de Pierre Assouline

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La République des livres
Le jour où Samuel Beckett a mangé une orange

Le jour où Samuel Beckett a mangé une orange

Le plus souvent, le courrier que Samuel Beckett recevait finissait comme les manuscrits reçus : au vide-ordures. Avant de procéder à cette épuration de sa table de travail, il mettait un point d’honneur à répondre à ses correspondants quels qu’ils fussent par retour de courrier, si besoin est par un simple accusé de réception quand une vraie lettre ne s’imposait pas ; cette marque d’urbanité, de générosité et de savoir-vivre est générationnelle si j’en juge par ma propre expérience de l’étude approfondie de la correspondance de personnages auxquels j’ai consacré des biographies : Gaston Gallimard, Hergé, Daniel Kahnweiler, Georges Simenon… Tous passaient leurs matinées à répondre. Quelque que fut leur origine sociale, leur éducation leur interdisait de ne pas répondre. Disons que cela s’est perdu puisque de nos jours, même les courriels souvent restent sans écho alors qu’ils ont été lus.

D’où l’intérêt de Lettres IV 1966-1989 (The Letters of Samuel Beckett, traduit de l’anglais par Gérard Kahn,  Gallimard). Ce quatrième volume couvre les vingt-cinq dernières années de sa vie et partant de son œuvre. Alors que dans le précédent volume les éditeurs ont dû accomplir des exploits en raison de sa graphie parfois indéchiffrable, la tâche leur fut paradoxalement moins ardue pour cet ultime volume. L’écrivain, qui souffrait d’une cataracte aux deux yeux et de la maladie du Dupuytren (une forme de fibromatose), dont il disait qu’elle avait pour effet de métamorphoser ses doigts en autant de griffes, s’accommodait sur la fin de sa raideur arthritique ; tant et si bien que son écriture en était curieusement améliorée. Que d’épreuves pour les transcripteurs avant de se résigner, la mort dans l’âme, à passer leur tour en signalant entre crochets « (illisible) ». Cela dit, l’édition est impeccable, les notes instructives, révélant une profonde et ancienne familiarité avec l’homme et l’œuvre, même si on ne peut s’empêcher de sourire lorsque « Telefunken » et « Grundig » renvoient à des notes précisant «marque de poste de radio à transistors de S.B. » alors que c’est peut-être « transistor » qui est aujourd’hui inconnu des lecteurs de moins de 40 ans… J’aurais, quant à moi, préféré une explication de la dilection de Beckett pour l’esperluette en lieu et place de « et »;

827879-par10123jpgIl donne l’impression de ne jamais être aussi heureux, apaisé, réconcilié que dans le silence, ce luxe suprême. Nulle part pieux que dans sa petite maison d’Ussy (Seine-et-Marne) il n’a de chance d’y accéder durablement. A un ami il confie qu’il ne connaît de plus grande félicité que dans les moments en solitaire où le silence n’est disputé que par le discret crépitement né de l’incinération des feuilles mortes. Il a fallu qu’il soit menacé d’un Nobel de littérature pour qu’on le voie, certes longtemps après, s’exprimer sur ses rapports à l’argent et à la célébrité.

« Il est difficile de la considérer comme un honneur, même à supposer une soif d’honneur, quant à l’argent, j’en ai assez pour mes besoins décroissants » (1966)

On ne l’apprendra que bien plus tard, à mots couverts par des indiscrétions, mais le gros chèque de la fondation Nobel lui permettra le plus souvent d’aider des amis, des proches ou de vagues connaissances en difficulté, certains le sollicitant, notamment le dramaturge Arthur Adamov ou l’écrivaine Djuna Barnes. Cela dit, on s’en doute, s’il n’a rien fait pour se gagner les bonnes grâces du comité Nobel, il n’a rien fait non plus après, refusant le voyage à Stockholm et la promotion de son œuvre qui devaient s’ensuivre.

Il affectionne les expressions étrangères comme autant de mots de passe et de codes entre initiés comme le sont souvent les correspondants les plus familiers : « segrete cose ». Chaque fois qu’il est question de traduction sous sa plume, le mot de « perte » ne tarde pas à suivre. Ce qui se perd dans la traduction : son obsession. Avec Cioran, il a passé des soirées à essayer de trouver un équivalent français à lessness, tournant des heures autour des variantes de « sans » et « moindre », allant voir du côté du latin sine, créant le néologisme « sinéité », y renonçant finalement pour convenir ensemble qu’il n’y a rien d’assez honorable dans la langue française pour exprimer ce mélange de privation et d’infini, l’absence en soi, l’absence à l’état pur « et qu’il fallait se résigner à la misère métaphysique d’une préposition » comme le dira Cioran dans ses Exercices d’admiration. Peut-être l’Irlandais a-t-il trouvé la solution dans le génie des lieux à Wannsee où son ami roumain, le sachant à Berlin, l’a pressé de se rendre afin de fouler la terre où le poète Kleist et son amie Henriette se sont suicidés.

Il est beaucoup question de travail tout au long de cette correspondance. Du travail en pratique comme de la notion même de travail considérée comme la plus grande des vertus, en quoi l’éducation protestante de Beckett refait surface. A James Knowlson, son meilleur biographe et l’un des experts les plus éclairés de son œuvre, qui le questionne sur les idées enfouies sous ses mots, il répond :

« Je ne sais tout simplement rien ou presque mon travail vu ainsi, aussi peu qu’un plombier sur l’histoire de l’hydraulique »

Non qu’il fuit car, malgré son hostilité à tout projet de biographie le concernant (« Si seulement il y avait un copyright sur la vie »), il tient Knowlson en grande estime –c’est d’ailleurs lui qui lancera avec un succès le fonds Beckett de l’université de Reading (Berkshire) ; Beckett, qui jugeait sa vie ne valait pas la peine d’être écrite, aurait pu faire sien le mot de Cioran pour lequel il était incroyable que la perspective d’avoir un biographe n’ait jamais fait renoncer personne à avoir une vie. D’ailleurs, les deux hommes firent connaissance et se rapprochèrent, Beckett lui avouant que la lecture de ses livres lui donnait un fort « contentement », et que cette « voix fraternelle »lui allait droit.Avec d’autres, écrivains, plus jeunes et pétris d’admiration, il s’incline devant la grande détresse que leurs poèmes expriment et conseille « éloignez-vous et de mon travail et de vous-même » (à Charles Juliet en 1969)

Son père espérait la voir travailler chez Guinness. « Comme je regrette souvent de ne pas l’avoir fait » écrit-il, et ce n’est pas le leveur de coude en lui qui parle là, mais en aura-t-on connus et lus de grands artistes et de grands créateurs exprimer un pareil regret au soir de leur vie. Moins une posture qu’un accès de mélancolie. Aussi sincère que Beckett écrivant à Robert Pinget (1966) :

« On n’est pas des gensdelettres. Si on se donne tout ce mal fou ce n’est pas pour le résultat mais parce que c’est le seul moyen de tenir le coup sur cette foutue planète »

Il n’en continue pas moins à écrire jusqu’à la fin. Non parce que bon qu’à ça, comme il le répondit au fameux questionnaire de Libération « Pourquoi écrivez-vous », mais « avec quelque chose de l’ancien besoin & du vieil enthousiasme » (1980). Il ne s’apitoie guère sur ses souffrances dues à l’âge mais enrage des maladies qui rongent ses amis :

 « La nature est une enfoirée ».

Le théâtre y apparaît comme sa passion première et dernière, dû-t-il considérer cette échappatoire comme une « distraction » comme une prison puisqu’il avoue être incapable de s’en « évader ». Le théâtre ne le lâche pas. Son éditeur Jérôme Lindon, qui agissait aussi comme son agent pour la gestion mondiale de ses droits, m’avait dit dans les années 80 qu’il ne se passait pas un seul jour dans l’année sans qu’une pièce de Beckett soit jouée quelque part dans le monde, En attendant Godot et Oh les beaux jours étant les plus demandées. Jusqu’à la fin, malgré le spectre du rabâchage qui le hantait, Beckett aura travaillé pour le théâtre –et opposé le plus souvent des refus aux adaptateurs qui voulaient transporter la scène à la radio ou à la télévision. Il lui arrivait de céder mais le plus souvent il fit preuve de ce qui peut passer pour de l’intransigeance mais qui n’est en fait qu’une attitude de principe d’une cohérence absolue. Les didascalies de ces pièces sont à ce propos d’une netteté sans mélange et aux éditions de Minuit, Irène Lindon dans le même esprit que son père, on se fait fort de les faire respecter. Ce qui n’a jamais découragé les adaptateurs du vivant même de Beckett de tenter vainement de lui forcer la main en faisant interpréter En attendant Godot par des femmes.

Pour savoir ce qu’on peut faire d’une pièce, il a besoin devoirle théâtre dans laquelle elle sera jouée. Cette visualisation lui paraît le seul moyen d’adapter l’une à l’autre pour trouver la meilleure résonnance, et il ne s’agit pas que d’acoustique. Il faut aussi parfois adapter la pièce à la spécificité des interprètes mais nul autre que lui ne doit s’en charger.

« La scène mentale sur laquelle on se meut en écrivant et la salle mentale d’où on la regarde sont des substituts très inadéquats à la chose elle-même. Et cependant, sans elles, il est impossible d’écrire pour le théâtre. Mon expérience est que la vision mentale et les indications scéniques qui en découlent sont valables dans l’ensemble mais doivent souvent être rectifiées, voire modifiées (…) L’idéal serait de travailler en connaissant à l’avance ces conditions réelles. Je rêve de pénétrer dans un théâtre sans texte, ou presque, et de me réunir avec toutes les personnes concernées avant de me mettre vraiment à écrire. Autrement dit, d’une situation où l’auteur n’aurait pas de statut privilégié, comme c’est le cas lorsqu’il arrive avec un texte déjà établi, mais oeuvrerait simplement comme un spécialiste qui n’aurait ni plus ni moins d’importance que les autres spécialistes concernés » (1966)

On apprend ainsi au détour d’une carte qu’il est « très amateur » des livres d’Emmanuel Bove, qu’il conseille à une amie la lecture de Contre tout espoir de Nadedja Mandelstam car « c’est un livre qui donne courage , qu’il admire Céline pour son œuvre bien que son antisémitisme le révulse ou que sa pièce Quoi où doit beaucoup au Voyage d’hiver de Schubert. Parfois, on se croit vraiment dans du Beckett, comme lorsqu’il écrit à son meilleur ami le peintre Avigdor Arikha :

« Rien ne va plus dans ma vieille tête. La carcasse se traîne entre monts et vaux. Un œil mi-clos la suit de loin ».

On aura compris que ce volume ne recueille que les lettres de Beckett, pas celles de ses correspondants. Chez d’autres écrivains, l’absence d’aller et retours fait souvent défaut et ne permet pas d’apprécier l’échange dans sa réalité. Etrangement, chez lui ça ne manque pas. Sa parole se suffit à elle-même. Les éditeurs en conviennent qui ne cherchent pas trop à combler les doutes supposés du lecteur sur la teneur de la conversation épistolaire. Une seule fois, ils s’autorisent à reproduire en note la lettre d’un correspondant à qui il répond : celle du dramaturge tchèque Vàclav Havel qui lui avait écrit six semaines après sa sortie de  prison pour lui exprimer sa gratitude. Deux fois plutôt qu’une : merci d’avoir éclairé la noirceur de ma vie d’adolescent quand j’ai découvert Godot, merci de m’avoir soustrait à la bassesse et la crasse de la détention en exprimant publiquement votre solidarité avec moi au festival d’Avignon avec votre pièce Catastrophe… (17 avril 1983). A quoi Beckett, qui admire son œuvre, répond : « C’est moi qui vous suis redevable »

Qu’on n’attende pas de lui qu’il commente ses commentateurs. Quant à ceux qui attendaient de connaître enfin son point de vue sur Mai 68, qu’ils renoncent même à le connaître à l’occasion du centenaire ; bien qu’il ait vécu à deux pas du théâtre des opérations, rien, pas une trace, ni le moindre reflet des « évènements ». Il est vrai qu’il ne dit à peu près rien, non seulement dans ce quatrième volume mais aussi dans tous les précédents, d’un moment autrement plus important : l’Occupation. A peine la caractérise-t-il au détour d’une carte : « un temps honni… « , « des temps infernaux »… Il l’a pourtant personnellement vécue et n’a pas à rougir de ses engagements dans la Résistance à Paris dès les premiers temps, dans le maquis du côté de Roussillon (Vaucluse) au plus fort de la guerre, dans une unité de la Croix-Rouge à la Libération en Normandie. Mais son silence s’explique cette fois par la pudeur, la sainte horreur de ceux qui réclament un retour sur investissement à leurs actions quand leur conscience seule devrait les dicter. Pour tout commentaire, il concède un mot cher à Francis Bacon :

 « de nobis ipsis silemus » (de nous-même, nous ne disons rien)

Le retrait, toujours. Et la discrétion exigée des proches. Enfin, une exigence à la Beckett sur un ton de douce supplique. A l’ami anglais qui lui demande des précisions biographiques, il concède une chronologie de sa vie sans son œuvre, lâche une poignée de dates mais à propos de son analyse à Londres de 1934 à 1936, demande gentiment : « N’insiste pas trop là-dessus ».  Dernières lettres jusqu’au dernier souffle. Il est anéanti par la masse du courrier à affronter.

« Même pour regarder dans le vide je n’ai plus d’entrain. C’est un spectre que je serai bientôt. Pas moins que tous nos chers disparus. Sans leurs avantages ».

La maladie le ronge. Juste la force de se laisser mourir. Au réalisateur d’un projet d’adaptation de Murphy pour la télévision irlandaise, il lâche un dernier mot avant de tourner la page :

« Faites donc sans moi »

Les inconditionnels de Samuel Beckett, dont je suis, seront comblés par ce volume. Aux autres, on révèlera que derrière le discret génie, tout d’intelligence, de finesse, d’humilité et d’humour, il y avait bien un homme de chair et de sang. Presque un écrivain parmi d’autres qui jugeait sa vie sans intérêt et ne parvenait pas à surmonter l’horreur que lui inspirait l’écoute de sa propre voix enregistrée. Un homme comme un autre. La preuve : le 2 février 1975, dans une lettre à sa plus proche amie Barbara Bray, au milieu de considérations techniques sur ses textes, il écrit : « Mangé une orange ». C’est la seule fois dans l’ensemble de ce volume qu’il s’abandonne à une allusion aussi personnelle et anodine, mais ces trois mots, dans cet ordre-là avec les phrases qui les précèdent et celles qui les suivent, c’est aussi et déjà du Beckett.

Post Scriptum En 1986, dans le cadre d’un grand portrait de lui que je devais écrire à l’occasion de ses 80 ans pour le magazine Lire, je me suis adressé à Samuel Beckett pour lui demander non une interview mais une partie d’échecs car, entre joueurs, il n’est pas de meilleur moyen de connaître l’autre. Il me répondit par retour de courrier (voir sa carte en haut de ce billet) et me fit savoir par son éditeur que, hélas, l’état de ses yeux ne lui permettait plus de jouer autrement que mentalement…

(Photos Passou, D.R., Greg Lancaster et John Minihan)

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1 781 Réponses pour Le jour où Samuel Beckett a mangé une orange

Clopine Trouillefou dit: 28 mai 2018 à 13h26

PARDON, PIERRE ASSOULINE… C’est la dernière fois, promis, juré.
Suite du récit sur la promo de « qui a tué mon père » d’Edouard Louis. IL est conseillé de lire le premier message… Pour ceux qui vont avoir le courage de lire in extenso mes élucubrations… Bref !

Des femmes, surtout, de tous âges dont les vénérables post-ménopausés, comme toujours en pareil cas. Quelques maris à leurs côtés… Quelques couples de mecs aussi, avec toujours ce mélange de réserve et de qui-vive, cette discrétion et ces yeux inquiets, qui à mon sens découlent de quelques siècles, au bas mot, de persécution. Mais aussi une poignée de jeunes hommes solitaires, sans doute de l’âge de l’auteur… L’atmosphère était détendue, genre pré-week-end, et si la majorité du public n’avait pas encore lu « qui a tué mon père », au moins un des livres d’Edouard Louis, le premier, semblait avoir profondément marqué les esprits.

