de Pierre Assouline

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La République des livres
Finir un livre à tout prix, sait-on jamais…

Finir un livre à tout prix, sait-on jamais…

Il faut savoir finir un livre. C’est de lecture qu’il s’agit, et non d’écriture. Même si l’ennui nous guette dès la fin du premier chapitre, même si une forme jugée déplaisante n’a guère de chance de s’arranger en cours de route, même si on se sent coupable de ne pas donner une dernière chance à l’auteur. Au cas où un coup de théâtre final, une chute inattendue, nous révèleraient la lettre et l’esprit de ce qui nous avait échappé jusque là. Abandonner, c’est l’abandonner.

N’empêche que certains livres, on serait curieux de savoir qui les a lus jusqu’au bout. Il y en aura toujours, aussi francs que provocateurs, pour affirmer haut et fort que des classiques révérés, disons la Recherche du temps perdu et Don Quichotte, leur sont tombé des yeux avant de leur tomber des mains à mi-parcours si ce n’est avant, et pourquoi pas. Plus récemment, Montaillou, village occitan, best-seller de plage d’Emmanuel Le Roy Ladurie, ou L’homme de paroles de Claude Hagège, tous deux, par la grâce d’Apostrophes, méritaient une enquête serrée auprès des lecteurs pour savoir combien d’entre eux avaient été jusqu’au bout. L’instrument de mesure manquait, et pour cause. Comment savoir ?Nancy Stahl

C’était avant l’invention du « Hawking Index ». Cette usine à gaz doit son nom au physicien Stephen Hawking mais il n’y est pour rien. C’est l’autre versant de la rançon de la gloire, son grand succès de librairie Une brève histoire du temps étant également remarquable pour être l’un des livres les moins lus jusqu’au bout par ses lecteurs. Il semble qu’ils aient été achevés avant d’avoir pu l’achever. Il est vrai que sa compréhension requiert des connaissances autres que Muchachas 3. Or ne voilà-t-il pas que Jordan Ellenberg, un mathématicien de Madison, Wisconsin, a trouvé le moyen, dit-il, de traquer les renonciateurs, du moins ceux qui lisent sur Kindle , ce qui limite un peu le champ de la démonstration, laquelle est déjà diversement commentée : dès lors qu’ils cessent de surligner des passages du texte, c’est signe qu’ils ont définitivement abandonné la lecture… Il applique un ratio qu’il exprime en pourcentage et baptise ce cocktail « Percentagey”. Hum… Je vous avoue que je n’ai pas tout compris, il me faudrait un autre mathématicien mais si possible pas de Madison, Wisconsin. Je n’ai pas non plus saisi comment au juste il entrait dans les données enregistrées sur les Kindle. Et dire que c’est paru sur un blog du Wall Street Journal

Le capital aux XXIème siècle, best-seller de l’économiste français Thomas Piketty pas seulement en France mais aux Etats-Unis, est ainsi très mal noté. D’après l’impitoyable « Hawking Index », ceux qui le lisent sur Kindle décrochent définitivement à partir de la page 26 (il en compte 700…), ce qui le place à 2,4%. Mais il y a pire encore, et nettement plus inquiétant eu égard au sujet, plus accessible que les statistiques sur l’évolution des inégalités : les Mémoires de Hilary Clinton atteignent le score de 1,9%…

Lire n’est pas un devoir ni une obligation. Un minimum de patience n’en est pas moins exigée. Certains livres demandent un temps d’acclimatation. On doit prendre le temps de s’installer, de faire connaissance des personnages, de prendre le pouls de l’auteur, d’en comprendre le rythme et la cadence, d’entrer dans son écriture, de s’accommoder de sa logique. Toutes choses qui ne vont pas de soi. Celui qui n’a jamais lu un livre d’Emmanuel Carrère et découvre dans le dernier qu’au bout de cent pages, il ne parle toujours pas du thème annoncé mais uniquement de lui-même et des siens, sera tenté de fuir, à tort. Encore faudrait-il s’entendre sur ce que l’on attend d’un livre selon que l’on en a entendu parler ou pas, que l’on connaît l’auteur ou pas, que l’on s’est fait piégé par la quatrième de couverture ou pas etc J’en connais qui n’ont jamais pu aller au-delà de la vingtième d’A la recherche du temps perdu et qui en sont restés au jugement d’Anatole France : « La vie est trop courte et Proust est trop long ». Soit, et alors ? Ils peuvent se passer de lui pour vivre et basta !

Un lecteur atteint le début de la sagesse quand il ne s’effraie plus à la pensée du nombre de classiques qu’il n’a jamais ouverts, et ne se culpabilise plus à la pensée de ceux qu’il n’a pas pu finir. Encore ne s’agit-il là que de livres consacrés par la postérité. Ne parlons même pas du tout-venant de l’actualité littéraire. Peut-être suis-je trop optimiste mais j’ai personnellement tendance à donner une chance à l’auteur dès lors que j’ai pu tenir jusqu’à mi-parcours de son livre. Soit je poursuis jusqu’à la fin en me disant « Sait-on jamais… » Soit je me dis que c’est une question de kairos, pour m’être ennuyé à 20 ans en lisant La mort d’Ivan Illitch, L’homme sans qualité ou Eloge de l’ombre, et pour avoir à 40 ans remercié haut et fort Tolstoï, Musil et Tanizaki de les avoir écrits.

(Illustrations D.R. et Nancy Stahl)

Cette entrée a été publiée dans vie littéraire.

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commentaires

1 096 Réponses pour Finir un livre à tout prix, sait-on jamais…

Flabbergasted dit: à

« Madame Bovary » : impossible de lire plus de dix pages… Heureusement, il y a Renoir et Chabrol.

Grâce à vous, je m’y remets cet été. Je commence demain.

Chroniques de mon balcon dit: à

« pour m’être ennuyé à 20 ans en lisant La mort d’Ivan Illitch, L’homme sans qualité ou Eloge de l’ombre, et pour avoir à 40 ans remercié haut et fort Tolstoï, Musil et Tanizaki de les avoir écrits. »

Et à 60 ans, qu’en reste-t-il ?

crayon en main dit: à

L’important est de n’acheter que les livres que l’on veut lire en se renseignant à leur encontre.
Cela limite les lectures inutiles mais n’ évite aucunement les désillusions!

crayon en main dit: à

Je m’ attaque à 60 ans passé à Musil en intégral, nu devant le chef-d’œuvre!

Chroniques de mon balcon dit: à

« L’important est de n’acheter que les livres que l’on veut lire »

Tout au contraire, les rencontres sont d’autant plus belles qu’inattendues : les plus grandes découvertes sont généralement le fruit du hasard plutôt que de la probabilité !

Chroniques de mon balcon dit: à

Faut-il toujours finir ce que l’on a commencé ou faut-il savoir s’arrêter : gagner du temps ou savoir le perdre ?

Chroniques de mon balcon dit: à

« FINIR UN LIVRE À TOUT PRIX »

D’autant plus que l’on ne l’a pas payé !

Chroniques de mon balcon dit: à

« Il faut savoir finir un livre. C’est de lecture qu’il s’agit, et non d’écriture »

Pourtant l’histoire des manuscrits inachevés ne manque pas d’intérêt, voire le cas le « L’Homme sans qualité », justement !

Chroniques de mon balcon dit: à

Peut-on finir de lire un livre qui n’a pas été fini d’être écrit ?

Chroniques de mon balcon dit: à

Les prix Goncourt figurent probablement parmis les livres les plus inachevés, voire jamais commencés ?

Paul Edel dit: à

« Passou dit :Peut-être suis-je trop optimiste mais j’ai personnellement tendance à donner une chance à l’auteur dès lors que j’ai pu tenir jusqu’à mi-parcours de son livre. »
est-ce que le problème est de « tenir »? Non.
Je ne suis pas du tout d’accord..
« Tenir » dans un texte comme les soldats français ont « tenu » pendant la bataille de la Marne? non. je crois qu’il doit y avoir du plaisir tres vite, du vrai plaisir evident..même avec des difficultés passagères… sinon fermer le roman tres vtike.. ? … car il y a des romans qu’on accueille avec plaisir à certains moments de sa vie et pas à d’autres. Il faut trouver des romans correspondant à votre état d’esprit du moment quand on est dans laa librairie.le cas de Pierre assouline, obligé de par son métier de juré Goncourt de lire toute la rentrée litérauire plus de 600 romans…est un cas à part, heureusement..
il y a égalelnt des âges sans doute pour découvrir Dickens ou Camus,sartre, Saint ex.. ou Moravia ou thomas Mann.
En général je préfère commencer par un écrit « court » de l’auteur ; les nouvelles de thomas Mann aavant « la montagne magique « enfance et adolescence « de Tolstoï avant « guerre et paix » , ou des récits courts de Musil(« tres femmes », merveille surtout « tonka » !..) avant d’attaquer « l’homme sans qualités » et ça s’est souvent révélé passionnant. Mais les gros claf outis de martin du gard, de Musil etc.. il fait s’y reprendre à pusieurs fois… parfois il faut reprendre un roaln 10 ans pus tard.., mais l’idée de « tenir », et d’en « baver »,mais !! non, la lecture littéraire doit rester un vrai grand plaisir
Un super plaisir. et rien de laborieux là dedans. j’ai si souvent entendu des attachées de presse dire « sautez les 3O premières pages. ensuite, c’est bon »..
non!!. un écrivain doit écrire ce qu’il a envie d’écrire, s’il faut traverser des tunnels, changez de livre.. (Dostoïevski en compte beaucoup dans ses lourds romans et jamais dans ses merveilleux récits genre « l’éternel mari » que je préfère à ce pâteux « les démons » …) . quant à ceux qui ont essayé plusieurs fois de lire Proust ou Céline ou Virginia Woolf ,ces Himalaya.. car les attaquer sans piolet en en baskets.. non….
ne jetons leur surtout pas la pierre à ceux qui ne peuvent lire Proust, ni même la falaise entière..…j’ai des amis fanatiques de littérature qui n’ont jamais pu accéder à ce nirvana. surtout qu’ils ne se forcent pas et lisent plutôt ce qu’ils aiment :Simenon Sollers , Audiberti, Le Clézio, Ovide, Francis Ponge.. Rimbaud..Jérôme K Jérôme, tif et tondu si ça leur plait mieux.

Clopine dit: à

Je prends mes abandons pour des échecs, pour ma part – comme on renonce à un voyage à cause des difficultés du chemin, ou de la fatigue.

En quelque sorte, je prends la faute sur moi, en tentant d’éviter d’attribuer à l’oeuvre une opinion qui pourrait, probablement, s’appliquer plus au lecteur qu’à son objet.

Ainsi, un livre « ennuyeux » reflète souvent un manque de curiosité, un livre « difficile » une grosse paresse, et un livre « interminable » une hâtive convoitise…

Pour conjurer l’abandon, quand je sens que je ne suis pas à la hauteur d’un livre ou d’un propos, j’en appelle à cet autre appétit : la gourmandise. Je file à la cuisine, rafler du chocolat, et je remonte me fourrer au lit en dégustant les carrés l’un après l’autre – au moins, la lecture sera d’autant prolongée, avant le renoncement. On jugera donc de mes difficultés aux traces cacaotées ornant les pages, cet outrage mastiqué étant la marque de mon entêtement. Au palmarès des pages profanées : Genette et, allez, j’avoue, Blanchot, qui me coûte actuellement, nuit après nuit, son pesant de cacao. Mais je m’obstine, d’autant que le Suchard aux Noisettes est, ma foi, délicieux. Lui.

des journées entières dans les arbres dit: à

C’est un nouveau défi.
Pour Stephen Hawking, et sa « brève histoire… », je conseille de commencer à la page 86, début du chapitre 5.
Une histoire de lumière.

Onésiphore de Prébois dit: à

Il faut avoir le courage d’arrêter de lire un livre quand ce que vous en avez lu vous persuade amplement de sa médiocrité, même s’il s’agit de classiques. Il y a bien longtemps, « La Femme de trente ans »,de Balzac, a dû me tomber des mains bien avant la centième page, et je ne suis pas près d’y remettre le nez. Plus récemment « Truismse » de Marie Darrieusecq et « Les Bienveillantes »,de Jonathan Littell ont fini à la poubelle dans un accès de fureur vengeresse. Pas question, dans ces cas là, d’abandonner, comme le font certains, le nanard sur un quelconque banc public, à l’intention d’un quidam désargenté : l’objet doit être détruit, pour offense grave aux exigences sacrés de l’esprit.

Clopine dit: à

Onésiphore, j’ai beaucoup goûté les trois – pages immaculées, donc. Pour Balzac, je vous conseille d’entamer l’humaine comédie par un modeste sommet : les « mémoires de deux jeunes mariées » devraient vous convenir, à mon sens. Sinon, tentez donc le chocolat !

bouguereau dit: à

pour offense grave aux exigences sacrés de l’esprit

avec un bon godmichet t’en frais ta putain..et ça fait pas grossir jean marron

Chroniques de mon balcon dit: à

« Il faut avoir le courage d’arrêter de lire un livre »

Pour moi c’est plutôt tous les livres, j’ai perdu la foi en la littérature, plus aucun plaisir, je n’ai achevé aucun des quelques livres commencés depuis plus d’un an !
Plus envie non plus d’écrire ni même de commenter ici !

bouguereau dit: à

du vrai plaisir evident..même avec des difficultés passagères…

polo c’est le buttplug clopine..polo faut savoir décoder

bouguereau dit: à

Pour moi c’est plutôt tous les livres

on voit l’genre..

renato dit: à

Je lis tous les livres que je commence — comme finir ce qu’on a dans l’assiette… Ou alors je ne commence même pas… achetés pour de raisons qui n’ont rien à voir avec la lecture : livre d’une connaissance ; la femme de l’auteur et une chère amie… et ainsi de suite. Il faut toutefois que j’avoue que les premières 30 pages je les lis avant d’acheter le livre…

Cela dit, ce matin regardé une grive pendant deux bonnes heures, le dandysme n’est pas chose réservées aux humains…

bouguereau dit: à

« La vie est trop courte et Proust est trop long ». Soit, et alors ? Ils peuvent se passer de lui pour vivre et basta !

