de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres
La poésie méditerranéenne dans la rumeur des langues
  

La poésie méditerranéenne dans la rumeur des langues
  

Pessoa l’avait écrit, ne me demandez pas où, je n’ai retenu que les mots dans cet ordre :

 « La poésie est la preuve que la vie ne suffit pas ».

Un livre à lire, à savourer et à relire « en stéréo » avec Le Goût de la Méditerranée (qui réunit des textes d’écrivains, de romanciers, parfois de poètes choisis et présentés par Jacques Barozzi, 112 pages,, 8 euros, Le Petit Mercure/ Mercure de France) suffirait à emporter l’adhésion des plus sceptiques. Il est vrai qu’il en contient d’autres puisque Les Poètes de la Méditerranée (955 pages, 12 euros, Poésie/Gallimard/ Culturesfrance) est aussi une anthologie. On dira qu’elle n’est pas la seule. Sauf que celle-ci, parue il y a quelques années, est bilingue et dans toutes les langues originales : à ce prix-là et en format de poche, réunissant sous la couverture staëlissime de La plage à Agrigente dorée comme jamais, on n’en connaît qu’une, surtout de cette qualité et de cette variété.

Cette réunion, son éditrice Eglal Errera l’a conçue comme un périple d’Athènes à la Macédoine en passant par la Turquie, le monde arabe, Israël, la péninsule ibérique, la France, l’Italie. Vingt-quatre pays chantés par leurs villes mythiques davantage qu’à travers l’idée de nation. Des pays qui ont tous façade sur mare nostrum comme on a pignon sur rue. Des cités, des ports, des villages parcourus par ce frémissement qu’André Velter appelle« la rumeur des langues ». Ce recueil en compte dix-sept dans sept alphabets. Le monde méditerranéen est un creuset dont l’or est fait de toutes ces langues. 

On y croise cent un poètes sur quatre générations, Kiki Dimoula, Gulten Akin, Issa Makhlouf, Avrom Sutzkever, Ghassan Zaqtan, Tahar Bekri, Antonio Ramos Rosa, Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid, Jacques Roubaud, Milo de Angelis, Antonio Colinas, Blanca Andreu, Andrea Zanzotto,  Miodrag Pavlovic, Ana Ristovic, Damir Sodan, Immanuel Mifsud….

C’est peu dire que l’on y fait des découvertes car certains ont été publiés en français de manière si confidentielle, lorsqu’ils l’ont été, que seul ce genre de complot permet enfin de porter leur voix. Et, malgré l’aide efficace du réseau de Culturesfrance, on comprend que la réalisation du projet tienne de l’exploit lorsqu’on sait les problèmes de droits que cela a engendré auprès d’auteurs, de traducteurs et d’éditeurs dispersés. Voilà pour les chiffres. Pour le reste, des mots bruissant des voyages et des exils qui n’ont cessé de se nouer depuis des siècles autour de la mer du milieu et que la poésie n’a cessé de refléter.

Il va de soi qu’un tel livre ne se lit pas en continu. Encore qu’il y a sûrement des lecteurs pour lire une anthologie dans l’ordre, et pourquoi pas. Sauf que celle-ci est d’une telle richesse qu’elle ne laisse pas vaincre avant des jours et des nuits, qu’il faut y revenir, déposer les armes et se laisser surprendre au bonheur du feuilletage, pour tomber sans qu’il crie gare sur un vers de Nuno Judice transporté dans notre langue par Michel Chandeigne évoquant « un baptême d’écumes saoules se fracassant dans le tumulte des morts ». C’est avec de tels recueils près de soi que la notion de livre de chevet revêt tout son sens. Dans sa préface célébrant dès l’entame un Dante habitué aux échanges entre haute mer et rivages, Yves Bonnefoy rappelle que toute la Méditerranée se rassemblerait autour de « l’idée grecque de l’évidence », un mot de même étymologie que « lumière », étant entendu que l’évidence concerne la rencontre entre la mer et la poésie. Dénonçant le désastre aux conséquences sans fin que furent à ses yeux les Croisades, il déplore une situation qui ressemble fort à un constat d’échec :

 « La Méditerranée est un grand chiffre clair, mais qui n’a pu traverser d’assez de rayons le politique ou le religieux ».

N’empêche qu’à la fin, ivre de cette lecture nomade, on comprend mieux celui qui disait que la lumière méditerranéenne est invisible car elle est la lumière même. Une réflexion jetée au bas d’une lettre, qui n’était pas d’un poète mais d’un peintre, Nicolas de Staël.
 Un pour la route. Lisons-le comme un salut à l’Egypte. Une poignée de vers seulement extraits du poème intitulé « Tatouage du fleuve sur la géographie du corps » de l’égyptien Mohammed Afifi Matar (1935-2010), traduit par la poétesse libanaise Vénus Khoury-Gata également présente quelques pages plus loin dans ce recueil :

 « (…) et sur l’autre rive les soldats du roi cruel aiguisaient leurs lances/ Entre nous le fleuve de la maternité/ le sevrage, entre nous la terre des humiliés, le temps des monarchies, les mamelouks du sang/ unifié, le pain de cuivre/ et l’histoire des prisons/ Et moi ! Ah de la haine –je lance un pont pour qu’ils me tuent/ pour que le fleuve de sang rejette les poissons de tous ces meurtres/ je me retiens j’attaque/ lance un pont pour qu’ils me tuent/ afin de laver mon visage/ et d’apprendre la violence de la nage dans le fleuve de mon sang (…)  La tête coupée par l’épée je la prendrai et m’en irai/ loin du royaume de la peur/ des terres des mamelouks du sang unifié/ dans les cavités de ma tête je plierai le tapis de la terre/ construirai, habiterai/ une patrie, dévoilerai les trésors de ses gravures sanglantes/ chasserai le monde, effacerai la chronique de la voix, l’argile de la mort, les épines de l’alphabet (…) »


(« Agrigente » huile sur toile 73 x 100 cm de Nicolas Staël, « peint en Provence » en 1953, est-il précisé au dos du tableau, Kunsthaus de Zurich. Plus de détails dans Le Prince foudroyé, la biographie que Laurent Greilsamer consacra au peintre chez Fayard)


Cette entrée a été publiée dans Poésie.

1635

commentaires

1 635 Réponses pour La poésie méditerranéenne dans la rumeur des langues
  

closer dit: à

Jean Clair, fils de paysans pauvres déracinés à Pantin, le père poinçonneur du métro, la mère concierge, académicien français, grand historien de l’Art…La recette? La méritocratie républicaine, des instit. exigeants, des profs de même, des bourses…La France d’avant.

Qu’en disent les bourdivins et Clopine?

closer dit: à

Qu’est-ce qu’on dit à Tonton Passou Barozzi?

de nota dit: à

dernière minute!l’info du libraire: cette anthologie est épuisée chez l’éditeur…

Clopine dit: à

Closer, n’est-ce pas vous qui avez mis en ligne cette philosophe qui apporte la réponse à votre question ? Je lui emboîte le pas sur la « méritocratie » : il ne faut en avoir ni honte, ni orgueil…

Jazzi, te voilà adoubé ! Dommage que notre hôte n’ait pas été le premier à saluer ton « goût de la Méditerranée » : là, il ne fait qu’emprunter un chemin déjà tracé, mais ne lui en voulons pas ! C’est déjà ça ! (et tu le mérites).

Et si battais le fer de la renommée pendant que la trompette n’en est pas encore bouchée ? Et faire ressurgir, je ne sais pas moi, un projet de film ? Tiens, pourquoi pas sur Cannes, ta ville natale ? Et ça se passerait sur une seule journée, de l’aube au soir, et ça raconterait la drôle de tapisserie de la ville : une maille à l’endroit, tapis rouge déployé sous les talons aiguilles des stars, une maille à l’envers, cageots de légumes sous les étals du marché d’une petite ville française ? Je dis ça je dis rien, m’enfin à mon sens si tu as (sait-on jamais…) un manuscrit dans le tiroir, c’est le moment où jamais de le ressortir…

En plus, je dis ça mais dans la chambre d’amis à Beaubec (au fond du jardin, c’est rustique mais c’est champêtre, et fort calme, sauf le matin parce que c’est juste au-dessus des poules alors le coq, évidemment, m’enfin ça fait partie du charme), j’ai placé soigneusement, et il y a de ça déjà quelques années, une petite pile des « goûts de… » Jacky Barozzi. Le plus lu est celui… du cinéma !

Evidemment, je pourrais y ajouter le goût de la Méditerranée. Mais n’oublions pas que nous sommes en Bray. L’olive doit, ici, céder le pas devant la crème et le beurre !

closer dit: à

« Je ne sais où et comment s’est passé le déclic. Le jour où j’ai ralenti. Sans lui. Je sais que j’ai aimé seule Rembrandt, Brueghel, Van Gogh et Cézanne. J’ai appris seule et j’ai forgé mon goût seule. J’ai écumé l’île aux musées à Berlin et j’écume toujours Le Louvre et le musée d’Orsay. Sans lassitune. »

Rose, comment faites-vous SANS AVOIR APPRIS LES CODES?

closer dit: à

Et le « Goût du Pays de Bray », c’est pour quand?

Paul Edel dit: à

Eloge bien mérité pour Barozzi.j’aime bcp ses impressions personnelles de cinéphile.Tres fiableet dans une langue compréhensible..et puis son côté « piéton de Paris » comme un nouveau Fargue est succulent. Ajoutez une réelle attention bienveillante à ce qu’écrivent les autres.. tout ça est bel et bon.Bon week end Barozzi!

Alexia Neuhoff dit: à

Une suggestion de tweet (à F. de R.):
« Homard m’a tuer »

pado dit: à

Ce Nicolas de Staël va illuminer chaque jour de la vie de ce billet.
Merci passou.

MCourt dit: à

To be or not to be..
Hamlet, il parait que je suis vous?
Et aussi x?
Et peut-être Et Alii?
Et aussi Pado?
lesquels sont aussi nous, donc moi?
Notez, tant qu’on ne m’accuse pas d’être Clopine…
Appelons ça un trouble pablovien de la personnalité!
Bonne journée.
MC

Chantal dit: à

Choc langagier en vue, merci Passou (… last but not least ) et Jacques Barrozi, j’attends mon exemplaire :).

Clopine dit: à

Hélas, Closer, le pays de Bray est un désert. Un désert humide, certes, mais un désert quand même. On y signale que la cour du 18 è siècle venait y prendre les eaux à Forges. Un certain Philéas Lebesgue (Amiens et Verne ne sont pas loin), bien oublié depuis son décès en 1958, a chanté ce tout petit pays.
Rien à se mettre sous la dent. Le « Guide du Routard » vient cependant d’éditer un « pays de Bray », fort mince, bien sûr, mais enfin…

Bray a toujours été plus « pauvre » que Caux. Littérairement, bien sûr, (le pays de Caux, grâce à sa façade maritime et à quelques solides natifs du coin, peut aligner un nombre impressionnant de noms), mais aussi architecturalement. Les maisons de Bray sont de la « petite construction », en matériaux moins solides, moins coûteux, que nos voisins.

Sociologiquement aussi, c’est un désastre. J’ai encore dans l’oreille le diagnostic d’un Président de Com’com du coin : « les meilleurs (« cerveaux », voulait-il dire) partent, seuls les épais restent… » IL en faisait partie !

Mais pourtant au moins, lui, ne faisait pas les yeux doux à l’extrême-droite, qui fait plus que s’infiltrer désormais.

L’autre caractéristique de ce malheureux pays est, bien entendu, la mesquinerie des élus. Leur grande majorité est sociologiquement très caractérisée : le Maire du pays de Bray est un homme, retraité, à 70 % de l’agriculture, et qui poursuit bien souvent une histoire familiale où les communes sont « tenues ». On atteint souvent, ici, un sommet d’histoires clochemerlesques indépassables, et j’ai eu connaissance, comme tout un chacun, de mon lot d’anecdotes assez épouvantables quand on y songe : passe-droits et coups de couteau dans le dos sont monnaie courante. Le code des marchés publics est évidemment accroché à se place : solidement arrimé au distributeur des toilettes, à côté, pour les cas d’urgence, du statut de la fonction publique. Tout se fait par relations, et surtout dans l’opacité la plus totale. On y est prudent : les élus ne reçoivent les curés que chez eux, le soir. Mais les les reçoivent, évidemment…

La presse locale est le miroir de cette démocratie glaiseuse. Ce n’est pas tant son niveau (« une » à la gloire de Marcel et Janine, dont on apprend avec plaisir qu’ils ont fait le voyage jusqu’à la tombe de Johnny et qu’ils ont rencontrés sa veuve. Scoop considérable, mais restons brayons : nous ne saurons rien des véritables sentiments de Marcel et Janine sur l’épineuse question de l’héritage de l’idole, même en page 5 de la Dépêche du Pays de Bray…, après tout, le journal reflète ses lecteurs, que l’application qu’elle met à maintenir fermement l’omerta sur les sujets qui fâchent, au premier rang desquels, bien entendu, l’agriculture industrielle…

la dite agriculture industrielle ayant réussi l’exploit, en cinquante ans, à polluer à tout jamais les nappes phréatiques qui seront transmises aux générations futures. En Bray comme ailleurs, les taux irréversibles d’atrazine ont été dépassés il y a dix ans maintenant.

Mais chuuuttt… On ne réveille pas un pays qui dort, certes, mais montre les crocs en dormant, façon sourire de Marine Le Pen…

Jorge Rodríguez dit: à

IMPERMANENCE
A mesquinhez, a estreiteza imaginativa são os vícios definidores da nossa época.
Somos incapazes de escrever, ou de querer escrever, ou de saber ler sem escrever, epopeias. Em compensação, escrevemos romances.
O romance é o conto de fadas de quem não tem imaginação. Todos nós, ou inferiores, ou em momentos de inferioridade, sonhamos com atitudes (…) da vida real. Sonhamos também, é certo, com o longínquo; mas isso […] é, em todo o caso, a poesia da mesquinhez. Tout notaire, dizia G. Flaubert, a rêvé de sultanes. O ajudante de notário, porém, sonha apenas com uma sucessão de acontecimentos [ ?] em que entra a vizinha possível, o marido dela, ele galã, e assim por diante.
A literatura, como toda a arte, é uma confissão de que a vida não basta. Talhar a obra literária sobre as próprias formas do que não basta é ser impotente para substituir a vida.

in « Erostratus », Páginas de Estética e de Teoria Literárias. Fernando Pessoa. (Textos estabelecidos e prefaciados por Georg Rudolf Lind e Jacinto do Prado Coelho.) Lisboa: Ática, 1966. – 285.

Pablo75 dit: à

Chaloux dit: 11 juillet 2019 à 21 h 13 min

Merci.

hamlet dit: à

magnifique ! je n’ai pas encore commencé la lecture mais il me semble qu’il manque déjà quelques grands noms dans la liste de passou dont Ferrante – Amos Oz – Morand etc…

dommage que ce Monsieur Jacques Barozzi ne vienne pas sur ce blog, j’aurais bien aimé le féliciter directement.

tant pis ! j’écrirai à l’éditeur pour le faire !

hamlet dit: à

Chantal dit: 12 juillet 2019 à 12 h 28 min

parce que vous allez l’avoir gratos ?

alors que le mien je l’ai payé ?

putain cette ingratitude, j’y crois pas !

Jazzi : tu peux me rembourser mes 8 euros ?

et aussi me faire une autographe, et un paquet cadeau !

christiane dit: à

@closer dit: 12 juillet 2019 à 11 h 26 min
J’ai lu aussi ces lignes de Rose. je ne lui poserais pas la même question que vous ( vous qui tournez un peu en boucle sur la citation de clopine relative à Bourdieu).

« Je ne sais où et comment s’est passé le déclic. Le jour où j’ai ralenti. Sans lui. Je sais que j’ai aimé seule Rembrandt, Brueghel, Van Gogh et Cézanne. J’ai appris seule et j’ai forgé mon goût seule. J’ai écumé l’île aux musées à Berlin et j’écume toujours Le Louvre et le musée d’Orsay. Sans lassitude. »

Ce qui est sidérant dans les témoignages de Rose, c’est qu’elle a été très tôt baignée de l’atmosphère des musées, d’abord accompagnée puis seule et pourtant, il semble à la lire qu’une quête inassouvie la pousse à multiplier ces visites.
Alors je laisse Bourdieu qui me semble étranger à cette quête et je lui pose d’autres questions.
Rose, que cherchez-vous inlassablement dans ces expos ? Comme si vous aviez perdu quelque chose qui se trouvait enfoui dans une de ces toiles et qui ne se trouve ni dans les catalogues d’exposition, ni dans les livres en relation avec les œuvres des artistes concernés?
Le regard d’un autre lié au vôtre sur ces œuvres ne semble pas vous être indispensable.
De toutes celles regardées, y en a-t-il une qui vous ait aspirée, capturée, éblouie ? Un peintre auquel vous êtes revenu ?
Qu’avez-vous fait des choses vues ? (livres, créations, discussions… bonheur ? )
N’avez-vous pas l’impression que ces toiles ou sculptures contiennent quelque chose de caché ? Pourquoi ont-elles créées ?
Vous écrivez que vous avez toujours faim et soif ? pourquoi ? De quoi ?

