Patrick Modiano à Stockholm ou le discours d’un roi
Une ovation debout, d’une durée inhabituelle en de tels lieux, a salué le discours de réception du prix Nobel de littérature prononcé par Patrick Modiano ce dimanche en fin d’après-midi dans les locaux de l’Académie suédoise à Stockholm. Il est vrai que l’exercice a rarement donné lieu à tant d’humilité dans l’expression de la pensée, mêlée à une telle qualité dans l’écriture. Il se déroula selon la tradition, c’est à dire sans protocole particulier ni lambris ostentatoires, l’écrivain se tenant debout derrière un pupitre sur une estrade, face à quelques centaines d’invités, de personnalités suédoises et de journalistes venus de partout, les uns et les autres suivant sur une copie du texte dans leur langue remise juste avant à l’entrée (vous pouvez voir et écouter ce discours dans son intégralité ici ou si vous préférez le lire ici)
Aussi émouvant qu’ému, éprouvant une puissante appréhension à l’idée de se retrouver pour la première fois devant une si nombreuse assemblée (généralement, son bégaiement et le processus d’inachèvement de ses phrases s’enclenchent dès qu’il doit faire société avec plus de deux personnes à la fois), il s’avoua d’emblée comme relevant de la catégorie des romanciers plus doués à l’écrit qu’à l’oral, ce qui est un euphémisme s’agissant du plus célèbre hésitant de France. Lui qui a une forte conscience d’appartenir à ce qu’il appelle « une génération intermédiaire« , il s’est dit d’une époque au sein de laquelle on ne laissait pas parler les enfants ; et quand on les laissait, on ne les écoutait pas ; d’où sa volonté d’écrire. Puis il a évoqué le travail du romancier, s’aidant de nombreuses métaphores, picturales, musicales, artisanales, en tout cas artistiques, un travail proche de celui du fresquiste, solitaire et haut perché.
Il fut question du livre comme d’une longue fuite en avant, de la distance à laquelle se tient le romancier, de son pouvoir d’identification à ses personnages (et tant pis si Flaubert n’a jamais vraiment dit « Mme Bovary, c’est moi »), de l’invisible complicité entre le lecteur et l’auteur, de sa propre vocation de poète raté (« c’est avec de mauvais poètes que l’on fait de bons prosateurs »), de la topographie des métropoles et de l’influence des « plis sinueux des grandes capitales « (Baudelaire) sur l’imaginaire des écrivains, de son enfance énigmatique avec ses lieux et ses personnes mystérieuses qui constituèrent la matrice de son oeuvre, de la rêverie et du somnambulisme, des nouvelles incertitudes de la mémoire d’aujourd’hui, et de sa propre naissance due au Paris de l’Occupation. Outre Mandelstam et Edgar Allan Poe, il cita « Les cygnes sauvages à Coole » (The Wild Swans at Coole, 1916), un poème de Yeats, l’une de ses grandes admirations :
« Le dix-neuvième automne est descendu sur moi/ Depuis que je les ai comptés pour la première fois ;/ Je les vis, avant d’en avoir pu finir le compte/ Qui (et non : ils) s’élevaient soudain/ Et s’égayaient en tournoyant en grands cercles brisés/ Sur leurs ailes tumultueuses/ Mais maintenant ils glissent sur les eaux tranquilles/ Majestueux et pleins de beauté./ Parmi quels joncs feront-ils leur nid,/ Sur la rive de quel lac, de quel étang/ Enchanteront-ils d’autres yeux lorsque je m’éveillerai/ Et trouverai, un jour, qu’ils se sont envolés ? Le dix-neuvième automne est descendu sur moi/ Depuis que je les ai comptés pour la première fois ;/ Je les vis, avant d’en avoir pu finir le compte/ Ils s’élevaient soudain/ Et s’égayaient en tournoyant en grands cercles brisés/ Sur leurs ailes tumultueuses/ Mais maintenant ils glissent sur les eaux tranquilles/ Majestueux et pleins de beauté./ Parmi quels joncs feront-ils leur nid,/ Sur la rive de quel lac, de quel étang/ Enchanteront-ils d’autres yeux lorsque je m’éveillerai/ Et trouverai, un jour, qu’ils se sont envolés ? » (Traduction de Jean-Yves Masson, tirée de l' »Anthologie bilingue de la poésie anglaise », La Pléiade)
Il eut également une pensée pour « mon cousin lointain Amedeo Modigliani », parenté dont on se souvient pas qu’il l’ait souvent citée, peut-être parce que cela le ramène à son propre frère disparu, Rudy Modiano, sa blessure la plus intime, enterré à quelques tombes du peintre : on ne peut regarder l’une sans apercevoir l’autre dans la perspective. Patrick Modiano n’aura jamais été aussi loin dans le dévoilement de son art poétique. Il l’a fait avec un luxe de détails, une précision, une finesse, une discrète culture et une intelligence rares dans ce genre d’intervention officielle.
Au fond, et c’est lui qui la premier qui en a fourni la clef en rendant hommage à Eugène Sue, on pourrait ceindre l’ensemble de son oeuvre d’un bandeau « Les mystères de Paris ». Une vingtaine de romans pour dire la forme d’une vie à travers la forme d’une ville, les siennes, ville à laquelle il doit tout et qui lui devra tant. Vêtu d’un strict costume noir, le cou noué d’une cravate noire sur sa chemise blanche, il lut son texte calmement, d’un trait, face à un public au premier rang duquel on reconnaissait sa femme, ses filles, les Gallimard, Bernard Pivot…. « Confusion » et « brouillard » furent bien prononcés, mais pas un seul « c’est bizarre… ». Et pas la moindre hésitation. Le roi Modiano avait réussi son premier et dernier grand discours.
Samedi, lors de la traditionnelle conférence de presse, le 15 ème Français récompensé par le prix Nobel de littérature, 69 ans, s’était lancé dans une surprenante digression sur les rapports entre la littérature et l’internet. Se montrant optimiste sur la capacité des lecteurs à trouver « des choses romanesques » sur la Toile, il a rappelé son appartenance à une génération de l’immédiat après-guerre pour laquelle la lecture était plus facile car « le temps était interminable », situation plus propice à la rêverie dont on sait qu’elle s’harmonise mieux avec l’imaginaire, donc la littérature. Les réseaux sociaux n’étaient d’ailleurs pas absent de cette analyse dont il n’est guère coutumier, du moins publiquement, en estimant que la part de mystère propre à leur imaginaire avait partie liée avec … le roman policier ! (et pourquoi pas…). On ne voit guère Patrick Modiano face à un ordinateur. Lui-même reconnaît que l’instrument lui oppose une certaine résistance : « J’ai cherché à savoir ce que quelqu’un était devenu, mais Internet ne me donnait pas de réponse», a-t-il avoué avant de se lancer dans un développement bien dans sa manière sur le rôle à venir de la mémoire dans un monde dominé par le culte de l’immédiat où tout disparaît tout le temps avant de réapparaître sous forme fragmentée. .
Prochaine étape : mercredi toujours à Stockholm pour recevoir le prix des mains du roi de Suède, Carl XVI Gustaf, en même temps que les autres lauréats 2014, à l’exception de ceux de la paix qui le reçoivent à Oslo. Une mondanité après le plus difficile : l’écriture de ce qui demeurera comme l’un des plus beaux « Discours de Suède ».
(Photo ANDERS WIKLUND )
700 Réponses pour Patrick Modiano à Stockholm ou le discours d’un roi
Revenons sur Terre …
Restons avec Modiano, c’est du sérieux !
Beau discours très modianesque, cela nous change des braillards, enfin
« C’est avec de mauvais poètes que l’on fait les prosateurs. » (Modiano)
Ça se discute, mes petits chéris… Et Baudelaire, hein ! Ou alors, Baudelaire ne serait pas un prosateur ? Qu’est-ce à dire ?
Hommage à Eugène Sue ? Bien. Parfait.
Pourquoi oublier, laisser dans l’ombre, son maître Félix Pyat, auteur du grand roman dramatique : « Le Chiffonnier de Paris ».
Merveilleusement illustré par Louis Tinayre dans la vieille édition Fayard, page 33. Gore à mort. L’ivrogne, qui n’a pu empêcher le crime, commis sous ses yeux :
« Maudit vin ! J’ai bu le sang d’un homme ! »
Rions mes frères de toutes ces vieilleries, de tout ce non-sens !
Ce qui est étonnant dans le discours de Modiano, c’est qu’il parle du Paris de l’Occupation comme s’il y avait été… Il y a là quelque chose d’irréaliste, qui donne à penser. On ne comprends pas où il peut trouver la légitimité de tels propos sur Paris sous l’Occupation dans un tel discours. Dans ses romans, on comprends, là on ne comprend plus.
Que dit-il en vérité en disant cela ? Il dit quelque chose d’extrêmement mystérieux. On ne sait pas ce qu’il veut dire. À mon sens, de tels propos ne peuvent signifier qu’une chose. Contrairement à ce qu’il dit, à ce qu’il croit, il nous dit qu’il appartient à une génération sans histoire, qui se sert de l’histoire des autres pour dire la fin de l’histoire. J’ai ce même sentiment. Être hanté par l’histoire des autres parce que né dans un monde que l’histoire a quittée. L’histoire n’est chez lui que le paravent d’un grand vide. C’est de ce vide en réalité qu’il nous parle.
Michel…. tu penses…. que le…. vide…. c’est nobélisable ?….
Oui, ce vide-là ! C’est un vide métaphysique.
Ne soyons pas bégueule : nous avons un Nobel qui bégaie dont tout le monde se fout, une Miss cht’i d’un mètre quatre-vingt, deux Mistral sur les bras, un président normal, un perdant agité qui croit gagner.
Tout va bien.