..pas tuture et tatave dirait clopine

La fractale des raviolis dit: à

L’imagination aux manettes, lire et relire c’est encore feuilleter, page 86 du chapitre V , une histoire de sauce autotomate, incompréhensiblement cette publication tombe des mains, à ne rien vouloir saisir du génie littéraire, une absurdité de lecteurs trop pressés.

Onésiphore de Prébois dit: à

les « mémoires de deux jeunes mariées » devraient vous convenir, à mon sens (Clopine)

Et même sans chocolat ! Merveilleux roman par lettres, et ça se passe, en plus, dans le Midi. »La Femme de trente ans » et un des Balzac les plus ennuyeux; cela tient largement au fait que le roman a été remanié à plusieurs reprises, un patchwork raté. Mais vous pensez bien que la décision d’arrêter la lecture ne dépend pas de la longueur du livre. Tenez, « Illusions perdues », par exemple, eh bien j’ai pleuré avec Lucien à la mort de Coralie, j’ai pris la diligence avec lui en compagnie de Carlos Herrera, et jusqu’au « A suivre » final, qui doit être, si je me rappelle bien, quelques chose comme :  » Quant à Lucien, son destin est le sujet de « Splendeurs et misères des courtisanes ». Et plutôt que perdre votre temps à litre Blanchot, lisez donc « Béatrix », le Balzac préféré d’Alain.

Phil dit: à

Même les Autrichiens ne lisent plus Musil. C’est bien normal, le livre leur est incompréhensible depuis qu’ils ont perdu la Hongrie.
C’est une notule pour la plage, dear passou, pour les lecteurs tatoués sur la fesse ?

renato dit: à

Mexican Bluewing, pour les puristes Myscelia ethusa, est un beau papillon… Cela dit, il faudrait que quelqu’un m’explique comment que l’on fait pour pleurer avec le personnage d’un roman…

Chroniques de mon balcon dit: à

Je lis tous les livres que je commence — comme finir ce qu’on a dans l’assiette…

Le devoir ou le plaisir, il faut choisir !

Ciboulette dit: à

pour finir un livre il faut d’abord l’avoir commencé comme dirait bouguereau dans ses œuvres posthumes

renato dit: à

« Le devoir ou le plaisir, il faut choisir ! »

Il suffit de bien choisir.

Chroniques de mon balcon dit: à

Vous ne traversez jamais en dehors des clous, renato, et toujours au vert ?

bouguereau dit: à

Le devoir ou le plaisir, il faut choisir !

le plaisir s’apprend aussi..y’a de bon live pour ça dailleurs..mais mais au début y’a toujours un effort..quelqu’un quelqune en qui on croit pour la récompense futur..le live c’est pas un objet syntone comme ils disent, pas un natural iouseur interface, au moins pour tout le monde, ça n’a pas été le cas pour moi

renato dit: à

Dans la vie de tous les jours la civilité prime sur la transgression — la fameuse question du ‘vivre ensemble’. Après, si on veut des aventures il y a des meilleurs terrains que les clous et la signalétique dans la rue…

bouguereau dit: à

Une brève histoire du temps

grotex ce bouquin..ha les lives annotés..parcourir un livre « universitaire » c’est déjà pas mal..et puis on abandonne pas forcément..on oublie de reprendre

La fractale des raviolis dit: à

14h16 C’est incomparable ou ça toucherait à l’idée de satiété et dans ce cas quand la cuisine est mauvaise, l’appétit n’arrange rien à l’affaire et si quand même l’assiette séduit par sa saveur, le lecteur peine à en venir à bout c’est qu’il manque d’appétence. Le plumage ne devrait pas lester l’amateur alors qu’une gastronomie achevée invite le gastronome repu à la sieste. Certains hommes préfèrent un peu comme cette histoire de princesse et de pois, les femmes qui ne terminent pas leur assiette, une sorte d’ invitation au gaspillage avant poursuite.

des journées entières dans les arbres dit: à

@La fractale des raviolis dit: 16 juillet 2014 à 14 h 37 min
Evidemment je ne l’ai pas précisé aux littérateurs ni aux chronophages, mais pour attaquer le chapitre 5 de la  » brève histoire de temps » de S.H. (édition Flammarion d’origine, hein) il faut déjà avoir lu Aristote, au moins partiellement.

Contentez-vous de chanter à capella, comme Julius. Au moins, ça nous divertira.

A bientôt, le mien, de temps , est facturé… hors de prix.

renato dit: à

Ah ! les universitaires ! non seulement ils écrivent des livres, ils poussent jusqu’à les publier, aussi.

Paul Edel dit: à

Onésiphore de Prébois, je suis bien d’accord avec vous, 3o pages de « truismes » m’ont fait rigoler ; j’ai vite donné le livre à une copine si féministe qu’elle aimait le livre avant de l’avoir lu, Car elle avait lu des déclarations féministes tonitruantes de Darrieussecq qui lui plaisaient beaucoup.. elle a lu ça en « militante » donc bonheur.. et ça reste un de ses livres de chevet. Tant mieux .
Clopine, vraiment, dans notre vieux pote Honoré Balzac quelqu’un qui voudrait commencer je lui recommande les trente pages du récit –voyez, c’est bref, le temps d’un TGV paris -Tours. ;- « la maison du chat qui pelote »,ce titre m’a toujours intrigué , c’est celui d’une enseigne d’un commerce de tissus qui a vraiment existé du temps de Balzac dans le paris du premier empire. Sujet :un jeune peintre plein de talent s’éprend d’augustine, fille de commerçant. malgré la répugnance des parents commerçants , le mariage se fait. Déception conjugale après quelques mois car Augustine ne supporte pas les peintres et la mondanité . ca finit tragique je dis pas comment.
C’est écrit d’une encre noire, acide et rapide,relations d’une vacherie sans nom sur le milieu commerçant autant que sur le milieu « artiste ».. la vigueur du style, des portraits, l’ambiance terrible de la boutique, le vitesse de la narration m’enchantent.
Mon Balzac préféré, et de loin c’est « la rabouilleuse ».

bouguereau dit: à

comme dirait bouguereau dans ses œuvres posthumes

toi tu me lis jusqu’au bout hin mon courageux

Sergio dit: à

Le rachpec au premier plan il revient pas…

de nota dit: à

Je lisais alors « les affinités électives »Goethe!
Mais très vite ce livre m’a tout simplement pompé l’air,aussi un soir alla-t-il grandir la pile des réprouvés,puis je me mis au lit.
Le lendemain matin,j’ouvre un oeil,je tourne la tête à droite et qui je vois étendu dans mon lit?Goethe!Goethe en personne!Goethe,tout nu dans mon lit,le 12 janvier 1997!Je l’avais immédiatement reconnu,je suis très physionomiste; toutefois j’ai d’abord pensé que j’étais le jouet d’une émission de télé,genre « caméra cachée » très élaborée,j’avoue que j’ai chercher du regard l’oeil d’un objectif planqué dans ma chambre,mais non,pas de caméra,non,c’était bien Goethe et j’en eu vite la confirmation quand je l’entendis réclamer plus de lumière dans un français fortement alenti par son accent germanique.
« On ne voit rien dans cette chambre »
Goethe était dans mon lit et se plaignait de l’obscurité de ma chambre.Mais je n’ai pas bronché,on est restés comme ça,silencieux et immobiles tous les deux puis soudainement j’ai sauté hors du lit,il fallait que je fasse pipi.De retour dans la chambre,j’ai surpris Johan parcourant un livre de robe-grillet,j’ai bien cru qu’il allait se mettre à pleurer,pour distraire mon embarras,je lui ai proposé un café et même des tartines,il a refusé les tartines avec un haussement d’épaules.Habillé,enperruqué,Johan W buvait son café,il fallait que je dise quelque chose,que tout ça prenne fin,maryvonne arriverait bientôt,on devait filer à ikéa acheter un clic-clac…alors j’ai dit:bon,je suis très honoré de votre visite,mais vous n’allez pas pouvoir rester chez moi,d’abord parce que je fais ce que je veux chez moi,ensuite parce que je vois pas ce que vous foutez chez moi,justement,enfin,ça ne tient pas debout!et puis maryvonne ne va pas tarder,et puis merde!je n’ai pas à me justifier,Goethe ou pas Goethe,c’est kifkif,maintenant vous partez,retournez d’ou vous venez!Et à propos,vous venez d’où?
Il m’a regardé attentivement et a répondu:
-Voilà ce que vous êtes devenus,des hommes blasés que plus rien n’étonne,le grand Goethe est chez vous et vous n’êtes pas même capable de sacrifier l’achat d’un clic-clac à ikéa?Moi,si j’avais trouvé à mon réveil dans mon lit,disons socrate,mais j’aurais donné un an de ma vie pour que surtout il demeure avec moi,mais vous,macache bono!
-macache bono?euh,bon oui,mais et maryvonne?
-tu (on était passé au tutoiement en deux coups de cuillère à pot)lui envoie un texto?
-un texto?Mais d’ou tu viens?
-ben,du himmel…comment on dit déjà?
-ciel!ciel!
-voilà,ciel.
-mais vous…tu fais ça souvent,débarquer dans le plumard des lecteurs?
-Non,c’est la première fois,j’ai faussé compagnie à Pierre…
-tu vas pas avoir des ennuis?
-si,une espèce de sanction,je vais devoir partagé ma chambre avec d’ormesson.
-mais il est pas mort!
-ben quand y sera mort,on s’est laissé dire que une fois dans la pleiade,zou!il emménage.Bon,tu l’envoie ce texto!
-c’est bon,c’est bon.mais pourquoi t’es chez moi?
-parce que tu m’as blessé en abandonnant mon livre,j’ai tout vu,tout entendu,t’as même dit « il fait chier ce gros goethe… »
-non mais gros,c’est le livre.
-Oui,oui,j’ai bien compris,alors j’ai décidé de venir t’aider à reprendre ta lecture et à dissiper un malentendu.
-tu penses rester combien de temps?
-une tite semaine.
-mais t’es en plein délire!et maryvonne?
-oh mais tu me fatigues avec ta drôlesse!
Et alors que j’allais vertement lui répondre et le fiche dehors,j’ai entendu une clef qui tournait dans la serrure,c’était maryvonne furibarde qui entrait chez moi,goethe et moi étions toujours attablé quand elle a surgit dans la cuisine,elle avait le sifflet coupé,la bouche grande ouverte,elle a avalé sa salive,m’a foudroyé du regard et très lentement,elle a dit:qui c’est ce-lui-là?
Goethe s’est alors levé et s’est présenté en s’inclinant,Johan Wolgang Goethe,votre serviteur.
Maryvonne qui n’a pas sa langue dans sa poche a rétorqué: »enchantée,moi c’est germaine », »de Stael » a ajouté Goethe tout frétillant, »voilà de Stael ».Goethe s’est alors lancé dans un éloge vertigineux de Maryvonne,enfin de Germaine,qui n’était plus en colère,qui bientôt se mit à sourire en rougissant un peu.Finalement ils sont partis ensemble prendre un brunch,me laissant en plan.Depuis je n’ai plus de nouvelles de maryvonne,mais rien de rien,j’ai prévenu la police de sa disparition,aucunes traces,même le chien qui est venu chez moi renifler un vêtement de maryvonne,il est bien aller jusqu’en bas de l’immeuble et puis rien.
Les années ont passés,en rangeant récemment ma bibliothèque j’ai retrouvé « les affinités électives »et tout à coup,je me suis souvenu que c’était maryvonne qui me l’avait offert!avec ce commentaire »il ne te plaira peut-être pas,mais ce sera sans conséquences,hélas.Enfin,on aura essayé. »

Chroniques de mon balcon dit: à

Vous avez achevé les oeuvres complètes d’Assouline, Sergio ?

bouguereau dit: à

« j’ai lu pour vous car mon boulot c’est de pas abandonner » pas « j’ai dévoré » polo ..lassouline fait un méchant boulot..imagine « une caisse de vdqs au chapitre pour le finir »..ou « jai terminé sans le salir »..ça ça srait c’est du prope dans tes notices polo

bouguereau dit: à

ce livre m’a tout simplement pompé l’air

un gode une caisse de vdqs et un poumon d’acier..c’est le minimum pour un critique un peu sérieux..quelle bande de branleur

Sergio dit: à

Chroniques de mon balcon dit: 16 juillet 2014 à 15 h 09 min
Vous avez achevé les oeuvres complètes d’Assouline, Sergio ?

Ha que non ! D’abord il écrit à fond les ballons pire qu’au mont Saint-Michel ; ensuite mon citron est un peu comme celui d’un croco adulte, donc quinze grammes. Mais j’aime bien. En ce moment, c’est Lutetia. De toutes manières il est évident que s’agissant du style, des préoccupations, des métaphores, de la Weltanschauung, l’on se retrouve inéluctablement en pays de connaissance. Mais tout fait réfléchir, ça feedback inverse, et en même temps c’est quand même sympa comme lecture.

Widergänger dit: à

La lecture est un art difficile, c’est évident.

Mais pareil pour la peinture ou la musique. Picasso est exemplaire à ce sujet. Regarder un tableau de Picasso demande une culture, une éducation. Les gens n’y comprenaient rien. Seuls deux ou trois personnes autour de Picasso était capables de le juger, de le comprendre, de jouir de son art. Pareil pour Matisse. Les critiques n’y comprenaient absolument rien et repoussaient l’art de Matisse. Un grand artiste déconcerte, on ne voit pas que c’est un grand artiste. Il faut à la fois beaucoup d’intuition et un certain savoir qui permet d’avoir des repères qui nous servent d’appui pour pénétrer dans l’univers d’un artiste.