@Jazzi,
heureuse pour toi de ce double hommage de Passou et de Paul Edel.
Il est vrai que cette Méditerranée te tient au cœur et au corps.
La toile de Nicolas de Staël choisie par Passou étale l’épaisseur de couleurs qui s’exaltent mutuellement. Vibration des rouges et des jaunes. La spatule a lissé la couleur en larges aplats divisés par la lumière. pas de lignes hésitantes. Terre et ciel rouge accordés. Agrigente….

Pour toi, ces lignes D’André Suarès. Comme lui, tu pèses la beauté du monde à l’aune de sa cruauté… et de son infinie douceur, toi, le bouclier du zodiaque….
AGRIGENTE
« Voici venir le jour. Je veux le voir naître sur le front des temples. Innocent, divin; or rose, or pur ! Je n’ai tant veillé que pour cette récompense. Fleur du ciel, éclose sur toute la tristesse de la terre ! Car est-il rien de plus désolé, de plus désert que le bord de la mer, au sud de la Sicile ?
Hier, un jaune vent du Sud a soufflé sur la côte et poussé sur Agriente une chape de nuées noires. La chaleur écœurante sentait la sueur du soufre. très sombre fut la nuit, après l’agonie du jour. Une haleine pesante a fait de ce printemps nocturne une nuit d’été aux déserts de l’Afrique. Toutes fenêtres ouvertes, l’air n’apportait que de la poussière ; on la tâtait partout ; on la trouvait sur soi, comme le sel sur les lèvres, en Provence, par un temps de mistral, au bord de la mer. le four étouffant des ténèbres ne laissait paraître ni les étoiles ni la lune, qui aurait dû être Là. »
Temples grecs – maisons des dieux – (éd. granit)

Pablo75 dit: à

« Vous m’avez l’air un peu plusieurs. »
rose dit: 11 juillet 2019 à 21 h 54 min

Tout le monde est plusieurs. Selon qui on a en face.

« Je est un autre », etc.

Sur les blogs il y en a même des trolls, des pauvres types qui ont besoin d’avoir plusieurs pseudos pour pouvoir jouer à avoir plusieurs personnalités et ainsi essayer de se convaincre que leur addition fait une seule personnalité solide.

hamlet dit: à

oupss un autographe….

Jazzi dit: à

Merci à Pierre, Paul, Clopine et les autres !
_________________________

CONSTANTIN CAVÀFIS

Ithaque

Quand tu prendras la route vers Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
plein d’aventures, plein de choses apprises.
Les Lestrygons et les Cyclopes,
Poséidon et sa colère, ne les crains pas,
jamais sur ton chemin tu ne trouveras rien de semblable
si ta pensée garde sa hauteur, si une émotion rare
étreint ton âme et ton corps.
Les Lestrygons et les Cyclopes,
Et Poséidon furieux, tu ne les croiseras guère
si tu ne les transportes pas en esprit,
si ton esprit ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long.
Que soient nombreux les matins d’été
où – quel plaisir, quelle joie ! –
tu entreras dans des ports jamais vus ;
dans des comptoirs phéniciens fais halte,
et procure-toi de la bonne marchandise
nacre, corail, ambre ou ébène,
et des parfums voluptueux de toutes sortes,
le plus possible de parfums voluptueux ;
visite encore bien des villes égyptiennes,
apprends, apprends toujours auprès des savants.

Garde à l’esprit toujours Ithaque.
L’arrivée là-bas est ton but.
Mais ne hâte en rien ton voyage.
Qu’il dure des années, cela vaut mieux ;
que tu sois vieux en abordant sur l’île,
riche de ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre de richesse d’Ithaque.

Ithaque t’a offert ce beau voyage.
Tu n’aurais pas sans elle pris la route.
Elle n’a plus rien à t’offrir.

Et si elle t’apparaît pauvre, Ithaque ne t’aura pas trompé.
Devenu sage, avec tant d’expérience,
tu dois déjà savoir ce que les Ithaques veulent dire.

(« Tous les poèmes », traduit du grec par Michel Volkovitch, Le miel des anges, 2017.)

christiane dit: à

baignée dans –

hamlet dit: à

et je n’ai pas aussi la même couverture que passou !

j’ai pas eu le tableau de Stael, moi j’ai juste la photo d’une calanque à Marseille ?

hamlet dit: à

« Jazzi dit: 12 juillet 2019 à 12 h 49 min

Merci à Pierre »

tu peux quand même continuer à l’appeler passou.

Pablo75 dit: à

La culture, la rigueur intellectuelle et finalement le génie inversé du type qui se cache sous le pseudo de hamlet, alias le Grand Pétomane de la Pensée la plus Creuse (et qui commence à me faire de la peine, tellement il a l’air minable):

« Pablo75 dit: 11 juillet 2019 à 20 h 19 min
… [Céline] un grand de l’insulte (inférieur quand même à Saint-Simon et bien sûr à Bloy) »

« hamlet dit: 12 juillet 2019 à 10 h 50 min
je n’ai pas vu qui le premier a évoqué le nom de Saint Simon ? Sa postérité reste pour moi un grand mystère. Autant il nous est possible de bien situer la pensée des grands philosophes libéraux britianniques : Bentham, Lock, Mill, Smith etc… leurs pendants américains : Jefferson etc… On peut comprendre ce qui dans leur pensée a pu déboucher sur la pensée capitaliste mondialisée actuelle, mais pour passer de Saint Simon à la globalisation ultra libérale actuelle il faut porcéder à une gymnastique bien plus complexe. »

On apprend ici donc que notre Grand Pétomane ignore l’existence du duc de Saint-Simon, l’un des plus grands écrivains français et peut-être son plus grand styliste. Pour notre Inculte Professionnel il n’y a qu’un seul Saint-Simon: le penseur du socialisme utopique – dont il ne connaît absolument rien non plus, cela va sans dire.

Mais son ignorance abyssale ne l’empêche d’essayer de la péter une nouvelle fois, en nous faisant croire, au passage, qu’il connaît Proust sur les bouts des doigts. Il écrit donc:

« nb : je ne sais pas si certains s’en souviennent mais Saint Simon revient à plusieurs reprises dans la Recherche, où il semble que Proust était un vrai fan de ce penseur à la con, d’ici que Macron nous fasse dans un de ses discours un petit éloge allusif de Proust pour justifier son saint simonisme, je ne veux jouer les oiseaux de mauvaise augure mais il me semble que tous nos petits proustiens s’y préparent. »

Or, Proust cite dans La Recherche 36 fois Saint-Simon et les 36 fois il s’agit, bien sûr, de l’écrivain. Il était tellement « un vrai fan de ce penseur à la con » (Proust maintenant socialiste !!) qu’il le cite indirectement une seule fois… pour se moquer de sa pensée: « …par zèle d’apostolat, comme d’autres prêchent le sionisme, le refus du service militaire, le saint-simonisme, le végétarisme et l’anarchie. »

Sans commentaires, tellement c’est accablant.

rose dit: à

closer dit: 12 juillet 2019 à 11 h 26 min

«![…] Sans lassitude. »

Rose, comment faites-vous SANS AVOIR APPRIS LES CODES?
Closer

Je ne sais pas.
Je fonce tout le temps.
Il y a les concepts que je hais, dont le mérite, le copinage, l’incompétence etc.
L’autre jour, j’ai esquissé trois pas de danse, aux Galeries Lafayette, centre Bourse où est le musée d’histoire de Marseille. La femme qui réglait un pb. mineur a cru que je s’impatientait, s’est excusée.
J’ai répondu pas du tout. J’aime tellement comment vous travaillez, je me réjouis, je danse. Cette femme d’un âge certain épaulait ses jeunes collègues, les encourageait, les sortait de difficultés. Sans esprit de supériorité, sans désir de pouvoir, sans rien que du naturel, égalité, égalité.
Voilà.
Je n’ai pas de codes. Je n’ai pas de mérite et je m’en tape. Je n’ai aucune supériorité. Je suis au rang de la fourmi.

rose dit: à

que je m’impatientais.
Moi m’impatienter ?
Alors que j’ai la vie devant moi ?

Pablo75 dit: à

Je crois que je vais arrêter de taper sur le Pétomane. Ça devient trop facile, c’est-à-dire, ennuyeux.

Je ne ferai que lui répondre, s’il me cherche.

rose dit: à

hamlet dit: 12 juillet 2019 à 12 h 52 min

et je n’ai pas aussi la même couverture que passou !

j’ai pas eu le tableau de Stael, moi j’ai juste la photo d’une calanque à Marseille ?

Argh.
Juste la photo d’une petite calanque minable à Marseille cette ville arriérée.

Demain à l’aube sur le champ d’honneur.
Choisissez vos armes.

Qui ça ?
De Staël ?
Nicolas ou Germaine ?

hamlet dit: à

« Ithaque t’a offert ce beau voyage.
Tu n’aurais pas sans elle pris la route.
Elle n’a plus rien à t’offrir. »

pas trop d’accord, si Ithaque n’avait rien à offrir il serait resté avec Nausicaa.

inutile de rappeler ici, entouré de tous ces spécialistes, que Nausicaa c’est du verlan.

pado dit: à

Pablo75 dit: 12 juillet 2019 à 12 h 57 min

Pablito s’est mis en boucle.
Comment le décrocher ?

T’as une idée mon chaloux ?

hamlet dit: à

« rencontre entre la mer et la poésie.’

et les migrants : rencontre entre la mer, la poésie et les migrants.

Jazzi dit: à

Passou, la citation exacte de Fernando Pessoa !

« La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. »

(« Fragments d’un voyage immobile », Rivages poche, 1990, p.53.)

hamlet dit: à

à ce sujet : Jazzi, il y a un texte qui fait référence à ce drame actuel des migrants ?

sinon était-ce une volonté ? pour justement retirer ce côté un peu « hardcore » et ne garder que l’aspect sympa de cette mer ?

hamlet dit: à

la Méditerranée ressemble aujourd’hui à ce mur que Trump veut construire entre les USA et le Mexique.

hamlet dit: à

juste une petite lettre sépare mer et mur.

rose dit: à

Une de mes toiles préférées christiane de Jan Van Eyck
https://images.app.goo.gl/j4wgWc19YupGdrY
Extrêmement petit format.
La seconde, c’est le hasard, est aussi une vierge à l’enfant peinte sur une ardoise grise au musée Capodimonte de Naples. Bcp plus grand format.

Jazzi dit: à

Oui, j’évoque les migrants, hamlet.

(de nota, il semble que les Dieux de la Méditerranées, cruels et facétieux, aient retenu sur leurs tables de chevet de l’Olympe, ma seule anthologie ? J’espère que tu n’as pas oublié d’embrasser de ma part ta collègue du rayon littérature, l’une d’entre les belles de ton harem imaginaire !)

Bérénice dit: à

Voilà j’ai réfléchi et pas lu le nouveau billet cependant en qualité de contestataire et écologiste verte je veux bien recevoir pour continuer de fonctionner chaque euro contesté par Mr de Rugy. C’est dit.

Pablo75 dit: à

« On y croise cent un poètes sur quatre générations, Kiki Dimoula, Gulten Akin, Issa Makhlouf, Avrom Sutzkever, Ghassan Zaqtan, Tahar Bekri, Antonio Ramos Rosa, Tahar Ben Jelloun, Andrée Chedid, Jacques Roubaud, Milo de Angelis, Antonio Colinas, Blanca Andreu, Andrea Zanzotto, Miodrag Pavlovic, Ana Ristovic, Damir Sodan, Immanuel Mifsud…. »

Et moi qui croyait connaître un peu la poésie actuelle. Sur cette liste de 18 noms, je n’ai connais pas du tout 12. Il va falloir chercher…

Quant aux 2 noms espagnols, Colinas est l’un des poètes espagnols vivants les plus connus, mais pour moi (qui le lis depuis très longtemps – il est de ma région) ce n’est pas du tout un grand. Il a vécu en Italie et Ibiza et donc sa présence dans une anthologie des « Poètes de la Méditerranée » peut se justifier. Mais Blanca Andreu?? Elle écrit de la poésie très, très médiocre et je ne vois pas très bien le côté méditerranéen de sa poésie. Elle est « gallega » et vit à Madrid depuis 40 ans (même si elle a vécu à Orihuela, qui n’est pas loin de la Méditerranée – la ville de Miguel Hernández, qui devrait, lui, figurer par contre dans cette anthologie si elle a été bien faite). Blanca Andreu est moins connue pour ses livres de poésie que pour avoir été la femme du romancier Juan Benet, qui avait 32 ans de plus qu’elle.

Bérénice dit: à

13h30 lire -à- et non -par Mr … ».

Bérénice dit: à

Les plus grands, les plus connus, les plus…
Vous collectionnez les superlatifs, Pablo. Les plus cons aussi? Oui?

hamlet dit: à

« Jazzi dit: 12 juillet 2019 à 13 h 28 min

Oui, j’évoque les migrants, hamlet. »

ok merci Jazzi, et bravo !

Pablo75 dit: à

Jazzi dit: 12 juillet 2019 à 12 h 49 min

« Ithaque » dans la traduction de Yourcenar:

Quand tu partiras pour Ithaque,
souhaite que le chemin soit long,
riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni la colère de Neptune.
Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes,
si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse.

Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes,
ni le farouche Neptune,
si tu ne les portes pas en toi-même,
si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long,
que nombreux soient les matins d’été,
où (avec quelles délices !) tu pénètreras
dans des ports vus pour la première fois.

Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises :
nacre et corail, ambre et ébène,
et mille sortes d’entêtants parfums.
Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums.

Visite de nombreuses cités égyptiennes,
et instruis-toi avidement auprès de leurs sages.
Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit.
Ton but final est d’y parvenir,

mais n’écourte pas ton voyage :
mieux vaut qu’il dure de longues années,
et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans attendre qu’Ithaque t’enrichisse.

Ithaque t’a donné le beau voyage :
sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n’a plus rien d’autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
Sage comme tu l’es devenu à la suite de tant d’expériences,
tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.

closer dit: à

 » ( vous qui tournez un peu en boucle sur la citation de clopine relative à Bourdieu).  »

Certes Christiane, mais avouez que je suis beaucoup moins obsessionnel que Delaporte, beaucoup moins même. J’essaye modestement de détourner notre chère Clopine de la pensée délétère de Bourdieu qui ne peut que l’abîmer…Mais je passerai à autre chose dès que possible.

Et puis je suis capable de me corriger…tenez par exemple, je n’emploie plus l’expression « ravi de la crèche » que vous m’avez tant reprochée.

Phil dit: à

Félicitation dear Baroz, le prestige
certes du Braudel pour ipodés, but what else. Nous lirons vos incipitatives notules, le sel des « Goût de… », avec l’espoir de découvrir la méditerranée par le truchement d’un descendant en doge.

Bérénice dit: à

Ithaque? C’est une faute au foot qui donne droit au carton jaune ? Pablo, j’ai bon?

hamlet dit: à

Saint Simon l’inventeur du socialisme, avec son portrait derrière le fauteuil de Lénine… Proudhon et Fourier… le communisme est un saint simonisme qui a échoué… le saint simonisme est un christianisme qui a réussi… éloge de la bureaucratie et de l’industrialisme, et des banques, et des réseaux, et des élites pour gouverner la Nation, avec l’égalité des sexes et le bonheur de tous… avec notre gentil Proust comme grand admirateur avec ses 36 références…

je m’étais promis de ne plus te répondre, mais là, quand même…

pablito, tu fais payer combien pour avoir accès à ta pensée ? même si tu me donnes des millions je ne supporterais pas deux secondes de lire des âneries pareilles.

ça t’arrive de te poser et de réfléchir ? ou tu marches qu’avec des clichés ?

sérieux pablito tu es vraiment très bas de plafond, tu t’en rends compte ? j’ai l’impression qu’on tu as été hiberné en 1920 et que tu viens juste d’être décongelé.

et alii dit: à

Pessoa et Passou partagent bien des lettres , et en ont le même nombre;Passou est intranquille aussi

et alii dit: à

« La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. »
Pessoa n’écrivait pas en français;pour la citation « exacte »?

hamlet dit: à

j’ai oublié : la belle plume du bel écrivain et du grand styliste qui a bien sûr ébloui cet autre grand styliste qu’était Proust.

mazette ! avec tout ces stylistes j’espère que nous aurons droit bientôt à un défilé de mode…

hamlet dit: à

et alii dit: 12 juillet 2019 à 14 h 10 min

et alii, non, je crois pas que passou soit intranquille, ou alors il ne le montre pas.

et alii dit: à

la limière de ce Nicolas de Staël me donne le vertige

et alii dit: à

12 juillet 2019 à 14 h 17 min
patientez,ça viendra!

et alii dit: à

Si les regrets commencent
entre ces maisons au bord de cette mer,
nous serons déjà loin.

Les pleureuses de mon cœur ont
commencé trop tôt — j’étais encore ici —
à se lamenter et m’arracher le sang et le sable de la mer
et ses algues; à frapper le rocher de leurs poings,
sur le sable, sur ta poitrine.
De mon visage se retire la mer.
Mon visage: le lit de la mer, à sec
avec des crevasses et des roches et des vents cruels.
C’est ainsi que j’ai mûri
et mon visage porte encore
douce et verte la mémoire de la mer.

(1975)amichaï poème en hébreu

renato dit: à

et les migrants : rencontre entre la mer et la mort.

D. dit: à

Sociologiquement aussi, c’est un désastre. J’ai encore dans l’oreille le diagnostic d’un Président de Com’com du coin : « les meilleurs (« cerveaux », voulait-il dire) partent, seuls les épais restent… » IL en faisait partie !