…
…il se fait un peu de fric,…avec la mode du souvenir , les récents, les passés,!…
…
…c’est pas avec çà,!…que les soucoupes volantes à l’hélium vont nous obéir aux doigt et à l’oeil,!…
…
…je reste très techniques dans les lectures,!…j’ai pas de sensibilités à faire fleurir aux Nobel ou autres Oscar,!…
…
…je préfère l’écriture utile immédiate c’est tout,!…
…assez d’imagination déjà,…pour imaginer les imaginable invisibles à côtoyez l’air de rien,!…etc,!…
…
…finissez le post précédent,…déjà,!…
…
Il était visiblement ému, et c’était émouvant de le voir ému. C’était en effet un très beau discours sur la mémoire en ce début de XXIè siècle.
Mais peu de rapport avec ce qui était annoncé du discours de Modiano, qui devait être sur la censure… C’était n’importe quoi, ces propos de journaliste !
Son allusion au fameux poème de Mandelstam était également très émouvante.
le discours d’un roi ? diable, il y a des bégaiements à ne pas confondre.
LENINGRAD
J’ai regagné ma ville connue jusqu’aux larmes,
Jusqu’aux veinules, jusqu’aux glandes d’enfants qui s’enflamment.
Te voilà de retour : avale donc en hâte
L’huile de foie de morue des fanaux de Leningrad !
En hâte reconnais les jours brefs de décembre
Où au goudron fatal le jaune d’œuf s’assemble.
Pétersbourg ! Je ne veux pas être déjà mort :
Mes numéros de téléphone, tu les as encore.
Pétersbourg ! Des adresses encore je me souviens,
Où je peux retrouver les voix de mes défunts.
Je vis dans l’escalier noir, et tinte dans mon crâne
La sonnette arrachée au mur avec le plâtre,
Et, la nuit, je remue la chaîne de la porte
Tel un forçat ses fers, en guettant mes chers hôtes.
(Décembre 1930)
(traduit par Henri Abril)
un vide métaphysique ? oui, un vide sidéral plutôt.
https://www.youtube.com/watch?v=4XzoyC-Rt5U
Le plus bouleversant, c’est la fin du poème de Mandelstam :
Je vis dans l’escalier noir, et tinte dans mon crâne
La sonnette arrachée au mur avec le plâtre,
Et, la nuit, je remue la chaîne de la porte
Tel un forçat ses fers, en guettant mes chers hôtes.
Ce qui est émouvant surtout, c’est la symbolique très forte de voir l’auteur de « Dora Bruder » reconnu universellement par ce prix Nobel plénétaire. La petite jeune fille, morte sous l’Occupation allemande parce qu’elle était juive, ressuscite à nouveau un instant dans cette heure de gloire du discours de Stockholm. A travers la voix de Modiano, c’est elle qui parle ainsi que tous les personnages ambigus de ce vaste théâtre d’ombres qu’est l’oeuvre de l’écrivain.
Beau discours, très émouvant!
Modiano dit aussi ce deuil impossible qui appartient à sa génération (la mienne aussi même si je suis né quelque dix ans après lui).
C’est aussi ce qu’écrit Jean-François Hamel dans Revenances de l’histoire à propos des poétiques de la répétition :
« Rien n’indique donc que les récits psychanalytiques soient dépourvues de l’ambivalence des poétiques de la répétition qui paraissent ne jamais arriver à définitivement accomplir le travail de deuil qui « consiste à établir une séparation entre les morts, d’un côté, les souvenirs et les espérances des survivants de l’autre » (Freud, Totem et Tabou)
Ainsi le discours de Modiano avait quelque chose de cette unheimlichkeit quand il évoquait le Paris de l’Occupation comme s’il y avait été, à laquelle j’ai été sensible. Là, parlait les morts par sa bouche.
le lien ne passe pas mais, il y a quelqu’un qui pense que Modiano a la mémoire qui flanche. C’est certain pour ce qui est de la géographie, mais le reste ?
«Allons, Modiano, vous n’avez aucune raison de faire cette tête de double enterrement. Votre roman Dans le café de la jeunesse perdue est en tête de gondoles partout. On le vend même à Monoprix. Et votre éditeur, Antoine Gallimard, s’éclate. Je l’ai aperçu à la télévision, entouré d’enfants se gavant de barbe à papa, fêter la sortie du tome 7 de Harry Potter. Il jubilait, déguisé en petit sorcier à chapeau noir et pointu ! Voyons, Patrick, essayez d’imaginer Francis Esmenard, le boss d’Albin Michel, sous la défroque d’Amélie Nothomb.» extrait du blog de Sorin. Il paraît avoir des arguments.
@20H55, le discours d’un roi est le titre d’un film, qui est assez mal venu concernant Modiano. Mais des ignares comme vous ne font pas la différence. Elle est de taille.
Jean-François Hamel dit bien, « pour comprendre la narrativité moderne » : « l’idée moderne d’une survivance encryptée du passé le plus archaïque dans le présent de l’histoire. »
C’est tout à fait ça ! Comme mon père enfermée, le soir, dans la crypte des souvenirs de sa mère morte à Auschwitz.
Tout a disparu, c’est magique.
Bonne soirée.
Bon parolier indeed.
https://www.youtube.com/watch?v=akhclKC-JIw
Dans ce très beau discours de Suède, de très belles remarques, très justes, très sensibles, sur le rapport entre l’auteur et son livre, entre celui-ci et son lecteur. Elles dissipent une certaine vision convenue de la lecture, qui voudrait que le lecteur ne soit qu’un récepteur passif, un simple consommateur. Elles nous font prendre conscience, du coup, de nos responsabilités de lecteurs à l’égard de textes d’une haute qualité, comme sont les livres de Modiano. On ne lit pas « Dora Bruder » ou « Villa triste » sans s’y impliquer profondément.
il s’avoua d’emblée comme relevant de la catégorie des romanciers plus doués à l’écrit qu’à l’oral, ce qui est un euphémisme s’agissant du plus célèbre hésitant de France.
Et pourtant, il y a, entre le « plus célèbre hésitant de France », celui que nous connaissons par ses rares apparitions à la télévision, et le très singulier narrateur de ses romans, bien plus qu’une vague ressemblance.
Faut arrêter : Personne n’a jamais prétendu que les lecteurs étaient passifs, sauf les imbéciles. Proust dit exactement le contraire, et la citation était sur le blog il y a encore pas très longtemps, offerte par je ne sais plus qui.
Lire est tout sauf une activité passive. Tout lecteur cherche dans les livres à décrypter sa propre vie. Ça me paraît évident. C’est même ce narcissisme foncier de tout lecteur qui me fait dire ici que je ne comprends rien à Stendhal. Non que je n’y comprenne rien puisque je l’enseigne. Mais je n’y sens rien qui me parle au plus profond. C’est de ça dont il est question dans toute lecture. Il peut se trouver qu’un auteur n’ait rien à nous dire. Ce n’est pas le cas de Modiano. Mais c’est le cas pour moi avec Stendhal. Et cela n’a rien de passif.
» C’est avec de mauvais poètes que l’on fait de bons prosateurs » (Modiano)
Mmouais… Considérons cette remarque comme l’expression de la modestie de son auteur. Il est vrai qu’elle suggère tout de même qu’il concède être (sans doute) un bon prosateur. Mais cette distinction entre poésie et prose nous paraît aujourd’hui superficielle et oiseuse. Décrivant sa propre écriture, Céline parlait d’ « une sorte de poésie ». Chez Modiano, c’est pareil : la poésie est partout dans ses livres. Il est même, parmi nos prosateurs, un de nos plus authentiques poètes.
Discours de Modiano, émouvant parce que si juste, au diapason dirait un musicien. Curieux comme j’ai l’impression d’avoir confondu cet écrivain avec les imbéciles qui en parlaient. La même chose m’est arrivée, beaucoup plus tôt, avec Kafka.
Faut arrêter : Personne n’a jamais prétendu que les lecteurs étaient passifs, sauf les imbéciles. (Widergänger)
Eh bien si, justement. Cela vient sans doute que vous ne lisez pas attentivement les commentaires sur ce blog. Et cette idée que le lecteur est un récepteur et un consommateur globalement passif est plus répandue que vous ne le croyez. C’est pourquoi je pense que tout lecteur devrait tenter une phénoménologie, même très naïve, de ses pratiques de lecture. Il découvrirait des choses qui l’étonneraient. Qu’est-ce qui se passe en moi quand je lis ?
C’est même ce narcissisme foncier de tout lecteur qui me fait dire ici que je ne comprends rien à Stendhal. (Widergänger)
Mon expérience de la lecture est exactement à l’opposé. J’ai toujours eu le sentiment que le contact avec toute grande oeuvre m’arrachait irrésistiblement à mon narcissisme foncier, et cela aussi loin que je remonte dans mon passé de lecteur. Ce qui me fascine, dans une oeuvre littéraire, c’est ce qui ne me ressemble pas.
Qu’elle soit répandue est une chose ; qu’elle soit juste en est une autre !
La lecture est tout sauf une activité passive. Et les théories les plus récentes sur la lecture, telles celle de Michel Charles ou de Pierre Jouve sont là pour le confirmer.
C’est que vous vous trompez sur vous-même ! Ce qui ne serait pas pour nous étonner étant donné que vous vous trompez sur presque tout…!
Se montrant optimiste sur la capacité des lecteurs à trouver « des choses romanesques » sur la Toile, il a rappelé son appartenance à une génération de l’immédiat après-guerre pour laquelle la lecture était plus facile car « le temps était interminable », situation plus propice à la rêverie dont on sait qu’elle s’harmonise mieux avec l’imaginaire, donc la littérature.