Sinon, on a beau regarder, on a beau tourner les pages, on ne comprend rien, on ne voit rien, on ne sent rien, on n’a aucun plaisir. Le plaisir à lire passe par une certaine forme de savoir, un savoir préalable, des prérequis comme on dit. Regarder un tableau est en soi une aventure, une expérience spirituelle. Si l’on se contente de consommer, comme c’est la mentalité d’aujourd’hui, on ne peut pas jouir de l’art.

Malgré tout, il existe une théorie de la lecture aujourd’hui (Vincent Jouve, L’effet-personnage, puf, 1992 qui permet de comprendre que la lecture est un art qui s’éduque et qui met en œuvre aussi la psychologie du lecteur. Flaubert résume ce lien à l’œuvre quand il écrit : « L’objet que tu contemplais semblait empiéter sur toi, à mesure que tu t’inclinais vers lui, et des liens s’établissaient. »

Sergio dit: à

Hey je me trompe pas, y regarde, le type au maillot de bain ?

renato dit: à

Étant donné la grande machinerie culturelle, « Autobiography » de Dorothy Parker, reste d’actualité : Oh, both my shoe are shiny new, / And pristine is my hat; / My dress is 1922…. / My life is all like that.

Ciboulette dit: à

tout ça c’est de la daube comme dirait bouguereau dans ses prochaines sentences de merde

JC..... dit: à

Autant vous le dire, depuis ma naissance en 1922 au beau milieu de journée ensoleillée, je procède pour les livres comme pour le reste : aucun effort pour commencer, pour continuer ou pour finir quoique ce soit…

Je laisse le maximum de chance au hasard : qu’il guide comme il l’entend mon court passage sur cette belle planète, si ronde, si dodue, si bandante.

Je crois que cette économie d’effort vient compenser les travaux d’Hercule, scientifiques ou littéraires, entrepris toute leur vie par des Lilliputiens ambitieux, mourant généralement jeunes, bourrés de regrets et rapidement oubliés par tous.

Fais ce que vouldras ! Laisser faire, laisser dire, laisser s’égarer les pisseurs/voyeurs de lignes imprimées … L’expérience montre qu’un sur mille, seul, mérite nos efforts !

Ciboulette dit: à

JC déCONtenancé comme dirait bouguereau à jeun

Sergio dit: à

Paul Edel dit: 16 juillet 2014 à 15 h 04 min
j’ai vite donné le livre à une copine si féministe qu’elle aimait le livre avant de l’avoir lu.

Oui. Mais est-ce que c’était pour se débarrasser du livre, ou de la copine ? En tous cas ça a l’air de valoir le plan Manstein…

Sergio dit: à

Mais les filles helles sont légères comme un papillon, pom, pom…

Sergio dit: à

Et pas un mot kein sur le Finnegans qu’est quand même pas Rémi et Colette…

Widergänger dit: à

Il y a aussi les livres qu’on imagine. Dans Le temps des Prophètes, Paul Bénichou rappelle qu’au XIXè siècle on prête fréquemment à saint Paul une phrase qu’on ne trouve nulle part dans ses Épîtres : « Ce monde n’est qu’un système des choses invisibles, manifestées d’une façon visible. », qui a joué un rôle si important notamment chez Baudelaire pour être à l’origine même de son fameux sonnet des « Correspondances ». Au XIXè siècle, on prête beaucoup à saint Paul, on lui fait dire un peu ce qu’on veut. C’est en somme l’inverse de l’attitude de Voltaire.

Sergio dit: à

En fait, le mec, là avec ses cuisses, ce qu’il lit, ce sont des reliures de Sport et fitness. Mais visiblement, il entend rien à ce qu’y lit…

crayon en main dit: à

 » Je file à la cuisine, rafler du chocolat, et je remonte me fourrer au lit en dégustant les carrés l’un après l’autre  »

Essayez le sexe avant la lecture, ça relaxe.

crayon en main dit: à

 » Picasso est exemplaire à ce sujet. Regarder un tableau de Picasso demande une culture, une éducation. Les gens n’y comprenaient rien. Seuls deux ou trois personnes autour de Picasso était capables de le juger, de le comprendre, de jouir de son art. Pareil pour Matisse. Les critiques n’y comprenaient absolument rien et repoussaient l’art de Matisse. »

Heureusement qu’il existe plusieurs degrés pour la lecture, WGG!

crayon en main dit: à

Essayez le sexe avant la lecture, ça relaxe.( me stesso)

Ce qui d’ ailleurs vous permet de recommencer un peu plus tard si le roman ne vous convient pas.

crayon en main dit: à

N’ avez-vous pas toujours aimé ce geste de votre partenaire qui abandonne son livre renversé ouvert sur la table de nuit et son regard qui se porte à hauteur du vôtre…à livre ouvert!

ueda dit: à

« Mais il y a pire encore, et nettement plus inquiétant eu égard au sujet, plus accessible que les statistiques sur l’évolution des inégalités : les Mémoires de Hilary Clinton atteignent le score de 1,9%… »

Elle congédie son lecteur alors qu’elle a deux ans?

ueda dit: à

« toujours aimé ce geste de votre partenaire qui abandonne son livre renversé ouvert  » (crayon en main)

Au-dessus de son sexe?

crayon en main dit: à

Qui a déjà vu un surfeur bodybuildé ( illustration de Passou ) avec autant de livres dans les bras, sa planche lui suffit, elle est son seul bréviaire, son seul remède, son seul salut.

ueda dit: à

« Essayez le sexe avant la lecture, ça relaxe. » (crayon en main)

Tu parles.
Elle affirmait lire les yeux fermés.
Son souffle régulier effeuillait le livre, et un filet de bave s’écoulait sur la page.

crayon en main dit: à

Au-dessus de son sexe?ueda

Le sexe, vous devez le savoir, est toujours une question de culture!

crayon en main dit: à

un filet de bave s’écoulait sur la page.

Excuez-moi ueda, mais là il ne s’agissait que des yeux bandés et non fermés comme vous l’ affirmez aussi péremptoirement.

aher de bassan dit: à

On sucre le Moise47 de Saint Pierre aux
liens à Rome de
BYE 48 BYE accès à la castration primaire

Polémikoeur. dit: à

Et quand vous mordez dans un mets qui ne vous plaît pas ?
Et quand vous supportez quelqu’un(e) qui vous gonfle ?
Et quand vous êtes placé sur le chemin des toilettes au resto ?
Et quand vous vous trompez de direction dans le métro ?
Et quand le film est un navet, au cinéma ?
Et quand le commentarium à l’étiage colle aux semelles ?
Constance ou obstination ?
Persévèrement.

Polémikoeur. dit: à

Quelle est la relation au livre ?
Domination, séduction, soumission ?
Curiosité, prospection, prétention ?
Et quand un tiers fait les présentations
(ami, critique ou relation) ?
Obligation-ou-consentement ?

JC..... dit: à

« Le sexe, vous devez le savoir, est toujours une question de culture ! »

Nom de Dieu !
Je m’en doutais …

JC..... dit: à

« La Justice, vous devez le savoir, est toujours une question politique, jamais de morale »

Nom de Dieu !
J’en étais sûr !

Widergänger dit: à

Plusieurs degrés de lecture, c’est vrai. Mais les lectures les plus jouissives sont tout de même celles qui permettent de comprendre le fond des choses.

Je n’ai pour ma part que deux expériences de première lecture où je ne pouvais pas m’empêcher de tourner les pages, c’est Les Misérables du père Hugo et Perturbation de Th. Bernhard. Perturbation, non seulement je l’ai lu d’une traite avec passion mais je l’ai relu je ne sais combien de fois tellement ce récit me fascine et m’envoûte. Ah ! c’est autre chose que Ferdydurke, hein, Popaul…! Ferdydurke, c’est l’expérience inverse, un ennui affligeant, une déception absolue, un vrai dégoût. Mais c’est sans doute l’effet recherché… Après Perturbation, je me suis mis à lire toute l’œuvre de Th. Bernhard dans la foulée, tout absolument tout, y compris des trucs que plus personne ne connaît comme ses scenarii : Kulturer et L’Italien, sans compter un livre d’entretien en allemand qui n’est pas traduit en français. Ce sont mes seules expériences extatiques de lecture. Pour les autres, se sont mêlées obligation scolaire ou professionnelle et plaisir sans pouvoir vraiment faire le partage. J’ai beaucoup lu pour le plaisir quand j’étais au lycée, avec enthousiasme, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire et la poésie contemporaine du XXè siècle, surtout la poésie, les grands romanciers c’est venu bien après en classes Prépa et à l’université. Chez les penseurs, j’ai très peu adhéré à quelque penseur que ce soit pour le plaisir, je les lisais par nécessité, les classiques, jusqu’au jour où je suis tombé sur Nietzsche que j’ai lu abondamment quand j’étais étudiant comme une sorte de drogue et Clément Rosset, que je me suis alors mis à dévorer (mais Clément Rosset c’est un peu comme Th. Bernhard parce que ça vient de Pascal) et Pascal est ensuite devenu, à partir de la lecture qu’en fait Clément Rosset, mon penseur préféré. Et j’ai lu tout Clément Rosset, parfois plusieurs fois selon les ouvrages, ou relisant des chapitres ici ou là. Les autres sont venus par la suite se greffer sur cette expérience fondamentale pour moi. Mais Nietzsche m’a vraiment aidé à vivre entre vingt et trente ans. Flaubert aussi bizarrement par la vérité que renferme L’Education sentimentale, qui pour moi est un livre que j’ai lu, relu, pour le plaisir et étudié en profondeur à la fac. Proust, j’ai commencé à le lire assez jeune, quand j’étais au collège encore, et il m’enchantait déjà. Je me souviens de longues heures de lecture, l’été, sous le marronnier en Sologne, allongé dans une chaise longue à lire Proust. Il est probable que je ne comprenais pas tout, c’est même certain, mais ma rêverie y suffisait.

JC..... dit: à

« La lecture, vous devez le savoir, est toujours une question d’intérêt personnel ! »

Nom de Dieu !
Je suis passé à côté…

Ciboulette dit: à

un filet de bave s’écoulait sur la plage comme celui de bouguereau sur son vieux falzar déjà si maculé pour un enculé comme dirait bouguereau

Paul Edel dit: à

popaul, mon grand Widergänger,il aime tout thomas berhnard, grandiose!! notamment la série autobiographique « l’origine », »le froid « (là vraiment sidérant..) et « un enfant ».. »le neveu de wittgenstein » est aussi tres fort ainsi que « oui » mais j’aime aussi tout autant le Gombrowicz et ses énoncés sur le thème de l’immaturité.. il est tres ludique Gombrowicz…. tresd amusant pour moi…mais de gombrowicz je relis « le journal, » en deux volumes notamment la periode en argentine et tout ce qu’il écrit sur beethoven et aussi son portrait du jeune Le clézio à Nice.et ses portraits d’amis, et le voyage à tandil..

Widergänger dit: à

Vous avouez vous-même que vous ne relisez pas Ferdydurke ! Et vous ne citez pas non plus ses autres romans.

La Nouvelle Revue de Psychanalyse avait consacré un numéro à La Lecture. Je l’ai quelque part, mais je n’arrive plus à mettre la main dessus. Il fut un temps où je lisais aussi beaucoup de psychanalyse.

Paul Edel dit: à

Sergio, je n’avais aucune envie de me débarrasser de cette copine ; son féminisme est en béton. Armé. Il est combattant, increvable, inusable et permet de couper tout en deux. Il m’amusait, il m’amuse encore. C’est aussi une façon de lire, la manière militante. J’ai essayé de faire lire thomas Bernhard à cette même copine, histoire de voir, et le grandiose éclat de rire de dérision et de bouffonnerie de thomas Bernhard l’a laissée de marbre(donc j’ai une copine entre marbre et béton..) et les attaques de Bernhard face aux catholiques autrichiens , aux nazis, ne l’ont pas vraiment intéressé.. Elle n’a jamais pu dépasser 2O pages de ce sacré Thomas Bernhard..
Je vous recommande aussi les entretiens de thomas Bernhard avec Krista Fleischmann (éditions de l’Arche ) j’aime beaucoup certaines déclarations ,notamment quand il avoue à la journaliste « ça ne veut pas dire que je n’aie pas écrit aussi des phrases sérieuses, de temps à autre, pour faire tenir ensemble les phrases comiques. » sa mort m’a foutu par terre un sacré moment.

Widergänger dit: à

Oui, je relis aussi pour ma part volontiers Le Journal de Gombro. Ça oui. Je les ai retrouvés l’autre jour en fouillant mes tas de bouquins qui s’amoncellent un peu partout par terre et sur les meubles. Je pense que je mourrai au milieu des livres sans les avoir tous lus. C’est ma grande angoisse, je dois dire, mourir sans avoir lu tous les classiques.

Clopine dit: à

Paul, Jim m’expliquait que le chat qui pelote était une enseigne parisienne au-dessus d’un commerce, comme il y en a tant eu à Paris. Le chat était dessiné jouant à la pelote, c’est-à-dire renvoyant une balle, et Balzac s’en est inspiré pour sa nouvelle.

Onésiphore, Blanchot ne « sert pas à rien », à mon sens. Tenez, grâce à lui, j’ai lu cette réflexion de Starobinski « nous ne sommes plus dans le domaine de la vérité, nous sommes désormais dans le domaine de l’authenticité. La parole authentique est une parole qui ne s’astreint plus à imiter une donnée préexistante ; elle est libre de déformer et d’inventer, à condition de rester fidèle à sa propre loi. (..)Elle n’exige pas que la parole « reproduise » une réalité préalable, mais qu’elle « produise » SA vérité dans un développement libre et ininterrompu ».