La libraire avait consciencieusement préparé l’interview : questions réfléchies, citations marquées d’avance, notes écrites. Et personnellement, j’étais toute prête à croire, pourquoi pas ? Aux liens si particuliers qu’Edouard Louis a tout de suite évoqués : dans sa tournée de promotion si « serrée », il ne voulait surtout pas louper le rendez-vous rouennais…

Etait-ce à cause du déluge d’éloges ? La libraire était carrément lyrique, exaltée et prolixe dans son dithyrambe. Mon mauvais esprit me conduisait à murmurer « n’en jette plus, va, la cour est pleine », mais elle allait toujours, enfonçant avec une belle énergie un clou de plus en plus doré ; mais il est vrai que j’ai un problème avec les compliments, toujours entachés à mes yeux du soupçon d’insincérité. Edouard Louis, visiblement, n’a pas les mêmes réserves, à voir la façon dont le jeune homme s’épanouissait sous la douche parfumée, s’ébrouant à peine, comme un jeune colvert au sortir du bain.

L’interview fit cependant, beaucoup, dans la paraphrase, Louis reprenant peu ou prou les récits de ses livres, détaillant simplement, en plus, les circonstances et anecdotes ayant entouré leur mise au point ; une seule allusion, et encore, au film calamiteux tiré de « Pour en finir avec Eddy Bellegueule », qui n’illustre que le fait divers misérabiliste ; pourtant, le nouveau livre était peut- être une réponse à ce film ? Je n’ai pas pu poser la question, ayant été sommée de rendre un micro que j’accaparais sans doute…

C’est d’ailleurs, là aussi, la loi du genre : les questions les plus intéressantes ne peuvent jamais être posées, soit par pudeur, par autocensure, censure tout court ou incompétence. Et pourtant, dans le cas d’Edouard Louis, elles devraient au moins affleurer, tant la démarche du jeune auteur est à mon sens sujette à interrogation.

Encore plus, et là j’en arrive au cœur de ma perplexité, pour son dernier livre « qui a tué mon père ». Ce mince bouquin opère en effet une sorte de volte-face littéraire : exit les parties analytiques qui étaient en miroir des anecdotes vécues des deux précédents romans. Ici, c’est une sorte de « lettre au père », mais une lettre au père qui ne dirait qu’une seule chose : l’absolution du fils. 80 pages pour dire en quelque sorte « je te pardonne et je t’aime », au motif que, un, le père « n’a pas les mots pour le dire » (sous-entendu : s’il a insulté son fils pendant toute l’enfance de ce dernier, c’est qu’il ne sait pas dire aimer, car être un mec un vrai c’est subir le déterminisme social de la masculinité) et deux, « c’est une victime avant toute chose ».

Du coup, évidemment, ce troisième bouquin paraît bien édulcoré par rapport à la hache de guerre qu’a représentée le premier. Et sa seule insolence réside dans le titre, puisque cette affirmation sur l’identité du meurtrier « qui a tué (s)on père », Louis la profère alors même que ce dernier… est encore vivant…
(question qui ne fut évidemment pas évoquée, et pour cause, elle pouvait susciter le débat entre vie réelle et vie littéraire, or il s’agissait ici, surtout, de provoquer l’émotion et l’empathie vis-à-vis de l’auteur).
J’ai quand même réussi à demander pourquoi, en quelque sorte, la moitié du livre avait sauté, puisqu’on ne retrouvait pas la distance analytique qui caractérisait les premiers. Louis m’a répondu, avec une candeur indéniable qui est d’ailleurs sa meilleure défense, qu’il s’agissait pour lui de « faire quelque chose de neuf » par rapport aux deux autres, et qu’il voulait « illustrer le fait que, contrairement à sa mère et au reste de la famille qui possédait un langage populaire créatif, son père, lui, était une sorte de muet. Il lui avait donc fallu imaginer les « mots du muet », en quelque sorte. Créer un langage différent… (je n’ai pas osé rappeler que, dans « le cœur est un chasseur solitaire » Mac Cullers s’en tirait de façon définitive)…

La libraire a recentré le débat, non sur les motivations ou les techniques littéraires employées (nous avons cependant appris que le jeune homme, entre deux voyages aux Etats-Unis pour des conférences devant des parterres « où certains élèves arrivaient en limousine avec chauffeur et gardes du corps », travaillait six heures par jour devant son écran), mais sur ce qu’il convenait, fermement, de penser de l’entreprise et de son auteur.

Et là, c’était d’une simplicité biblique. Edouard Louis était le porte-parole autorisé du quart-monde (pensez donc : il parlait de lui !) , et en tant que tel, quasiment une figure christique. D’ailleurs, le monde était divisé en deux : les méchants, et les bons. Les bons crevaient, son père au physique brisé, malade et exténué à 50 ans, en était la preuve ultime, à cause des conséquences prosaïques des lois et des règlements promulgués par les méchants. Sauf qu’évidemment, on parlait ici de « dominés », qui n’osaient se révolter contre les « dominants ». On parlait « comme » Bourdieu, mais sans le citer, et surtout en le trahissant quelque peu…

Cependant, je suis foncièrement d’accord avec cette manière de comprendre ce rapport au monde, qui depuis Marx, s’appelle désormais « la lutte des classes » : j’aurais dû, comme le reste du public, avoir ce petit soupir de satisfaction émue de voir l’enfant terrible et sociologue rentrer dans le rang du manichéisme. Mais pourtant, cela me faisait grincer presque malgré moi : Louis employait des « mots simples », évoquait des concepts sans jamais les situer ni les expliciter, il citait en passant des noms, Foucault, Annie Ernaux pour le déclassement, et il se « mettait le public dans la poche » en se faisant simple, si simple, émouvant, candide, et sans aucune arrière-pensée… Il s’excusait de son « non-engagement » (sans doute avait-il balancé un moment à devenir Sartre sur son tonneau à Billancourt, avant d’opter pour la modestie) en rappelant qu’un centre d’hébergement de jeunes fichus dehors des foyers familiaux pour cause de préférences sexuelles hors normes portait désormais son prénom. Qu’il soutenait la France Insoumise, mais pas au point de…

Je me sentais de plus en plus mal à l’aise. D’autant que, dans le public à qui on avait rendu le micro que j’avais trop longtemps accaparé, le pire était en train d’arriver : à savoir qu’en lieu et place de questions, c’était des témoignages qui étaient déversés. « Je suis une bourgeoise », disait cette brave dame, « mais en lisant votre livre, je me suis sentie tellement remuée que vous m’avez fait du bien, comment avez-vous fait, ô vous avec votre gueule d’ange ? » (*).
« je suis animatrice dans les établissements scolaires », disait cette autre, « et je veux témoigner que quand j’ai fait lire à voix haute « en finir avec Eddy Bellegueule, eh bien, au lieu des haussements d’épaules de d’habitude, là ils étaient scotchés les mômes, et ça c’est un signe… » (euh… Le livre décrit une scène de crachat à la gueule entre adolescents de collège. A mon avis, ce n’est pas le signe d’un talent génial mais enfin, je ne voudrais pas doucher le genre d’enthousiasme et de réconfort professionnel que la dame trouvait là).

Je trouve que c’est le pire, pour un livre : ne plus susciter aucune question, mais ce genre de témoignage ému… Ah là là.

Bref, c’était un succès. Que dis-je ? Le succès. Tout le monde était attendri : Louis avait « enterré la hache de guerre » avec son père, son milieu. Il en était devenu le défenseur, l’archange Saint-Michel. Et on ne pouvait, en plus, que tomber d’accord avec lui : 5 euros de moins d’apl, mais avec ça on mangeait deux jours chez les Bellegueule, qui si souvent allaient au lit sans souper ! L’état physique du père ? Tout entier contenu dans les lois iniques de Sarkozy et de Macron…

Tous soupiraient d’aise, et j’avais envie, moi aussi, de participer à l’ambiance générale. Moi aussi, je trouvais Louis si mignon, avec ses 25 ans, son physique, ses aveux (obsession des soins dentaires qui lui étaient devenus, grâce à ses droits d’auteur, enfin accessibles) et son émotion quand il évoquait ce père macho qui désormais, aux portes de la mort, reniait en bloc toute son attitude passée et interrogeait son fils sur « l’homme qu’il aimait ». Et puis zut, je dois le dire aussi, il y a quand même chez Louis une aisance dans l’écriture, un sens de la formule et du soin dans la construction, qu’un étudiant lambda n’aurait pas, au moins pas à cet âge. Ce n’est pas le talent réel du jeune homme qui m’embête, ni encore moins son succès, c’est sa posture, quoi…
Ce devait être le démon en moi qui me grattait, pas possible. J’avais envie de demander à Louis si l’état de délabrement de son père, et le fait qu’il soit devenu si perdu qu’il en reniait son habitus, dépendait bien seulement de l’oppression subie. Non que je sois en train de nier cette dernière ! L’oppression sociale détruit les corps, c’est vrai, et tous mes ancêtres qui acceptaient tranquillement de perdre des membres de par leur travail, qui mouraient prématurément, au corps courbé et détruit comme jamais le corps d’une Liliane Bettencourt ne se courbera ni ne se détruira, sont là pour en témoigner…

Mais l’homme n’est pas fait que de chair. Et une petite voix, chez moi, posait la question : le traumatisme que la parution d’ »En finir avec Eddy Bellegueule » avait forcément causé à son père ne pouvait-il aussi entrer en ligne de compte ? Louis accusait, nommait, citait, appelait à la barre les politiques. Mais lui-même, qu’en était-il ?

Dès le départ, Louis a parlé, non seulement de lui, mais aussi de sa famille. S’exposant, il les a aussi exposés, sans trembler. Et sans ciller. Se rendait-il compte de ce qu’il faisait ?
Il met toujours cette famille dans ses livres, avec violence. La violence est son sujet, reconnaît-il. Mais quid de la violence que, ce faisant, il impose à cette famille dont il a renié jusqu’au nom, tout en en faisant son matériau, et en revendiquant, aujourd’hui, d’en être le défenseur ?
Tout cela me met mal à l’aise, d’autant que le démon de la perversité, qui m’empêche de savourer, comme ses autres lecteurs-lectrices, l’attendrissement que Louis provoque presqu’innocemment (et tout mon malaise vient de ce « presque ») me souffle que cet « amant aimé » évoqué subrepticement par Louis pourrait fort bien être la personnalité perverse qui l’a conduit à tout ce chemin. Cette mise en lumière et en danger, suivie de ce déballage familial, et cette volte-face aujourd’hui, sur fond christique, Pas de danger à l’horizon, d’ailleurs, que Louis utilise cet ingrédient biographique-là dans ses livres… Dans l’ombre, ce monsieur, dans l’ombre du mince et naïf jeune homme.

Je soupire donc de mes mauvaises pensées. Mais je ne peux m’en empêcher : j’aimerais tant avoir le charme de la simplicité candide d’Edouard Louis. Est-ce dû à mon âge ?

Une question demeure : tous ses livres sont assis sur sa famille et son enfance (encore un paradoxe, d’ailleurs. La première phrase d’ »En finir avec Eddy Bellegueule » est : « de mon enfance, je n’ai aucun souvenir heureux ». Depuis, il égrène ses souvenirs, qui, indéniablement, semblent désormais s’adoucir. Dans « qui a tué mon père », on touche presque le rose bonbon…) ; que va-t-il donc diable écrire ensuite, son grand’père, sa tante par alliance ? Attention ! Michon et ses « vies minuscules » sont passés, et quelle manière, déjà par là.

En tout cas, je n’ai plus peur pour lui. C’en est fini de trembler : Louis n’ébranle plus les colonnes du temple, dangereusement pour lui, à coup d’insolence et d’analyse. Rentré dans le rang, il fait pleurer Margot, et brandit un poing revendicatif, certes, mais dont l’effet est avant tout de paraître charmant.

(*) : c’est curieux comment, quand une Dame s’adresse à un homosexuel, elle n’hésite jamais à célébrer son physique, ce qu’elle se garde bien de faire en causant avec un hétéro…

Clopine Trouillefou dit: 28 mai 2018 à 13h33

Bon, du coup, j’ai lu votre billet sur la correspondance de Beckett.

Une seule réaction : ouf !

On ne saura rien (ou presque, juste qu’elle devait être bleue comme une orange), de sa vie privée. Pas la moindre petite histoire de fesses, ou de coeur…

Eh bien, cette aridité est la bienvenue, à mon sens of course.

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 13h34

Un beau papier d’amour pour un écrivian qui avait raison de juger sa vie sans intérêt et de détester sa voix. Mais pas un modèle pour notre hôte qui, statistiquement, n’envoie que 1 ou 2 brèves réactions sur les 1000 commentaires qui lui sont adressées quoidiennement pour enrichir considéralement… sa problématique. Pas un modèle, Beckett n’aurait jamais écrit « la tache » pour l’effort de répondre à tous ses correspondants. Il ne s’agissit en rien d’une tâche ingrate à ses yeux, bien au contraire, une marque de respect.

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 13h40

Dommage que l’adresse du destinataire du message de Beckett ait été masquée par inadvertance par le photographe. Aurions pu nous aller en pélerinage, vu l’importance de la relique. Jea sais, c’est pas sumpa, mais enfin quoi, nous n’allons pas lire cet ouvrage, tout y est dit du contenu. Et personnellement, Samuel Becket ne m’a jamais fait signe, à ma grande consternation.

rose dit: 28 mai 2018 à 14h05

Belle introduction pour la recette de DHH, les artichauts à l’orange.

davy louis-marie dit: 28 mai 2018 à 14h39

Citée par Frédéric Schiffter, cette phrase de Beckett à Cioran:  » Je me sens à l’abri dans vos ruines… »

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 15h13

Merci pour ce merveilleux commentaire du nouveau papier de Passoul, Colpine. Quelques brins de salaison…
@ j’aimerais tant avoir le charme de la simplicité candide d’Edouard Louis. Est-ce dû à mon âge ? OUI
@ quand une Dame (UNE BOURGEOISE ?) s’adresse à un homosexuel, elle n’hésite jamais à célébrer son physique, ce qu’elle se garde bien de faire en causant (BAIS.ANT ?) avec un hétéro.
ETONNANT NON ? LA PLUPART ETANT D’UNE LAIDEUR PHYSIQUE AFFLIGEANTE COMME LES HETEROS, UNE MINORITE NON HONTEUSE SE DISTINGUANT DE LA MASSE ET PROVOQUANT DE L’HYSTERIE MONDAINE
@ n’en jette plus, va, la cour (LA COUPE ?) est pleine /// la lutte de classes se poursuit donc, même dans les librairies de Rouen ?
@ Quelques couples de mecs aussi, avec toujours ce mélange de réserve et de qui-vive, cette discrétion et ces yeux inquiets, qui à mon sens découlent de quelques siècles, au bas mot, de persécution (PAS MAL VU, MAIS RESTE UNE PONCIF ASSEZ PROVINCIAL). (ET A ROUEN, PAS DE COUPLES DE GOUDALES EN VUE DE CELEBRER BELLEGUEULE ?)…
@Au bout de ce 3e roman, je pense que notre Eddy est à sec et complètementlaminé. Va pouvoir enfin passer à la vraie sociologie post marxo-foucaldienne… et commencer sa thèse sur « Beckett et la fille de Joyce : inconsistance et persistance du néant dans la littérature théâtrale de l’après-guerre ».

Jean dit: 28 mai 2018 à 15h17

L’écrivain, qui souffrait d’une cataracte aux deux yeux et de la maladie du Dupuytren (une forme de fibromatose), dont il disait qu’elle avait pour effet de métamorphoser ses doigts en autant de griffes, s’accommodait sur la fin de sa raideur arthritique

Il lui fallait bien s’en accommoder, bon gré mal gré. L’abject vieillard offrait lui aussi sur la fin un spectacle pitoyable et je ne serais pas surpris qu’à l’instar de Roth il fût devenu incapable de reboutonner sa culotte. On imagine le dialogue des deux vieux scnnocks dans un EHPAD pour écriverons :
— Agaga agaga
__ aguigui agogo

Qué misère.