S’il ne s’agit que de trouver des « choses romanesques »sur la Toile, nul doute qu’ils en trouveront. Mais de la rêverie, c’est une autre affaire, en effet. Peut-on rêver en lisant sur un écran d’ordinateur ou sur une tablette ? Dans ces nouveaux moyens de diffusion du texte, celui-ci a forcément partie liée avec l’image, il devient une image, parmi d’autres; le lecteur entretient avec lui une relation sans doute profondément différente que celle qu’il entretient avec le livre-papier. Mais peut-être un Proust du XXIIe siècle évoquera-t-il ses rêveries suscitées par ses lectures sur tablette, au fond du jardin.
Le vrai et grand problème qui se pose à propos de Modiano, c’est de savoir de quoi exactement il nous parle. Et c’est loin d’être clair contrairement à ce qu’on croit et à ce que lui-même nous dit.
Car le discours qui est le sien des « revenances de l’histoire » remonte en fait au XVIIIè siècle et à la poétique des ruines d’un monde en deuil qui ne parvient pas à faire son deuil du passé. Jean-François Hamel en parle également de la Gradiva de Jensen, à propos de Freud. On pourrait citer tout aussi bien la nouvelle de Théophile Gautier, Arria Marcella. Cette histoire qui ne passe pas. Les morts dont nous parle Mandelstam, les morts de la guerre, les déportés dont nous parle Modiano semblent nous parler de quelque chose de plus profond qui vient du XVIIIè siècle, que les hommes du XVIIIè siècle ont déjà senti en leur temps à travers le culte des ruines et des fantômes. Qu’est-ce que c’est au fond dont nous n’arrivons pas à faire le deuil ? C’est très énigmatique en réalité.
Plus profondément on pourrait se demander ce qu’il y a de romanesque dans les roman de Modiano.
Ce qui est assuré, c’est que ses romans n’obéissent pas à la tradition du romanesque.
C’est que vous vous trompez sur vous-même ! (Widergänger)
Ah non, je ne crois pas. Et puis, si je me trompais sur moi-même, c’est que je ressemblerais à un …Widergänger ? Mon dieu, quelle horreur !
Il est même, parmi nos prosateurs, un de nos plus authentiques poètes.azerty.
Authentique platitude, c’ est certain.
Digne du Général Duconneau du genre : » il est parmi nos soldats, un de nos plus vaillants guerriers. »
Dur, très dur après l’audition d’ un si particulier discours d’ un créateur sur la pratique de son art de lire les chamailleries de troufions de seconde classe.
mon dieu, toutes ces prosternations, on se croirait à Saint Nicolas du Chardonnet.
Perso j’écoute une petite musique de nuit, qui rompt un peu avec cette ambiance feutrée de recueillement.
Je ne connaissais pas Betty Duhamel, faut dire.
lire les chamailleries de troufions de seconde classe. (Un modèle pour Modigliani)
Troufion toi-même. Trou du cul plutôt . Tu as trouvé de la poésie chez Houellebecq ? chez Mauvignier ? chez Jauffret (pour ne citer qu’eux) ? Non ? D’ailleurs tu ne les a pas lus. Alors ferme-la, au lieu de causer à tort et à travers de ce que tu ne connais pas. As-tu seulement jamais lu un roman de Modiano ? J’en doute. Peau de fesses. Embryon de sous-lecteur. Va lire Marc Lévy ou Zemmour, et rendors-toi.
mon dieu, toutes ces prosternations, on se croirait à Saint Nicolas du Chardonnet. (la vie dans les bois)
J’y fais mes pâques. Alors, respect, hein. A Saint-Nicolas-du-Chardonneret, on n’écoute pas Betty Boom. On écoute de la musique sérieuse : Jean-Paul Bâche, Nicolas Couperien. Après l’office, je rentre chez moi, je lis trois pages (au hasard) de Modiano, mon auteur favori avec Eric Zemmour, et je m’endors du sommeil du Juste (car j’ai sauvé une jeune Juive du viol par trois affreux loubards, en leur faisant croire qu’elle avait des maladies honteuses).
Vous, c’ est sûr vous n’ avez jamais lu « les mémoires inachevées du général Duconneau ».
Un pur chef-d’œuvre qui manque à votre bibliothèque..
Adresse à Azerty…
Je ne suis pas sûr que des suédois puissent comprendre quelque chose aux finesses de la littérature française et de la finesse de cette belle langue.
Ce qui me laissent dire qu’ils ont attribués ce prix par le « on dit ».
Cela-dit je n’ai rien en particulier contre les suédois. Ce sont des gens nordiques mais ça ne me pose aucuns problèmes.
Dans un sens, Modiano n’a pas eu beaucoup de chance d’avoir ce prix.
Belle notule qui donne envie de Stockholm où les libraires d’occasion sont diablement chers malgré trente ans de régime socialisant, coupable dilueur de l’âme suédoise dans un magma amerloque. Il y fait nuit à quinze heures, Voltaire biographe de Charles XII conduit à Modiano en passant les terrasses de Fersen, amant de Marie-Antoinette avant de finir lynché par son bon peuple.
D branche tout !
Modiano, toujours pas lu…
Mais le lointain cousin :
http://www.modigliani-foundation.org/Reclining-Nude-from-the-Back-large.html
Roger Caillois rappelle les données du problème du romanesque ( « Puissance du roman » dans Approche de l’imaginaire :
« On est tenté de reconnaître en lui un symptôme d’agonie, mais aussi une annonce de transformation et de renaissance. Aussi vaut-il la peine de s’interroger sur le destin présent du romanesque, de tracer et de prolonger jusque dans l’incertain la courbe d’une évolution, d’oser y inscrire le mouvement qui est en train de se dérouler et qui entraîne vers des métamorphoses confusément pressenties la sorte de société qui s’est montrée si favorable à l’épanouissement même du roman. » (1941)
Là pour la forme d’une ville faut voir Butor Michel, hein ! Il livre le plan avec… Tapé à la Scrabelli !
Ce qui est intéressant, je trouve, chez Modiano, c’est l’apparente contradiction entre la recherche passionnée et curieuse des origines chez ses personnages, qui tourne à l’enquête policière et fait l’essentiel du romanesque de ses romans, et l’espèce de détachement qu’on y trouve tout aussi bien, contradiction chargée de dire l’homme individuel saisi dans sa difficulté d’habiter le monde.
SCAbelli, Trommelfeuer !
nous avons un Nobel qui bégaie dont tout le monde se fout,
—
Sinistre crétineries de l’anti-France. L’oeuvre de Modianio est en re-publication et traduction dans une dizaine de grandes langues. Quand on sait rien, on la ferme.
Que disait, il n’y a guère,
certain critique, à propos
des images en littérature ?
N’y en a-t-il pas quantité
dans ce discours ?
Mémorâlement.
Bloom dit: 8 décembre 2014 à 0 h 04 min
nous avons un Nobel qui bégaie dont tout le monde se fout,
–
« Sinistre crétineries de l’anti-France. L’oeuvre de Modianio est en re-publication et traduction dans une dizaine de grandes langues. Quand on sait rien, on la ferme. »
Vous devriez la fermer plus souvent Bloom, et au lieu de jouer au pommadé, regarder lucidement ce que lisent vraiment les contribuables qui vous entretiennent à rien foutre qu’à parler de l’anti-France, vous qui l’avez quittée …
Je répète : Modiano, tout le monde s’en fout !
Tant que j’y suis.
Il est imbécile de dire que le lecteur est un récepteur inintelligent, consommant du langage comme barbe à papa. Nous sommes d’accord !
Mais il est tout aussi imbécile de nier qu’il est, le lecteur, d’abord un récepteur. Inutile de le nier. Ridicule de fantasmer et de croire qu’il serait comme un Merlin l’Enchanteur capable d’apporter quoique ce soit à l’œuvre lue, laquelle est figée dans l’expression de l’auteur. Définitivement.
Qu’on puisse penser le contraire n’est en rien gênant, bien évidemment !
« Elles nous font prendre conscience, du coup, de nos responsabilités de lecteurs à l’égard de textes d’une haute qualité, comme sont les livres de Modiano. » (Azerty)
Vous voulez rire ?!
Quelles responsabilités … ?!
Concept aberrant !
Un responsabilité de lecteur vis à vis d’un texte ? Mais je rêve ! je cauchemarde ! j’azertyse …
Bel hommage de Modiano au génie poétique de WB Yeats, autre Nobel, qui trouva à Coole Park l’inspiration dans ses échanges avec les revivalistes irlandais et au contact de l’incroyable beauté du lieu.
http://www.coolepark.ie/
Colm Toibin a écrit un livre émouvant sur Lady Gregory, « Lady Gregory’s Toothbrush », non encore traduit en français.
Belle traduction de JY Masson, même si la confusion entre « s’égailler » (se disperser) & s’égayer (s’amuser) ne laisse de surprendre.
Une variante, juste pour le fun. On ne se lasse jamais lire, relire & traduire Yeats.
« Je les vis, avant d’en avoir pu finir le compte,
Tous s’élever soudain
Et s’égailler en tournoyant en grands cercles brisés
Sur leurs ailes assourdissantes. »
Why nobody knows, about Modiano.
C’est bizarre.
(…)In England and America, where few obsess over the Occupation but detective novels are devoured in their millions, Modiano has received almost no attention in the last thirty years. There are twenty-eight Modiano books that have been published in Spanish, twenty-one in German, twelve in Swedish, but the five British editions of his work, the product of four publishers and five translators, are all unavailable.
(…)
For the time being, though, as Modiano, his supporters, and his critics recover from the shock, non-readers will just have to give this newly crowned Miss World – and the crowning committee – the benefit of the doubt.
le benéfice du doute, hum.
« Miss World », ils s’moquent-là, non ?
