années nazies..il revient en chat échaudé sur cet « art héraldique »qu’il avait découvert en Jünger.. oui, chevalier du Moyen âge ..époque Kleist « Penthésilée » chez le jeune Gracq « romantico- germanisé » ,oui.. dans ces mots là beaucoup de litote.., dans ce fameux entretien du « Monde. ». Beaucoup de silence et de gêne. .. car a qui peut-on faire croire que cette symbolique du » grand forestier » est écrit contre Hitler ?
l’ambigüité-complexité de Jünger face à son Allemagne il en joue à merveille .
Avec habileté, avec réserve, Gracq déclare en 1970, et passe vite.. « j’ai en effet une grande admiration pour Jünger, particulièrement pour « les falaises de marbre », le seul livre de lui que j’ai connu pendant de longues années, si bien que je n’ai saisi la complexité de l‘écrivain qu’avec le temps ».
Que cela est bien dit avec mesure et doigté, cette distance nouvelle..….. cette « complexité de l’écrivain », oui c’est le cas de le dire.. , il n’insiste pas.. gracq.. et glisse vite sur une soi disant admiration « qui a quelque vertu séminale ».. et il ajoute avec une prudence de chat qui lui ressemble bien « à condition de ne pas comprendre le terme d’une manière simpliste ». je crois qu’entre le Gracq de 39 période équarrissoir.. et amoureux de la littérature germanique qui va jusqu’à écrire une pièce illisible,« Penthésilée » mal démarquée de Kleist… je crois que ce Gracq des années 70.. replace dans un contexte de 1939 le lecteur admiratif qu’il fut devant ce grand « guerrier », « héraldique ». Sur le styliste Jünger, je ne me prononcerai pas. Langue raide, tenue, exigeante et impérieuse. Langue d’autorité et de commandement. pas vraiment mon truc.. rien de spécial à en dire, sinon qu’il écrit « serré » et même « boutonné ».. Ajoutez les canards à l’orange ou canards au sang dégustés à « la tour d’argent » pendant les rafles du vel d’hiv
. Oui, Jünger est un guerrier brutal.
Point barre.
Quand Gracq parle de Nietzsche, je trouve qu’on pourrait aussi appliquer sa réflexion à Jünger. Voici ce qu’il écrit, Gracq, dans « en lisant en écrivant » :
« il y a dans « par delà le Bien et le Mal », ouvrage de Nietzsche sans grand éclat, sans grand mordant, au surplus parfois plus clairement prénazi qu’il n’est permis de l’être, tout à coup deux pages sereines, détendues, et comme décloses par une sympathie souriante, pages où il cerne d’un trait sans repentir et sans bavure la bizarre saison de l’âme qui s’ouvre pour l’Europe avec Rousseau… »
« On n’a pas à peu près tous les textes depuis Colli/Montinari? » (u.)
La curieuse collaboration Colli – Montinari ! Le premier imperméable au « politique » et à la politique ; le deuxième activiste du PCI et marxiste au moins jusqu’en 56, mais proche de Rinascita encore en 57… Enfin, selon les mauvaises langues c’est grâce au réseau de Mazzino que les porte de l’archive de Weimar se sont ouvertes, ce qui n’est pas improbable… C’est vrai qu’avancer que Montinari fut le seul capable de déchiffrer l’écriture de Nietzsche me semble plutôt à côté de la plaque…
When the Beatles Arrived in America, Reporters Ignored the Music and Obsessed Over Hair by Joseph Stromberg
February 9 marks the 50th anniversary of the Beatles’ legendary first performance on the “Ed Sullivan Show.” At the time, the band was already wildly successful in Britain—over the previous three years, they’d rapidly become the country’s most popular group, and were met by hordes of screaming teenagers at every public appearance—but in the United States, they were known for only a few fast-selling singles released by Capitol Records, along with rumors of the Beatlemania that had struck the U.K.
Source smithsonianmag
Il me semble que quelque part ils ont renoncé à une expo Balthus de peur que l’on les accuse de pédophilie… ça devient ridicule : une expo qui ne se fait pas, des écrivains mis à la porte…
« des écrivains mis à la porte… »
Mais où donc ?
Je vous lis Paul Edel et lorsque je vois Dürer, ses gravures, ses toiles, sa délicatesse, je lui trouve une force virile.
De là à le dire guerrier je ne sais mais vraiment Dürer il a une puissance virile.
Merci de votre lien avec Gracq.