Fin de partie pour tous les deux, et à la poubelle !

Jean dit: 28 mai 2018 à 15h21

et me fit savoir par son éditeur que, hélas, l’état de ses yeux ne lui permettait plus de jouer autrement que mentalement…

le bouquet ! enfin… l’horreur absolue. Clov et Ham à la fois. Porca miseria

Clopine Trouillefou dit: 28 mai 2018 à 15h21

JJ hh, c’est marrant, vous avez mis en majuscules une faute que j’ai commise, je m’en étais rendue compte mais flemme et inutilité de reprendre. Donc, en fait, ma première phrase était « j’aimerais ETRE CHARMEE par la simplicité candide de Louis ».

MERCI DE M’AVOIR DONNE CETTE OCCASION DE CORRIGER UNE FAUTE QUE MA FLEMME LAISSAIT TELLE QUELLE.

Au fait, à part le plaisir de RICANER à mon sujet, pourquoi diantre HURLEZ-VOUS AINSI ???

Je vous renouvelle mes excuses pour la place prise et le hors sujet, Pierre Assouline. M’enfin la faute n’est pas si terrible que ça à mes yeux, vu que question place prise et hors sujet, je suis encore bien loin du peloton de tête, non ?

Mais acceptez cependant mes excuses, d’autant que votre papier mérite une attention exclusive, ce qu’on ne peut dire, hélas, du mien.

La vie dans les bois dit: 28 mai 2018 à 15h25

Roo « Passou » ou comment faire echec et « mate » en trois coups.

davy louis-marie dit: 28 mai 2018 à 15h34

Rectif.
Beckett à Cioran: « J’ai lu Le Mauvais Démiurge avec le contentement que tous vos livres me donnent. Dans vos ruines je me sens à l’aise »…
LettresIV . P255.

christiane dit: 28 mai 2018 à 15h43

Il est bon de lire ce billet. Il donne à connaître cette simplicité de Beckett, cette chaleur humaine qu’il réservait à ses amis et son regard sur l’actualité, le monde et même son travail d’écriture.
Celle, brève, sur la photo, manuscrite a dû porter un grand bonheur à celui qui l’a reçue…
Ce quatrième tome doit être passionnant et émouvant car y figurent les lettres des deux dernières années où il était épuisé, approchant du temps où plus rien ne pourra se dire.
Si seulement, pour une fois, les commentaires restés proches du billet…

D. dit: 28 mai 2018 à 15h47

Clopine fait beaucoup de fautes, en définitive. Je me souviens lui en avoir corrigé une il n’y a pas si longtemps. Elle ne m’a d’ailleurs pas remercié.

Bloom dit: 28 mai 2018 à 15h50

la maladie de Dupuytren

Étonnamment, La rue où se trouvait originellement Shakespeare and Co., la librairie de Sylvia Beach, qui publia Ulysses le 2 février 1922, est la rue Dupuytren, à Paris (le baron D. était chirurgien à l’Hôtel-Dieu de Paris).
On sait l’admiration sans bornes que nourrissait Beckett pour Joyce, son rejet de l’amour que lui portait la fille de ce dernier, Lucia, qui ensuite sombra dans la folie, etc etc…
On sait aussi que et Joyce et Beckett devinrent aveugles en fin de vie. La cécité fut-elle, pour ces deux voyants extra-lucides, le prix à payer pour avoir contemplé en face ce qui est d’ordinaire invisible aux simples mortels?

D. dit: 28 mai 2018 à 15h53

Cependant je suis resté impressionné par sa voix d’une évidente qualité radiophonique quand elle est passée à France Inter (si ma mémoire est bonne).

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 15h55

@ Au fait, à part le plaisir de RICANER à mon sujet, pourquoi diantre HURLEZ-VOUS AINSI ???

J’écris en majusc., ça aide à différencier ce qui nous apaprtient respectivement (j’ignore comment faire autrement)…
Juste pour vous dire que le 3e épisode aurait gagné à rester dans les commentaires du post précédent. Peur que l’on vous eût oubliée ?
J’ironise plus que je ne RICANE en général, voyez, & je vous ai déjà dit votre côté agaçant, mais je m’en accommode depuis le temps, et je sais reconnaître vos mérites. Ce sont donc les compliments voilés qu’il vous faut entendre, le reste est tellement facile que vous pouvez aisément l’effacer sans hurler au scandale, voyons dhonc.
Bien le bonjour à vos mari et fils dont on se demande ce qu’ils contrôlent de vos mises en scène sans leur consentement. Et félicitations surtout à la libraire qui vous a arraché du micro, car elle vous a permis de vous décharger icite d’une insupportab’ frustration ruminée affleurant depuis une semaine… C’est M. Barozzi qui va être comblé.

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 15h59

Il existe une admirable statue en pied de Dupuytren au Jardin des Plantes, à côté de la serre tropicale. Et aujourd’hui, la maladie dont il est question se guérit très bien à l’aide d’une opération chirurgicale. Mais la technique n’en était pas au point à l’époque de S.B., hélas.

DHH dit: 28 mai 2018 à 16h05

@Clopine
J’ai lu votre texte avec gourmandise ;
n’ayant fait que feuilleter le bouquin inaugural d’Eddy Bellegueule et n’ayant pas eu les autres en mains je n’ai aucune idée personnelle sur ce que vaut sa prose .
Donc ce que j’ai aimé dans le moment théâtral que vous avez produit , c’est l’aisance avec laquelle à partir d’un propos à visée de critique litteraire et de reflexion sérieuse sur les rapports entre l’homme et l’œuvre et le choc en retour de l’œuvre sur l’homme, vous mettiez en place un petit drame en un acte ou chacun –vous la première-est croqué dans son emploi à partir de son vocabulaire de sa posture de son « habitus »(pourquoi pas ? c’est vous qui invoquez Bourdieu)
Quand bien même ce que vous dites du fond serait discutable c’est agreable et bien enlevé et pour ma part j’ai aimé
Et pour ne pas en rester aux compliments une remarque se grammairienne grognon, Vous ne m’en voudrez pas le le sais : la voici :
N’ecrivez plus :je me suis renduE compte mais je me suis RENDU compte
Pouquoi ?
parce que le me n’est pas un complement d’objet-ce qui justifierait l’accord – ,mais d’attribution .le sens est » j’ai rendu compte A MOI »
Et pourtant me direz vous il y a l’auxiliaire être qui applelle l’accord ,
En fait logiquement on aurait du dire » je m’ai rendu compte « mais la présence du réfléchi « me » a suscité dans l’usage, par un effet d’attraction, l’utilisation dans ces tournures de l’auxiliaire être à la place de l’auxiliaire avoir , et c’est seul cas où on le trouve formant le passé composé d’un verbe transitif
Apres cette digression grammaticale hors sujet , je m’associe à vos excuses adresséees à Pierre Assouline pour avoir indûment encombré son blog

Delaporte dit: 28 mai 2018 à 16h10

Apophtegme de Serge Dassault, qui vient de mourir, et qui juge son bonhomme :

« Pourquoi la liberté de parole serait aux journalistes et pas aux actionnaires ? C’est quand même extraordinaire, ça ! »

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 16h10

@ Si seulement, pour une fois, les commentaires restés (OH !) proches du billet…

C’est toujours le même drame, Ch. Tant qu’on n’a pas lu le bouquin digéré par notre hôte, que voulez-vous qu’on dise de plus que de commenter le post ? (photos, fautes de syntaxe, souvenirs personnels de notre propre correspondance avec Beckett, émois ou dégoûts suscités par différente mises en scène, ragots sur d’autres éléments de sa biographie, corrélat sur le sort des mourants dans les EPHAD ou de Pierre Belle Amarre ?…

Wouarf, dites-nous comment restés au plus près du sujet sans trop nous éloigner de notre vieillesse ?
(On attend les liens de machinette pour relancer la machine).

Toto dit: 28 mai 2018 à 16h16

D. dit: 28 mai 2018 à 17 h 47 min
Clopine fait beaucoup de fautes, en définitive. Je me souviens lui en avoir corrigé

Faute : se souvenir n’est pas transitif. Il fallait dire : « de lui en avoir… »

Delaporte dit: 28 mai 2018 à 16h22

« Selon nos informations, la rédaction du Figaro, dont le groupe Dassault est propriétaire, préparerait une édition spéciale. »

Il y a en particulier beaucoup à dire sur Serge Dassault et ses ennuis prolifiques avec la justice qui lui valurent des condamnation. Le Figaro va se faire une joie de nous rappeler tout ça…

D. dit: 28 mai 2018 à 16h23

Je le savais et c’était un test pour elle. Ne pouvais-tu pas te taire, Toto ?

D. dit: 28 mai 2018 à 16h29

Delaporte, qu’est-ce qui vous empêche d’être un actionnaire de Dassault, même petit ? Rien.
A moins que vous ayiez quelque chose contre le capitalisme. Si tel était le cas, que nous proposez-vous comme modèle alternatif.
Cela-dit je n’ai jamais apprécié le personnage de Serge Dassault qui n’a pas honoré son nom, celui de son illustre et respectable père, Marcel.

Jacques Chesnel dit: 28 mai 2018 à 16h31

On ne peut pas parler de Beckett sans évoquer ROGER BLIN, l’acteur, le metteur en scène et découvreur de Genet. J’ai eu cette chance incroyable d’assister à une représentation de En attendant Godot en 1953, deux mois après les troubles qui gâchèrent les premières représentations. Je me souviens autant du choc émotionnel provoqué par la pièce que du décor minima et du jeu des acteurs, notemmant de Lucien Raimbourg, cousin éloigné de Bourvil (Vladimir) et Blin (Pozzo) que j’avais découvert dans le film Orphée de Jean Cocteau. Les spectateurs étaient abasourdis, un grand silence éloquent avant les applaudissements discrets. Après la pièce, nous nous sommes retrouvés Blin et moi dans le même restaurant où en débutant la conversation, je me suis aperçu qu’il était bègue (sauf quand il jouait). J’étais jeune mais cette pièce m’a poursuivi pendant longtemps, je l’ai revue dans d’autres mises en scène mais aucune ne m’a touché comme cette fois là.

D. dit: 28 mai 2018 à 16h33

Et une chose est sûre, on ne fera pas voler des Rafale en formation au-dessus de sa bière le jour de ses obsèques.

christiane dit: 28 mai 2018 à 16h42

Janssen J-J dit: 28 mai 2018 à 18 h 10 min

« @ Si seulement, pour une fois, les commentaires restaient proches du billet… »
Et vous répondez : « C’est toujours le même drame, Ch. Tant qu’on n’a pas lu le bouquin digéré par notre hôte, que voulez-vous qu’on dise de plus que de commenter le post ? (photos, fautes de syntaxe, souvenirs personnels de notre propre correspondance avec Beckett, émois ou dégoûts… »
Oui, JJJ, cela m’est arrivé pour un roman mais la correspondance de Beckett ouvre, me semble-t-il, à un questionnement sur le rapport vie/œuvre pour Beckett mais pour tant d’autres écrivains.
Le commentaire de J.Chesnel est particulièrement émouvant. Oui, Beckett bégayait hors la scène.
Mais revenons à mon souhait (avec cette coquille involontaire).
Comme vous, je suis choquée qu’elle ait osé nous coller son pavé « E.Louis » en début des commentaires ! la moindre des corrections aurait effectivement été qu’elle le pose sur le fil précédent. Je m’étonne que DHH n’ait que des corrections grammaticales à lui suggérer, elle qui a tant de savoir vivre…

christiane dit: 28 mai 2018 à 16h50

Suite du précédent
Pas Beckett !!! Roger Blin ! J’ai fait quasiment la même expérience à la Cité Internationale où il avait mis en scène « Boesman et Léna » d’Athol Fugard lors du pot amical qui avait réuni les comédiens avec Roger Blin.
Mais il est vrai que sa vie a été empli des mises en scène du théâtre de Beckett :
http://www.ina.fr/video/I04201125

Delaporte dit: 28 mai 2018 à 17h01

« A moins que vous ayiez quelque chose contre le capitalisme. »

Je condamne haut la main le système capitaliste.

Delaporte dit: 28 mai 2018 à 17h10

Un capitaliste peu recommandable :

« Serge Dassault devait être rejugé en appel le 6 juin prochain pour blanchiment de fraude fiscale. L’homme, soupçonné d’avoir dissimulé des dizaines de millions d’euros au fisc français, avait été condamné à cinq ans d’inéligibilité et à 2 millions d’euros d’amende en première instance. Entre autres affaires judiciaires, Serge Dassault était également mis en examen, depuis 2014, pour « achat de votes », « complicité de financement illicite de campagne électorale » et « financement de campagne électorale en dépassement du plafond autorisé », dans le cadre de ses fonctions à la mairie de Corbeil-Essonnes. Des faits que ses avocats et lui niaient. » Le Point

Chaloux dit: 28 mai 2018 à 18h19

La lettre à Pierre Assouline semble écrite par Bartleby.

(Blin et Arikha ont compté pour moi.)

Clopine, bravo, vous êtes à votre meilleur. Excellent texte.

Clopine Trouillefou dit: 28 mai 2018 à 18h37

mea culpa, j’ai écrit à toute vitesse, me suis à peine relue, et j’ai mis en ligne comme d’hab’, comme on jette une pierre en s’intéressant plus à ses effets qu’à sa trajectoire. Autrement dit, je n’ai jamais réussi vraiment de beaux ricochets, mais j’aime bien les ronds dans l’eau ! Merci à ceux qui m’ont lue… Et si j’ai le courage, promis, je suivrais les conseils de correction, Dhh, merci à vous !

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 19h42

Quelque que fut leur origine sociale >>>> Quelle que fut leur origine… (« Quelle » est adjectif interrogatif indirect qui s’accorde avec origine : quel que soit x…etc.); à ne pas confondre avec l’adjectif indéfini « quelque » : « Quelque propos que tu tiennes, il sera toujours le reflet de ton incompétence…

Ouh la la les ex de Janson… ne sont pas plus brillants en orthographe que ceusses d’aujourd’hui…!!

rose dit: 28 mai 2018 à 19h43

Liliane Bétencourt est décédée depuis qq mois non ?
Déjà une antonomase ?

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 19h45

L’écrivain, qui souffrait d’une cataracte aux deux yeux et de la maladie du Dupuytren (une forme de fibromatose)
____________
Heureusement qu’il y a la parenthèse explicative ! Sinon, personne n’aurait compris… Ah, quel humour !

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 19h51

Nulle part pieux que dans sa petite maison d’Ussy (Seine-et-Marne)
__________
Que d’humour…! Voilà une interprétation de Beckett peu catholique…

Chaloux dit: 28 mai 2018 à 19h54

« « Quelque propos que tu tiennes, il sera toujours le reflet de ton incompétence… »

Son inconscient lui parle à travers ses exemples grammaticaux. Là se retirent chez le pion fatigué les derniers restes de son bon sens.

Jazzi dit: 28 mai 2018 à 20h00

Je ne savais pas que Christiane était libraire à Rouen, Clopine. Bravo pour ce double portrait : celui de l’écrivain en tournée et celui de la libraire dithyrambe !
Christiane, ce n’est pas Beckett qui bégayait, mais Blin…
Sur la photo de dos, Beckett ressemble à Le Clezio.

Chaloux dit: 28 mai 2018 à 20h02

Aux abords de l’Armitière, on voyait souvent Philippe Delerm qui s’entretenait gentiment avec de vieilles dames.