S’il est vrai qu’un livre n’existe que parce qu’un lecteur le lit, il s’ensuit que la responsabilité de tout lecteur à l’égard du livre qu’il lit est grande, et qu’elle est d’autant plus grande que la qualité et l’originalité du livre sont grandes. Cette responsabilité se décline de diverses façons, en termes d’investissement intellectuel, imaginaire, affectif, de mobilisation des références culturelles et des souvenirs d’autres lectures. Elle croise aussi la responsabilité du regard critique. La lecture est un art et elle implique une éthique. Nous voilà loin d’une lecture de consommation, négligente et désinvolte.
« La lecture est un art et elle implique une éthique. »
Couillonades !
Affirmation aussi partisane que la mienne :
« La lecture n’est pas un art, et heureusement, n’implique aucune éthique ! »
Couillonnades : avec deux ailes, et deux neu-neu …
Faudra vous calmer un jour, on dirait des Hessel velus…
http://videos.tf1.fr/miss-france/extraits/miss-france-2015-est-8529549.html
Au moins Modiano infirmera-t-il la réputation de prétentieux et de m’as-tu-vu que les Français ont parfois à l’étranger! Lui est vraiment sympathique et très émouvant dans son discours.
Je me suis amusée à parcourir la liste des Nobel pour voir ceux dont j’avais lu au moins un livre, avant ou après le Nobel: 21 sur 51, ça fait pas beaucoup! Et je crois que celui que j’ai le plus lu est justement Modiano, en tout cas en nombre de livres (en pages c’est probablement Doris Lessing).
Voilà, voilà: c’étaient les statistiques de lecture de la ménagère de plus (hélas) de cinquante ans!
Il n’y aurait pas eu comme un changement ?
Pas de petite modification, depuis hier ?
Même pas un remplacement de photo ?
Mémoire flottante ou traçabilité
plus défaillante, bien plus,
que celle de Wikipédia,
pour ne prendre qu’un exemple ?
Un exemple indolore et fortuit.
Mais revenons à ce discours, magnifique,
érudit, selon les petites nouvelles radiophonées !
Très touchante, cette admiration digne de parents
assistant à leur première fête de l’école
où les bambins exécutent leur numéro,
pour la plupart, de chiots savants !
Normal de sauter sur tout anticorps plausible
au « suicide français », manifestation légitime
de fierté nationale mais gare à l’exagération
confinant à l’orgueil mal placé !
Si, toutefois, le sens de la mesure n’est pas
aussi démodé que la conscience du conflit d’intérêt
et de quelques autres petits travers qui rendent
régulièrement les « élites » justiciables
d’une nouvelle nuit du 4 août.
Modianérément.
Il y en a que le sens du ridicule n’étouffe pas, hélas; ce n’est pas une raison quand on ne connait pas l’œuvre de Modiano d’écrire que tout le monde s’en fout, c’est insensé et grotesque
WGG, une bonne piste de réponse à votre question (« mais de quoi parle Modiano ? ») – à mon tout petit sens, Modiano nous parle de lui. Mais comme, du coup, il laisser affleurer son âme tourmentée, il nous parle de nous, car nos âmes aussi sont pleines de tourments (surtout la vôtre, WGG !)
Pierre Assouline, nous sommes tous, ici, un peu caractériels, embringués dans des conflits stupides, impatients ou fébriles, autoproclamés et dérisoires. Donc, je vous plains, à moitié cependant : car vos visiteurs viennent de partout, donc c’est commode d’avoir, en un seul endroit, tant d’opinions, de sentiments et de points de vue, de « retours », en quelque sorte, sur ce que vous mettez en ligne… Même si ça dérive et que ça tangue souvent, n’empêche qu’à chaque fois, la barre est redressée et que l’on échange bien, ici, autour de la littérature et du monde des idées.
Mais alors, POURQUOI, notre hôte, pourquoi ?
Pourquoi, parmi les fous, les trolls et les passants, laissez-vous errer Jcé, en lui accordant une généreuse impunité qu’il est loin de mériter : mais que vous apporte-t-il, celui-là ? Comment pouvez-vous supporter ses rodomontades et ses provocations ?
Et, à propos de la photo : qui est ce monsieur à la tête penchée, qui fixe le photographe d’un air entendu, comme s’il était, derrière le lauréat, un marionnettiste satisfait ?
Merci, complément d’enquête. Je m’étais arrêtée à 1966 mais bizarrement, remonter jusqu’au début ne doit pas modifier beaucoup mes statistiques personnelles.
Comment pouvez-vous supporter ses rodomontades et ses provocations ?
—
C’est le seul à être payé par une officine pour déverser des propos orduriers.
Rien que pour cela, cette tumeur, cd cancer, devrait être interdit de séjour.
Un modiano somme toute à l’écart, un modiano fixé par son effigie
Un nom d’italien, modiano vous ne trouvez pas? Un modiano qui ne veut pas hystériser, un modiano qui sent le souffre. Un modiano souvent défait mais jamais battu. Un modiano plongeur, un modiano FFI FR.
Un modianaõ, non. Un modiano sans charge est un modiano nobelisé.
Nonobstant le plaisir encore inentamé à lire P. A., il est consternant de voir que ces commentaires et leurs auteurs deviennent de plus en plus fielleux, perdent de la hauteur, font dans l’entre-soi, bref ressemblent à notre époque qu’il est bon de fuir autant que possible quand cela devient insupportable. Puisse ce vulgaire défouloir redevenir un lieu de débats, d’échanges fréquentables…
Ce qui tranche, dans ce discours, où généralement les récipiendaires font assaut d’érudition, c’est sa simplicité. Il y gagne naturellement en profondeur.
Je disais que Modiano était le Nobel que j’avais le plus lu sur les 50 derniers. Si je regarde toute la liste, il est bien sûr détrôné par Sartre, Camus … et Pirandello, pour lequel j’ai eu une vraie passion à la fin de mes années de lycée, non démentie depuis : j’ai encore revu il y a peu « Six personnages en quête d’auteur » avec le même bonheur.
La traduction du poème de Yeats par Jean-Yves Masson paraît quelque peu bizarre (erreur de transcription ?). Elle ne correspond pas, en tout cas, au texte du poème tel qu’on peut le lire en activant le lien fourni par Assouline ou dans l’excellente anthologie bilingue parue dans la collection « Points ».
Un passage du discours de Modiano m’a fait songer au Turner de Mike Leigh qui se fait attacher au mât d’un bateau pour éprouver, comprendre, de l’intérieur, une tempête.
il est bien sûr détrôné par Sartre, Camus … et Pirandello ( Lavande )
Détrôné ? Encore faudrait-il, pour en être sûr, établir une hiérarchie des Nobels en termes de valeur, ce qui paraît pour le moins problématique, vu que les critères du jury lui-même paraissent plutôt fluctuants. Qu’y a-t-il de commun entre la production multi-genres d’un Sartre ( production d’ailleurs très inégale ) et la production exclusivement romanesque (elle-même inégale ) d’un Modiano ? A peu près rien. J’approuve la position de Handke : le Nobel, ça sert à peu près à rien, sinon à introduire de la confusion là où on y voyait à peu près clair.
Hélène SG dit: 8 décembre 2014 à 10 h 06 min
Nonobstant le plaisir encore inentamé à lire P. A., il est consternant de voir que ces commentaires et leurs auteurs deviennent de plus en plus fielleux, perdent de la hauteur, font dans l’entre-soi, bref ressemblent à notre époque qu’il est bon de fuir autant que possible quand cela devient insupportable. Puisse ce vulgaire défouloir redevenir un lieu de débats, d’échanges fréquentables…
Sans vouloir ajouter à votre consternation quant à la qualité de ce qui s’expose en lieu et heure, votre sévérité concernant l’actuel et aimable échange me paraît à tout le moins décalée, le commentarium ayant pour ainsi dire subi une purge salvatrice se lit allégé de ces matières grasses et graveleuses qui selon les nouveaux paramètres filigranés sont donc résolument déjetées de l’axe littéraire communément appréciés sur ce blog,, restent quelques extrêmes, scories dont le passage trouverait une cause dans le peu de poids de pierre brûlée et qui par conséquent ne parviendront à atteindre un but si tant est qu’il leur en soit fixé un au préalable, pour ma part je rejoindrais en ce sens votre avis et n’y verrais que gratuité débordante ou ludique.
J-C A. : c’était plus une référence humoristique (ratée apparemment!) au titre de Passou.
Plus « tumeurs » que Bloom, Clopine, et autres Buster Keaton, tu meurs …. Ah les charognards totalitaires, les humanistes de cave, les doctorants en torture mentale, prêts à éradiquer les plus faibles !
Et les pleurnicheries émues, les gnagnagna admiratifs, les bolos agenouillés aux pieds devenus saints de l’illustre Modiano … parce qu’il est Nobel, pfff !
Je m’en passe volontiers de Modiano, et poursuis ma lecture de Zemmour*, ce grand essayiste mal aimé….
* côté langue/style, ça ne vaux pas Ferdine, Voltaire ou Gracq, évidemment, mais l’un n’empêche pas l’autre.
« Six personnages en quête d’auteur »
Que penser de six milliards d’individus en quête de bonheur, un roman économique?
…et c’était d’ailleurs strictement quantitatif (nombre de livres lus) et personnel.
Les personnes qui ont vécu dans ce Paris-là ont voulu très vite l’oublier, ou bien ne se souvenir que de détails quotidiens, de ceux qui donnaient l’illusion qu’après tout la vie de chaque jour n’avait pas été si différente de celle qu’ils menaient en temps normal. Un mauvais rêve et aussi un vague remords d’avoir été en quelque sorte des survivants. Et lorsque leurs enfants les interrogeaient plus tard sur cette période et sur ce Paris-là, leurs réponses étaient évasives. Ou bien ils gardaient le silence comme s’ils voulaient rayer de leur mémoire ces années sombres et nous cacher quelque chose. Mais devant les silences de nos parents, nous avons tout deviné, comme si nous l’avions vécu. (Modiano)
Sur ce thème, voir aussi le très beau et poignant « W ou le souvenir d’enfance » de Georges Perec.