…ne faisons pas impasse sur ceux qui arrivent et restent.

Hurk..!

Pablo75 dit: à

hamlet dit: 12 juillet 2019 à 14 h 09 min

Oui, Grand Pétomane de la Pensée la plus Creuse, je sais bien que tu sais consulter la Wikipédia, d’où ton ancien surnom de Mister Wikipedio. Tu ne sais que cela, d’ailleurs (la consulter, pas comprendre ce qu’elle dit).

Je vois que tu n’as pas compris non plus mon texte sur Proust et les 2 Saint-Simon, puisque tu écris: « avec notre gentil Proust comme grand admirateur avec ses 36 références… ». Tu devrais aller voir un neurologue, je crois que tu es atteint d’un alzheimer galopant.

Relis, Pétomane:

« On apprend ici donc que notre Grand Pétomane ignore l’existence du duc de Saint-Simon, l’un des plus grands écrivains français et peut-être son plus grand styliste. Pour notre Inculte Professionnel il n’y a qu’un seul Saint-Simon: le penseur du socialisme utopique – dont il ne connaît absolument rien non plus, cela va sans dire.

Mais son ignorance abyssale ne l’empêche d’essayer de la péter une nouvelle fois, en nous faisant croire, au passage, qu’il connaît Proust sur les bouts des doigts. Il écrit donc:

« nb : je ne sais pas si certains s’en souviennent mais Saint Simon revient à plusieurs reprises dans la Recherche, où il semble que Proust était un vrai fan de ce penseur à la con, d’ici que Macron nous fasse dans un de ses discours un petit éloge allusif de Proust pour justifier son saint simonisme, je ne veux jouer les oiseaux de mauvaise augure mais il me semble que tous nos petits proustiens s’y préparent. »

Or, Proust cite dans La Recherche 36 fois Saint-Simon et les 36 fois il s’agit, bien sûr, de l’écrivain. Il était tellement « un vrai fan de ce penseur à la con » (Proust maintenant socialiste !!) qu’il le cite indirectement une seule fois… pour se moquer de sa pensée: « …par zèle d’apostolat, comme d’autres prêchent le sionisme, le refus du service militaire, le saint-simonisme, le végétarisme et l’anarchie. »

Sans commentaires, tellement c’est accablant. »

Jazzi dit: à

Pablo75, j’ai hésité entre les deux traductions d’Itaque, puis j’ai retenu la dernière, la plus récente, qui me parait la meilleure…

Delaporte dit: à

« dernière minute!l’info du libraire: cette anthologie est épuisée chez l’éditeur… »

On peut la trouver chez les bouquinistes ou sur des sites Internet : c’est cela, la magie du livre, il ne meurt jamais et ressuscite sans cesse ! Comme pour Maigret et le jeune morte, bientôt au cinéma, indisponible en librairie, mais qu’on peut trouver sur de nombreux sites, pour seulement 4 €, ce que j’ai fait. Je vous en donnerai des nouvelles.

hamlet dit: à

hélas non, je pense que sur wiki on doit trouver sur Saint Simon les mêmes âneries que les tiennes pablito.

et alii dit: à

Saint-Jean-d’Acre, appelée Acco ou Ptolémaïs dans l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge, est le nom donné par les chrétiens à la ville qui deviendra plus tard Acre, située aujourd’hui en Israël.
Cette ville d’Acco fut conquise par Ptolémée II, souverain d’Égypte qui la baptisa de son nom, Ptolémaïs, nom qu’elle gardera jusqu’à la conquête latine.

Pendant les croisades, la ville est prise le 26 mai 1104 par Baudouin Ier, roi de Jérusalem. Reprise par le sultan Saladin, le 9 juillet 1187, elle est reconquise en 1191 par les rois Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion durant la troisième croisade.

L’installation des Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem et la fondation de l’Hôpital apportent à la ville un nouveau nom, celui de Saint-Jean-d’Acre.

Au xiiie siècle, elle devient la capitale du royaume de Jérusalem, la ville sainte restant entre les mains des sultans ayyoubides. Saint-Jean-d’Acre est alors le principal port du royaume de Jérusalem par où transitait toutes les marchandises, divisé en quartiers contrôlés par des marchands venus de tout le pourtour méditerranéen, notamment vénitiens, pisans, génois, français et germaniques.

Jusqu’en 1291, la ville est un grand centre intellectuel, non seulement chrétien mais aussi juif. En effet, de nombreux Juifs, souffrant de persécutions en Occident, se rendent en Terre sainte. Le rabbin Yehiel de Paris y fonde une Yechiva qui sera connue au-delà de la Terre Sainte. Nahmanide, grand kabbaliste d’Espagne le remplacera.(sur wiki)
la citadelle, face au large, a été ravagée en 1291 et les Ottomans ont achevé de la démanteler au xviiie siècle, réemployant toutes les pierres pour construire la muraille maritime.

hamlet dit: à

wikipédia participe au formatage de la pensée.

et alii dit: à

The Akko Festival takes place every year in Akko on Israel’s Northern Coastline. The Fringe Theater Festival takes place among the Crusader ruins and beachfront promenades of the Old City of Akko for four days during the Jewish festival of Sukkot and features tens of special performances of original, avant-garde fringe theater from Israel and around the world by some 500 artists with over 60 shows including special premieres, guest performances, street theater and outdoor events. This year at its 38th edition, the festival features theater premieres, street theater, parades, interactive theatre, dance performances, video and musical performances, a craft fair and panels socio-cultural projects

de nota dit: à

« On peut la trouver chez les bouquinistes ou sur des sites Internet : c’est cela, la magie du livre »

Camarade Delaporte, cette anthologie épuisée est en effet trouvable sur le net pour la modique somme de 37 euros- mais on peut trouver plus cher encore-, c’est cela, la magie du capitalisme.

Phil dit: à

wikipédia participe au formatage de la pensée.

au fromage, homelette, au fromage de la pensée

dites-nous tout dear Baroz, racontez-nous les coulisses des goûts de..
nous faut du croustillant, après les petits fours, la galette. Votre monsieur JL Decimo qui vous cornaque, n’a-t-il pas pompé son concept sur Wieser Verlag, prestigieux éditeur autrichien de Klagenfurt (ville de Musil) qui a décliné années 90 toutes les villes et pays d’Europe centrale dans des digest de votre manière ? petits volumes plus luxueux, monde germanique oblige, mais pareil esprit sauf pour les notules de votre paluche, votre added value.

et alii dit: à

non loin, Ein Hod (en hébreu : עֵין הוֹד) est un village situé au nord d’Israël.
Le village reste déserté un an et demi de plus1. En 1953, le village, désigné sous l’appellation Ein Hod, devient une colonie, animée par Marcel Janco, un artiste connu, qui préserve le village de la démolition par les forces de sécurité et réussit à convaincre le gouvernement israélien de lui laisser y fonder un village d’artistes14. De nombreux peintres, sculpteurs et musiciens israéliens y vivent désormais, et y maintiennent des studios et des galeries ouvertes au public. Des efforts ont été faits pour préserver certaines des vieilles maisons. La mosquée du village a été transformée en restaurant-bar calqué sur le café Voltaire à Zurich[23]. Au cours de l’incendie de la forêt du mont Carmel en 2010, Ein Hod est évacué et le village a subi des dommages matériels considérables15.

Delaporte dit: à

« Camarade Delaporte, cette anthologie épuisée est en effet trouvable sur le net pour la modique somme de 37 euros- mais on peut trouver plus cher encore-, c’est cela, la magie du capitalisme. »

Camarade de nota, ne confondons pas la valeur d’une chose et son prix. Bien sûr, il faudrait réguler tout cela : ce sera possible un jour quand l’argent n’existera plus et que le travail sera aboli. Mais alors le livre n’en voyagera que plus, avec la pureté intrinsèque qui est la sienne. Ce jour viendra, camarade de nota ! Et vous serez aux premières loges !

x dit: à

@Closer :
JJJ mentionnait Chantal Jaquet et son ouvrage au sous-titre-programme : Les Transclasses ou La non-reproduction.

Ch. Jaquet mentionne d’emblée que le « théoricien majeur [de la logique implacable de la reproduction] lui a échappé dans la pratique, puisqu’il s’est (ou il a été) arraché à sa classe sociale d’origine ». Mais par ailleurs, ce que savent les lecteurs de l’ouvrage, on peut récuser les « illusions volontaristes » sans pour autant tomber dans le déterminisme mécanique. Les deux types d’exception ont été envisagés : héritiers qui dilapident leur patrimoine culturel et enfants originaires de milieux défavorisés échappant à l’élimination (auxquels Ch. Jaquet consacre son propre livre).
On peut et on doit examiner les exceptions, mais aussi le faire avec un peu de rigueur pour déterminer leur statut :
« La négation [celle qui apparaît dans l’idée de « non-reproduction »], en bonne logique, peut exprimer aussi bien une contradiction qu’une contrariété.
Dans le cas d’une opposition de type CONTRADICTOIRE, reproduction et non-reproduction ne peuvent coexister ; […] si l’une est vraie, l’autre est nécessairement fausse.
Dans le cas d’une opposition de type CONTRAIRE, les deux thèses sont compatibles et peuvent être également vraies.
En somme, il s’agit de savoir si l’exception infirme ou confirme la règle. »
Ce phénomène de non-reproduction, les « cas » P. Bourdieu, Didier Éribon ou Jean Clair, ou encore Annie Ernaux, « peut être l’une des productions [du système social] et contribuer à le renforcer en constituant une soupape de sécurité. Il peut être au contraire la manifestation d’une liberté qui s’élève au-dessus du destin. » (L’auteur est philosophe et spécialiste de Spinoza et Bacon.)

Elle observe encore que « le sujet est politiquement empoisonné. […] Les rares exemples de mobilité sociale sont fréquemment brandis pour masquer l’immobilisme et lui servir de caution. Les individus des classes populaires qui connaissent une ascension sociale sont utilisés comme des mascottes ou des symboles confortant l’ordre social et alimentant l’idéologie du self made man. Ils servent de vitrines politiques et d’alibis pour récuser les revendications collectives et juguler le sentiment d’injustice. Dans ces conditions, l’objectif n’est pas de creuser la question, car la réponse est déjà toute faite et pourrait se résumer en une phrase : ‘quand on veut, on peut’. »

Parmi les causes de la non-reproduction, et au sein d’un chapitre consacré aux modèles et au mimétisme, le « modèle scolaire » est évidemment examiné, sans oublier que celui-ci repose sur des conditions économiques et politiques (écoles gratuites, laïques et obligatoires, systèmes de bourses, voire comités d’entreprise), car « sans institutions ni moyens financiers, bien souvent le désir de savoir se commue en malheur de ne pas pouvoir. »

Ce petit livre sans jargon qui convoque aussi bien Julien Sorel que le Guépard, Blaise Pascal que Michelet est par ailleurs d’une lecture fort agréable.

Jazzi dit: à

Ne vous ai-je pas déjà tout dit ici, Phil ?

Je ne peux parler que pour moi…

PORTRAIT D’UN HOMME DE GOÛTS

Né à Cannes, Jacques Barozzi vit à Paris depuis plus d’une trentaine d’années.
Piéton inlassable de la capitale, journaliste culturel et scénariste, il est l’auteur de nombreux guides sur Paris.
Depuis 2006, il participe à la collection «Le goût de…», série d’anthologies littéraires consacrées à des villes, des régions, des pays et à de nombreuses thématiques, créée en 2002 par les éditions du Mercure de France.
Avec Le goût de la Méditerranée, Jacques Barozzi signe aujourd’hui son 22e titre, se plaçant en tête des auteurs de cette collection.
Ce dernier titre vient parachever un long cycle ouvert précédemment par les goûts de : Cannes, Nice, la Corse, les îles Baléares, la mer, Montpellier ou encore du Portugal.

Témoignage :

« J’ai intégré cette collection avec Le goût de Cannes, qui se voulait un hommage à ma mère, qui venait juste de mourir.
Depuis, me prenant au jeu de cette forme littéraire qui me passionne et m’incite à la lecture, je n’ai cessé d’en publier.
Lorsque nous parvenons à un accord sur un titre géographique ou thématique avec Isabelle Gallimard, voilà comment je procède.
Dans un premier temps, je laisse remonter à ma mémoires les livres que j’ai lu sur le sujet et qui ont motivé dans mon subconscient mon désir pour un titre particuliers.
Le filtre du temps ayant fait son travail, c’est à partir d’eux que je vais alors pouvoir composer mon plus beau bouquet de textes d’anthologie.
Généralement, un livre me conduit à un autre, et peu à peu se construit le manuscrit.
Il me faut progressivement le structurer en trois parties de neuf extraits chacune (3 x 9 = 27), un choix arbitraire qui s’est imposé à moi et auquel j’ai rarement dérogé !
Ce n’est que lorsque le manuscrit est déjà bien avancé, avec des extraits qui sont autant de pièces constitutives du puzzle général, que je rédige l’introduction : contrairement aux autres auteurs de cette collection, je n’hésite pas alors à entrer en scène et à parler de mes proches, de mes souvenirs d’enfance, de mes expériences personnelles… car le goût que je propose au lecteur est avant tout mon propre goût.
Ainsi se met en place le « roman à plusieurs voix » que je lui donne à lire sur : Cannes, Nice, les Jardins, le bonheur, le cinéma, la marche, le café, le rêve, l’été, la Corse, la mer, les îles Baléares ou encore les chats…
Fruit d’une enquête complète sur le site géographique ou le thème retenu, chacun de mes goûts de… se veut à la fois subjectif et universel.
Je lis tout ce qui a été écrit sur le sujet, dans la littérature francophone et étrangère (celle du moins qui à fait l’objet d’une traduction), tous genres (romans, textes autobiographiques, poèmes, pièces de théâtre) et toutes époques confondus.
Chez moi, la sélection des extraits se fait d’instinct : les fragments recherchés se détachent comme « naturellement » au cours de mes lectures, et iront occuper, sous un angle différent et original, la case qui leur était plus ou moins consciemment octroyée dans le plan d’ensemble !
On dirait que c’est eux qui me trouvent plutôt que l’inverse et lorsque je tombe en arrêt dessus, je me dit à chaque fois : « Ah oui, c’est bien ça ! »
Mon travail s’apparente un peu à celui d’un réalisateur de films documentaires, montant bout à bout les plans qu’il a tournés.
L’enquête, la recherche, la réalisation de l’ouvrage, la rédaction des textes d’introduction, de présentation des extraits et de liaison me prennent environ de six à huit semaines : un temps de concentration intense, qui m’occupe 24h/24. »

Publications au Mercure de France :

2019 : Le goût du printemps (mars), Le goût de la Méditerranée (juin) et Le goût de la paresse (à paraître en novembre)
2017 : Le goût du Portugal et Le goût de la beauté
2016 : Le goût de l’été
2013 : Le goût de Versailles et Le goût de l’Afrique
2012 : Le goût de Montpellier et Le goût de la campagne
2011 : Le goût du bonheur et Le goût des Îles baléares
2010 : Le goût du tabac et Le goût du rêve
2009 : Le goût du café
2008 : Le goût de Nice, Le goût de la marche et Le goût du cinéma
2007 : Le goût des chats, Le goût de la Corse et Le goût de la mer
2006 : Le goût de Cannes et Le goût des jardins

NB. : Plusieurs de ces titres ont fait l’objet de nombreuses rééditions, tels Le goût des chats et Le goût de la marche, qui ont été réédités plus d’une dizaine de fois.

hamlet dit: à

« et alii dit: 12 juillet 2019 à 14 h 14 min

« La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas. »
Pessoa n’écrivait pas en français;pour la citation « exacte »?
 »

et le contexte, lire ce qui est avant et ce qui est après, Pessoa fait comme Nietzsche, il avance à petits pas qui se contredisent entre eux, du coup sortir une phrase de Pessoa de son contexte c’est parfois un peu casse-gueule.

de plus il doit dire cette phrase pour son propre compte, en parlant de sa propre vie, et pas de la vie d’une façon générale.

d’ailleurs en faire une espèce de maxime générale ne veut rien dire du tout.

« la littérature est comme tous les autres arts la preuve que que la vie ne suffit pas » dans la mesure où la phrase s’arrête là cela implique de définir le verbe « suffire ».

à quoi devrait suffire la vie ? en la réduisant cela donne une vision « utilitaire » à la vie que Pessoa n’a pas, il ne pense pas que la vie puisse suffire à quoi que ce soit, ou alors il faudrait comme vous le proposez vérifier que le verbe en vo est bien « suffire », ce dont je doute fort.

hamlet dit: à

x dit: 12 juillet 2019 à 15 h 30 min

l’équivalent anglais étant peut-être Richard Hoggart ?

Phil dit: à

Merci Baroz. ça palpe, cette affaire ?

