de Pierre Assouline

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La République des livres
Michel Jullien rend sa copie

Michel Jullien rend sa copie

C’est terrible, un incipit. Terriblement injuste car cela peut faire fuir ou captiver. Très précisément : rendre le lecteur captif du texte. Dès l’incipit, on sait si un écrivain se tient derrière la plume. Ainsi débute Esquisse d’un pendu (184 pages, 16 euros, Verdier), roman de Michel Jullien :

« La Machine n’est qu’ossature, rien mieux qu’un emboîtage architectural éviscéré, cubique, sans complexité de construction. C’est une pile creuse faite de niveaux amoncelés sur un empierrement mastoc, à répétition d’étages, une cage vide, libre au vent, des parois criblées de fenêtres sans vitres et protection.. Sa fonction fut d’exposer, de magasiner, de remiser à la vue dans une série de casiers verticaux des rufians, des ribauds, des malandrins et malfrats trépassés, de les montrer pendus, à tous, au plus grand nombre- dans l’avant-goût des grands cinémas-, non pas d’exécuter »

Nous sommes en 1375. Le personnage principal de cette parabole médiévale, Raoulet d’Orléans, est stationnaire, autrement dit l’un des copistes en titre de Charles V. Ils sont onze assermentés à Paris, travaillant avec quelques dizaines de libraires, enlumineurs, parcheminiers et relieurs. Il est en affaire avec tous les oiseleurs de la rive gauche. Il apprécie la bonne chair et ne passe pas pour dévot. Il œuvre dans un atelier familial rue Boutebrie, mais s’éloigne volontiers de la paroisse Saint-Séverin pour assister au spectacle du grand gibet de Paris, à Montfaucon, aux barrières de la ville. Du moins est-il le héros humain de cette histoire, le véritable personnage n’étant autre que la Machine à effroi, celle des grandes démonstrations morbides, métonymie de l’asticot et « fantasmagorie du ver grouillant à ciel ouvert ». Michel Jullien nous invite à la contempler, dans son théâtre de la putréfaction in vivo, comme on pénètrerait dans une bibliothèque publique ou un centre d’archives.

Qu’on le dise écrivain ou copiste, Raoulet moud l’alphabet pour retranscrire à l’identique un manuscrit, boulonné à son lectrin, conçu sur mesure et selon ses volontés par un huchier de la capitale, des jours et des nuits, jusqu’à ce que ses doigts ne soient plus que cals. Ses bévues calligraphiques peuplent ses cauchemars. Il se sait virtuose de la recopie mais aussi raté de la miniature. Il est vrai qu’il s’engage et signe à chaque copie : son nom apparaît en explicit, dans un cul-de-lampe à la dernière feuille, joliment appelé « congé de l’écrivain ». Parmi les œuvres issues de ses mains, pour satisfaire la commande Charles le Sage, on relève deux bibles, un traité d’échecs, un autre sur l’âme, une relation des voyages de Jean de Mandeville ainsi que le Policratique de Jean de Salisbury. On rencontre Raoulet d’Orléans alors qu’il s’apprête à réaliser la suite des Chroniques de France et les Politiques d’Aristote, l’éclat du premier étant désormais protégé par des hygromètres et une climatisation idoine dans un coffre-fort de la BnF. Lequel de ces deux textes, que 1700 ans sépare,  est le plus moderne ? L’auteur observe non sans ironie que le copiste reste sur son cul pendant des siècles avant que, avec l’avènement de l’imprimerie, sa situation d’ouvrier-typographe ne le fasse demeurer debout pendant des siècles, jusqu’à ce que l’ordinateur le fasse récemment rasseoir. C’est peu dire que ces copistes n’ont rien à voir avec les moines du Nom de la rose, soudainement fanés et anecdotisés par la comparaison.

Esquisse d’un pendu, qui se présente comme un livre sur le livre à l’orée des machines, en un XIVème siècle finissant qui verra bientôt l’imprimerie tuer le codex, témoigne d’une richesse lexicale étourdissante, trop parfois, quoique sans ostentation ni goût de l’épate. Si inconnu que nous soit le sens, jusqu’à supposer qu’il se soit perdu dans la nuit des temps comme tant d’autres, on ne cherche pas nécessairement à le retrouver dans un dictionnaire ; il se laisse deviner par le contexte ou l’étymologie quand il n’est pas aussitôt explicité : ainsi de ces cadavres devenus boules de carnes accrochées en bourriches aveugles « pendues à rideaux tirés (du bas, on pariait sur leur identité) ». Et tant pis si je meurs sans savoir à quoi peut bien ressembler une courbette de proboscidien ! Vaste est son registre pour décrire, par exemple, le vélin. L’empan d’un i peut y être discuté à l’égal d’une joute à l’enjeu considérable. Les évocations de pendus de toutes sortes, écartelés, roués, disloqués, décapités, et autres réduits en bouillis sont hallucinantes. Ces passages sont aussi maîtrisés que ceux où il entraîne le lecteur à suivre la lente chute d’une goutte de suance perlant au front d’un copiste sous la verrière écrasée par la chaleur d’août et allant s’écraser juste là où il ne faut pas, « étiolant l’encre, l’irisant en gadoue »

C’est écrit dans le ton, le tempo, la sonorité de ce temps. Non qu’il y ait eu une intention de pastiche ; mais un écrivain est ainsi fait qu’il absorbe et s’imprègne de ce qu’il lit d’une époque jusqu’en s’en pénétrer intimement, assez pour le ressortir avec naturel. Davantage qu’une tournure, un esprit.  Cela suppose un profond et ancien commerce avec cet univers, ses codes et ses us. Difficile de le lire sans se laisser envahir par la musique du Villon de la ballade des pendus : « Frères humains qui après nous vivez/ N’ayez les cœurs contre nous endurciz… ». On se dit que certains mots d’autrefois sont ignorés de nous car ils viennent justement du plus lointain autrefois. Mais les rares incursions dans le contemporain, dictées par le recours à l’analogie, ne sont pas moins déconcertantes. Généralement, un mot que l’on croirait égaré : « sudoku », « fissa », « bleu Klein », « jet-set »… Ainsi lorsque l’auteur nous dit que le langage des garces d’estaminets de la porte Saint-Martin n’aurait pas détonné dans Deux rouquines dans la bagarre d’Allan Dwann, on ne sait ce qui nous est plus énigmatique, du parler populaire des premières ou du film du second.  Ou lorsqu’il évoque le ciselé de la graphie d’un copiste, il suggère que c’est « non plus Erroll Garner mais quelque chose du doigté d’Art Tatum ». De toutes façons, ce voisinage, qui n’est jamais incongru ni même anachronique, est comme annoncé dès l’entame par la double épigraphe qui fait se chevaucher Louis-Ferdinand Céline et Christine de Pisan.

De l’intrigue, où l’on voit un faussaire, plagiaire et pirate s’immiscer dans les commandes royales de Raoulet pour se livrer à son petit trafic de parasite, je ne vous dirais rien pour n’en rien gâter, et surtout pas, à l’issue de l’enquête, lequel finira au gibet, même si là n’est pas l’essentiel ; il est dans la résurrection d’un monde à travers celle d’un microcosme par le moyen d’une langue à la splendide précision. Et je ne suis pas sûr que Verdier  (à moins que ce ne soit le choix de l’auteur, dans le civil éditeur de livres d’art) ait été bien inspiré de conclure sa quatrième de couverture (et sur le site) en soulignant que cette histoire suggère « une méditation sur l’avènement contemporain du numérique ». Inutile car ce texte est si fort avec ses propres armes, toutes de finesse et d’ intelligence, qu’il n’a pas besoin de ce genre de béquilles, même si on peut aussi le lire en résonance avec notre temps et même s’il a peut-être été conçu dans cet esprit-là. Me suis-je bien fait comprendre ? Peut-être pas : Esquisse d’un pendu est en tous points une rare merveille, la première bonne nouvelle de la rentrée.

(« Chevauchée de Faust et de Méphistophélès devant le gibet de Montfaucon », huile sur toile de Joseph Thierry, vers 1866. Huile sur toile, BNF, bibliothèque-musée de l’Opéra; « Charles V recevant de Jean de Vaudetar la Bible de 1372 copiée par Raoulet d’Orléans, enluminure de Jean de Bondol, Musée Meermanno-Westreenianum, La Haye)

Cette entrée a été publiée dans Histoire, Littérature de langue française.

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338 Réponses pour Michel Jullien rend sa copie

John Brown dit: à

« Il apprécie la bonne chair »

Cette ribaude bien en chère apprécie la bonne chair, ma chère, celle de msieur le curé descendu de sa chère — euh, de sa chaire voulons-je dire.

John Brown dit: à

Joseph Thierry, voilà un post-romantique ou un pré-pompier fort injustement oublié.

christiane dit: à

Là, il se passe quelque chose de singulier dans le monde de l’édition : un livre qui vaut le détour. Merci.

christiane dit: à

Excellent, le Joseph Thierry.

Mauvaise langue dit: à

Test de départ…

christiane dit: à

Chouette ! revoilà le visiteur d’au-dessus !

Mauvaise langue dit: à

Le problème, c’est qu’on ne le sait pas forcément toujours qu’un véritable écrivain se trouve derrière l’incipit. Il y a des contre-exemples célèbres. Le premier qui vient bien sûr à l’esprit, c’est Proust. Et pourtant quoi de plus beau, quoi de plus génial que l’incipit de la Recherche. Tout le début du roman est un véritable poème en prose, un chef d’œuvre du genre pour ainsi dire. Il emporte lentement dans les brumes du rêve le lecteur. Le début de la Recherche est d’une beauté quasi parfaite et pourtant on n’a pas su le lire ! Gide n’a pas senti du tout cette beauté pour nous pourtant aujourd’hui si manifeste.

On pourrait prendre aussi l’exemple de Moby Dick de Melville. Personne n’y a rien compris à sa sortie, les critiques étaient acerbes ; Melville a été complètement ignoré jusqu’à sa mort et il a fini ses jours comme inspecteur des douanes.

Par ailleurs, un incipit n’est pas seulement là pour captiver le lecteur mais il doit être, s’il est bien écrit, une sorte de modèle réduit de tout le roman, je dirais de toute la « machine romanesque ». Car un roman doit fonctionner comme une machine pour être réussi tout en faisant oublier au lecteur la machine. Un incipit doit aussi faire oublier au lecteur qu’il est en train de lire un roman. C’est dans cette tension qu’il existe vraiment. Inutile de dire que c’est très difficile à écrire et que ça ne s’invente pas… Un incipit vient du ciel, du dieu des romans… de nulle part ailleurs.

Celui-ci semble particulièrement réussi parce qu’il semble d’emblée être une métaphore de toute la machine romanesque justement.

Ce roman m’a tout l’air de raconter une histoire qui nous devient familière, celle de la décadence de l’art romanesque aujourd’hui. On est dans le plagiaire, le faussaire, le piratage, la parodie, la confusion des genres et des origines, et une forme de médiévisme. Ce sont là les marques attendues presque de la littérature décadente. Une littérature décervelée, mondialisée, qui n’est de nulle part ni de nulle époque et dont probablement il ne restera rien une fois que la mondialisation aura produit une nouvelle forme de littérature mieux adaptée à notre époque.