Chaloux dit: 28 mai 2018 à 20h05

Ce qui me tente le plus en ce moment, c’est le volume de lettres de Michaux. Il semble partager avec Beckett cette obstination de refus qui marque les grands esprits.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h06

Il me semble me souvenir qu Djuna Barnes a été l’amante de Henry Miller et que Anaïs Nin en parle dans son Journal comme d’une femme fascinante dont elle était tombée amoureuse tout en étant elle-même l’amante de Henry Miller. t c’est vrai que les photos qu’on connaît de Djuna Barnes montrent une femme d’une stupéfiante beauté.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h16

On apprend ainsi au détour d’une carte qu’il est « très amateur » des livres d’Emmanuel Bove
_________
Vraiment rien d’étonnant à cela ! Emmanuel Bove, c’est déjà quasiment du Beckett.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h21

La carcasse se traîne entre monts et vaux (Beckett)
_________
L’expression idiomatique « par monts et par vaux » est réactivée. Emploi typique des natifs d’une autre langue.

Jazzi dit: 28 mai 2018 à 20h24

Je trouve très intéressant de pouvoir lire, en regard de l’article du critique professionnel celui de la critique amateur. C’est enrichissant pour les deux prescripteurs et tout autant pour le lecteur…

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h25

Beckett avait une grande complicité avec Robert Pinget, qu’il fréquentait assidument à une certaine période. Robert Pinget en parle toujours avec beaucoup d’émotion et d’admiration pour l’homme lui-même, pour son immense culture, sa mémoire phénoménale capable de réciter par cœur de longs extraits d’auteur, et pour la fin de sa vie, qui correspond, disait-il, à ses personnages.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h28

Un œil mi-clos la suit de loin (Beckett)
____________
C’est comme une allusion cachée à la peinture de Bram van Velde, où l’œil apparaît très souvent dans ses toiles, ce qu’il souligne lui-même quelque part.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h42

Pour les histoires de fesses, il faut lire le Journal de Peggy Gougenheim, qui était absolument folle de Beckett, et d’une non moins folle jalousie de l’amitié aux connotations homosexuelles entre Beckett et Bram van Velde qui, on le sait, était quasiment amoureux de Beckett, et lui portait une admiration sans borne. Bram dit même qu’il avait retrouvé dans En attendant Godot des bribes de conversation avec Beckett ; je veux bien le croire, parce que c’était des esprits très semblables et d’une grande connivence spirituelle même s’il y a dans la peinture de Bram un lyrisme qu’on ne trouve pas vraiment chez Beckett.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 20h48

Beaucoup d’affinité aussi bien sûr avec Cioran. Mais au-delà avec Clément Rosset, qui parle toujours excellement de Beckett et de sa « joie tragique ». S’il y a un auteur contemporain dont l’œuvre est toute entière une expression formellement aboutie et exemplaire de la joie tragique et qui explique en grande partie le sens profond de son œuvre, c’est bien S. Beckett.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 21h06

On sait aussi que et Joyce et Beckett devinrent aveugles en fin de vie. La cécité fut-elle, pour ces deux voyants extra-lucides, le prix à payer pour avoir contemplé en face ce qui est d’ordinaire invisible aux simples mortels? (Bloom)
____________________
Très belle et émouvante remarque, Bloom ! On pense aussi à la fin d’Œdipe, évidemment.

Mais ce que tu dis de la rue Dupuytren me semble très très pertinent et non le fruit du simple hasard. Un hasard objectif, comme dirait André Breton. Il y a là quelque chose de tout à fait bouleversant, et qui relève à mon sens des forces de l’inconscient.

rose dit: 28 mai 2018 à 21h15

En attendant Godot, p. 21 : Vladimir : « […] Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? – Estragon : On attend. – Vladimir : Oui, mais en attendant ? Estragon : Si on se pendait ? Vladimir : Ce serait un moyen de bander. Estragon (aguiché) – On bande ? »

Jazzi dit: 28 mai 2018 à 21h16

Bram dit même qu’il avait retrouvé dans En attendant Godot des bribes de conversation avec Beckett (…) même s’il y a dans la peinture de Bram un lyrisme qu’on ne trouve pas vraiment chez Beckett »

Je ne savais pas que tu étais si intime avec van Velde, WGG !

Jazzi dit: 28 mai 2018 à 21h21

Une très belle interprétation de Vladimir-WGG et Estragon-Chaloux :

VLADIMIR. – Tu es difficile à vivre, Gogo.
ESTRAGON. – On ferait mieux de se séparer.
VLADIMIR. – Tu dis toujours ça. Et chaque fois tu reviens.
(…)
ESTRAGON. – En attendant, essayons de converser sans nous exalter, puisque nous sommes incapables de nous taire.
VLADIMIR. – C’est vrai, nous sommes intarissables.
ESTRAGON. – C’est pour ne pas penser.
VLADIMIR. – Nous avons des excuses.
ESTRAGON. – C’est pour ne pas entendre.
VLADIMIR. – Nous avons nos raisons.
ESTRAGON. – Toutes les voix mortes.
VLADIMIR. – Ça fait un bruit d’ailes.
ESTRAGON. – De feuilles.
VLADIMIR. – De sable.
ESTRAGON. – De feuilles.
Silence.
VLADIMIR. – Elles parlent toutes en même temps.
ESTRAGON. – Chacune à part soi.
Silence.
VLADIMIR. – Plutôt elles chuchotent.
ESTRAGON. – Elles murmurent.
VLADIMIR. – Elles bruissent.
ESTRAGON. – Elles murmurent.
Silence.
VLADIMIR. – Que disent-elles ?
ESTRAGON. – Elles parlent de leur vie.
VLADIMIR. – Il ne leur suffit d’avoir vécu.
ESTRAGON. – Il faut qu’elles en parlent.
VLADIMIR. – Il ne leur suffit pas d’être mortes.
ESTRAGON. – Ce n’est pas assez.
Silence.
VLADIMIR. – Ça fait comme un bruit de plumes.
ESTRAGON. – De feuilles.
VLADIMIR. – De cendres.
ESTRAGON. – De feuilles.
Long silence.
VLADIMIR. – Dis quelque chose !
ESTRAGON. – Je cherche.
Long silence.

VLADIMIR (angoissé). – Dis n’importe quoi !
ESTRAGON. – Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
VLADIMIR. – On attend Godot.
ESTRAGON. – C’est vrai.
Silence.
VLADIMIR. – Ce que c’est difficile !
ESTRAGON. – Si tu chantais ?
VLADIMIR. – Non non. (Il cherche.) On n’a qu’à recommencer.
ESTRAGON. – Ça ne me semble pas bien difficile, en effet.
VLADIMIR. – C’est le départ qui est difficile.
ESTRAGON. – On peut partir de n’importe quoi
VLADIMIR. – Oui, mais il faut se décider.
ESTRAGON. – C’est vrai.
Silence.
VLADIMIR. – Aide-moi !
ESTRAGON. – Je cherche.
Silence.
VLADIMIR. – Quand on cherche on entend.
ESTRAGON. – C’est vrai.
VLADIMIR. – Ça empêche de trouver.
ESTRAGON. – Voilà.
VLADIMIR. – Ça empêche de penser.
ESTRAGON. – On pense quand même.
VLADIMIR. – Mais non, c’est impossible.
ESTRAGON. – C’est ça, contredisons-nous.
VLADIMIR. – Impossible.
ESTRAGON. – Tu crois ?
VLADIMIR. – Nous ne risquons plus de penser.
ESTRAGON. – Alors de quoi nous plaignons-nous ?
VLADIMIR. – Ce n’est pas le pire, de penser.
ESTRAGON. – Bien sûr, bien sûr, mais c’est déjà ça.
VLADIMIR. – Comment, c’est déjà ça ?
ESTRAGON. – C’est ça, posons-nous des questions.
VLADIMIR. – Qu’est-ce que tu veux dire, c’est déjà ça ?
ESTRAGON. – C’est déjà ça en moins.
VLADIMIR. – Évidemment.
ESTRAGON. – Alors ? Si on s’estimait heureux ?
VLADIMIR. – Ce qui est terrible, c’est d’avoir pensé.
ESTRAGON. – Mais cela nous est-il jamais arrivé ?
VLADIMIR. – D’où viennent tous ces cadavres ?
ESTRAGON. – Ces ossements.
VLADIMIR. – Voilà.
ESTRAGON. – Évidemment.
VLADIMIR. – On a dû penser un peu.
ESTRAGON. – Tout à fait au commencement.
VLADIMIR. – Un charnier, un charnier.
ESTRAGON. – Il n’y a qu’à ne pas regarder.
VLADIMIR. – Ça tire l’œil.
ESTRAGON. – C’est vrai.
VLADIMIR. – Malgré qu’on en ait.
ESTRAGON. – Comment ?
VLADIMIR. – Malgré qu’on en ait.
ESTRAGON. – Il faudrait se tourner résolument vers la nature.
VLADIMIR. – Nous avons essayé.
ESTRAGON. – C’est vrai.
VLADIMIR. – Oh, ce n’est pas le pire, bien sûr.
ESTRAGON. – Quoi donc ?
VLADIMIR. – D’avoir pensé.
ESTRAGON. – Évidemment.
VLADIMIR. – Mais on s’en serait passé.
ESTRAGON. – Qu’est-ce que tu veux ?
VLADIMIR. – Je sais, je sais.

rose dit: 28 mai 2018 à 21h24

note 34
À maints égards, Beckett restera encore longtemps à l’avant-garde de la poésie mais aussi de la pensée. Et il a anticipé sur certains résultats de la psychanalyse. Voici, pour conclure, trois exemples de cette avancée.
38
1) Peu de poètes ont manié les équivoques comme lui [34] En attendant Godot, p. 21 : Vladimir : « […] Qu’est-ce…, l’équivoque dont Lacan aura fait le support élu de l’interprétation.

in le cairn

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 21h28

Faute : se souvenir n’est pas transitif. Il fallait dire : « de lui en avoir… » (Toto)
____________
Si ! il est transitif INDIRECT ! Se souvenir de quelque chose; en latin le complément est au génitif avec le verbe « memini » qui est un verbe qu’on appelle « défectif », c’est-à-dire auquel manquent certaines formes dans leur conjugaison, pour « memini » les formes d’infectum ; Cicéron dans le De officiis (Des devoirs) peut ainsi écrire à propos de l’éducation à donner aux jeunes gens : caueant intemperantia et meminerint uerecundiæ » (la forme uerecundiæ n’est pas un datif, comme on serait tenté de le croire, mais un génitif qui sert ici à l’expression d’une forme transitive indirecte).

L’opposé sont des verbes INTRANSITIFS, qui n’admettent pas de complément. On peut aussi employer « memini » de manière intransitive aussi : memento (souviens-toi), on connaît son emploi transitif direct en latin avec un verbe à l’infinitif à l’impératif futur, puisque le latin a un impératif futur, ce qui à mes yeux une chose tout à fait merveilleuse : memento mori : souviens-toi de mourir (=que tu es mortel). En hébreu, on dit « zakhor », un impératif catégorique pour un Juif.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 21h35

Ne me mets pas, Jazzi, en parallèle avec cet imbécile et misérable chaloux, qui pense que Beckett est un écrivain mineur, alors que l’extrait que tu fournis montre combien c’est un poète de génie. Cet extrait est un des plus beaux de la pièce, d’une beauté à vous mettre en état d’exstase quand on entend de telles répliques sur une scène de théâtre, absolument admirables, à couper le souffle.

Widergänger dit: 28 mai 2018 à 21h56

caueant intemperantia et meminerint uerecundiæ
______
Oui, j’ai oublié de traduire, soyons cuistre jusqu’au bout (en parlant ds jeuns gens) : Qu’ils se gardent des débordements et se souviennent d la retenue ». Eloge de la « retenue », une vertu aristocratique qui vient de la Grèce et d’Aristote qui l’a codifiée et pensée dans L’Éthique à Nicomaque, dont se souvient ici manifestement Cicéron, qui était un fin helléniste comme toute la classe dirigeante romaine et un passionné de l’art grecque, en particulier la statuaire.

Cette éthique aristocratique a été reprise au XVIIè siècle dans celle de « l’honnête homme », que Molière met en scène et en débat dans la pièce qui passe à mes yeux pour la plus grande de Molière, Le Misanthrope, où cette morale est incarnée par Philinte au nom explicite. C’est à partir d’elle que se juge dans la pièce le comportement déphasé et débridé d’Alceste, qui pourtant auprès d’autres personnages et non des moindres du point de vue de la vertu pour un homme de bien. Déjà s’affrontent dans cette immense pièce de Molière deux morales : la morale aristocratique qui remonte à la Grèce antique et à l’époque de la grandeur d’Athènes, le gouvernemnt aristocratique et macédonien d’Alexandre, et déjà la moral bourgeoise. C’est en cela d’ailleurs que cette pièce possède une dimension politique, qui reprend au fond tout ce qui opposait déjà dans l’Antiquité le comique d’Aristophane et la morale bourgoise qui se dégage du comique des pièces de Ménandre, comme son Dyoscolos (le Bourru). nfin c’est toute un discussion qu’on pourrait avoir sur le comique de Molière, et sur le comique chez Beckett, qui est ncore autre chose.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 22h06

caueant intemperantiaM (accusatif) /comme CAUE CANEM à l’entrée de la maison de Trimalcion dans le Satiricon de Pétrone: prends garde au chien/fais attention au chien/gare au chien/chien méchant.

poussière dit: 29 mai 2018 à 22h29

On dit tout. Tout ce qu’on peut. Et pas un mot de vrai nulle part.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 22h54

Il y a des précédents inattendus de Beckett :

Par exemple Verlaine, qui a son côté beckettien avant la lettre dans Sagesse « Un grand sommeil noir » :

Je suis un berceau
Qu’une main balance
Au fond d’un caveau
Silence, silence…

Telle est déjà la langueur cadavérique déjà de Verlaine, si différente de la langueur baudelairienne, mais qui fait déjà penser à celle de Beckett.

Chez Baudelaire, la langueur découle d’une assoupissement provisoire des puissances spirituelles, une permission accordée à la nonchalance du luxe profond. On la trouve développée dans une pièce comme « La chambre double » dans Le Spleen de Paris. Elle se manifeste dans la rêverie voluptueuse du personnage et sa paresse ; elle est encore lisible dans la paresse du chat, dans la femme endormie. L’être y demeure riche d’un monde de virtualités qui ne demandent qu’à s’épanouir, de l’érotisme ou du voyage.

Chez Verlaine, au contraire, elle épuise l’être, elle le dissout dans le silence de la tombe, et l’on sent bien le lien avec la sexualité et un lien catastrophique avec la mère, analogue chez Beckett, où elle détruit le moi dans le labyrinthe de son être qui le fait passer à l’impersonnel (et on comprend bien les raisons de l’intérêt de Maurice Blanchot pour l’œuvre de Beckett) où ne subsiste plus rien sinon des traces de l’être qu’il s’agit de préserver avec parcimonie et attention dans l’impersonnalité d’un pur sentir. En ce sens Beckett s’avère être un prolongement de la sensibilité d’un certain Verlaine.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 23h01

Mais on peut dire aussi qu’il y a déjà du Beckett chez Céline quand il écrit dans Le Voyage : « Il n’y a de terrible en nous que ce qui n’a pas encore été dit. On ne sera tranquille que quand tout aura été dit, une bonne fois pour toutes. Alors on fera silence et on n’aura plus honte de se taire. » C’est déjà En attendant Godot

Chaloux dit: 29 mai 2018 à 5h45

Ne me mets pas, s’il te plait, Jacquot, en parallèle avec cet imbécile et misérable Blabla, ce clodo de la simili-culture, épris d’ébriété logorrhéeuse.
A quoi me fait penser ce que je lis? A un Maeterlinck -ou un Ghelderode- saisi par le minimalisme. Il arrive tard. Je crois que son prodigieux succès est surtout dû à la place immense que ses textes laissent au jeu de l’acteur. Je ne dis pas que ce soit sans intérêt, loin de là, mais ce n’est pas tout de même un si grand évènement.