Delaporte dit: à

Camarade de nota, vous devriez vous reconvertir dans la bibliophilie. C’est un milieu professionnel où l’on ne spécule en général pas ou peu. Et c’est pour le bien du livre précieux, pour qu’il trouve un acquéreur qui sera amoureux de lui et le lira. C’est une noble profession, allergique au capitalisme. Les dérives d’Internet ont fait qu’il y a eu des abus et des profiteurs, la rareté d’un livre a fait grimper sa cote jusqu’à des hauteurs obscène. Mais ce n’est pas courant, et il suffit de revenir au marché non virtuel pour connaître le bonheur. Le livre ancien n’est jamais le fruit de l’exploitation capitaliste, du moins je ne l’ai jamais ressenti comme tel. On n’achète pas des livres pour spéculer, mais par passion. Quand l’argent n’existera plus, c’est alors que la vraie magie du livre se déploiera, et sera accessible à tous. On rééditera les écrits d’Ulrike Meinhof, qui feront la joie des lecteurs. Personne ne spéculera, pas même aux Editions des femmes, qui ne l’ont d’ailleurs jamais fait, pas plus que Gallimard ni d’autres groupes d’édition. Mystérieuse alchimie du livre !

hamlet dit: à

x dit: 12 juillet 2019 à 15 h 30 min

il semble que les choses avancent tellement vite que les théories sont périmées assez vite.

comme la récupération politique des rares exemples d’élévation sociale, le « si tu veux tu peux » : actuellement les cas médiatisés et donnés en exemple ne concernent plus l’élévation sociale avec une vision hiérarchique des classes sociales et un mouvement du bas vers le haut, mais au contraire un mouvement du haut vers le bas : des types qui occupent un rang social élevé, des fonctions importantes et qui décident d’aller cultiver des vignes dans le Languedoc, ou des olves dans la Drôme, quand il ne s’agit pas de prôner un retour à l’artisanat avec le témoignage de la pédégère qui découvre le vrai sens de l’existence en allant faire de la poterie en Ardèche, avec des slogans du genre « la poterie est la preuve que la vie ne suffit pas ».

hamlet dit: à

par exemple dire au pdg d’une grande entreprise : « si tu veux tu peux toi aussi devenir ferronnier dans la Creuse. »

hamlet dit: à

du coup, en l’espace d’un demi siècle on se retrouve avec une évolution en 3 étapes :

– une époque Bourdieu avec une bourgeoisie cultivée et possédant les codes permettant l’accès à la culture.

– ensuite une bourgeoisie moins cultivée, voire parfois inculte, avec une large population et éduquée et cultivée précarisée, voire paupérisée.

– et maintenant une bourgeoisie inculte dans la mesure où ses éléments les pus cultivées préfèrent aller un atelier de poterie dans la Drôme.

si on poursuit dans cette voie, à terme on va se retrouver avec des artisans et artistes peu fortunés (voire précarisée) mais très cultivés, et une classe supérieure qui saura même plus le nom de l’auteur de la Recherche.

hamlet dit: à

dans 20 ans on aura un Bourdieu qui va décrire la distinction sociale des artisans et artistes ; et la pauvreté mentale des plus riches.

vu que cette situation sera aussi problèmatique que celle de Bourdieu : si celle de Bourdieu amenait à la révolte des classes inférieures par le communisme pour supprimer les injustices sociales, celle à venir entrainera la révolte des classes aisée par le ‘extrême droite pour supprimer l’humiliation des classes pauvres cultivées : cf Trump aux US.

Jacques R. dit: à

Staël intensément stratifié. Tell me the Earth …

Jorge Rodríguez dit: à

À etalii:

J’ai donné la citaétion et la référence exacte en portugais à 12h 29

christiane dit: à

@closer dit: 12 juillet 2019 à 13 h 52 min
J’ai très bien compris vos raisons, Closer. Oui, « les doubles contraintes peuvent l’abîmer ». Bourdieu analyse bien les souffrances liées à l’ascension culturelle d’un membre d’une famille, de cette injonction contradictoire, inconsciente qui écartèle parents et enfant. l’enfant accomplit la volonté des siens, les rêves des siens mais le faisant se sépare aussi d’eux. l’héritage est à la fois un don et une dette… Et ce dernier devient l’otage de ses prédécesseurs… (Retour à Romain Gary ?)
Je lis tous vos commentaires avec beaucoup d’attention.

renato dit: à

hamlet, éventuellement, Dwight Macdonald, Masscult and Midcult

L’essai s’insère dans le sillage d’une polémique, parfois très violente, contre les phénomènes de dégénérescence du goût dans la classe moyenne émergente. C’est une controverse qui a déjà explosé dans le climat culturel de l’Angleterre dans les années 1920 et 1930 et qui avait, parmi ses initiateurs, l’écrivaine Virginia Woolf, qui, dans un article célèbre, s’était jetée contre la représentation trompeuse de la culture. exploité par le phénomène appelé Middlebrow.

Il fut publié en deux partie par la Partisan Review n° 2 et 4, 1960 et en 62 dans Against The American Grain: Essays on The Effects of Mass Culture ; la traduction en it. est de 64.

Si je trouve le temps je fait un bref résumé.

et alii dit: à

J’ai cherché la citation;c’est à
Jorge Rodríguez dit: 12 juillet 2019 à 12 h 39 min
IMPERMANENCE

hamlet dit: à

Jazzi dit: 12 juillet 2019 à 15 h 31 min

Jazzi comment te viennent tous ces thèmes ?

tu sais quels seront les prochains ?

renato dit: à

Pffffff ! culture. exploité > culture exploitée — point et genre —, pardon.

et alii dit: à

gouri page citée
GCSURI 165
qui dit parfois : moi je ne suis pas Juif, je suis Israélien,
au fond, il reste toujours ce passé. Et parfois les gens essaient
de se débarrasser de leurs parents ou de leurs souvenirs. Moi
aussi j’ai écrit un jour un poème dans lequel j’ai dit : Entre
mon père et moi, la mer. Moi je suis né ici, au-delà de la diaspora, mais je garde toujours en moi le passé comme sabra.
Peut-être suis-je différent d’Amir, dans ce cas-là, parce que
politiquement il se révolte contre le passé. Je garde en moi le
souvenir de mon grand-père, tout le passé de l’Europe que
j’ai connu en 1947 quand je suis allé pour la première fois
en Europe, et que j’ai découvert le grand cimetière de Budapest.

hamlet dit: à

renato dit: 12 juillet 2019 à 16 h 30 min

merci ! je suis preneur pour le résumé.

cela ne venait-il pas d’une réaction d’une bourgeoisie qui se sentait justement dépossédée de ce capital ?

voir des « pauvres » s’enrichir était moins pire que de les voir devenir cultivés (cf antisémitisme) ?

d’ailleurs on a surtout insisté sur le juif banquier haï par la gauche, ou le juif bolchévique haï par la droite, mais guère du juif compositeur haï par tout le monde.

et alii dit: à

qui étazoit gouri?
Ame vivante de l’Histoire d’Israël, l’itinéraire de cet écrivain, cinéaste et traducteur, se confond largement avec celui du pays.

Né en 1923 à Tel-Aviv (Palestine mandataire), ce fils d’immigrants venus d’Odessa en 1919, a grandi dans une maison totalement laïque et engagée en faveur de la cause travailliste. Son père, Yisrael Gurfinkel, a servi comme membre de la Knesset sous l’étiquette Mapaï de 1949 jusqu’à sa mort, en 1965.

Connaissant la Bible sur le bout des doigts « un livre de géographie, et pas seulement une œuvre sacrée » (1), Haïm Gouri, qui a pour sa part fréquenté le lycée agricole Kadoorie, fut l’un des premiers à rejoindre les rangs de l’organisation de défense clandestine, Palmach. Après avoir participé à d’importantes batailles militaires menées contre les Britanniques, il prend aussi une part active à l’acheminement des bateaux transportant des immigrants juifs illégaux, dont le Hannah Szenes.

Après des études de philosophie à la Sorbonne à Paris et un passage à l’Alliance où il enseigne l’hébreu auprès d’Emmanuel Levinas, l’homme qui traduira plus tard en hébreu Rimbaud, Baudelaire, Apollinaire ou encore Claudel, rentre au pays pour entamer une carrière de journaliste. C’est en rendant compte du procès d’Adolf Eichmann, qui s’est tenu en décembre 1961 à Jérusalem, que cet ancien commandant de la première unité de parachutistes de Tsahal, se taille une notoriété à l’échelle nationale.

Son récit Face à la cage de verre, publié la même année (et chez Albin Michel dès 1964), provoque un immense émoi en Israël. Comme l’a finement analysé la chercheuse Anita Shapira (2), sa perception du procès fut très différente de celle mise en avant par la célèbre philosophe allemande, Hannah Arendt.

L’ex-membre de la Haganah, qui a participé à la guerre des Six-Jours et à celle de Kippour, était aussi connu pour son engagement en faveur d’une réconciliation israélo-palestinienne, notamment au cinéma avec Ne laissons pas les morts enterrer les morts et Les Portes de la mer. Proche de l’ex-Premier Ministre israélien, Yitzhak Rabin, Haïm Gouri participait encore voilà peu aux rassemblements protestataires
https://www.telerama.fr/livre/israel-pleure-haim-gouri,-son-poete-national,n5463820.php

et alii dit: à

Est-ce que c’est à ce moment-là que vous avez, dans une
certaine mesure, réintégré le monde judaïque ?
— Je ne crois pas ; je cherche toujours. Parfois je me
pose la question : qui suis-je ? Parce que d’un côté je suis
né à Tel-Aviv, une ville qui a surgi des sables, au bord de
la mer, d’un Orient, de la Méditerranée ; alors d’un côté
j’appartiens à la Méditerranée. D’un autre côté je cherche
ce que veut dire être Israélien. Est-ce qu’il s’agit d’une nouvelle nation créée ici en Israël ? André Malraux, un jour,
avait écrit une phrase très sage. Il a dit : « Les Israéliens ne
continuent pas les Juifs, ils les métamorphosent ». Alo

hamlet dit: à

et alii : merci ! j’avais zappé ce commentaire.

qui sait parler portugais pour le traduire ?

il me semble c’est bien ce que je disais : en extrayant juste le « la littérature est la preuve que la vie ne suffit pas », on fait dire à Pessoa l’exact contraire de ce qu’il dit !

parce que si on remet l’ensemble il me semble qu’il ne réduit pas la vie mais au contraire la littérature pour laquelle la vie ne suffit pas.

du coup c’est hyper dangereux de procéder comme ça.

et alii dit: à

Un autre motif de préoccupation pour Haïm Gouri tenait à l’évolution de la langue hébraïque. Il s’en était confié à la documentariste Nurith Aviv (3) : « L’hébreu est devenu la base de la renaissance […] mais je suis inquiet. Quand je lis mes poèmes, les élèves ne comprennent pas car il leur manque les bases de la langue […] Je vis dans l’angoisse de l’appauvrissement de la langue ».

renato dit: à

Non, hamlet, pas de « d’une réaction d’une bourgeoisie qui se sentait justement dépossédée de ce capital ». C’est plutôt autour du marché de masse pour les consommateurs des arts. Un marché capable d’établir et de donner forme à un public anonyme et indistinct de sujets.

Curieux, mais je n’ai pas trouvé une trad. fr.

Jacques R. dit: à

« La tribune que consacre Michel Houellebecq à « Vincent Lambert, mort pour l’exemple » dans Le Monde est un concentré de bêtise, d’ignorance et de contre-vérités « , écrit Pierre Assouline. Je suis loin de partager sa sévérité ; néanmoins, et même si Houellebecq suggère une forte proximité entre « tuer » et laisser mourir », il reste qu’en écrivant qu’on a « tué » Vincent Lambert, il me semble qu’il rejoint le point de vue des parents. Si l’on a « tué » Vincent Lambert, alors il y a eu meurtre. Les parents n’ont pas hésité à dénoncer un meurtre en bande organisée et un crime d’Etat. Il conviendrait de se demander qui fait partie de la bande organisée et qui a trempé dans le crime d’Etat. Selon toute vraisemblance, le décès de Vincent Lambert est le résultat d’une procédure mise en place dans le strict respect de la loi Leonetti/Claeys, votée en 2016 à l’unanimité par le Parlement. Nous sommes en démocratie. Cette loi a été votée par des députés qui sont nos représentants. Elle n’a pas été seulement approuvée par eux mais par ceux qui les ont élus et, vraisemblablement, par une très grande majorité des citoyens français, qui continuent de l’approuver. Crime d’Etat ? mais, dans la démocratie française, l’Etat, en dernier (en premier) ressort, c’est nous. Nous tous. Aux yeux des parents Lambert, il apparaît qu’à cet égard nous avons tous trempés dans ce meurtre, dont nous sommes tous complices. En conséquence, il serait tout aussi logique que nous, citoyens français, qui sommes l’Etat, déposions une plainte collective contre les parents Lambert pour dénonciation calomnieuse.

En tout cas, cette affaire a mis en lumière, de façon flagrante, l’incompatibilité entre le catholicisme fanatique de ces gens et les valeurs de notre démocratie laïque.

renato dit: à

Pffff ! de «d’une réaction > de «réaction

hamlet dit: à

en plus la phrase suivante explique celle-ci : « la littérature, comme tout l’art, est une confession que la vie ne suffit pas. »

et la phrase suivante :

« Tailler l’œuvre littéraire dans les formes mêmes de ce qui ne suffit pas, c’est être impuissant à remplacer la vie. »

limite s’il ne faut en retenir qu’une je garderais plutôt la dernière qui est bien plus profonde et explicite.

hamlet dit: à

renato dit: 12 juillet 2019 à 16 h 51 min

ok, un peu comme la critique d’Adorno alors ?

et alii dit: à

une suite
Sardy writes in her intimate, multigenerational memoir, “The Edge of Every Day: Sketches of Schizophrenia.” “It is as if I already know that doctors and medications and hospitals and our efforts will all fail him.”

“The Edge of Every Day” is Sardy’s attempt to come to terms with a fundamentally mysterious disease and how its effects ripple throughout her family. It’s a deeply compassionate book about what it means to love someone who is mentally ill — about how hard it is to truly understand another person’s mind and the importance of continuing to try.

Sardy, who grew up with Tom and their two sisters in Anchorage, Alaska, first became a student of schizophrenia when she was 10 years old. That’s when her mother, who was experiencing delusions of
persecution, fled their home in an effort to evade some unnamed menace. Her mother spent months hopscotching around the globe, from Alaska to Hawaii to Algeria to Australia, eventually returning home with armfuls of souvenirs. Over the years, she developed an assortment of other delusions, barricading her family inside their house to protect them from assassins and becoming convinced that her ex-husband, Sardy’s father, had drowned in a tsunami and been replaced by an imposter.

Sardy struggles to make sense of what happened to her mother. “As a child I felt schizophrenia to be a dark, shapeless thief,” she writes. It seemed to her, she says, that her mother “had been stolen.” And when Tom began his slide into psychosis nearly two decades later, answers remained elusive.
https://undark.org/article/schizophrenia-book-review/

hamlet dit: à

si on sait que ce qui ne suffit pas c’est la vie, on peut remplacer :

« Tailler l’œuvre littéraire dans les formes mêmes de ce qui ne suffit pas, c’est être impuissant à remplacer la vie. »

par

« Tailler l’œuvre littéraire dans les formes mêmes de la vie, c’est être impuissant à remplacer la vie. »

ça a plus de gueule, non ?

je me disais aussi que ça m’étonnait de Pessoa de sortir des phrases qui ressemblent à des slogans publicitaires.

christiane dit: à

Quel billet ! se terminant par un poème bouleversant…

« Je roule de France en Sicile, de Sicile en Italie, en regardant beaucoup de temples, de ruines ou pas, des kilomètres carrés de mosaïques et à part la nage dans toutes les mers, je ne fais rien sinon quelques croquis.
Le point culminant fut Agrigente et le Musée de Syracuse. […] »
Rome, septembre 1953. A Jacques Dubourg.

« Pierre, tout cela est obscur comme le sentiment… Il ne faut pas, on ne peut pas comprendre. Le hasard, que voulez-vous, est feu, le tout c’est de pouvoir s’en servir mais le tempérament y va ou n’y va pas. C’est tout.
Je crois qu’il faut tout faire pour prévoir en toute ombre les choses, les voir obscurément, mais le feu est unique et le restera.
Plus l’ombre est précise, forte, inévitable, plus on a la chance de faire vite, clair, foudroyant.
Amicalement.
Nicolas »
Antibes, décembre 1954. A Pierre Lescure.

Et Jean-Claude Schneider écrit à la fin de ce si beau texte dédié à Nicolas de Staël :
« Travail tenu en haleine pendant des heures, des jours, devant les traits énigmatiques du réel, dans l’attente de la déflagration. Tandis que fermente ce « fond de meurtre » dont parle une lettre. Un meurtre réitérant celui que la lumière massive du Midi perpètre sur « les douceurs de la terre« .

Delaporte dit: à

La démence du raisonnement :

« Crime d’Etat ? mais, dans la démocratie française, l’Etat, en dernier (en premier) ressort, c’est nous. Nous tous. Aux yeux des parents Lambert, il apparaît qu’à cet égard nous avons tous trempés dans ce meurtre, dont nous sommes tous complices. En conséquence, il serait tout aussi logique que nous, citoyens français, qui sommes l’Etat, déposions une plainte collective contre les parents Lambert pour dénonciation calomnieuse. »

renato dit: à

« … un peu comme la critique d’Adorno alors ? »

En un sens il est proche d’A., mais il travaille surtout sur le catégories et certaines ambiguïtés dans les classifications.

Pat V dit: à

si on poursuit dans cette voie, à terme on va se retrouver avec des artisans et artistes peu fortunés (voire précarisée) mais très cultivés, et une classe supérieure qui saura même plus le nom de l’auteur de la Recherche.