Joachin du Balai, avez-vous aimé le film sur Turner ? Je me demande… Etait-ce Turner, ce peintre qui s’enfermait plusieurs jours dans sa cave, pour pouvoir, au sortir, capter toute l’intensité de la lumière, ou bien est-ce que je confonds ?
(j’ai envie d’aller voir le film…)
« … ceux qui cultivent l’herbe du ridicule et la mangent en salade… »,
Bérénice: « Six individus en quête de bonheur » seraient plus à ma portée pour essayer de les aider.
Clopine étrange personnage rendu au cinéma, entre l’ours et le cochon quant à son expression, sensible qui aurait gagné à la psychanalyse tant il couvre et recouvre ses conflits intérieurs par autant de toiles que ses sentiments s’absentent pour les proches auxquels il se montre dans l’impossibilité de témoigner quoique ce soit de plus qu’une indifférence contrariée. Pour finir il meurt de la même façon que son père, dans un spasme après une ultime confession.
La surimpression des lieux parisiens, c’est ce que je viens de lire également à propos de Perec.
Mais on s’égare.
Parmi les éminents lecteurs/trices de Modiano- ceux qui ont leur liberté de lecture, ne sont pas » son ami qui lui a donné un manuscrit » qui gardent un recul et n’ont pas d’émoi, eh moi, eh moi, particulier-, quelqu’un donc pourrait-il faire un debriefing du chapitre I de son livre » la place de la place de l’étoile », que j’avoue avoir du mal à situer dans l’intention de l’auteur, fiel ? troubles recensions ?
surtout si ça vient à la mode et qu’ils aient l’idée de le coller à l’épreuve de français, du certificat d’études.
Lavande je ne rends pas bien compte de quoi il s’agit aussi vous pardonnerez mon incapacité à produire une réponse achalandée susceptible d’alimenter votre moulin en eau claire et courante.
Modiano maquignon, Modiano fanfaron
distinction capitale
Modiano 2016, mais ça y tend
10h34 JC Azerty je ne sais à quoi cela tient mais j’ai ouvert ce livre W et dès les premières phrases, des larmes, la tristesse n’a pas voulu quitter ces pages. Pérec est mort trop tôt pour le Nobel.
J-C A. : c’était plus une référence humoristique (ratée apparemment!) au titre de Passou. (Lavande)
Effectivement, j’avais pas capté. A propos de Pirandello, le souvenir me revient d’une « Volupté de l’honneur » interprétée par Gérard Desarthe au théâtre de Nice.Me souviens de la diction ultra-rapide (et néanmoins audible) de Desarthe. Pour le reste, le détail s’en perd dans les brumes d’une mémoire hésitante, comme du reste le souvenir de beaucoup de spectacles (pas tous). Paradoxale mémoire : des livres de Modiano (ceux que j’ai le plus aimés), par exemple, je garde un souvenir assez précis de « Villa triste » et de « Dimanches d’août », très imprécis en revanche de « Dora Bruder »; or, des trois, c’est celui que j’ai lu le plus récemment et aussi celui qui m’a le plus touché; cela vient sans doute, en partie, que, des trois, c’est celui où les épisodes plus « romanesques », les incidents saillants tiennent la place la plus réduite; déjà que chez Modiano, les ingrédients traditionnels du romanesque tendent à disparaître…
Les Querelléacées, c’est paru chez Milan?
« nous sommes tous, ici, un peu caractériels »
Ne jamais parler pour les autres, Clopine, merci d’ avance.
Pourquoi vouloir faire disparaître en priorité jc avec ses parfois lourdes provocations, pourquoi pas WGG et ses pesanteurs monomanes, pourquoi pas encore Azerty et sa scatologie bastonnée, ses provocations antisémites et ses appels aux crimes égorgeurs?
Et vous, au fait?
Réfléchissez au comment taire…
Ce blog semblerait hélas un peu vide sans eux, non?
La métaphore manquait de cohérence. Une tumeur, ça s’extirpe. Il faut donc extirper les commentaires nauséabonds du pourrisseur de blog stipendié.
Venir salir Patrick Modiano en toute impunité? Sur un blog littéraire? C’est le monde à l’envers.
Pérec est mort trop tôt pour le Nobel. (Bérénice)
Oui, bien trop tôt. A 48 ans, je crois, vous vous rendez compte. Ce qui fait qu’il n’a pas encore, me semble-t-il, la place qui lui revient, c’est qu’on l’a un peu trop vite enfermé dans l’image de l’écrivain amateur de jeux littéraires. Perec, le joueur virtuose, membre de l’Oulipo. Ce qu’on ne voit pas, c’est que chez Perec le jeu est toujours (ou presque toujours) terriblement contraint. Voyez, par exemple, « La Disparition » : apparemment, la contrainte que s’y impose Perec (ne jamais employer la voyelle « e ») est la plus gratuite des contraintes. Sauf que ce n’est pas n’importe quelle lettre qui disparaît. Et quand vous avez compris pourquoi c’est justement la voyelle « e » qui disparaît, et quels enjeux profonds sont ceux de ce livre, sa lecture devient bouleversante. Il va de soi que, lorsque j’ai lu « la Disparition » pour la première fois, je n’y ai vu que du feu. C’est la lecture de « W ou le souvenir d’enfance » qui m’a ouvert les yeux.
« … qui aurait gagné à la psychanalyse… »
Ocazzo ou ocazza? Enfin, quand on dit: « … ceux qui cultivent l’herbe du ridicule et la mangent en salade… »…
Oui, Clopine, j’ai beaucoup aimé ce film, long film dont je n’ai pas un instant ressenti la longueur, signe qu’il est parvenu à me captiver. Il dresse le portrait d’un de ces artistes à ce point accaparé (obsédé) par sa recherche (ici la captation sur la toile de la lumière)qu’il inflige pas mal de violence à son entourage, particulièrement dans le cas présent aux femmes. A cet égard, l’image de la servante muettement dévouée et éprise dont la peau, à mesure du film, se couvre d’eczéma est parlante. Reste à établir ce qui relève d’un fait biographique ou d’un procédé scénaristique.
C’est bien sûr le biais Modiano / Stockholm qui l’emporte. Qu’en ressort-il? Qu’on y voit clair quand il fait jour, c’est plaisant pour le monde.
J’avoue que je n’ai jamais lu Modiano, que je trouve pourtant fort sympathique, lors ses passages (angoissés) à la télévision.
Je préfère les auteurs un peu plus légers, comme Jonathan Coe, dont je lis en ce moment « Expo 58 », assez divertissant à mon goût.
Il est vrai que ce roman ne peut en aucun cas permettre de faire des commentaires solennels, si prisés sur ce site, et qui provoquent des pugilats verbaux encore plus prisés.
Pérec est mort trop tôt pour le Nobel. (Bérénice)
Il me semble que, chez Modiano comme chez Perec, à en juger par ce qu’en dit Modiano dans son discours, ce qu’on appelle communément la « création » littéraire est constamment une contrainte. L’image de l’écrivain seul maître à bord après dieu, créateur omniscient et libre, cette image est complètement bidon. On n’écrit pas ce qu’on veut. On est contraint par des forces inconscientes, on est contraint par le livre qu’on est en train d’écrire. Modiano dit tout ça très bien. Je ne suis pas sûr que beaucoup l’aient dit avant lui. Même Perec, chez qui le rôle de l’inconscient est grand.
10 h 59 : parce que WGG, Azerty, ou moi-même, même si nous déplaisons à beaucoup, même si nous aussi pouvons « plomber » ce blog , au jugement de certains, même si nous ne possédons rien d’autre en commun, nous avons cependant le goût de la littérature, l’envie d’en parler, d’en « faire état ». Nos envies de partage (enfin, les miennes, celles-là je peux m’en targuer, non ?) vous semblent peut-être superfétatoires, maladroites ou imbéciles – n’empêche qu’il y a là une qualité que jamais, au grand jamais, un Jc ne pourra comprendre : nous aimons tous trois, si différents que nous puissions être, nous aimons véritablement les mots…
Alors que lui… A part faire c… tout le monde avec ses misérables provocs…
J’ai lu « Pedigree » de Modiano puis quelques années après j’ai écouté le livre audio, lu par Jean-Louis Trintignant: la voix de Trintignant, particulièrement bien adaptée à ce texte (entre autre) en décuple l’émotion!
Clopine, laissez-vous aller à votre envie!
Il y a aussi « National Gallery » (où il y a d’ailleurs des centaines de Turner) qui est un film passionnant: trois heures pendant lesquelles on ne s’ennuie (presque) jamais, entre conférences à des groupes (par ex. des petits de 3-4 ans à qui on raconte l’histoire de Moïse), travaux de restauration, essais d’éclairage d’un triptyque ou conseil d’administration sur les problèmes financiers.
Pérec est mort trop tôt pour le Nobel. (Bérénice)
A « La Disparition » ont succédé « Les Revenentes » : c’était ce qui s’appelle mettre les points sur les « e » !
Encore moi puis je pars faire des courses.
Juste pour signaler que Sophie Avon parle de Turner dans la République du Cinéma.
Je ne sais pas si W, Azery et Clopine aiment véritablement les mots, mais au moins ils sont drôles – involontairement pour W – et amusent la galerie, comme « Lavande » avec son excellent : « ..sans parler des commentaires sans aucun sens, écrits par des robots polymorphes. »
J’ai lu « Pedigree » de Modiano puis quelques années après j’ai écouté le livre audio, lu par Jean-Louis Trintignant: la voix de Trintignant, particulièrement bien adaptée à ce texte (Lavande)
A un texte littéraire il faut une voix. Il faut des voix. Il faut lire à haute voix.