Dans Blanche-neige et les 48 larrons…
Enfin, je ne vois pas en quoi être un guerrier ne rimerait pas avec une intense délicatesse.
De là à le dire guerrier je ne sais mais vraiment Dürer il a une puissance virile.
!!!
Jünger, Rose. Pas Dürer!
Je n’avais pas lu votre post jusqu’au bout Paul
salut renato toujours espiègle à ce que je lis sous votre plume (blanche neige chez nous + déluge associé et blooom blog de 48 T. sur le train des Pignes, personne n’a rigolé).
Après Cricri accrochée à sa branche, Rose azimuthée!
Paul parle de Gracq en lien avec Jünger je parle de Dürer en lien avec l’Allemagne.
pfff… j’ai lu le billet.
On le regarde il ne semble pas brutal un brin.
Jünger.
C’est terrible d’avoir autant de succès populaire -comme Nabila.
pfff… j’ai lu le billet.
Aucun rapport avec Dürer!
Chez Dürer même le Chevalier est plutôt critique de la guerre, et pourtant les attributs du « guerrier » sont bien mis en avant…
« Un guerrier » et « la délicatesse », vadiou, et pourquoi pas, une péripatéticienne vierge ?
Force virile, tenez on pense aux statues d’Arno Brecker, moins à l’Apollon du Belvédère aux formes pas vraiment…..proportionnées ?
Il y aurait aussi certains clichés de Mapplethorpe, je choisie le mot « cliché » car j’y vois un sens double.
Pour faire plus simple, la virilité se porte vers le haut, comme le sabre de Bavaria, sur le site de l’Oktoberfest
Je n’ai pas le souvenir, qu’Ernst Jünger ait vraiment bataillé au front.
Son fils, oui, il en est mort
Nabila.
La Rose! Non mais allo!
Je n’ai rien d’azimutée. Faut-il être étroite d’esprit. Au moins, d’ailleurs l’étroitesse, l’homme y prend grand plaisir. Et la femme encore.
J’aime l’Allemagne ; je me marre surtout d’entendre mes années lycée d’apprentissage d el’allemand revenir au galop. Ich möchte, Ich weis nicht (avec s tsèst) wollen Sie mit mir spazieren, et puis le was ist da forcément hilare)wer bist du, nicht un peu mouillé comme on le différencie de Nietsche ? juste le « t » intercalé ?
J’entends je comprends. Pour parler aussi bien il me faudra pratiquer assidûment sans en référer à l’anglais ce qui sera bigrement difficile car tout le monde parle parfaitement bien anglais.
Voili/voilou
Pas rencontré quiconque parlant français sauf un français expatrié comme il y a partout maintenant.
>TKT la péripapétitienne vierge est l’épouse dans Un dernier Tango à Paris.
Je peux vous en ressortir une ribambelle.
Pourquoi certaine a si sale caractère ?
pour ma copine Christiane dite Cri-Cri : « il faut avoir beaucoup étudié pour savoir peu » (Montesquieu)
Je n’ai rien d’une gourde.
Encore moins d’une barrique.
Ni d’un tonnelet.
Ni d’une outre.
D’une source je ne dis pas.
Mais le cul est un bon moyen d’entrer en contact avec le féminin c’est vrai.
L’on n’est pas obligé de s’en limiter là.
Non, non.
D’un abreuvoir pour Jolly Jumper aussi.
M’enfin, la virilité porte aussi vers le haut.
Mouais.
nous eussions pu penser qu’un lien sponsal l’eût adoucie mais non.
Le fouet peut-être ?
Saint Jérôme dans sa cellule, Mélancholia et le chevalier la mort et le diable. Trois gravures.
En Allemagne il y a une puissance virile.
Je le sens comme ça.
bloc de 48 T. Suis-je tarte.
J’adore la Suisse, les Suisses, et leurs votations… Dis, maman, c’était quoi l’Europe ?
Un membre Massaï : Oriounga ?
« Je n’ai pas le souvenir, qu’Ernst Jünger ait vraiment bataillé au front ».