Mais c’est déjà le cas, Hamlet! 😉

hamlet dit: à

Jacques R. dit: 12 juillet 2019 à 16 h 53 min

si c’était aussi simple…

il faut bien voir que dans toutes ces affaires il y a 2 systèmes qui s’opposent :

1/ d’un côté la religion, la morale etc…

2/ et de l’autre qu’est-ce qu’il y a : la technique ! le pouvoir technique qui augmente le pouvoir des hommes.

grâce à la technique on peut aujourd’hui maintenir en vie des êtres qui il y a quelques décennies seraient morts.

et Dieu dans tout ça ?

Dieu il s’en tape, sans ingénieur pour inventer ces machines ce type serait déjà mort, point barre !

parce que c’est leur fils on va réécrire l’histoire des religions ?

si question il y a elle doit porté sur l’usage de la technique, et la relation de l’humain vis à vis de cet usage.

c’est quoi ces catholiques qui défendraient le pouvoir technique et des laïcs qui essaieraient d’en limiter l’usage pour laisser mourir des gens qui sans la technique seraient morts depuis longtemps ?

c’est quoi ces histoires ? depuis quand la religion est au service de la technique et de la science ? depuis Galilée ?

les catholiques défendraient la technique quand ça les arrange ?

ils n’ont jamais rien fait pour la technique, il ne faut pas les écouter ! et voilà c’est tout !

ou alors qu’ils commencent par retirer Galilée de la liste des grands criminels de l’histoire !

Delaporte dit: à

Il n’y a pas qu’en France qu’il y a des scandales. Mais aux USA les ministres ont la dignité de démissionner. On attend cela de De Rugy, sévèrement amoché, à qui le premier ministre a accordé vraiment du bout des livres une infime confiance, qui n’existe plus dans l’opinion publique ni même chez ceux de son propre camp. Infernal ! :

« Eclaboussé par le scandale Epstein, le ministre du travail de Trump démissionne :
Alexander Acosta aurait obtenu un accord très favorable à Jeffrey Epstein, accusé d’avoir abusé de mineures en 2008, quand il était encore procureur fédéral. »

D. dit: à

cette histoire de homard est dérisoire, Delaporte. Le homard n’est plus un met de grand luxe. On en trouve à 25 euros chez Picard.
Par contre le caviar d’Iran, oui.
Et il ne me semble pas qu’il en ait été servi jusqu’à preuve du contraire.

closer dit: à

J’ai relu la tribune de Houellebecq sur l’affaire Lambert et voici ma conclusion:

« La tribune que consacre Michel Houellebecq à « Vincent Lambert, mort pour l’exemple » dans Le Monde est un concentré d’intelligence, de clairvoyance et de vérités qu’il est impératif de rappeler. »

Quant à l’abruti qui signe Jacques R, je me contenterai de lui rappeler que la mère de la victime a toujours nié qu’elle agissait pour des motifs religieux et que les sentiments d’une mère ne sont pas indexés sur l’intensité de sa foi, quelle que soit la religion.

Hamlet est moins con dans ses commentaires, mais pas tant que cela…(pour info Galilée n’est plus considéré comme un criminel depuis longtemps et même de son vivant, il a été protégé par d’éminents ecclésiastiques).

closer dit: à

Non Hamlet, le cas Lambert n’a rien à voir avec la technique, ni avec la religion. La question est de savoir si un médecin a le droit de tuer quelqu’un quand une partie de sa famille veut qu’il vive (et pas la moindre: les parents), est prête à s’en occuper et qu’aucun médecin ne peut se mettre dans sa peau pour savoir ce qu’il ressent vraiment. J’ai lu tout ce qui a été publié ces deux derniers jours dans Le Monde et Le Figaro. Personne ne peut conclure avec 100% de certitude sur quoi que ce soit. Quand il s’agit de vie ou de mort, le doute doit être en faveur de la vie.

Paul Edel dit: à

Je reviens au surréalisme. Vous avez tout à fait le droit Clopine d’aimer Anatole France. Mais ce qui est en jeu est ailleurs..
Pour les surréalistes, jeunes gens en colère qui sortent, survivants (par miracle !) des tranchées de 14-18.. Anatole France est le symbole d’un art anachronique,une rhétorique vieillie, et patriotarde. Procédés techniques usés, descriptions convenues .Cet art là n’est plus possible après la terrible expérience de 14-18. Cet humanisme véhiculé par A.France ne représente plus la nouvelle réalité .La vogue du roman à thèse à l’époque (Paul Bourget, Anatole France, Maurice Barres) enchante encore pas mal de lecteurs bourgeois qui aiment la tradition, un art torpeur. .Ces écrivains ne sont pas de « mauvais » écrivains, mais ce sont des écrivains qui ne correspondent plus, par leur humanisme désuet, aux nouvelles sensibilités. En art, Picasso, Picabia, les cubistes et leurs « gueules cassées », qui, en mettant en question la figure humaine, vont apporter la révolution dans la représentation du réel.
En mettant en évidence la beauté de l’art africain, la peinture naïve, les mécanismes de l’inconscient dans l’imaginaire et la création, André Breton et sa bande créent un choc. Le mouvement surréaliste libère l’art et la littérature de ses canons classiques. C’est aux surréalistes qu’on doit de porter de l’intérêt aux dessins, graffiti, peintures de ceux qui sont désignés comme « fous ». Tout cela forme un tremblement de terre .Réfléchissez Clopine aux peintres dit « naïfs » , ou aux arts africains ! Avant le Surréalisme ils étaient éliminés de l’Histoire de l’Art.

Clopine dit: à

Perso, ça m’a toujours fait tiquer, cette histoire de livres épuisés.

Certains des miens, oui, sont épuisés. La jaquette flageolante et les feuilles détachées, l’encre altérée et les traces de doigt, le livre qui s’ouvre tout seul à la page qui vous fait honte (ainsi, jeune fille, dans « Autant en emporte le vent », comme par magie, le livre s’entrouvrait sur la scène du grand escalier où Rhett ravit Scarlett en déclarant que cette nuit-là, au moins il sera seul avec elle… Soupir !), bref, j’ai des livres fatigués à la limite du coma lambertien.

Mais celui de Jazzi n’est pas épuisé, lui, loin de là) ! Il embaume de toutes ses feuilles de garrigue ! Longue vie à ce goût (du bonheur !)

Delaporte dit: à

« cette histoire de homard est dérisoire, Delaporte. Le homard n’est plus un met de grand luxe. On en trouve à 25 euros chez Picard. »

Le homard (m’a tuer) ou la langouste congelés, c’est pas bon du tout. Il faut que ça sorte de l’eau de mer vivant, et qu’on les mette immédiatement dans l’eau bouillante, sans faire de sentiments. Il n’y a que là que c’est délicieux. Congeler un homard, quel gâchis. Vous me décevez, D.

Clopine dit: à

Bah, si j’y réfléchis, Paul, je serais sur le point de dire que les arts naïfs et -/ou africains ont donc ainsi été « récupérés ». Détournés. Donc, à deux doigts d’être trahis…

Non ?

Delaporte dit: à

Une fois dans un restaurant j’ai voulu commander de la langouste. le serveur, qui m’aimait bien, m’en a dissuadé en me disant que c’était du congelé d’importation lointaine et exotique à bas prix, et qui ici coûtait une fortune, surtout au restaurant. Mais j’en avais déjà mangé, je ne sais plus où, et ce n’était pas bon. Picard peut aller se rhabiller. Parole de gourmet !!!

et alii dit: à

chiottes de Salinger
Des toilettes en or à la place d’un Van Gogh, le pied de nez du Guggenheim à Trump
r, la conservatrice du musée, a proposé des toilettes en or, de l’artiste iconoclaste Maurizio Cattelan, dans un courrier électronique envoyé mi-septembre, a indiqué le Guggenheim au Washington Post. Nancy Spector a fait valoir que la toile allait être exposée au Guggenheim Bilbao, avant de revenir à New York et d’y rester « dans un avenir prévisible ». Elle a proposé, à la place, les toilettes en or massif conçues par Maurizio Cattelan, exposées au Guggenheim de septembre 2016 à l’été 2017.

Delaporte dit: à

Merci, Bahia. Je suis bien d’accord avec cet article ! On a éliminé un vivant pour des raisons sordides. Cela pourrait nous arriver à tous. C’est angoissant.

« De plus, il y a tout lieu de penser qu’il y a conscience lorsque l’électroencéphalogramme du patient n’est pas plat, ce qui était bien le cas de Vincent Lambert. »

Soleil vert dit: à

Félicitations Jazzy

Delaporte dit: à

Certains amis des bêtes voudraient qu’avant de mettre le homard vivant à cuire dans l’eau bouillante, on l’assomme, par humanité. Pourquoi pas ? Néanmoins, même assommé, ça reste une expérience douloureuse, même pour un homard. Comment faire ? Je crains qu’il n’y ait pas de solution à ce problème, sauf de renoncer à manger du homard, ce qui serait dommage. De Rugy en plus de bouffer du homard aux frais de la République les faisait sans doute cuite (enfin par son cuisinier) en les mettant vivant dans l’eau bouillante. Résultat des courses : double crime ! Heureusement que Nicolas Hulot n’est plus au gouvernement. Brigitte Bardot n’a pas encore protesté ?

rose dit: à

Hamlet
à quoi devrait suffire la vie ?
Je dirai à vivre.
L’étape suivante serait à être heureux.

Chez moi, les gens sont comme ça, depuis 1968.
Avec qq. « distorsions » quand même car ils viennent de familles hautement friqués et ont des héritages qui tombent.
Grosso modo, ils vivent sans travailler.
Ai peu d’atomes crochus avec eux.
In fine, je crois qu’ils restent de grands bourgeois et que cette liberté qu’ils se sont octroyée, ils ont pu/osé le faire pck derrière, ils étaient friqués ; des gens pauvres, dont je suis issue, jamais n’auraient osé.
Ne crois pas trop à « quand on veut, on peut » ; plutôt à ce qu’a dit un, le déclic, l’étincelle.

Mon pseudo choisi ici est issu d’une fille chevrière de mon pays qui a eu un destin tragique. Je la porte dans mon cœur et avec ce pseudo, je la garde vivante.

Delaporte dit: à

J’ai déjà assisté au spectacle, traumatisant, du homard vivant non assommé qu’on plonge dans une bassine d’eau bouillante. Il s’affole brusquement, il écarte les pattes et ouvre ses pinces. Cela dure quelques secondes même pas, mais pour lui cela doit être une éternité. Il doit avoir mal, le homard. C’est méchant de lui faire subir cette torture, dans le seul but après de se régaler, calmement, quand il est dans l’assiette, avec de la mayonnaise et un rince-doigts, le tout arrosé d’un excellent vin blanc ou de champagne. Un crime que de Rugy commettait, et je comprends qu’on lui en veuille !

Delaporte dit: à

De Rugy est un tueur de homard ! Car avant de le manger, le homard, il faut l’ébouillanter vivant. Et ça, c’est vraiment du sadisme.

Soleil vert dit: à

Les Poètes de la Méditerranée

J’espère que Schéhadé n’a pas été oublié, il est bien supérieur à Andrée Chedid

rose dit: à

Excellent, Alexia Neuhoff votre
Homard m’a tuer.
Surtout si le homard est bleu 😳

Delaporte dit: à

En plus, de Rugy offrait à ses convives du « homard géant », nous dit Mediapart. Encore heureux que ça n’ait pas été des êtres humains, comme une petite fille dans La Peau de Malaparte !

hamlet dit: à

closer dit: 12 juillet 2019 à 17 h 48 min

non, c’est surtout une histoire de pognon : si l’entourage avait pu aligner 50 mille euros par mois ils l’auraient mis en secteur privé ou dans une clinique en Suisse ou ailleurs et personne n’en aurait jamais parlé, ils auraient continué de le soigner pendant 50 ans.

car il s’agit bien de soins, et non pas de traitement, sauf qu’en France on n’a pas voulu trancher pour savoir si alimenter relever du soin ou du traitement, vaste hypocrisie !

quant à son état cérébral il était comme on dit « alternant ».

au final c’est toujours une histoire de pognon : on ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre !

il y a presque 2000 cas similaires aujourd’hui en France et il y aura de moins en moins de ressource pour les prendre en charge.

là nous n’en somme qu’au début, il est évident qu’à terme il n’y aura plus que le privé pour prendre en charge ces cas limites.

tu vois Closer il faudra payer si tu veux que ton enfant vive, c’est-y pas un monde merveilleux ?

Alan B. dit: à

Qui dira le sort des migrants noyés corps et âmes dans ce qui est maintenant le plus grand cimetière marin de la planète: plus de deux mille morts en 2018…and counting….

x dit: à

Closer, je suis d’accord avec vous sur ce point (merci pour l’article Cl. Bahia). Dommage que la vulgarité vous gagne.
Il me semble qu’il ne faudrait pas, hamlet, oublier un troisième système : celui de la rationalité comptable.
Vous qui nous parlez si souvent d' »enfumage », il suffit donc d’agiter le chiffon rouge, non bleu je suppose, « cathos », pour vous faire oublier ce qui se joue en ce moment dans les hôpitaux français ?
C’est une spécialité de la com’ relayée par les media : agiter de grandes idées, de grandes valeurs, des drames humains, qui vont diviser de façon prévisible par tribus, familles de pensée, ça fait parler, alors que derrière ce sont des histoires de gros sous.
On pourrait vous dire, à Jacques R. et à vous, que les « cathos » (si possible intégristes) ou « les monothéismes » jouent ici exactement le même rôle que les dames Marine/Marion que l’on ressort et bichonne régulièrement ; face à eux, on peut faire passer n’importe quoi.

À propos d’obscurantisme supposé, il sort quand en salles le dernier Terrence Malick ?

hamlet dit: à

Closer : « Hamlet est moins con dans ses commentaires, mais pas tant que cela…(pour info Galilée n’est plus considéré comme un criminel depuis longtemps et même de son vivant, il a été protégé par d’éminents ecclésiastiques). »

Closer on s’en fout, si c’est pas Galilée c’est un autre, cette liste est tellement longue que si on la déroule on va à Naples pour lire la dernière ligne.

la question est de savoir si vous n’avez pas entendu parler de religion dans les médias ?

et c’était présenté comment ? le religieux était du côté de la vie ? et les laïcs voulaient sa mort ?

vous avez entendu comme moi ? ou j’ai rêvé ?

et même le texte de welbec : l’état l’a tué !

un état criminel qui veut sa mort, contre des morales (religieuses ou pas) qui veulent sa vie.

vous croyez que c’est recevable ce genre de discours en 2019 ?

les parents ? ces parents on les connait parce qu’ils faisaient la une mais tous les autres parents dans le même ? vous les connaissez ?

et là vous venez ramener votre fraise en disant nous aurions dû le laisser vivre : Closer le défenseur de la morale et des grandes causes humaines !

x dit: à

Bon, je vois que le message précédent était sans objet.
On pourrait ajouter que pendant qu’on amuse le public, de nouveaux traités transatlantiques contraignants se préparent dans le secret (traités qui ne concernent pas que les marchandises, il y en a aussi pour les « services », catégorie dans laquelle entrent justement la santé et l’éducation).

hamlet dit: à

x dit: 12 juillet 2019 à 18 h 59 min

c’est exactement ce que j’écris 10 mn avant vous.

Paul Edel dit: à

Avec votre raisonnement Clopine impossible d apprécier l art depuis Sumer l Égypte l art religieux les cathédrales et leurs allusions à la Bible ou la vie des saints oubliés ça sert à quoi l éducation artistique

hamlet dit: à

Claudio Bahia dit: 12 juillet 2019 à 18 h 06 min

je ne sais pas qui est ce Martin qui a écrit cet article mais ce qui est sûr qu’il n’a pas inventé la poudre !.

sûr que telle qu’elle a été présentée cette affaire sera récupérée politiquement.

mais elle ne profitera certainement pas à Macron !
il n’y a qu’à lire vos messages, le texte de welbec, les médias ont forgé l’opinion générale de telle manière que l’on croit que l’état a tué cet individu contre tous les avis, une décision arbitraire de technocrates sans prendre en compte des valeurs morales religieuses ou pas qui iraient dans le sens de la vie.

qui croit qu’aujourd’hui c’est encore les droits qui prédominent sur les valeurs ?

allez poser la question au PS eux qui ont misé sur les droits.

aujourd’hui ce sont les valeurs qui prédominent, qui plus est les valeurs non pas politiques mais morales.

L’euthanasie, la pma, le mariage pour tous etc… plus personnes n’en a rien à cirer, ce que veulent les gens c’est un retour à des valeurs fortes ! comme au Brésil.

et si cette affaire doit profiter à un parti politique tout le monde de quel parti il s’agit !

totalement débile cet article !

Clopine dit: à

Bon, oui, vous avez peut-être raison Paul. certainement même; Une petite différence tout de même : les arts auxquels vous faites allusion appartiennent à des civilisations éteintes. Les masques africains de Breton étaient, eux, arrachés tout vivants, si vous voyez ce que je veux dire…

Non, ce n’est pas avec le pillage de l’art africain que vous pourrez sauver le surréalisme.

