de Pierre Assouline

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La République des livres
Le livre de Thomas Piketty est-il vraiment capital ?

Le livre de Thomas Piketty est-il vraiment capital ?

On connaît bien désormais les phénomènes d’emballement médiatiques. Ce que l’on sait moins, c’est qu’ils peuvent s’exercer dans les deux sens. Etrangement, ce sont les mêmes qui ont rapidement et panurgiquement élevé une statue à un auteur qui sont souvent les plus prompts et les plus radicaux pour la mettre à bas. Il fallait s’y attendre dans un village planétaire souffrant d’économisme aiguë : après un engouement exceptionnel pour Le capital au XXIème siècle (Seuil) de Thomas Piketty (Clichy, 1971), livre de théorie économique de quelque 700 pages (1,5 millions d’exemplaires vendus en tout, des droits cédés dans une quarantaine de pays, une couverture médiatique sans précédent pour un aride traité d’économie), initié par une partie des élites américaines (notamment deux prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz et Paul Krugman, sans compter le conseiller économique du président Obama qui a demandé à le recevoir,  l’éditorialiste du Financial Times et, de manière un peu plus nuancé, le Wall Street Journal) etc), on a assisté à un phénomène de Piketty-bashing.

Aux Etats-Unis tout d’abord, d’où l’emballement était parti (et où Thomas Piketty a eu l’habileté de refuser les offres des grands groupes pour se faire publier par le prestigieux label de Harvard University Press). Il y a un an, le livre était No2 des ventes de la catégorie « Hardcover Nonfiction » sur la liste du New York Times. Comme le rappelle Nicolas Barreyre dans son article des Annales, « le Piketty » est arrivé à point dans une Amérique où le mouvement Occupy notamment a dénoncé avec succès la responsabilité de la ploutocratie dans la croissance des inégalités en utilisant l’expression « Gilded Age », âge d’or pourri par allusion au roman de Mark Twain The Gilded Age : A Tale of Today (1873) sur la manière dont se sont échafaudées de grandes fortunes douteuses.

Le Français se fait désormais houspiller dans un pays où, il est vrai, d’un côté il figure dans la liste 2015 des personnalités mondiales les plus influentes établie chaque année par le magazine Time de l’autre le New Yorker se permet d’épingler Cédric Villani, notre médaille Fields, comme la « Lady Gaga des mathématiques françaises ». Passons et examinons.

Qui le critique désormais ? Aux Etats-Unis des économistes républicains ou proches de leurs cercles et des think tanks libéraux. Et même un certain Matthew Rognlie, aspirant doctorant de 26 ans au MIT, qui a prétendu, sur son blog pulvériser par un simple billet (développé par la suite) mais à grands renforts d’équations la summa pikettya !christoph niemann

Quelle est la thèse ambitieuse défendue par Thomas Piketty ? Sur un ton volontiers prophétique (ne se livre-t-il pas à une prédiction globale ?) mais s’appuyant sur une conviction particulièrement documentée,  il s’emploie à (dé)montrer que les inégalités de richesse et de revenus dans un système capitaliste obéissent à des logiques économiques liées implacablement à l’accumulation du capital privé, tendance qui ne peut être brisée que par des chocs exogènes comme le XXème siècle en a connus (deux guerres mondiales, une crise économique majeure) Or les mécanismes de régulation interne ne sont pas forts pour enrayer cette dynamique.

Piketty tient que, par nature, le capitalisme produit des inégalités. Il ne propose pas une nouvelle théorie économique mais, tout en se projetant mondialement dans la longue durée (la distribution des revenus est encore plus inégale mécaniquement avec l’ouverture des échanges internationaux), il décrit l’évolution des inégalités habituellement étudiées à partir de la formule r > g  (le taux de rendement du capital supérieur au taux de croissance du PIB) aboutissant au principe : le rapport capital/revenu de long terme est égal aux taux d’épargne que divise le taux de croissance de l’économie. Si l’ensemble de ses critiques, de tous bords, qu’ils soient positifs ou négatifs, s’accordent à louer l’impressionnant rassemblement de données statistiques (issues du World Top Incomes Database) sur l’évolution des patrimoines et des revenus dans plus de vingt pays depuis le XVIIIème siècle que contient Le capital au XXIème siècle,  les détracteurs concentrent leurs tirs croisés sur plusieurs points :

– Non, les inégalités ne vont pas continuer à augmenter  car la consommation, la démographie et l’impôt suffiront à l’avenir à diluer les richesses héritées

– Non, il est pas pertinent de formuler une théorie générale sur l’inexorable accumulation des patrimoines au mépris du rôle des institutions politiques

– Non, toutes les données rapportées dans le livre ne sont pas utilisables car certaines sont fautivement transcrites

– Non, le rendement de l’immobilier n’est pas proportionnel au prix de vente mais aux loyers

– Non, toutes les extrapolations de l’auteur ne sont pas rigoureuses.