Je ne crois pas à la valeur littéraire de ce genre de chef-d’œuvre. Ce sont des objets trop bien faits pour être vrais…

Helléniste dit: à

L’exemple est mal choisi: « proboscidien » est une formation savante du XIXe siècle. Et un mot plutôt courant.

Mauvaise langue dit: à

PROBOSCIDIEN, -IENNE, adj. et subst. masc. plur.
I. Adj. [En parlant d’un animal] Peu usité
A. Qui possède une trompe. (Dict. XIXe et XXes.).
B. En partic. Qui est propre à l’éléphant; qui rappelle cet animal. Gazan venait le premier, le chapeau de travers sur les inégalités de son crâne, le vert végétal de l’habit accentuant encore la graisse terreuse, squameuse de son masque proboscidien (A. DAUDET, Immortel, 1888, p.159).
II. Subst. masc. plur., ZOOL. Ordre de mammifères ongulés comprenant des animaux munis d’une trompe, comme les éléphants et des espèces disparues. Les mammifères (…) vont s’épanouir et se multiplier, jusqu’à ce qu’ils trouvent leur suprême expansion dans les gigantesques proboscidiens du miocène supérieur et du pliocène (LAPPARENT, Abr. géol., 1886, p.422):
… les ossements de proboscidiens, que leur grande taille rendait facilement observables, donnèrent naissance, même au cours du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, à une foule de légendes et de traditions sur une prétendue race de géants qui, dans les premiers temps, aurait peuplé la terre.
Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.503.
Au sing. Synon. de éléphant. J’ai un intérêt sur un éléphant débarqué à Carthagène (…) Peut-être pourrais-tu l’utiliser dans ta prochaine pièce (…) mon proboscidien? (E. DE GONCOURT, Faustin, 1882, p.83).
——————

La référence aux Goncourt ici à propos de ce mot confirme mon intuition sur le caractère décadent de ce roman. Michel Jullien est une espèce (rare sans doute et en voie de disparition très certainement) de Goncourt de notre époque. La queue terminale du roman historique, un prolongement inattendu de la préciosité de Julien Gracq, un raffinement extrême comme en connaissent les fins du monde… On a connu ça aussi chez les amphibiens du crétacés…

Bihoreau de Bellerente dit: à

Parlant d’incipit, celui du Général dans ses Mémoires n’est pas mauvais non plus.

au régal des v. dit: à

De l’intrigue, où l’on voit un faussaire, plagiaire et pirate s’immiscer dans les commandes royales de Raoulet pour se livrer à son petit trafic de parasite

il y a de l’aveu dans cette phrase..
stop aux parasites de la littérature. vive nabe contre les faussaires et les sangsues du siècle! du petit journaliste lécheur autodictate coopté à l’écrivaillon qui bricole ses légos en pastique.

sipour dit: à

Je ne crois pas à la valeur littéraire de ce genre de chef-d’œuvre. Ce sont des objets trop bien faits pour être vrais…
croire à la valeur littéraire ?
Cette approche marchande ne me semble pas justifiée même pour qui time is Monet !

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…et demain, c’est un autre jour,…etc,…c’est savant,…

D. dit: à

Moi, Thierry, j’aime bien la Carlsberg et la Corona, comme Chirac. Et pourtant je n’ai jamais été spécialement chiraquien.
J’ai beaucoup de mal avec les bières blanches.
J’apprécie beaucoup en revanche les brunes bien lourdes, genre Pelforth.

D. dit: à

Tous les profs reviennent de leurs petites vacances de Noël (seulement 15 jours, les pôvres…) après s’être bien tapé la cloche à droite et à gauche.
Maintenant ils vont s’ennuyer et revenir en force commenter.

D. dit: à

Cela n’a qu’un lointain rapport avec le sujet mais je me suis rendu compte qu’il existe un objet qui se transmet de génération en génération en subissant très peu les affres du temps.
Chacun peut avoir chez soi en héritage familial de vieux meubles de 3 siècles, de vieilles faïences, de vieilles fourchettes. Seulement tout ça a vraiment l’air vieux : fissures, trous, rayures, bouts recollé, parties remplacées, argenture enlevée, métal embouti et tordu etc.. Il en sera d’ailleurs de même dans l’avenir avec nos joujoux high-tech d’aujourd’hui.
Il existe pourtant un objet capable de traverser les siècles sans aucun souci et il se trouve dans nos boites à outil : le boulon inox 4 x 20 mm avec écrou. Sur les trente que contient la boite achetée, généralement deux sont utilisés, le reste remisé, emballé avec précaution, dans le triple sarcophage boite à boulons / boite à outil / placard. Si la boîte à outil elle-même finit un beau jour par être remplacée par une nouvelle plus pratique, plus moderne et moins déglinguée par le temps, si les outils finissent par lâcher, s’user, ou tomber en désuétude, le boulon inox 20 x 4 avec écrou n’a aucune raison de rencontrer un quelconque problème et statistiquement parlant, d’être jeté. D’ailleurs je pose la question : Qui a déjà dans sa vie jeté sciemment un boulon 20 x 4 sorti de sa boite ? J’attends – et je pense pouvoir attendre longtemps.
Cette considration m’est venue vers 3h 19 la nuit dernière, avec d’autres, plus délicates à vous exposer. Celle-ci n’a en revanche rien de confidentiel aussi me suis-je décide à vous la livrer.

D. dit: à

@Daaphnée :

Oublions cette histoire de cadeau, Daaphnée. J’ai bien compris que seule l’intention comptait et vous l’avez eue, j’y suis sensible.
J’ai déjà un petit objet « porte bonheur » dans ma poche, il s’agit de mon chapelet.

Bloom dit: à

mais un écrivain est ainsi fait qu’il absorbe et s’imprègne de ce qu’il lit d’une époque jusqu’en s’en pénétrer intimement, assez pour le ressortir avec naturel.
—-
Dans Joseph Anton, Rushdie dit à peu près la même chose à propos de l’écriture de l’histoire. alors qu’il était étudiant à King’s College Cambridge (Ibn Rushdie a une formation d’historien), un de ses Professeurs lui conseilla de ne pas commencer à écrire sur une période historique avant d’entendre distinctement parler les gens qui la peuplait.
A la lecture de ses romans, en particulier des Enfants de miniuit et du Dernier soupir du Maure, on se dit que le dsiciple a bien retenu la leçon de son maître, à qui il rend un hommage vibrant dans ce qui est, à mes yeux, un des livres les plus importants de ces vingt dernières années.

Bloom dit: à

C’est terrible, un incipit
—-
Je déteste ce terme d' »incipit » – intilement pédant, passsablement laid à l’oreille (inne-ki-pitte), encore une vieillerie lexicale qui nous renvoie encore et toujours au clacissisme des anciens. Ras-le-bol de ces préciosités et de conformismes sédimentées qui figent la littérature en un truc pour
initiés.
Les journalistes parlent d’accroche, c’est beaucoup plus parlant.

Il est question de Melvile plus haut. Considérer que Melville a ‘fini comme inspecteur des douane » relève du solipsisme, d’une vision type star system. HM a vu le monde en marin, en a crée un autre, parallèle en écrivant, et avait besoin pour ce faire d’un job stable et sans tempêtes. Qu’il n’ait pas été publié de son vivant est assez désobligeant pour le business de l’édition, pas pour le service des douanes.
Kafka, employé d’une maison d’assurances, n’a rien publié non plus, et c’est le non respect de ses dernières volontés par Max Brod qui nous doit de le connaitre. Van Gogh a du vendre une toile avant de se trouer l’abdomen.
Il m’est plaisiant de penser qu’il existe en ce moment un(e)/es écrivain(e)/s de génie que les tous les Richard Millet de l’édition auront envoyer balader et qui sera/ont l’/les auteru(e)/s majeur(e)/s du début du siècle. Je suis sûr que c’est le cas: la médiocrité ambiante est une fabrication du star systeme de l’édition.

L’accroche de ce ‘roman’ (184 pages, c’est une longue nouvelle, un conte, non?) est tout à fait indigeste: « rufians, ribauds, malandrins, malfrats » reniflent le dico analogique à mille lieux. Non, décidement, n’est pas Hilary Mantell qui veut…

sipour dit: à

et c’est le non respect de ses dernières volontés par Max Brod qui nous doit de le connaitre.
pourquoi inverser ainsi , cher blomm!
ce n’est ps seulement au non-respect de Brod que NOUS DEVONS …. :la réponse à ma question toute rhétorisue , vous l’avez peut-êtr zpportée en parlant de star-système
mais je ne crois pas que le mot « incipit » soit pzrticulièrement pédant ;et il me semble encore moins synonyme d' »accroche », monsieur double ou triple croche ! et quantà le dire lait ou moche , et-il plus laid que cheveu ?
tête ? en-tête ?

sipour dit: à

si tôt que l’on commence à dire qu’un mot est laid, de quelque langue que ce soit , je trouve cela inquiétant à en rendre son….. tablier, : I would prefer no to .

W dit: à

Oh vous savez certains descendent de la montagne sans rien écrire,l’origine n’a guère d’importance ,ce qui compte étant le résultat .Sont- ce des à priori qui devraient nous dicter quoi lire où pas?Je préfère suivre le conseil avisé de P A .

pling dit: à

A Pierre Assouline.
A mon avis tu vas faire pas mal d’oseille avec ton blog en dehors du Monde.
200 000 lecteurs bien gérés, avec de la pub, tu dois pouvoir en tirer 15 à 20 KE/mois en te démerdant bien.
Je te le souhaite.
Intelligent et fin, et puis quoi, simplement agréable et normal pour autant qu’on le puisse, il y en a assez de tous ces journalistes tarés, incultes, soumis qui nous fourrent la cervelles d’idioties inconsistantes, souvent de mensonges.
Toi, tu es un mec bien.
Tu mérites de la reconnaissance, de l’attention, et de l’oseille.
On dit ce qu’on veut, l’oseille n’a rien d’intelligent, etc, mais ça rend la vie agréable et fluide.
C’est important qu’un mec comme toi ait cette vie là.
bises/

Alexia Neuhoff dit: à

Je déteste ce terme d’ »incipit » – intilement pédant, passsablement laid à l’oreille (inne-ki-pitte)/ Bloom-le-rufian

Prononcez-le comme il se doit (ain/si/pit’)et cela sonnera mieux.

