La merveilleuse démesure d’Alejo Carpentier
Lorsqu’on parle de la littérature latino-américaine, et de ce que l‘on a appelé le « boom », une seule expression suffit à la définir : le réalisme magique. Appliquée de préférence à l’emblématique Cent ans de solitude, de Gabriel García Márquez, cette étiquette procède de l’inventeur d’un style romanesque, Alejo Carpentier (1904-1980) qui, dépassant l’indigénisme fondateur de Miguel Ángel Asturias et de Rómulo Gallegos, découvre, en parcourant l’Orénoque et en pénétrant la jungle amazonienne, ce qu’il qualifie, lui, le tout premier, de « réel merveilleux ». Mais chez celui qui prétendait avoir « besoin de démesure pour écrire », était-ce la réalité ou un rêve ? L’écrivain Jean-Louis Coatrieux, qui a longtemps vécu au Venezuela et en a parcouru tous les méandres, opte judicieusement pour ce second terme en nous offrant Le Rêve d’Alejo Carpentier, qu’il partage en deux moments biographiques, l’un, intitulé Coabana (éditions Apogée, 2019), décrivant sa jeunesse cubaine, et l’autre, Orinoco (Apogée, 2021), son long séjour à Caracas. Le rêve, selon lui, prélude à toute écriture, se nourrit ici d’espace : les flots tumultueux de l’Orénoque et l’immense llano vénézuélien – savanes et brousses tropicales.
Qui ose parler de rêve à propos d’Amérique latine ne peut que renvoyer à Simón Bolívar, ce Vénézuélien qu’on surnomma El Libertador, un rousseauiste de première, pétri des Lumières qui inspireraient à Carpentier son plus célèbre roman : Le Siècle des Lumières (1962), et qui rêva au XIXe siècle de libérer toute l’Amérique hispanique du joug espagnol, et de l’unifier, et ce rêve des États-Unis d’Amérique du Sud – la Grande Colombie, selon ses termes −, nous le savons, échoua pour finir en cauchemar et en émiettement caudillesque : « Où aller en Amérique latine, s’écrie Carpentier, sans tomber sur une dictature installée ou en gestation ? ». Simón Bolívar, finalement, laissera son nom au seul territoire ingrat de la Bolivie, en abandonnant son patronyme à la monnaie fluctuante du Venezuela, le bolivar.
Le grand mérite de Jean-Louis Coatrieux est de parcourir ce rêve d’Alejo pour en bâtir sa demeure, sa superbe trilogie jalonnée par Le Royaume de ce monde (1949) le Partage des eaux (1953) et Chasse à l’homme(1956), les trois chefs d’œuvres primordiaux d’une production uniformément marquée du sceau du génie caribéen à laquelle il aura manqué la couronne du Nobel. Si le glossateur a laissé dans Coabana son personnage naviguer entre Paris et Cuba, dans l’amitié fervente de Robert Desnos, partagé entre ses diverses ascendances, né en Suisse à Lausanne, breton, certes, par un père « intermittent » − matière d’un précédent livre : Alejo Carpentier : de la Bretagne à Cuba (Apogée, 2017) −, russe par sa mère, cubain par l’enfance et l’héritage de la terre, latino enfin par tous ses pores, nous découvrons ici Alejo, svelte quadragénaire et « son air bougon », au Venezuela, où il passe quatorze années de sa vie, et où il réalise ses promesses parisiennes d’écriture.
Il sera là journaliste, chroniqueur, conférencier, musicologue et, par-dessus tout, romancier, ce qu’il devient sur le tard, passé la quarantaine. C’est sur cette terre, où le biographe (fictionnel) a vécu plusieurs années, qu’il est saisi, dans la gangue de ses doutes et de ses manquements, de ses frustrations et de ses espoirs, mais aussi de ses aspirations et ses émerveillements, car toute son écriture est marquée par la fièvre et le grondement des eaux indomptables de cet Orénoque, le plus mythique des fleuves américains. On ne s’étonnera pas de la prédilection de Coatrieux, au centre du récit, pour Le Partage des eaux, tout imprégné des flots fluviaux si l’on sait que ce roman fut le mieux accueilli en France où il fut couronné du prix du meilleur livre étranger en 1956.
