Pour saluer une certaine idée de la France
Ce que c’est que d’être devenu un monument national quand on est écrivain : inutile de préciser l’identité de celui que l’on évoque sous l’érotique étiquette d’O, vain d’ajouter que Pauline Réage n’y est pour rien. Quasi centenaire, sanctifié dans la frivolité médiatique et la mondanité littéraire qui lui faisait cortège depuis longtemps, Jean d’Ormesson, qui vient de disparaître à 92 ans, l’écrivain de service à la télévision et à la radio, celui dont son ami François Nourrissier assurait qu’il pouvait interrompre ses vacances en pleine d’août pour se rendre à une émission un dimanche à huit heures du matin, était devenu intouchable. On n’avait même plus envie de le critiquer. De toute façon, il était inaccessible pour une raison qui relevait de son talent particulier : il désamorçait tous les reproches qu’on pouvait lui adresser en se les adressant publiquement à lui-même sans s’épargner.
Désarmant, anecdotique et charmant, cela a du lui être une vraie torture que de passer pour l’écrivain du bonheur. C’est mal porté en librairie, alors que la souffrance tous les deux ou trois ans sur trois cents pages, quel boulevard ! Ses souvenirs, réécrits pour la énième fois en ne reculant devant aucun « j’ai souvent raconté » ou « comme je l’ai déjà écrit » (durs sont les adieux à la scène), se lisaient agréablement. Epatant de bout de en bout ! Cabotin comme ce n’est plus permis, courtois et bien élevé comme on n’en fait presque plus, il pratiquait l’autodérision et l’ironie sur soi avec doigté. Passionné de Chateaubriand et de Paul-Jean Toulet, un tel homme ne pouvait être entièrement mauvais. Sa mémoire allait par sauts et gambades, s’autorisant toutes les digressions. Ce qui lui faisait parfois accomplir des raccourcis historiques et des ellipses que son âge pouvait excuser.
S’il se contentait de mémoires au-plaisir-de-Dieu, dans le prolongement d’une inspiration des Buddenbrook de Thomas Mann et de la Dynastie des Forsyte de John Galsworthy, privilégié né avec une cuillère d’or dans la bouche, en racontant son microcosme décati du faubourg Saint-Germain avec la nonchalance et la désinvolture d’un vagabond passant sous une ombrelle trouée, on laisserait tomber. Mais le fait est qu’il nous attrapait en faisant la part belle aux apprentissages, aux rencontres, aux découvertes, aux lectures du pensionnaire de l’Ecole Normale supérieure et du haut-fonctionnaire de l’Unesco. Un peu de name-dropping, mais pas trop.
Rien n’était savoureux comme la présentation de ses proches amis de jeunesse, Jean-Paul Aron, Claude Lefort, Jean Laplanche, J.B. Pontalis ou Louis Althusser qui fut son caïman rue d’Ulm, ce qui ne l’a pas rendu marxiste pour autant. Plus tard, il se liera avec Kazantzakis, Fuentes, Cortazar, Styron, Carpentier, Caillois, Kemal, Vargas Llosa, Hampate Ba, Borges… Le bureau a du bon parfois. Ingrat Jean d’O qui surnommait l’Unesco « un fromage sur un nuage ». Mais il sera beaucoup pardonné à celui qui s’est tant démené pour faire élire Marguerite Yourcenar, Dany Laferrière, Alain Finkielkraut à l’Académie française.
Son récit de saviez était le plus souvent amusant, pour reprendre un adjectif affectionné par son milieu (à condition d’oublier ceux dans lesquels il renouait avec ses marottes cosmogoniques). Et si décalé ! Le philosophe Jean Hyppolite a eu raison d’observer qu’à Normale sup, son étudiant-là, avant de passer l’agrégation de philosophie, donnait à jamais l’impression de survoler les horreurs du monde en première classe et d’exprimer des vérités devant une invisible tasse de thé, fussent-elles tragiques. Jean d’O n’eut pas seulement eu de la chance : il a toujours bénéficié d’une incroyable indulgence. Peut-être parce qu’il en témoigna lui-même aux autres. Il en fallait pour se commensaliser avec tant d’ardeur et une telle fréquence avec Paul Morand et Aragon, lui qui, de ses années normaliennes, voua une admiration éternelle à L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch, qu’il ne cessa d’offrir et de conseiller avec un autre, le plus beau des livres d’histoire à ses yeux, la biographie de Frederic II Hohenstaufen par Ernst Kantorowicz.
Au-dessus des partis, chapelles et tendances, tout en demeurant foncièrement un homme de droite comme en témoignèrent ses années à la direction générale du Figaro et dans ses chroniques (ce qui ne l’empêcha pas d’être le dernier visiteur du jour du président Mitterrand à l’Elysée, pirouette bien dans leur manière à eux deux), Jean d’Ormesson appartient au patrimoine. Il faudrait le classer dans l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ainsi sera-t-on sûr que, dernier des Mohicans, il sera protégé pour l’éternité, au moins. Son nom était devenu une marque et un label. Empaillé à l’Académie française, pléiadisé sous peau de mouton, il était l’incarnation d’une certaine idée de la France, à laquelle on ne songe pas sans nostalgie tant la vision en est ouatée.
De ce monde révolu il était le totem identifiable entre tous : un accent dental, une élocution théâtrale, le nez de Raymond Aron, les yeux de Michèle Morgan et des formules made in Grand Siècle plein ses poches, notamment l’une de Chateaubriand qu’il ressortait quel que fut le sujet de la conversation : « Il faut être économe de son mépris étant donné le grand nombre de nécessiteux ». Mais le trait ne lui avait pas suffi à calmer sa rare colère à la lecture d’une enquête implacable qu’Ariane Chemin lui avait consacrée un été dans Le Monde, série dans laquelle il apparaissait plus calculateur dans les étapes de sa carrière que sa désinvolture le laissait croire.
Il nous a contaminé dans cette vision romantique du monde selon laquelle on rompt plus facilement avec le réel des choses d’ici-bas qu’avec les rêves éveillés qui enveloppent les souvenirs. Surtout quand on sait que l’amour aura été la grande affaire de sa vie. Le château de Saint-Fargeau de la famille Plessis-Vaudreuil d’Au plaisir de Dieu, la série télévisée plus encore que le roman, n’appartient pas seulement à sa mythologie personnelle mais à la nôtre, question de génération. Que sera la France de demain sans lui ? Autrement dit : y–aura-t-il une vie dans ce pays après Jean d’Ormesson ?
Il était la légèreté incarnée, dans la vie (mais sans que cela masque pour autant, comme chez d’autres, de la mélancolie) comme dans ses écrits. Car sa présence mondaine et médiatique était telle qu’on aurait fini par oublier : entre deux représentations de soi, entre deux séjours prolongés à Venise et Saint-Florent (Corse), cet homme qui aura eu toutes les facilités de la vie, il lui arrivait aussi d’écrire des livres. Nombreux et divers, on voudra retenir ceux des premiers temps (Du côté de chez Jean, Au revoir et merci, La Gloire de l’empire, Au plaisir de Dieu, Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée et même Mon dernier rêve sera pour vous en 1982). Ils étaient le charme même. Après, ça s’est gâté. Le lui disait-on qu’il répondait avec le sourire, haussant les épaules mais pas le ton : « On ne peut pas plaire à tout le monde. D’ailleurs, comme disait Chateaubriand… »
(Photos D.R.)
726 Réponses pour Pour saluer une certaine idée de la France
Un papier formidablement écrit juste une heure après l’annonce de la disparition de Jean d’O. Du grand art, monsieur Assouline !
Une pléiade reliée en « peau de mouton » est signe de décadence. Dear passou, mandez-nous en quelle année Gallimard a introduit cette mesquinerie d’antiquaire.
Il y aura une vie dans ce pays après Jean d’Ormesson, et on continuera à parler de Chateaubriand. Chez le boucher….
Merci Janssen de votre indulgence car il y a tout de même quelques petits morceaux écrits autrefois ce qui se justifie par la qualité d’éternel du défunt.
Phil, Je n’ai plus la date mais cela fait longtemps déjà. Gallimard s’est d’ailleurs rendu propriétaire d’un élevage en Australie, ou en Nouvelle-Zélande, à cet effet. 45 000 peaux de mouton par an pour la Pléiade… et combien de membres de la SPA parmi ses collectionneurs…
Excellent portrait du très léger D’Ormesson, que personne connaîtra dans 50 ans.
Dans 50 ans ? Qui peut jurer qu’il sera oublié ?….
Espérons qu’une édition particulière de la Pléiade fût offerte à Jean d’Ormesson, sortie intégralement des presses Sainte Catherine de Bruges, seul corps légitime de l’héritage nrf, sans détour australien bagne à moutons bon marché.
JJJ a raison, ici l’on s’habitue aux hommages servis au débotté par le prestigieux passou. Depuis la réforme de l’orthographe inclusive, les éloges funèbres incontinents à Johnny auront moins de mérites.
Tout y est, ne savais pas qu’au plaisir de Dieu s’inscrivait dans la lignée des Budenbrook. Un grand nez a disparu.
Mais qui donc ici a lu d’Ormesson ?
Moi, jamais !
Je n’en suis pas fier ni honteux…
J’attendais un billet de Passou pour témoigner du passage de Jean d’Ormesson dans nos années. Voilà qui est fait, et magnifiquement, dans ce petit monde de la rdl qui l’a si souvent moqué…
Beaucoup de choses y sont dites et on le retrouve, lui et sa voix inimitable, sa joie de vivre et sa gravité intérieure. Ne disait-il pas que le bonheur est une espèce de politesse.
J’aime que vous ayez souligné cette parole libre qui, tout en inscrivant, pendant trente-trois ans, des chroniques politiques dans le Figaro, prit à l’Élysée un dernier petit déjeuner avec François Mitterand qui se retirait de la vie politique.
Une voix s’éteint, plus forte pour moi que celle contenue dans ses livres car la rencontre avec l’écrivain se fait dans le silence de la lecture. Cet aristocrate habitait avec humour les plateaux de télévision et de radio. Œil pétillant, joie de vivre (apparente), l’icône populaire se prêtait avec ravissement à ces fêtes de l’audimat.