Quant au « soubresaut » post-mortem, je veux dire post-première guerre mondiale, le refus de cette « chambre verte » à la Truffaut qui commandait le deuil et les cendres sur la tête, oui, certes. Mais est-ce pour autant une révolution aussi politique qu’artistique (et vous avez bien compris quel nombre de guillemets je mets autour de l’expression « révolution artistique »…) ? Non, à mon sens. Juste une évolution, qui a beaucoup plus à voir, à mon sens, à l’explosion simultanée des procédés techniques en tout genre (l’électricité !) qu’à une vision pensée des rapports humains (et nous retombons dans la thématique du surréalisme face aux arts premiers…)

Mais vous êtes sûr que vous pouvez supporter de parler avec moi, là ? Je sais que je suis bien moins avancée que vous dans la connaissance de ce mouvement. Vous pouvez pointer mon illégitimité tant qu’il vous plaira, loin de moi l’idée de protester… Et malgré ça, vous avez vraiment envie de savoir de quoi retournent mes réticences ???

hamlet dit: à

« Macron a pris cette décision pour récupérer les voix des défenseurs de l’euthanasie… »

« le lobby des défenseurs de l’euthanasie »

Claudio Bahia, c’est marrant parce que vous êtes je crois brésilien, et avos expériences politiques récentes vous croyez encore que c’est un parti qui défend l’euthanasie qui va remporter les prochaines élections ?

la France c’est comme le Brésil, comme tous les autres pays : c’est quoi qui a mis votre président au pouvoir ? la défense des droits ou la défense des valeurs ?

toutes ces dernières élections ont été remporté par ceux qui misent sur les valeurs morales !

et la France n’y fera pas exception.

il faudrait inviter le type qui a écrit cet article au Brésil pour qu’il comprenne un peu le monde dans lequel il vit !

Delaporte dit: à

« j’ai des livres fatigués à la limite du coma lambertien »

La vaillante Mère Clopine qui nous sort une métaphore digne de San-A. ! Continuez comme ça, avec cette inspiration splendide et pas du tout vulgaire ! Ah ! Mais c’est qu’elle a de l’humour à revendre, Mère Clopine, nom de d’là !

Clopine dit: à

Delaporte, votre numéro d’échappé de Loyola, là, il sent carrément le rance. J’espère pour vous que ce n’est qu’une posture.

(pour de vrai, je fais comme 99 % des visiteurs du blog de Pierre Assouline. Posture de pauvre pitre du catholicisme ou authentique masque de provocateur qui que vous soyez, je m’en fous, mais alors, je m’en fous … Autant que des problèmes de son fils pour Marthe Mercadier !

https://youtu.be/A6KnTsstyu4

et alii dit: à

2/ et de l’autre qu’est-ce qu’il y a : la technique ! le pouvoir technique qui augmente le pouvoir des hommes
vous nous embarquez dans des discussions sur le transhumanisme.

Ed dit: à

Des grands dîners indécents où se réunit l’intelligentsia pro régime, ça ne vous rappelle rien ? Un indice : miaou.

Pat V dit: à

 » En mettant en évidence la beauté de l’art africain, la peinture naïve, les mécanismes de l’inconscient dans l’imaginaire et la création, André Breton et sa bande créent un choc. Le mouvement surréaliste libère l’art et la littérature de ses canons classiques. C’est aux surréalistes qu’on doit de porter de l’intérêt aux dessins, graffiti, peintures de ceux qui sont désignés comme « fous ». Tout cela forme un tremblement de terre.

C’est exact Paul Edel et ce n’est pas sans poser d’autres problèmes. Notamment l’ esthétisation des objets rituels africains,et les considérations ethnologiques de leur fonctionnalité.
Contrairement à DADA, mouvement bref tout en négativité, qui a certes un intérêt esthétique évident, le mouvement surréaliste a drainé une réalité esthétique de création indéniable et pérenne même si on peut y apporter des critiques et certains n’ont pas manqué de le faire, au niveau des résultats.
cette discussion amenée sur André Breton m’a amenée à relire des passages du catalogue conçu par José Pierre : L’aventure surréaliste autour d’André Breton avec un avant-propos de Robert Lebel -Mai-Juillet 1986 exposition chez Arcurial. L’iconographie y est impressionnante et permet de baliser l’immense continuum des peintres et sculpteurs relevant de ce courant.

Delaporte dit: à

« Delaporte, votre numéro d’échappé de Loyola, là, il sent carrément le rance. J’espère pour vous que ce n’est qu’une posture. »

Mère Clopine, je n’aime que le Bien et le Beau, le Juste et l’Honnête, et le Propre. C’est peut-être ce que vous ne me pardonnez pas, dans ma simplicité sincère et humaine, qui tranche avec vos éructations de pseudo-intellectuelle brayonne. Tant pis !

hamlet dit: à

et alii dit: 12 juillet 2019 à 19 h 51 min

non, je parle de la médecine de routine actuelle.

mettre un pacemaker à un individu qui a 70 ans pour lui permettre de vivre plusieurs années de plus c’est quoi sinon un pouvoir donné par la technique ?

comme prendre la pilule ou de l’aspirine.

et alii vous savez pour quelles raisons le viagra a été mis au point ?

c’était (et ça l’est encore) un moyen radical de supprimer les règles douloureuses.

avec le viagra fini les règles douloureuses.

sauf qu’au dernier moment on s’est rendu compte que ça permettait à des vieux de pouvoir bander.

résultat ce médicament a été détourné de son objectif initial pour servir à ça.

c’est à ce genre de détail qu’on mesure les progrès du féminisme dans les sociétés occidentales.

sauf que personne n’en a parlé, du coup aucun journaliste ne l’a su et c’est passé comme une lettre à la poste !

marrant non ?

hamlet dit: à

qui peut imaginer que les défenseurs de l’euthanasie vont permettre de remporter des élections ? il vit où ce type ?

Paul Edel dit: à

Avec vous si on ne discute pas,Clopine, vous hurlez au mépris, c’est tout de suite l’intellectuel parisien qui méprise le pays de Bray, et si on discute tranquillement avec vous,vous niez les évidences historiques qui vous dérangent.. que vient faire Truffaut là dedans? tout ça avec une si visible autosatisfaction.. Vous niez que le mouvement surréaliste fut une révolution? artistique et politique ?bon, alors je renonce.

Delaporte dit: à

Et vous D, le problème du homard ébouillanté, vous vous sentez concerné ? J’avoue que c’est pour moi un gros problème. C’est d’ailleurs ce que je reprocherais le plus à de Rugy. C’est pourquoi je préfère le manger au restaurant ou chez des amis, pour ne pas ça – bien hypocritement ! Disons que ça ne me coupe jamais l’appétit, quand même. Bon, que mangez-vous ce soir ? Avec quoi allez-vous vous empoisonner ? Moi, ce sera un tout petit steack avec des concombres à la russe et un reste de lentilles : je vais encore me régaler. Mais pas de homard ébouillanté ni de homard m’a tuer !

Delaporte dit: à

Paul Edel dit: 12 juillet 2019 à 20 h 06 min

Bien rétorqué et bien vu, PaulEdel. Nom de d’là !

hamlet dit: à

Clopine à Paul Edel : « Mais vous êtes sûr que vous pouvez supporter de parler avec moi, là ? Je sais que je suis bien moins avancée que vous dans la connaissance de ce mouvement. Vous pouvez pointer mon illégitimité tant qu’il vous plaira, loin de moi l’idée de protester… Et malgré ça, vous avez vraiment envie de savoir de quoi retournent mes réticences ??? »

mais bien sûr Clopine que Paul Edel continuera de vous expliquer c’est quoi le surréalisme.
Pour qui donc le prenez-vous ? pour un élitiste qui ne parlerait pas avec des gens comme nous mais qu’avec des connaisseurs comme lui ? vous le prenez pour un frimeur bégueule ? après toutes ces années où vous le côtoyez ? Si vous restez courtoise, ce que vous êtes souvent, et si vous le remerciez de tout ce qu’il apporte, comme il se doit de remercier une personne qui vous apporte quelque chose, surtout quand c’est de l’ordre du savoir, et aussi surtout quand c’est gratuit, à sa place je vous le ferais aussi, mais pas gratuitement.

de nota dit: à

Camarade Hamlet, je crois bien me souvenir que le viagra devait être utilisé pour le traitement de l’angine de poitrine..

x dit: à

Alan B., oui.
Manifestement, l’empathie est à géométrie variable et on s’intéresse à ceux à qui on peut facilement, ou l’on veut bien s’identifier, ceux dont on se dit « There but for the Grace of God go I ». Le bateau de croisière Costa Concordia par exemple.
C’est tout aussi frappant selon l’endroit où a lieu le tremblement de terre ou ou le tsunami ou l’attentat terroriste.
Parfois le surgissement inattendu de la réalité supplée au manque d’imagination (tel celui de Louis de Funès après le tournage de Rabbi Jacob, le regard que portaient certains manifestants en gilet jaune sur « les quartiers » et la banlieue a changé, se retrouver « dans la peau », à la place des autres est plus ou moins confortable selon les circonstances).

Delaporte dit: à

Dans la lettre de l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) je lis avec confiance ces quelques réserves sur le sort réservé à Vincent Lambert :

« Le drame de Vincent Lambert met en lumière les carences de la loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, dite loi Claeys-Leonetti. Une loi qui ouvre la voie à tant de multiples interprétations et modes d’application qu’elle permet d’innombrables recours qui transforment le patient en un objet aux mains des autres : médecins, familles, proches… ; une loi qui, alors que la décision de fin de vie est prise, organise une agonie de 9 jours. 9 jours… »

renato dit: à

Éventuellement, hamlet, jetez un coup-d’œil à Avant-Gard and Kitsch, un essai de Clement Greenberg publié dans Partisan Review en 1938.

Pour CG le kitsch n’est qu’un ersatz de culture produit aux fins du divertissement — il le identifie [le kitsch] comme complice du totalitarisme —, et il lui oppose l’originalité de l’avant-garde qui au contraire du kitsch qui imite la nature, est une imitation de l’imitation — imitation du processus —. Interessant approche de la question de la mimesis.

Il me semble qu’une traduction fr. est disponible, mais pas certain.

Site Clement Greenberg
http://www.sharecom.ca/greenberg/default.html

Pat V dit: à

vous hurlez au mépris,

Hélas, Paul Edel, elle n’est pas la seule à se servir de cet argument, sa meilleure ennemie m’a fait le coup récemment! 😉

Pablo75 dit: à

hamlet dit: 12 juillet 2019 à 20 h 00 min

Comme d’habitude notre Pétomane dit n’importe quoi. Ce mec est une vraie calamité publique !

« et alii vous savez pour quelles raisons le viagra a été mis au point ?
c’était (et ça l’est encore) un moyen radical de supprimer les règles douloureuses.
avec le viagra fini les règles douloureuses.
sauf qu’au dernier moment on s’est rendu compte que ça permettait à des vieux de pouvoir bander.
résultat ce médicament a été détourné de son objectif initial pour servir à ça.
c’est à ce genre de détail qu’on mesure les progrès du féminisme dans les sociétés occidentales.
sauf que personne n’en a parlé, du coup aucun journaliste ne l’a su et c’est passé comme une lettre à la poste ! »

« Le sildénafil fut découvert par les laboratoires Pfizer et breveté en 1996. Il empêche la destruction du GMP cyclique qui ainsi maintient la concentration de monoxyde d’azote responsable de l’érection. Son but premier était le traitement de l’angine de poitrine4 (une forme de maladie cardiaque). Lors des études cliniques de phase I, il fut remarqué que l’effet sur l’angine de poitrine n’était pas celui espéré. En revanche, un des effets secondaires observés était que le sildénafil provoquait une érection. Pfizer décida donc de repositionner le sildénafil sur cette indication… » (Wikipédia)

La découverte de l’efficacité du Viagra contre les douleurs des règles date de… 2013 !!

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2013/12/10/21674-viagra-contre-douleurs-regles

Eh oui, « c’est à ce genre de détail qu’on mesure les progrès du féminisme dans les sociétés occidentales »: il a fallu 17 ans pour que des scientifiques pensent que le Viagra, qui favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, pourrait être efficace contre les règles douloureuses.

« personne n’en a parlé, du coup aucun journaliste ne l’a su ». On se demande bien pourquoi !!

Quelle nullité, ce mec !!!

Clopine dit: à

Ben non, justement, je trouvais que vous ne me méprisiez pas (divine surprise !) et j’étais toute contente, et prête à débattre. Vous voyez de l’agressivité derrière chacune de mes paroles. Vous vous trompez, je n’ai guère de moyen de vous en persuader. Et je n’ai plus la patience de vous tendre la patte, comme fait mon petit Pile-Poil (« petit » est un euphémisme, vous verriez la bête !!) quand il a fait une connerie.

Je vous en prie, Paul, excusez-moi mais tentez de me croire au pied de la lettre. Je suis à prendre au pied de la lettre.

Delaporte dit: à

« Camarade Hamlet, je crois bien me souvenir que le viagra devait être utilisé pour le traitement de l’angine de poitrine.. »

Camarade de nota, voilà un détail important qui enrichira la cause des peuples ! Et au fait, vous êtes-vous renseigner sur l’édition de Maigret et la jeune morte auprès de votre collègue ? Pouvez-vous confirmer mes dires, cher camarade ?

Clopine dit: à

Pat V., moi je ne me connais pas d’ennemis. Hélas, la réciproque, si l’on vous croit, n’est pas vraie !

allez, sourire, quoi.

Delaporte dit: à

« Je vous en prie, Paul, excusez-moi mais tentez de me croire au pied de la lettre. Je suis à prendre au pied de la lettre. »

En voilà une qui a envie de se faire tringler jusqu’à l’os !

Clopine dit: à

Le cri du coeur, c’est Maria Pacôme, pas Marthe Mercadier.

Pat V dit: à

Clopine, dans « meilleure », il y a toujours du « bon », non? 😉 + 😉 + 😉

Clopine dit: à

Ca, c’est raffiné et élégant, Delaporte. Trois ave, deux pater, et une petite procession avec l’effigie du Christ sur les épaules, s’il vous plaît. Je n’ajoute aucune flagellation, parce que ça vous ferait trop plaisir.

Clopine dit: à

Ben, Pat V., il faudrait que je sache à qui vous faites allusion avant de me décider. Si c’est Christiane, mon dieu. Je lâche tout et m’en vais vivre à Saint Malo.

Ed dit: à

Il a une meuf Fabrice Arfi ? J’en ferais bien mon casse-croûte (histoire de ne pas le faire fuir avec du clavier uhuh)

Ed dit: à

Du caviar

Quel c.on ce correcteur.

et alii dit: à

hamlet, vous êtes mal renseigné:j’ai vérifié mon souvenir: Mais en réalité, les premières indications envisagées par la firme concernaient moins ce mécanisme que l’angine de poitrine. Mais la déception côté cœur fut vite compensée par d’autres espérances: le terrain d’élection artériel du citrate de sildénafil se situait ailleurs qu’au niveau des coronaires. Les responsables de Pfizer ne mirent guère de temps à
https://www.planetesante.ch/Magazine/Cardiovasculaire/Hypertension/Le-Viagra-vous-aidera-t-il-bientot-a-perdre-du-poids
vous n’êtes pas assez sérieux!

et alii dit: à

viagra suite:
ce médicament s’avère capable de réduire le risque d’obésité et des pathologies morbides qui y sont associées. Leurs résultats présentés dans l’édition du 9 janvier du FASEB Journal. On en trouvera un résumé ici-même.

Pour comprendre ces nouvelles perspectives thérapeutiques il faut savoir que le citrate de sildénafil agit en interfèrant avec une voie de signalisation d’une molécule qui permet l’afflux de sang oxygéné dans les territoires concernés par l’érection masculine. Il s’agit de la molécule guanosine monophosphate cyclique (ou cGMP). Les chercheurs allemands avaient bien observés lors de précédentes études que des souris obèses prenant du Viagra perdaient du poids. Mais aucune raison bien claire ne permettait d’en comprendre la raison. L’équipe du Pr Alexander Pfeifer, directeur de l’Institut de pharmacologie et de

Bérénice dit: à

ED, il est barbu, né en 81 , en forme en principe. J’attire votre attention sur le milieu, des foules de nanas aussi avec le meme pourcentage de jolies sexy qu’ailleurs qui en plus sont aussi journalistes sans compter tous les contacts que le métier offre. Ça doit pas être une partie facile à gagner, s’il va en boîte des fois il vous resterait une chance, infime, quasi microscopique le rencontrer , le charmer, le coller, l’embrasser, le déshabiller etc etc

et alii dit: à

le Mediator en 1976. Il s’agissait d’un adjuvant au régime des anti-diabétiques. Et les autorités sanitaires valident cette indication. En 1974, le laboratoire obtient l’autorisation de commercialisation. Pourtant dès 1971 l’OMS (organisation mondiale de la santé) décide de classer le SE780 des laboratoires Servier comme «anorexigène», en raison de sa proximité avec les amphétamines, subtances toxiques pour le coeur. Mais Servier obtient que le médicament reste classé dans les antidiabétiques

Jazzi dit: à

« Jazzi comment te viennent tous ces thèmes ? »

Ils sont le fruit du hasard et de la nécessité, hamlet !
Pour les suivants, il ne me reste plus qu’à les arracher avec les dents…

Ed dit: à

Bérénice,

Vous ne pensez tout de meme pas que j’étais sérieuse ! Je n’ai pas plus de chances avec Fabrice Arfi qu’avec le rosbeef dont j’ai oublié le nom mais qui jouait dans « retour sur images » ( Black Miror).