Se doutant bien que la biographie est, en soi, un genre faux car il donne pour réels les mots inventés par le biographe pour traiter de situations, d’êtres et de choses qui n’appartiennent en propre qu’à l’Auteur et à son écriture, Jean-Louis Coatrieux, au terme de patientes recherches qui l’ont fait marcher dans les pas de Carpentier et fouiller maintes archives, réinvente la parole de l’écrivain cubain en lui laissant la parole, de la même façon qu’un Pierre Pachet, investissant un genre particulier de biographie où le il est un je, en publiant Autobiographie de mon père (Autrement, 1994). Ainsi entend-on donner un sceau de véracité à tout ce qu’en vérité on invente. Et c’est ce début fulgurant d’Orinoco :
Étais-je devenu fou dans mes obsessions de grands départs ?… Le doute me taraudait…Cet inconnu devant moi, de plus en plus présent, que nous réservait-il ?… Je voulais certes respirer à nouveau, regarder autrement la terre à l’horizon, porter l’histoire à travers des visages et des noms, pouvoir ainsi compter des jours qui compteraient pour des vies entières.. J’avais un continent en héritage.
N’est-ce pas là un nouveau découvreur qui parle, un conquistador ? « Je m’étais mis en tête de découvrir l’Orénoque », confie-t-il. Voilà donc un je qui déroule ses jours au travers de rencontres, de dialogues et de journaux intimes, un narrateur entouré de personnages droit issus de la plume de « l’autobiographe » − ici un cireur de chaussures, là un marchand de journaux, tous deux intermédiaires indispensables des circonstances historiques et moteurs de la progression romanesque − et d’autres bien réels à qui est donnée la chance d’une nouvelle vie, comme Andrea [Andrea « Lilia » Esteban Hierro], cet « amour sage », la troisième épouse d’Alejo, qui l’assiste avec tant de dévouement pendant son séjour à Caracas ; ou ce Carlos Eduardo Frías qui l’y a fait venir pour enseigner l’histoire de la culture à l’école des Beaux-Arts ; voire, au loin, ce jeune et turbulent avocat nommé Fidel Castro qui, en fin de séjour caraquègne, et après la chute du dictateur, lui demandera de revenir à La Havane s’occuper du livre, de la lecture et de l’éducation des Cubains.
Mais que va-t-il chercher, cet Alejo, qui, en musicologue, prétend remonter aux sources de la musique, si tant est qu’elle ne fut d’abord que la captation des bruits de la faune et de la flore ? Et lui qui déclare « qu’en écrivant j’entreprends une partition », c’est bien vrai qu’il s’émerveille du concert – baroque, certes, dont il nourrira plus tard un autre livre : Concierto Barroco (1974) − que la tribu amérindienne des Yekuanas lui offre au réveil, tournant en procession autour de l’ette (hutte collective), avec force tambours et trompettes, et cela va durer « jusqu’à ce que la lumière du soleil atteigne le pied de l’arbre de la vie », marquant ainsi le début des activités de la journée. Donnant lieu à cette description musicale :
Flûtes en bambou sculpté, trompettes en forme de conques, sifflets peints et gravés, séries de tambours, maracas… Le chaman prit une poterie dans ses mains et la posa devant lui avec précaution. Deux flûtes, l’une en bois clair, l’autre sombre… Et il souffla dans les flûtes introduites dans la poterie servant ainsi de caisse de résonance… Il parle à présent des dieux et ce sont les dieux qui parlent. La musique ne peut pas être emportée. Les esprits tueraient les Yekuanas parce que la musique, c’est leurs vies
Et ce chaman devra agiter sa « maraca sacrée, celle qui guérit », pour assurer le bien-être de tous. Mais où sommes-nous donc ? Aux portes de la Création, assurément, et ce qu’Alejo Carpentier est venu chercher là c’est bien cette remontée du temps qui le conduit en quelque sorte au paradis initial, loin de la faute et de la culpabilité chrétienne :
Je me trouvais face à un réel plus grand que l’humain, un réel d’avant l’humanité. Je voyais sous mes yeux la naissance du monde.