Laura Delair dit: 29 mai 2018 à 5h56

« La fin est dans le commencement et pourtant on continue »
Samuel Beckett

Chaloux dit: 29 mai 2018 à 6h12

« (…) On ne voit plus rien, et cependant on regarde ».
Flaubert, Par les champs et par les grèves.

la vie dans les bois dit: 29 mai 2018 à 6h14

 » Quant à ceux qui attendaient de connaître enfin son point de vue sur Mai 68, qu’ils renoncent même à le connaître à l’occasion du centenaire »

oui, mais alors il était pour ou contre l’avortement ?

la vie dans les bois dit: 29 mai 2018 à 6h26

Encore un réfractaire à la biographie.
Mais qui a besoin de connaître le misérable « tas de secrets »?

Pour moi, qui ne lis pas du tout Beckett- il y en a encore, eh oui-, c’est bien suffisant:
https://www.guide-irlande.com/culture/samuel-beckett/

« Par son attachement à Paris, il est enterré au cimetière de Montparnasse. »

C’est drôle, a contrario, Michel Déon, un écrivain français, expatrié en Irlande n’a pas eu la même faveur.

christiane dit: 29 mai 2018 à 6h35

@Jazzi dit: 28 mai 2018 à 22 h 00 min
Ne me mêlez pas à votre adulation pour clopine en reprenant en miroir les sottises venimeuses qu’elle glisse dans ses commentaires. A vous deux, et réciproquement, vous excellez dans l’emmiellage onctueux l’un pour l’autre.
Je vous préfère dans votre magnifique citation de Beckett ou dans les éléments que vous apportez à toutes ces discussions littéraires grâce à vos citations pertinentes.

renato dit: 29 mai 2018 à 6h52

« Pas la moindre petite histoire de fesses, ou de coeur… »

Si mon souvenir est bon, il y a une histoire finie en fou rire avec Peggy Guggenheim… mais à vrais dire on s’en foute pas mal des histoires de fesses…

la vie dans les bois dit: 29 mai 2018 à 6h56

Allons voir « les oies sauvages ».

« Parmi la gamme des activités de Résistance, ce fut essentiellement à la collecte du renseignement et à l’animation des réseaux d’évasion que se consacrèrent les Irlandais. Le plus connu des résistants irlandais est certainement Samuel Beckett qui vivait à Paris quand la guerre éclata. Il fut recruté dans la Résistance par son ami Alfred Péron, qu’il connaissait depuis leurs années d’études à Trinity College à Dublin, et intégra un réseau de renseignement du nom de « Gloria SMH » 12. Promu sergent-chef au sein du réseau, il y apparaît par la suite sous-lieutenant. Sous le pseudo de « Samson », il rejoignit « Gloria SMH » en septembre 1941 pour y demeurer actif pendant un an. Plus de 200 personnes furent associées aux activités de ce réseau 13. Ce dernier, embryonnaire en novembre 1940, ne fut réellement constitué qu’en janvier 1941 par Jeannine Gabrielle Picabia, fille du peintre, qui utilisait le nom de code de « Gloria » et était connue de Beckett bien avant la guerre. Le co-fondateur, Jacques Legrand, opérait, quant à lui, sous le nom de « SMH ». « Gloria SMH », fondé conjointement par l’Intelligence Service, en liaison avec les services du SOE, et l’organisation polonaise libre de Londres, fut ensuite entièrement pris en main par le SOE 14. »

« 6Pour unique tâche, Beckett devait traduire les rapports de renseignement, les taper puis les remettre au photographe du réseau afin d’être microfilmés et envoyés à Londres. Il remplissait cette mission depuis son appartement parisien de la rue des Favorites tout en en minorant le danger car les allées et venues vers son domicile pouvaient se révéler suspectes. Ce fut Alfred Péron qui servit souvent en tant que « courrier ». Ils avaient prévu, ensemble, dans le cas d’un interrogatoire de la police ou de la Gestapo, d’évoquer la traduction de son dernier roman, intitulé Murphy. Il semble que Beckett cachait les piles de renseignements compromettants au milieu de ses propres papiers. La transmission des rapports dactylographiés au photographe de « Gloria SMH » était la phase la plus dangereuse. Ainsi, Beckett passait régulièrement, par un homme connu de lui sous le nom de « Jimmy le Grec » vivant et travaillant avenue du parc de Montsouris (aujourd’hui avenue René Coty). Il s’agissait en fait d’André (Hadj) Lazaro 16. Beckett poursuivit ses activités clandestines jusqu’en septembre 1942, « à l’extrême limite de l’audace », d’après sa citation à la Croix de guerre en mars 1945 17 »

Référence électronique

David Murphy, « « Paddy fait de la résistance. » Les Irlandais dans la Résistance française et la section F du SOE, 1940-1945 », Revue historique des armées [En ligne], 253 | 2008, mis en ligne le 24 janvier 2012, consulté le 29 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/rha/5392

la vie dans les bois dit: 29 mai 2018 à 6h58

Et de fait, son écriture illisible, ressort un peu du cryptage.

christiane dit: 29 mai 2018 à 7h10

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 1 h 01 et avant…
Céline… Verlaine…
Le choix que vous faites dans ces œuvres destine la littérature à la confrontation de l’homme avec la mort. Que d’osmose entre ces textes, effectivement… Confrontations intéressantes. Dialogues aventureux entre les œuvres ? Dès lors que ces œuvres parlent à votre imagination, pourquoi pas ? L’éclectisme participe à cette construction faite de rencontres improbables, sans hiérarchie dans cette mise en perspective. Érudition et curiosité semblent abattre des frontières, ouvrent à toutes sortes d’interférences. Une perpétuelle métamorphose de nos lectures.
Je laisse de côté vos divagations sur les relations fantasmées hommes/femmes, ou vos querelles fleuries avec Chaloux, pour me réjouir de ce système de signes que vous apportez, ici.
Beckett … Je reprends ce livre de Charles Juliet que nous avions évoqué un jour : (Rencontres avec Samuel Beckett (P.O.L.).
Ces lignes qui, certainement, éclairent ces lettres réunies dans le tome IV de sa correspondance :
« Je songe que s’il est à ce point impressionnant, c’est évidemment(…) à cause de son absolue simplicité. (…) Assurément, quelqu’un d’essentiellement différent. Un homme supérieur. Je veux dire : un homme qui se tient au plus bas, dans l’intimité d’une permanente interrogation sur le fondamental. Soudain, cette évidence : Beckett l’inconsolable…« 

Phil dit: 29 mai 2018 à 7h12

stimulantes paroles de Debray ce matin au micro franceculture « les révolutions sont faites par les grands bourgeois, la vaisselle d’or de Léon Blum, les adeptes de la littérature finiront dans une secte, messieurs Zuckerberg et Bern, nouveaux hérauts ». voili voilà, M. Erner eut les oreilles qui sifflent.
il en faut pour toutes les chapelles, plaisant récit de dame Clopine avec l’écrivain embourdieusé dans le Marais

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 7h19

Renato, je trouve ça même soulageant, une publication de correspondance sans dévoilement de ce type. Pour une fois.

Beckett est juste fascinant. Et il fait partie des rares hommes à révéler un visage d’autant plus beau qu’il vieillissait. Quant à sa cécité, je ne la crois pas signe du destin, doigt de dieu ou avatar mythologique : c’est juste qu’il a dû beaucoup trop fatiguer ses yeux, voilà tout.

Le poignant, c’est que de nos jours les opérations de la cataracte sont parfaitement maîtrisées, et avec un pourcentage de réussite époustouflant.

Perso, j’ai subi, non pour une cataracte mais pour une autre pathologie, cette intervention. Je me souviens du choc en sortant de la clinique : les bleus (que je ne voyais plus du tout) m’ont sauté aux yeux. Le premier fut celui… d’un car de police passant devant moi, au sortir du parking. J’ai sursauté « quelle merveille ! » ai-je dit. Clopin m’a regardée comme si j’étais devenue complètement zinzin. Je l’étais un peu, d’avoir retrouvé les couleurs… J’ai passé deux jours dans le ravissement le plus total, le nez collé au ciel et la tête dévissée…

Beckett n’a pas eu cette chance, et du coup nous en avons manqué aussi : notre hôte car il fut privé d’une partie d’échecs (et je suis d’accord avec lui, on en apprend sûrement énormément en jouant avec autrui à ce jeu captivant. Hélas, bibi, je n’ai personne autour de moi avec qui jouer. Donc, je joue contre mon ordinateur. C’est dire que c’est un peu sec, question psychologie humaine…), et nous tous car qui sait ce que Beckett aurait encore écrit ?

Laura Delair dit: 29 mai 2018 à 7h23

Vous avez compris, Jazzi, c’est Christiane ET PERSONNE D’AUTRE…

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 7h25

Merde, en me relisant, je me rends compte que je mens un peu, parce que j’ai un partenaire : le Clopinou, à qui j’ai appris à jouer et qui me bat régulièrement désormais, et un peu trop facilement à mon goût (c’est qu’il me connaît bien, voilà tout).

radio... dit: 29 mai 2018 à 7h32

J’ai l’impression que c’est reparti pour l’expositIon familio- louisedouardienne. «Soupir »

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 7h37

-> sérendipidité (d’Horace Walpohohole ?)
-> Juliet pamoisé devant Bram Van Velde.
-> Sainclair idème face à Rocard Michel.
-> Tjs trouver des influences aventureuses : Verlaine->SB, pourquoi pas n’importe quoi ?
-> le discours cohérent de Marguerite à la mémoire de R. Caillois, un grand moment devant les Giscard
-> Madeleine B. et Gisèle C. : « quels beaux jours ! »
-> La becquée de Samuel.
/// [ce 29 mai 2018, vers 9.30.- BJ à toussent, à Pierre Guyotat et Jeanine A.] ///

Jean dit: 29 mai 2018 à 7h45

A en juger par les détails que nous donne Assouline sur la déchéance physique du vieillard Beckett, on se dit qu’une bonne partie de son oeuvre — sinon toute — peut être lue comme une autobiographie par anticipation. « En attendant Godot », « Fin de partie », « Molloy » ou « Comédie » apparaissent aussi comme autant de reportages imaginaires — réalistes bien qu’édulcorés — dans quelques uns de nos EHPAD.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 7h46

Ciel, mes personnages mis en scène ici se révoltent tous contre leur auteur !

raymond dit: 29 mai 2018 à 7h50

@ lvdlb
pour prolonger l’aventure: lorsque Beckett a vu son réseau de résistance dénoncé, il s’est réfugié avec le peintre Hayden et Suzanne à Roussillon et ils ont attendu un passeur qui serait venu d’Italie; avec le peintre Hayden pour tromper leur ennui, comme un jeu, ils ont inventé une pièce qui s’appelait: « En attendant ».
Brecht mort en 56 demandait perfidement (ouh le jaloux): « mais que faisaient donc Vladimir et Estragon pendant la guerre? » , dénonçant ainsi croyait-il le caractère apolitique de la pièce… ah là là…

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 7h53

Certes, l’exploit, moral et physique, du jeune Malien Mamadou est remarquable, mais plus remarquable encore me parait être celui du gamin de quatre ans, qui, tombé du cinquième étage, se rattrape au balcon du quatrième, et réussit à s’y maintenir de toute la force de ses petits bras !
Comment à t-il put passer par-dessus la rampe plus haute que lui ?

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 7h58

Chez les Dassault, il semble que la relation père-fils soit toujours compliquée ? Ce que Marcel a fait à Serge, Serge le reproduit avec Olivier : écarter le fils de sa succession…

ribouldingue dit: 29 mai 2018 à 8h01

Pauvre Zizzi! Il essaye d’être gentil avec tout le monde et il prend des baffes de partout!

Phil dit: 29 mai 2018 à 8h04

dear baroz, important d’avoir de bonnes relations avec le voisinage avant de passer par le balcon.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 8h12

Christiane, aucun emmiellement entre Clopine et moi, je reconnais chez elle un goût, identique au mien, pour la littérature, hors toute idée de carrière professionnelle. Avoue que sa relation de la tournée promotionnelle d’Edouard Louis à Rouen est une belle page d’anthologie !

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 8h17

« Le jour où Samuel Beckett a mangé une orange »

Très réussi, très beckettien, le titre du papier de Passou !

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 8h20

JJJ, ce que je peux te révéler de l’inscription sur l’enveloppe masquée, c’est le code postal : 75016 Paris…

La vie dans les bois dit: 29 mai 2018 à 8h21

Merci raymond. Vos précisions concernant le jeu « tromper l ‘ennui » ne figure pas dans le lien donne plus bas.
La remarque perfide de Brecht me rappelle qqchose, a propos de Jean Moulin qui faisait du ski,… en 1942…

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 8h21

L’un des mérite de Mamadou, Phil, c’est qu’il aurait pu être un excellent gentleman cambrioleur !

christiane dit: 29 mai 2018 à 8h31

@Jazzi dit: 29 mai 2018 à 10 h 12 min
Qui veux-tu convaincre, toi ? Freud se serait passionné pour votre dépendance mimétique. Enfin, c’est votre problème mais ne m’y mêle pas. Son texte plaisant ? Je ne sais. Je ne l’ai pas lu et n’en ai pas l’intention. Comme le dit JJJ, quels débordements fréquents sur la rdl, depuis son retour, hors commentaires, depuis que ses blogs sont désertés, semble-t-il…
Quant à mon attitude et mes interventions dans une librairie qui reçoit un auteur, qu’en sais-tu ? Il se pourrait que tu sois fort étonné si le hasard nous réunit en l’une d’elle.
La confiture ? L’onctuosité, Les batailles caricaturales avec la religion… je les vois souvent dans ses interventions. Tu devrais faire vérifier tes lunettes ou en porter…
A force de vouloir être « gentil » avec tout le monde, tu abandonnes ta combativité…

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 8h40

@ il aurait pu être un excellent gentleman cambrioleur !

Voilà la perfidie de dernière minute à laquelle on s’attendait un brin, mais pas venant de vous, jazzman…
(Entre nous, le 16e arrondissement ?… c affreusement ringard, non ?)

Je comprends fort bien comment serge, le char d’assaut de toutes les audaces, a pu se retenir si longtemps accroché à la rampe de son père marcel sans avoir jamais été secouru par la moindre rafale de vent. C’est que, bonne fille…, la 5e Répu l’a toujours empêché de s’casser la margoule !… Le bras droit musclé de l’Etat, hein, Macrobe, l’est encore là, et vigoureux, pas vrai ?

Phil dit: 29 mai 2018 à 8h41

Mamadou en héros de Leblanc ? comme vous y allez, dear Baroz, jamais peur d’être Descrières

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 8h45

Exact, Ch., parfois jazzman sent mauvais quand il veut plaire à une mauvaise cause, vous avez donc raison de le r’mettre en droit chemin, surtout quand il cherche à vous brûler en place de Rouen. C’est honteux, mais vaut mieux en rire, au fanal ! (au final ?)

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 8h56

merci Chiara pour votre post matinal sur le blog à Sergio. Jusqu’à ce qu’il nous fasse signe, je ne lui mettrai plus de messages, vu que mes usurpateurs ont eu raison de ma patience, c’était drôle au début, mais plus maintenant. (Tout ce qui sera désormais signé de Janssen J-J devra être lu comme un des multiples avatars de JC…..). Comme par hasard, les lâches n’osent pas se lâcher chez Pas.soul.

christiane dit: 29 mai 2018 à 9h02

@Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 10 h 45 min
Oui… mais comment parler de ce qui n’est pasce qu’il est ? Ce qu’il écrit, ici, l’exclut de ce qu’il voudrait dire et renvoie au silence… l’exercice de l’écriture le dépouille de sa propre identité car il se dérobe dans cette gentillesse… ses mots fuient dans le sens de cet acquiescement, loin d’une certaine brutalité inexplicable. Il devient seul, peu à peu.

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 9h04

Christiane, la vengeance est un sentiment bien peu chrétien…

Et puis, l’emmiellement, vous ne pouvez pas savoir à quel point je m’y adonne en ce moment, au point que je revendique la chose, mais pas dans le sens que vous lui donnez, ahaha !

Enfin, d’un autre côté, « j’aime encore mieux ça », quoi… je vous préfère venimeuse mais vous-même que cachée dans votre posture de « belle âme au-dessus de la mêlée » (la miellée ?)

Votre violence à mon égard, c’est tellement ….

