John le Carré en (presque) toutes lettres
Rien ne complète mieux la biographie et l’autobiographie d’un écrivain que la lecture de son œuvre. Rien si ce n’est sa correspondance, gisement de confidences fussent-elles sélectionnées. C’est dire si celle de John le Carré Dans l’intimité d’un espion (traduit de l’anglais par Isabelle Perrin, 712 pages, 29 euros, Seuil) était attendue. Elle ne déçoit pas même si en l’éditant à partir du fonds d’archives déposé à la Bodleian Library de l’université d’Oxford où l’écrivain fit ses études, son fils Tim Cornwell a nécessairement fait des choix, à commencer par sa décision de résumer à chaque fois en liminaire l’aller ou le retour du correspondant afin d’éclairer sur la nature de l’échange. Il rédigeait sa correspondance une plume à la main, comme dans l’ancien temps, ne s’autorisant quelques courriels après 2006. Le but est d’y faire entendre sa voix intérieure et davantage encore, intime. Il est atteint bien qu’un angle mort subsiste dans ce recueil : les lettres à ses maitresses. On les suppose substantielles et chaleureuses sinon érotiques car, c’est l’une des révélations du livre, malgré l’autorisation accordée au projet biographique d’Adam Sisman, il le jugeait impossible à réaliser en raison d’une vie privée assez agitée (Frédéric Dard, parmi d’autres écrivains, m’avait dit la même chose en l’évoquant comme un obstacle). La figure de son père s’insinue partout dans ces pages, en majesté ou en médiocrité. Sa figure, sa silhouette, son verbe, son culot, ses escroqueries, son souffle même que le fils semble ressentir dans le cou chaque fois qu’il écrit. Là est la racine de son obsession de la trahison, dans celle du père vis-à-vis de ses deux fils qu’il n’a cessé de tromper sur sa véritable nature. Ronnie Cornwell fut à la fois sa malédiction et sa bénédiction car sans son enseignement du mensonge et de la duplicité, […]
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