Starobinski parle de Rousseau, mais en lisant cela, perso j’ai tout de suite pensé à Edouard Louis, ou plus précisément aux reproches qu’on lui fait d’avoir « chargé la mule » dans le récit de son enfance. Je crois pourtant qu’on pourrait lui accorder une authenticité identique à celle de Rousseau…

M’enfin, je dis ça …

Onésiphore de Prébois dit: à

J’en connais qui n’ont jamais pu aller au-delà de la vingtième d’A la recherche du temps perdu et qui en sont restés au jugement d’Anatole France : « La vie est trop courte et Proust est trop long ».

C’et un jugement qui sent son vieillard. Anatole n’avait sans doute plus assez de temps devant lui. Il faut choisir le bon moment. A seize ans, « Du côté de chez Swann » m’est tombé des mains. A vingt-cinq, c’est devenu le paradis. Qu’il y ait un art de lire, c’est certain , mais cet art s’apprend tout doucement, sans qu’on s’en rende bien compte; la formation d’une sensibilité littéraire ou artistique, c’est quelque chose de très complexe et de mystérieux; sans compter qu’elle évolue au fil du temps : il y a les livres qui vous ont fasciné très jeune, et dont le charme, inexplicablement s’évapore ensuite. A vingt ans, à sa sortie, « La Semaine sainte » d’Aragon m’avait enchanté. Trente ans plus tard, je n’y ai plus vu que du sous-Troyat. Pas sûr que ma seconde lecture ait été plus perspicace que la première. Mais pas sûr non plus qu’elle n’ait pas été plus sensible que la première à certains procédés de fabrication qui, la seconde fois, m’ont sauté aux yeux et m’ont rebuté.

Clopine dit: à

W, ce que vous devenez sympathique quand vous laissez tomber le fouet de l’imprécateur et que vous reconnaissez (vous avouez ?) vos affections littéraires ! La chaise longue pour lire Proust, on voit ça très très bien, c’est presque une jolie redondance; ca me fait penser que Compagnon, qui a réussi un joli coup avec Montaigne l’été dernier (j’ai fait lire le livre à tous mes proches, on le lit comme on boirait une grenadine, plus pour la couleur que le goût), récidive cette année avec Proust. Quelqu’un a-t-il lu la série de textes, façon Proust à la plage ?

aher de bassan dit: à

BEETHOVen a aussi donné 47 répétitios lire peter szendy

Onésiphore de Prébois dit: à

il y a les livres qui vous ont fasciné très jeune, et dont le charme, inexplicablement s’évapore ensuite. (mézigue)

Il n’y a pas plus de « vérité » de la lecture qu’il n’y a de « vérité de l’oeuvre ». Un livre n’existe que parce que quelqu’un le lit et lui donne un sens, la plénitude éphémère d’un sens qui est le produit éphémère de la rencontre des mots écrits avec les capacités linguistiques, la sensibilité et l’imaginaire du lecteur; un lecteur qui, au fil du temps, change, n’est plus le même.

Paul Edel dit: à

Thomas Bernhard se souvient d’une lecture qui le marque à jamais. Ça donne ceci :
« Cette après midi là, je me rappelle très bien , dans une édition du « monde comme volonté et représentation » de Schopenhauer, que j’avais héritée de la bibliothèque de mon grand- père maternel, et dont je reprenais toujours la lecture chaque fois que je n’attendais rien d’autre de la lecture qu’un plaisir qui puisse , à tous points de vue, me purifier.
»Le monde comme volonté et représentation » était pour moi, depuis ma prime jeunesse, le plus important de tous les livres de philosophie, et j’avais toujours pu compter sur son effet ,celui d’un rafraîchissement complet de mon cerveau. Dans aucun autre livre je n’ai jamais trouvé une langue plus claire, une intelligence aussi claire, aucune œuvre littéraire n’a jamais exercé sur moi un effet plus profond. En compagnie de ce livre, j’ai toujours été heureux. Mais je n’avais que rarement été dans l’état de préparation naturelle et intellectuelle absolument indispensable pour ce livre, et donc, je n’avais eu que rarement la possibilité d’être en compagnie de ce livre extraordinaire.( ..) les livres supérieurs :ils ne s’ouvrent à vous et ne se laissent déchiffrer que dans cet état où l’on est extrêmement réceptif, c’est-à-dire capable de les recevoir et digne de les recevoir. »
extrait de « oui » de thomas Bernhard,traduction de Jean- Claude Hemery,1980 Gallimard.

bouguereau dit: à

C’et un jugement qui sent son vieillard

ha tu vas pas t’y mettre aussi..les coups de pompe aux vaches sacrées c’est salutaire..c’est comme la fessée, ça fouette les sangs..

bouguereau dit: à

Dans aucun autre livre je n’ai jamais trouvé une langue plus claire, une intelligence aussi claire, aucune œuvre littéraire n’a jamais exercé sur moi un effet plus profond

oeuvre littéraire..qu’est ce a dire, que c’en est une ou qu’aucune n’a eu cette effet..c’est là que git le lièvre

bouguereau dit: à

il y a les livres qui vous ont fasciné très jeune, et dont le charme, inexplicablement s’évapore ensuite. (mézigue)

c’est pas inexplicable du tout quand on a lu comme moi cronin pasqu’en allant acheter des clopes (pas pour moi) la marchande vous le refile pasque la couverture avec l’infirmière que j’avais matée était méchamment croquée..ça donnait plus de chien dailleurs

bouguereau dit: à

..tout de suite j’ai voulu faire toubib jean marron

Widergänger dit: à

Quand j’ai lu « Oui », de Th. Bernhard, je n’ai nullement été étonné que le narrateur puisse dire ça. C’est une même famille d’esprit : Schopenhauer, Nietzsche, Pascal, Clément Rosset, Th. Bernhard. C’est la pensée tragique. Ce type de penseur a une action de purification sur le cerveau, en effet. Comme Kafka. Ils sont la hache qui brise la mer gelée en nous et qui nous réveille de la torpeur de la routine du quotidien pour nous replacer au cœur de la vie même avec le tragique qui la constitue et que nous fuyons dans le divertissement. C’est l’effet que fait aussi sur moi les récits de Th. Bernhard, comme son théâtre que j’ai lu en totalité aussi. On est purifié de tous les mensonges en les lisant, on est face à la vérité.

aher de bassan dit: à

un jour, ou plutôt un soir, j’ai découvert que le moment de ma plus grande angoisse était celui oùje décidais de fermer mon livre alors je ne vivais plus que dans cette angoisse avec un trismus effroyable

aher de bassan dit: à

un garçonnet qui m ‘était proche , bruxait , lui, à cause d’unlivre ave un sabre qui l’effrayait tant u’il n’avait pas &té au-delà de cette scène

crayon en main dit: à

Plusieurs degrés de lecture, c’est vrai. Mais les lectures les plus jouissives sont tout de même celles qui permettent de comprendre le fond des choses.WGG

C’est votre point de vue et d’ ailleurs vous évoquez votre lecture de Proust, adolescent, jouissive sûrement.
L’ impact de cette rencontre n’ a-t-il pas été aussi décisif que les raisons que vous ont données par la suite vos lectures universitaires?

crayon en main dit: à

Il en va de même pour la peinture et les arts en général.

Widergänger dit: à

La critique c’est autre chose.

Les grands critiques, il faut les avoir lu pour mieux les abandonner, quitte à y revenir, car on y revient de toute façon après un détour personnel dans l’œuvre.

Maurice Blanchot était notre dieu quand nous étions en khâgne. Et je n’exagère nullement. C’est un critique très important pour moi aujourd’hui encore mais il tient sa place parmi beaucoup d’autres. Il y a chez Blanchot une part d’irrationnel qui finit par peser quand même et par lasser. Ce n’est pas la meilleure part. Mais il y a l’autre part qui est toujours aussi pertinente. Le critique classique que je préfère, c’est Jean Rousset. C’est à la fois très bien écrit, universitaire, scientifique et précis, et éclairant sur les œuvres qu’il ausculte. Genette, c’est plus technique mais c’est indispensable. Il est impossible d’analyser correctement un extrait de La Recherche sans en passer par Figures III. La Bible de l’étudiant en lettres. De toute façon, on n’a jamais fini d’apprendre à lire. On n’a jamais fini d’explorer le sens d’un grand texte.

Aragon a des facilités comme Balzac, mais c’est indéniablement un très grand écrivain. Balzac a des aspects très romans populaires à la Eugène Sue, mais c’est sauvé par tout le reste.

Ciboulette dit: à

c’est là que gît le lièvre… à moins que tu tombes sur un bec ou sous la table comme le fait bouguereau quotidiennement après 5 heures

Widergänger dit: à

Peut-être, je n’en sais rien. Je me souviens aussi que j’allais en juillet 1970 avant de partir en vacances en Sologne (la dernière année d’ailleurs où je suis parti avec mes parents en vacances en Sologne, à Contres, où je retourne maintenant une à deux fois par an mais pas dans la même maison, hélas), j’allais lire Madame Bovary sur les quais de la Seine, sous un grand chêne qui est mort depuis et n’existe plus à cet endroit, juste en face de la gare d’Orsay. Je m’installais sous ce grand arbre entre deux grosses racines qui dépassaient de terre et je me plongeais dans le roman de Flaubert (j’avais tout juste 15 ans). Je m’en souviens comme si c’était hier. Mais je me souviens aussi que j’étais loin de tout comprendre et je m’ennuyais un peu en le lisant.

Paul Edel dit: à

Je suis surpris que personne ne parle du choc de lecture en lisant dans son fauteuil, comme Musset, du théatre.

Widergänger dit: à

Le théâtre, c’est autre chose encore. Le choc, c’est au théâtre qu’on peut l’éprouver si on l’éprouve. Le seul vrai choc théâtral pour moi fut une représentation d’En attendant Godot avec Rufus et Michel Bouquet et le troisième larron dont j’ai oublié le nom. Deux heures de fou rire total ! Ça ne s’oublie pas ! Mais je n’ai jamais eu d’autres expériences fascinantes de ce genre au théâtre.

bouguereau dit: à

crayon en main cause c’est elkabache..j’en suis sûr dracul !

aher de bassan dit: à

ayant dû mettre le clavier visuel, j’arrêterai là, écrire et lire mon geek a cru que j’en serais incapable il est obèse et n’a pas l’esprit bien délié

Jacques Chesnel dit: à

Théâtre : Partage de midi avec Edwige Feuillère, Pierre Brasseur, Jean-Louis Barrault, Jacques Dacqumine au Marigny en 47

Paul Edel dit: à

je parle du choc du théatre à la lecture.je me souviens de la lecture de « no mans land » de harold pinter,.inoubliable. aujourd’hui encore sa lecture -en français par eric kahane-la complicité dans la bouffonnerie humaine, si cruelle et si jubilatoire,oui, le fonds des choses.. comme dit W..ca devait e^tre en 81..le premier hiver sous mitterand…..

bouguereau dit: à

En attendant Godot avec Rufus et Michel Bouquet et le troisième larron dont j’ai oublié le nom

allons dracul ! c’est l’meilleur ! c’était à montmartre, j’y étais..de la merde!..béckête évidemment..les autres..des victimes

Ciboulette dit: à

le crayon en main de bouguereau en forme de bouteille-gode-ceinure comme dirait bouguereau

bouguereau dit: à

c’était un porno chénel..à la gare du nord..fais pas l’malin..j’étais à la caisse tu passais toutes les semaines

crayon en main dit: à

C’est comme de lire de la poésie WGG, Ponge par exemple.
On peut avoir lu toute son œuvre en édition originale pour la plupart de ses ouvrages et en pléiade, posséder tout un rayon des études et critiques le concernant qui montre une passion de nombreuses années et toujours revenir Au carnet du bois des pins chez Mermod ou sa Rage de l’ expression chez le même éditeur.

renato dit: à

« Choc de lecture » ?! Il n’est pas tellement question de choc. Ça pouvait arriver en lisant le très théâtral « Le Petit Chaperon rouge », cela allait avec l’âge ; mais avec Hofmannsthal, par exemple, « L’incorruptible » ou « L’homme difficile » c’est déjà autre chose, une autre approche ; et cela vaut pour tous les auteurs de théâtre… enfin, pour tous les auteurs. On se pose des questions simples et on cherche à oublier la grande machinerie culturelle — ce que l’on sait de la chose qu’on lit. Le choc présuppose une approche sentimentale de l’œuvre, ce qui peut fonctionner si on a une vie active pauvre… mais bon, je parle à partir du point de vue d’un Italien, comme dirait bouguereau, c’est-à-dire de quelqu’un qui a grandi dans un pays où seulement les sceptiques arrivent à croire en quelque chose (Leo Longanesi), et il faut « s’habiller » en grand frivole pour faire passer les choses plus sérieuses. Pas de choc, donc, mais plutôt une trouble, parfois…

honorix dit: à

« lisez donc « Béatrix », le Balzac préféré d’Alain. »

et d’Astérix

match point dit: à

Le poids des mots, le choc des photos!

ueda dit: à

Les livres qui m’ont le plus marqué sont ceux que je n’ai pas compris.
Après, il y en a quelques uns qui me sont si proches que c’est comme si j’avais raté l’occasion de les comprendre.
Entre les deux, il n’y a rien.

Merci à tous d’accueillir si fraternellement les non-littéraires.

ueda dit: à

J’ai lu le même Cronin que bouguereau et à moi aussi il soutiré une bandaison précoce et vaguement angoissante.

C’est quand même insensé.
Allez dire maintenant que Cronin était bandant.
Vous passez pour un frotteur d’église.

aher de bassan dit: à

je signale sur la question fractale l’article sur rhuthmos

Article publié le 23 juillet 2013
Pour citer cet article : Adrien , « Le rythme : une géométrie fractale qui rend la musique agréable », Rhuthmos, 23 juillet 2013 [en ligne]. http://rhuthmos.eu/spip.php?article950

crayon en main dit: à

Tenez WGG, un extrait du Peintre à l’ étude de Francis Ponge,en édition originale acheté ( 5 francs l’ exemplaire, les trois exemplaires invendus en rayon chez Gibert ) et lu en 1970.