Mais il savait rappeler qu’être applaudi c’est très dangereux et qu’à l’enterrement de Stendhal, il n’y avait que trois personnes.
C’est encore le promeneur rêveur du quai de Conti et celui qui batailla pour que Yourcenar entre à l’Académie française, celui aussi à qui le sort des réfugiés importait comme celui des coptes. Intelligence, élégance et humour…
Dans ma série « J’ai très bien connu un grand écrivain dont j’ai traduit plusieurs livres »:
Un jour il m’a demandé:
– Vous connaissez Jean d’Ormesson?
– Bien sûr. Qui ne connaît pas d’Ormesson?
– Hier j’ai diné avec lui. Il est très amusant, vraiment sympathique…
– Vous l’avez lu?
– (Très étonné de ma question et en rigolant) Nooooooo… Il a essayé de me convaincre d’entrer à l’Académie… (nouveau rire).
Dear Phil !
« la vie dans les bois dit, le 5 décembre 2017 à 8 h 01 min : Le faire-part avait déjà été édité, non ? »
Le prestigieux Passou connaissait bien le sujet, j’imagine son hommage parfait, en un lieu immortellement approprié.
Le secret de la longévité d’Ormesson ?
Le même que Fidèle Castro !
https://greensleevestoaground.files.wordpress.com/2016/04/jean-d-ormesson.jpg
Bizarre que juste avant de lire ce très agréable article de Passou, je tombe sur cette réflexion de Georges Perros :
» Il faudrait pouvoir dire à certaines femmes fréquentées sous le signe de l’ amour qu’ on ne couchera jamais avec elles. Que cette certitude fait partie du plaisir qu’ on éprouve à les connaître. Mais ce serait ruiner ce plaisir, car quelle femme est capable de rester femme après une telle confidence? »
Georges Perros Œuvres Quarto Gallimard page 444.
Je n’ ai jamais rien lu de J. d’ Ormesson, sans honte et sans gloire…
Bien sûr dear JC, le grand art consiste à servir frais. M. Erner de Franceculture n’a pas non plus choisi l’éloge de Berl par Jean d’Ormesson mais nous avons eu plaisir à l’entendre en cassant la biscotte.
En fait, je n’ai jamais lu du Jean d’ Ormesson, mais j’ai la curieuse impression que « c’est tout comme » : je connais déjà son oeuvre ! Il me semble qu’il est là, planqué derrière les livres de mes étagères, souriant, délicieux et débonnaire. Alors que d’habitude, on invente l’auteur du livre que l’on lit, à partir de deux-trois bribes (sa voix sur France Cul, la photo de la quatrième de couverture… ), pour d’ Ormesson, on invente les livres qu’il écrit, et on sait à l’avance qu’ils seront charmants…
Jean d’Ormesson, le plus célèbre des écrivains non lu !
Pour satisfaire la curiosité de cette pipelette de JiBé : lisant tout et n’importe quoi j’ai lu « La Douane de mer » de Jean d’O.
Mais je préfère Carlo Rovelli….
@janssens 9H 33
vous écrivez
Un papier formidablement écrit juste une heure après l’annonce de la disparition de Jean d’O. Du grand art, monsieur Assouline ! »
N »y a-t-il pas une pointe d’ironie dans votre propos ,ironie que dans son post ultérieur Passou fait semblant de ne pas voir,jouant le modeste honnête , qui refuse un compliment immérité sur la célérité de sa réaction
En fait ce que dit Clopine est assez juste, Jean d’ O est un écrivain de conversation.
Et sa conversation nous suffit.
Cette nuit, Jean d’Ormesson est mort, c’était un écrivain folâtre ou fantasque que je n’ai jamais lu, mais qui était parvenu à m’émouvoir à la télévision, il avait beau être un grand bourgeois réac, il n’avait pas vraiment de méchanceté envers le gens. C’est pourquoi cette méchante saillie de Chateaubriand qu’il affectionnait tant ne lui ressemblait pas vraiment, même quand il la citait sur les plateaux de Michel Drucker. Cette autre lui eut mieux convenu : « il faut être généreux dans ses admirations étant donné le petit nombre d’élus ». Nous pourrions d’ailleurs la lui appliquer, je pense que ce type-là l’aurait quand même méritée.
« j’ai lu « La Douane de mer » de Jean d’O. »
C’était avant ou après Eric Reinhardt, JC ?
@10.16 / Fort bien vu. Oui : il feint de ne pas voir l’ironie du propos et de rester dans le ton ; voilà ce que j’apprécie parfois chez lui. Et sur ce coup, je l’ai trouvé très élégant… quelque chose de Jean qui survit à la « viande froide » opportunément ressortie à chaud, comme pour ainsi dire.
C’était après ton « Gout du Vice », dear JiBé ….
Personne a lu d’Ormesson ici, mais il devait vendre beaucoup de livres, vu qu’il était l’écrivain dont le pourcentage des droits d’auteur était le plus élevé en France (autour de 18 % !!).
Jean d’O est mort, JC est est vivant bien que… cherchez l’erreur
@JAZZI dit: 5 décembre 2017 à 10 h 00 min
Oui, je l’ai lu. C’était bien, où il retourne sur son passé avec mélancolie comme dans Je dirai malgré tout que cette vie fut belle. Deux livres pour lesquels j’avais écrit mes impressions… lettre envoyée à L’Institut, quai de Conti…
Par contre Le rapport Gabriel ou comment mettre Dieu hors de lui m’est apparu un peu… long…
Désolée, Jazzi, je dois sortir et dans ma précipitation l’italique n’en a fait qu’à sa tête ! J’ai dû oublier de fermer une balise. Bonne journée.
Le Figaro tire à environ 300 000 ex. C’est là qu’est la réserve des lecteurs.trices de d’O. + dans quelques chaumières et HLM, apparemment.
« JC est est vivant bien que… cherchez l’erreur » (Lacenaire)
Y a pas-pas d’er-d’er d’erreur….La-La-Lacenaire !
J’en ai lu quatre, Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée -titre maoïste-, Au Plaisir de Dieu, L’histoire du juif errant et Mon dernier rêve sera pour vous. Il n’est pas impossible que je relise un jour le dernier de la liste dont je garde un très bon souvenir, en dépit de l’article de Rinaldi qui avait tiqué sur l’oubli fréquent de guillemets : »travail indigne d’un académicien ». (Feuilleté Dieu sa vie son œuvre dont le premier chapitre est magnifique, La douane de mer,Casimir mène la grande vie parce que ma belle-mère le lisait, et sans doute quelques autres).
Ce qui me plait le plus chez d’Ormesson, c’est la façon dont il a appris avec le temps à masquer un orgueil à la fois démesuré et fort peu bienveillant, très sensible dans ses premières apparitions télévisées.
(Entendu ce matin sur LCI, Lang et F. Mitterrand avec la même curieuse impression qu’on éprouve quand on retrouve au fond d’un tiroir une vieille paire de gants bonne à mettre où va toute chose).
Dire qu’un intellectuel est anecdotique est un classique -et même un académisme- du summum de la dérision, devenu facile avec le temps, et que je conseillerais volontiers d’éviter. Mais Saint-Simon, Proust et tant d’autres sont souvent anecdotiques, les sujets de Mme Bovary, Eugénie grandet etc. sont des anecdotes de province, le problème n’est donc pas là.
Dommage que les non-abonnés du Monde ne puissent pas lire le dossier d’A. Chemin, c’eût été un beau mouvement et une forme d’hommage…
Quand on fait le Macron devant les mémères, le Chavez devant les crétins ou la Putain devant les pépères : on a des clients.
Si ça continue, va falloir envisager de se cotiser pour la forge d’une nouvelle épée. Les Quarante ne sont plus que 33. Un bon fauteuil, une bonne cause !
Jugement de Morand, dans le Journal Inutile : Ce doit être très amusant à écrire mais c’est très ennuyeux à lire.
Et pour donner l’exemple, je veux bien cotiser pour « Passou » et M. Houellebecq, qui ne serait pas non plus contre une certaine forme d’allégeance à la langue française.
Il faut du sang neuf, forcément impur, au plus haut de la littérature française !
christiane dit: 5 décembre 2017 à 10 h 01 min
La pauvre est repartie dans le cliché ronflant. Mais promis, je laisse ronfler…
Bonne journée,
« Deux livres pour lesquels j’avais écrit mes impressions… lettre envoyée à L’Institut, quai de Conti… »
Et il-t-a répondu, Christiane ?
Lorsqu’il était normalien et qu’il préparait l’agrégation de philosophie, jean d’Ormesson contrairement à presque tous ses camarade de promotion n’habitait pas à l’Ecole .
il avait une vie ailleurs, qui se parait de paillettes dans l’imagination de ses condisciples,le plus souvent issus de familles provinciales sans grade et sans insertion dans le monde parisien .
C’est d’un élève scientifique,appartenant à cette catégorie, et devenu plus tard membre de l’académie des sciences, que je tiens l’information
Immortel, intermittent permanent de la société du spectacle, pléiadisé de son vivant et increvable, après un intense moment de gloire, les nécros étant prêtes depuis longtemps, Jean d’O sombrera-t-il dans l’oubli éternel ?
Probablement.
La voie est libre pour Philippe Sollers !
Considérant tant la dimension que la qualité de ce billet, je ne peux que soupçonner Pierre Assouline d’avoir mis ces choses au congélo au cas où…
Astucieuse prévoyance.
La Canard enchaîné avait raconté il y a peut-être trente ans, que son valet de chambre l’appelait M. le comte et était tenu de lui parler à la troisième personne du singulier.
Jean d’O, le fils de la duchesse de Guermantes qui aurait épousé la reine Pédauque !