A Azerty de 10.11, Il est normal que la traduction de Yeats ne corresponde pas à l’édition de « Points » puisqu’elle est tirée, comme indiqué, de l’édition de la Pléiade…
A Azerty de 10.11, Il est normal que la traduction de Yeats ne corresponde pas à l’édition de « Points » puisqu’elle est tirée, comme indiqué, de l’édition de la Pléiade… (Passou)
D’accord, mais cette traduction ne concorde pas avec le texte anglais du poème (« The wild swans at Coole ») tel que le donnent (à l’identique) le site dont vous fournissez le lien et l’édition « Points » : c’est ce qui me paraît bizarre.
« l’apparente contradiction entre la recherche passionnée et curieuse des origines chez ses personnages, qui tourne à l’enquête policière et fait l’essentiel du romanesque de ses romans, et l’espèce de détachement qu’on y trouve tout aussi bien, »
En ce sens Modiano est vraiment l’anti WG!
« … mettre les points sur les « e » !…
… et les yeux en face des trous… le
madère pour le jambon à l’os… et le bon bout de foie gras pour le tournedos à la Rossini… le bon temps de cuisson des œufs au plat… et juste après: ceux qui patinent dans le kirsch (ou autres eax-de-vie), ceux qui pédalent ans la semoule, ceux qui disent pain au pain et vin au vin, ceux qui espèrent en des meilleurs lendemains mais votent blanc (brun ou rouge)… et ainsi de suite…
Des types comme moi, sur un blog, sont comme les Rémi Fraisse estampillés nouvelles technologies !
Les gendarmes, défenseurs d’un ordre étroit, imbécile, sont priés de ne pas lancer de grenades offensives.
Par avance, merci…. huhuhu !
…
…retour à nos z’amours encore aux parfums-colla-boss,!…de la distanciation s.v.p.,!…
…
…qu’elle chance pas de châteaux à entretenir avec toute cette plèbe aux nouilles-colla-boss,!…des paradis-sociaux utopiques à entretenir aux cinémas,!…mes comptes en banque des « Justes »,…à l’ordre du médailler,!…
…
…pourquoi,!…on attend encore, J.P.Belmondo & Alain Delon aux Festivals de Cannes des Just For Gamers,!…Ah,!Ah,!Ah,!,…
…à nos gamelles à camelotes des Justes,!…
…
Patrick Modino a dit :
« Le lecteur en sait plus long sur un livre que son auteur lui-même »
Gallimard va éditer le discours.
C’est bizarre, comme dirait Modiano ; certains me voient tourmenté, ici. Je ne me sens pas du tout tourmenté pour vous dire le vrai. Je l’ai été dans ma jeunesse, mais c’est passé depuis fort longtemps, hélas…! Non, c’est mon époque qui est tourmentée, et je suis tourmenté avec elle. Mais en ce qui me concerne, je regarde le tourment de mon époque, hantée par la Shoah, avec beaucoup de recul. Sinon, je ne pourrais pas en parler, ça me semble évident.
Comme quoi, on se trompe souvent sur les gens, qu’on lit avec sa vision étroite des choses, quand ils sont à mille lieux de là où on les croit. C’est pareil pour Modiano. On fait très souvent de gros contre-sens sur ce qu’il écrit.
« le lecteur en sait plus sur le livre », c’est une litote, mais ça marche terrible quand il s’agit d’autofiction. Une psychanalyse à compte de lecteurs, un peu.
Sinon, il y a une autre dame qui a écrit sur l’auteur, l’auteur en ses jeunes années dont le nombre d’automnes tel un envol de cygnes sur le lac, triste , triste à mourir comme ce pauvre poète sur le rivage qui pleure sa Julie,
P.M. « tellement triste qu’on lui donnerait le talent sans confession », comme je viens de la lire.
Je vous le fais en poème
A tout petits petons/ l’heure exquise/ le resquise.
C’est évident que le lecteur en sait plus que son auteur sur ses livres. C’est banal ! Ce n’est pas le passage de son discours le plus remarquable…
Bon, il va se calmer celui là avec sa scoumoune !?!
Ce qui m’a semblé le plus intéressant dans le discours de Modiano, c’est quand il parle de phosphorescence, de rayons infra rouge et ultra violet pour désigner la sensibilité de l’écrivain qui est, dit-il encore, comme le sismographe de son époque.
Quelqu’un veut absolument que Modiano soit le contraire de mes recherches. C’est se tromper une fois de plus. Ce qui me différencie de Modiano, c’est la part d’inconscient de mon expérience de la Shoah, que ne connaît pas du tout Modiano. Dans son œuvre il n’y a pas de personnage comme mon père, qui attend sa mère et la voit littéralement apparaître un soir, de retour d’Auschwitz.
Il dit — et c’est parlant — qu’on peut questionner ses parents. Lui, sans doute a pu questionner les siens, son père notamment. Moi, je n’ai jamais pu lui arracher un seul mot de ce qu’il avait bien pu vivre pendant la guerre, ni de sa mère ni de sa tante, ni de quoi que ce soit. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé à plusieurs reprises. Modiano ne sait pas ce qu’est ce silence-là, la profondeur de ce silence-là, et ce qu’il est capable d’engendrer dans un enfant, jusque dans son inconscient, hanté par le fantôme d’Auschwitz, sans même le savoir, au point qu’il lui bouffe son existence tant qu’il ne l’a pas reconnu en lui et lui mène une vie impossible, une impossibilité de vivre. La profondeur de Modiano s’arrête aux portes de l’inconscient et ne va jamais sonder la nuit. L’incertitude d’identité en est d’autant plus grande, elle devient même abyssale, constitutive d’un rapport au monde, beaucoup plus problématique encore que chez Modiano.
Ah! l’immodestie des crétins!
Voilà le tweet de François Bon sur le discours de Patrick Modiano :
« affligeant robinet d’eau tiède de Saint Bredouillo prix Babybel, pauvre monde à veau l’eau (sauf Volo) »
De l’aigreur, de la haine et de la méchanceté.
Bon est mauvais joueur. Sa bio de Led Zep m’est tombée des mains: il s’écoute écrire et se prend au sérieux. Un poseur.
A propos de Modiano, et de ses dames, elle est écrivain-traductrice.
http://lereseaumodiano.blogspot.fr/2014/01/myriam-anissimov-et-patrick-modiano.html
« nous aimons véritablement les mots… » Clopine
Vous aimez tellement les mots sans savoir si eux, vraiment, vous aiment et ils vous font souvent cocus!
Patrick Modino a dit :
« Le lecteur en sait plus long sur un livre que son auteur lui-même »
Humilité feinte ? Connerie à l’état brut ?
Les deux, mon général !
Bloom, son émission sur Dylan était géniale. Son « autobiographie des objets » d’une justesse émouvante. Son analyse de Proust fort étonnante, décalée, astucieuse et pleine de trouvailles (comme rechercher dans Proust toutes les inventions techniques de son époque). Cet homme qui, d’après vous, « s’écoute parler » est un conférencier chaleureux et passionné, ce « poseur froid » est capable de traits d’humour légers et mélancoliques (sur sa page facebook, le commentaire d’une photo de lui est aussi touchant que drôle), et sa carrière est ma foi assez exemplaire; Si vous ajoutez à cela qu’il fut l’un des premiers visionnaires de ce qu’internet pouvait apporter à la littérature, franchement, cette addition devrait vous conduire à relativiser votre mépris…
… Et s’il n’aime pas Modiano, après tout, c’est quand même son droit de le dire. Disons juste qu’il est un peu plus autorisé, en la maière, que les premiers venus que nous sommes…
(et qui ne s’est jamais trompé, hein ? Quelle âme est sans défauts ?)
Au fond, chacun de votre triumvirat s’ aime trop lui-même pour aimer les mots et cela se lit à chacune de vos interventions.
( Regardez-voir WGG qui se hausse du col face à Modiano : » Ce qui me différencie de Modiano » écrit-il ici, quel pitre narcissique, grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf.)
Prendre la subjectivité comme donnée configurée par des structures universelles est un mal assez diffus, surtout chez ceux qui se prennent pour artistes… il s’agit, disons, d’une subjectivité politique; une subjectivité qui se voudrait inscrite dans la culture mais reste tristement ancrée à des idéologies d’emprunt… des gens assez fatigants, enfin…
C’est dur ce qu’elle dit M. Anissimov, si son personnage de roman est bien Modiano, non ?
chacun DES MEMBRES de votre triumvirat fallait-il lire.
Humilité feinte ? Connerie à l’état brut ?
Chez JC, jamais d’humilité feinte, non.
Mais connerie à l’état brut, oui.
Moi-même je suis différent de Modiano, comme vous tous d’ ailleurs.
Pourquoi inutilement développer ce truisme existentiel?
« De l’utilisation des miroirs dans le jeu des échecs ».
cette addition devrait vous conduire à relativiser votre mépris…
—
Ce n’est pas du mépris, seulement un vrai manque d’intérêt. Sa bio de Dylan était effectivement pas mal, même si pompée sur des sources américaines connues. Il passe mieux à la radio qu’à l’écrit, sur Led Zep aussi.
En revanche, son mépris de Modiano manque cruellement de panache.
« nous aimons véritablement les mots… » Clopine
Aimer peut aboutir à un désastre et faire jouir n’ est pas donné à tout le monde.
Mais lorsque cela arrive, c’ est comme un petit miracle de création.
Je vous en prie, Bloom !
Arrêtez de « salir » cet honnête bon homme !
Bloom, voulez-vous dire qu’on a le droit de ne pas aimer un auteur, de trouver qu’un titre à lui décerné est injuste, mais qu’il faut affirmer ses opinions « avec panache » ? Votre panache me gêne, et me bouche un peu la vue. Si vous aviez dit « avec discernement », ou « en argumentant », ou « en étayant son jugement de bienveillance », j’aurais compris votre critique de l’avis de Bon. Je pousse même un peu pllus loin : cet avis est formulé très (trop) vite, et sans élégance. Mais de là à sous-entendre qu’un avis négatif doit être émis « avec panache » ?