C’est pourquoi, saisissant sa plume d’écrivain après ce voyage initiatique, Alejo Carpentier, par la bouche de son glossateur, déclare chercher « dans l’histoire des Amériques une réalité capable de renouveler une littérature à bout de souffle ». Dès lors, la visée mise à jour par Jean-Louis Coatrieux est double : d’une part, sociale et politique, à l’inverse du folklorisme et des bardes de l’indigénisme, elle entend faire le procès de notre époque consumériste, et qui a connu le pire de tous les totalitarismes, en encourageant un retour aux sources – bolivariennes, pour d’aucuns – par la renaissance de l’utopie ; d’autre part, en s’affirmant comme écrivain américain, dans la difficile synthèse d’un Occident pétri de raison raisonnante et d’un monde amérindien peuplé de mythes, de pensée magique ou de déraison, mais une « société sans histoire… en osmose avec la nature ». Et, cela saute aux yeux, dans un cousinage avec Claude Lévi-Strauss et ses Tristes tropiques (1955), autre voyage initiatique, paru deux ans après Le Partage des eaux. Un seul but alors : réinventer une littérature dont l’arc esthétique tient en ces deux mots : réel merveilleux.
En s’envolant du Venezuela pour rejoindre La Havane et sa patrie, Carpentier se laisse aller à cette réflexion camusienne : « Aujourd’hui se terminèrent les vacances de Sisyphe ». C’est l’ultime phrase du roman Le Partage des eaux. Et, en bonne logique, le dernier mot de Jean-Louis Coatrieux refermant le livret de l’autobiographie d’Alejo. Une phrase décisive, car enfin, lorsqu’on a cessé de rouler son boulet, tout peut vraiment commencer. Et toi, lecteur, ose entrer après moi dans les portes claquantes de la maison Carpentier où suffit la cheville ardente d’un regard, ouvre ses romans, délivre-toi du mal et réjouis-toi de la vraie vie, la vie des livres. Et toute leur merveilleuse démesure.
On ne peut dire tous les bonheurs de cette lecture, mais quelle belle redécouverte de cet immense écrivain à l’improbable identité, tous sangs mêlés, qui imposa la pensée caraïbe et l’écriture magique dans maints cercles littéraires, et notamment en France où il aura tant vécu, d’abord enfant, puis étudiant, compagnon de route de Desnos − « Un frère, un deuxième moi », dira-t-il −, d’Antonin Artaud ou de Queneau, et enfin diplomate au service de Fidel Castro − qui apparaît furtivement dans ces pages en jeune homme prometteur −, pour finir ambassadeur de Cuba à Paris. Une fois refermé ce récit apologétique – normal pour un je qui parle, tel le Rousseau des Confessions et « qu’un seul te dise, s’il l’ose, je fus meilleur que cet homme-là ! » −, il n’est plus que de retrouver en bibliothèque ou un librairie les autres titres du plus grand écrivain cubain et d’une des plus grandes voix des lettres latino-américaines, du Recours de la méthode à La Harpe et la lyre, en passant par le Concert baroque, en se laissant griser de toute cette musique que le romancier aura tant servie et de ce parler d’or que Jean-Louis Coatrieux, son glossateur, nous fait entendre.
ALBERT BENSOUSSAN
(« Albert Bensoussan » et « Alejo Carpentier » photos D.R.)