Encore un commentaire qui n’a rien à voir avec le billet du jour, mais qui met en valeur le caractère ridicule et malhonnête de ces écrivains qui prétendent éclairer l’histoire à travers de pseudo romans qui reçoivent des prix, alors qu’ils n’y connaissent à peu près rien:
« De Seul dans Berlin de Hans Fallada (1947) aux Bienveillantes de Jonathan Littell (2006), en passant par l’extraordinaire littérature de l’enfer concentrationnaire dont Si c’est un homme de Primo Levi (1947) est le plus impressionnant témoignage, le nazisme est une source inépuisable d’inspiration littéraire. L’horreur qu’il suscite, la dimension paroxystique qui l’habite, la conjuration poétique et démoniaque des instincts les plus vils et des idées les plus folles, éclairent la nature humaine d’une ombre si noire qu’elle est une aubaine pour ces explorateurs des comportements humains que sont les écrivains. On se demande même parfois si le IIIe Reich n’est pas devenu l’horizon ultime de l’imaginaire. En tout cas, les prix littéraires 2017 laissent la question ouverte. Le Renaudot est allé à La Disparition de Josef Mengele d’Olivier Guez, consacré à la fuite en Amérique du Sud du médecin tortionnaire d’Auschwitz. Quant au Goncourt, il a été attribué à L’Ordre du jour d’Eric Vuillard.
Au vrai, L’Ordre du jour n’est pas un roman. C’est un récit, détaillé, minutieux, presque un compte rendu articulé autour de deux épisodes de la montée en puissance du IIIe Reich, d’importance d’ailleurs très inégale: le premier est la réunion de vingt-quatre hommes d’affaires allemands de premier plan, le 20 février 1933, chez le président du Reichstag pour organiser le financement de la campagne électorale du parti nazi pour les élections du 5 mars 1933 ; le second est la description presque heure par heure de l’Anschluss, c’est-à-dire de l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne le 12 mars 1938.
L’œuvre a d’incontestables qualités littéraires. Elle est d’un écrivain et de la plus belle eau. Avec une plume sèche et cruelle, elle dresse un tableau saisissant du théâtre d’ombres de la comédie du pouvoir. Elle donne à voir la triste pantomime des hommes d’Etat. Le problème est qu’il s’agit d’un récit historique dont les personnages bien réels sont appelés par leur nom, assignés au rôle qu’ils sont censés avoir effectivement joué dans les événements. Et que l’Histoire y est singulièrement malmenée.
Les préjugés de l’auteur, habités de la doxa marxiste, donnent de l’histoire une vision biaisée, en tout cas partielle et partiale, très éloignée de la complexité tragique de ces années décisives.
L’auteur fait en effet le choix de réduire les hommes politiques d’alors au rôle de simples marionnettes d’intérêts financiers. Le marionnettiste tout-puissant serait, à l’en croire, les puissances d’argent et les préjugés de classe réunis en un unique mauvais génie. Cela peut paraître tout de même un peu simplet. Eric Vuillard dit sans ambages sa vision du monde: «Les entreprises ne meurent pas comme les hommes. Ce sont des corps mystiques qui ne périssent jamais. (…). Une entreprise est une personne dont tout le sang remonte à la tête (…). L’ingénierie financière sert depuis toujours aux manœuvres les plus nocives.»
S’il dénonce avec raison les errements de lord Halifax, ministre britannique des Affaires étrangères, champion de la politique d’appeasement face à Hitler, il explique les choix de ce dernier par le seul déterminisme de classe: «L’aristocrate anglais, le diplomate qui se tient fièrement debout derrière sa petite rangée d’ancêtres, sourds … »
Malheureusement, la suite est réservée aux abonnés.
@JAZZI dit: 5 décembre 2017 à 11 h 07 min
Oui
La voie est libre pour Philippe Sollers !
–
Pour passer du rayon Art de vivre à celui Bricolage prendre l’Escalator…
@Pablo.
Est-ce que tu connais Fodor?
https://www.youtube.com/watch?v=wAH9qKY4Xvc
(Pas mal pour saluer d’Ormesson.)
Le seul homme qui doive au sucre autre chose que du diabète.
« Allégeance », dit LVDB, mot splendide….
« Allégeance à Dieu », pour les Catholiques
« Soumission à Allah », pour les Muslims
« Exploitation de YHWH », pour les Juifs
« Délivrance par Buddha » pour les Bouddhistes
« Liberté pour l’homme », pour les Athées …..
« une certaine idée de la France »
Selon le critères d’accès au musée Grévin, Passou ?
« pour d’ Ormesson, on invente les livres qu’il écrit, et on sait à l’avance qu’ils seront charmants… »
Non Clopine, ses livres ne sont pas charmants…De ses »grands », je n’ai lu que « L’histoire du juif errant ». Un livre très dur par moment, époustouflant de virtuosité et d’érudition. Vraiment original et étonnant.
« Charmant », je dirais plutôt enchanteurs, sont ses minces livres récents: « C’est une chose étrange à la fin que le monde » et les suivants dans la même veine, qui se lisent avec beaucoup de plaisir néanmoins.
J’ai bien l’intention de compléter mes lectures. Chaloux donne l’exemple…
C’est encore un peu du XXème siècle qui s’en va avec d’Ormesson. J’avais fini par me convaincre de la réalité de sa double immortalité. Eh ben non, comme d’habitude.
C’est bien normal, Chaloux, pour un homme qui vouvoyait ses parents. Les particulés nés dans un château en France doivent encore regagner leur légitimé deux siècles après les événements, comme le rappelle Radioscopie saisi de démangeaisons au figaro (flan gauche).
Jean d’Ormesson ne pouvait confier qu’à ses intimes sa conviction d’une prochaine révolution autrement plus sanglante que la première et due à la seule perte des manières.
La voie est libre pour Philippe Sollers !Jazzi.
En effet on ne peut que songer à cette relève du sérail, mais en moins précis et en plus accroché aux habitudes mineures de penser. On peut se gausser de la mondanité de d’ Ormesson mais le suivisme des idées à la mode de Sollers ( maoisme, barthésisme, Artaud/Sadisme, papisme, etc…etc…)vaut son pesant de cacahuètes!
« Les Quarante ne sont plus que 33. »
7 places qui n’ont toujours pas trouvées de successeurs, LVDLB !
Comment est-ce possible ?
L’immortalité n’est plus ce qu’elle était…
Allons, Closer, vous exagérez, impertinent !
Résumons : Eric Vuillard est un con de marxiste pour qui l’histoire est à pétrir comme pâte en pétrin. Pour la bonne cause.
Il faut que ce soit les odieux capitalistes anglo-teutons qui soient responsables de WWII. Surtout pas le peuple allemand et le fascisme de l’époque.
Reste à espérer que le conseil constitutionnel va nous censurer l’a. 421-265-2 du CP, le 7 janvier prochain, cette monstrueuse réapparition d’un délit de « consultation habituelle de sites terroristes ». Même un J d’O au figmag se serait rangé aux arguments du très filloniste François Sureau,cet avocat écrivain super doué plaidant pour la LDH. Hélas, notre CC est de plus en plus peuplé de « politiques » très mauvais juristes, des gens de moins en moins soucieux de défendre l’état de droit en décomposition avancée, notre état des droits de l’Homme. RV au 7 janvier, avec l’espoir d’un salutaire réflexe de dernière minute qui démentirait le présent pessimisme !
« C’est encore un peu du XXème siècle qui s’en va avec d’Ormesson. »
N’est-ce pas plutôt le XVIIIe siècle, D. ? Jean d’O étant à la littérature contemporaine française ce que Fontenelle était à Voltaire.
Entre Sollers et Assouline, y a pas photo littéraire : soyons sérieux !
@qui n’ont toujours pas trouvées de successeurs
Jazzman ne risque pas d’y trouver sa place, à ce compte-là 😉
Closer, je suis souvent de votre avis. Le mien est que l’œuvre de d’Ormesson, en dépit des ricanements de Pierre Assouline n’est pas évaluable pour le moment. Le personnage médiatique a pris trop de place et troublait la lecture. Peut-être disparaîtra-t-il complètement et peut-être non, pour des raisons qui nous échappent aujourd’hui. Que ce soit une certaine France (de qui ne l’a-t-on pas dit, c’est le jugement de Yourcenar sur Colette), c’est certain, mais Saint-Simon, Voltaire et Chateaubriand aussi sont une certaine France. Et puis il y a peut-être quelque chose ailleurs, un journal ou autre qui éclipsera tout le reste. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il aurait certainement pu devenir un écrivain plus incontesté, ce qui le met déjà à part… Bref, je ne suis pas sûr que la page soit vraiment tournée.
Si on ne peut plus consulter, tranquilles, entre amis artificiers, les sites terroristes nous apprenant comment faire sauter l’Acropole, ou la Maternelle des mécréants du coin de la rue : où allons nous, là !
Où allons nous ?
En dictature boum-boum ?! ….
La France a peur.
Macron va-t-il transférer la dépouille de d’Ormesson au Panthéon ?
« Immortel, intermittent permanent de la société du spectacle, pléiadisé de son vivant et increvable, après un intense moment de gloire, les nécros étant prêtes depuis longtemps, Jean d’O sombrera-t-il dans l’oubli éternel ? »
(Jazzi)
Aucun doute là-dessus. Lui-même le disait souvent. La grande qualité de D’Ormesson était sa lucidité, sur lui-même et sur le monde intellectuel français de la 2ème partie du XXe siècle, qu’il a si bien connu. Il savait admirer les grands auteurs, même s’ils n’étaient pas à la mode. Dans ce domaine, je ne crois pas qu’il se soit trompé beaucoup.
Phil dit: 5 décembre 2017 à 11 h 33 min
C’est bien normal, Chaloux
Certes, mais s’il avait dû lui-même repasser ses chemises, se serait-il donné du M. le comte?
@un homme qui vouvoyait ses parents…
Si c’est vrai, on comprend beaucoup mieux la nature de sa hargne vermifugée à l’égard de michel@blabla à l’époque des épisodes dits de Prague et de Kiev.
d’Ormesson est sans conteste l’unique écrivain français publié dans la pleiade dont les étrangers se fichent éperdument.
Colt, l’homme des armes contre les Sauvages qui s’opposaient à l’envahissement de leur terre par des migrants, avait compris ce que les humanistes ringards ne comprennent pas, ici bas.