DHH dit: à

la prononciation du latin que vous preconisez ,vous condamnerait sans appel devant un jury d’agregation

DHH dit: à

il y a sur Wikipedia ,un article tres bien illustré et bien documenté sur le gibet de Montfaucon ,avec notamment le croquis qu’en a fait Viollet-Leduc .
l’expression » fourches patibulaires » qui le designe egalement m’a fait comprendre que la mine « patibulaire » qu’on trouve parfois aux gens est celle que prend un visage de pendu etranglé par sa corde

Magnus Pym dit: à

« De l’intrigue, où l’on voit un faussaire, plagiaire et pirate s’immiscer dans les commandes royales de Raoulet pour se livrer à son petit trafic de parasite, je ne vous dirais rien pour n’en rien gâter, et surtout pas, à l’issue de l’enquête, lequel finira au gibet, même si là n’est pas l’essentiel ; il est dans la résurrection d’un monde à travers celui d’un microcosme par le moyen d’une langue à la splendide précision »
Passou, il semblerait que la construction de cette envolée proustienne soit plusieurs fois bancale. Je ne vous dirai rien des vertus de la relecture, pour ne pas gâter la splendide confusion de ce passage… 🙂

Camarade Cassandra dit: à

La petite cruche aux cheveux courts porte la parole officielle dans les classes, faisant l’apologie de la déviance « avancée » devant des élèves qui ne demandent qu’à s’instruire plutôt qu’à être endoctriné, et ce petit sinistre de Saint Vincent des Ecoles a le culot de rappeller à l’ordre les catholiques ?! Finement joué ! Pendant ce temps là, on ne parle pas du chômage qui croît et resplendit sur ce fumier sociétal qui pue jusqu’au delà de l’Oural. Montfaucon ! Montfaucon ! Pour ces bandits de grand chemin !

renato dit: à

N’est pas Giovanni Antonio Guardi qui veut…

renato dit: à

Moi, je déteste le terme « usager » et j’en fais pas toute une histoire… faudrait dire « client », puisqu’il paye… mais bon, l’arrogance on connaît…

Passou dit: à

Bloom, Non, c’est bien un roman. Ses pages sont touffues, denses. Un autre éditeur l’aurait étiré sur 40 pages de plus et cela vous aurait paru moins « nouvelle » ?
L’accroche est bien propre au journalisme, où l’on parle d’ailleurs d' »attaque »: soigner la première où les deux premières phrases de l’article pour secouer le lecteur, l’attraper et le garder. L’incipit, non seulement peut concerner le paragraphe, mais il est conçu dans un tout autre esprit, plus naturellement porté vers l’exposition. Le rythme n’est pas le même.
Cela dit, si vous saviez comme on est loin du roman historique, de Hilary Mantell et de « Cromwell »…

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

Bienvenue à l’AMI, M ! Vous serez le joyau de notre amicale pour la qualité de vos éructations.

John Brown dit: à

« Il y a des contre-exemples célèbres. » (rédigé par Mauvaise langue)

Contre-exemples ? Je dirais plutôt exemples parfaits de ce qu’est toujours un incipit, dès qu’on a affaire à un grand écrivain. Mauvaise langue le montre d’ailleurs très bien. La seule fonction d’un incipit, c’est de nous faire entrer dans le tempo, la respiration particulière de l’oeuvre, de nous introduire à son point de vue particulier sur le monde. C’est ce qu’on voit chez Proust, Flaubert, Stendhal ou Balzac. C’est pourquoi l’incipit des grandes oeuvres impose souvent un véritable ré-apprentissage de la lecture. L’incipit des grandes oeuvres est souvent déroutant à première lecture parce qu’il réinvente la technique de l’incipit. Souvent d’ailleurs, la compréhension réelle d’un grand incipit (comme celui de « A la recherche du temps perdu ») suppose qu’on y revienne après avoir lu la totalité de l’oeuvre.
Le tout-venant des oeuvres romanesques ne nous propose généralement que des exemples d’incipit réduit à sa fonction d’accroche, dans l’acception presque commerciale du terme. L’incipit n’est alors qu’un des éléments de la stratégie de séduction de la « captatio benevolentiae » chère à Cicéron. Au contraire, un Melville est un spécialiste de l’incipit presque ennuyeux à première lecture, comme celui de « Bartleby », qui nous introduit pourtant directement à la signification de l’oeuvre.

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

Chère M comme Merveille, accepteriez-vous la chaire de théologie de notre amicale ? Ce serait sympathique. Bien ragoût !

W dit: à

Imprécision des termes.Usager en tant qu’il a déjà servi,peut se dire d’un individu pour une cause plus ou moins noble plus ou moins avouable(l’individu est alors usé pa , même sans autre cause que servir comme un objet dont la forme,la qualité définira la fonction,un peu comme un boulon doit correspondre au pas de vis .

W dit: à

Imprécision des termes.Usagé(au participe passé) en tant qu’il a déjà servi,peut se dire d’un individu pour une cause plus ou moins noble plus ou moins avouable(l’individu est alors usé par les principes défendus) , même sans autre cause que servir_comme un objet dont la forme,la qualité définira la fonction,un peu comme un boulon doit correspondre au pas de vis .

W dit: à

Votre Amicale s’ouvre-te-elle en dehors des heures du mariage pour ravir les conscience des plus jeunes par la catéchaise?

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

Bien entendu, nous oeuvrons au décervellement des enfants par la catéchèse multiculturelle !
Nous avons des imams salafistes, des rabbins déments, des curés pédophiles, des marxistes attardés, des libéraux avaricieux, des anciens ministres, des Sinistres actuels, des moralistes de maison de passe, des écologistes égocentriques, des socialistes incompétents,… bref nous avons tout ce qu’il faut pour faire d’excellents Français !

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

Et la Culture ? ça vous plairait, la Culture, M ? Ce n’est pas fatiguant comme poste et vous m’avez l’air aussi capable que bien d’autres !

Thierry Kron dit: à

Je ne crois pas me trompé, Bloom, en rappelant que Leo, le frère de Vincent van Gogh, vendit des toiles de son cadet, avant que ce dernier disparaisse.

Alexia Neuhoff dit: à

Ah me voilà ravie ! J’ai trouvé (à 8 h 42 min) un professeur de phonétique latine qui s’attache à ne prononcer les mots dérivés du latin qu’à la manière de Cicéron. Ravissement de courte durée : à 8 h 49 min, le même nous crucifiait Félix Gaffiot au patibulum.

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

J’oubliais ! Nous avons aussi des pédés et des gouines, et une tapée de Phobes en tout genre : vous allez vous sentir chez vous.

Castrodrama dit: à

D’écrou !…correspondre au pas d’écrou !

"Croire c'est bien. Vérifier c'est mieux" dit: à

Erreur classique…

Latiniste un jour, latiniste toujours... dit: à

Le Gaffiot fut, et demeure, une arme de destruction massive : un coup de cette somme sur la tête du « camarade de jeu », ça fait mal !

W dit: à

Oui c’est tout à fait ça ,n’étant pas moi-même experte en bricolage s’exerçant sur une réalité bien concrète ,quelques difficultés à ranger dans leurs casiers respectifs vis et écrous ,option pour « le tour d’écrou » de je ne sais plus qui.

W dit: à

ce n’est pas si sur que vous le supposez car une intense lumière pourrait déclencher une de ces crises en « phobe » ,vous savez ,celle dont personne ne veut se souvenir et qui vous pousse à courir chez l’opticien au rayon solaire.

Représentant du peuple : un sacerdoce. dit: à

Désolé pour les candidats nombreux ! Mais, la dernière place à Montfaucon Ltd vient d’être attribuée à Pascal Cherki, député du peuple de Paris pour sa déclaration :
«  »Bonne année à toutes et tous sauf aux exilés fiscaux et au MEDEF qui ne méritent que notre mépris républicain ».

N’angoissez-pas ! Une extension de Montfaucon est prévue au budget 2013, tant est grand le nombre d’éligibles.

W dit: à

toujours une dualité pas toujours contradictoire ,complémentaire
boire ou conduire,surveiller et punir,pouvoir et contre-pouvoir,grandeur et décadence,ordre et liberté,inepties et hiérarchie,vessies et lanternes,chef d’oeuvre et périls,ouverture et fermeture automatique des portes après 22heures.

Bloom dit: à

Je vois ce que vous voulez dire, Passou, mais j’y peux rien, le terme d' »incipit » m’insupporte. ‘La première phrase’, ‘le premier paragraphe’, ‘les premiers mots’, ‘l’ouverture’ , etc.(en anglais on dit ‘opening [words])’ me semblent suffisants. L’absence de jargon ne nuit pas à la clarté de l’expression.

Bon, au-delà de l’annonce du projet narratif, le début (autre possiblilité) d’un roman doit accrocher le lecteur. Il arrive qu’on soit d’ailleurs déçu car la suite ne correspond pas aux attentes magistralement suscitées. Ca mest arrivé récemment avec Let the Great World Spin de Colum McCann, qui, après un fulgurant début, manque de souffle dès le deuxième chapitre. Too bad.

Le livre M.Jullien, lui, commence mal. Et en plus c’est pas un roman historique. Damned! Handicap rédibitoire.
On continuera à lui préférer Wolf Hall et Bring Up The Bodies, de la subtile chroniqueuse des noirceurs de Thomas Cromwell, homme de main de cet excellent tennisman que fut Henry VIII. En ces temps de radinerie génralisée, voilà de de quoi se sustenter sprituellement.

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

Plutôt que de courir chez l’opticien au rayon solaire, il nous est toujours apparu, à nous autres marginaux nombreux, bien préférable de nous rendre à pas lents chez les péripatéticiennes au coeur léger…

Bloom dit: à

Théo, TKT, une toile au docteur Gachet d’Auvers.

Thierry Kron dit: à

Alexia Neuhoff: Cicéron ? Sa voix est enregistrée, on peut l’écouter sur YouTube ? Ceci dit, les mots latins ne devraient pas être trop francophonisés. D’ailleurs les habitants de l’Alsace profonde, de Paris, Lille ou Marseille, voir Grasse, n’ont pas le même accent même en français.

Thierry Kron dit: à

Votre argumentation tient la route.
Pour votre pseudo, on dirait un nom de cocktail ou un prénom de Bollywood.

Polémikoeur. dit: à

L’objet du billet gagnerait grandement
à ce que ce dernier soit lu à l’envers.
Théâtricritement.

Jacques Barozzi dit: à

Il n’y a pas que l’incipit dans la vie… du roman !
Dans le genre réussi, il y a celui du neveu de Rameau, quelle merveille !
Mais le plus important c’est ce qui vient après et qui doit être une suite d’éblouissements continus, progressifs et inattendus. Là, je préfère nettement Jacques le fataliste, chez l’ami Diderot.
Enfin, capitale est la fin. Il y a des fins magistrales qui éclairent rétrospectivement l’ensemble du roman. Là aussi Proust a parfaitement réussi son coup. Mais on peut aimer aussi les fins plus discrètes, les sorties tout en surprise, inattendues, anodines : on tourne la page, est c’est fini, hi hi hi !

Mauvaise langue dit: à

La narratologie revue et corrigée par Bloom, ça vaut le détour… c’est Gege qui doit s’arracher les cheveux, le pauvre (Genette), quand il lit du Bloom ! Sans parler de Bartges qui doit se retourner dans sa tombe… Melville, lui, est furibard…

Mauvaise langue dit: à

En plus, c’est même pas vrai que Kafka il a rien publié de son vivant !

gégé le rouge dit: à

Une seule solution pour JC: l’exil en Russie, avec les meilleurs (dont il est)

Mauvaise langue dit: à

En effet, je souscris tout à fait à ce que vous dites. Le mot « incipit » n’a absolument rien de pédant. C’est simplement un mot latin qui vient de la tradition rhétorique.

Il est assez plaisant de voir que c’est précisément celui qui hurle contre la médiocrité de notre époque qui se montre ici assez médiocre pour mettre au panier toute la tradition rhétorique de la culture occidentale…!