… Sans oublier que la couleur admise des panaches est le blanc ; or, il s’agit ici du jaune de l’énervement bonien…
(mais c’est vrai, je vous l’accorde, les propos étaient peu mesurée, peu élégants. De là l’assassiner comme vous le faîtes à votre tour : on pourrait vous l’agiter aussi sous le nez, votre « panache », là…)
« nous aimons véritablement les mots… »
Leur donner trop de sucreries pourrait les gâcher… Attention surtout aux bêtises et aux marrons glacés…
Attention surtout aux bêtises et aux marrons glacés…
Ah les bêtises de cambrer et les marrons dindes…
Je me trouvais le plus souvent loin de mes parents, chez des amis auxquels ils me confiaient et dont je ne savais rien, et dans des lieux et des maisons qui se succédaient. Sur le moment, un enfant ne s’étonne de rien, et même s’il se trouve dans des situations insolites, cela lui semble parfaitement naturel. C’est beaucoup plus tard que mon enfance m’a paru énigmatique et que j’ai essayé d’en savoir plus sur ces différentes personnes auxquelles mes parents m’avaient confié et ces différents lieux qui changeaient sans cesse. (Modiano)
C’est vraiment très proche de l’expérience de Perec telle qu’il la relate dans « W ou le souvenir d’enfance ». Il me semble que Perec aurait pu contresigner ces lignes.
Ah les bêtises de cambrer et les marrons dindes…
Petit papa noël est aux anges!
https://www.youtube.com/watch?v=AgpaIdK3GM8
Perfide, mesquin, etc., si vous préférez.
Le panache, blanc? H4 comme tautologue en chef…très contestable.
Un passage au dictionnaire s’impose.
Dans son discours, Modiano cite deux strophes du même poème de Yeats (« Les cygnes sauvages de Coole »), la deuxième et la cinquième.
Panachez, panachez, quelque chose restera… bon, ce n’est pas si sûr, mais on ne sait jamais… c’est vrai que panacher une bière c’est plus à la portée de tout le monde… tandis qu’une feuille blanche il faut déjà que la plume s’y prête… et dresser une plume ce n’est pas simple comme dresser des poux, par exemple. Puis il y aurait la question de la subjectivité (déjà brièvement esquissée)…
Une mondanité après le plus difficile : l’écriture de ce qui demeurera comme l’un des plus beaux « Discours de Suède ».
Sans doute. En tout cas il se recommande par sa simplicité et son naturel. A mon avis, il n’a pas mis trop de temps à l’écrire. Il n’a pas dû non plus se mettre en quête de la puissante originalité à tout prix, genre « qu’est-ce que je pourrais bien dire de plus futé que Claude Simon et le Clézio ? ». Ce qu’il dit du génie des lieux (les rues et les quartiers de Paris) comme fixateurs de souvenirs peut se dire aussi bien de tous les lieux (aussi campagnards qu’on voudra) aimés, fréquentés, parcourus au fil des années. Evidemment, le registre des souvenirs n’est pas le même. Il y a d’ailleurs dans ce passage de son discours la reprise d’un passage célèbre des « Mémoires d’Outre-tombe », non ?
Hon voit la marquise de Cambremer qui dodeline de la tête !
@BERENICE
Par cette brève incursion dans la critique passagère et impulsive de ce blog, enfin plus exactement de certains « auteurs » et contenus, j’en ai oublié l’essentiel, la vraie raison à lire Passou à propos de ce tendre sélénien qu’est Patrick Modiano pour qui, l’iceberg épars, papier blanc de l’Arctique, pourrait disparaître englouti par l’indifférence, le cynisme et la paresse du geek… Ce Nobel fait bon usage de l’encre, préserve les contrées qu’il explore des balafres des marées noires et nous enjoint de jeter l’ancre pour voir à quoi ressemblerait Paris d’un autre horizon. Prosateur, assurément, poète, sans doute.
Bloom, OK pour votre précision. Mais attention à l’interprétation : on vous sent à deux doigts d’affirmer que c’est par jalousie que Bon échine Modiano… Ce peut être en toute bonne foi…
Le panache ? Ah, si je feuillette mon petit dictionnaire personnel, celui que je trimballe sans même le vouloir dans mes souvenirs portatifs, le panache est attaché à un roi aimé, et à l’inoubliable Cyrano de Rostand. Caractéristique psychologique plutôt qu’adjectif qualificatif, donc…
…
Bon, je suis d’accord cependant pour dire que l’univers de Bon, fait d’érudition un peu glacée, peuplé de contraintes formelles façon oulipo et appuyé sur un passé d’ingénieur, m’apparaît en totale contradiction avec l’émotion parisienne et brumeuse d’un Modiano au nom de baiser…
Dieu sait que j’aime Modiano, dont j’ai lu sans exception tous les livres (et la chair, hélas…). Mais je suis forcé d’avouer que son discours m’a paru bien facile et bien terne, comme celui d’à peu près tous les lauréats précédents, à l’exception de ce cher et glacial Coetzee qui a eu le courage de raconter une histoire, et du rébarbatif Pamuk qui disait de belles choses sur son père.
On voit pas les vieilles bigotes qui font la quête…
« qu’est-ce que je pourrais bien dire de plus futé que Claude Simon et le Clézio ? » »
c’est ce que je me dis tous les matins en me regardant dans la glace avant d’attaquer les commentateurs dela rdl
Et sa façon de passer la marche avant…
« On ne voit guère Patrick Modiano face à un ordinateur. » : une Scabelli comme tout le monde !
L’un des premiers grands, avec un Mac, fut Charbukowski ; au début il savait pas sauvegarder…
Julien, avant de vous répondre, j’ai relu le billet de notre hôte, pour être sûre de moi – parce que, quand même, quel étonnement de vous voir parler de la « facilité » et du « terne » de ce discours.
J’ai bien regardé partout, je n’ai pas (encore) lu le terme qui me semble caractériser et le discours, et l’écrivain, et qui me monte aux lèvres, direct : à savoir la modestie qui s’exprime là.
Sans doute la modestie renvoie-t-elle à quelque chose de particulièrement éloigné de notre époque, de parfaitement anachronique. On ne la juge, aujourd’hui, que fausse ou déplacée. Patrick Modiano la couvre de gloire : c’est donc un roi, oui, je le veux bien notre hôte, mais il faudrait alors imaginer un roi modeste…
Par ailleurs, la comparaison avec le « Discours de Stockholm » ne plaide guère en faveur de Modiano ; Claude Simon propose un texte beaucoup plus soutenu, beaucoup plus attachant, beaucoup plus complet, que « L’invitation », deux années plus tard, poursuit et développe en beauté.
Il y a aussi « National Gallery » Lavande 11h14
Une émission sur Fr Culture, Laporte si mes souvenirs sont exacts en donna un partage assez tranché des avis, certains allaient même jusqu’à voir qu’on n’y voyait rien enfin pour finir ça ne m’a donné envie du déplacement, Et ça vaut tout de même le coup d’après vous, quoiqu’il en soit la dispute a réussi à le déprogrammer de mon logiciel pourtant avide de connaissance.
Je redis, pour que soit entendu mon propos à cette aune, que j’ai lu et que j’ai aimé tous les romans de Modiano (avec une préférence très explicable pour « Remise de peine » et pour « Accident nocturne »). Mais lorsque je lis, par exemple : « le lecteur en sait plus long sur un livre que son auteur lui-même. Il se passe, entre un roman et son lecteur, un phénomène analogue à celui du développement des photos, tel qu’on le pratiquait avant l’ère du numérique », ou « Tolstoï s’est identifié tout de suite à celle qu’il avait vue se jeter sous un train une nuit, dans une gare de Russie », je ne lis pas de la modestie : je lis des platitudes un peu fausses. C’était, pour moi hier, une grande déception, à la mesure de mon attachement à quelques-uns de ses livres, et par comparaison avec Simon et Coetzee. Je disais la même chose exactement pour le discours de Vargas Llosa.
Mon dieu pardonnez-moi car je vais pecher, et préservez moi de l’envie de ficher, une fois encore, de la tête de ce déguingandé « sélénien » en annonçant une bonne nouvelle pour les modianolâtres : le père Accambray est toujours vivant ! cool, nan ? Certes géographiquement ces nouvelles sont un peu loin de « Paris d’un autre horizon » , XVIème et alors de Stockholm, n’en parlons pas.
John Coetzee lit toujours une histoire en public. Quand il parle de littérature, c’est de celle des autres. Je lisais hier soir le chapitre de Inner Workings, Literary Essays 2000-2005 consacré à Italo Svevo, d’une clarté éblouissante, truffée d’anecdotes riches de sens (Joyce fut le prof d’anglais de Svevo à Trieste). Un bonheur à l’idée d’aborder les chapitres sur Robert Walser, Hugo Claus, Sandor Marai, Joseph et Philip Roth, Whitman, Beckett…
Coetzee ne sait/veut pas parler de lui ou de littérature. Il veut l’incarner. Il « est » ses textes, rien d’autre. Pudeur extrême.
A Jaipur, en 2011, il a lu pendant 45mns une histoire devant un auditoire de plusieurs milliers de personnes, complètement envoûtées.
Gloire à ceux qui savent raconter des histoires!
http://bookslive.co.za/blog/2011/10/28/video-jm-coetzee-reads-the-old-woman-and-the-cats-at-jaipur-literary-festival/
Depuis que j’ai entendu Foenkinos se pâmer à l’évocation du grantécrivain qui a « la mémoire de ce qu’il n’a pas vécu », ça me gratte de partout, pas vous ?