Cela parle d’une pierre lithographique et pourrait bien figurer le livre, ses palimpsestes ( Genette)et les rapports de jouissance y afférents.

LE PEINTRE A L’ÉTUDE

MATIÈRE ET MÉMOIRE

 » C’est dans l’amour encore, c’est dans un baiser, dans une série de baisers que la pierre est amenée à délivrer sa mé­moire. Il lui faut une sollicitation de tout près, un accolement parfait (sous la presse). Il faut que le papier l’épouse parfaitement, s’allonge sur elle, y demeure — dans un silence sacra­mentel — un certain temps. Et la pierre alors non seulement laisse copier sa
surface, mais véritablement elle se rend au papier, veut lui donner ce qui est inscrit au fond d’elle-même. Peut-être cette délivrance profonde est-elle facilitée par la création d’un vide (celui dont la nature a horreur), peut-être est-ce par une action de capillarité (mais n’est-ce pas la même chose), toujours est-il que vers le papier, sous la presse, le dessin remonte de l’intérieur de la pierre. Et je n’en veux pour preuve que ceci. Quand une pierre a ce qu’on appelle un passé (comme une femme a eu plusieurs amants), si bien poncée qu’elle ait pu être, il arrive qu’elle rappelle dans l’amour le nom d’un de ces amants anciens, il arrive que sur l’épreuve d’une affiche (par exemple) l’imprimeur étonné voit apparaître, comme un souvenir involontairement affleuré, le trait d’un très ancien Daumier dont la pierre, à une certaine profondeur, et d’une façon tout à fait insoupçonnable, avait gardé l’empreinte. De cette pierre, plus rien à faire. Cette pierre est bonne à tuer. A tuer avec ses souvenirs. Qu’on essaye de les effacer en elle, de les lui extirper, on l’exténuera plutôt, si bien qu’à la pro­chaine opération de presse elle ne pourra résister — et se brisera.
Mais quelle est la condition sans laquelle le papier n’obtiendrait rien du tout, et tout ne resterait que possible ? Il faut qu’avant le baiser le corps entier de la patiente ait été recouvert d’une autre sorte d’encre que celle qui a servi à l’historier. Comme d’une sorte de rouge à lèvres. Qu’il ait été entièrement ma­quillé. Mais encore le maquillage n’a-t-il pris que selon l’histoire précédem­ment racontée, selon les termes mêmes de la séduction. Et encore seulement selon la façon dont la pierre l’aura comprise et amodiée selon son petit entendement particulier.
Dans ce baiser, la pierre ne donne
rien du fond d’elle-même : elle se borne à rendre ce qui lui a été imposé comme elle a pu le modifier dans le même genre. Pour le reste, semble-t-elle dire, je suis bien trop polie, j’ai été bien trop aplanie, vous n’aurez de moi que du blanc, rien de mon gré(s), rien de ma nature muette. Il est à venir, celui qui me fera parler. Mais c’est ici qu’intervient, que peut intervenir le merveilleux artiste, celui qui a ménagé le plus de tentations pos­sible à la pierre, qui l’a engagée ainsi à se pâmer quelque peu… Et quoi de plus émouvant que ces égarements, ces faveurs, — ces oublis obtenus d’une pierre ? C’est ce que plusieurs ama­teurs préféreront dans la planche tirée, c’est ce dont ils seront reconnaissants à l’artiste merveilleux. »
(Paris, février 1945.)
Francis Ponge Gallimard 1948.

ueda dit: à

Le Blanchot au chocolat de Clopine, je comprends ça.
Je pourrais échanger mon vieux Proust au beurre: premier échec de lecture lors des sandwiches de pauses casse-croûte.

Je doute que Bouguereau se sépare de bouquins portant des macules plus substantielles après lectures énergiques dans la plus petite pièce de l’appartement parental.

renato dit: à

Tiens, Cronin, je l’avais oublié !

des journées entières dans les arbres dit: à

C’est étrange, quelque part ce billet pose la question- me pose à moi, en tout cas- qui est : quels romans dits  » classiques » on pourrait relire; pourquoi les relire, du reste ? sauf à être professeur  » obligé » ? Chaque année , remettre le couvert ? surtout avec marcel P. , un kochmar.

Non, je voulais redire un mot, puisque j’ai eu, -enfin- le temps de refeuilleter le chapitre 5 de la brève histoire du temps de Stephen Hawking- édition flammarion de 1989, s’il vous plaît- à propos de :
Aristote pensait que la matière est infiniment divisible; ce en quoi sa pensée était en quelque sorte en opposition avec celle des atomistes comme Démocrite( atome veut dire en grec insécable ?)

Mais depuis on a découvert que l’atome était sécable. C’est certainement un joycien éméché qui a donné le nom de quark à des particules élémentaires: « trois quarks pour môssieu Mark »

Et les saveurs des quarks c’est autrement plus littéraire qu’un truc à l’ombre des jeunes filles en fleurs d’un inverti comme marcel P.: up, down, strange, charmed, bottomp and top.

Polémikoeur. dit: à

Bon, d’accord, mais donner envie de lire,
l’envie très forte de tourner les pages,
est-il plus explicable que l’ennui,
le manque d’accroche ?
Livremystérieusement.

Paul Edel dit: à

ueda dit:
« Les livres qui m’ont le plus marqué sont ceux que je n’ai pas compris. »
Tres juste.
oui, à condition d’avoir l’impression de comprendre des bribes, des passages, de subir des moments d’attraction dont on ne connait pas bien la source.les émotions naissent parfois d’un dialogue, d’une scène, d’un nouveau personnage, d’une phrase longue et musicale et profonde , d’un début de chapitre, d’une simple description.
Il y a des clairières de compréhension, dans un océan d’ obscurité.. quand on est jeune. et qui provoquent, comme certaines poèmes, des ruminations, posent des questions, ouvrent des horizons, des reflexions à l’infini.
J’ai lu à 17 ans-18 ans, « l idiot » de Dostoïevski je trouvais de prince Muichkine fascinant mais ce qui se tramait autour de lui, les jeunes filles volubiles et bourdonnantes du général.. je n’y pigeais rien.ce qui me fascinait c’était Rogojine et sa passion brutale, gourmande, pour Nastasia Philippovna. (déjà ce nom !!!me bluffait..)mais surtout la scène si bizarre, quand rogojine arrive complètement ivre, avec et ensuite une somme d’argent, jetée dans le feu..et tout une sorte d’assemblée de ratés, d’ivrognes, de types louches, de gens arrivés comme par hasard.,vagueent parjures, faces sauvages.. et puis cette éclatante et intouchable nastasia philippovna regardant tous les hommes de haut, comme de cuieuses bestioles aux appétits lourds..,la distance qu’elle met aussi bien devant le sensuel et franc rogojine que le prince muichkhine confit dans son amour de toute l’humanité, tut ça me laissait une trace incroyable.au fond le roman me plaisait par ses passages de folie,de vodka, de sensualité rogojinesque, quelque chose de violent et de barbare.. et des dialogues de « cinglés »,avec des sautes d’humeur incompréhensibles.. des vanités blessées, des coups de fouet, des rages cupides, quelque chose d’illimité aussi bien dans la bonté té que dans la cruauté.la folie dans une étable un soir d’orage. Quel clafoutis de passions, oui fascinant e déprimant ..curieusement, aujourd’hui, ce roman m’ennuie vite… car le monde entier est devenu cinglé comme ce bouquin prophétique. Je préfère les réflexions tolstoïennes. le journal télévisé chaque soir est dostoïevskien,hélas.

des journées entières dans les arbres dit: à

Polé, donner envie de lire…
c’est une question.
Je m’énerve à essayer d’en cerner les limite. Et je ne devrais pas, car la question est mal posée.
Une tarte à la crème.

renato dit: à

« le journal télévisé chaque soir est dostoïevskien,hélas. »

C’est l’histoire d’un médicine qui dit à son client : « Les antidépressifs ne servent à rien si vous vous obstinez à lire le journal ».

Cela dit, on regarde toujours négativement son époque, mais disons que c’est grâce à un relâchement de la censure que la notre semble pire que d’autres.

Bon, aujourd’hui anniversaire de « L’Évangile selon saint Matthieu » de Pasolini.

des journées entières dans les arbres dit: à

les limiteS.

renato dit: à

Oups ! médicine > médecin (j’avais pensé ‘homme médicine’ et le mot est parti tout seul).

Widergänger dit: à

Oui, bien sûr, Ponge, ça tient la route. Pour mes élèves j’ai pas mal relu Ponge ces temps-ci. Ces entretiens avec Sollers aussi, introuvables peut-être bien aujourd’hui. Ce qui est marrant, c’est de voir l’approche de Sollers, le lieu à partir duquel il interroge Ponge. Les questions sont pertinentes mais elles ressortissent à toute une idéologie de la littérature de l’époque qui fait sourire aujourd’hui. Il pourrait être plus direct, plus simple dans ses formulations. Ponge aussi est emmitouflé dans tout un appareil idéologique matérialiste du langage. Ça fait drôle de relire tout ça trente ans plus tard. Seule la poésie de Ponge a surnagé dans tout ce fatras idéologique, comme une perle… Ce qui montre que ce qu’écrit un écrivain le dépasse au fond de beaucoup. Il ne maîtrise que l’écume des choses, il en sait parfois aussi peu que le lecteur. La poésie de Ponge, « Le cageot », « l’huître » laisse d’abord pantois les élèves, puis il y entre assez facilement finalement ; ils comprennent tout le jeu de langage sur lequel ce genre de texte est fondé et ils finissent pour aimer beaucoup ce genre de littérature. Et, d’un point de vue pédagogique, il me semble que Ponge peut servir de bon introducteur à faire comprendre et aimer la poésie moderne. Et les élèves font eux-mêmes le lien avec les formules de Baudelaire qui leur sont familières comme changer la boue en or et le prosaïsme chez Baudelaire pour comprendre la révolution qu’a constitué la poésie moderne à partir de Baudelaire. Ça leur ouvre un champ de lecture immense qui les ravit ; ils ont enfin l’impression de rentrer dans le monde moderne, de comprendre tout un ensemble de textes dont ils ne voyaient pas jusque là la poésie ni même l’intérêt. On se rend compte alors combien l’art de lire demande une approche culturelle, savante, appropriée, très loin de la simple lecture naïve qui ne permet pas de comprendre grand-chose ni de bien grands plaisirs de lecture. Je me souviens que quand au début de ma carrière j’enseignais au lycée, en Seconde, l’un de mes élèves avait dit d’un seul coup en plein cours où nous nous efforcions d’expliquer un passage d’Un cœur simple, de Flaubert : « Mais alors, Monsieur, quand nous lisons, nous ne comprenons qu’à peine 10% de ce qu’il y a dans le livre ! » Celui-là avait tout compris et la séance de lecture expliquée avait atteint son but ce jour-là. Les outils intellectuels qu’on leur donne, ils en voient ensuite bien mieux l’intérêt, ce qui les réconcilie avec la lecture et aussi avec l’Ecole. Plus l’ambition est grande, mieux ça marche avec les élèves, et ils nous en sont reconnaissants, à nous, les profs.

des journées entières dans les arbres dit: à

Ce message de Paul Edel me fait venir la nostalgie de grands moments de théâtre; russse, le théâtre.
C’est bizzare cette réflexion, dans le billet, à propos d’Emmanuel Carrère. Quand on sait… ceux qui ne parlent que de .
Il se peut aussi qu’il ait évolué dans son parcours. Il n’est pas indiqué le titre de son dernier opus, à paraître ( mais certains ont un privilège).
« Le royaume ».
J’ai le préssentiment que ça va causer de Jésus, né en Palestine.

Onésiphore de Prébois dit: à

Lire n’est pas un devoir ni une obligation. Un minimum de patience n’en est pas moins exigée.

Non. personne n’a aucun devoir envers aucun livre. Même pas celui d’un minimum de patience. On se demande bien au nom de quoi au juste. Le livre ne compte pour rien, c’est le lecteur qui est souverain. Pour qu’Emmanuel Carrère, ou Proust ou Tartempion existe, encore faut-il que je daigne. Je fais partie des 2,9% qui ont lu Piketty jusqu’à la dernière ligne, mais je crains bien qu’Emmanuel Carrère n’existe jamais pour moi. C’est mon choix, qui ne relève que de mon bon plaisir. Et si Emmanuel Carrère n’existe pas pour moi, d’une certaine façon, il n’existe pour personne, puisque seule ma conscience fait exister (éventuellement) Emmanuel Carrère et le reste du monde. Et le jour où ma conscience s’éteindra, la culture universelle s’éteindra. Aucun doute là-dessus.
Le livre, depuis mon manuel de jardinage jusqu’à la Bible, relève du divertissement de l’instant, et de rien d’autre. Ce ne sont pas les divertissements qui manquent. Que m’importe la « vérité » d’Emmanuelle Carrère; comme s’il n’en existait pas des millions d’autres. Je ne regretterai jamais, à l’heure de ma mort, de n’avoir pas lu tel ou tel livre dont on m’aura dit ou dont j’aurai lu grand bien. Que m’aura importé de lire celui-là plutôt qu’un autre ? Anatole France avait raison : la vie est trop courte pour se soucier vraiment des livres.

Widergänger dit: à

À l’occasion de mes cours sur Ponge, je me suis mis à lire son Pour un Malherbe, que j’avais dans ma bibliothèque depuis des années sans l’avoir vraiment lu. C’est un ouvrage un peu touffu mais je trouve que l’approche de Malherbe par Ponge, si elle peut paraître de prime abord un peu déconcertante, est très stimulante. Il montre qu’au fond, les problèmes de la poésie de Ponge étaient déjà ceux de Malherbe, comme ils étaient déjà ceux de Du Bellay. Notre définition de l’art classique s’en trouve fortement troublée.

des journées entières dans les arbres dit: à

« clafoutis de passions »
excellent

Widergänger dit: à

Je ne crois pas qu’on puisse réduire (la phénoménologie de Husserl parlerait de réduction eidétique…) la lecture à un simple divertissement. C’est évidemment une conception facile et paresseuse de la lecture. Si une part importante — heureusement ! — de la lecture a partie liée au plaisir et au divertissement, on ne saurait l’y réduire. C’est tout le fondement anthropologique de notre civilisation qui, du même coup, n’aurait plus aucun sens.