« Accroche » au lieu de « incipit », non mais quelle époque de barbares !

C’est le serpent qui se mord la queue…! Mais en a-t-il une au vrai…?

Jacques Barozzi dit: à

Parfois, une bonne citation en exergue vaut mieux qu’un insipide incipit et permet d’entrer de plain-pied dans le roman !

Mauvaise langue dit: à

En effet, et ça sonne en plus comme « insipide »…

Alexia Neuhoff dit: à

[tu: ˈkʷokʷe], M. Kron ! Mais Cicéron (que je viens de d’avoir au téléphone et à qui je présentais mes voeux)m’a laissée sur un [tjuː ˈkwəʊkwɪ]qui me laisse penser qu’il a beaucoup fréquenté un certain bloom ®.

Mauvaise langue dit: à

Vous devriez plutôt apprendre à lire au lieu de donner des leçons de lecture aux autres…! Il n’y a de bancale ici que votre incapacité à construire du sens. La modestie est une vertu, l’arrogance un péché.

Polémikoeur. dit: à

Le propos n’interrogeait que le couronnement merveilleux d’un billet dont ce qui venait avant pouvait sembler contradictoire, sans toutefois condamner le principe d’un effet de surprise dû à un final contrasté par rapport au reste du texte. Dominichicanement.

Jacques Barozzi dit: à

« Esquisse d’un pendu est en tous points une rare merveille, la première bonne nouvelle de la rentrée. »

C’est pas en septembre, la rentrée, Passou ? En janvier, ce serait plutôt l’entrée !

Bloom dit: à

Exact, [e’leksie], à ceci près qu’il me connait sous le pseudo de Livy.

Mauvaise langue dit: à

L’incipit, c’est à proprement parler uniquement la première phrase d’un roman.

L’incipit de La Recherche, c’est :
« Longtemps je me suis couché de bonne heure. »
Point barre !

Et c’est comme un coup d’archet au violon, disait jadis mon professeur de philosophie de khâgne à juste raison. L’analyse en a été déjà faite (admirable). On ne va pas la reproduire. Mais enfin, du point de vue du rythme de la phrase, c’est déjà remarquable. C’est un dizain, comme dans les épopées, comme si Proust voulait reprendre la tradition épique mais pour la mettre au service du roman, même ambition de Joyce avec Ulysse. Même ambition je dirais que toute la tradition romanesque depuis le moyen-âge qui s’est toujours coltinée avec la grande tradition épique pour construire un genre nouveau et lui donner un prestige qu’il n’avait pas au départ. Il fallait avoir toute l’audace de Chrétien de Troyes pour se lancer dans l’invention du genre romanesque, et avec quelle réussite ! Et puis il y a cette attaque de la phrase, ce mot, ici génial (parce qu’il renvoie d’emblée au Temps qui est le thème même du roman : « Longtemps », qui fonctionne un peu comme un spondée dans la versification latine et renvoie à nouveau à toute une tradition mais ici complètement réinventée, reprise au service d’un tout autre projet littéraire : — —, c’est ça que produit le mot « longtemps », une sorte de suspension du temps, de mystère qui s’installe l’air de rien. Et la fin de la phrase qui fonctionne comme une sorte de tribraque : ˘˘˘ ; « de bonne heure » sur lequel vient se concentrer toute l’attention de sorte que le lecteur est invité à se demander en quoi le fait de se coucher de bonne heure a une si grande importance. Et tout le début va s’efforcer de le lui expliquer de manière totalement poétique en l’emportant dans une rêverie extraordinaire qui le fait complètement décoller et en même temps l’introduit dans le monde enchanteur et tragique à la fois de Proust.

On est très loin de « l’accroche » d’un article de presse. « Accroche, mon Dieu, notre monde a sombré…

Félix Popotin dit: à

vous évoquez ainsi votre « régulière » la christiane bénie oui-oui

Mauvaise langue dit: à

Et il faudrait encore souligner le rôle merveilleux que jouent les « e » muets à la fin de la phrase : « de bonne heure », qui fait penser au vers fameux de Joaquim Du Bellay où les « e » muets jouent ce même rôle enchanteur paradoxalement produit par une déception et une musique qui semble s’éterniser dans l’infini ou le presque rien :
« Et les muses de moi comme étranges s’enfuient. »

Gazette du recalé dit: à

Ca frime, ça étale, mais l’agrèg dans tout ça, hein, le vrai test de niveau, c’est les autres …Louseur.

Amicale des Malfaisants Inutiles dit: à

Nous avons plein d’agrégés chez nous ! Des désagrégés, aussi ! C’est vrai que l’agrégation, c’est un by-pass pour rentrer chez nous direct, l’ENA aussi : on ne paie pas de cotisation pendant cinq ans. Méthode Cahuzac à l’envers !

renato dit: à

C’est bien, maintenant on nous explique qu’est-ce qu’un incipit… Et l’autre con nous fait même des exemples en piochant dans l’exotisme… bien que « The sea is high again today, with a thrilling flush of wind. », suffirait largement… m’enfin, on est parmi les gens kultivés, la crème de la crème de la Nation…

sipour dit: à

ce « longtemps » de la Recherche déplace en le reprenant le « il était une fois » des années « je , me … de l’enfant-roi lecteur – écouteur du théâtre et des galères des scènes des familles. …

Passou dit: à

Jacques Barozzi, Depuis une dizaine d’années, il y a deux rentrées pour les libraires/éditeurs/auteurs : la grande (septembre qui commence le 18 août) et la petite (janvier). On ne va sans plaindre, nous qui plaignons à longueur de temps de l’engorgement de l’automne.

bouguereau dit: à

..lassouline t’es lourd a insister que baroz n’a que l’entrée de derrière..dis tout de suite que c’est une petite porte qui grince en plus

bouguereau dit: à

s’il était inspirée mauvaise langue en ferait un honnête incipit..pas vrai baroz?

sipour dit: à

. On ne va sans plaindre, nous qui plaignons à longueur de temps de l’engorgement de l’automne.écrit passouline :
d’une grammaire toute erdélienne , sansson traductuer ni sa traductrice :je ne m’en plains pas !je ne mens jamais le dimance de l’épiphanie

Jacques Barozzi dit: à

Les feuillets d’automne se ramassent à la pelle, Passou, alors que c’est toujours un plaisir de voir poindre les premiers bourgeons de l’année !

Bloom dit: à

Proust, c’est fastoche. Beaucoup sont allés se coucher avec Marcel sans aller plus loin.
Could do with a good editing, comme on dit en anglais.
Autrement plus coton, la première phrase de Brighton Rock, ou celle de Roman avec cocaine, ou encore celle de At-Swim-Two-Birds.

bouguereau dit: à

t’es un samourai baroz, t’attends les cerisier en fleur..

bouguereau dit: à

dis donc baroz je viens daller sur le site de clopine..ses incipits date de 15 jours..c’est inquiétant

alec dit: à

taste – Montjoie !

alec dit: à

j’emmène partout avec moi le Joseph Anton de Rushdie (le nom de cet écrivain est un véritable incipit en soi-même, rush or die, il y a un je ne sais quoi de programmatique, pour tous, pas seulement pour lui). Bloom aurait pu (aurait dû) plutôt choisir le grandiose commencement de ce livre sacrément magnifique (en plus, glissé dans votre parka, c’est un gilet pare-balle idéal si vous croisez les regards anthracites de loups gris — je n’ose guère employer le mot ‘noir’ avec lui — , de Richard Millet dans le RER, je n’oublie pas que j’ai une tête de Sarrazin, le soir, après minuit) : dans la première phrase de son prologue (The first blackbird) Rushdie évoque les oiseaux annonciateurs de la mort qui ne sont déjà plus d’innocents merles moqueurs mais bien des volatiles de très mauvais augure qui rappellent d’ailleurs beaucoup les corbeaux freux de François Villon (« qui nous ont les yeux cavés…. »).

alec dit: à

l’incipit porte le ton du roman sur son dos de porc-épic ; ses poils hérissés comme des lances de hoplites choisissent l’un d’entre eux pour faire peur au lecteur (« tu ne le connais pas, lecteur, ce bel indélicat, – apocryphe lecteur, – mon dissemblable, mon faux-frère ») et le mènent en tête du cortège du corpus des phrases, divin fumet d’holocauste, (« Yes, you can keep it ! »), pour le présenter devant les yeux vifs et encore écarquillés du (ou de la) jeune vierge-ouvreur(ouvreuse)-de-livre, ivre de connaissance. c’est une pointe aiguisée qu’on avance sous le regard perçant qui se cache derrière le bouclier de lourdes paupières en bois ; l’Un-qui-Pique-l’Autre, perçant/percé, c’est une lutte à mort, le rituel d’un combat toujours renouvelé, le premier dont le secret est bercé par le ronron et l’ennui rend sa cuirasse à l’autre et meurt à petits feux, nu comme une malingre braise dans l’oeil lubrique de l’adversaire. quelquefois c’est le lecteur qui ne paume pas, mais le plus souvent c’est le romancier qui vainc et soumet l’esclave. c’est pour cela que les éditeurs recommandent que ce soit « la première ligne qui pique », afin que l’intérêt, la curiosité, l’éveil ne s’émoussent trop vite.

Jacques Barozzi dit: à

« t’attends les cerisier(sic) en fleur »

pour mieux te faire hara-kiri, le boug !

Jacques Barozzi dit: à

« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habi- tude d’aller sur les cinq heures du soir me prome- ner au Palais-Royal. C’est moi qu’on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entre- tiens avec moi-même de politique, d’amour, de goût ou de philosophie. J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dis- solus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’œil vif, au nez retrous- sé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins. Si le temps est trop froid, ou trop pluvieux, je me réfugie au café de la Régence ; là je m’amuse à voir jouer aux échecs. Paris est l’en- droit du monde, et le café de la Régence est l’en- droit de Paris où l’on joue le mieux à ce jeu. »

Après ça, tirez le rideau et Bloom peut toujours invoquer ses anglaises !