ça !

https://youtu.be/OGNhncQLQJA

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h04

En somme, Clopine s’est imposée comme une partenaire de taille dans la partie ouverte hier par Passou. Mais à la fin des envois, qui dira : « échec et mat » ?

DHH dit: 29 mai 2018 à 9h10

@JJJ
Avec cet ‘un à-peu-près « fanal/ final » que vous associez à la ville de Rouen je trouve que votre clin d’œil à Madame Bovary est un peu laborieux

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h15

En attendant le gentil Jazzi

Christiane :
– Il devient seul, peu à peu.

Passou :
– A un ami il confie qu’il ne connaît de plus grande félicité que dans les moments en solitaire

DHH dit: 29 mai 2018 à 9h20

Chaloux / WGG
Christiane /Clopine
Je n’arrive pas a comprendre comment, sur ce blog , des échanges entre personnes qui n’y existent qu’à traverrs une presence virtuelle peuvent prendre un tour passionnel , comme si l’ego de de chacun se trouvait menacé dans son essence par l’autre.
Puérilité ? paranoïa?

La vie dans les bois dit: 29 mai 2018 à 9h21

Les memes effets n’ont pas les memes causes.
Fuir une langue de p.te comme bas rosis impose le silence a ceux qui ont eu la malchance de le rencontrer?

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h26

« Il est beaucoup question de travail tout au long de cette correspondance. Du travail en pratique comme de la notion même de travail considérée comme la plus grande des vertus, en quoi l’éducation protestante de Beckett refait surface. »

Et dire que l’extrait de « En attendant Godot », reproduit plus bas, paraitra dans mon « Goût de la paresse » !

Chantal dit: 29 mai 2018 à 9h29

pourquoi ne pas proposer un goût des vieux ?

Cette première phase, celle du lit, fut caractérisée par l’évolution des rapports entre Macmann et sa gardienne. Il s’établit lentement entre eux une sorte d’intimité, qui les amena à un moment donné à coucher ensemble et à s’accoupler du mieux qu’ils le purent. Car étant donné leur âge et leur peu d’expérience de l’amour charnel, il était naturel qu’ils ne réussissent pas du premier coup à se donner l’impression d’être faits l’un pour l’autre. On voyait alors Macmann qui s’acharnait à faire entrer son sexe dans celui de sa partenaire à la manière d’un oreiller dans une taie, en le pliant en deux et en l’y fourrant avec ses doigts. (Beckett, 1951a, p. 143).

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 9h35

DHH, vous avez raison, mais c’est (au moins pour moi) une histoire de mots, or ma vie entière se construit dans et par les mots, d’où d’ailleurs ma présence ici, car c’est la pathologie la plus fréquente parmi les hôtes de ces bois… Bref.

Je n’aimais guère Christiane, ni sa posture, que je trouvais duplice, et je m’ébrouais de temps en temps, pas très gentiment je le reconnais. Mais ce que je n’arrive pas « avaler », malgré les conseils navrés de Jacky qui lui accorde (comme à moi) une certaine estime, c’est qu’elle invente à mon sujet des phrases que je n’ai jamais écrites, des mots que je n’ai pas tracés.

Or, autant il me semble ô combien naturel d’interroger, même avec des arrières-pensées, des réticences voire des écoeurements, la production de tel ou tel, autant le simple droit, non à la vérité qui est si difficile à démêler, mais au factuel, au réel, me semble essentiel.

Et est essentiel à mon équilibre mental. Je veux vivre dans un monde où les mots signifient quelque chose, nom de d’là. Alors, on peut relever tel ou tel truc chez moi, m’accuser, me honnir, mais bon sang de bonsoir, il faut trouver ses arguments dans des phrases réelles, des mots vraiment employés.

Christiane emportée par son ressentiment a commis là, à mes yeux, une faute majeure, qui s’apparente à la calomnie pure et simple, et qui est une imposture. Elle est peut-être bigle, je le lui accorde encore, je vais jusqu’à comprendre que des yeux s’injectent sous le coup de la colère (et je ne suis pas une sainte non plus, ahahah), mais de là à voir des fellations et des empalements où ils n’ont jamais été, avec l’arrière-plan dessiné de la dame qui se bouche le nez tout en agitant le faux propos, non, je ne peux me raisonner : ça m’exaspère, c’est tout.

Ah là là.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h37

« il (Beckett) mettait un point d’honneur à répondre à ses correspondants quels qu’ils fussent par retour de courrier, si besoin est par un simple accusé de réception quand une vraie lettre ne s’imposait pas ; cette marque d’urbanité, de générosité et de savoir-vivre est générationnelle si j’en juge par ma propre expérience de l’étude approfondie de la correspondance de personnages auxquels j’ai consacré des biographies : Gaston Gallimard, Hergé, Daniel Kahnweiler, Georges Simenon… Tous passaient leurs matinées à répondre. Quelque que fut leur origine sociale, leur éducation leur interdisait de ne pas répondre. Disons que cela s’est perdu puisque de nos jours, même les courriels souvent restent sans écho alors qu’ils ont été lus. »

J’ai ris sous cape à l’incipit de Passou.
Souvent, la petite-fille d’un de ses biographés, s’abstient de répondre, même par la négative, à mes propositions de projets adressées à elle par mails. Une conséquence générationnelle, sans aucun doute…

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h44

« Qu’on n’attende pas de lui qu’il commente ses commentateurs. »

Ni de moi. Que chacun écrive ce qu’il veut !

Patrice Charoulet dit: 29 mai 2018 à 9h48

Vous parlez de conversations qui eurent lieu entre Beckett et Cioran.
Cioran, qui habitait rue de l’Odéon,avait aussi un petit appartement à Dieppe.
Il m’a honoré de son amitié – j’étais Dieppois- et nous avons eu une centaine de promenades où nous parlions de philosophie et de littérature.
Roumain, il a écrit en roumain et en français, comme chacun sait.
J’essayais de traduire Nietzsche, à m’époque. Il me demanda comment j’avais traduit tel ou tel mot en français.Ce qui me révéla qu’il connaissait le texte original de manière très approfondie.
Ce que vous révélez d’échanges sur tel mot anglais, entre Beckett et Cioran, pourrait étonner.
Comment diable pouvait-il s’y connaître à ce point en anglais, pourrait-on se dire.
Je n’en suis pas surpris. Il vivait avec Simone Boué, agrégée d’anglais, qui faisait bouillir le marmite du « ménage ». Et il avait un culte pour
Shakespeare.
Il n’a jamais été salarié, et m’a confié s’être inscrit à l’Université parisienne,à un âge avancé, uniquement pour pouvoir bénéficier de repas
au restau U.

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 9h48

@DHH de 11.10 Très juste. Vous en êtes au 3e degré, donc je reviens au 1er. J’avions cru comprendre que l’Armitière était une librairie de la rue Jeanne d’Arc à Rouen. Et au vu du lien, j’avais vu juste :
https://www.armitiere.com/rencontres/14991/
D’où ma question : faut-il brûler edouard louis avec CT à la place de Jeanne d’Arc sur le bûcher des vanités ? Mme Bovary n’était pas, à ce moment là… Mais maintenant que vous le dites, la question se pose aussi. Pendant qu’on vous tient, DHH, peut-on écrire : « je me suis rendue contre » ?… ;-), sans offenser votre grand’mère ?
(BJ à vous, j’apprécie que vous veilliez aux grains virtuels et interveniez toujours à bon escient pour sauver la mise à vos Colpines et autres personnes apparemment blessées – Savez-vous que dans la fonction publique de l’EN, il y a de très bons éléments, cultivés mais pas pédagogues pour un sou, car souvent, parmi les anciens notamment, ils s’aigrissent, devienent abrupts, revêches, têtus et capricieux, bougons, ronchons voire grincheux).

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h49

Pas vraiment le goût de la vieillesse, Chantal !

Dans La force des choses, tome 2 (1972), Simone de Beauvoir se montre plutôt désenchantée :

« Oui, le moment est arrivé de dire : Jamais plus! Ce n’est pas moi qui me détache de mes anciens bonheurs, ce sont eux qui se détachent de moi : les chemins de montagne se refusent à mes pieds. Jamais plus je ne m’écroulerai, grisée de fatigue, dans l’odeur du foin ; jamais plus je ne glisserai solitaire sur la neige des matins. Jamais plus un homme. Maintenant, autant que mon corps, mon imagination en a pris son parti. Malgré tout, c’est étrange de n’être plus un corps ; il y a des moments où cette bizarrerie, par son caractère définitif, me glace le sang. Ce qui me navre, bien plus que ces privations, c’est de ne plus rencontrer en moi de désirs neufs : ils se flétrissent avant de naître dans ce temps raréfié qui est désormais le mien. »

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 9h55

Ils n’ont pas encore mis la vidéo de la rencontre avec Edouard Louis sur leur site, JJJ. Faudra pas oublier de la mettre en lien ici !

Phil dit: 29 mai 2018 à 9h57

baroz, la génération ipodée ne répond jamais si pas d’intérêt personnel, premier effet de la surdité sociale. envoyez des pics à poil(s) à la petite fille de l’éditeur.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 10h01

La petite-fille de… est de la même génération que moi, Phil. Pas vraiment ipodée…

Chantal dit: 29 mai 2018 à 10h01

Sous un billet Beckett difficile de penser à autre chose, il nous reste une orange à peler et encore c’est pas gagné lol.

c’est pour calmer les esprits …

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 10h04

J’ai vu « Girl », Chantal. Quel talent et quelle… jeunesse (l’acteur principal, 16 ans, le réalisateur à peine dix de plus) !

christiane dit: 29 mai 2018 à 10h06

Écoutez, clopine, arrêtez de jouer à la sainte Nitouche. C’est bien vous qui avez ouvert les cuisses sur ce blog, offrant votre empalement sanguinolent. Je vous rappelle que le pal se plantait dans n’importe quelle partie du corps et ce terme, résumant, votre texte n’est pas inapproprié.
Quant à la scène que j’ai lue dans vos commentaires, elle a bien existé sous votre plume. Vous avez effacé le commentaire, facile ! Si ce n’était qu’une affabulation de ma part vous n’y reviendriez pas si souvent. Assumez-vous que diable et cessez de faire remonter votre antipathie à mon égard à cet incident. Vous savez très bien qu’elle s’est écrite dès mon apparition sur l’ancien blog de Passou.
Assumez vos haines, vos jalousies, votre exhibitionnisme, votre éternelle danse du ventre devant ces messieurs ou dames qui vous fascinent.
Que ne gardez-vous votre plume talentueuse (qu’un jour DHH, emportée par sa passion, a qualifié de la « seule » écriture de valeur de ce blog) pour décrire votre campagne, vos bêtes, vos souvenirs familiaux et votre penchant pour le militantisme…) et n’attendez pas, désormais, que je vous fasse grâce d’une… amnistie.

Chantal dit: 29 mai 2018 à 10h09

Oui, la rupture est consommée je crois avec le cinéma des Frères Dardenne.

J’attends pour le voir dans le trailer la réaction du père m’a bien intéressée.

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 10h11

CQFD. Christiane, vous devriez travailler chez Disney : vous êtes niquée maousse.

(au fait, Clopin a fait éditer l’intégralité de mes blogs, et le reste, sur facebook, est aisément vérifiable aussi. Mais évidemment, allez convaincre Jeanne d’Arc qu’elle n’a pas entendu des voix, vous…)

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 10h22

@uniquement pour pouvoir bénéficier de repas
au restau U. (de la rue Sommerard, dans le 5e notamment).

Une info qui traîne dans toutes ses bonnes biographies, et notamment dans ses Carnets (Gallimard), si j’ai bonne mémoire, publiés par Simone après la mort d’Emil et juste avant la sienne (bobonne Boué, angliciste, n’avait pas le temps de préparer la bouffe).

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 10h23

L’essentiel est de rester courtois, Phil. Pour ma part, je réponds aux lettres, aux mails et aux questions que l’on veut bien m’adresser…

Chantal dit: 29 mai 2018 à 10h24

Ils ne sont pas flaminguants, ils parlent le français tous deux.

Vu l’ambiance de règlements de comptes, … je mets les voiles.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 10h25

Mais ils sont Flamands, Chantal. Etonnante, la douceur des hommes dans ce film, ça devrait plaire à Ed !

Chantal dit: 29 mai 2018 à 10h29

Oui, je crois que c’est ce qui a ému un large public, la douceur et la délicatesse.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 10h29

« Une info qui traîne dans toutes ses bonnes biographies »

Tu veux insinuer que Patrice Charoulet n’a jamais rencontré Cioran, JJJ ?

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 10h30

cette phrase, là : « C’est bien vous qui avez ouvert les cuisses sur ce blog, offrant votre empalement sanguinolent. »

Voilà, voilà.On dirait vraiment que j’ai tourné une vidéo porno pour venir la mettre en ligne ici…

En fait, j’ai cité un passage d’un livre de souvenirs, justement pour réfuter « l’empalement » que Christiane (qui joue évidemment sur les mots) m’attribuait. Je laissais ainsi tout le monde juger s’il s’agissait, comme Christiane l’affirme, d’une exhibition sexuelle censée attirer la curiosité du chaland excité, ou d’autre chose, de beaucoup, beaucoup moins « excitant », justement… De glacial, en fait. Je mets au défi quiconque de voir dans mes mots quoi que ce soit qui s’apparente à de la pornographie.

Et voici ce que Christiane fait de cette citation aujourd’hui… Elle récidive, en quelque sorte.

Et vous voudriez que j’admette de tels comportements, si parfaitement dég;ueula;sses, et ce, d’une internaute qui passe son temps à jouer à la dame patronnesse de ce blog, oscillant entre mièvreries et paraphrases ?

Ben non. Je ne l’admets pas. Je considère qu’il s’agit là, très précisément, de ce refoulé qui asphyxie notre société, de cette hypocrisie si commune aux « porteurs de foi », avec leurs regards extatiques et leur conscience pure, qui se détournent et crachent sur les vraies pulsions sexuelles qui s’emparent d’eux, et en font toujours des salissures pour autrui.

Tout ce que j’exècre, en quelque sorte.

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 10h46

pour vider définitivement cette querelle envenimée autour d’une apologie sanguinaire du viol et de l’empalage, CT., nous vous conseillons ceci.
Copiez-collez ce que fiston aurait scanné de tous vos blogs et de tous vos posts de la rdl, et remettez l’extrait non expurgé icite ET une bonne fois pour toutes. Il semblerait que plus personne ne puisse en retrouver la trace vu que vous l’auriez fait disparaitre (et si vous n’y arrivez pas, c’est que l’fiston s’est montré complice de vos ciseaux).
Nous jugerons par nous-mêmes de ce qu’il faut en penser, plutôt que d’atermoyer ou de nous embistrouiller avec cette affaire.
C’est une suggestion raisonnab’, je pense, pour l’intégrité de la santé mentale collective de ce blog si charmant et si courtois.

Bloom dit: 29 mai 2018 à 10h59

Il fut un temps où le nihilisme de Cioran était très à la mode chez les bobos de la pensée désespoir chic et snob.
Beckett, qui fut résistant, connaissait-il l’engagement fasciste et antisémite dans la Roumanie des années 30 & 40 de l’auteur du Précis de décomposition?
Samuel Beckett, c’est avant tout un humour dévastateur, à mille coudées au-dessus des négativités de pacotille (le suicide est une solution radicale à l’inconvénient d’être né).

christiane dit: 29 mai 2018 à 11h04

JJJ
Non, je ne perdrai plus mon temps avec cette sotte infatuée d’elle-même qui se croit tout permis. Lvdb devra trouver d’autres matchs à suivre. Elle m’écœure au-delà du possible.
Revenons à Beckett.
Si ces lettres sont tellement importantes c’est peut-être que l’œuvre des dernières années se rétracte, comme devant une perte des mots. Le cri initial, étouffé, emporte l’œuvre vers le silence (L’Innommable) donnant à imaginer un Beckett presque aphasique. Alors, recueillir les confidences de cet irlandais énigmatique dans ses lettres peut être une façon de mieux le comprendre. La lecture de ses livres est difficile. il faut avancer dans un univers de débris, d’épaves où l’on oublie que le temps passe.