« Dieu a fait des hommes grands et d’autres petits, je les ai rendus égaux. » (Samuel Colt)
Mais qu’est-ce qu’elle raconte la Gigi?
La France a peur… de JC crac boum hue
Christiane, ci-joint la cote des lettres manuscrites de Jean d’O, lors d’une vente récente.
« 800 – 1 200 €
JEAN D’ORMESSON
10 pièces. – 5 L.A.S. Il évoque des phrases de Stendhal et Jules Romains qui lui tiennent à coeur, la traduction de ses livres à l’étranger, son oeuvre. «Quelle chance pour moi que vous aimiez mes livres! Je dois vous avouer que je mets mon métier d’écrivain bien au dessus de mes activités de journaliste. Votre approbation m’est d’autant plus précieuse que vous ne partagez pas, me dites-vous, mes opinions […]». «Votre lettre m’a surpris, monsieur et, je vous l’avoue, presque scandalisé. Il m’arrive – ou il m’arrivait – d’aller trop souvent à la radio ou à la télévision. Je n’y ai plus mis les pieds depuis plus d’un an. Pourquoi suis-je allé débattre à France 2 – et plus tard à RTL? Mais parce qu’on m’a demandé de combattre la campagne nauséabonde qui s’est peu à peu enflée contre le deuil national décrété après la mort de Jean-Paul II. J’ai reçu des témoignages innombrables de gratitude. Je vous en joins un seul. On peut naturellement rester chez soi en disant qu’il ne faut pas se salir les mains. C’est laisser le champ libre à ceux que vous réprouvez […]». Enveloppes. – 5 P.A.S. à la suite de photographies de l’Académie ou prises lors de séances de dédicaces. «La littérature est la preuve que la vie ne suffit pas»; «Un peu de mélancolie et un peu d’allégresse […]»; «Ce qu’il y a de plus important, c’est Dieu, qu’il existe ou qu’il n’existe pas». »
Janssen J-J dit: 5 décembre 2017 à 11 h 48 min
@un homme qui vouvoyait ses parents…
J’ai toujours vouvoyé mes parents*, les gendarmes**, les bonnes*** et ma mentule****.
*je vous déteste, mère (b)royaliste …
**je vous emmerbe, mon brave pandore !
***mademoiselle vous pourriez faire un effort en créativité, tout de même !
****je vous en prie, Princesse, ne vous laissez pas impressionner par l’ampleur de la tâche
@ Chaloux
Première nouvelle de ce Fodor. Tu as raison: excellent « pour saluer d’Ormesson ». Musique légère, sautillante, frivole… comme lui.
C’est vrai qu’on imagine bien D’Ormesson, avec sa perruque, habillé en petit marquis, dans un salon parisien au XVIIIe siècle en train d’écouter cela tout en faisant des clins d’oeil à toutes les femmes qui le regardent.
(Où tu trouves des types comme ce Antonius Carolus Fodor?)
Ce qui met la lettre à environ 100 euros, Christiane. Dépêche-toi de vendre, en pleine hausse, et t’acheter de bons livres avec cet argent ! Bientôt, ça ne vaudra plus rien…
Pablo, je l’ai trouvé par hasard, je ne le connaissais pas non plus il y a huit jours…
de nota, nombreux sont les écrivains pléiadisés en France dont les étrangers se fichent éperdument. Prenez Albert Cohen, les « étrangers » ne comprennent que l’on puisse être pléiadisé avec un seul roman.
Pourquoi plagier la Gigi de JC…..? qui n’emploie plus guère ce qualificatif depuis qu’il s’en est senti telle la précieuse ?
En nous attardant récemment, par simple curiosité, aux grilles du château de l’écrivain (que l’on m’avait signalé en Seine et Marne), le gardien des lieux faillit nous buter avec son fusil de chasse en nous mettant en joue. Ça rigolait pas, les ordres donnés par l’aristocratie déchue, et pourtant on n’avait point l’air de jih.adistes,
« (Où tu trouves des types comme ce Antonius Carolus Fodor?) »
Aux puces de la porte de Montreuil, Pablo75 !
Jean d’O n’eut pas seulement eu de la chance : il a toujours bénéficié d’une incroyable indulgence
tu ne diagnostiques pas tu prétes..main forte..lassouline..c’est ça la solidarité dclasse et une certaine idée dla france
Macron va-t-il transférer la dépouille de d’Ormesson au Panthéon ?
décidément baroz..t’as ça dans l’sang
Jean d’Ormesson appartient au patrimoine
entre ici dormesson..même si t’étais une tête de con tu étais des nôtres etc..
de d’Ormesson…prénom ? dédé
C’est génétique, le boug, mon père, disparu un 5 décembre, était tailleur de pierre-marbrier…
JAZZI dit: 5 décembre 2017 à 11 h 43 min
Macron va-t-il transférer la dépouille de d’Ormesson au Panthéon ?
* * * *
Oui ; ET EN MEME TEMPS il transférera celle de Simone Veil
c’était un commentateur politique extrémement dur et violent..pas du tout courtois lassouline..sauf si l’on nle prend pas pour soi..sapré lassouline..et en même temps cette violence c’était sa meilleur part et c’était l’homme..dommage qu’elle ne se voyait pas dans ses romans
Jazzi: « La voie est libre pour Philippe Sollers »… qui n’a que 81 ans !
jaccuse..jaccuse ce mépris littéraire badin mais cette indulgence assez inoui..tout y est..’la france’..halors halors qu’il était trés hurgent de prende des gants..dommage
C’est génétique, le boug, mon père, disparu un 5 décembre, était tailleur de pierre-marbrier…
je parlais de « servir » baroz..le reste..chacun mérite des hégards..c’est la tradition dans son expression la plus brutale
Reste que d’Ormesson risque fort de devenir le Marat de la Pléiade. (Entrée le 21 septembre 1794, sortie en février de l’année suivante). On verra si Gallimard effectue des retirages…
Entrée et sortie du Panthéon…
tout ça va donner du mouton à liquider aux Australiens, qui pourtant ne supportent pas les populations à méchouis.
il y a certaine interview au moment des élections..certain « papier » du figaro qui ont fait dresser les cheveux sur la tête de ceux qui en ont et qui savent encore cque politique veut dire..et il le savait précisément..ceux qui le prennent pour de la guimauve sont des himbéciles heureux lassouline
j’en aurais bien plus pour finki dla complaisance..pour lui..-aucune-..et il n’en aurait pas voulu dailleurs..dommage pour lui que ce fut un hinvétéré mondain..il havait lgout du sang..et pour écrire normalement c’est souvent bon
@ Pat V
Vous n’avez pas répondu à mes objections et questions, à propos de votre conception de l’art, du « 2 décembre 2017 à 16 h 52 min ».
Dois-je comprendre que vous abandonnez la partie?
Pour saluer Eugenio Barozzi, mort un 5 décembre.
« Un jeudi, jour où nous n’avions pas école, ma mère me chargea de porter son déjeuner à mon père sur son lieu de travail. Habituellement, il l’emmenait lui-même le matin. Mais ce jour-là, elle n’avait pas pu le préparer à temps. Elle remplit la musette d’un ragoût de veau, qui finissait de mijoter sur la gazinière, la mit dans un panier en osier, y ajouta un demi pain, un litre de vin rouge et un gros morceau de parmesan. Le tout enveloppé dans une serviette à carreaux rouges et blancs.
Ainsi lesté, je partis en direction de la pinède où mon père avait son atelier, à la jonction des quartiers de la Blanchisserie et de la Ponchude, qui alors n’étaient pas lotis comme aujourd’hui.
Au bout d’un chemin, à mi colline, à l’extérieur d’un hangar en tôle, je le vis qui s’acharnait au marteau et au burin, l’air concentré, contre un énorme bloc de marbre blanc. Il était entièrement recouvert de poudre de pierre miroitante, de la tête aux pieds, et avec ses pantalons et sa chemise clairs et amples, il semblait un Pierrot lunaire.
Craintivement, je lui touchai l’avant-bras. Il sursauta, surpris, puis me voyant, il m’offrit un large sourire, me déchargeant de mon panier.
Il partagea avec moi son repas, me régala de figues fraîches et de pignons qu’il servit avec le café.
Il me parla de son travail de tailleur de pierres marbrier, jusqu’à m’initier, massette et ciseau en mains, aux rudiments de son métier. Tandis qu’accompagnant mes gestes malhabiles, il me tenait étroitement serré, je sentis l’odeur acide de sa transpiration mêlée au parfum suave de la résine des pins parasols, qui de toutes parts nous enveloppaient.
L’après-midi passa. Quand il jugea qu’il avait fait sa journée, mon père alla se rincer et se changer. Il ressortit tout neuf du hangar, les cheveux noirs, luisants et peignés, puis il me conduisit à l’auberge que tenait son ami Apo Lazaridès, l’ancien champion cycliste.
Là, mon père commença une partie de poker avec ses amis. On me servit un panaché très blanc, avec juste un fond de bière, qui très vite m’enivra. J’étais béatement assoupi, quand je fus tiré de mes rêveries par un joueur, qui m’apostropha : « Oh ! Petit Barozzi, ton père gagne. Tu payes la tournée ? » Inquiet soudain de l’heure, je fis comprendre à mon père qu’il était temps de rentrer. »
@ Chaloux
Si je ne me trompe pas, D’Ormesson n’était pas un grand mélomane. Il parle de musique dans les livres que tu as lu de lui? Moi j’en ai plusieurs (trouvés aux Puces pour rien) mais je n’ai encore ouvert aucun.
Je crois que j’ai aussi son Histoire de la Littérature. Quelqu’un sait si ça vaut le coup?
J’ai oublié une lecture, Garçon de quoi écrire, des entretiens avec Sureau, qui ne m’ont pas laissé un très bon souvenir.
Pablo, je ne crois pas qu’il ait été grand mélomane, ni amateur de Beaux-arts (je l’ai entendu le dire). L’histoire de la littérature, c’est une espèce de pré-blog, plutôt du bavardage.
Jean d’Ormesson a présenté Finkielkraut à Morand, qui l’a trouvé sympathique bien qu’un peu exalté. Les deux briscards avaient l’oeil américain pour jauger les impétrants du sérail, l’antisémitisme de Morand restant moins étouffé dans la soie que celui d’Ormesson.