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…lire un roman,…tourner la page,…
…se prendre à s’habituer à jouer à Dames,…
…pendant que le jeux d’Echecs, se prend mieux à éclairer les réseaux de lois, de contraintes,…les fils de jeux de rôles,…
…les « apparatchiks »,…du conservatisme des marionnettes et épouvantails du Pouvoir,…étrangler les peuples, les privés de la liberté de raison de choix et de goûts,…prend çà et ferme ta gueule,…
…nous y somme à l’autorité « sociale »,…Stalag 13,…le « business-show » complice à connivence d’enfariné la raison du capital « juste »,…avec les ruses à loubards comme des « apiculteurs » agrandis en volume par les élections pour inciter à l’obéissance de la raison d’état,…en connivence par la protection acordée aux banquiers du système,…états-banques-systèmes,…à cloaque social de voleurs de grands chemins malfaisants,…
…voilà,…un incipit de traducteur de derrière les fa-gothiques en tranches au travail du bourrage de crânes à devenir « colonisés »,…par les pays du tiers-monde,…les affaires à la vénitienne,…Dieu pour tous,…et chacun en connivence pour soi,…
…Marco-Polo,…les voyage çà remplit l’échiquier,…of course,…
…le marché des blanches se porte bien,…avec des oignons, of course,…
…je vous aime mon peuple,…soyer parfait ainsi, il me reste quelque chose à vendre,…en échange de mes trônes,…à la chasse,…Philibert de mon joie à trou de balles,…Oui Sire,…la corvée d’Ô ,…il en manque à la douzaine,…les temps sont durs,…la débauche à explosée,…les fraîches ne sont plus que « mentaliste »,…nous avons l’ange  » bleu »,…en plusieurs versions plus vrais que nature,…garantis made of €urope,…blanc-satin,…rose-coquelicot,…
…les originaux sont réexpédier après usages intensifs pour la « révolution »,…du carburant Bio-Vert électrique,…c’est pas trop,…pour un dimanche,…Non,…
…il faut contre-vairé le pal, sur le champ,…de gueule semé de fleurs d’Ulysse à deux balles,…enfin,…la crise,…le T.G.V.,…à moi tout seul,…Ah,…Ah,…
…etc,…

C.P. dit: à

Mauvaise Langue, avec votre permission, je conteste,- la connaissant pourtant-, la comparaison de la première phrase de « Du côté de chez Swann » avec un vers… qui serait d’ailleurs un décasyllabe (le dizain est une composition de dix vers, mais votre langue a simplement fourché). Le décasyllabe épique comporte une pause à la quatrième syllabe, qui serait ici cocasse. Et d’ailleurs, s’il y a une « pause », elle est après longtemps : vous oubliez la virgule, je crois. Chrétien de Troyes, qui n’est pas un écrivain d’épopée au sens propre, use de l’octosyllabe. Les e du vers de Du Bellay font syllabes à l’intérieur du vers, vous le savez bien, mais si vous voulez parler du dernier e , non comptable, dans « s’enfuient » et lui trouver un équivalent prolongé dans « heure », c’est votre droit vocal, bien sûr. Enfin, on a dit bien avant moi qu’il n’y avait pas de prosodie au sens latin dans la versification française.

Je m’arrête, mais avec le sentiment que l’incipit de Proust, sur lequel la suite vous fait reporter une sorte de magie autonome, est surtout étrange par sa « banalité », et ainsi par la curiosité qu’elle suscite (à moins, mais je le dis pour le sourire, qu’on ne soit découragé par elle de poursuivre…). Au fond, il en va de même pour d’autres « premières phrases », celle de « L’Etranger », celle de « Bouvard et Pécuchet », celle de Paul Auster que citait Bloom, et d’autres… Après coup, elles sont en effet talentueuses.

J’espère bien que vous ne m’en voudrez pas de ces très simples rappels, qui n’ont pas tant d’importance.

Ô temps, suspends ton vol... dit: à

On demande un groupe d’intervention et de sécurité, d’urgence : ça va chauffer chez Passou …

C.P. dit: à

Pardon : après « Longtemps »…

Valeria dit: à

Comment Bouteflika a organisé les bains de foule de Hollande à Alger

Mehdi Benslimane | DNA-Algérie

Paul Edel dit: à

« Il faut.Il faut quoi? Rien, laissez le encore un instant. Tassé dans les relents de sa nuit,laissez le.Il faut.Il va falloir. »
début de « la crève » de François Nourissier.

Valeria Elena von Bank und Rottweiler dit: à

C’est fou ! Fou ! Ils vont me rendre folle !

Un olibrius indigène, Benslimane, journaliste, fourbe pathétique, intrigant notoire, explique dans les Dernieres Nouvelles d’Algérie comment Boutrefficace a organisé les bains de « foule en liesse » de mon petit chou à Alger ! Du pur stalinien années 60, soi-disant…
Mensonge ! Mensonge éhonté ! La foule de fonctionnaires, de lycéens, est venue spontanément ! pas en car, pas mise en congé exceptionnel, ni contrainte, ni forcée ! Admirative ! J’y étais !
Les mauvaises gens de Rue89 ne peuvent pas comprendre qu’il puisse être aimé partout où il se pavane, mon petit paon au chocolat. Ai-mé, vous dis-je ! Ah ! les monstres… Ils m’épuisent… Encore 4 ans à tenir en Gaule molle !

W dit: à

Doubtful it stood,
As two spent swimmers that do cling together
And choke their art…The merciless Macdonwald
(Worthy to be a rebel,for that
The multiplying villanies of nature
Do swarm upon him)from the Western isles
Of kerns and gallowglasses is supplied,
And fortune ,on his damned quarrel smiling,
Showed like a rebel’s whore:but all’s too weak:
For brave Macbeth (well he deserves that name)
Disdaining fortune,with his brandished steel,
Which smoked with bloody excecution,
Like Valour’s minion carved out his passage,
Till he faced the slave;
Which ne’er shook hands,nor bade farewell to him,
Till he unseamed him from the nave to th’ chops,
And fixed his head upon our battlements.

D. dit: à

Je n’aime pas quand vous êtes grossier, renato.

Après la lecture intégrale des commentaires dit: à

Incipit, en voilà un mot qui pique!

J.Ch. dit: à

« Allais-je rencontrer la Sibylle ? Il m’avait tant de fois suffi de déboucher sous la voûte qui donne quai Conti en venant de la rue de Seine pour voir, dès que la lumière cendre olive au-dessus du fleuve me permettait de distinguer les formes, sa mince silhouette s’inscrire sur le Pont des Arts, parfois allant et venant, parfois arrêtée contre la rampe de fer, penchée au-dessus de l’eau »
roman de ?

W dit: à

Avez-vous vu un peu,non mais!?

hercule burma dit: à

« je viens daller sur le site de clopine..ses incipits date de 15 jours..c’est inquiétant »

dafnoz est allée (en bus) la réduire au silence

Alcofribas dit: à

renato n’est pas grossier ! La grossièreté c’est tout autre chose … TKTT est vraiment grossier, au sens où nous l’entendons ici au FMI.

Sergio dit: à

Mais oui mais stalinien en dix-neuf cent soixante il était dans son mausolée depuis sept ans…

so what dit: à

le mal qu’il se donne, le petit jicé, pour enforcer des portes ouvertes !

C.P. dit: à

J. Ch., il me semble que c’est un roman de Julio Cortàzar, je ne vois plus lequel. Mais alors, vous donnez un traduction.
C’est un très beau début « parisien », en tout cas.

C.P. dit: à

« une traduction »…

rose dit: à

ah si, si, C.P la prosodie a une importance certaine et pour Louise Labé c’était décasyllabes aussi.
Je ne vous savais pas féru de poésie…

John Brown dit: à

Longtemps je me suis touché de bonheur… ainsi, pschitt !

Daaphnée dit: à

Ce doit être Rayuela … non ?

On trouve sur la toile cet autre extrait, poétique et sensuel:

« Toco tu boca, con un dedo todo el borde de tu boca, voy dibujándola como si saliera de mi mano, como si por primera vez tu boca se entreabriera, y me basta cerrar los ojos para deshacerlo todo y recomenzar, hago nacer cada vez la boca que deseo, la boca que mi mano elige y te dibuja en la cara, una boca elegida entre todas, con soberana libertad elegida por mí para dibujarla con mi mano en tu cara, y que por un azar que no busco comprender coincide exactamente con tu boca que sonríe por debajo de la que mi mano te dibuja.
Me miras, de cerca me miras, cada vez más de cerca y entonces jugamos al cíclope, nos miramos cada vez más cerca y los ojos se agrandan, se acercan entre sí, se superponen y los cíclopes se miran, respirando confundidos, las bocas se encuentran y luchan tibiamente, mordiéndose con los labios, apoyando apenas la lengua en los dientes, jugando en sus recintos, donde un aire pesado va y viene con un perfume viejo y un silencio.
Entonces mis manos buscan hundirse en tu pelo, acariciar lentamente la profundidad de tu pelo mientras nos besamos como si tuviéramos la boca llena de flores o de peces, de movimientos vivos, de fragancia oscura. Y si nos mordemos el dolor es dulce, y si nos ahogamos en un breve y terrible absorber simultáneo del aliento, esa instantánea muerte es bella.
Y hay una sola saliva y un solo sabor a fruta madura, y yo te siento temblar contra mí como una luna en el agua. »

John Brown dit: à

L’incipit proustien relouqué par Gombrowicz :

Longtemps je me suis toutouché de bonheur.

C.P. dit: à

Daaphnée, merci.

sipour dit: à

pour enforcer des portes ouvertes !
vous vous défoncez, là : attention! il y a d spécialistes sur ce blog, vous allez les faire sortir de leurs gonds

DHH dit: à

CP de quel texte parlez-vous ?.si c’est du passage cité par Jacques Barozzi,j’ai cru reconnaître le debut du neveu de rameau;mais je n’ai aucun moyen de verifier.dites moi si je me trompe Merci

Daaphnée dit: à

(Meilleurs voeux, cher Christian, à vous ainsi qu’à toutes vos amazones ..)

bouguereau dit: à

Longtemps je me suis toutouché de bonheur.

..bref ça veut dire que dorénavant pour toi c’est papate en rond jean marron..ha t’en fais un de samourai qu’a perdu son katana

rose dit: à

non on dit un tour de vis. Car un écrou une fois qu’il est boulonné ne bouge plus. Boulon et rondelle. Anti grippant.

bouguereau dit: à

voilà je sèche sur le rock irlandais..u2..cranberries..kabloom écoute ça quand il lit les incipit de paul ostère..je vais écouter du rock écossien, c’est mieux

C.P. dit: à

John Brown, on a fait cent fois ce qui n’est pas même une contrepèterie. On peut faire mieux : « Long, quand je me suis touché de bonheur »…

Cela m’ennuie un peu, cet oubli de la virgule après « Longtemps ». Je n’ai pas du tout nié que la phrase d’ouverture de Proust comporte à sa manière particulière un suspens.

rose dit: à

je pense vraiment qu’il apprécie la bonne chère. Sinon, il aurait été écrit il aime les plaisirs de la chair.
Un incipit est plus que la première phrase qui elle, sert d’accroche, terme racoleur quand même ! Il annonce, prévient, établit, titille.
Mais le lecteur peut être patient car la réussite de l’un n’est pas inféodé à la réussite de l’ensemble.
Et puis ribaud je l’ai souvent croisé au féminin la ribaude : je découvre ici son pendant.
Le moyen-âge a le vent en poupe.

Le vélin servait aussi de support aux cartes marines : la peau de la bête non redécoupée servait directos à établir les plans des côtes, les repères côtiers ou en mer, les amers, les récifs affleurant, plus tard les mesures de sonde.

C.P. dit: à

DHH, non, je répondais à J.Ch. Mais Daaphnée a retrouvé le titre du roman de Cortàzar et un fragment en espagnol. On doit bien retrouver l’incipit en espagnol aussi.

Bien sûr, vous avez raison pour Diderot. Je persiste à dire que la « banalité » de ces débuts est un choc malicieux.

Heureuse année à vous, à Daaphnée, aux autres personnes du (beau) sexe !

C.P. dit: à

rose, parler de « prosodie » en versification française n’est qu’une équivalence assez vague (refusée par nombre de poéticiens), s’appliquant si l’on veut aux mesures rythmiques (se terminant par un accent), alors que la poésie latine est mesurée par divers « pieds », en fonction de la variété des accents dans un groupe.