4 Réponses pour La merveilleuse démesure d’Alejo Carpentier
il y a une avenue S.Bolivar à Paris dans le xix ème !
on ne l’a pas oublié; et c’est mon enfance
beau papier à garder dans ses archives.merci
Merci pour ce bel article autour d’un écrivain qui meriterait une plus grande visibilité à la hauteur de son immense talent
C’est dans doute à cause son profil d’ecrivain, certes de langue espagnole, mais trop marqué par la France , où il a longtemps vecu et qui se rappelle à nous jusque dans son patronyme hérité d’un ancêtre breton, qu’Alejo Carpentier ,cet immense romancier cubain n’a pas été nobelisé , le jury du prix se souciant le plus souvent de couronner a la fois une œuvre et une nation
Les romans d’Alejo Carpentier restent pour moi des moments de lecture éblouissants ; je vis souvent la relecture de certains passages comme la dégustation d’une gourmandise:. L’intelligence, le brio ,l’humour associés a tant de maestria dans la construction romanesque et d’élégance dans l’écriture , laissent à mes yeux , loin derrière ce franco cubain, même les grands de l’Amerique latine les Rulfo, Garcia Marquez, Roa bastos, et autres Arenas
Pour évoquer quelques pépites tirées du torrent de richesse romanesque que charrie cette œuvre, une inoubliable page du Royaume de ce monde ,ou il met en scène avec force , mais aussi distance et ironie ,Pauline Leclerc, sœur de Napoleon et futur modéle de Canovas ,dans son bain , sous le regard de son splendide et sculptural serviteur noir ,s’abandonnant à la conscience jouisseuse qu’elle a du désir qu’elle suscite en lui; Et après la mort sur place de Leclerc son mari l’évocation de la même à son retour en France ,sur le bateau « où ses voiles de veuve se prennent dans les éperons d’un bel officier » .
Comme j’ai l’habitude lorsque j’offre un livre de m’en tenir des livres que j’aime , j’ai souvent offert les deux livres d’Alejo Carpentier que je préfère et qui me semblent ses œuvres les plus accomplies, le Siecle des lumieres qui mêle avec maestria personnages historiques et personnages de fiction ,et La danse Sacrale magnifique évocation du monde cubain d’avant Castro
Le texte d’Albert Bensoussan offre une belle introduction pour appréhender la matière même, la chair, les espaces, les imaginaires, constitutifs de l’univers littéraire d’Alejo Carpentier. On prend la mesure du génie, on comprend les voies qu’il a ouvertes à la création artistique en Amérique latine et dans le monde.
Je voudrais, pour ma part, parler des sentiments et questionnements en abîme que suscite en moi le parti que Jean-Louis Coatrieux a pris d’écrire son roman à la première personne. D’être Alejo Carpentier.
Il en découle à mes yeux un intérêt qui, tout en détachant de l’œuvre écrite, renvoie à son écriture. Dans Orinoco, on vit la conception, la gestation, la mise au monde des premiers romans de l’écrivain. On voit un intellectuel, journaliste, aspirant à mener à terme son « projet », le roman dont il rêve qu’il le consacrera vraiment écrivain, vivre au jour le jour son installation et son séjour au Venezuela. Le « réel merveilleux » s’invente dans la banalité des nécessaires occupations domestiques, heureusement magnifiées dans les moments employés à cuisiner saveurs caribéennes et amazoniennes. Ce quotidien doit aussi assumer les charges attachées à l’exercice d’un travail alimentaire dans une boite de communication, l’ARS, dont la branche principale est grossièrement publicitaire, et le but général purement capitaliste. La relation détaillée des programmes radios animées par Alejo, nous fait découvrir un militant soucieux – autant qu’il le peut, dans le choix des invitations d’écrivains, d’artistes, ou dans l’élaboration même des contenus d’un divertissement populaire – de proposer de la qualité, de semer des ferments œuvrant à la démocratisation de la culture. « Sur fond ambiant de business qui suintait par tous les pores de la boutique, je fermais les yeux en soupirant et me réfugiais dans le choix des musiques d’accompagnement ».