– Non, on ne peut juger recevable une thèse s’appliquant à un monde où l’innovation est absente alors que, selon certains économistes, c’est la croissance par l’innovation qui est source d’inégalités.

shutterstockComment s’y retrouver, qui croire, à supposer que, outre, ces critiques en ligne, on ait lu le livre en question ? La dernière livraison de la revue des Annales (No 1, janvier-mars 2015, 280 pages, éditions de l’EHESS) vient à point. Son dossier principal est consacré à « Lire Le capital de Thomas Piketty » (sans majuscule à « capital », tout de même). Des économistes et des historiens de l’économie, français et américains, y présentent chacun leur lecture critique du livre, au mépris des doublons, mais qu’importe. C’est riche, dense, informé et l’ensemble permet à ceux qui n’ont pas lu le livre d’en saisir les enjeux sur l’histoire des transformations du capital et la répartition des richesses – d’autant que l’auteur répond in fine aux contributeurs du dossier.

Ce qu’on en retire ? D’abord le sentiment rassurant pour notre intelligence du sujet que ces spécialistes-là se sont bien gardés de toute polémique stérile avec des formules à l’emporte-pièce du type de celle utilisées par l’essayiste libéral Nicolas Baverez (« du marxisme de sous-préfecture »). Ensuite la clé d’une partie de l’hostilité de certains économistes à son endroit (nonobstant la jalousie de quelques uns face à l’hapax éditorial que représente le succès mondial de son livre dans cette discipline austère). A savoir la défiance de Piketty à l’endroit de la seule modélisation mathématique et sa préférence pour les sciences sociales, régulièrement convoquées tout au long de son livre afin de faire dialoguer entre elles l’économie, l’histoire économique et l’histoire de la pensée économique.

C’est bien d’économie politique qu’il s’agit. Plus précisément d’un ouvrage de sciences sociales qui invite à se méfier de tout déterminisme économique qui négligerait le politique. Même s’il le présente comme une introduction à l’étude du capital au XXIème siècle, on en regrette d’autant plus que Thomas Piketty n’en dise pas davantage sur ce que recouvre la notion de « société démocratique » dans la mesure où il compte sur les valeurs dites méritocratiques pour combler les lacunes de la régulation. Transparence comptable et financière ? Information partagée ? droits de vote pour les salariés dans les conseils d’administration ? Soit mais encore ?

Quant à ceux qui ne manqueront pas de dénoncer que ce genre de livre soit traité dans ces colonnes aux dépens d’un recueil de poésie, oubliant que la RDL s’entend comme la république de tous les livres, on fera observer qu’en cherchant bien, on trouve même assez souvent dans ce brouhaha de chiffres, de statistiques et d’équations, des références à des oeuvres littéraires classiques. Notamment lorsque l’auteur, s’interrogeant sur la question fondamentale de la rente à travers la rentabilité du capital (sans faire dans le détail, hélas), observe l’évolution de l’image du rentier dans notre société, socialement accepté dans le reflet qu’en donne Balzac mais aujourd’hui traité par l’insulte. A ce sujet, Giacomo Todeschini de l’université de Trieste fait une mise au point salutaire sur l’interdiction de l’usure :

« Ni au Moyen-Âge ni à l’époque moderne, elle n’a mis en cause le droit des plus riches à s’enrichir en faisant fructifier leur capital (…) Les savoirs institutionnels européens ont donc commencé très tôt à affirmer l’existence d’une différence nette entre l’illégalité de la rente parasitaire de l’usurier et la légalité, voire le prestige et la moralité, de la rente en tant que profit du capitaliste marchand et banquier »

Comme Thomas Piketty en prend lui-même le risque, osons proposer que l’économie soit désormais rangée parmi les sciences sociales, entre l’histoire et la sociologie, à l’égal d’une sous-discipline. Qui sait… Alexis Spire cite dans la chute de sa critique une réflexion d’Antonio Gramsci (1929) qui lui va très bien :

« On peut être pessimiste par l’intelligence et optimiste par la volonté ».