C’est important, le rêve.

x dit: à

ça c’est bien vrai : il est beaucoup, beaucoup plus grave, infiniment plus grave d’écrire que le viagra était initialement utilisé pour le traitement des règles douloureuses au lieu de l’angine de poitrine, que d’attribuer à André Breton (pour le traiter de menteur et d’hypocrite) une phrase prononcée par Francis Ponge dans le contexte particulier d’un entretien radiophonique.

Haro sur le Hamlet, c’est inadmissible.

Mais pour l’autre fou furieux, tout le monde peut se tromper, n’est-ce pas.
Ce n’est pas à lui qu’on va reprocher d’être mal renseigné, de ne pas être sérieux dans la calomnie post mortem.

On croit rêver… Je sais bien qu’on est sur un blog médical et pas littéraire, mais quand même !

Jazzi dit: à

« ça palpe, cette affaire ? »

Moins que le tarif horaire de ma femme de ménage, Phil.
Raison pour laquelle, chez moi, la femme de ménage, c’est… moi !

Pat V dit: à

Clopine dit: 12 juillet 2019 à 20 h 33 min

Ce terme du  » meilleur » me donne à me souvenir de l’admonestation de mon père à manger ce que l’on détestait, moi et mes frères et sœurs étant enfants. Par exemple, personne ne voulait le croupion du poulet et notre paternel nous disait :  » il faut le manger, c’est le meilleur! » Et comme personne ne faisait un geste vers cette partie pas du tout aimée de l’animal, il joignait le geste à la parole en le mangeant devant toute la smala des enfants éberlués dont je faisait partie.

rose dit: à

Je sais bien qu’on est sur un blog médical et pas littéraire, mais quand même !

Ça dépend pour qui.
Pour moi, ici, ce n’est pas la clinique du docteur Blanche.
Dehors pas plus.
N’empêche, je trouve ça lumineux de savoir comment on est entré dans l’art. La littérature. Par quel biais.
Nous enfants, on était trimballes aussi ds un musée scientifique l’avant-première de la cité des sciences de la Villette, où il y avait des expérimentations. C’était pour mon frère. Le Dieu de ma famille, de ma mère surtout.
Quand je vois le résultat 50 ans après, re-wouarf.

Ed dit: à

Jazzi
Je suis sûre que vous êtes un peu maniaque.

Pablo75 dit: à

Toute la mécanique mentale du Pétomane est à l’oeuvre dans son post sur le Viagra. Un jour il entend quelque chose (que ce médicament est efficace contre la douleur des règles) et l’archive dans sa mémoire défaillante, probablement atteinte d’un alzheimer. Quelque temps après, on parle médecine dans le blog et pour se la péter, comme d’habitude (c’est la seule raison pour laquelle il vient dans le blog), il cherche un bon prétexte. Il se rappelle de l’histoire du viagra contre la douleur des règles et, grâce à sa vision binaire du monde apprise dans son adolescence passée aux Jeunesses Communistes, et à son irrésistible tendance à délirer systématiquement sur n’importe quel thème, il déduit que le laboratoire qui produit le Viagra, ne pouvant être qu’affreusement machiste, détourne ce médicament au profit des hommes (au lieu de calmer la douleur des femmes le laboratoire préfère faire jouir les hommes – comme si ce qui guidait les laboratoires pharmaceutiques n’était pas uniquement la recherche du profit, mais une morale moyenâgeuse).

Tout cela fait en plus, selon lui, de façon complotiste, dans le plus grand secret: « personne n’en a parlé, du coup aucun journaliste ne l’a su et c’est passé comme une lettre à la poste ! ». Sauf que tout le monde sait depuis le début que les effets du Viagra sur l’érection sont dus au hasard et cela a été raconté partout à sa sortie (il est tellement naïf notre Pétomane, qu’il croit qu’une découverte comme celle-la on peut la cacher à la presse américaine).

Bref, difficile d’être plus Con que lui, un type que s’il avait la moindre dignité il aurait disparu d’ici depuis longtemps.

rose dit: à

Pour Christiane
L’enfance, heureuse, quoique déjà injuste, on a du aller au musée huit à douze fois, grand max.
Pas plus de deux fois par an.
La découverte des musées s’est faite entre 38 et 48 ans.
Depuis, je n’ai plus cessé.
Vous me demandez ce que j’y ai trouvé : la beauté, l’exaltation et lentement mais sûrement la sérénité.
Disons que j’ai été nourrie, alors que jusque là, je crevais de faim et de soif.
C’est l’expression qui me vient. Je ne sais pas encore pourquoi.
Peut-être parce que j’étais beaucoup en attente et que je ne recevais rien de mes espoirs.
C’était un grand désert.

rose dit: à

Je ne sais comment exprimer ce que soudain j’ai ressenti. Les livres me comblaient depuis longtemps de grande satisfaction, bien que de longues années se passèrent durant lesquelles je ne lisais guère, l’élevage des enfants, la tenue de la maison, sans maniaquerie, le boulot d’institutrice qui me passionnait à 150 %.

Et un jour, les musées, face à une, des, plusieurs toiles, j’ai été envahie d’un bonheur profond et ai connu la complétude.
Le même sentiment de plénitude que dans l’amour lorsque l’autre n’a pas encore commencé à t’exploiter parce qu’il te sait désormais fragile.
(Avant qu’il ne t’ai piqué ton sac de vieille dame et fauché tout ton pognon).

In situ, je trouve beau, déjà, qu’une famille sorte sur le pas de la porte et regarde la lune. Cela signifie qu’ils savaient qu’il y avait la lune.

et alii dit: à

avec un peu de retard:
. Jusque-là art traditionnel, ultra-technique et bourgeois, la tapisserie devenait en quelques années un art subversif, radical et féministe. Réalisée en étroite collaboration avec la Fondation Toms Pauli de Lausanne, l’exposition, sous-titrée « Séismes dans la tapisserie aux biennales internationales de Lausanne 1962 – 1969 », rappelle la contribution fondamentale de la manifestation vaudoise
https://blogs.mediapart.fr/guillaume-lasserre/blog/080719/revolutionner-la-tapisserie-la-biennale-internationale-de-lausanne?utm_source=20190712&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-%5BQUOTIDIENNE%5D-20190712&M_BT=1249929909253

Pablo75 dit: à

x dit: 12 juillet 2019 à 21 h 03 min

Tiens, voilà notre Pétomane déguisé en x (il a trop honte d’apparaître comme « hamlet »). Voilà à quoi lui sert son 2eme pseudo: à s’auto-défendre quand il a été pris le doigt dans le pot de confiture. Et il est tellement en colère qu’il ne dissimule même pas: même ton, mêmes excuses ridicules, même façon de délirer…

Quant à la phrase sur André Breton, sache, Gros Connard, qu’elle n’est pas mienne (même façon les deux de ne pas savoir lire) mais de Queneau dans son Journal. J’ai écrit:

Pablo75 dit: 8 juillet 2019 à 19 h 36 min

« Et Queneau:
«Article dans Arts […] : «Nous avons choisi la misère» (Breton, Reverdy et Ponge photographiés ensemble). Breton qui a deux appartements et un moulin du 15 ème siècle». »

Et, pour finir, même façon de dire n’importe quoi: ce n’est pas « une phrase prononcée par Francis Ponge dans le contexte particulier d’un entretien radiophonique » mais une phrase d’un article, comme c’est écrit dans la citation, dont voici les références:

R. Queneau. Journaux -1914 / 1965-. Gallimard, 1996; p. 833. -1954-

Si quelqu’un avait un doute sur qui se cache sous le pseudo « x », je crois qu’il pourra arrêter de douter…

x dit: à

Puisque l’on est dans les anthologies autour de la Méditerranée, puisque de toute façon personne n’écoute personne et que nous écrivons tous at cross purposes, je vais y aller de mon petit morceau, du même auteur que l’extrait (parisien) sur le crocodile mélomane, sur le fil précédent (10 juillet 2019 à 23 h 29 min)

Première vignette, indirecte, dans la conversation d’un personnage qui évoque son pays au cours d’un dîner parisien :

« Pour les voyageurs, Espagne est un pays comme les autres, avec des billets de loterie, des eaux purgatives, des assurances sur la vie […] Un beau cloaque. […] [À Barcelone] on n’applaudit les toreros qu’à leur retour de Buenos Aires et on construit des immeubles en pâte de verre […] Puis, soudain, au détour d’une rue, le Saint-Sacrement, cette vieille monnaie qui a encore cours chez nous, passe, le peuple s’agenouille (sous peine d’amende) et l’on voit des fonctionnaires à ceinture de soie bleue tenir des cierges, suivis d’officiers en soutane, avec des bottes. Les tramways gonflés de voyageurs s’arrêtent, entourés d’attelages de bœufs et d’Hispano-Suiza, pour faire place à ces têtes d’Inquisition, à ces vautours mitrés, à ces vieilles figures de paysans sordides issues de précieuses dentelles, valets d’un Dieu qui a abandonné les humbles pour servir les riches. Ou bien, si le voyageur ne lit pas les journaux, et ignore qu’une grève est imminente, il est surpris de voir, des fenêtres de son hôtel, un matin, à son réveil, la garde civile à baudriers jaunes, en embuscade au coin des rues, attendant l’ouvrier syndiqué qui débouche. […] Les garanties constitutionnelles sont suspendues, et une police de sicaires interroge ces banlieues de chez nous, qui sentent l’os brûlé, l’essence de fosse et la gomme laque. […] Les autorités civiles sont dessaisies, l’état de siège est proclamé; […] le pouvoir passe aux mains des êtres les plus arriérés qui soient au monde […] »

Puis le narrateur se rend à Barcelone.
« En vain j’essayai de dormir. Mes fenêtres saluaient un boulevard plat, vêtu de palmiers. Jusqu’à deux heures du matin les enfants jouèrent, remuant à la pelle, sous les réverbères, un sable électrique, s’ébattant au centre d’une nuit dont les autres enfants européens ne connaissent que les bords. […] Rasée quatre fois à la minute par le phare, la citadelle de Monjuich poursuivait au sommet du rocher sa veille sinistre. »
« Un peu plus tard un taxi vint me prendre pour me conduire au parc de Vich […] Sur la place Colomb, la confrérie des mendiants allongés sur deux chaises de fer, dormait. Ils étaient là une centaine, la figure noire, les pieds enveloppés dans les journaux du soir […] La voiture suivit le faubourg d’Argüelles, quartier des enrichis à la Bourse aux cotons. À vrai dire, je doutai de mon réveil : ce n’était que villas tordues comme des guimauves, prenant jour par des fenêtres en cotte de mailles, défendues par des algues métalliques, des lianes en zinc peintes en vert, en rose tendre. […] Enfin la voiture s’arrêta en face d’une terrasse en céramique ornée de fruits confits, soutenue par douze dolmens ivres. »

Il y retrouve le personnage du début :

« Du haut de notre calvaire bordé de massifs maniaques où les héliotropes reproduisaient les insignes de l’ordre d’Alphonse XII, entre des créneaux renforcés de plaques de poitrine, la ville apparaissait dans l’air tendu, épurée comme un projet de concours d’architecte. Seule, la mer s’embarrassait d’une pâte brumeuse qui l’unissait au ciel. Le funiculaire commençait à marcher ; une dynamo ronronna.
— Voici Barcelone à son réveil […] des domiciles luxueux, des tramways dociles, des embellissements municipaux, toute une éloquence industrielle ; mais vous ne savez pas ce que sont les heures sanglantes : volets hachés, tuyaux crevés, et sous mes fenêtres, cajolée par le soleil, une seule tache : le corps d’une petite fille tuée en sortant de l’école, étendue à terre, la tête mangée de mouches. »
« Il y a moins d’un an, cela avait commencé par un meeting de protestation contre l’envoi des réservistes au Maroc, ce chancre qui ronge l’Espagne. […] À midi commença le pillage des couvents. […] À médianoche, je me risquai dehors. Le peuple refluait vers le centre, ayant pillé les armureries. […] Du haut de la statue de Colomb, les mitrailleuses nettoyaient. […] Les forts de Monjuich repérèrent enfin le comité révolutionnaire. […] Puis les renforts arrivèrent. Le général Santiago fit afficher des proclamations terrifiantes. Ce ut la débandade, les meneurs gagnèrent les Pyrénées. Enfin, les détonations s’espacèrent, se perdirent… Barcelone était redevenue ce que vous voyez là, une cité d’argent et de vice […] avec ses couvents et ses banques fortifiés, ses maisons de rapport aux portes de coffre, ses caves blindées et ses confessionnaux défendus des pauvres par les mêmes grilles dorées. »
« [Le] Pelayo, ce vieux cuirassé toujours prêt à servir de geôle, qui dort dans ce bassin son sommeil de crocodile.
Tenez, on le pavoise ; on construira aujourd’hui dans toute la ville des arcs de triomphe en papier d’argent. Il y aura ce soir, à chaque fenêtre, un cierge, car le Roi vient demain passer en revue les troupes qui vont partir pour Tetouan. Tout recommence, jusqu’à ce que…’  »

(Si ça se trouve, ce texte figure dans Le Goût de Barcelone …)

Bérénice dit: à

Pablo, je veux bien continuer de lire ce que vous donnez , une remarque ,ce mot  » Pétomane  » revient tres souvent. Auriez vous des hemorroides ou auriez vous subi une coloscopie de contrôle, à votre âge tout le monde y a droit. C’est un traumatisme et je comprendrais votre fixation colorectale. Je n’ai d’ailleurs de mon côté pas encore répondu à la suggestion de la CPAM pour la recherche de sang dans les selles.

Soleil vert dit: à

Miaou

L’effet Lambert ? Un cabinet de véto dans mon arrondissement reçoit le chat d’une connaissance. Diagnostic arthrose + diabète. Que fait le véto ? Il priorise le traitement de l’arthrose (imaginez un médecin recevant un patient enrhumé souffrant d’hypotension et que seul le rhume soit traité)

Il donne donc des anti-inflammatoires. Au bout de qq heures le matou tombe dans un coma diabétique. Le proprio du chat est convoqué : « le staff (j’aime ce mot) s’est réuni, votre petite bête est dans le coma, les atteintes neurologiques sont irréversibles. Peut-on abréger ses souffrances ? »

Non hurle la sœur du type chagriné. Bien que n’ayant aucune connaissance médicale elle leur ordonne de continuer le traitement à l’insuline. Au bout de 24h le matou ouvre les yeux, se lèche, réagit aux palpations et mange. Il pleure à la vue de son maitre. Au bout de 48h il est debout.

Ce post est dédié à toutes les victimes d’infarctus du myocarde dont la douleur annonciatrice au bras a été traité par un décontractant musculaire prescrit par leur cher médecin généraliste.

renato dit: à

Si mon souvenir est bon hamlet ne parle ni lit l’italien ; x, par contre, oui.

hamlet dit: à

renato dit: 12 juillet 2019 à 20 h 20 min

merci !

x dit: à

Pablo75 12 juillet 2019 à 21 h 41 min
J’avais précisé qu’il s’agissait de « Rencontre et témoignage » émission radiophonique conçue par André Parinaud.
Contributions de André Breton, Francis Ponge, Pierre Reverdy.

Désolé, ça va être long.

Entretien André BRETON /
Francis PONGE / Pierre REVERDY
«Cessons de nous exprimer en langue morte !»

Pierre Reverdy (P.R.) : L’importance de la poésie aujourd’hui est immense. Elle n’a jamais été tant à l’honneur, non seulement dans les lettres mais encore dans les arts. Les peintres qui comptent à notre époque se réclament tous d’elle, ne prétendent tendre qu’à elle, ce qui ne veut pas dire qu’ils consentent volontiers partager la portion ou le repas avec les poètes, mais ils aiment bien se mettre à table avec eux. Comparez, par exemple, l’attitude sans doute un peu théorique envers les poètes aujourd’hui à celle de Delacroix envers Baudelaire assez dédaigneuse et distante et incompréhensible, il me semble.

André Breton (A.B.) : Je doute que la poésie soit aujourd’hui tellement en honneur et je connais trop bien Pierre Reverdy pour ne pas penser qu’il parle ainsi par euphémisme, qu’il rit de pitié dans son for intérieur. Il est vrai qu’au moins en apparence la malédiction qui pesait sur la haute poésie a été levée, mais je ne suis pas sûr que cela vaut mieux. Il n’y a toujours pas, il ne saurait, du reste, y avoir de possibilités d’insertion de la poésie parmi les divers modes d’activité littéraire. Elle est d’une essence foncièrement différente. Alchimie du verbe, il me semble que l’on n’a pas dit mieux. Rien de commun avec les opérations où le langage tout donné n’est plus utilisé que comme véhicule ou monnaie d’échange. Je ne crois pas que Francis Ponge pense très différemment.

Francis Ponge (F.P.) : Non, bien sûr, et je ferai seulement mon possible pour accentuer, à ma manière, cette déclaration. Dans un brouhaha croissant, mené par les publicistes, les professeurs ou les philosophes, et même les concierges de la littérature très en faveur en ce moment, nous naissons, nous, chaque fois, et aujourd’hui encore, muets dans un monde muet. Il ne nous manque que la parole et il s’agit donc de la prendre puisque, au regard de ce que nous avons à dire, nous serions un peu loin de compte nous en tenant à la langue telle qu’elle se donne. Elle s’est un peu trop donnée depuis sept cents ans. Pour comble, on nous demande souvent de nous exprimer rationnellement, étant entendu qu’aujourd’hui même, ici, nous nous exprimons en langue morte, je ne pense pas que nous puissions valablement proclamer autre chose que notre différence et notre orgueil. Dans la langue de l’ennemi, nous ne pouvons guère qu’évoquer notre langue originelle, nous ne pouvons qu’élargir, autant que possible, le fossé qui, nous séparant non seulement des littérateurs mais même de la société humaine, nous tient proche de ce monde muet dont nous sommes issus comme les représentants ou les otages.