Tu l’as déjà mis en ligne ce récit Annibal! C’est bien pour celui-là et pour d’autres que je t’ai logé dans la catégorie des excellents conteurs.
C’est curieux. Tout le monde (à part bouguereau peut-être) semble avoir oublié combien d’Ormesson a été détesté. Les années Hersant, personne ne s’en souvient ? Il était la caricature du réactionnaire de droite, la mauvaise foi incarnée, un pédant vantard, menton levé, voix de fausset.
Il s’est refait une virginité depuis, sans doute, mais cette mémoire courte est étonnante.
Un point à ne pas négliger : dans le milieu de l’édition, tout le monde ou presque aime sa fille, qui est réellement gentille et sympathique. C’est l’une des raisons pour lesquelles peu de critiques oseront avoir la dent dure dans les nécros.
C’est vrai, le B. mémorialiste a une saveur toute à lui. On n’arrête pas de le lui dire.
@ Chaloux
« On verra si Gallimard effectue des retirages… »
À mon avis, oui. D’Ormesson dans la Pléiade doit se vendre bien dans le XVIème, et à Neuilly, Saint-Germain-en-Laye, Versailles…
C’est trop d’honneur, closer !
Ci-joint l’épilogue du 5 décembre 1962 :
« Nous sommes à l’interclasse de l’après-midi. Je joue aux billes dans la cour de l’école, située entre le cimetière marin et le nouvel hôpital.
Je suis en CM2. Mes copains s’appellent Roger Rauspède, Michel Basto, Gilles Golezzino. Nous disputons une âpre bataille. L’enjeu : un petit soldat en plastique bleu transparent. Un vulgaire cadeau Bonux, que je trouve proprement irrésistible ! Je veux absolument me l’approprier, en augmentant de surcroît mon quota de billes. Après avoir gagné, perdu et regagné plusieurs fois le soldat, je décide arbitrairement d’interrompre la partie. Entre temps, la poche de mon veston s’est passablement gonflée d’agates en verre irisé. Mes adversaires, courroucés, m’enjoignent de remettre le lot au tir à cinq pas. La cloche est encore loin de sonner la fin de la récré, terme tacite du jeu. A ce moment-là seulement, celui qui l’aura, gardera le soldat. Soldat qui, au départ, ne m’appartenait pas. Ce n’est qu’après, que chacun fera le décompte des billes gagnées ou perdues. Selon le principe des vases communicants.
Pourtant je n’ai pratiquement rien à perdre : je n’avais pas grand chose en commençant. Mais là, je suis riche et je veux tout garder. Mon cœur bât fort, j’ai peur de perdre gros. Ma mauvaise foi est si évidente et la pression des autres garçons trop menaçante pour que je puisse me dérober. Pas d’échappatoire possible. A contre cœur, je dois m’exécuter. J’enrage, car je sais qu’à partir de cet instant tout va mal tourner.
Déjà, avec une seule bille, Roger fait tomber mon soldat. Les deux autres s’en réjouissent avec lui. Ils font corps contre moi. J’ai manqué de sang froid et me suis dévoilé. Il va être désormais difficile de reprendre l’ascendant sur ces trois imbéciles que, par certains côtés, je jalouse (fils de garagiste et d’artisans en maçonnerie ou plomberie, ils habitaient d’infâmes pavillons, pompeusement baptisés villas !)
Tandis que j’attends de pouvoir tirer à nouveau, j’aperçois l’instituteur, monsieur Ribaud, accompagné d’une femme en noir, qui se dirigent hâtivement vers notre groupe. Il s’adresse à moi, d’une voix étrangement douce : « Mon petit, va chercher tes affaires, tu dois rentrer chez toi ! » La femme, les yeux rougis, que je reconnais alors comme étant ma tante Fifine, une sœur de mon père, ajoute : « Viens vite, ton papa est malade ! »
Je compris instantanément qu’il était mort. »
JiBé, tu es gentil, mais cannois…
Qu’est ce que tu veux que ça nous fasse que ton père soit mort, et qu’aujourd’hui soit une date importante pour toi ?
Tu sais que tu peux mourir sans que cela nous touche ?
Bien à toi !
Oui Pablo, mais jusqu’à quand?
Information intéressante. J’ai lu (article de Philippe Hourcade) dans le Tout Saint-Simon de Bouquins dont je viens d’entreprendre la lecture, qu’on projette une publication du Journal de Dangeau avec en regard toutes les additions de Saint-Simon. Saines lectures d’hiver en perspective…
J’ai lu aussi son « Histoire de la littérature française ». C’est un agréable survol de nos grands et moins grands écrivains, qui permet de se rafraîchir la mémoire, notamment sur certains auteurs dont on a plus guère entendu parler depuis le Lycée.
Une lecture de plage intelligente.
JAZZI dit: 5 décembre 2017 à 11 h 59 min
« Ce qui met la lettre à environ 100 euros »
Excellent compteur, en effet, ce Jazzi. « Epatant ! » comme se fut exclamé le comte.
Même commentaire que pour le précédent, mais celui-ci est très émouvant, Annibal.
Mais depuis quand est revenue cette alternance de bleu et de blanc dans les commentaires ?
A-t-on jamais eu par ailleurs des nouvelles de la disparition de Maurice Pons, le 8 juin 2016 au Moulin d’Andé, sur la rdl ?
Je recommande « Les Saisons », l’un des seuls romans qui nous sauve l’idée d’une certaine littérature française des dizaines de bluettes de Jean d’Ormesson. En voici un résumé des plus consistants, pour celles et ceux à qui ce roman culte aurait échappé.
(copié-collé) « Un homme, Siméon, disgracié, remarquable tant par sa visible pauvreté que par sa repoussante laideur physique, arrive un beau jour dans un bourg. Et quel bourg ! C’est en qualité d’étranger que Siméon y fait son entrée, il est immédiatement distingué, épinglé car nul jamais ne s’aventure là où il a résolu d’élire domicile. Ce bourg est un bouge, une bauge, la population consiste en une espèce de cour des miracles car, quand les habitants ne sont pas manifestement estropiés, diversement mutilés, ils présentent tous une tare quelconque, c’est un peuple de damnés, un ramassis de dégénérés. Ils vivent confinés dans ce village soumis aux rigueurs d’un climat inhumain. « Les saisons » du titre qui laisse augurer la riante ronde du temps et de plaisantes descriptions bucoliques consistent en une alternative : quarante mois de pluie auxquels succèdent quarante mois de gel. Mais Siméon est convaincu d’avoir trouvé un havre et il n’est pas loin de se réputer locataire d’un nouvel éden car il est un survivant, un rescapé de l’enfer : là d’où il vient, il vivait encagé et persécuté, en butte aux pires sévices et aux brûlures d’un soleil implacable, aussi la pluie lui apparaît-elle comme une bénédiction. Il s’intitule, se proclame écrivain bien qu’il n’ait, à ce jour, pas écrit une seule ligne mais il est fermement déterminé à rédiger, dans son lieu d’élection, un chef-d’œuvre immortel en puisant dans les souvenirs cuisants de ses souffrances passées.
Mais les villageois ne l’entendent pas ainsi. Ils accablent Siméon d’un mépris et d’une indifférence unanimes. Ils le soumettent à des rites de passage qui consistent d’abord à s’accommoder de conditions de vie pour le moins rudimentaires : il lui faut consentir à se nourrir du seul carburant existant dans ce pays, à savoir la lentille déclinée sous de multiples formes (soupe, beignets, alcool…) et par ailleurs il lui échoit, en guise de gîte, une espèce de soupente obscure et insalubre. Il subit donc, dès l’abord, une relégation.
Par la suite, les villageois, réunis en conseil, votent l’intégration, l’adoubement de Siméon au motif qu’il est un savant et qu’il pourra, de ce fait, leur être utile. Mais, en contrepartie, l’étranger doit payer de sa personne et, en tant qu’intellectuel, il est affecté au relevé du pluviomètre, tâche qui, le requérant deux fois par jour, l’obligeant à parcoirir de longues et harassantes distances, le prive du temps et du recueillement nécessaires à l’écriture.
En outre le froid, la pluie incessante, les conditions de vie déplorables endommagent chaque jour davantage le corps de l’impétrant. Il est arrivé blessé au pied et sa blessure s’infecte au point qu’il faut avoir recours à l’amputation. Siméon endure toutes sortes de brimades et de persécutions et cependant sa détermination reste entière : il veut mener à bien son projet initial, il veut ne pas faire mentir l’instinct qui lui a fait élire ce lieu comme creuset de sa rédemption.
On trouve toutefois, dans ce chœur dantesque, des personnages qui, bien qu’affectés du même coefficient de férocité que les autres, présentent des caractéristiques attachantes. Il y a d’abord la veuve Ham, tenancière de l’unique bistrot du bourg (lequel consiste en un infâme tripot), affligée d’obésité et d’éléphantiasis. Si elle n’est pas moins fruste et hargneuse que ses congénères, il lui arrive néanmoins d’avoir envers Siméon des accès d’humanité. Il y a aussi Louana, gamine effrontée, futée et affûtée, dotée d’un étrange visage mongol et d’une langue bien pendue. Elle asticote Siméon, l’injurie copieusement mais elle semble lui vouer une secrète tendresse puisqu’il arrive qu’elle le tire d’embarras et elle ira même, en période de grand froid, jusqu’à lui sauver la vie. Et puis il y a le Croll, colosse débonnaire et truculent, plus proche de l’animal mythologique que de l’humain qui fait office de thaumaturge et dont les traitements sommaires n’en sont pas moins radicaux. Lui aussi se prend d’affection pour Siméon qu’il rebaptise d’emblée « Mon petit agneau » (suave appellation qui ne manque pas de faire courir un frison d’épouvante sur l’échine du lecteur auquel s’impose la figue de l’agneau sacrificiel) et qu’il soigne avec des méthodes plus proches de la boucherie que de l’homéopathie. Enfin, il y a Clara la maigre, frêle jeune femme invariablement vêtue d’une impondérable robe rose et dont Siméon tombera éperdument amoureux pour l’avoir surprise nue, se livrant à ses ablutions en plein air. Cette svelte apparition inspirera à l’écrivain auto-proclamé quelques pages exaltées avant qu’il ne soit plus du tout en mesure d’écrire.