C’est réduire la culture au « culturel dans l’art », fruit de la décomposition de l’art par les forces du marché, comme l’explique si bien Michel Deguy dans son chapitre « Du culturel dans l’art », dans La Raison poétique, Galilée, 2000. Il écrivait déjà voilà presque quatorze ans : « le « culturel » ne réfère plus à la culture anthropologique d’une société (objet classique de l’ethnologie), ni à la culture de tel individu dans l’acception traditionnelle de « plus ou moins cultivé ».  » On est devant la catastrophe qui est la nôtre aujourd’hui. D’où la nécessité urgente et comme révolutionnaire de réhabilité la culture contre le culturel, la lecture approfondie et savante contre le divertissement.

D. dit: à

Michel, selon vous l’histoire du peuple élu est-elle achevée ou continue-t-elle à s’écrire ?

Onésiphore de Prébois dit: à

C’est tout le fondement anthropologique de notre civilisation qui, du même coup, n’aurait plus aucun sens. (Widergänger)

Mais, en effet, ni notre civilisation (ni aucune autre d’ailleurs) ni son fondement anthropologique n’a aucun sens. Widergänger devrait prendre en compte les effets absolument dévastateurs, néantisants pour tout dire, d’une seule conscience qui s’éteint. Et comme notre civilisation n’est que le produit de l’effort éphémère d’une multitude de consciences éphémères pour lui donner un sens éphémère, on conçoit que ce sens, on s’en foute pas mal.

Widergänger dit: à

Mais si justement !

S’il n’y a plus de sens (Dieu est mort, selon la formule célèbre de Nietzsche) qui viendrait de l’extérieur imposer un sens aux hommes, auquel ils n’auraient plus qu’à se conformer, il est bien clair que les hommes construisent chaque jour du sens en agissant, en écrivant, en luttant, en peignant, etc. Ce sont les couches accumulées de sens, qui forment comme un terreau de la culture, qui constituent au bout du compte le fondement anthropologique d’une culture et lui confère un sens. C’est précisément ça qui est remis en cause par la naissance du « culturel » dont Michel Deguy se fait, avec d’autres, le théoricien, pour tirer le signal d’alarme d’une destruction potentiel des fondements anthropologiques de la culture, source évidemment d’un surgissement inéluctable de la barbarie à terme.

renato dit: à

« Les journalistes sont une caste de petits vaniteux, plus fermée que celle des prêtres hindous. »
C. E. Gadda — Lettres à Ugo Betti, 16.7.1922

La fractale des raviolis dit: à

Le sexe, vous devez le savoir, est toujours une question de culture!
Oui à condition de savoir tailler l’arbre, n’est-il pas?

Onésiphore de Prébois dit: à

Pour des raisons qui sautent aux yeux, le papier-cul est d’une utilité bien plus grande que le papier imprimé. J’en fais un usage quotidien, infiniment plus attentif, soigneux et profitable que le papier d’un tas de livres qui s’entassent dans ma bibliothèque, que je n’ai jamais lus et ne lirai probablement jamais. Par exemple, il y a trois ans, une amie m’a offert « Vies de Job », de Pierre Assouline. Eh bien, j’en ai lu quinze lignes, puis j’ai arrêté ma lecture, en projetant de la reprendre en des jours meilleurs qui ne sont toujours pas venus et ne viendront probablement jamais. Je possède comme ça un bon paquet de livres que j’ai commencés et qui attendent un bon plaisir problématique. En revanche, je suis toujours allé jusqu’à la fin des innombrables rouleaux de papier-cul que j’ai achetés au cours de ma vie, et dont je trouve le rapport qualité-prix infiniment supérieur à celui de n’importe quelle Torah.

Je trouve très astucieuse l’idée qu’eut Boris Vian, dans « L’écume des jours », d’imaginer les oeuvres de Jean-Sol Partre imprimées sur papier hygiénique non dentelé. Les éditeurs devraient bien s’inspirer de cette idée fumante (j’emploie cette épithète à dessein). Ce serait, en somme, faire d’une pierre deux coups.

renato dit: à

Enfin, le « culturel » dans l’acception que je suppose être celle de Deguy ce n’est qu’un produit journalistique. Pas besoin de sortir l’artillerie. Par ailleurs culturel étant un adjectif, tout dépend de comment on l’emploie.

des journées entières dans les arbres dit: à

Cette question personnelle d’Emmanuel Carrère par rapport à la foi me semble très authentique et honnête. C’est de nature à donner envie de le lire, quoi que vos pulsions hormonales vous suggèrent, fractale de raviolis.

La fractale des raviolis dit: à

Contentez-vous de chanter à capella, comme Julius. Au moins, ça nous divertira.

Allez vous faire voir, « très chère », si ça vous vous chante mais acceptez que de vos conseils, injonctions, je n’aie que faire, en vain vous vous fatiguez et vous risquez d’y perdre du temps de l’argent, pour le reste je ne sais si tout n’est pas tout à fait pillé ou déglingué, qu’importe si c’est ce qui vous va, le diable s’habille en Prada.

Mme Michu dit: à

c’est grâce à un relâchement de la censure que la notre semble pire que d’autres

Faut rire ou c’est réservé à un cercle payant ?

des journées entières dans les arbres dit: à

« ce printemps-là… une nuit, dans une petite ville de montagne, des morts reviennent.

C’est un début qui me donne envie.

Chroniques de mon balcon dit: à

Je ne crois pas qu’on puisse réduire la lecture à un simple divertissement.

A en croire vos témoignages poignants les uns et les autres sur vos premières émotions livresques, on se demande si la Littérature est une secte ou une religion ?

La fractale des raviolis dit: à

des journées vous savez il est des chorales qui possèdent cette pulsion rythmique que beaucoup dont je suis leur envient, pour bouger sur une scène c’est pareil, elles ressemblent, ces chanteuses type top, à des algues marines réglées tout en grâce sur le tempo de l’orchestre, sorte d’algues longues et souples qui en plus de chanter dansent inlassablement pour majorer le plaisir, le compléter, un visuel sonore, vos histoires de pulsions hormonales ne me disent rien pour autant, d’une revue médicale?

Widergänger dit: à

Le mouvement dénoncé par Deguy vient de loin. On le voit naître chez Baudelaire qui avait senti intuitivement se dessiner dans les mouvements profonds de la société du XIXè siècle — Baudelaire étant une sorte de sismographe hypersensible des tremblements de terre souterrains à notre culture — dans sa conception des mythes et de ce que Claude Millet a appelé le « légendaire » au XIXè siècle. Dans son article de la Revue européenne de 1861 sur » Tannhäuser à Paris », Baudelaire cite longuement la « Lettre sur la musique », où Wagner explique pourquoi le mythe est la « matière idéale du poète », et il conclut : « (…) le mythe est un arbre qui croît partout, en tout climat, sous tout soleil, spontanément et sans boutures. (…) Comme le péché est partout, la rédemption est partout, le mythe partout. Rien de plus cosmopolitique que l’Éternel. » Il y a là une prise de position tout à fait réactionnaire au sujet du mythe (Mallarmé en aura une tout autre, de même Hugo dans La Légende des siècles, démocratie celle-là, analysées par Claude Millet (Le Légendaire au XIXè siècle, Puf) qui montre que les déplacements de sens de ce qui est « humain » (pour reprendre un terme clé de la Lettre de Wagner) par les mouvements de l’histoire sont enregistrés par Baudelaire avec une grande anxiété qui lui donne l’impression que le sol s’ouvre sous ses pieds, parce qu’il n’y retrouve plus précisément les fondements anthropologiques de sa culture. D’où son désir de confronter ces mouvements tectoniques souterrains qu’il sent le faire vaciller dans son attachement au légendaire et aux mythes avec le prosaïsme social qu’il s’efforce de mettre en œuvre mais sous tension avec le mythe et le légendaire dans ses Petits Poèmes en prose du Spleen de Paris. Très exemplaire à cet égard son grand poème en prose sur l’artiste qu’est « Le vieux saltimbanque », qui met en relation les mythes des forces chtoniennes de la tradition légendaires du clown comme l’explique fort savamment Starobinski et la foule hurlante d’une société de plaisir et de divertissement. Cette tension entre la réalité sociale et l’idéal communautaire est dans la perspective de la réflexion de Michel Deguy sur le « culturel » dans sa tension avec la culture. C’est tout à fait remarquable que Baudelaire l’ait déjà senti à son époque.

crayon en main dit: à

« Mais alors, Monsieur, quand nous lisons, nous ne comprenons qu’à peine 10% de ce qu’il y a dans le livre ! » un élève à WGG.

Et même il arrive, comme le dit ONP, qu’on y comprenne rien en tant que lecteur.

renato dit: à

En d’autres mots, personne ne vous pose un limite donc vous allez voir une expo de n’importe quoi… bijoux en pâtes alimentaires, par exemple… dépriment si vous aviez en perspective une carrière de critique d’art sans pour autant en avoir les moyens et construire un récit où les bijoux en pâtes alimentaires devient objet d’art vous valorise plus qu’il ne valorise le faiseur de bijoux en pâtes alimentaires lequel croira dans votre récit et ainsi de suite… c’est un truc qui marche avec le roman national ce serait incroyable qu’il ne marche pas avec votre récit… etc.

Chroniques de mon balcon dit: à

« les problèmes de la poésie de Ponge étaient déjà ceux de Malherbe, comme ils étaient déjà ceux de Du Bellay. Notre définition de l’art classique s’en trouve fortement troublée. »

La classification Classiques/Modernes est une vue de l’esprit des cervelles universitaires : le moderne, c’est toujours le dernier arrivé sur le marché du culturel, pardon, de la culture, et les classiques recoupent tous les morts qui précèdent les derniers artistes, de la plume, du pinceau et du pipeau, monsieur le professeur ML !

Sant'Angelo Giovanni dit: à


…livre,ou livre,…c’est un grand mot!,…

…autant que vivre ou vivre,…

…avec le temps,…une arche de Noé,!…

…pas moins!,…tout dépend de soi-même,…

….même avec les premières difficultés d’initié sa bibliothèque!,…en partant de rien!,…
…à vouloir reprendre ses cours, se rappeler des faits entre écoliers déjà,…continuer par les souvenirs et les remarques succédanés,…et entre les cours, des détails du cirque éducatif,…
…subir les privations , les libertés,…pour rien,…l’ordre de ne pas être son chef!,…dans les écoles d’états ou privées,…le Cinéma des vertueux,…

…en fin de compte!,…rester dans son cocon!,…diriger,…ses rêves,…par l’acquisition des connaissances sous d’autres concepts plus échiquier entre-elles!,…

…et, puis,…rester encore!,…dans son cocon,!…l’évolution perpétuelle, par soi-même,…hélas aussi, le temps de comparer et juger les religions et tout!,…et rester objectif!,…de son cocon!,…

…le train,…les paysages,…les divergences entre abrutis, et retour dans son cocon!,…aimer de loin,!…de chez son cocon!,…

…avec rien!,…bibliothèque-cocon,…devient château-virtuel,…romans entre marionnettes!,…je te met ici ou là!,…est tu fou ou évêque donc près du roi ou de la reine!,…et tu tour, au bout!,…dispositions, pour quelles analogies!,…les plateaux,…les cases éthérées en graphismes,…les accroches coeurs et répulsions,…imaginaires depuis son cocon!,…

…un cocon, un papillon, un rêve qui en veux plus,…plus à être son chef!,…au dessus de toutes les lois,…de retour dans son cocon,…
…alors, tu te lève!,…non,…mes rêves n’ont pas aboutis,…ce monde n’est pas le mien,…donc, à rejeter aux orties!,…

…vivre pour s’en foutre & laisser  » courir « ,…
…tu à fait ceci, médailles et tout,…
…je m’en fout, c’est pas de moi!,…
…allez en paix!,…avec votre  » brol-soumis « ,…par vos persécuteurs!,…c’est pas chez-moi!,…etc!,…

…autrement dit,!…allez-vous faire foutre,!,…bien reçus!,…

La fractale des raviolis dit: à

22h28 La religion officiellement acceptée n’étant guère plus qu’une secte majoritaire qui ne nuit pas à l’ordre et ne ruine pas ses adeptes.

renato dit: à

« Faut rire ou c’est réservé à un cercle payant ? »

Vous faites comme bon il vous semble, mais vous n’avez qu’à compter les morts… aller voir combien de gens mourraient à cause du seul fait que les médecins ne se lavaient pas les mains… sans compter les condition de travail, et ainsi de suite… mais il est vrai que tous les mécontents du présent pensent qu’avant c’était mieux…

Sergio dit: à

Paul Edel dit: 16 juillet 2014 à 17 h 53 min
C’est aussi une façon de lire, la manière militante.

C’est délicieusement suranné c’est roboratif ça réchauffe…

des journées entières dans les arbres dit: à

fractale des raviolis, no way: je ne vous lis pas.

En revanche, ceux qui veulent suivre Emmanuel Carrère sauront pourquoi.
Pour ma part ça tient à « la classe de neige », « la moustache », « un roman russe », « d’autres vies que la mienne »; c’est déjà un argument.

Widergänger dit: à

Chroniques de mon balcon dit: 16 juillet 2014 à 22 h 35 min

Bien sûr que non, voyons ! Ce que vous écrivez, c’est ne rien comprendre à la révolution poétique initiée par Baudelaire, que Hugo en sont temps a, lui, parfaitement sentie. Ni à la grande révolution dans l’art initiée par Cézanne.