Clopine Trouillefou dit: 29 mai 2018 à 11h06

Mais je suis dans l’impossibilité manifeste de trouver le moindre mot du « passage » incriminé par Christiane, JJHh : celle-ci a imaginé que j’aurais, sur mon blog, raconté une relation sexuelle avec mon compagnon, une fellation, ce qui n’a jamais existé que dans la cervelle détraquée de cette pauvre frustrée.

J’ai eu beau chercher, je n’ai jamais retrouvé à quoi cela pouvait bien correspondre, quels mots avaient bien pu déclencher chez elle une telle construction, qui visait à prouver que j’étais prête à « tout » pour exciter le passant…

je crois qu’en dix ans de blog, la seule allusion « sexuelle » que je me suis permise, et encore, je ne suis pas bien sûre de l’avoir exprimée ainsi, était la notation que les petites amies des deux (grands) garçons de la maison, à dix ans d’intervalle les unes des autres, avaient eu le même comportement en laissant souvent, derrière elles, quand elles venaient en week-end, traîner leurs affaires : je retrouvais parfois, mêlé au linge des garçons, leurs culottes dans le panier de la lessive, ce qui me faisait rigoler, voire même m’attendrissait un peu.

C’est le maximum que j’ai bien pu raconter, franchement, et à mon sens y’a pas de quoi casser trois pattes à un canard dans le genre exhibition de vie sexuelle. Plutôt vicissitude rigolote et ménagère de mère de famille, quoi.

Mais ça se trouve c’est ça qui l’a fascinée, parce qu’en dix ans, vraiment, je n’ai jamais parlé d’autre chose, j’ai beau chercher et chercher ! Non que je ne puisse un jour tenter de raconter une histoire sexuelle, hein. Mais c’est tellement casse-gueule, c’est à mon avis la chose la plus difficile au monde à faire que de la littérature sexuelle, il faut s’appeler Philip Roth pour y réussir. La rancune et le besoin de réparation aidant, ajouté à la posture de « foi » et l’angélisme affiché de Christiane, ça a fait comme les dites culottes dans la machine à laver : ça te me l’a tourneboulée et voilà ce qui en sort.

Mais bon, soupir…

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 11h06

Sur Cioran et Beckett ou Becket et Céline, passe ton tour, Bloom. On atteint-là à des hauteurs de points de vue qui, visiblement, te dépassent !

DHH dit: 29 mai 2018 à 11h09

@jjj
Vous écrivez
Pendant qu’on vous tient, DHH, peut-on écrire : « je me suis rendue contre » ?… ;-), sans offenser votre grand’mère ?
je ne comprends pas votre question
contre quoi?
Mais si votre « contre » est un lapsus tapendi pour « compte » j’ai expliqué hier sous ce fil dans un post à Clopine , de manière argumentée, détaillée et professionnelle pourquoi l’accord ne doit pas se faire.
Par ailleurs dois-je me sentir concernée par votre triste portrait des fonctionnaires de l’EN ,ou pensiez vous seulement à d’autres?

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 11h15

Un extrait de mon « Goût des îles Baléares », Bloom ?

E.M. CIORAN

Fleurs d’insomnie

Du 31 juillet au 25 août 1966, malgré ses poumons et son foie malades, et les recommandations de son médecin d’éviter impérativement le soleil, Cioran ne put s’empêcher de retourner passer ses vacances à Talamaca, dans l’île d’Ibiza. En effet, l’auteur Roumain, fils de pope, qui adopta la nationalité et la langue françaises, se revendiquait également Espagnol par son âme, essentiellement pour l’exaltation mystique et la qualité du « desengaño » (désillusion) propres à cette impulsive nation. Son séjour se révéla particulièrement éprouvant pour ses nerfs et ses nuits irrémédiablement insomniaques, tel qu’en témoigne le cahier retrouvé parmi ses textes inédits, après sa mort en 1995. Florilège.

Ibiza, 31 juillet 1966. Cette nuit, réveillé tout à fait vers 3 heures. Impossible de rester davantage au lit. Je suis allé me promener au bord de la mer, sous l’impulsion de pensées on ne peut plus sombres. Si j’allais me jeter du haut de la falaise ? Tout le monde est bronzé, je dois rester blanc, pâle. Pendant que je faisais toute sorte de réflexions amères, je regardai ces pins, ces rochers, ces vagues « visitées » par la lune, et sentis soudain à quel point j’étais rivé à ce bel univers maudit.

Le Remord renaît ; ma stérilité ressentie comme une faute dont je perçois la gravité encore mieux sous ce soleil universel d’Ibiza.

8 août. Me suis levé vers 4 heures du matin et me suis promené le long de la mer. Assis sur un rocher. J’attendais le jour. Quand la lumière surgit, elle ne vint pas d’en-haut, mais des rochers alentour, comme si elle fût cachée et qu’elle attendît le matin pour apparaître. Cette transfiguration de la matière, si belle, si irréelle, me fit oublier les réflexions amères par quoi débute chacune de mes insomnies.

Ibiza me réussit aussi mal que Valldemosa à Chopin.
Avec des nerfs comme les miens on ne quitte pas le Nord. La chaleur met en valeur toutes mes infirmités.

Un maçon d’Ibiza raconte qu’il y a dix ans, avant l’invasion des touristes, les habitants étaient gentils, affables, vous invitaient [à] manger chez eux, laissaient la maison ouverte jour et nuit ; maintenant, ils la ferment à clef, sont devenus égoïstes, vous parlent à peine, sont renfermés et soupçonneux, et mangent mieux. Mais qu’ils vivent mieux, qu’ils soient plus heureux, c’est douteux. Avant, ils gagnaient peu, mais n’avaient pas de besoins ; aujourd’hui, ils en ont beaucoup, qu’ils doivent satisfaire. Aussi travaillent-ils bien plus qu’avant, ils se fatiguent, se crèvent, mais, pas plus que les touristes, ils ne peuvent se reposer. Le silence a disparu de l’île : nuit et jour les avions la survolent et font un vacarme, qui est le prix que les indigènes payent pour le privilège qu’ils ont obtenu de pouvoir manger à leur faim.

Cafard inouï à l’idée de quitter Talamanca. A vrai dire, Paris et cafard c’est tout un pour moi. Il ne faudrait pas aller dans des lieux où le bonheur paraît concevable.

24 août. Talamanca. Aller une dernière fois contempler du moulin à vent le couchant. Personne alentour. Silence. Le ciel et la mer. Ibiza en face. Ai fredonné intérieurement des lamentations hongroises, qui m’ont l’air de s’accorder avec tous les paysages.
Vivre loin de la Méditerranée est une erreur. Comment ai-je pu pendant si longtemps sacrifier au préjugé du Nord ? Tous mes malheurs, disons déceptions, viennent de là.
(« Cahier de Talamanca », Mercure de France, 2000, Bibliothèque Jacques Doucet)

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 11h19

Et mon introduction à l’extrait de Beckett, reproduit plus bas.

SAMUEL BECKETT

Dialectique de paresseux

Dans En attendant Godot, sa pièce créée en 1953, Samuel Beckett met en scène deux couples de clochards : au couple principal, Estragon et Vladimir (Gogo et Didi dans l’intimité), s’adjoint parfois un autre couple lié entre eux par une relation de maître à esclave à caractère nettement sadomasochiste, Pozzo et Lucky. Unis depuis plus de cinquante ans, Estragon et Vladimir, qui durant toute la pièce attendent un hypothétique Godot (en anglais Dieu se dit God), occupent le temps en se livrant à des scènes de ménage, avec menaces de séparation et éternelles réconciliations. Un étrange et savoureux dialogue permanent, tout à la fois métaphysique et poétique.

DHH dit: 29 mai 2018 à 11h21

@ clopine
vous écrivez
la seule allusion « sexuelle » que je me suis permisE
Même punition même motif, comme disent les militaires, que pour « je me suis renduE compte »
l’accord du participe se fait en genre et en nombre seulement avec le complément d’objet antéposé et non lorsque le complement (ici un réfléchi ) a une autre fonction.
donc « je me suis permis » comme « je me suis rendu compte » sont les seules tournures correctes
je vous l’ai dit, entre autres choses, de manière plus développée dans mon post d’hier à votre intention .
Amicalement

Bloom dit: 29 mai 2018 à 11h33

Sur Cioran et Beckett ou Becket et Céline, passe ton tour, Bloom. On atteint-là à des hauteurs de points de vue qui, visiblement, te dépassent

Les hauteurs de Cioran sont le gouffre, le nadir, le cloaque, autant de lieux de décomposition du désir & de l’insoutenable vacuité du non-être.
Comme il sied à tout thuriféraire du nihilisme fasciste de la Garde de Fer.

Bloom dit: 29 mai 2018 à 11h40

Impossible de rester davantage au lit. Je suis allé me promener au bord de la mer, sous l’impulsion de pensées on ne peut plus sombres. Si j’allais me jeter du haut de la falaise ?

Dommage qu’il ne l’ait pas fait. Ca nous aurait épargné sa logorrhée de faux-déprimé-vrai-lâche.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 11h46

raymond dit: 29 mai 2018 à 9 h 50 min
La citation de Brecht, que je ne connaissais pas (vous la sortez d’où à propos ?) n’est pas sans intérêt. C’est une façon quelque peu prvrse de dénigrer Beckett de biais sans oser l’affronter de face.

Elle n’est pas sans rappeler une querelle du même ordre quand on opposait dans l’Antiquité tardive le comique à contenu politique d’Aristophane au comique soit disant apolitique de Ménandre.

Dans le cas qui nous occupe, ce n’est pas l’opposition aristocratie / monde des valeurs bourgeoises ; ce serait plutôt valeurs épiques chez Brecht (mais l’épopée est quand même un genre lié aux valeurs de l’aristocratie) à un théâtre qui met en scène au fond chez Beckett ce que Clément Rosset appelle à propos de Nietzsche « une expérience de la béatitude ». Mais c’est exactement de cela dont nous parle Beckett. À mon sens ls pièces de Beckett ont toutes un contenu politique fort : l’exploitation de l’homme par l’homme dans EAG; la critique de la société de consommation dans OhLBJ, le problème de la bombe atomique dans FdeP. Qu Beckett crée un nouveau comique avec des thèmes aussi graves est un fait remarquable, qui a échappé à Brecht, mais qui n’en existe pas moins. De ce point de vue, il n’est pas sans intérêt de rapprocher Beckett de Ménandre pour l’invention d’un comique qui n doit rien à l’histoire mais est de nature existentielle, comme un dépassement du tragique comme chez Ménandre, qui lui cite abondamment Euripide dans ses pièces. Le comique de Beckett repose sur la « joie tragique »; il est fait de jeux de mots; de répliques qui ne se répliquent pas, chacun continuant une forme de monologue intérieur tout en répondant à l’autre, invention que reprendra plus tard Michel Vinaver dans ses propres pièces plus visiblement politiques que celles de Beckett, où LE politique demeure caché mais non moins présent.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 11h47

Tu me fais rire, Bloom ! T’es un comique dans ton genre.

Chantal, peut-on révéler ici que Lara, la jeune guerrière intrépide de 16 ans, du film « Girl », à la recherche de son identité sexuelle (elle ne sait pas encore si elle préfère les filles ou les garçons), va se livrer à une… fellation sur un jeune mâle ? Damned ! Elle n’en fait pas tout un fromage. D’ailleurs, les jeunes filles de son école de danse, sont bien moins sympathiques avec elle que les garçons…

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 11h55

une relation de maître à esclave à caractère nettement sadomasochiste, Pozzo et Lucky (Jazzi)
_________
C’est cette relation de maître à esclave qui fonctionne à l’évidence pour l’époque de 1953 comme un rappel de la relation du maître et de l’esclave chez Hegel et par voie de conséquence à ce qu’en a fait Marx. C’est là où Beckett se joue du politique mais le met en débat par là même, semblant dire à son époque : Vous nous parlez de l’esclavage de la classe ouvrière dans le capitalisme mais qu’est-ce au fond au regard de l’esclavage de l’homme vis-à-vis de ses désirs ? Il y a là comme un rappel du stoïcisme de Sénèque, qui n’est pas sans rapport avec l’éducation protestante de S. B.

Bloom dit: 29 mai 2018 à 11h58

Un des meilleurs ouvrages en français sur le géant de Foxrock est « L’Oeuvre sans qualités. Rhétorique de Samuel Beckett », de Bruno Clement (Seuil). A l’échelle planétaire, Beckett reste tout de même un auteur anglophone, très lu et étudié dans les universités de l’anglosphère où ses romans sont plus populaires que ses pièces, alors que chez nous, c’est l’inverse.
Lire aussi « L’Imaginaire Mélancolique de Samuel Beckett, de Murphy à Comment C’est », de Yann Mevel, qui aborde tous les romans.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 11h59

Bloom, ne pas confondre le Cioran de sa jeunesse avec celui de l’âge mûr, ce serait faire un contre-sens. Cioran est un authentique penseur du tragique, comme Clément Rosset (ils étaient très liés), comme Nietzsche et tout le courant de pensée qui remonte jusqu’à la Grèce antique, à la Sophistique. Cioran est surtout un de nos grands écrivains. La parenté avec Beckett saute aux yeux.

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 12h04

@DHH : « je me suis rendue contre » ?… ;-), (EMOTICONE DE PLAISANTERIE, CLIN D’OEIL) sans offenser votre grand’mère ? (GRAMMAIRE)
je ne comprends pas votre question
contre quoi? (CONTRE UN MUR DU SILENCE) Mais si votre « contre » est un lapsus tapendi pour « compte » (EVIDEMMENT, QUE c’ETAIT UN LAPSUS DELIBERE !) j’ai expliqué hier sous ce fil dans un post à Clopine, de manière argumentée, détaillée et professionnelle pourquoi l’accord ne doit pas se faire (ET J’AI PARFAITEMENT RETENU LA LECON, A SA DIFFERENCE APPAREMMENT, D’AILLEURS PAS BESOIN, JE N’AURAIS JAMAIS COMMIS UNE FAUTE PAREILLE).
Par ailleurs dois-je me sentir concernée par votre triste portrait des fonctionnaires de l’EN (NON SURTOUT PAS),ou pensiez-vous seulement à d’autres (OUI, SUIVEZ MON REGARD – ET SACHEZ QUE JE SUIS POUR L’ECRITURE INCLUSIVE, j’aurais donc portraitisé au féminin, je sais pas pourquoi d’ailleurs, vous ai toujours imaginéE en femme)?
Mais, TOUJOURS PAS COMPRIS VOTRE ALLUSION A Mme BOVARY (bove a ri, comme aurait-dit emmanuel jazzman).

Bérénice dit: 29 mai 2018 à 12h04

Jazzi, ne voyez vous pas qu’à défaut d’imagination ou de je ne sais qu’elles qualités qu’on a perdues il nous faille avaler quantités de scènes sexuelles décomplexées qui officient dans un film un peu â la manière de la musique dont on forcerait le volume pour masquer une carte ce ? Sans puritanisme aucun cependant on doit se farcir une sexualité pour laquelle on n’a pas forcément payé et donné un consentement.

Bérénice dit: 29 mai 2018 à 12h08

Bloom, si je ne suis pas trop pauvre â vos yeux, SB à choisi d’écrire en utilisant le français, non? C’est un anglophone qui a écrit essentiellement dans une autre langue que sa langue maternelle ? Ou est ce une fausse idée je je détiens là ?

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 12h11

@ JJHh ???

Non, la Trouille… J-J J n’a rien à voir avec ça (ni d’ailleurs avec DHH) ; HHhH, c’est juste un roman de K. Binet.

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 12h17

« La citation de Brecht »

Sur ce coup-là, il se montre lourdement matérialiste, le père de la Mère courage, WGG !

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 12h20

« il nous faille avaler quantités de scènes sexuelles décomplexées »

Bérénice, comment expliquer que les femmes actuelles se soient ruées en masse pour lire et aller voir au cinéma les cinquante nuances de Greys ?