(Photos D.R. et Shutterstock ; illustration Christoph Niemann)

 

 

 

 

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commentaires

503 Réponses pour Le livre de Thomas Piketty est-il vraiment capital ?

Sirius dit: 27 avril 2015 à 8h37

« Ce n’est pas parce qu’une inégalité est « naturelle » qu’elle est bonne !  »
WG

Ce n’est pas parcequ’il existe une inégalité qu’elle est mauvaise!

Un monde sans inégalités serait à mourir d’ennui. L’alternative à l’inégalité n’est pas la justice, ni même l' »égalité », mais l’uniformité absolue. Toute différence est une inégalité.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 8h37

Après la première guerre nucléaire mondiale. Avec ce qui restera.

CHAOS dit: 27 avril 2015 à 8h37

Parler de « mondial » n’a aucun sens, si ce n’est pour moi qui règne en maître absolu.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 8h39

Eh, oui, c’est précisément parce que l’art imite la nature qu’il demande à la corriger ! T’as pas bien connecté ce matin, mon chéri.

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 8h42

L’alternative à l’inégalité n’est pas la justice (Sirius)

Ben voyons. Elle est bien bonne, celle-là. Dans le genre, c’est même la meilleure.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 8h42

Les courants inégalitaires sont anti-républicains.

Liberté, égalité, fraternité. Tel est l’idéal de la République. Dans ce cadre il est inacceptable de dire qu’une inégalité pourrait être bonne. Toute inégalité est mauvaise dès lors qu’elle détruit la liberté et la fraternité.

la vie dans les bois dit: 27 avril 2015 à 8h45

JB à 10h08, ce ne sont pas vos dérives langagières, au stade anal avancé, qui feront d’un pseudo-sociologue, qui a du mal à harmoniser ses théories et comment il les met en pratique à titre personnel,, une réference ou qui me feront lire ce petit manuel à l’usage des universitaires. On a la bravitude qu’on peut. Vous avez lu l’élégance du hérisson ?

Sirius dit: 27 avril 2015 à 8h45

Un gouvernement mondial ne pourrait être qu’un empire dominé par les plus forts. Vous voyez les Américains ou les Russes ou les Chinois, etc, donner un droit de regard, si petit soit-il, aux Zimbabwéens, aux Somaliens ou aux Indiens d’Amazonie sur leurs installations nucléaires? Absurde! Complètement absurde…Ni en 2050, ni en 2150! D’ici là la planète aura eu le temps d’imploser et de se transformer en un paysage proche de celui de « La Route »…

La proposition de Piketty est juste un artifice destiné à nous dire qu’il n’y a pas de solution. Et d’ailleurs celle qu’il propose est absurde et sans intérêt. L’imposition sur le capital n’a jamais marché nulle part: ou elle est très faible et ne sert à rien, ou elle est forte et le capital disparaît…On ne peut payer un impôt récurrent que sur des revenus récurrents.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 8h46

Sirius devrait retourner à l’école en classe de philo, ça lui permettrait de ne pas tout confondre.

L’égalité en droit n’est pas l’égalité en nature. L’égalité en droit n’est nullement contradictoire avec la diversité. La République, c’est précisément l’alliance de l’égalité en droit et de la diversité en nature.

martin dit: 27 avril 2015 à 8h52

« Et toc, dans le baba le JC !
La nature demande à être éduquée. Et il n’y a pas d’éducation sans correction.
JC demandait une petite correction. Il l’a eue. » (WG)

ce pauvre porquerollais est triste à en pleurer, c’est un grand dépressif qui joue aux matamores

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 8h52

Le gouvernement mondial est une perspective tout à fait plausible et dans le courant de l’histoire. Jusqu’à présent les USA jouaient le rôle de gendarme de la planète. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans un monde multipolaires et qui le deviendra de plus en plus. La seule solution pour créer la paix est un gouvernement mondiale, nécessité aussi par les problèmes comme la pollution, les guerres qui ne peuvent trouver de solution qu’au plan mondial.