En effet, l’action conjuguée des intempéries, des repas aux propriétés nutritives quasi nulles et des avanies que font pleuvoir sur lui les villageois réduiront Siméon à un état infra-humain. Marqué et mutilé autant que les autres, il ne fera pour autant jamais partie d’eux car son étrangeté demeure et elle est insoluble. Siméon gravira tous les degrés de l’horreur jusqu’à l’ultime épisode en forme de sacrifice expiatoire, de catharsis collective girardienne en diable.
C’est noirissime et cependant la langue savoureuse ainsi que l’ironie qui innerve presque chaque phrase font souffler un vent de légèreté qui tempère le tragique, ce qu’on pourra regretter et considérer comme un manquement à la radicalité…
C’est à la fois un conte baroque absolument horrifique, une fugue en lisière du fantastique, une fable mythologique, une parabole aux accents bibliques … Les ressources de ce texte sont à peu près inépuisables, c’est une Babel inversée, il parle à chacun tout en étant d’une singularité irréductible. Et non, le statut de livre-culte n’est pas usurpé. HYPNOTIQUE ! »
@ Chaloux
« Et puis il y a peut-être quelque chose ailleurs, un journal ou autre qui éclipsera tout le reste. »
Vu tout ce qu’il a vécu de près et tous les gens beaucoup plus importants que lui qu’il a connu, il aurait pu faire un Journal extraordinaire. Et c’est sûr que ça éclipserai toute son oeuvre publiée. Il avait l’intelligence, la lucidité et la méchanceté pour faire une espèce de Journal des Goncourt bis (à mon avis il était un faux gentil, très diplomate en public pour des raisons de stratégie médiatique, étant, comme il l’était, un « grand communiquant » – comme dit Passou « il désamorçait tous les reproches qu’on pouvait lui adresser en se les adressant publiquement à lui-même sans s’épargner »).
Mais depuis quand est revenue cette alternance de bleu et de blanc dans les commentaires ?
A-t-on jamais eu par ailleurs des nouvelles de la disparition de Maurice Pons, le 8 juin 2016 au Moulin d’Andé, sur la rdl ?
Je recommande « Les Saisons », l’un des seuls romans qui nous sauve l’idée d’une certaine littérature française des dizaines de bluettes de Jean d’Ormesson. En voici un résumé des plus consistants, pour celles et ceux à qui ce roman culte aurait échappé.
Jazzi
J’aime beaucoup vos petites nouvelles du 5 décembre, surtout la deuxième.
Exact, Pablo, je crois aussi que c’était un loup. Il en avait d’ailleurs le regard…
@ Jazzi
Comment ça se fait que tu n’aies pas écrit (ou publié) encore des romans ou des récits?
Le moulin d’Andé est un fort bel endroit. J’y ai passé deux jours il y a quelques années, lors d’une fête de famille. Un endroit qui regorge de pianos, il y en a absolument partout. Un beau souvenir.
@ Chaloux
Alors, vraiment indispensable ce « Tout Saint-Simon »?
Entendu à la radio, venant d’un Fauteuil voisin, que J. D’Ormesson faisait partie du club très fermé des Normaliens, à l’Académie Française.
Il y a là, comme déjà souligné, lors de précédent » faire-part »- et de ma part- quelque chose de vicié dans la formule, à partir du moment où seule la section littéraire serait apte à défendre la langue française. On voit bien le désastre, et l’inculture galopante, à ce propos.
@ closer
« J’ai lu aussi son « Histoire de la littérature française ». […] Une lecture de plage intelligente. »
Rien à voir alors avec l’extraordinaire « Histoire de la littérature française » de Paul Guth, si méchante et si amusante à lire?
(C’est un mystère pour moi que ce chef-d’oeuvre ne soit pas plus connu).
Les « enquêtes implacables » d’A. Chemin, c’est une plaisanterie, qu’affectionne » Passou », I presume.
@Pablo
En tout cas, c’est une lecture très réjouissante, et c’est très bien fait : chaque article est illustré d’un ou plusieurs extraits. L’occasion de retrouver ce qu’on a aimé et de découvrir ce qui vous avait échappé.
Curieux, la mort de d’Ormesson le jour où sort un rapport sort sur l’illettrisme infantile…
Heureuse époque, il y a des jeunes, qui se reconnaissent en Jean d’O.
Pour preuve le témoignage d’un moins de 30 ans, qui dit se reconnaitre « du côté de chez Jean », en 1959.
@Je ne connais pas l’histoire de la littérature de P. Guth, mais j’ai son histoire de France en deux volumes. Je m’en vais la descendre de son perchoir.
@ Chaloux
Sais-tu si « La chanson que ma mère me chantait » de Dvorak est, dans sa version originale, écrite avec accompagnement de piano ou d’orchestre directement?
Par Anna Netrebko
Chaque année, en décembre, j’entre en hibernation et j’écris.
« A la maison, d’autres femmes de la famille entouraient ma mère, assise, effondrée, dans la salle à manger. Dès qu’elle me vit entrer, elle se leva, se jeta sur moi, me serra dans ses bras en pleurant, de telle sorte que je dus la repousser pour pouvoir respirer. Ensuite, elle se frappa plusieurs fois la poitrine, en criant que c’était sa faute, que c’est elle qui l’avait tué. Au milieu de la matinée, mon père était revenu de son travail, fiévreux et grippé. Il s’était tout de suite mis au lit. Elle lui avait préparé une tisane bien chaude, qu’il avala avec trois cachets d’aspirine. Il dormait depuis des heures, quand elle voulut voir s’il voulait manger quelque chose. Elle le secoua doucement, puis le remua plus fort, en vain. Alors elle prit peur et partit en courant chercher le docteur : trop tard, il était mort depuis déjà un certain temps, dans son sommeil ! Elle disait qu’elle l’avait empoisonné. Elle n’aurait pas dû l’écouter. Trois cachets, c’était trop ! Déjà, quand j’étais rentré pour déjeuner – mon frère et ma sœur restant à la cantine -, elle m’avait demandé, inquiète, d’aller voir s’il respirait bien. Je m’étais introduit dans la chambre, l’avait furtivement regardé et lui avait affirmé qu’il dormait profondément. C’est seulement après mon départ, qu‘elle était allé le voir à son tour.
Dans la chambre, je découvris mon père, gisant sur le couvre lit. Il était revêtu de son costume sombre, cravaté, et chaussé de cuir noir. Ma mère lui avait remis son alliance, qu’il ne portait plus, car il prétendait qu’elle lui serrait trop le doigt. Son visage était paisible, presque souriant. Il semblait sculpté dans le marbre !
Mon frère et ma sœur arrivèrent en même temps, accompagnés, de ma tante Henriette et de son fils aîné André, qui avaient été les chercher l’un, au lycée technique Jules-Ferry, à l’autre bout de Cannes, l’autre, à la maternelle de Rocheville. Je gardai Nelly dans la salle à manger, tandis qu’on introduisit Ange auprès de notre père. Ma petite sœur, jugée trop petite pour être informée de la situation, se réjouissait de toutes ces personnes réunies comme pour une fête. Moi, je me regardai dans le miroir ovale, au-dessus du buffet, scrutant mes yeux désespérément secs, étonné de n’avoir pas même l’envie de pleurer. Je crois que je ne ressentais alors aucune émotion ? Seulement un vague sentiment d’importance, qui me fit adopter le visage de circonstance, compatible avec la gravité des évènements.
Plus tard, couchés dans notre chambre, Ange et moi, allâmes même jusqu’à nous demander comment nous allions faire désormais pour notre argent de poche, que notre père nous donnait chaque semaine, à l’insu de notre mère, avec l’interdiction formelle de lui en parler ! »
Pablo,à propos d' »histoire de la littérature française » celle de Kléber Haedens est intéressante, avis tranchés,ton vif, si vigoureuse dans ses jugements et partis pris fumants. pas le genre robinet d’eau tiède .
@ Chaloux
Je ne savais pas que Guth avait écrit une « Histoire de France » en 2 volumes. Je vais la chercher pour voir si elle est si drôle et est aussi bien écrite que son « Histoire de la littérature » (en 2 volumes aussi).
Archives ouvertes, une autre qui ne manque pas de piquant:
LES ARCHIVES DU FIGARO – Le premier article signé Jean d’Ormesson parait dans le journal le 2 mai 1969. Relisons cette lettre ouverte destinée à Jean-Jacques Servan-Schreiber, quelques jours après la démission du général de Gaulle conséquence du non au référendum du 27 avril 1969.
http://www.lefigaro.fr/histoire/archives/2017/12/05/26010-20171205ARTFIG00062-la-premiere-chronique-de-jean-d-ormesson-publiee-dans-le-figaro-en-1969.php
Histoire de France 2 volumes, librairie académique Perrin.