Bloom dit: 29 mai 2018 à 12h28

Bloom, si je ne suis pas trop pauvre â vos yeux, SB à choisi d’écrire en utilisant le français, non? C’est un anglophone qui a écrit essentiellement dans une autre langue que sa langue maternelle ? Ou est ce une fausse idée je je détiens là ?

Pas faux, mais il a aussi beaucoup écrit en anglais, et s’est traduit du français vers l’anglais.
Je parle plutôt de réception que de production.
L’original de sa correspondance est très majoritairement en anglais, un régal, tout simplement, avec un appareil critique d’une richesse « pléiadesques », son prix (65 euros) étant d’ailleurs celui d’un volume de la Pléiade.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h28

@DHH
On dit :
1 la tâche urgente que je me suis promis de terminer
ou
2 la tâche urgente que je me suis promise de terminer ?

Pour moi la bonne solution dans ce cas est en 1 parce que :
1°) le groupe « promis de terminer » forme un groupe de mots insécable ; le verbe « terminer » n’est pas à la voie passive : je termine quoi ? « la tâche » (« que » = COD), « que » est le COD de « terminer » (je me suis promis de terminer quoi ? — « que » mis pour « la tâche ».

Mais si j’écris :

3 La tâche que je me suis promise

« promise » s’accorde normalement avec le COD antéposé « que » mis pour « la tâche » : je me suis promise quoi ? — la tâche. Donc il faut écrire dans ce cas « promise » et non « promis ».

Bérénice dit: 29 mai 2018 à 12h31

Jazzi, je suis une femme qui n’a pas choisi de consommer cette production, je remarque que nous sont servies des scènes sexuelles assez crues qui autrefois n’auraient pas disposé de l’agrément tous publics et qu’on accoutume le public à ce style si bien que beaucoup de films , de plus en plus en contiennent. Comme si c’était un ingrédient indispensable, ou que le cinéma se sente investi d’une mission éducative? Moi cela m’ennuie que les scénarios ne puissent être pensés sans recours à ces cadrages . Ces films ne sont d’ailleurs souvent pas les plus intéressants tant sur le fond sur la forme, il y a comme une facilité de remplissage par le sexuel qui peut être appauvrit la ressource cinématographique comme outil d’exploration créative, un néo naturalisme branché sexe et après ? Comme si nous en avions envie, besoin, et en avions rêvé l’avènement.

Bloom dit: 29 mai 2018 à 12h34

La parenté avec Beckett saute aux yeux

Sinon que Beckett avait de l’humour. Quand il écrit dans sa correspondance « Aren’t people shits. », ça le fait rire. Cioran fait le même constat, mais çà le déprime.
On ne dira jamais assez l’élégance de la vison tragique des Irlandais et sa supériorité absolue sur l’esprit de sérieux des continentaux. En cela, elle se rapproche beaucoup de la politesse du désespoir des Juifs (P. Roth demandant à un fossoyeur de lui trouver une place assez grande pour qu’il puisse étendre ses jambes en lui disant qu’il sera amené à y passer un certain temps, alors autant qu’il soit confortablement installé).

Bérénice dit: 29 mai 2018 à 12h35

Et le résultat est que vous ressortez de la séance imprimé par les schémas de l’auteur. Que vous jouerai à monte moi dessus inspiré, influencé, formaté.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h36

Bérénice, comment expliquer que les femmes actuelles se soient ruées en masse pour lire et aller voir au cinéma les cinquante nuances de Greys ? (Jazzi)
________________
L’explication est toute simple, à mon avis. Mais elle contrevient à la bien pensance qui sévit dans l’opinion actuelle comme une dictature sur les esprits. C’est que les femmes ne pensent qu’à une seule chose dans l’amour : rencontrer l’homme dont elle aimerait devnir l’esclave sexuelle. Cela me semble tellment évident que les femmes n’aime qu’en étant soumise à un homme, que c’est ainsi t pas autrement que fonctionne l’amour le plus pur, le plus grand, le seul amour viable. Cela n’a strictement rien à voir avec qulque sadomasochisme que ce soit. C’est dans la nature mystérieuse de l’amour. Peu d’hommes (surtout aujourd’hui où la dictature du féminisme sévit partout avec une arrogance délirante, voir le dernier tweet de la Ernaux) sont capabls d’assumer un tl amour, et peu de femmes sont capables de s’avouer à elles-mêmes ce désir. Alors ça donne l’amour bâtard d’aujourd’hui, la médiocrité des passions d’aujourd’hui, cette espèce de sexualité à la débridée et inconsistante et ennuyeuse, où tout le monde fornique et s’ennuie.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h37

Mais il y a beaucoup d’humour chez Cioran aussi, Bloom ! Deux esprits qui étaient faits pour s’entendre.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h40

En cela, elle se rapproche beaucoup de la politesse du désespoir des Juifs (Bloom)
______________
Oui, ça, je suis d’accord.

Bloom dit: 29 mai 2018 à 12h41

Mais il y a beaucoup d’humour chez Cioran

Qui ne me fait pas rire parce que c’est du sarcasme.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h46

Du sarcasme certes, mais pas uniquement. La palette de Cioran est plus large que ça.

Chantal dit: 29 mai 2018 à 12h48

Je ne saisis pas très bien, moi j’ai bien aimé la nuit érotique de Christiane dans la bibliothèque de Jean Pierre Guyotat mise en ligne de manière foutarque, faut pas devenir coincés du clavier quand même …

christiane dit: 29 mai 2018 à 12h49

Bérénice dit: 29 mai 2018 à 14 h 08 min
Non, vous n’avez pas tort.
Samuel Beckett est né le 13 avril 1906 à Foxrock, dans la banlieue de Dublin. De 1911 à 1915, il reçoit ses premiers rudiments de français dans un cours primaire privé, puis il entre à l’Earlsfort House School. Sa matière préférée est la littérature en anglais mais il y perfectionne son français. La Portora Royal School suivra. Intérêt toujours, pour la littérature et la poésie, pour les échecs et le bridge. C’est à Dublin, au Trinity Collège que son professeur de français T/Rudmose-Brown lui fera découvrir Proust. Dans le même temps, en italien, il découvre Dante et Pétrarque. Le théâtre devient sa passion. Le dramaturge irlandais Synge le ravit mais aussi… les films muets de Buster Keaton et de Charlie Chaplin.
Son premier voyage en France, il le fera à l’issue de sa scolarité, pendant l’été 1926. l’année suivante ce sera l’Italie : Florence et ses musées.
1928 : poste d’enseignant de français et d’anglais au Campbell College de Belfast, puis lecteur d’anglais à l’ENS, rue d’Ulm, à Paris. découverte de la librairie Shakespeare & Co et de Sylvia Beach, éditrice d’Ulysse. Rencontre avec Joyce. Amitié et travaux. La vue de Joyce a baissé. Il lui fait la lecture et parfois écrit ce qu’il dicte.
1930 : son essai sur Proust.
1932 : son premier roman Dream of Fair to Middling Women, en anglais, restera inachevé…
(plus si vous le désirez !)

Dans une lettre écrite en 1937, en allemand, il exprime son insatisfaction à l’égard de l’anglais :
« Écrire en anglais conventionnel devient pour moi de plus en plus difficile. cela me paraît même absurde. Et de plus en plus ma propre langue m’apparaît comme un voile qu’il faut déchirer afin d’atteindre des choses qui se trouvent au-delà. »

Pat V dit: 29 mai 2018 à 12h51

Il est très plaisant de pouvoir contempler une lettre manuscrite, celle que l’ on envoie ou celle que l’ on reçoit. Il existe un temps que le corps et l’ esprit prennent pour l’ écrire, pour l’ envoyer. j’ en ai une sur le feu à propos de l’ art chez les fous de Marc Décimo. Et plus j’ attends plus d’ autres problématiques se posent sur ce ( ces )double travail sur l’ avant art brut.
Autre temporalité que cet immédiat du blog ou du site.
Sympathique l’ art des enveloppes.
Surtout si en l’ occurrence elles sont peintes avec l’ adresse du destinataire!
Bel article.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h53

La différence entre Brcht et Beckett est aussi une différnce de génération.

Mais que Beckett ne dise rien et n’ait rien à dire de Mai 68 me paraît à la fois évident mais non significatif de son théâtre, qui ne manque pas d’allusion politique (Fin de partie et la hantise de la Bombe atomique notamment). Mais Beckett ne voit crtainement pas un absolu dans LE politique, comme un Benny Levi par exemple; ça oui.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 12h59

C’est du fétichisme ça ! Moi aussi, j’ai deux lettres d’André du Bouchet, où il me parle de sa poétique et une réponse de Clément Rosset à qui j’avais écrit à propos de et lors de la parution Loin de Moi pour lui signaler toutes les coquilles de la publication. Mais ça n’a aucune valeur ni aucun intérêt autre que personnel.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 13h05

D’ailleurs, même Annie Ernaux en a subi l’épreuve de ce que je dis de la jouissance féminine comme soumise, avec son employé russe à l’ambassade, sans doute même un type de FSB…FessesB

Laura Delair dit: 29 mai 2018 à 13h05

Les religions sont peu prolixes sur ce sujet que j’adore : mais diable, que faisait Dieu avant la création ?
Samuel Beckett

Pat V dit: 29 mai 2018 à 13h08

A qui s’ adresse le WGG?
****
Aucun fétichisme, le fait de porter son intérêt sur la scription des lettres et des enveloppes.
Ces lettres ont aussi un contenu…

Toto dit: 29 mai 2018 à 13h08

s’est traduit du français vers l’anglais.(Bloom)

Jamais. A toujours refusé. En revanche, de l’anglais vers le français, oui.

Jazzi : Beckett s’opposait radicalement à toute assimilation de Godot à God.

Janssen J-J dit: 29 mai 2018 à 13h12

@ « les femmes ne pensent qu’à une seule chose dans l’amour : rencontrer l’homme dont elle aimerait (sic) devnir (sic) l’esclave sexuelle. Cela me semble tellment (sic) évident que les femmes n’aime (sic) qu’en étant soumise (sic) à un homme, que c’est ainsi t pas autrement que fonctionne l’amour le plus pur, le plus grand, le seul amour viable »

————–
Admirons toussent en choeur la profondeur de la pensée propagée par les intelligences les plus sutiles et raffinées des meilleurs pédagogues de notre EN française.
————–

Nous qui n’en sommes pas, en discuterons le cas échéant, lorsque de tels propos seront discutés par une ou des femmes libérées, mais pas en contre argumentation avec pauvre gwg, pitoyable terroriste du verbe. Et au moment où cette femme bisexuelle pour l’instant introuvable, pourra faire part de l’intensité de son plaisir en différenciant celui qu’elle aura pris (ou eu) avec un homme ET celui qu’elle aura eu avec une femme. Mais ce Tirésias n’a pas été encore inventé par la mytho grecque d’Homène, comme quoi cet aède mobilisé par Tesson n’est pas d’un grand secours, quoi qu’il en ait.
Nous serons peut-être un jour beaucoup mieux documentés sur les limites de la vulgate freudomarxiste de notre pauvre gwg. Et nous aurons alors accompli un pas de géant de sortie ddu judaïsme antique. Pour l’instant, hélas, il y a encore trop de judith Butler (pôle homo) et pas assez de françoise Héritier (pôle hétéro) pour nous montrer la voie…, On ne sait certes pas encore très bien ce qui tient chez elles deux de la théorie informée par leurs pratiques respectives. Mais une chose est sûre : leurs apports à la connaissance du chapitre est indiscutable.

christiane dit: 29 mai 2018 à 13h12

@Chantal dit: 29 mai 2018 à 14 h 48 min
Ah, vous vous souvenez de ce bel échange avec JJJ ! Tout avait commencé par sa question : Y a-t-il un écrivain que vous détestez…
Plus que l’érotisme de l’auteur c’est son attirance pour les scènes de torture qui m’avait désarçonnée.

@W.
vous n’avez pas entièrement tort, toutefois, il vous manque pour approfondir cette intuition, d’être… une femme.
Pas plus qu’une femme ne peut comprendre absolument un homme, un homme ne peut affirmer qu’il connait les fantasmes secrets d’une femme.

Lacenaire dit: 29 mai 2018 à 13h12

WGG contre Chaloupet, Christiane contre Clopine, ne manque plus que le p’tit Court contre Rose ou Bérénice ou n’importe quelle autre dame, tant qu’on y est
from Wales sous l’orage, mes moutons sont à l’abri, pas sur la RdL
bien à vous
CM

Bloom dit: 29 mai 2018 à 13h18

s’est traduit du français vers l’anglais.(Bloom)

Jamais. A toujours refusé. (Toto)


Vous avez Toto faux

Wiki (pour faire vite) says:

« Waiting for Godot is Beckett’s translation of his own original French play, En attendant Godot, and is subtitled (in English only) « a tragicomedy in two acts ».[3] The original French text was composed between 9 October 1948 and 29 January 1949.[4] The premiere was on 5 January 1953 in the Théâtre de Babylone (fr), Paris. The English language version was premiered in London in 1955. In a poll conducted by the British Royal National Theatre in 1990 it was voted the « most significant English language play of the 20th century ». »

Et toc!

Non, mais!

Jazzi dit: 29 mai 2018 à 13h20

« Beckett s’opposait radicalement à toute assimilation de Godot à God. »

C’est son problème, Toto. Mais moi, dans mon commentaire, si j’ai envie de voir un God (à godillot) dans Godot, c’est mon droit !

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 13h21

Justement non ! La lettre de Passou n’a aucun contenu. Un envoi pour rien. C’st put-être en cela qu’elle est beckettienne…

Lessness n’aurait comme seule traduction : le manque, l’état de manque, l’absence. C’est au cœur de la création beckettienne, comme de la peinture de Bram. Bckett a parlé à propos de ces quelques peintres qu’il affectionnait et qui lui ressemblaient (avec le frère Geer de Bram, avec Tal Coat (que connaissait aussi très bien André du Bouchet), André Masson, Henri Hayden, de « peintres de l’empêchement ». Beckett témoigne d’un temps où « être artiste c’est échouer comm nul autre n’ose échouer ». L’échec constitue l’univers de l’artiste. On trouve ça à l’évidence déjà chez Flaubert, qui en est le grand initiateur dans la Modernité, peut-être plus encore qu Baudelaire. Le refus de l’échec signe à ses yeux la plus grande des trahisons morales, le refus de l’échec c’est l’échec assuré de l’art, tel est le grand paradoxe au cœur de tout l’œuvre bckettien.

Widergänger dit: 29 mai 2018 à 13h24

Bien sûr que c’est ton droit, Jazzi. Mais c’est une réduction du sens de l’œuvre, une fenêtre trop étroite pour la lire, l’œuvre.

Godot, c’est tout système de signes qui accorde un sens. Tout système sémiotique. On n voit que rarement qu’il y a derrière toute la problématique de la fusion avec la mère (le grand problème beckettien par excellence), en cela, héritier des Romantiques malgré lui.

Chantal dit: 29 mai 2018 à 13h26

Oui je m’en souviens, j’avais trouvé que c’était très bien écrit, ce tourment de l’avoir lu.

Moi ce sont les scènes de la Cruxifixion Rose de Miller qui m’ont tourné les foies l’été dernier, être comme çà un objet de désir brut et sauvage avec des commentaire acides à sens unique, surtout écrit uniquement depuis un crâne d’homme c’est très lourdingue comme lecture.

J’ai dans mes tiroirs une nouvelle piquante : la femme du ronfleur.

DHH dit: 29 mai 2018 à 13h26

@JJJ 14H 04
Mais, TOUJOURS PAS COMPRIS VOTRE ALLUSION A Mme BOVARY
faites vous semblant ou ce que j’ai pris pour un clin d’œil est-t-il pur hasard ?
je rappelle donc à propos de votre effet fanal/final lié à Rouen , que le FANAL DE ROUEN est la feuille dans laquelle Homais plastronne avec ses ronflants articles publie ses pitoyables articles soubonc

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