Aléjo Carpentier est un intellectuel engagé. Le roman de Jean-Louis Coatrieux relaie, en leur conservant leur caractère évènementiel (surgissement, confusion, rumeurs, peurs … ) les échos, eux aussi quotidiens – liés à l’irruption des soubresauts de la vie politique, alternant phases de luttes partidaires et golpes militaires – des débats, des conflits qui divisent le milieu des intellectuels petits-bourgeois aux côtés lesquels il travaille ou avec qui il est ami. Certains mettent leurs espoirs et leur confiance dans une coalition des forces socio-démocrates et du parti chrétien, d’autres sont prêts à toutes les compromissions avec les dictateurs en puissance, quelques-uns, comme lui, adhèrent à la voie ouverte par l’avènement du combat castriste.
Cette écriture, contrariée, souvent au bord de l’asphyxie, trouve oxygène dans l’équilibre que lui apporte l’amour qui le lie à Andréa, dans la qualité des temps vécus en famille, qu’ils ont ouverts à Dalisay, la muchacha métisse qui habite avec eux comme une fille adoptive. Ils privilégient ces temps, comme ils préfèrent la fréquentation de la rue, des fêtes, des meetings, et des barrios pauvres de Caracas, aux repas obligés et aux soirées mondaines. L’œuvre trouve matière dans la découverte de cette société troublée, de ce peuple mêlé, indiens, descendants de conquistadors, migrants européens.
Ce quotidien, imposé ou choisi, ne laisse à Alejo que trop peu de temps pour écrire. Le plus souvent celui-ci se prend à petites doses éparpillées, appliquées à saisir les innombrables irruptions de l’inspiration, idées dans la tête, phrases sur des bouts de papier, carnets et, par intermittence, un journal.
Au centre de l’agenda dont Coatrieux déroule les journées, les semaines, les mois, les années, la remontée de l’Orénoque occupe une place singulière. Alejo se met en congé de ses obligations, parvient à monter une expédition, pénètre dans la forêt amazonienne et séjourne dans le village d’une tribu des Yekuana. L’auteur du partage des eaux a rejoint son rêve, ce « réel plus grand que l’humain ».
Rejoignant Cuba, Alejo peut dire que « le Venezuela lui avait donné ce qu’il était venu chercher. Des paysages de géants, des métissages de peaux et d’âmes, le continent dont je rêvais, mon Amérique. Et même le temps d’écrire, comme je l’avais promis à ma mère ». L’approche de Jean-Louis Coatrieux, nous restitue les angoisses d’Alejo – où pointent le quant-à-soi, la vulnérabilité de l’ego de l’homme de lettres conscient de ses mérites, préoccupé de faire partie de la bande – dans l’attente de savoir l’accueil qu’il va recevoir, pressant ses correspondants à Paris de lui faire part des récensions parues de son Royaume de ce monde, traduit en français, des réactions des écrivains qui comptent pour lui. On y découvre l’étendue des liens, la qualité des amitiés que Carpentier à nouées dans le monde des lettres et des arts pendant la partie parisienne de sa vie.
La faculté foisonnante, à reconstituer ou à inventer si véridiquement le quotidien comme le rêve de son personnage, manifestée par Jean-Louis Coatrieux, écrivain lui-même et connaisseur du Venezuela, ne laisse aucun doute sur les vécus personnels qui lui ont donné accès à cette justesse aussi bien documentaire que littéraire. Je trouve que la réussite de son entreprise tient en ceci que, refermant son roman, on puisse dire Alejo est Coatrieux.
Cette fabrication du double est omniprésente dans l’œuvre de Jean-Louis Coatrieux. Dans In Abcensia il est Nâzim Hikmet, il est Federico Garcia Lorca, il est Pablo Neruda. Il est Mariano Otero dans Tango monde. Dans un autre de ses livres, « Là où la rivière se repose », il rend compte de la « vérité de la parole inventée » : « elle traduit ce que l’autre a de soi, ce que soi a de l’autre ». C’est un étrange sentiment que, lecteur, je partage avec l’auteur. Ce qui s’imagine, s’invente, ce qui s’écrit, se lit, est la matière même, mêlée indistinctement, de nos vies.
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