Onésiphore de Prébois dit: à

S’il n’y a plus de sens (Dieu est mort, selon la formule célèbre de Nietzsche) qui viendrait de l’extérieur imposer un sens aux hommes, auquel ils n’auraient plus qu’à se conformer, il est bien clair que les hommes construisent chaque jour du sens en agissant, en écrivant, en luttant, en peignant, etc. (Widergänger)

Mais vous avez parfaitement raison, cher ami,et ,en athée conséquent, il m’arrive, plus souvent qu’à mon tour, d’adhérer (même avec enthousiasme) à cette vision des choses et de la défendre. Mais, en athée tout aussi conséquent, il m’arrive d’adopter,sur l’aventure humaine (et sur la mienne aussi), un point de vue qui , me semble-t-il, n’est pas très éloigné de celui de l’Ecclésiaste. Vanitas vanitatum et omnia vanitas, en donnant à « vanitas » le sens que ce mot a dans le latin classique. Lire l’Ecclésiaste en faisant radicalement l’économie de Dieu, cela vous amène à vous interroger sur l’utilité de cet effort acharné de l’humanité pour donner à son éphémère aventure un sens quelconque. Cela rejoint, me semble-t-il , les réflexions que nous développions l’autre jour sur l’individu. Si moi, insecte éphémère, je ne donne aucun sens ni n’accorde aucune valeur aux quelques années d’existence que j’aurai passées sur cette terre, parce que je vais mourir, c’est comme si, à moi tout seul, je ruinais tous les efforts — même les plus nobles, même les plus géniales — de toute l’humanité depuis les origines pour donner du sens à son existence sur la terre. Car ma conscience contient absolument tout de ce qui existe, puisque ce dont je n’ai pas conscience n’existe absolument pas : en ce moment, pour moi,ce que vous écrivez existe, l’écran devant moi existe, ce paquet d’élastiques noués avec lesquels je joue existe, ma montre posée sur mon bureau, et quelques autres choses encore (vaguement ma femme qui dort à l’étage au-dessous), et à peu près rien d’autre. Et, le jour où ma conscience s’éteindra à jamais, peu importe que Velasquez ait, un jour depuis longtemps aboli, peint « les Ménines », que personne ne verra plus puisque je ne les verrai plus. Il n’y a aucun espoir. Ce mot n’a aucun sens.

bérénice dit: à

Cette question personnelle d’Emmanuel Carrère par rapport à la foi me semble très authentique et honnête.
La perversité vous sert d’encre des journées, qu’écririez-vous sans et comment vous perçoivent ceux qui ne disposent pas de l’éclairage adéquat, Carrère pour le peu que j’aie lu, m’a ennuyée, je trébuche à chaque phrase et comme j’estime que là ne se situe pas ma quête à la lecture, je laisse, je quitte, j’abandonne.

La fractale des raviolis dit: à

à 22 h 44 min
fractale des raviolis, no way: je ne vous lis pas.
J’effectue un détour vous concernant je contourne mon mépris par curiosité, qui ne questionne n’avance.

D. dit: à

Si le peuple élu attend encore son messie, ce qui est le cas, alors l’histoire de sa relation avec Dieu n’est pas terminée et les écritures saintes qui la relatent sont actuellement une version temporaire qui attend d’être complétée.
Ce n’est que pure logique.

renato dit: à

« Faut rire ou c’est réservé à un cercle payant ? »
Pour ce qui est de la censure… vous conviendrez qu’aujourd’hui passe beaucoup plus d’information anxiogène que par le passé et en plus grande quantité… mais là aussi vous croyez ce que bon vous semble…

crayon en main dit: à

Cela rejoint, me semble-t-il , les réflexions que nous développions l’autre jour sur l’individu.ONP

A ce propos, j’ ai retrouvé de B. Focroule, R. Legros et T. Todorov : La naissance de l’ individu dans l’art Grasset – nouveau collège de philosophie 2005.

Relire en tir croisé, Hegel : la mort de l’ art et Tocqueville, l’art dans les limites de la démocratie.
L’ art suffit-il à exprimer la vérité de l’ esprit?
L’art du roman – le roman en tant qu’ art plutôt – est-il réductible à un mode de connaissance?

Widergänger dit: à

« Lire l’Ecclésiaste en faisant radicalement l’économie de Dieu, cela vous amène à vous interroger sur l’utilité de cet effort acharné de l’humanité pour donner à son éphémère aventure un sens quelconque. »

Oui, je comprends votre attachement à ce très grand texte que l’Ecclésiaste. C’est aussi mon préféré, voyez-vous, dans la Bible. C’est un texte à la gloire de D.ieu. Bien sûr on peut le prendre comme vous, à la gloire de Rien. Mais au fond, c’est exactement la même chose comme l’explique si bien Benny Lévy dans ses entretiens avec Finkielkraut sur la Laïcité.

De toute façon, juger de la valeur de l’anthropologie culturelle d’une civilisation sur un critère de simple « utilité » n’a absolument aucun sens. Il s’agit d’abord et avant tout d’une question d’identité, pas d' »utilité ».

Les couches sédimentaires accumulées de notre culture constituent, qu’on le veuille ou non d’ailleurs — la volonté n’a pas plus de sens à cet égard — notre identité culturelle. C’est bien pourquoi en son temps Baudelaire déjà s’en émeut, il voit remise en cause son identité profonde par les mouvements tectoniques dans les soubassements de la culture qu’il détecte en être hypersensible, Deguy aujourd’hui de même ! Ce qui est en cause ici, essentiellement, c’est ce que J.P. Vernant appelle « la fonction symbolique » d’une culture. J. P. Vernant note dans un article de la revue Le Genre humain (1991) consacré au « Religieux dans la politique » : « La religion est peut-être, d’une certaine façon, un autre aspect du langage. Moyen de communiquer, d’établir le lien social, elle est l’extrême pointe de ce que moi, incroyant, j’appelle la fonction symbolique. » Le fait d’être croyant ou incroyant, ici, n’a guère de pertinence, — on le voit bien.

des journées entières dans les arbres dit: à

fractale des raviolis, voyez avec le 22h53 que je ne lis pas non plus.

Sinon, le truc qui fait plaisir à Julius pour s’endormir, c’est un lied.
http://www.youtube.com/watch?v=uGAxAM5p0Qs

D. dit: à

Une question se pose alors : pourquoi Dieu fait-il attendre le peuple juif depuis déjà plusieurs millénaires ?
Une autre question s’ajoute : si le peuple juif attend son messie, pourquoi n’est-il pas impatient de le trouver – et donc pourquoi ne le cherche-t-il pas avec un minimum de motivation parmi ses différents représentants ?

La fractale des raviolis dit: à

23h08 Je crois qu’il vaut mieux pour vous, cesser là, ces enfantillages. Quant à moi je me passe de votre suffrage.

renato dit: à

« L’art appartient au passé », disait Hegel, probablement une provocation afin de se rassurer car l’art, comme il le connaissait, était en effet mort. Par contre, selon Gadamer, l’art est plus vivant que jamais…

Sant'Angelo Giovanni dit: à


…privilèges et manipulations,!…

…travaillez et crevez!,…Dieu vous aime!,…
…Avé Ceasar de mon Zob!,…Ah!,…Ah!,…
…l’esprit à poils!,…
…très beau gland, proéminent, magnifique forme aérodynamique, très susceptible aux éloges des courtisans!,…
…Gay’s , gaisha’s ,…l’art du glandeur!,…etc!,…n’insister pas, c’est réserver!,..Ah!,…Ah!,…mon 16 heure!,…

crayon en main dit: à

Le fait d’ être croyant ou incroyant, n’ a guère de pertinence,- on le voit bien.WGG

 » Mais l’ ouvre d’ art est-elle réductible à un mode de connaissance ? Est-ce une modalité à travers laquelle l’esprit d’une époque se réfléchit et exprime sa vérité ? Certes, il n’est pas douteux que toute œuvre soit révélatrice de son époque et nous éclaire sur les principes spirituels fondamentaux du monde auquel elle appartient. Balzac nous fait connaître la société de son époque d’une manière incomparable. Mais une œuvre est autre chose qu’un témoin ou un document. Nous ne lisons pas Balzac pour mieux connaître la société française de la première moitié du XIXe siècle. Nous attendons d’une œuvre qu’elle parle aussi par delà les époques, par delà les cultures, qu’elle ouvre à un monde qui est le monde de l’humanité universelle, au monde de la vie que les sciences présupposent et oublient. En ce sens l’art contemporain reste toujours susceptible de nous élever, non pas en nous faisant mieux connaître notre propre monde quotidien, en exprimant l’esprit contemporain de manière exemplaire, ou en le reflétant adéquatement, mais au contraire en rompant notre familiarité avec lui, en laissant surgir une dimension qui échappe à nos prises. C’est

ce que suggère Tocqueville quand il interprête l’art des Temps démocratiques non comme une modalité à travers laquelle l’ esprit démocratique se connaît de manière sensible, mais comme une ouverture à l’énigme de la condition humaine. »
R. Legros in La naissance de l’ individu dans l’ art page 226.

D. dit: à

Les fractales sont pour l’humanité beaucoup plus importantes d’un point de vue technologique que mathématique.
Pourquoi ? Regardez dans votre smartphone. Un minuscule circuit imprimé s’y trouve, circuit-antenne dont le principe fractal a été suggéré par la civilisation extraterrestre qui nous guide.
Dans l’avenir, nous utiliserons des vaisseaux dont la surface sera fractale à deux dimensions spatiales, et dont la fonction sera d’émettre un champ gravitationnel. Chaque réplication du motif de l’émetteur de base permettant une amplification du champ avec un facteur de 1,5, technologie déjà largement utilisée. « ailleurs »

Widergänger dit: à

Il faut lire à ce sujet les ouvrages de Marcel Gauchet, notamment les deux tomes de L’Avènement de la démocratie, Tome 1, La révolution moderne, Tome 2 La Crise du libéralisme, et Le désenchantement du monde Une histoire politique de la religion. Dans le Tome 1, La révolution moderne, il consacre d’ailleurs tout un chapitre à « La fondation en droit et l’invention de l’individu » (p. 77-115) où il retrace un historique de l’invention de l’individu au sens moderne du terme dont il voit l’origine dans Le Leviathan de Hobbes, 1651.

Pierre Brunel s’est intéressé à la conception du mythe chez Baudelaire dans un livre incontournable sur la question, publié aux PUPS, 2007 : Baudelaire antique et moderne. Super bouquin, comme tous les bouquins de Pierre Brunel d’ailleurs, qui est un de nos grands savants.

Onésiphore de Prébois dit: à

De toute façon, juger de la valeur de l’anthropologie culturelle d’une civilisation sur un critère de simple « utilité » n’a absolument aucun sens. Il s’agit d’abord et avant tout d’une question d’identité, pas d’ »utilité ». (Widergänger)

Oui, mais mon point de vue est purement individuel. C’est un peu comme si,devant la mort ,je ne me sentais pas solidaire du genre humain et réduit à une solitude radicale, la solitude du papillon qui s’abat pour mourir bien avant l’automne. Le seul adoucissement pour moi à la leçon de l’Ecclésiaste sans Dieu passe par Epicure. Seul compte le plaisir. Mais quel plaisir vaut mieux que l’autre, c’est la grande question. La question du plaisir, centrale chez Epicure, n’est pas épuisée par la fameuse distinction des plaisirs, même si celle-ci est un guide utile. Le plaisir de la créature individuelle qui se sait vouée au néant de la mort, le choix qu’elle fait de ses plaisirs, la hiérarchie qu’elle établit entre eux, sont les seuls moyens pour donner du sens et de la cohérence à sa vie, et renouer des liens avec la communauté humaine (d’où le rang éminent de l’amitié dans la hiérarchie des plaisirs que propose l’épicurisme).

des journées entières dans les arbres dit: à

C’est en reprenant ce livre,  » d’autres vies que la mienne » d’Emmanuel Carrère que j’ai repensé à cet article, paru dans philo mag, où l’illustration m’avait fait sourire, des hommes nus dans les arbres. Et puis sa sagesse, vis à vis de ce qui est, pour un écrivain, une mise en danger.
http://www.philomag.com/les-idees/dossiers/peut-on-vivre-plusieurs-vies-en-une-8512

D. dit: à

Pour changer de sujet, je vais travailler dans une crêperie de Concarneau pendant une quinzaine de jours, je peux pas dire laquelle pour des raisons de publicité, mais si vous vous signalez, vous serez reçu comme un roi.

Widergänger dit: à

Ce que dit Legros me fait repenser à mes dissertations de littérature en hypokhâgne sur des thèmes généraux concernant la portée d’une œuvre d’art, expression de son temps ou universelle ? Mais il pose très bien le problème en effet.

La représentation de l’individu semble naître en peinture dans la représentation des donateurs du grand triptyque des Frères Van Eck, « L’agneau mystique », dans la cathédrale St-Bavon à Gand. Et ensuite bien sûr à la Renaissance dans l’art des portraits. Une de mes collègues y emmène ses classes chaque année.

D. dit: à

C’est valable pour vous aussi, Bérénice. Da’illeurs je terminerai à 23h 30 le soir. Je dis ça à tous hasards.

Widergänger dit: à

Je comprends bien votre point de vue, ondp.

C’est un point de vue radical. Un point de vue très pascalien, et qui va même au-delà de Pascal. Pascal le dit pour le moment de la mort dans une pensée très célèbre sur la pelletée de terre qui achève une vie. Vous, vous le pensez pour le présent, comme une mort déjà là, à tout instant. On ne peut pas faire mieux… Là, je crois que les autres sont impuissants à vous en dire quoi que ce soit. C’est votre problème intime, qui a sans nul doute des causes tout à fait profondes qu’il ne nous appartient pas de juger. Mais cette vision toute personnelle ne dit rien de ce qu’il en est effectivement de la fonction symbolique dans notre culture actuellement, ni de ce qu’elle est théoriquement dans l’économie générale de notre culture.