Ah bon ? Alors, il faut vous rafraîchir les souvenirs, en lisant un peu dans le texte plutôt que dans les zondit.
les Dieux du Stade continuent de faire carrière en calendriers pour gens sensibles, faux camionneurs
c’est exactement l’effet que me fait le calendrier pirelli! quelle bande de faux cul ces italiens
bouedegras : quelle bande faux-culs ces italiens, par contre toi un vrai qui sent pas bon
« Un guerrier » et « la délicatesse », vadiou, et pourquoi pas, une péripatéticienne vierge ?
on a toujours conscience du manque vontraube, c’est même ça l’idée conçue, le concèpe..ha si t’étais un peu alqueumiste tu comprendrais
sur la première photo on dirait une copie de philippe de villiers en moins bien..sans chevalière..pas noble quoi
rose dit: 9 février 2014 à 18 h 13 min
« Mais le cul est un bon moyen d’entrer en contact avec le féminin, c’est vrai. L’on n’est pas obligé de s’en limiter là. »
C’est un excellent moyen d’entrer en contact avec une sœur humaine, une femelle, une bonté que le bon dieu nous a fait pour nous : il faut un début à tout …après on peut causer sans mentir… jusqu’à la prochaine…
Le petit célinien se retrouve une remorque de calendriers érotiques invendus sur le dos… étant donnée la qualité de sa “relation au monde” on imagine celle des calendriers…
vieux avec son accroche coeur il ressemble a un préteur sur gage romain..si j’avais été caligula il serait déjà mangé par les lions..ce monde est mal fait épicétou
c’est drôle, moi si pimpante je trouve Christiane plutôt rabougrie, peut-être un peu (ou beaucoup) coincée ?
@Curiosa dit: 9 février 2014 à 18 h 12 min
Oh, ma copine, encore une citation ! allez un ptit effort, pensez par vous-même. BELLE soirée.
@ rose dit 9 février 2014 à 18 h 14: « M’enfin, la virilité porte aussi vers le haut. Mouais. »: Si vous voulez dire que la virilité porte le cérébral vers le haut, je vous arrête. La virilité « se » porte en majesté, verstanden Mädle ?Ne mélangeons pas sexe et morale, qui dit moralité dit souvent faux-cul.
Regardez sur la RdL, le seul asexué catholique messe en latin qui se dit, vierge de partout, est aussi un homme mauvais, pervers et qui se voudrait sadique. Vous le connaissez mieux que moi, très franchement, je préfère ne l’avoir qu’aperçu dans la vraie vie
oui, renato, dame Christiane sur toutes les pages du calendar à bouedegras
une remorque de calendriers érotiques invendus sur le dos
non rénato on me l’offre..enfin je vais pas te raconter ma vie privé..mais j’ai toujours hai ce calendrier de faux camioneur de faux cul italiens..je préfère de loin les affichistes du doutché..ça c’était des tartignol..mais qu’est ce que t’en connais toi hin rénato..nibe
pas des tartignol a bosser chez des trouduculs de disineur..ha l’italie quand elle se caricature elle te ressemble rénato
la qualité de sa “relation au monde”
..t’es mignon
Je suis certain que Curiosa est un transsexuel, progressiste, mal opéré, mal dans sa peau, mais droit dans ses bottes, taille 38 … une intuition ! Ach ! Jungerfrau !
il faut un début à tout …après on peut causer sans mentir… jusqu’à la prochaine…
ha si le mensonge n’était que preuve de performance jicé..il serait inconnu..mais voilà c’est le calendrier pirelli
Rose, pour Jünger et le front, je parlais de WW2.
WW1, fut plus une guerre à l’ancienne, rappelez vous « La Grande Illusion ». Sauf bien entendu, sur le front Belge et Français. Lire à ce sujet le livre de Hohn Horne et Aslan Kramer « 1914. Les Atrocités allemandes. »
Quant aux crimes contre l’Humanité, la Namibie fut l’apprentissage des Allemands. Avec comme haut-gradé, le père de Goehring.
Sans mon voyage, fin 2012, en Namibie, je ne serais pas, peut-être, tant au courant de l’Histoire des colonies de la Südwestafrica.
un transsexuel mal opéré
ça ferait un chouette calendrier
Sans mon voyage, fin 2012, en Namibie, je ne serais pas, peut-être, tant au courant de l’Histoire des colonies de la Südwestafrica.
excellent vontraube..a concerver ! c’est surement un de tes meilleurs posts!
Bouguereau, quand votre illustre Père vous rend visite, vous cachez vos calendriers ? Franchement, pas très « hanseat », ce goût pour des calendriers.
@ curiosa
« …Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté. »
Pierre De Ronsard
Odes, livre premier, XV11
JC….. dit: 9 février 2014 à 18 h 46 min
Je ris avec vous.
Il fallait s’y attendre, Cricri va radoter!
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