En fait avec un petit carnet d’anecdotes sur tel ou tel écrivain, un peu de ressucée de tel autre, on peut tenir le temps d’un dîner en ville, si je comprends bien. C’est une idée.
« pecher », à votre façon d’éviter l’accentuation chère vie dans les bois, on voit tout de suite de quelles natures sont vos engagements, ni à la faute ni au risqué et au respect des règles élémentaires mais à l’oubli et la négligence.
C’est une idée. Mais grand drame! comment tenir et à quoi, si l’on n’a pas de petit carnet? Se cacher sous la table? J’ai passé l’âge aussi chère vie m’éclairez-vous d’autant que ce si peu de choses auxquelles on s’accroche pour ne pas sauter dans l’Oise glaciale et sans pompiers.
Je ne sais pas si un exégète voudra bien se lancer dans l’analyse de ce premier chapitre de » la place de l’étoile »; ce serait interessant.
« La mémoire de ce que l’on a pas vécu », il faut vraiment être un grantécrivain, un être sensible, une éponge à émotions, pour s’y attaquer.
Pour un bolo standard dans mon genre, c’est plutôt une phrase qui déclenche l’hilarité. Hilarité assortie d’un respect convenu qui modère les bruits d’expression du rire, naturellement …
Dites, Djedla, ça vous gratte de partout ou ça vous démange là où vous n’avez pas vécu…?
Foenkinos est certainement un petit modiano en devenir. Il a déjà tout compris le talent du grand.
« Et si, finalement, Modiano n’était qu’une tasse de thé, toujours la même, toujours tiède, toujours de mauvaise récolte ? » me dit mon crémier, qui est cultivé comme un élève de 5ème dans un bon lycée parisien.
« Tu n’y penses pas ! Passou nous a dit le contraire dans le billet de la RdL ! », que j’y ai répondu, sèchement, en fourrant mon mascarpone dans ma poche de blouson.
« Eh ! Vous oubliez qu’il nous a fait le coup pour ce gland de Reinhardt ! ».
Je suis parti à grandes enjambées … honteux.
Ce qui serait chouette c’est qu’à l’occasion de cette distinction qui sort de l’ombre, cet écrivain méconnu, soient édités ses poèmes: « je fais des puzzle », « sur le tobboggan »,etc.
Allez, séance d’hercup
(Bloom, j’ai suivi votre lien et, avant que d’écouter la lecture de Coetzee, mon regard s’est arrêté au bas de la page où Prashansa Taneja évoque un article de Véronique Ovaldé, avec son oncle et GGM : curieux.)
…et dire qu’il y en a qui se croit malin à 17 h 34, c’est vraiment ridicucule
Allez, je vous quitte, tendres amis erdéeliens, sur cette nouvelle au moins aussi importante que le discours de Modiano : la Chine vient de passer devant les Etat-Unis, en terme d’économie, d’après le classement du FMI.
Bonne soirée.
…et dire qu’il y en a une qui se croit maline à 17 h 57, c’est vraiment petit …
Ce qui me différencie de Modiano,
Les bras m’en tombent, Alba, ce qui te « differencie de Modiano », c’est que tu es une buse.
Est-ce que Modiano aurait pu écrire les livres qu’il a écrits si Auschwitz n’avait pas eu lieu ? Et que serait-il devenu lui-même s’il ne s’était pas lancé dans l’écriture ? un de ces Arthurs, un de ces fantômes inconsistants qui peuplent ses livres ? Un candidat au suicide ? J’ai ouvert « L’Herbe des nuits », qui attendait mon bon plaisir depuis près de deux ans. Un narrateur falot cherche à retrouver les traces d’un passé défunt. On se demande bientôt pourquoi. A quoi bon tenter de renouer par le souvenir avec un passé aussi miteux, de retrouver des gens aussi insignifiants ? Perdus, tous, dans la brume des années perdues, nuit et brouillard. On comprend tout de suite, en lisant ce livre, pourquoi Modiano a obtenu le prix Nobel : parce que la vision qu’il nous propose de la vie est la plus universalisable qui soit, celle où chacun peut se reconnaître. Nous sommes tous des personnages de Modiano, en proie à la douleur d’éprouver le néant de la vie. La musique de Modiano est une musique funèbre, et sa vision la plus terrifiante qui soit. Dans les romans de Modiano, uniquement peuplés de fantômes, il n’y a pas d’espoir.La seule « solution » que nous proposent les narrateurs de Modiano, c’est de durer. Mais à quoi bon durer, si c’est pour promener sa désolation dans les ruines de la vie ? Et dans les romans de Modiano, la vie n’est que décombres et absence. La seule tâche du narrateur, c’est de constater, de contempler ce désastre.Terrifiant.
Ce qui me distingue de Jules César, je ne trouve plus de Gaulois à écraser en France
« Nous sommes tous des personnages de Modiano, en proie à la douleur d’éprouver le néant de la vie. » (J-C Azerty)
Ce n’est pas parce que vous avez raté la vôtre que …
J’ai oublié de vous dire que j’ai trouvé le fil sur Céline particulièrement ignoble. Si vous lisez (pour ceux qui auraient commencé à lire) dans le seul but de distribuer de bons ou de mauvais points, ou pour établir des ordres de préséance, goûtez plutôt des camemberts.
Qui ? dit: 8 décembre 2014 à 19 h 04 min
Un neurone en état de marche, ça en fait toujours un.
Discours de Stockholm d’Albert Camus. 10 Décembre 1957
« Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n’ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S’il m’est nécessaire au contraire, c’est qu’il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes. Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ; il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. Et celui qui, sou- vent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent, apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. L’artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-
chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger. Et, s’ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d’une société où, selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge, mais le créateur, qu’il soit travailleur ou intellectuel. »
Ce pauvre Michel Alba -passons sur les délires politiques- a disserté, pendant des années et avec une pénible assurance, sur des livres qu’il aurait été bien incapable de lire, puis sur ceux qu’il serait bien incapable d’écrire. On croyait avoir fait le tour, mais non. Voici qu’Alba « se compare », c’est à dire qu’il va maintenant nous expliquer ad nauseam (c’est fait) quel écrivain il n’aurait pas pu devenir. « La solitude n’est pas bonne pour l’être humain ».
Bonne foirée, Albablabla.
JB, il est émouvant votre message, pour ceux qui s’y associent.
Commencer par « si Auschwitz n’avait pas eu lieu », sidère pour annihiler toute tentative de raisonnement. Cette pratique de la sidération fait partie des manipulations de la parole rejoignant en cela les plus funestes théories sur la littérature possible ou non après Auschwitz.
D’ailleurs votre propos est assez mal illustré par la suite.
« l’herbe des nuits », classé polar noir, on se demande pourquoi.
Non, il y a ceux qui croient en la sincérité de modiano. Et puis les autres.
Je viens de relire sa préface au journal d’Hélène Berr; comment ne pas comprendre qu’il se nourrit à postériori, d’une intimité qui ne lui appartient pas et dont il extrait, tente d’extraire, des passages, qui vont dans un sens bien particulier, celui de ceux qui pensent l’Histoire une fois qu’elle s’est faite. Je ne peux dire ma colère de lire, piteusement larmoyant, sur son propre sort, arpentant les rues qu’elle a pu parcourir ? devant une force vive qu’était H. Berr.
Alors son pathos personnel » j’ai eu un père collabo et je montre que je me soigne, donne le change et en tire parti » avec cette belle humilité bégayante, un sfumato parfait, vous permettrez, c’est certainement très violent, mais c’est ce qui me restera de ce Nobel.
Azerty, allons-y carrément !
« Nous sommes tous des Patrick Modiano ».
Voilà, c’est dit.
Je vous sers une bière ?
Un Chaloux, svp.
Mais, c’est dégueulasse un Chaloux froid !
Toujours mieux qu’un Alba chaud
D’ailleurs c’est assez curieux comme il a oublié ses propres vraies jeunes années. Une belle veste d’un costume de qualité, j’imagine qu’elle se retourne, non ?
J’ai lu le discours de Modiano à Stockolm. Bon, c’est à comparer avec ceux de Camus et de Claude Simon.
En l’absence de Dieu, tout bon apôtre fait l’affaire des icôneurs.
@19h45, c’est pareil: si ma tante en avait, elle serait mon oncle.
Votre tante en a : vérifiez.
Oui, la mémoire de ce qu’on n’a pas vécu, c’est exactement ce qui est arrivé à la génération de Modiano et de la mienne qui suis un peu plus jeune.
C’est ce que Modiano appelle très justement les rayons infra-rouges et ultra-violets de la création. Modiano comme moi avons des yeux pour voir ce que vous ne voyez pas. C’est ce qui fait de lui un artiste, un créateur, et de vous des lecteurs. Moi, je vois plus profondément que lui, je sonde la nuit de l’inconscient, ce qu’aucun de ces romans ne fait. Vous ne pouvez pas comprendre.
On sent comme une « RdL fatigue » ces jours-ci…Même un sujet aussi polémique que Zemmour ne fait pas décoller le compteur…Je m’inquiète…Passou filerait-il un mauvais coton…?
Je suggère à WG d’écrire un essai: « Modiano et moi », ou mieux encore: « Moi et Modiano », dans lequel il montrerais combien sa vision dépasse en acuité et en profondeur celle de ce pauvre Modiano qui n’a pas compris grand chose et ses lecteurs encore moins.
Widergänger dit: 8 décembre 2014 à 20 h 02 min
« Moi, je vois plus profondément que lui, je sonde la nuit de l’inconscient, ce qu’aucun de ces romans ne fait. Vous ne pouvez pas comprendre. »
Dire que Virginia Woolf s’est suicidée et qu’Alba est toujours là.
L’univers a-t-il un sens?
Evidemment aucun.
infrarouges, ultraviolets, vasy, c’est lumineux.
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