Mais j’ennuie et hop !, un petit coup de « Down in the valley » (« Birmingham jail »), dont je vous ai déjà adressé un couplet (Ecoutez, si vous le voulez, ce « traditionnel », chanté par Lew Dite de préférence, mais bien d’autres l’ont enregistré, dont Otis Redding) :

« Down in the valley the valley so low
Hang your head over hear the wind blow
Hear the wind blow dear hear the wind blow
Hang your head over hear the wind blow

Roses love sunshine… »

Mauvaise langue dit: à

Oui, beaucoup de confusion, en effet, dans votre lecture…

En dehors du décasyllabe, ce que vous dites par ailleurs me semble être de la simple mauvaise foi…

Je ne nie pas du tout que le décasyllabe épique soit en 4/6. Je n’ai jamais dit non plus que Chrétien de Troyes écrivait en décasyllabe… Je dis simplement que Proust use d’une forme rythmique avec laquelle il joue, c’est tout.

Oui, oui, il fait pas du 4/6 effectivement, il fait du 2/5/3. Et alors ?

court dit: à

scéne primitive: la défaite de Jean le Bon, pere de Charles V, provoque le brulis et la destruction des « papiers du Roi » avec lequel le monarque se déplaçait.
Conséquence sous le fils: naissance des archives royales et de la Librairie. Charles V a contribué plus qu’un autre à garder la mémoire de la France.Cela vaut bien un roman.

Je n’ai pas le catalogue de ce qui subsiste de sa « Librairie », mais il me semble bien que le livre de Jean de Salisbury ne porte pas à l’époque de titre francisé. On écrit Poli(sic)craticus.
Il faudrait aussi noter l’aspect posthume de la glorification du Roi, essentiellement par Christine de Pisan et par Cuvelier. Georges Minois a donné sur le second un Du Guesclin d’anthologie.
Ce règne qu’on pourrait croire d’ un ntellectuel enfoui dans ses manuscrits fut au contraire un règne pragmatique. Sage signifie aussi avisé, rusé… la sagesse du philosophe, certes, mais aussi celle de l’homme d’Etat responsable, qui utilise tous les moyens existants pour redresser un royaume,et manque de peu d’y réussir.

Est-ce un hasard si c’est un des rares rois intégralement respecté par l’historiographie républicaine?!
Bien à vous.
MCourt

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…Santiano – Hugues Aufray -,…

C.P. dit: à

Giovanni Sant’Angelo, oui, pas si mal adapté de :

« We’re sailing ‘cross the river from Liverpool
Heave aweigh Santiano
‘Round Cape Horn to Frisco Bay
Way out in Californio… »

Mauvaise langue dit: à

On ne voit pas d’ailleurs comment il se pourrait qu’un incipit ne soit pas banal. Citez-moi un incipit qui ne soit pas banal. Ce n’est pas le problème.

C.P. dit: à

Mauvaise Langue, vous aurez toujours raison… C’est seulement que je suis un grossier de ne pas voir nécessairement l’équivalence d’un vers dans cette phrase. Si enfin nous sommes en accord sur la virgule après « Longtemps », il y a un précipité ensuite, et cela me semble suffire. Je ne vois pas pourquoi avoir recours à un « pied » latin pour les trois dernières syllabes.
Encore une fois, je n’ai pas nié que cette ouverture constitue un curieux suspens.

Bonne soirée à vous.

Daaphnée dit: à

article 1:
ML n’a jamais tort
article 2:
s’il se prend les pieds dans un dizain qui n’existe pas, c’est que ce diz

Daaphnée dit: à

c’est que ce dizain est mal fichu.

ML est très en forme.

C.P. dit: à

Philippe Régniez, mettons quelqu’un qui étudie la poétique et les formes de la poésie au sens traditionnel, cela suffira. Le terme existe, et il n’est pas bien attirant, en effet…

« Carpincho » est certes autrement plaisant.

Mauvaise langue dit: à

Daaphnée est une mauvaise langue…

Philippe Régniez dit: à

Oui, où va se nicher la créativité…

Carpincho est plus plaisant, et meilleur à manger.

C.P. dit: à

Daaphnée, j’ai retrouvé grâce à vous l’incipit de « Rayuela », assez intriguant : « Encontraria a la Maga ? Tantas veces… »

Daaphnée dit: à

un tout petit peu … à peine

(meilleurs voeux à vous aussi, bien sûr)

renato dit: à

Le poèticien pratique l’analyse critique de la poésie Ph. R. Maintenant, si vous avez une bonne réplique c’est le moment de la sortir.

renato dit: à

Je m’attendais à quelque chose de mieux.

Daaphnée dit: à

Ah, oui, CP !
 »
¿Encontraría a la Maga? Tantas veces me había bastado asomarme, viniendo por la rue de Seine, al arco que da al Quai de Conti, y apenas la luz de ceniza y olivo que flota sobre el río me dejaba distinguir las formas, ya su silueta delgada se inscribía en el Pont des Arts, a veces andando de un lado a otro, a veces detenida en el pretil de hierro, inclinada sobre el agua. Y era tan natural cruzar la calle, subir los peldaños del puente, entrar en su delgada cintura y acercarme a la Maga que sonreía sin sorpresa, convencida como yo de que un encuentro casual era lo menos casual en nuestras vidas, y que la gente que se da citas precisas es la misma que necesita papel rayado para escribirse o que aprieta desde abajo el tubo de dentífrico. »

Oui, fi de la vie platement organisée !
Cela dit, cette filiation avec le surréalisme laisse la place à une écriture qui n’est jamais blanche comme chez les nouveaux romanciers français, ceux que je n’aime pas, puisqu’il y a cela aussi (l’extrait que je donnais avec toutes ces répétitions qui donnent rythme tout en (paradoxalement) mettant à plat) surréalisme + nouveau roman. Mais avec cette langue, la chair, des mots en déborde .
J’aime beaucoup Rayuela.

sipour dit: à

je suppose en relisant le billet qu’il y en a aussi qui ne sont pas terribles !

Mauvaise langue dit: à

Je n’ai jamais dit que c’était un pied latin. J’ai simplement dit que ça y ressemble. Pourquoi faire exprès de ne pas vouloir comprendre ce qui est dit, et partir de là.

Il ne s’agit pas d’avoir raison ou tort. Il s’agit de regarder des effets de sens produit par un jeu littéraire avecd es formes.

Vous ne voulez pas voir l’équivalent d’un vers dans l’incipit de Proust parce que vous voulez avoir une rigueur qui ici n’est pas de mise. Vous n’êtes pas grossier mais suffisant…

C’est toujours comme ça avec vous. J’y suis habitué…

Le début du Neveu de Rameau est plein de malice mais pourquoi un « choc » ? Il entame simplement une conversation avec soi et le lecteur. Il appartient à l’art de la conversation comme dans bien d’autres œuvres de Diderot.

Daaphnée dit: à

mais « banal » ou pas « banal » ?

Je pensais à l’incipit de La Meprise de Nabokov – en substance, ne t’attends pas à ce que je te raconte ..etc …- forcément qu’on a déjà lu cela qqpart! Tiens, Jacques le fataliste …
alors l’incipit …

Il y a tout de même un rythme que l’on devine aux premières phrases, comme en musique où les premières mesures augurent .. ou non.
Certains, incipit, nous attisent plus notre curiosité que d’autres .

Daaphnée dit: à

Oh, un « nous » en trop!

renato dit: à

« Une prison dans un ghetto noir ? »

C’est votre fantasme ?

sipour dit: à

Ce que répondait David Bessis , poète t mathémaicien professionnel
« Est-ce la recherche d’énoncés irréfutables qui vous motive ?

Personnellement, non. Je me fiche un peu de la vérité. Un proverbe matheux dit que lorsqu’on aboutit à la démonstration d’un nouveau théorème, il faut le laisser reposer et regarder, trois semaines après, s’il est toujours aussi vrai. En ce qui me concerne, la démonstration ne me suffit jamais. Je reste sceptique tant que je ne me suis pas approprié l’objet. Les articles de mathématiques sont remplis de démonstrations. On peut les suivre ligne à ligne, être à peu près convaincu de leur exactitude et, pourtant, ne rien y comprendre. Du coup, pour soi, ils demeurent dans un purgatoire où ils ne sont ni vrais ni faux même si, formellement, ils ont l’air vrai.

Philippe Régniez dit: à

« … y que la gente que se da citas precisas es la misma que necesita papel rayado para escribirse o que aprieta desde abajo el tubo de dentífrico. »

Vraiment très fort, poésie insoutenable, et quelle profondeur…

Mauvaise langue dit: à

Un incipit est point stratégique du roman, légitimer d’une manière ou d’une autre le passage du silence à la parole, le fait de prendre la parole. Il s’agit de justifier un pur hasard qui, par nature, est injustifiable. Voilà l’enjeu d’un incipit. Chaque écrivain a une manière à lui de répondre à ce défi. Il n’y a pas de règle, il n’y a qu’un enjeu qui relève aussi d’un jeu.

Daaphnée dit: à

[Philippe Regniez, lisez-le en entier, ce Rayuela, vous nous direz! En plus, on peut le lire dans l’ordre, dans un desordre organisé (un jeu de marelle) voire dans un ordre très personnel …
Oulala ! Je sens que cela va vous perturber !]

C.P. dit: à

Daaphnée, j’avais mis des guillemets à « banalité ». Mauvaise Langue d’un côté dit que tout incipit est banal, d’un autre il insiste sur une « prosodie » de la première phrase de Proust. Bien simplement, les phrases suivantes prennent peu à peu élan et ampleur, jusqu’à la fin de l’alinéa (sa dernière phrase est de dix lignes : « Je me
demandais…/… la douceur prochaine du retour. ») et bénéficient, je crois, de la cursivité de la première.

sipour, votre commentaire m’a beaucoup intéressé : il m’a fait -indirectement, c’est vrai- penser à André du Bouchet disant : « Axiome de la poésie : que cela soit indémontrable et jamais gratuit. »

Mauvaise langue dit: à

Et alors, ce n’est pas contradictoire du tout.

Banalité du sens et prosodie de la forme. Pourquoi vouloir y voir forcément une contradiction ?

Banalité ou plutôt énigme. Pourquoi cette précision : « Longtemps » ? Pourquoi cette autre : « de bonne heure » ? Quelle est l’importance de se coucher de bonne heure ou pas ? L’énoncé est banal mais cette banalité fait tout autant énigme. La modernité n’a-t-elle pas justement pour ambition de montrer que ce qui est banal est tout autant énigmatique. Le psychanalyste Sami Ali s’y est justement intéressé dans son livre « Le banal », où il analyse de nombreuses œuvres modernes. La pharse de Proust me semble tout à fait répondre aux interrogations sur l’art de Sami Ali. C’est très différent de l’incipit du Neveu de Rameau qui ne contient pas ces enjeux inconscients que Sami Ali détecte dans l’art « banal ».

Il y aurait d’ailleurs, à mon avis, une grande réflexion à mener sur la banalité (qui pourrait aller des réflexions de Sami Ali jusqu’à celles de Hannah Arendt sur la « banalité du mal ») pour essayer de comprendre le XXè siècle. Et l’incipit de la Recherche en ferait partie sans aucun doute.