Sirius dit: 27 avril 2015 à 8h53

« Les courants inégalitaires sont anti-républicains. »

D’accord WG, si l’on s’en tient à une égalité des droits. Malheureusement, l’expérience montre que c’est impossible. Vous ne convaincrez personne en bas de l’échelle sociale qu’il se trouve là faute de capacités suffisantes. Ce sera toujours de la faute des autres…

Egalité des droits, d’accord…aides aux élèves doués mais pauvres pour faire des études (c’est un exemple), d’accord…mais vous savez bien que cela ne satisfera jamais la soif inextinguible d’égalité de fait suscitée par l’envie et la haine jalouse.

Sirius dit: 27 avril 2015 à 8h56

WG, votre 10h46 a croisé mon 10h53. Evidemment que je connais la différence entre égalité de fait et égalité de droits! Mais la gauche ne se contente plus de l’égalité des droits, c’est un fait, si j’ose dire…

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 9h00

Un monde sans inégalités serait à mourir d’ennui. L’alternative à l’inégalité n’est pas la justice, ni même l’ »égalité », mais l’uniformité absolue. Toute différence est une inégalité. (Sirius)

On rappellera qu’un trait caractéristique de toute pensée réactionnaire, c’est qu’elle confond le fait et le droit.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h00

Mais les inégalités sociales sont-elles le fruit de l’égalité des droits ? Non, bien évidemment !

Nous vivons dans une République où les citoyens ont en principe des droits et des devoirs égaux.

Les inégalités ne sont pas de nature, mais politiques. Les inégalités n’ont rien à voir avec la nature. C’est pourquoi il faut lutter pour réduire les inégalités entre les pauvres et les riches. C’est ça la République de droits égaux.

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 9h04

il n’y a pas d’éducation sans correction. (Widergänger)

J’adore le style Comtesse de Ségur de cette assertion.

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 9h05

Tout ce que vous dites, Sirius, est très confus. (Widergänger)

C’est pas confus du tout; c’est très clairement réac.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h07

La devise de la République est un idéal vers lequel elle doit toujours tendre. Tous les pays n’ont pas la chance de l’avoir. C’est un concentré de réflexion philosophique de tout un siècle. Le monde entier nous l’envie, à juste titre. La réalité est encore loin de l’idéal, personne ne le conteste. La réalité n’est pas naturelle, elle est politique. Aujourd’hui, les inégalités sont disproportionnées et scandaleuses au regard de la devise de la République, c’est incontestable.

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 9h09

Les inégalités ne sont pas de nature, mais politiques. Les inégalités n’ont rien à voir avec la nature. (Widergänger)

Euh… là j’aurais tendance à donner raison à Sirius. Comment nier que les inégalités soient de nature ? Là où ça cra

ZEUS..... dit: 27 avril 2015 à 9h10

« Toute inégalité est mauvaise dès lors qu’elle détruit la liberté et la fraternité. »

L’inégalité ne détruit pas ce qui n’existe pas ! Liberté ? Egalité ? Fraternité ?

Où ? Quand ? Comment ?

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h12

Et l’ennui n’a strictement rien à voir avec les égalités. L’ennui est un problème métaphysique qui appartient à la condition humaine. Dans le monde inégalitaire qui est le nôtre, l’ennui est omniprésent. Lire Flaubert, Baudelaire, etc.

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 9h12

Les inégalités ne sont pas de nature, mais politiques. Les inégalités n’ont rien à voir avec la nature. (Widergänger)

Euh… là j’aurais tendance à donner raison à Sirius. Comment nier que les inégalités soient de nature ? Là où ça craint, c’est quand les inégalités politiques sanctionnent et renforcent les inégalités de nature. Sur la question, le point de départ du débat, c’est certainement « la République » de Platon. Voir le commentaire qu’en fait Jacques Rancière dans « Le philosophe et ses pauvres ».

ZEUS..... dit: 27 avril 2015 à 9h14

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 11 h 00 min
« Nous vivons dans une République où les citoyens ont en principe des droits et des devoirs égaux. »

Cet « en principe » nous éclaire sur le principe de réalité. Rien de tout cela n’est vrai…

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h14

C’est un idéal. Il faut sans doute avoir un QI supérieur à 100 pour comprendre ce que ça implique. En France le QI moyen est de 100. On vit au-dessus de nos moyens avec une telle devise…

ZEUS..... dit: 27 avril 2015 à 9h15

« Dans le monde inégalitaire qui est le nôtre, l’ennui est omniprésent. »

Faux ! les amateurs de foot sont aussi contents, enthousiastes, jouisseurs, que les golfeurs ….