Quel est l’opus de ton Dvorak? Un compositeur que j’aime beaucoup, en dépit de l’anecdote Casals-Pierné-Debussy. Et Smétana, et Lyadov etc…
Dans « La Force de l’âge », Simone de Beauvoir raconte une scène amusante qui dépeint le caractère de Paul Guth :
« [Marco] avait pris en grippe un de ses collègues, nommé Paul Guth : il lui reprochait un excès de déférence à l’égard des autorités et d’abusives prétentions littéraires. Guth écrivait un livre dont il vantait outrageusement les mérites, et Marco voulait lui rabattre le caquet. (…) Marco remontra à Guth qu’il aurait intérêt à connaître l’avis d’un auteur arrivé et il se prétendit lié avec Pierre Bost : celui-ci devait justement, dit-il, passer à Rouen ; Marco proposa de lui transmettre le manuscrit de Guth et d’arranger un rendez-vous. Guth fut d’accord. Au jour convenu, je m’installai la première dans le café-tabac, proche du Petit Mouton, où était fixé le rendez-vous. Peu après, Marco arriva, flanqué d’un petit homme rond comme une andouillette, qui tout de suite me parla de son œuvre. Il trouvait injuste et absurde, m’expliqua-t-il, que d’anciens camarades de lycée, Brasillach par exemple, eussent déjà réussi alors que lui, qui les valait bien, demeurait obscur. Mais bientôt, il n’en doutait pas, il allait percer. Il sortit de sa poche des tickets de métro, des bouts de ficelle : c’était sa source d’inspiration, des matériaux qui assuraient son contact avec les réalités de la vie. Son livre racontait sur un mode épique l’histoire d’un être humain — l’auteur lui-même, et l’Homme en général — de la conception à la mort ; il n’avait encore achevé que le premier chapitre. Pendant cet exposé, (…) Sartre apparut, emmitouflé dans une écharpe, et portant sous son bras un vaste cahier qui ressemblait à un registre. Marco le présenta à Guth sous le nom de Pierre Bost. Sartre étala le manuscrit devant lui, et commença de mettre en pièce ce récit, plus gris et plus disgracié que le ciel de Rouen, et bourré de métaphores grotesques ; une seule expression, dit-il, lui avait plu : « Une fraise de sang » ; mais elle se trouvait dans tous les manuels de physiologie ; pour le reste, le pseudo-Pierre Bost reprocha à Guth d’écrire, à peu de choses près : « La locomotive de ma passion roule sur les rails de votre indifférence. » Après cette exécution, juste, sinon justifiée, il partit, laissant Guth atterré, Marco ravi. »
Quand elle écrivit « La Force de l’âge », Paul Guth était devenu un auteur à succès, un peu comme Jean d’Ormesson, en somme…
Ah, vous avez raison, je vais faire comme vous, mettre l’intégralité du texte:
(Lettre ouverte à J.-J. S.-S.)
Mon cher Jean-Jacques,
Voilà longtemps déjà que nous nous connaissons. Je me suis pourtant demandé hier quel âge tu pouvais bien avoir. J’ai beaucoup de sympathie pour toi, et un peu d’admiration envieuse pour les qualités qui ont fait ton succès. Et toi, je crois, tu as de l’indulgence pour moi, et pour les défauts qui n’ont pas fait le mien.
«Pour la première fois», écris-tu, «pour la première fois dans la vie d’un homme de ma génération, on peut être fier de son pays.» Je me suis frotté les yeux, j’ai relu de nouveau. Rien à faire: «Pour la première fois dans la vie d’un homme de ma génération, on peut être fier de son pays.» C’est écrit, noir sur blanc, au début de son éditorial, à la page 45 du numéro 929 de l’Express. Les bras m’en sont tombés. Tu as dû naître, j’imagine, dans ce que les Américains appellent le début des années vingt. Je veux bien t’accorder que les premières années n’ont pas vu grand-chose d’exaltant: la France en face de la guerre d’Espagne, ce n’était pas exaltant, en en face de Nuremberg , ce n’était pas exaltant, en face de l’Ethiopie, ce n’était pas exaltant. Et en face de la France, ce n’était pas exaltant. Et Daladier peut-être ne suscitait pas l’enthousiasme, ni l’honnête Lebrun, ni les Croix de Feu, ni la drôle de guerre. Et d’abandon en abandon, les catastrophes et les effondrements n’avaient pas de quoi, en vérité, rendre un jeune Français de notre génération très fier d’être Français.
J’étais un très petit jeune homme au sein de l’abîme de 1940. Toi aussi, si je ne me trompe. Et alors, c’est étrange, au sein de l’abîme justement, j’ai été pour la première fois fier de mon pays. C’est drôle que tu ne l’aies pas été. J’étais un bon petit bourgeois entre mon père et ma mère, dans un château de famille un peu en ruine. On écoutait beaucoup, autour de nous, le vieux maréchal parler de la défaite. Mais mon père, qui était ambassadeur, très comme il faut, un peu conformiste peut-être, souriant et mondain, écoutait la radio anglaise. Il n’aimait pas beaucoup les militaires. Mais un soir où un obscur général à titre temporaire avait prononcé quelques mots, je lui dis que j’étais fier d’être Français. Et je me souviens très bien qu’il me répondit que j’avais raison d’avoir, pour la première fois dans la vie d’un homme de ma génération, été fier de mon pays. Mais mon cher Jean-Jacques, tu étais né, toi aussi?
La Une du Figaro du 2 mai 1969.
En 1944, un autre ambassadeur, et très comme il faut lui aussi, et à qui je dois beaucoup, m’avait emmené à un balcon du Figaro voir passer un défilé. C’était un peuple qui défilait. Il y avait les facteurs et les policiers et les ménagères et les dames d’oeuvres. Il y avait mon professeur d’histoire que j’aimais beaucoup et qui s’appelait Georges Bidault. Et puis, il y avait un général qui n’en finissait pas, dont on avait appris à connaître la voix mais dont personne ne connaissait le visage. Et c’était un visage familier, pourtant, puisque c’était celui de la France. Ah! non, ceux qui sont nés après 1944 ne savent pas ce qu’étaient alors le bonheur et l’honneur et la fierté. Mais mon cher Jean-Jacques, tu étais né, toi aussi?
Oh! je comprends bien ce que tu veux dire. Tu veux dire -et tu as raison- qu’il est exceptionnel pour un pays de répondre non au lieu de répondre oui. Ce pays-ci l’a déjà fait pourtant -et à l’appel de qui? Tu me répondras: c’est à un plébiscite qu’il est rare de dire non. Je te répondrai que, par définition, un plébiscite auquel un peuple dit non n’est pas un plébiscite. Mais voilà que je fais de la politique. Pardon, je ne voulais pas faire de politique. Tu as tout à fait le droit d’être contre un régime et contre un homme: je me ferais volontiers tuer pour que tu aies ce droit-là. Et je persiste à croire que c’est pour que tu aies précisément ce droit-là que l’homme dont la chute le rend enfin si fier à joué et a perdu.
L’éditorial de JJSS paru dans L’Express du 28 avril 1969.
Et puis, est-ce que ce n’est pas étrange, mon cher Jean-Jacques, d’être si fier -pour la première fois dans la vie d’un homme de ta génération- d’un non sans précédent dans les annales de ta jeune mémoire? La chute qui -pour la première fois dans la vie d’un homme de ta génération- te rend enfin si fier de ton pays, c’est celle d’un homme qui n’avait peut-être qu’un seul titre de gloire, mais qui ne lui sera pas retiré: celui d’avoir su dire non. Il est vrai que ce n’était pas à un de ces plébiscites dont l’issue te rend si fier de ton pays -pour la première fois dans la vie d’un homme de ta génération: c’était à la tyrannie, à la mort, à la dictature, à la violence déchaînée. Mais, mon cher Jean-Jacques, tu étais né, toi aussi? Allons, allons! Pour la première fois de la vie d’un homme de ta génération, mon cher Jean-Jacques, tu es fier de ton pays parce qu’il a dit non à une politique. Il faudra peut-être tâcher, la prochaine fois, de te rappeler une occasion où, sous la conduite d’un homme qui était bourré de défauts, il avait dit non à l’histoire.
Jean d’Ormesson.
Il faut dire que la mère Beauvoir, comme styliste à la noix, se pose un peu là. La langue la plus laide, la plus disgracieuse, de toute la littérature française… (Même s’il fallait une Beauvoir, je ne discute pas son impact historique).
D’Ormesson publia « mon dernier rêve sera pour vous », biographie romanesque et sentimentale, qui raconte Chateaubriand :aussi bien l’amoureux (Charlotte, Pauline, Natalie,ou Juliette Récamier) que le ministre en équilibre instable s’il en fut …mais ma surprise fut grande de voir des demi pages entières rédigées dans un style étonnant et décalé., une melodie ,un phrasé inimitable, la musique merveilleuse et toujours un peu emphatique du Vicomte. Chateaubriand possede un style fabuleux (parfois un peu creux à mon gout quand il fait ronfler les grandes orgues de son mal- être..)qui se reconnait à 5 kilomètres…Je rouvre donc « les mémoires d outre- tombe » …. je me suis amusé à pointer l’ensemble des citations qui lardaient – sans guillemets !!-l’ensemble de la biographie.. ça représentait au moins un cinquième du texte. . J’en parle à l’éditeur qui sourit et me fait rencontrer la secrétaire qui avait tapé au propre le manuscrit de jean d’Ormesson. Elle me raconte ceci. En tapant ce manuscrit elle avait été si enthousiasmée par cette biographie qu’elle s’est précipitée pour acheter et lire « les mémoires -tombe » .Elle découvre alors que pas mal de phrase de d’Ormesson, elle les retrouvait intactes dans « les mémoires.. » . Ce fut écrit dans « Le point » . D’Ormesson, pas gêné un seul instant, écrivit au journal une belle lettre pour le féliciter d’avoir des pigistes cultivés .il présenta une excuse du genre : « oui, c’est vrai j’ai oublié de mettre quelques guillemets, mais bof…un détail.. »
En écrivant à JJ Servan-Schreiber cet aveu « un peu d’admiration envieuse pour les qualités qui ont fait ton succès. », on peut escompter de la part de Jean d’Ormesson , même si roué aux persiflages salonnards parisiens, un vrai sentiment de déception, à la hauteur du désastre de certains naufrages.
Pour saluer une certaine France?
Assouline n’a pas l’air de se douter de la manière dont on saluera la sienne. Chut! Ne disons rien…
Hurkhurkhurk!
Pablo75 dit: 5 décembre 2017 à 12 h 19 min
@ Pat V
Vous n’avez pas répondu à mes objections et questions, à propos de votre conception de l’art, du « 2 décembre 2017 à 16 h 52 min ».
Dois-je comprendre que vous abandonnez la partie?
La partie ne se joue en aucune manière en ce moment ici et nulle part ailleurs…
En la circonstance, attendons d’ autres moments favorables et…travaillez avec extase vos beautés!
Bien à vous!
Mais il bouge encore !