Philippe Régniez dit: à

Malheureusement l’extrait que vous avez cité plaide en sa défaveur, on sent trop les ficelles d’un faiseur, et puis vous savez les tourments existentialistes des nombrilistes…

Mauvaise langue dit: à

Certes, mais ce n’est qu’une autre façon (et un peu alambiqué, je trouve) de dire que la poésie ne se prouve pas, qu’elle se ressent, et qu’elle est l’expression exact d’un mystère.

Du Bouchet a heureusement écrit des choses plus profondes que celle-là…

C.P. dit: à

Philippe Régniez, tout de même, vous provoquez, touchant Cortazàr ! Il a écrit ce que l’on appelle par tradition des « poèmes », et n’abuse pas par ailleurs, comme critique de lui-même, de l’expression « prose poétique ». Il est aussi coutumier de l’humour défensif qu’est le retour aux « realia », comme dans le cas que vous relevez. C’est un exemple d' »attelage » rhétorique tout à fait réjouissant (un retour à la terre de la « Marelle », si vous voulez), que ses lecteurs connaissent bien, dans ses romans et ses nouvelles.

Philippe Régniez dit: à

C.P. Si ce genre de choses vous plaît, aucun problème.

Cependant j’aimerais savoir dans le tableau présenté en illustration où figurent D et Thierry. Sont-ce les deux pendus qui jamais dans leur solitude ne pourront se rencontrer, ou sont-ce les deux compères qui galopent en riant et en se défiant devant les horreurs du monde ?

Mauvaise langue dit: à

Mais la vérité en mathématiques est très spécifique. Elle n’a rien à voir avec la « vérité » dont parlent les œuvres littéraires.

En mathématiques, la vérité découle des axiomes. C’est un système très rigide. C’est sans rapport avec le monde réel d’un point de vue purement épistémologique.

Et depuis Gödel, on sait que tout système logique produit une proposition indécidable, dont on ne peut pas dire si elle est vraie ou fausse.

C’est infiniment plus complexe dès qu’on aborde les vérités de l’existence humaine et des énoncés qu’on trouve dans les romans.

C.P. dit: à

Mauvaise Langue, je vous écoute, mais je crois qu’il y a autre chose (de plus, ou de moins) que le ressentiment d’un « mystère » dans « jamais gratuit ». Au reste, je n’oublie pas que vous connaissez bien le travail d’André du Bouchet.

Mauvaise langue dit: à

Bien sûr qu’il n’y a pas que du « ressenti ». Du Bouchet parle de l’être/l’Être. Le mystère de l’Être. Mais ce qu’il dit de manière apparemment très scientifique ne va pas plus loin que ce qu’on a toujours dit de la poésie depuis les Grecs. Je ne vois pas ce qu’il y aurait en plus dans sa phrase.

Mauvaise langue dit: à

Enfin, il y aurait beaucoup à dire précisément sur cette notion de « non gratuité » de la poésie justement.

À mon avis, ce qui « est » chez Du Bouchet, c’est plus à prendre au sens d’ensemble des événements comme l’Être défini par Wittgenstein dès le début du Tractatus qu’au sens grec et heideggérien du terme « Être ». Vaste problème.

C.P. dit: à

Mauvaise Langue, en effet « de bonne heure » engage quelque chose : le premier alinéa se développe à partir d’un réveil après une demi-heure, et dès lors le narrateur revient aux livres lus, écoute siffler un train, ne sait plus quelle heure il est, avant de réfléchir à l’insomnie des malades, puis d’évoquer d’autres courts réveils, certains érotiques, et évidemment d’associer à ses souvenirs ses rêves. « Un homme qui dort tient en cercle autour de lui… ». Si je ne me trompe, les neuf premiers alinéas sont consacrés à cela, avant le blanc qui précède  » A Combray… », … et le re-départ sur le coucher difficile de l’enfant.

C.P. dit: à

Mauvaise Langue, ici je ne sais pas (et ne suis pas philosophe). Vous avez sans doute raison. J’ai pris la non-gratuité comme une espèce de garantie contre les « impostures de la poésie » (aurait dit Roger Caillois). Peut-être cette « garantie » rejoint-elle en partie ce que vous suggérez.

Mauvaise langue dit: à

Nous nous rejoignons alors, parfait. Il pose d’abord une énigme et ensuite l' »explicite », en prenant le mot au sens étymologique, c’est-à-dire qu’il la déplie et se faisant ne la résout pas mais l’approfondit.

Vous en énoncez en effet les différentes éléments, les différents « plis » faudrait-il peut-être dire, comme les plis sur l’oreiller.

Il faudrait peut-être alors se servir du concept de « pli » cher à Deleuze (même s’il l’a employer pour parler de tout autre chose) pour rendre compte de cette composition poétique du début de la Recherche.

Mauvaise langue dit: à

Je pense que ce n’est pas clair non plus chez Du Bouchet lui-même.

Je ne pense pas, pour ma part, que Du Bouchet sache lui-même s’il parle de l’Être au sens grec dans la tradition venant de Hölderlin ou s’il parle comme s’il avait assimilé sans le savoir la vision qu’a de l’Être Wittgenstein, qui est très différente et qui semble rayer d’une phrase toute la tradition grecque dès la première proposition du Tractatus.

Mais il y a bien des éléments qui militent dans ce sens de Wittgenstein chez lui comme, pour partir des choses les plus simples, le fait qu’il composait ses poèmes en marchant, qu’ils étaient donc comme des événements en mouvement en réaction au paysage souvent montagneux qu’il avait devant lui dans ses promenades.

C.P. dit: à

Mauvaise Langue, je vais vous quitter. Nous sommes en accord en tout cas sur le fait que la première phrase, qu’elle soit lue avec une recharge poétique ou non, lance et motive la grande ouverture qui amène peu à peu des souvenirs locaux, des chambres, des lieux visités… et Combray (y compris -par précaution ?- ce qu’on a seulement raconté au narrateur, et qui fait l’objet de « Un amour de Swann »). Plis des draps, éveils, éveil plus complet, reconnaissance de la chambre « actuelle » après des erreurs, mémoire… Situer le « longtemps » dans la vie du narrateur est moins important (et il y a dans « La Recherche » des incertitudes chronologiques, ou des relations de temps pas complètement nettoyées, il n’importe ici). Je comprends bien l’analogie avec les plis de Deleuze, sinon avec l’usage un peu facile du « surf » et des surfeurs. Mais Deleuze parle de ceux-ci en souriant, je crois…

Sur Du Bouchet, L’exemple du mouvement physique et poétique « composant » avec les choses simples est convaincant. On a tant abusé du mot « authentique »…

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…les éléments du rythme poétique en anglais moderne,…par Georges Faure,…

…une piste pour nos vernis de culture,…moi j’ai aussi autre chose à penser,…que de me cloîtrer dans ses recherches « pointues »,…

…Robespierre , Danton,…ou sont passer nos merveilleuses et extraordinaires,…si,…il en reste,…des échantillons,…of course,…
…etc,…

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…les éléments du rythme poétique en anglais moderne, par Georges Faure,…

…une piste pour les intéressés,…etc,…

DHH dit: à

CP et ML
vos echanges sont à la fois reconfortants et inquietants:
reconfortants car il replacent la RDL sur les sommets souvent perdus de vue de la vraie reflexion litteraire.
Inquietants car ils tiennent du pilpoul et s’enlisent dans la sterilité du debat d’initiés , »qui pesent des oeufs de mouche dans des balances de toile d’araignée »,debat qui finit par n’avoir de sens que pour eux .
il faut toujours avoir en tête que quand on va au fond des choses on y reste

ueda dit: à

Salut à vous, Mauvaise Langue

Vous écrivez ceci:

« 1. Je ne pense pas, pour ma part, que Du Bouchet sache lui-même s’il parle de l’Être au sens grec dans la tradition venant de Hölderlin ou s’il parle comme s’il avait assimilé sans le savoir la vision qu’a de l’Être Wittgenstein, qui est très différente et qui semble rayer d’une phrase toute la tradition grecque dès la première proposition du Tractatus.

2. À mon avis, ce qui « est » chez Du Bouchet, c’est plus à prendre au sens d’ensemble des événements comme l’Être défini par Wittgenstein dès le début du Tractatus qu’au sens grec et heideggérien du terme « Être ». Vaste problème. »

Je me sens assez profondément en accord avec vous sur un point, c’est que c’est un vaste problème..

Il me semble que:

1. Wittgenstein n’a que faire de la notion d’Être, si vous vous référez aux premières proposition du TLP.
« Was der Fall ist » n’est pas non plus un événement.

(Tout cela est suspendue à une conception représentationnelle du langage (ou imageante: Bild) qui n’a pas manqué de s’effondrer sous ses propres contradictions.
Inutile d’aller y chercher une « ontologie » qui ne s’y trouve pas).

2. Dans la mesure où Heidegger a une conception de l’Etre qui lui est propre, elle n’est plus celle des Grecs (sauf sous la forme fantasmée qu’il attribue rétrospectivement aux pré-socratiques).

Jacques Barozzi dit: à

« la poésie ne se prouve pas, elle se ressent, elle est l’expression exacte d’un mystère. »

Ce qui devrait faire taire les vaines querelles explicatives des professeurs, des analystes de textes, des critiques de la forme et du sens.
Tout le monde sait que l’écrivain attend que « la première phrase » surgisse de l’intérieur, du plus profond de lui même. On peut appeler cela l’inconscient, si l’on veut. Mais c’est un peu comme le « la » en musique, cette première phrase, c’est le fil qu’on tire et qui va ordonner, permettre de dérouler, toute la narration à venir, jusqu’à la chute finale ou la non-chute. C’est selon. Quand l’écrivain « reconnait », par intuition plus que par raison, la justesse, la vérité, l’exactitude (vous pouvez toujours dire la banalité) de cette première phrase, il pourra alors poursuivre son labeur, adoptant la même rigueur dans ses phrases suivantes et préférant toujours la simplicité vraie à l’artifice mensonger caractéristique des faux monnayeurs…

ueda dit: à

Mais je comprends très bien que l’on puisse être fasciné par les incantations logicistes de ce livre.

Après tout, si vous aimez considérer Du Bouchet en philosophe, rien ne vous interdit de voir dans le premier LW un poète. C’est bien mieux, en effet, que d’en faire un chapitre oublié de l’histoire de la philosophie…

ueda dit: à

Jacques Barozzi dit: 7 janvier 2013 à 9 h 15 min
« la poésie ne se prouve pas, elle se ressent, elle est l’expression exacte d’un mystère. »
Ce qui devrait faire taire les vaines querelles explicatives des professeurs, des analystes de textes, des critiques de la forme et du sens.

Est-ce bien raisonnable?
Est-ce bien le moment de mettre à la rue des corporations professionnelles entières dans une année 2013 qui s’annonce si difficile?

« L’interprétation pour tous », ce serait un mot d’ordre un peu démagogique, d’accord, mais la priorité est de sauver l’emploi.