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h19

Les inégalités de nature, on ne peut pas vraiment les corriger. Pas encore. La médecine progresse pourtant.

Il ne s’agit pas d’inégalités de nature, mais socio-politiques. Faire en sorte que les classes défavorisées aient accès au savoir notamment.

Pour que les riches puissent s’enrichir, de toute façon, il faut les pauvres le soient toujours moins. Sinon, les riches s’appauvrissent aussi. Si je fabrique un smartphone que très peu de gens sur la planète peuvent se procurer, je n’ai aucune chance de devenir riche avec mon smartphone. C’est une évidence.

l'erreur de casting dit: 27 avril 2015 à 9h24

ne confondons pas « égalité » et « équité »

La nature !!! aime à se cacher dit-on

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h24

Tous les problèmes d’inégalité sont forcément politique. On ne parle de rien d’autre. La nature distribue ses dons au hasard. Mais la civilisation, elle, se doit d’être rationnelle et juste. Sinon, ce sont les fondements de la civilisation qui sont en péril. Quand elle renforce par des lois les inégalités au lieu de les réduire, elle se met en péril.

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 9h26

La question des inégalités « de nature » est une question hautement sensible dans le champ politique. Ce que Platon propose, dans « la République », c’est une organisation de la cité profondément conservatrice, fondée sur la conversion en essences de prétendues inégalités de nature. Dans la cité platonicienne, chacun occupe la place à laquelle sa « nature » le prédispose. On n’en a pas fini de repérer le platonisme dans nombre de propositions contemporaines d’organisation de la cité.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h27

La nature ne se cache nullement. La nature n’existe pas. Mais c’est un trop vaste problème métaphysique pour l’aborder ici. La nature peut se réduire à l’habitude. Relire les Pensées de Pascal, notamment.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h28

Non, les inégalités de nature n’appartiennent pas par définition au champ politique.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h30

Il est bien évident que le projet politique de Platon dans sa République est de nature fasciste. Cette République-là n’a rien à voir avec la nôtre.

Darwin, Père et fils..... dit: 27 avril 2015 à 9h30

« La nature peut se réduire à l’habitude. »

Rien n’est plus changeant que les habitudes, la nature, le monde … Une révision s’impose, W.!

Kar-Maria Von dit: 27 avril 2015 à 9h31

ML,le hiatus est effectivement de plus en plus vaste entre l’idéal de la devise nationale (où la fraternité a toujours fait figure de parent pauvre) et la froide réalité quotidienne et politique.
Idem pour le Brésil où « Ordem & Progresso » fait figure de vœu pieux, encore pour la Belgique que la désunion ne cesse d’affaiblir.
Les devises assez modestes & vagues du type « Dieu & mon Droit » semble mieux résister à l’épreuve des faits.
La devise d’une société créole toujours en activité dans une ancienne colonie m’a toujours laissé songeur: « Aidons-nous, Aimons-nous ». It’s a long way to Tipperary…

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h33

Le fascisme c’est précisément cette confusion des domaines : la nature et la politique.

On peut néanmoins dire, sans être fasciste, qu’il est possible, dans une certaine mesure et selon les lois de la bioéthique justement, de maîtriser la nature et même de la corriger dans certains cas. Mais tout cela se fait avec mille précautions.

Ô mensonges ..... dit: 27 avril 2015 à 9h33

Notre « République » est mensongère : elle dit rêvez, …. puis, en douce, elle agit fasciste

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h35

Mais oui, en effet, rien n’est plus changeant qu’une habitude. C’est bien pourquoi, la nature, qui est une forme d’habitude, n’existe pas. CQFD.

Kar-Maria Von dit: 27 avril 2015 à 9h36

OU encore pour la Belgique que la désunion ne cesse d’affaiblir.