Mme Michu dit: à

Etre content comme ceux que j’ai vu… Non, merci!

Ozymandias dit: à

J’ai lu « Guerre et paix » de Tolstoï en vingt minutes, ça parle de Russes et de Russie.

Widergänger dit: à

Puisque vous vous intéressez de très près à l’épicurisme, ondp, je peux vous recommander un super bouquin :
— Jean-Charles Darmon, Philosophie épicurienne et littérature au XVIIIè siècle, Études sur Gassendi, Cyrano de Bergerac, La Fontaine, Saint-Évremond, puf, 1998. C’est en lisant ce bouquin que j’ai vraiment compris la poétique de La Fontaine qui est une forme d’ataraxie. Au fond l’épicurisme repose sur une forme d’ataraxie, une sorte de boudisme à l’occidental.

Widergänger dit: à

Pas au XVIIIè siècle, mais au XVIIè siècle bien sûr !

Sant'Angelo Giovanni dit: à


…avec tout çà, pas le temps de me faire une branlette à deux mains,…enfin,!…Dieu y parviendra!,…Clovis prêt !,…Cum y gonde s’est au point!,…arbalète!,…mais c’est du Von Braun,…la lune entre deux capsules d’Apollo-apéritifs,…macro-micro économisex!,…vous êtes gonflés,…Ah!,…

renato dit: à

«…3 lustres au minimum ? »

Ils font partie du paysage, toutes les époques ont eu les leurs.

Pour ce qui est des lustres, seulement 3 ? Là, moi, maintenant, j’ai l’impression d’assister à un voyage dans le temps d’un groupe de touristes qui ont inventé le fil à couper le beurre… mais ils sont heureux, c’est déjà quelque chose…

D. dit: à

Vous êtes un sage, renato. S’il n’y avait que des gens comme vous ici, tout irait mieux.

crayon en main dit: à

Oui, WGG, l’ idiome commun, c’était la représentation.
Comme l’ écrit Todorov dans le livre cité supra :

 » je suivrai la piste que vous avez formulée selon laquelle l’art permet de produire de l’opacité et des questions. Et c’est en ce sens que j’y vois de la connaissance : pourquoi lit-on les œuvres du passé ? Ce n’est pas pour connaître la société du passé, mais pour mieux se comprendre soi-même.
De ce point de vue la crise artistique au tournant du XIXe et du XXe siècle est très significative. L’art prend deux voies différentes. D’une part, on assiste, dans tous les domaines, à la tentation de l’élimination du « je » et de son remplacement par le « nous ». Cela se produit dans tous les arts : l’individu ne compte pour rien, il n’y a que les masses. C’est le projet esthéti-que totalitaire d’un art qui se fabrique collectivement, au-delà de l’expérience individuelle. Mais d’autre part, on assiste, avec la même frustration, à l’émergence d’un « je » sans « nous », c’est-à-dire une subjectivisation à l’extrême qui renonce à l’idiome commun. Or en peinture, l’idiome commun, c’était la représentation. Tant qu’il y avait représentation, même si elle

était libre et seulement suggestive, cela identifiait pour tout un chacun un corps humain, un paysage, etc. Dans Impres­sion, soleil levant de Monet, on reconnaît à peine de quoi il s’agit, mais c’est un pay­sage identifiable. A partir du moment où la peinture se fait abstraite ou a fortiori conceptuelle, où est le monde commun ? Il disparaît de l’œuvre et ne persiste que, contextuellement, dans le commentaire que l’artiste ou le critique produisent. N’y a-t-il pas là un appauvrissement de l’art ? Sans pouvoir prédire l’avenir, je crois que cette rupture avec le monde commun sera une parenthèse dans l’histoire de l’art.
En littérature il y a eu des tentatives analogues de sortir du monde commun, mais elles ont été très vite abandonnées. La tentative la plus spectaculaire serait Finncgans Wake de Joyce, œuvre qui, à la limite, ne participe plus du sens commun. En réalité, dans la mesure où la littérature fonctionne dans l’élément du langage et que le langage fait partie du monde com­mun, il est impossible d’y renoncer com­plètement. Au fond si on regarde la production littéraire contemporaine, je dirais qu’ elle n’ est pas fondamentalement différente de celle des XIXe ou XVIIIe siècles. L’ expansion de la littérature égocentrique ou égocentrée n’ est que l’exagération d’ une tendance déjà présente au moins depuis les Confessions de Rousseau. »
Opus cité pages 234 à 236.

Widergänger dit: à

Dans ce bouquin de Darmon, il a consacré un chapitre absolument délicieux aux « Fables et le jardin : figuration du plaisir selon de La Fontaine, dont « Figurations du plaisir pur et poétique de la limite ».

On peut et on doit le faire jouer avec le numéro de la revue XVIIè siècle (octobre-décembre 2000, n° 209) consacré à l’imaginaire du jardin classique et l’art topiaire et une présentation remarquable de Patrick Dandrey sur l’invention du paysage et l’art du jardin depuis l’Antiquité.

Sant'Angelo Giovanni dit: à


…pour ce jouer du monde invoquer tout et son contraire!,…grotesque !,…
…je m’en lave les mains!,…etc!,…

Mme Michu dit: à

Toujours les même excuses du même rayon… Mais excuse-moi de pas te coller au train pauvre chou-qui-s’est-scrogneuneu-ragnagna!

crayon en main dit: à

Mais cette vision toute personnelle ne dit rien de ce qu’il en est effectivement de la fonction symbolique dans notre culture actuellement, ni de ce qu’elle est théoriquement dans l’économie générale de notre culture.WGG.

Excellente explication de « je » sans « nous  » de Todorov!

Mme Michu dit: à

Putain, non mais quand on se pommade le nombril avec certains sujets sans… ouais bon, rien… et pardon de ne pas me promener drogué politiquement correctement dans les rues!

Widergänger dit: à

Je crois qu’il y a une œuvre poétique où le « je » est sous tension avec un « nous », c’est l’œuvre d’Éluard. Une collègue qui a passé l’agrégation l’a eu au programme et la dissertation donnée aux candidats portait précisément sur ce problème d’un « je »universel dans la poétique d’Éluard. Donc, le jugement que vous rapportez est à nuancer fortement. Des tensions entre « je » et « nous » subsistent.

Mme Michu dit: à

Compter les morts, non mais, chez ceux qui se planquent derrière quels cadavres ???

Sant'Angelo Giovanni dit: à


…et demain,…sera le même jour,…
…avec les mêmes con(nes),…aux fonctions!,…

renato dit: à

« non mais quand on se pommade le nombril avec certains sujets sans »

Enfin, ils font dans le culturel et ils sont heureux, puisque personne ne me demande de l’argent, ni à toi du reste, qu’il fassent dans le culturel…

renato dit: à

« Compter les morts, non mais, chez ceux qui se planquent derrière quels cadavres ??? »

Moi, je n’allait pas si loin (préfère ne pas nommer les charognards), me limitais à l’époque où les médecins ne se lavaient pas les mains…

des journées entières dans les arbres dit: à

« Des tensions entre « je » et « nous » subsistent. »
c’est le nous de majesté, je présume. Et la dissertation, c’était certainement pour les branleurs qui font fac de psycho-socio, option psychanalyse.

crayon en main dit: à

L’ individuation moderne est très ambiguë WGG.

Et la question que se posent en conclusion nos auteurs est de savoir si nous  » avons encore la capacité de construire une culture de qualité qui articule le je et le nous. Ce n’ est pas gagné.(…)C’est certainement vers cet horizon d’un  » monde commun des individus  » que l’on se dirige; horizon encore bien flou et incertain mais dont la seule présence nous interdit de désespérer de l’ art. »

bérénice dit: à

Mme Michu je vous comprends, peut-être faut il s’excuser de n’être pas, pédophile, homosexuel, menteur, violeur, malhonnête, manipulateur, prostitué(e) que sais-je…, de ne porter que le manteau de l’individu normal soucieux consciencieux et pourtant coupable comme on peut l’être dans le Procès de Kafka.

Mme Michu dit: à

Que tous ces gens si respectables m’excusent de n’avoir aucune préférence marquée pour l’insulte «  » »décomplexée » » » en public…

bérénice dit: à

Michu vous avez des problèmes d’olfaction, savez-vous que les hallu olfactives peuvent aussi interférer sur la réalité, je ne vous prends pas pour une sanisette, je donnais un sentiment qui parfois m’occupe, cessez la parano je ne vous connais pas!

bérénice dit: à

ça par exemple, un effort de justice louable de la part de nos voisins anglais, difficile partie:

La révélation de plusieurs scandales de pédophilie bouleverse le Royaume-Uni

Londres Correspondant
Une liste de parlementaires soupçonnés d’abus sexuels a été mystérieusement détruite

La juge retraitée Elizabeth Butler-Sloss, chargée d’une enquête sur la pédophilie, est critiquée pour sa proximité avec des personnes impliquées dans le scandale. LEON NEAL/AFP

J’ai fourni des garçons prostitués très jeunes à des ministres conservateurs  » (Sunday Mirror).  » Thatcher était au courant des abus commis sur les enfants  » (Sunday People).  » La chasse aux pédophiles VIP s’élargit  » (Sunday Times). Comme l’indiquent ces manchettes de la presse dominicale britannique, après la BBC, le monde artistique, le clergé et les autorités locales, c’est au tour des cercles politiques de Westminster d’être éclaboussés par les scandales de maltraitance surgis du passé.

Face à l’émotion suscitée par de nouvelles accusations de pédophilie impliquant cette fois des responsables politiques, le premier ministre conservateur, David Cameron, a annoncé une série de mesures destinées  » à faire toute la lumière  » sur les accusations pesant sur des parlementaires.

Confiée à une juge de renom à la retraite, la baronne Elizabeth Butler-Sloss, une enquête officielle de grande envergure doit permettre d’établir la manière dont les autorités ont traité les affaires de pédophilie. Vingt et une autres enquêtes policières – dont cinq rien qu’à Londres – couvrant 13 comtés du royaume sont actuellement ouvertes pour élucider des cas de pédophilie à l’échelle locale.

Par ailleurs, le gouvernement de coalition de centre droit étudie la promulgation d’une loi associant à un délit criminel la non-divulgation de soupçons d’abus sexuels contre des enfants. Pour l’équipe au pouvoir depuis 2010, il y a urgence à intervenir, car la destruction d’une centaine de documents incriminant notamment huit parlementaires soupçonnés de pédophilie a alimenté la polémique. Ces preuves avaient été remises en 1983 par un député conservateur, croisé de la lutte contre la maltraitance des enfants.

Cette destruction, que le ministère de l’intérieur a été incapable d’expliquer, fait resurgir les accusations d’une conspiration de l’establishment de Westminster protégeant ses membres par esprit de corps. Une omerta qui a permis d’occulter les pires abus sexuels sur des enfants ou des jeunes gens, estime Norman Tebbit, un ancien ministre de Margaret Thatcher, tory pur et dur.  » A l’évidence, à cette époque, la majorité des gens estimaient qu’il était plus important de protéger le système que d’aller fouiller trop loin « , estime-t-il.

Lord Leon Brittan, ex-commissaire européen, qui était ministre de l’intérieur au moment des faits, est sur la sellette. Il en est de même de Lord Michael Havers, le propre frère d’Elizabeth Butler-Sloss, procureur général entre 1979 et 1987, qui aurait fermé les yeux sur les accusations portées contre un diplomate de haut rang appartenant à un important réseau pédophile.  » De par sa génération et son parcours, – Elizabeth Butler-Sloss – est proche de bon nombre de gens impliqués dans ces affaires « , souligne le quotidien The Guardian, qui, comme les travaillistes, évoque un conflit d’intérêt personnel pour contester la nomination de la présidente de la nouvelle commission d’enquête.

En outre, les trois grands partis, conservateur, travailliste et libéral-démocrate, se sont engagés à ouvrir leurs dossiers sur des cas individuels de députés ou de pairs suspectés d’actes pédophiles. Mais la destruction des dossiers des ministres et parlementaires tories visés alimente les rumeurs sur l’identité de la vingtaine de responsables politiques répertoriés sur une liste dressée par la police.

Les révélations, en 2012, sur les innombrables abus sexuels causés par Jimmy Savile (1926-2011), l’animateur vedette de la BBC, et la récente condamnation à la prison de deux célébrités, l’ancien gourou des relations publiques Max Clifford et l’ex-animateur Rolf Harris, ont libéré la parole. Ainsi, au cours de la semaine dernière, au moins 500 victimes présumées de pédophiles ont contacté la police ou leur député pour leur raconter les abus subis.

Déjà visés par de grosses réductions budgétaires, les services sociaux sont débordés devant l’alourdissement de leur charge de travail. Depuis le début de l’année, les prisons ont accueilli quelque 800 détenus supplémentaires directement liés aux enquêtes sur la pédophilie. Impliqués dans des actes commis il y a parfois plusieurs décennies, la plupart d’entre eux sont des personnes âgées qui nécessitent des soins spécifiques.

Beaucoup soulignent les maigres résultats et le coût élevé pour le contribuable des grandes commissions d’enquête passées qui se sont penchées sur la guerre en Irak, la tragédie du stade d’Hillsborough, le  » Bloody Sunday  » de Londonderry ou, plus récemment, le scandale des écoutes clandestines du News of the World. D’autres s’inquiètent des risques d’hystérie collective que peut provoquer cette intense médiatisation, à l’instar de la campagne anti-pédophilie lancée en 2000 par le tabloïd News of the World. L’hebdomadaire dominical avait dû arrêter la publication des noms de coupables répertoriés dans le registre officiels des délinquants sexuels à la suite des violentes attaques contre des innocents.

Mme Michu dit: à

Et allez, roulez pour l’idéologie…

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