de Pierre Assouline

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La République des livres

Essais

Comment Jean-Paul Kauffmann a tué l’obscur ennemi

877

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Que peut-on encore écrire une fois qu’on a « mangé le morceau » ? Entendez par là : une fois que l’on s’est délivré par la plume du secret qui nous empresse. Roger Stéphane avait l’habitude de poser cette question rhétorique dont il savait la réponse (« Plus rien ou presque dès lors que l’essentiel a été enfin dit ») en s’appuyant sur l’exemple de Julien Green dont il jugeait l’œuvre asséchée après qu’il eut révélé dans son journal son homosexualité née d’un grand amour de jeunesse rencontré à l’université de Virginie. Jean-Paul Kaufmann a mis trente-huit ans et une dizaine de livres avant d’oser débuter […]

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Les vérités de Salman Rushdie

Les vérités de Salman Rushdie

872

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On sait que Salman Rushdie a le goût du risque mais l’on ignore toutes les formes que celui-ci peut prendre. Il en est une, insoupçonnable de l’extérieur, dont certains écrivains ont déjà fait les frais. Il les connait mais cela ne l’a pas découragé pour autant. Il s’agit de la publication d’un recueil de textes divers et variés comme tout auteur de renom en a dans le tiroir. L’exercice tourne souvent à l’impitoyable épreuve en ce qu’il renvoie à l’auteur une image pas toujours flatteuse de lui-même. Des années après, certains textes défient la relecture, qu’ils lui et nous paraissent […]

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Nager et nager encore, de l’ivresse électrique au nirvana

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Ne demandez jamais à un nageur compulsif pourquoi il nage. C’est encore plus vain que de demander à un écrivain pourquoi il écrit. Le nageur ne peut même pas se rabattre sur la réponse définitive de George Mallory lorsqu’on lui demandait pourquoi il voulait gravir l’Everest (« Parce qu’il est là »). Le nageur va d’un bord à l’autre de la piscine toucher des carreaux de faïence, retourner au point de départ, recommencer encore, compter les carreaux au fond du bassin avant de compter les virages, enfiler les séries, et ainsi de suite jusqu’à épuisement durant son entrainement plusieurs heures par jour. […]

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La grâce qui coûte

La grâce qui coûte

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Il suffit parfois d’un signe de ponctuation dans un titre pour en modifier le sens et, partant, l’esprit du livre. Selon qu’Adieu curé (200 pages, 18 euros, empreinte/ temps présent) serait suivi d’un point d’interrogation, d’un point d’exclamation ou de trois points de suspension, cela annoncerait trois projets différents. L’absence de tout signe de ponctuation en annonce un quatrième écrit sous l’égide de l’apaisement et de la sagesse. Christian Delahaye, journaliste formé au Quotidien de Paris avant de se lancer dans une longue et brillante carrière au Quotidien du médecin, y tient son journal d’un curé de campagne à ceci […]

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Commune présente

Commune présente

Jean Rouaud

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 « Un Français doit vivre pour elle / Pour elle un Français doit mourir. » Elle ? La belle Otéro ? déjà, ça demanderait réflexion, mais non, elle, la Nation, cette conception révolutionnaire d’une enclosure des esprits. Être d’une région, d’une commune, s’affichant comme un déni à l’universalité des Lumières, on inventa de coller sur le dos des habitants devenus entretemps des citoyens lambda une généalogie fantasmatique dont le lignage relève de la parthénogénèse : tous descendants de la mère-patrie, (un concept transgenre). Un acte de naissance liant le citoyen enrôlé sous la bannière de la Nation à un territoire aux frontières flottantes et aux […]

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Débattre de la fin du « Débat »

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Au fond, si l’histoire des idées devait retenir la revue Le Débat pour l’inscrire à une date sur la frise de notre histoire culturelle, ce n’est pas tant celle de sa naissance que celle de sa mort qui devrait être retenue. Après tout, quand une nouvelle revue apparaît, elle n’est riche que d’annonces, de projets, de promesses, et on ignore ce qu’on y gagnera ; mais lorsqu’elle met la clef sous la porte quarante ans après l’avoir ouverte, on sait ce qu’on perd. En fait, les deux phénomènes qui signent la mort du Débat, avec la parution de son dernier numéro […]

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François Sureau entre en Seine

François Sureau entre en Seine

968

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Il y a des livres qui en font trop- et on peut passer la semaine à chercher l’adjectif qui qualifierait au plus juste leur auteur. On se retient de lui dire, sur le ton de Joseph II s’adressant à Mozart à l’issue de la création de L’Enlèvement au sérail : « Trop de mots, mon cher Sureau, et trop de noms ! ». Mais je ne suis pas plus empereur que commanditaire. Juste un lecteur admiratif de la manière de cet écrivain singulier, au talent protéiforme, capable de nous donner à lire de magnifiques romans tels que L’Obéissance (2007), Inigo (2010), Le Chemin des […]

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Une vie de chien

Une vie de chien

Mahmoud Miliani

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Dans une chronique, Umberto Eco évoque avec ironie et justesse deux modes de lecture qui permettent au professionnel averti ou à l’amateur informé de décider si un livre vaut la peine d’être lu ou d’en parler sans l’avoir lu. Le premier se contente de jeter un coup d’œil sur la bibliographie, le sommaire et deux pages ouvertes au hasard ; le second réduit le livre à ce que l’on sait à priori sur le sujet ou à la sphère d’idées à laquelle il appartient. A mon avis, on peut parier sans risque sur le livre de Jean-Marie Brohm Anthropologie du chien. L’homme […]

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Enchanter le réel, louer les brumes

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Oui, bien sûr, la rentrée littéraire avec son cortège de premiers romans, de deuxièmes romans en espérant que ce ne seront pas des seconds romans, de valeurs sûres mais pas certaines, de meilleures ventes imprudemment annoncées (« Rien n’est triste comme un best-seller qui ne se vend pas », soupirait ironiquement le regretté Robert Laffont), ses prix littéraires et ses livres qui n’ont pas de prix, si peu d’élus et tant de déçus inconsolables (mais nul n’est obligé de paraître en septembre), ses intoxications savamment orchestrées mais si facilement repérées, oui, on y reviendra bien vite à la rentrée littéraire. En attendant, […]

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Quel effet ça fait d’être (encore) un problème ?

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Voilà une expérience que l’on devrait proposer à tout auteur d’un essai qui a fait date dans son domaine : lui proposer d’y revenir dix ans après et de dresser un bilan de l’évolution de la question qu’il avait traitée. Ce qui ne va pas sans risque. Cette expérience, Pap Ndiaye historien spécialiste des Etats-Unis et professeur à SciencesPo, s’y est prêté tout récemment à la demande du Monde qui y a consacré une double page. L’objet : La Condition noire, un livre de 435 pages publié en 2008 chez Calmann-Lévy et réédité depuis en poche chez Folio, le premier à proposer […]

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