Darwin, Père et fils ..... dit: 27 avril 2015 à 9h40

La nature existe, change en permanence au hasard de l’évolution, est profondément inégalitaire, et comme nous en faisons partie, autant en tenir compte dans nos objectifs politiques raisonnables …

Par exemple, le vivre-ensemble est, et sera, forcément celui du loup et de l’agneau, de la poule et du renard, du politicien et de l’électeur !

giulietta massina dit: 27 avril 2015 à 9h41

Zeus Benito JC le Fourbe n’est qu’un orchidoclaste autrement dit poliment un casse-couilles

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h43

Non, la nature n’est qu’une forme de l’habitude. Mais c’est d’un niveau trop élevé pour que vous compreniez son sens.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 9h46

Une nature qui change, mon petit chéri, ce n’est plus une nature… Faut retourner en classe de philo ! Mais vous deviez être au fond de la classe à lancer des boulettes de papier en ce temps-là, comme tous les mauvais élèves qui ne veulent pas apprendre à penser. Trop borné, trop buté, trop animal.

Sirius dit: 27 avril 2015 à 10h06

Vous m’accusez de confusion WG mais votre avalanche de commentaires n’apporte aucune clarté, c’est le moins que l’on puisse dire.

Les inégalités de nature n’existent pas? absurdité, un type d’un mètre 90 aura un tout petit plus de chance d’être champion de basket qu’un type d’un mètre 50. Je prends un exemple de café du commerce, soit, mais il a l’avantage d’être parlant. L’idée de l’égalité des droits c’est d’aider le type défavorisé à surmonter son handicap si c’est possible. L’idée des crétins de gauche qui nous gouvernent c’est que tout le monde a droit au même résultat quelles que soient ses capacités (je caricature à peine).

Je suis d’accord avec vous que beaucoup d’inégalités ressortent de l’organisation sociale. Mais les inégalités de nature existent évidemment, y compris intellectuelles; il suffit d’avoir vu grandir des enfants différents dans le même environnement familial et social pour s’en apercevoir.

Ceci dit, évidemment que je suis pour essayer de compenser les handicaps de départ dans la vie, qu’ils soient naturels ou sociaux. Ne serait-ce que dans une vision utilitariste des choses: il n’est dans l’intérêt de personne que des talents potentiels n’aient pas la possibilité de s’exprimer.

Je vous signale deux articles excellents sur la réforme de la belle Kassem comme vous dites si bien, l’un de Bruno Le Maire, l’un des rares politiques réellement cultivés et compétents dont nous disposons, l’autre de Patrice Guennifey, les deux dans le Figaro de ce jour.

JC..... dit: 27 avril 2015 à 10h14

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 11 h 43 min
« Non, la nature n’est qu’une forme de l’habitude. Mais c’est d’un niveau trop élevé pour que vous compreniez son sens. »

Enfin, Michel … ! Tu n’as jamais entendu parler de modestie, d’humilité, de respect des opinions d’autrui ?….

La nature change ! Sans cesse !

renato dit: 27 avril 2015 à 10h19

Voyons donc, si une masse (marteau) de 10Kg me tombe sur un pied c’est par habitude que je perçois la douleur et qu’un hématome apparait?

super bernie dit: 27 avril 2015 à 10h19

sirius (se voulant intelligent et cultivé) porte-parole du figaro, de la droite en général

JC..... dit: 27 avril 2015 à 10h21

Pascal Bruckner: « On supprime le latin, le grec et l’allemand pour leur donner du Jamel Debbouze » (Marianne)

« Une « reddition », c’est ainsi que Pascal Bruckner qualifie la réforme du collège proposée par Najat Vallaud Belkacem. Le philosophe moque notamment cette école qui institue le cancre comme référence. »

Ce Pascal, y serait-y pas islamophobe, une fois ?

Kar-Maria Von dit: 27 avril 2015 à 10h22

il n’est dans l’intérêt de personne que des talents potentiels n’aient pas la possibilité de s’exprimer.

Archi-faux: il fut dans l’intérêt bien senti de Mitterrand de ne pas laisser s’exprimer Rocard.
On peine à trouver un exemple à droite, où les talents sont aussi rares que neige en juillet à Marrakech.

JC..... dit: 27 avril 2015 à 10h30

Hourrah ! On a trouvé notre Mussolini : Benito ESTROSI le niçois.

Sa sortie sur la cinquième colonne islamique française, sa IIIème guerre mondiale en route sur notre sol, est parfaitement juste. D’ailleurs, si Le Foll( il porte bien son nom celui-là) est énervé, c’est qu’ESTROSI a raison.