W dit: à

Ne trouvez-vous pas qu’exceptés les travailleurs qui paient de leur personne de leurs jours rudes inconfortables sans issue de secours et quelques autres qui sont là et dont le role consiste à « organiser »et de quelques supplémentaires qui récoltent il n’y a que des artistes en tout genre qui « font oeuvre » d’une façon ou d’une autre,à dresser l’inventaire,à sonder analyser décortiquer tous les termes de l’énoncé et que terminé le travail les memes déménagent et replient la marchandise comme des vendeurs de pacotille pour un villégiature dont ils garderont comme un secret l’adresse?

Jacques Barozzi dit: à

ueda, on manque de personnel dans le secteur du batiment et dans les emplois de service : restauration, aide à la personne, propreté, etc…

Jacques Barozzi dit: à

CP, aide ménagère et ML plombier ou inversement ?
Mais que faire du petit ueda !

W dit: à

Ceci avancé ,les choses sont bien trop complexes et étendues pour s’arroger le droit à un résumé qui effacerait les variantes,les nuances,les diversités,les particularités;plus aucun schéma ne peut correspondre à ce monde qui s’offre en matrice à toutes les reflexions ,le fait est qu’au lieu d’avancer ,de progresser vers un mieux pour plus d’individus après toutes ces philosophies,ces études,ces propositions,ces investigations,ces intelligences traduites en effets et mises à disposition du plus grand nombre,un sentiment d’arret sur capital et retour en arrière.

DHH dit: à

nouvel essai d’envoi d’un commentaire incomprehensiblement sucré par la modreratio:
CP et Ml
vos echanges de cette nuit sont à la fois reconfortants et inquietants
Reconfortant parce qu’ils se placent,en fait d’analyse litteraire sur des sommets soubent perdus de vue des habitués de la RDL
inquietants,car vos debats tournent au pilpoul,et qu’ils s’enfoncent dans la sterilite qui caracterise l’esprit de ces de gens ‘qui pesent des oeufs de mouches dans des balances de toile d’araîgnée » et dont les propos finissent par perdre toute intelligibilité en dehors de leur champ clos
N’oublions pas que quand on va au fond des choses on y reste ,

John Brown dit: à

Fantasmatique à souhait, ce tableau de Joseph Thierry : des cavaliers chevauchent une houle ; le ciel est un suaire crevé d’abcès ; des foules se pressent sous les pendus; certains d’entre eux ne sont pendus à rien.

J.Ch. dit: à

bravo, CP : Marelle, roman unique dans la forme

John Brown dit: à

Cauchemardesque à souhait, cette toile de Joseph Thierry : des cavaliers chevauchent une houle ; le ciel est un suaire crevé d’abcès; des foules se pressent sous les pendus; certains d’entre eux ne sont pendus à rien; le tout baignant dans une lumière crayeuse d’aube de fin du monde.

DHH dit: à

peut-on connaître les criteres de filtrage appliques par le moderateurs ?pour ma part je ne m’explique pas que la quasi totalité des posts que j’ai envoyés sur la nouvelle RDL depuis sa miseen place n’aient pas été jugés eligibles à la publication

Alcofribas dit: à

Nos analystes littéraires seraient bien en peine d’occuper, même à mi-temps, ces postes exigeants, pénibles, où il faut travailler dur…

Jacques Barozzi dit: à

Précisons que, contrairement à ce qui a souvent été écrit, le gibet de Montfaucon, surnommé « Fourches de la grande justice », était érigé non pas à l’emplacement de l’actuel parc des Buttes-Chaumont, mais plus au sud, entre la place Stalingrad et la place du Colonel-Fabien.

Jacques Barozzi dit: à

Tout à fait, JB. Le carrosse semble chevaucher la mer déchaînée et ce ciel menaçant évoque la colère de Dieu !
Colère contre les pauvres pécheurs pendus ou contre la justice (in)humaine ?

Jacques Barozzi dit: à

Eric Chevillard lirait-il la RDL ?
Voilà ce qu’il écrit dans son blog :

« Nous savons que les écrivains, par jeu, par ruse, par honte, par inversion puis diversion, mentent souvent sur le sexe de leurs personnages (les peintres aussi, d’ailleurs, puisque Mona Lisa serait en réalité un solide batelier florentin) : l’Albertine de Proust répondait d’une voix plus grave au prénom d’Albert ; Emma s’appelait Gustave.
Or si certains de ces masques sont transparents, il en reste quelques-uns à arracher. Don Quijote ? No ! Doña Quijota ! Ulysse ? Cette vieille Lucie ! Romeo et Juliette ? Renato et Julia. K. ? TKT. Et Lolita ? C’était Raoul.
Quant à Blanche-Neige, je l’ai vu, le boug, large d’épaules et noir de poil, qui courait les bois avec ses sept naines. »

bouguereau dit: à

il ne tient qu’à toi de vraiment mettre au point ta machine a effroi, de peaufiner ta vérole cosmique à la peau de requin et tes crépuscule mordorés au polissoir d’agate jean marron..sais tu qu’on trouve sur internet tout un tas de site pour s’équiper en lutrin, feuille dor et même en pigment au plomb pour une trés sainte intoxication

bouguereau dit: à

blog de mêêêêêrde

ueda dit: à

« Et je ne suis pas sûr que Verdier ait été bien inspiré de conclure sa quatrième de couverture en soulignant que cette histoire suggère « une méditation sur l’avènement contemporain du numérique ».

La « méditation » chez les critiques littéraires!
Signe infaillible qu’il faut prendre ses jambes à son cou.

– Alors, tu es enfin allé la voir, cette mise en scène de « Rodogune »?
– On m’y a traîné…
– C’est quand même une superbe méditation sur le pouvoir!
– Ouais… C’est vrai pour tout. Pour « Godot » aussi bien, ou tout ce qu’on voudra. C’est toujours une « méditation sur le pouvoir », sur « l’inconsistance des choses », etc…Tu vas au théâtre pour méditer, toi? Dans le noir et à plusieurs?… Je préfère ne pas ramasser les copies.

DHH dit: à

ce blog a une gestion surprenante .des commentaires que j’ai postés ce matin(7 janvier) et que je croyais écartés par la modération figurent bien en fait dans le fil du billet ,mais noyes au milieu de commentaires d’hier(6 janvier) et surtout se retrouvent antérieurs aux echanges ML CP,sur lesquels ils portent ,ce qui les rend inintelligibles.

ueda dit: à

Un deuxième café

J’ai cliqué le lien.
Aujourd’hui, l’éditeur d’un livre « exigeant » ne ne contente plus du blurb habituel.
Il engage un khâgneux, un agrégatif, un maître de conf’!

Voyez ces tirets et ces doubles points, le travail a déjà été fait, et les cancres peuvent retrouver leur dignité: le « bon papier » à la portée de tous, M. Régniez:

« En plongeant le lecteur dans l’univers du Moyen Âge, ce roman en forme de parabole met le doigt sur des notions on ne peut plus contemporaines :
– la préfiguration de la presse moderne, de l’accélération de l’information (…) ;
– la contrefaçon, le plagiat, (…) ;
Mais surtout :
– il restitue l’ombre de l’imprimerie planant sur le XIVe siècle finissant, la mort du codex (…);
– en filigrane, pour notre époque, les révolutions se répétant, ce récit évoque l’émergence du numérique (…). »

C’est tellement bon que c’est le programme qui donne l’impression d’avoir été écrit d’abord, le roman s’efforçant tant bien que mal de l’illustrer, en respectant les délais.

(En ce qui me concerne; comme j’ai l’impression d’avoir tout compris grâce à cette remarquable fiche de lecture, l’urgence de l’achat a baissé de plusieurs crans sur ma Priority List.)

Buona giornata!

DHH dit: à

cela devient ubuesque
mes commentaires d’aujoud’hui ,d’abord evanouis, sont apparus,mais à une mauvaise place ,puis à la bonne place,puis ont de nouveau disparu.
pourquoi? et cela s’ajoute à tous mes post qui depuis le debut de cette nouvelle RDL n’ont pas été jugés dignes de figurer dans le fil.Une fatwa contre moi?

renato dit: à

La bocca sollevò dal fiero pasto

John Brown dit: à

« Nous savons que les écrivains, par jeu, par ruse, par honte, par inversion puis diversion, mentent souvent sur le sexe de leurs personnages (les peintres aussi, d’ailleurs, puisque Mona Lisa serait en réalité un solide batelier florentin) : l’Albertine de Proust répondait d’une voix plus grave au prénom d’Albert ; Emma s’appelait Gustave. »

Et Daaphnée, il s’appelle comment ?

John Brown dit: à

« entre la place Stalingrad et la place du Colonel-Fabien »

ça ne m’étonne pas ! Prophétique, eût dit le Père Joseph (pas Thierry, l’autre) qui fut, comme on sait, un pieux séminariste, avant de se consacrer à la rédemption du prolétariat.

Alcofribas dit: à

Hercule

Thierry Kron dit: à

Jaques Barozzi: je fais partie des gens, nombreux puisque ce n’est pas une invention ponctuelle ou un sentiment personnel, que les personnages d’un roman sont construits sur diverses observations faites dans la vraie vie, sur divers personnages rencontrés ou seulement observés par l’Auteur. Une fiction est comme une traduction, c’est toujours autre chose que la réalité, Cette dernière tient plutôt du millefeuille, que disons, une pâte qui ne serait qu’eau et farine.
Expliquer LRdTP par le « gender » des personnages ou leurs activités diverses et diversifiées, me semble un peu facile. Il est toujours facile de faire fonctionner les commodes à tiroirs. Cela s’appelle se reposer sur les clichés, c’est à dire sur ce qui est rarement derrière l’apparence et jamais, sur ce que les voyeurs ou regardants pensent trouver sans se fatiguer.

John Brown dit: à

« Aujourd’hui, l’éditeur d’un livre « exigeant » ne ne contente plus du blurb habituel.
Il engage un khâgneux, un agrégatif, un maître de conf’! »

Le khâgneux et l’agrégatif, ça m étonnerait : ils n’ont pas encore décroché la peau d’âne-sésame. L’éditeur, mais aussi la presse intello : voyez le « Magazine littéraire » : il fonctionne presque uniquement à l’universita

C.P. dit: à

Chère DHH, ces échanges n’ont pas une telle importance. Je crois que l’on vient ici pour se distraire un peu de travailler (car je travaille, et beaucoup, après tout), de lire et d’écrire.
Il n’y avait pas que le débat tardif avec Mauvaise Langue, hier soir. Et l’on n’est pas obligé de me lire. Je me suis laissé embarquer du côté de l’incipit de « La Recherche » parce que celui que donnait Pierre Assouline dans son billet ne me disait pas grand-chose. Mais je n’ai pas lu la suite de ce court roman, c’est vrai. Bah ! Je peux aller tâter le livre à la FNAC et m’asseoir deux heures. Les employés sont indulgents.

« Tu verras bien qu’il n’y aura pas que moi
Assis par terre comme ça… »

En réalité, ce qui m’intéresse le plus vivement aujourd’hui, c’est le JOURNAL 1942-1944 de Jacques Lemarchand, que Claire Paulhan a édité et qu’elle vient de m’envoyer. Mais j’ai du plaisir aussi à venir écouter des commentaires sans en faire et, franchement, je n’interviens pas très souvent.

Jacques Barozzi dit: à

DHH, pour que votre commentaire figure à la bonne place, pensez au préalable à « répondre » au dernier intervenant !

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