A.P. : J’aurais voulu savoir si vous estimez que la poésie doit jouer, ou joue, un rôle social.
P.R. : Socialement l’importance de la poésie est nulle, selon moi, depuis longtemps. Il lui manque ce qui a failli être autrefois à un plus grand nombre de gens le sujet. Béranger était un poète social. Aujourd’hui, la satire est inexistence sous cette forme, mais il y a la chanson qui hypnotise les masses, aussi bas que ce soit, c’est elle qui joue le rôle social. Mais la véritable importance de la poésie n’est pas d’être sociale, c’est-à-dire au fond politique. Elle est vitale, elle a toujours été vitale. Je crois qu’elle est à la base de l’élévation et de l’évolution humaines. Elle a même certainement été la source de toutes les religions. Je ne pense donc pas que la poésie
doive se cacher, mais qu’elle doive puiser dans les profondeurs plutôt que se complaire aux éclats de la lyre. Le temps est venu pour elle d’exploiter cette zone où le poète espère rencontrer ce qu’il pressentait être le plus important en lui-même et qu’il ne connaît pas, qu’il ne peut rendre évident pour lui-même qu’en écrivant.

A.P. : Cher André Breton, votre avis.
A.B. : Je vais même plus loin. J’estime que, lorsqu’une oeuvre présente extérieurement les apparences de la poésie et prétend à une valeur de reconnaissance immédiate sur le plan social et se voit accorder d’emblée une «importance sociale», c’est qu’elle n’a, en fait, rien à voir avec la poésie ! De son temps, par exemple, le prestige social de Hugo était évidemment fondé sur ses pièces à grands effets, humanitaires, mais, poétiquement, les plus faibles de son œuvre. Et c’est tout à fait abusivement que certains prêtent à Rimbaud des intentions sociales précises dans des poèmes comme Paris se repeuple ou Chant de guerre parisien, dont le sens à tout prendre est des plus ambigus. Je tiens la chanson d’aujourd’hui pour une petite mendiante effrontée qui spécule sur ce qu’il y a de plus sirupeux et de plus louche dans l’âme humaine. Où je me séparerai vivement de vous, cher Pierre Reverdy, c’est lorsque vous dites que la poésie a été la source de toutes les religions. S’il est incontestable qu’elle est à l’origine des mythes et des légendes dans lesquels l’homme primitif a projeté à la fois la misère de sa condition et la puissance de ses désirs, pour moi les religions ne sont que la rationalisation à des fins d’exploitation par une caste bien limitée de cet état de choses. Ce disant, il va sans dire que j’incrimine tout spécialement la religion judéo-chrétienne. La poésie vivante qui, comme vient de le dire si bien Pierre Reverdy, doit puiser dans les profondeurs, entre nécessairement en conflit aigu avec cette religion à la fois figée et figeante, dont elle ne peut, selon moi, que rejeter violemment les commandements et les interdits.

A.P. : Francis Ponge.
F.P. : Ici, encore, je n’éprouve que le besoin d’aggraver, autant qu’il est en mon pouvoir de le faire, ce que vient de dire Breton. Non seulement les religions, et en particulier la religion judéo-chrétienne, me paraissent en cause, mais l’humanisme tout entier. Ce système de valeurs que nous avons hérité à la fois de Jérusalem, d’Athènes, de Rome, que sais-je, et qui sature la planète entière : selon lui, l’homme serait au centre de l’univers, lequel ne serait lui que le champ de son action, le lieu de son pouvoir – joli pouvoir, belles actions !
Il ne s’agit, à mon avis, que d’une pseudo civilisation et d’une ceinture superficielle. Le fameux conflit dont on nous rebat les oreilles – économique et militaire -, qui menace en surface le monde, ne me paraît qu’un effet assez dérisoire à l’intérieur de notre pseudo civilisation finissante, tandis que par-dessous chemine, depuis près d’un siècle, et vient, en surface parfois, un avènement plus sérieux. Ces indices sont surtout sensibles dans la nouvelle peinture depuis Seurat, Van Gogh, Cézanne, et dans une certaine poésie depuis les années soixante-dix. Nous savons, de reste, que, pour les civilisations, après une période de découverte des valeurs, vient celle de leur élaboration, élucidation, dogmatisation, raffinement. Puis naissent les schismes, et, tôt ou tard, une catastrophe suit. Peut-être la leçon est-elle qu’il faut abolir les valeurs dans le moment même que nous les découvrons. Voilà, à mon sens, l’importance sociale, de la poésie !

[Je fractionne, suite au prochain commentaire]

Jazzi dit: à

« Je suis sûre que vous êtes un peu maniaque. »

Pas vraiment, Ed.
Juste que la maison soit propre et mon appartement est facile à entretenir.

rose dit: à

X
les anthologies autour de la Méditerranée, puisque de toute façon personne n’écoute personne et que nous écrivons tous at cross purposes, je vais y aller de mon petit morceau

Je ne trouve pas. Je trouve un respect réciproque immense.
Et chacun suit un fil.
Ce n’est pas pck je ne participe pas à la conversation sur le surréalisme entre Paul, clopine et … que cela ne m’intéresse pas.
Ed et jazzi, ce qu’il dit de lui et son premier goût de Cannes suivant la mort de sa mère. Soleil vert qui complète l’anthologie sur la Méditerranée.
La mise en valeur de Passou du livre de jazzi.
Christiane qui cesse sur Bourdieu et me renvoie la balle pck que soudain, je prends conscience avec une acuité définitive de comment j’ai trouvé puits dans le désert de ma vie et c’était grâce aux musées.
Et encore.cette bagarre entre Hamlet et Pablo 75 et Court qui nous dit, je suis nous.
Et alii qui se réfère à Pessoa qui explique comment par ses hétéronymes il a ou, personnages créés donner parole aux facettes de sa personnalité.
Dire par une bouche ce que par l’autre il ne pouvait.
Et comment, in fine, je me retrouve avoir grand tort de considérer que lorsqu’il se la joue fille, ce n’est pas forcément pour les arnaquer, les filles, mé-fi-ance insidi-euse, mais peut-être aussi manière de dire la part de féminin en lui.

Je ne crois pas, x, les gens égoïstes sur ce blog de littérature.

hamlet dit: à

Jazzi dit: 12 juillet 2019 à 21 h 00 min

merci ! et encore chapeau ! s’il y a quelqu’un qui le mérite c’est bien toi mon Jazzi !

contrairement à d’autres dont je tairai les noms parce que je ne suis pas un cafteur…

toutefois…

x dit: à

A.P. : Quelles les sources d’inspiration de la poésie d’aujourd’hui qui retiennent votre attention ?

P.R. : Les sources de la poésie contemporaine ne doivent pas être très différentes de ce qu’elles ont toujours été : ce sont celles du poète, lui-même, face à la réalité sociale à laquelle il ne s’adapte pas.

A.B. : Puis-je faire observer qu’il a d’autant moins de chance de s’adapter que sa vocation de poète témoigne, d’après Freud, du besoin impérieux de compenser un trouble important du développement psychique qui mènerait autrement à la névrose. Il en résulte que cette révolte contre la réalité est chez lui constitutionnelle et, n’en déplaise à de non-poètes comme monsieur Albert Camus, inconditionnelle.

F.P. : Une reconversion totale de la logique s’impose pour qu’une fonction positive de la poésie s’exprime enfin et que nous n’enregistrions pas seulement son rôle négatif. Lorsqu’un germe animal ou végétal se développe, non seulement il disjoint et culbute le monde alentour de lui, mais il se construit lui-même selon sa nécessité interne dans la générosité jusqu’à atteindre ses limites spécifiques, sa forme. Il affirme joie et audace autant qu’exécration et révolte. Il y a jubilation, floculation et semence, tel est le côté positif qui s’exprime.

P.R. : L’impossibilité, pour le poète, de se laisser absorber et assimiler par le réel, d’en jouir avec plénitude, l’oblige à découvrir, en lui seul, les moyens de vivre et de respirer, sa raison d’être est de se supporter ! Quant à la forme, je crois qu’on lui accorde une importance qu’elle ne peut pas avoir à notre époque où l’angoisse et le malaise de vivre obligent à se débattre – pour casser la vitre et ne pas étouffer. Du reste, j’ai toujours pensé que la forme n’est que la partie la plus évidente du fond et que la peau est à ce qu’il y a dedans.

A.B. : Absolument d’accord. La conception dualiste de la forme et du fond est un non-sens. À la limite au moins, une forme parfaite – j’entends, qui ne laisse rien à désirer – mobilise certaines puissances de perfection qui résident dans la pensée. Mais puisque vous parlez, Pierre Reverdy, du rapport de la peau avec ce qu’il y a dessous, ne pensez-vous pas qu’il y a lieu de se méfier des cosmétiques, le don de l’image, de l’analogie, dont vous savez quel cas je fais, comme vous, comme Francis Ponge, peut malgré tout faire illusion, rehausser des teints, en imposer La dame aux camélias. Voyez Claudel !

F.P. : Il est évidemment indispensable de désaffubler périodiquement la poésie. Concernant l’analogie, je dirais que son rôle est important dans la mesure où une nouvelle image annule l’imagerie ancienne, fait sortir du manège et prendre la tangente. Rien n’est plus réjouissant que la constante insurrection des choses contre les images qu’on leur impose. Les choses n’acceptent pas de rester sages comme des images. Quand j’aurai dit qu’un rosier ressemble à un coq de combat, je n’aurai pourtant pas exprimé ce qui est le plus important que cette analogie, la qualité différentielle de l’un et de l’autre. Quant à la forme, je dois dire, ou plutôt répéter, que j’y vois plus que la peau des choses, le cerne de leurs limites dont on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il définit l’essentiel. Ce qu’on vient de nous apprendre concernant la désintégration atomique doit nous donner idée de la force fantastique de retenue atomique contenue dans la moindre forme.

A.P. : Sans vouloir évoquer cette vieille lune, baptisée mission du počte, je voudrais vous demander quelle est l’intention profonde du počte aujourd’hui. Pierre Reverdy.

P.R. : Je crois que l’intention profonde du poète c’est d’être selon les exigences que lui impose sa nature, et dont personne ni lui-même ne pourraient se rendre compte s’ils ne parvenaient pas à s’exprimer. C’est là que commence ce désir d’émouvoir dont vous parlez. Il a d’abord l’impérieux besoin de s’exprimer pour se prouver à lui-même son existence, trouver son identité, la seule qui compte à ses yeux. Le désir d’émouvoir ne vient qu’en second lieu. S’il est solitaire, c’est par fatalité, malédiction ou infirmité – pas honteuse d’ailleurs, mais qu’il doit tout de même dépasser et, c’est pour sortir de cette solitude, difficile à supporter, qu’il ambitionne d’émouvoir. C’est par l’émotion que son oeuvre se montrera capable de provoquer chez d’autres âmes, qu’il trouvera la preuve de son l’authenticité – de cette valeur qu’il sent et porte plus ou moins péniblement en lui-même et qui va lui permettre de rejoindre les autres hommes par le seul point de contact où il pourra les rencontrer. Une oeuvre est le lieu de rendez-vous que le poète propose aux autres hommes – le seul où il vaille la peine d’aller le trouver.

A.B. : C’est vrai, pourvu que son comportement par ailleurs n’en soit pas la négation appuyée, comme il advient pour les peintres les plus célèbres d’aujourd’hui.

F.P. : Sans doute, devons-nous le dire : nous avons choisi la misère afin de vivre dans la seule société qui nous convienne, aussi parce qu’elle est le seul lieu – je ne dirai pas l’empire de la parole -, mais le territoire de son exercice énergique dans le trente-sixième dessous. C’est en partant d’en bas qu’on a quelque chance de s’élever. Enfin, c’est avec le plomb qu’on fait l’or, non avec l’argent ou le platine.

x dit: à

A.B. : Plutôt que d’émouvoir, je crois en effet que le rôle du poète est d’exalter ce qu’il nomme. Musset ou Laforgue ont eu l’intention d’émouvoir. Ils ont ému à une échelle très vaste, mais ne nous émeuvent plus. Ce qui me paraît être le secret de la poésie, c’est la faculté, départie à bien peu, de transmuer une réalité sensible en la portant tout d’abord à une sorte d’incandescence qui permet de la faire virer dans une catégorie supérieure. Je crois qu’il suffit pour cela de grandes réserves d’amour. Et aussi le refus de la réalité prise dans son ensemble, telle qu’elle s’aliène sous nos yeux, appelle-t-il la remise en creuset de certains éléments composants qui déroutent notre regard. C’est ce qui vous fixe, Pierre Reverdy, dans La rue sombre, ce qui vous retient, Francis Ponge, dans Le bois de pins.

F.P. : À propos du Bois de pins, j’ai pu le dire que, si je m’adonne à un tel sujet, c’est parce qu’il m’engage tout entier, parce qu’il me défie, me provoque, me paraît propre à changer d’esprit, d’armes et de manières, me refleurit enfin comme un nouvel amour. Voilà pourquoi je l’attends à ses rendez-vous, alors qu’il jubile de lui-même et voilà que je jouis à mon tour. Par les expressions que je viens d’employer très consciemment, l’on pourra juger que je n’éprouve ce faisant aucun sentiment de corvée, de devoir, il s’agit d’une partie en tête-à-tête – à l’effet d’en perdre la tête ! On me ferait rire en me parlant de message ou de mission.

P.R. : Bien sûr, il n’y a pas, il ne doit pas y avoir l’idée de mission dans l’esprit du poète. Le résultat missionnaire d’une oeuvre dépend plutôt de celui qui la lit que de celui qui la crée. Ce n’est pas l’intention du rôle que pourra jouer l’oeuvre qui doit préoccuper le poète. Il n’en pourrait préjuger que s’il savait exactement l’effet qu’elle va produire sur ceux qui vont l’aborder. C’est le cas de ceux qui écrivent pour un public donné. Au contraire, l’oeuvre doit être révélatrice pour son auteur lui-même, et c’est là sa primordiale raison d’être – il est évident qu’il ne peut absolument pas se douter du genre d’émotion qu’elle va provoquer chez un autre que lui.

A.P. : La révolte est-elle aujourd’hui l’arme nécessaire du počte ?
P.R. : Je ne crois pas que la poésie soit une arme de combat. Sans doute le poète n’est pas par définition un être social des plus parfaits, mais, s’il n’adhère pas à l’ordre, si cet ordre le révolte, si son injustice le blesse et le rejette même en dehors des rites dégradants de la société, son oeuvre est un détour pour s’insérer, s’incorporer, et doit permettre à ceux qu’ils jugent dignes de lui de reprendre une place dans cette société.

A.P. : Votre avis, André Breton.
A.B. : Le poète a, en effet, un très bel avenir de revenant ! sans plus rien d’hostile d’ailleurs et même paré de toutes les séductions. Rappelez-vous cette fin de 1940, où le mot «Résistance» était à peine chuchoté – en tout cas n’avait pas encore à l’intérieur du pays aucun répondant concret -, tout alors pouvait paraître consommé, sous la férule de Vichy. Au nom d’une morale s’imposait un code de niaiseries tonitruantes recouvrant de sordides roueries, en rapport avec la disette alimentaire. Eh bien, c’est alors que cet avilissement paraissait sans issue que tels accents de Baudelaire m’arrivaient, comme portés par l’émotion de tous, avec la certitude que le cauchemar que nous traversions serait balayé. C’est cela la vraie insertion, la vraie incorporation du poète dans la vie sociale. Que peut-il demander de plus que d’être cette bouée phosphorescente dans le naufrage !

F.P. : Belle expression que vous venez d’employer, cher Breton, celle de revenant ! Dirais-je que cette résurrection dans la musique, au sens où les Grecs employaient ce mot, mettons l’harmonie, est un effet intemporel et imprévisible qui n’a sans doute chance de s’accomplir qu’à la faveur d’un choix constant du poète marquant sa propre différence, son goût profond, son plus authentique désir, ses propres censures. Je terminerai par une déclaration sans autre mérite que son insolence. Il ne s’agit pas tellement de connaître que de naître. L’amour propre et la prétention sont les premières vertus. À leur limite se définit la personne. L’important est qu’elle fonctionne plus encore qu’elle ne signifie.

P.R. : Oui, va pour les revenants ! Aussi bien n’avons-nous pas toujours vécu nous-mêmes avec eux – on pourrait même dire les «remanants», ceux qui restent ! La seule révolte serait le silence, le refus absolu de collaborer, mais le silence, dans ce monde où la masse des êtres ne vit que de bruit, équivaudrait au néant. Or, ce qui explique peut-être le mieux le poète, c’est le besoin d’exprimer qui le caractérise et qui lui vient, sans qu’il y paraisse toujours très clairement, de la surabondance d’être qu’il porte en lui.

Ed dit: à

Terrible, soleil vert. Des boulets pareils qui vont continuer à exercer parce qu’ils ont judiciairement intouchables.

rose dit: à

Ce n’est guère à moi qu’il faut demander une comprehension quelconque envers les médecins, fussent-ils veto.
Lavande est en Avignon dès lors.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

*