On devrait faire comme les Américains après Pearl Harbor, tous nos nationaux d’ascendance japonaise entreposés dans des camps, avec confort, jusqu’à la fin de la guerre !

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 10h37

Toute différence est une inégalité. (Sirius)

Cette équivalence est fausse et dangereuse. Une différence n’est pas une inégalité. D’autre part, l’idée qu’il existe des différences « de nature » est aventurée au possible. Encore faudrait-il définir avec rigueur ce qu’est une différence de nature. On est loin du compte. En tout cas Il suffit d’un coup d’oeil, même rapide, au monde comme il va pour prendre conscience des monstrueuses impostures, sources elles-mêmes d’innombrables violences, qu’engendre l’idée que de prétendues différences de nature peuvent être confondues avec les inégalités et les justifient.

Sant'Angelo Giovanni dit: 27 avril 2015 à 10h40


…très, très drôles, tout ces commentaires,!…

…un blog, pour se faire ses ongles,!…et manger à tout les râteliers ,!…
…se mettre en couveuses,!…
…enfoncer les portes ouvertes,!…
…déployez ses plans, préétablis,!…
…sang d’encre de pieuvres, convient mieux,!…
…j’interviendrais, de moins en moins, dans ce circuit fermé,!…etc,!…

JC..... dit: 27 avril 2015 à 10h41

« Une différence n’est pas une inégalité. »

MOUMME, tu est certainement un excellent danseur mais sur parquet : pas dans la semoule à couscous !

Toute différence est une inégalité.

JC..... dit: 27 avril 2015 à 10h42

Sant’Angelo Giovanni dit: 27 avril 2015 à 12 h 40 min
« …j’interviendrai, de moins en moins, dans ce circuit fermé,! »

P’tain, Gianni, fais pas le congre !

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 10h54

Sont « marrants » ces gens de droite. Quand ça tient à se la jouer encore plus tortillard que la gauche on se retrouve dans la situation où Bombardier a une tellement honte qu’il se fait passer pour Volkswagen, et ou inversément. Faudrait encore vaporiser une couche de nuage puant sur la propriété intellectuelle, ça finira le tout.

JC..... dit: 27 avril 2015 à 10h57

Comme n’importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 12 h 54 min
Sont « marrants » ces gens de droite.

Rien à voir avec les « sinistres » faces de gauche à la Taubira-Sapin-Dray-Hamon, je l’admets bien volontiers !

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h01

Vous êtes marrants oui, avec vos tuyaux de luxe pour conduites forcées…

Sirius dit: 27 avril 2015 à 11h02

J’ai bien fait de citer le Figaro. Je savais qu’il y aurait un crétin qui aurait un réflexe pavlovien.

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h05

Sirius, je ne vous avais point lu au cas où vous feriez une petite crise d’érotomanie.

bérénice dit: 27 avril 2015 à 11h13

12h54 En clair (excusez-moi, je ne comprends pas…) que tenez-vous à dire, transmettre, laisser entendre et comprendre au beau milieu du théâtre?

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h16

bérénice je ne suis en rien responsable de l’agencement de vos neurones, tenez-vous le pour dit. Punkt Schluss.

bérénice dit: 27 avril 2015 à 11h18

bon on ne pourra pas dire que vous cherchez audience chez les sous-informés, ce nuage puant sur la propriété intellectuelle?

JC..... dit: 27 avril 2015 à 11h22

Bérénice …. euh… « comme n’importe qui » …. c’est …. n’importe quoi !

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h30

Je ne sais pas. Possible qu’il y ait des pétards plus dangereux que d’autres. Faudrait les mouiller me direz vous mais comme ça fait déjà des bulles ne vous étonnez pas si l’on trouve les gens s’imaginant très bien informés encore plus abrutis que ceux qu’ils aiment regarder de haut.

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h33

Voteriez-vous pour quelqu’un tenant mordicus à ce que votre pays, celui de vos parents, etc, vous fasse honte ? Bon, répondre franchement sera au-dessus de vos forces, évidemment…

JC..... dit: 27 avril 2015 à 11h42

Aucune personne censée ne revotera plus pour le Petit Bedonnant Casqué …. qui fit honte au pays de 2012 à 2017, funestes années !

la vie dans les bois dit: 27 avril 2015 à 11h42

Pour ceux des grandes Idées:
Critique de la théorie platonicienne de l’Idée du Bien ( 1096b_ 1097a)

http://www.echosdumaquis.com/Accueil/Textes_%28A-Z%29_files/E%CC%81thique%20a%CC%80%20Nicomaque.pdf

Je viens également de relire un truc à propos d’une conférence à laquelle j’avais assisté. Très intéressant. L’orateur s’appelait, – c’est toujours le cas, il me semble- A. Comte-Sponville. Je me souviens du démontage de la dualité capitalisme/morale. Par le fait que cette dualité ne peut exister.

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h45

Comme je ne suis pas un français expatrié autant vous dire que je m’en tamponne le coquillard doublement…

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h47

pas français et encore moins expatrié aurais-je du écrire

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h48

la vie, lisez au moins les passages au sujet du bonheur dans votre pré…

JC..... dit: 27 avril 2015 à 11h50

Vous arrive t il de penser par vous même, je veux dire sans l’assistance de la domesticité, Sponville, Aristote, Platon … ?

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h51

(bon, vous laisse continuer à exposer des intentions en lieu et place des faits, c’est plus que tendance c’est devenu un extrémisme en marche)

Comme n'importe qui (enfin presque) dit: 27 avril 2015 à 11h52

Vous arrive t il de penser par vous même

On se passerait surtout de la sensation d’être le seul, contrairement à vous…

la vie dans les bois dit: 27 avril 2015 à 11h54

Mon bonheur, le dernier en date ?
Eh bien le facteur m’a apporté trois bouquins de Kafa, dont les lettres à Milena éditions 1988, Le procès, avec dessins de Götting, édition 1992. Si c’est pas le pied, ça; et puis une lettre en allemand.

Je voulais vous mettre un lien sur la valeur travail, et j’ai plus de temps à vous consacrer.

JC..... dit: 27 avril 2015 à 11h57

Iriez-vous contre l’évidence ? Nous sommes « seul » d’abord, toujours, mais par la force des choses groupés en troupe erratique, en général bonne à rien !

giulietta massina dit: 27 avril 2015 à 12h00

Benito JC le Fourbe n’est qu’un alburostre autrement dit poliment un blanc-bec

M OU MME dit: 27 avril 2015 à 12h11

L’orateur s’appelait, – c’est toujours le cas, il me semble- A. Comte-Sponville. Je me souviens du démontage de la dualité capitalisme/morale. Par le fait que cette dualité ne peut exister. (le vit dans l’boa)

La manière dont le vit dans l’boa rend compte des propos de Comte-Sponville suggère qu’il les a probablement compris de travers. Ce que c’est que le grand âge. On ne sait plus très bien; on confond tout… Enfin , l’essentiel est de faire sa crotte, pas vrai.

petit proseur dit: 27 avril 2015 à 12h30

Rien d’étonnant: faire ses commissions est le capitalisme top moderne.

la vie dans les bois dit: 27 avril 2015 à 12h53

JB, vous devenez vieux et pénible. Excitez-vous sur votre infirmière et lâchez-moi les baskets. Si encore vos messages étaient d’une pertinence didactique. Mais même pas. So, basta.

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 13h02

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 11 h 28 min
Non, les inégalités de nature n’appartiennent pas par définition au champ politique.
________
Et voilà ce que comprend ce malheureux Sirius, si mal nommé :
« Les inégalités de nature n’existent pas? absurdité »
_______
Une question se pose : avez-vous seulement fait la communale, Sirius, pour si mal savoir lire ?

jacques c dit: 27 avril 2015 à 13h11

Sirius dit: 27 avril 2015 à 13 h 02 min
« J’ai bien fait de citer le Figaro. Je savais qu’il y aurait un crétin qui aurait un réflexe pavlovien. »

Bernie, un des piliers du figaro, une crétine?

Widergänger dit: 27 avril 2015 à 13h22

Avec l’École debbouze de vache, on n’aura plus que des penseurs comme Sirius. La France au moins sera sûre de finir dans le top ten des plus nuls…

serge dit: 1 mai 2015 à 13h12

Un économiste écrit un livre qui dit que le capitalisme produit des inégalités. Ce livre est adulé par beaucoup puis critiqué par certains.
Il en appelle aux sciences sociales.
Je n’ai pas compris ce que voulait nous dire ce long article.
Je n’ai toujours pas de réponse à la question du titre de l’article avant de me taper ce pavé.

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