Cette histoire encore à venir, me semble quand même un condensé de néo-histoire mémorielle. Des livres-testament, avec l’espérance de vie qui s’accroît, on n’a pas fini d’en lire des chapitres et des chapitres.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Et-moi-je-vis-toujours
@ Paul Edel
« celle de Kléber Haedens est intéressante, avis tranchés, ton vif, si vigoureuse dans ses jugements et partis pris fumants. Pas le genre robinet d’eau tiède. »
Je l’ai. Elle est comme l’Histoire de la musique de Rebatet (Bouquins). Mais, dans le genre, celle de Guth est une merveille, parce qu’elle a de l’humour en plus et un style extraordinaire.
Lu il y a plus de 20 ans, je n’ai pas oublié son extraordinaire portrait de Rousseau (« l’Isaïe de la sociologie »), d’une vingtaine de pages. Ou ceux de Saint-Simon (« congestionné d’outrecuidance »), Fénélon (« Il a besoin d’aimer et d’être aimé. Il est coquet avec Dieu. Il s’enroule autour de lui comme une liane… »), Racine (« [il] est méchant par panique comme les félins »), Pascal (« Les « Pensées » ne sont pas de la littérature. En de-cà et au-delà. […] Les « Pensées » sont une succession de cris dans la nuit. […] Cet athée que Pascal voudrait convaincre, c’est lui »), Retz (« Petit, mal fagoté, laid comme un Mirabeau, comme lui d’une sensualité d’ogre. […] Il a l’impertinence des petits et des laids. Pour plaire, il est acculé à l’esprit, à l’audace. Il ne se rassure que par l’excès. Pour satisfaire sa boulimie de certitude il doit éblouir ») ou La Bruyère (« Le style de La Bruyère n’est pas le style d’un puriste mielleux, d’un courtisan du vocabulaire qui lèche les syllabes comme d’autres lèchent les bottes. C’est le style d’un candidat au suicide. Ivre de solitude et d’outrages, un désespéré veut se prouver à lui-même qu’il n’est pas si laid, si rebutant, si stupide… […] Dans leur vengeance, La Bruyère et Mallarmé bombardent la société avec du rare »).
@jazzi
la scène que vous citez est plus éclairante sur la sècheresse,la malveillance et le cynisme du couple suffisant Sartre Beauvoir que sur l’absence de talent -probable- de Paul Guth
De lui je n’ai lu que ses souvenirs de prof : »le naïf aux quarante enfants « ; et à l’époque,jeune prof ,j’avais adoré son regard plein d’une vérité teintée d’humour sur le métier que je découvrais.
je me souviens du chapitre intitulé « deux chaise » , ces deux chaises qui sont apportéees dans dans la classe et annoncent ce moment fatidique où un vieillard respectable va s’y installer, et vous regarder faire cours, devant vos élèves tétanisées par sa présence et la crainte de sécher ou de faire une réponse qui peut desservir leur prof chérie .
la narration de cette séance d’inspection autour d’un commentaire de la déclaration de Phèdre à Hippolyte est délicieuse et hilarante
@ Chaloux
« Quel est l’opus de ton Dvorak? »
Dvorak – Songs my mother taught me – Op 55 – nº 4
C’est quoi l’anecdote Casals-Pierné-Debussy?
Des blagues de normaliens, DHH. Mais on lit encore Sartre et Beauvoir, plus guère Paul Guth…
Si j’en crois le petit pigiste-détective du « Point », le fils spirituel de d’Ormesson c’est Jacques Attali, pas Sollers !
Les guillemets, d’Ormesson les ouvrait chez Pivot !
Chez Pivot se formaient effectivement les espoirs et désespoirs du monde académicien, Vincenot de la vie du rail aussi souvent invité que Jean d’Ormesson et Paul Guth candidat Sisyphe qui n’arrivait pas à placer son histoire de Naïf face à Cohn-Bendit, fortiche en conneries déguisées en déclamations. Pour le grand bonheur des mémères lettreuses qui allaient ensuite s’enfiler les épisodes dynastiques des pédés dans le pétrole.
Du malchanceux Paul Guth: la relation du tournage des « Dames du bois de Boulogne », film où il était assistant.
Vous oubliez Max Gallo, Phil ! Académicien sourcilleux, très lisible dans sa trilogie de la Baie de Nice…
@ Pat V
Je vois que comme tous les gens « à la page » en questions d’art, vous détestez la Beauté, que vous préférez les boîtes à mer.de de Manzoni aux aquarelles miraculeuses de Zorn, parce que la mer.de en boîte est plus… « moderne ».
Je vous plains d’avoir le cerveau si corseté par la bêtise de l’époque, d’être si aveugle devant l’idéologie de la « modernité », d’être un otage mental de l’abyssale co.nnerie contemporaine.
Désintoxiquez-vous en écoutant le vieux Bach, si démodé déjà à son époque:
J.S.Bach – An imaginary cantata – Nathalie Stutzmann.
https://www.youtube.com/watch?v=2gnxgxaNa8I
(À 33 min. son miraculeux « Ebarme dich »)
« Chez Pivot se formaient effectivement les espoirs et désespoirs du monde académicien »
A tête de gondoles, Phil !
On peut ne pas aimer la morale de la liberté prêchée par Simone de Beauvoir, son « sartrisme » inconditionnel ; oui son écriture frôle parfois le relâchement, mais l’acharnement pour rédiger et tenir témoignage de sa vie de jeune fille et de femme est complètement admirable.. « Les mémoires d’une jeune fille rangée », »La force de l’âge », « la force des choses » ,quelle trilogie fabuleuse.. Quel document d’époque si riche.. Tout ceci est intéressant pour montrer la coupure de notre pays en deux : Gauche et Droite avant et après- guerre…. alle a accompli un travail énorme, sociologiquement passionnant, quel répertoire des rêves d’une génération charnière.. Quelle marche en avant pour les femmes. , et la manière dont elle raconte et voit le racisme, le gaullisme, la décolonisation, la classe ouvrière face à la Guerre d’Algérie, quelque chose de si vigoureux, net, carré, dans sa démarche, une chaleur dans l’écriture envers son lecteur.je trouve tout ça admirable. Souvent très lucide.. Elle a démonté pas mal des clichés et de bêtises racontées à propos des femmes. C’est une George Sand qui a réussi son pari. et puis j’aime ce ton offensif pour parler de la libération sexuelle des femmes ;elle reste quand même le porte- parole d’une génération en plein job d’ émancipation :ça vaut bien quelques phrases laborieuses. Simone de Beauvoir, c’est une certaine idée de la France que je préfère à……d’autres.
« Simone de Beauvoir, c’est une certaine idée de la France que je préfère à……d’autres. »
Moi aussi, Paul Edel…
Vouloir faire croire, comme Phil que Mossieu Pivot predestinait à la nomination d’académiciens, ça va bien chez les Goncourt.
D’Ormesson a obtenu quel prix litteraire, le premier de sa carrière, au fait?
Extrait d’une interview de Jean d’Ormesson dans Paris Match datée de 2015, LVDLB, qui répondra peut-être à ton interrogation ?
« Et quel est votre roman préféré de Jean d’Ormesson ?
Répondre à cette question est difficile. Disons que “La gloire de l’Empire” a changé ma vie. Son succès m’a ouvert les portes de l’Académie. Ce qui a attiré l’attention de Jean Prouvost qui aimait ce qui brille et qui m’a donné “Le Figaro”. Et, en prime magnifique, je suis entré au comité de lecture de Gallimard parmi les ombres d’Aragon, de Gide ou de Claudel. Mais quel travail que ce livre ! J’ai mis cinq ou six ans à l’écrire. La nuit je m’endormais sur les pages. J’ai réécrit chacune six ou sept fois. Vous auriez dû voir le manuscrit, haut comme une chaise !
Y a-t-il des livres que vous regrettez d’avoir publiés ?
“Les illusions de la mer”. Une histoire de croisière avec des gens élégants. C’était people, un sujet pour Sagan. Je l’ai complètement loupé. Morand y a même trouvé des passages pornographiques. Inutile de vous dire qu’aujourd’hui on les jugerait bien sages. »
C’est bon le ragoût de veau.
Dernière malice de Jean d’O :l’annonce de son décès alors qu’ « une étude internationale publiée mardi 5 décembre révèle que le niveau de lecture des petits Français décline depuis vingt ans »
non lavie, Pivot, simplement une antichambre qui laissait deviner les déconvenues passées ou à venir.
pauledel a bien boulonné la passerelle Beauvoir.
Pablo75 dit: 5 décembre 2017 à 14 h 39 min
Mais non, Pablo, Manzoni n’ est absolument pas ma tasse de thé comme je ne crois pas que Zorn soit le summum de la beauté!
Il n’ est pas possible d’ envisager une quelconque discussion si vous continuer à caricaturer aussi bêtement mes propos, polémiquer pour polémiquer, c’ est perdre son temps. ( Voua aimez ça avec WGG )
( Relisez la conclusion du lien de Bérénice sur la beauté..)
Bonne journée à vous.
C’est exact Bas rosis, un prix litteraire comme clé d’entrée.
Tailleur de pierre est un superbe métier. J’aurais beaucoup plus de fierté à avoir un fils tailleur de pierre qu’ingénieur techicocomm n’importe où. Savoir que son noble et rare travail traversera siècles voire millénaires, lorsqu’il s’agit du granite.
Faut-il y voir un lien de cause à effet, Soleil vert ?
JAZZI dit: 5 décembre 2017 à 12 h 19 min
Pour saluer Eugenio Barozzi, mort un 5 décembre.
Merci pour ce très beau texte, je ne sais que dire d’autre, sinon que tout à coup je me souviens de François Cavanna, comme ça, sans raison.
Ici au Brésil, belle journée d’été; les oiseaux piaillent dans le flamboyant (amusant, ici le nom de cet arbre est écrit et nommé comme en français)
Et les cadeaux Bonus, D., tu y étais sensible ?
Bonux, le correcteur automatique n’a jamais été enfant semble-t-il !
…
…un rôle, sur mesure, et en amuser, la galerie de son temps,!…aux ascenseurs et retour,…
…
…les conservateurs périmés, en boites,…
…
…prête moi ta plume, en familles, pour écrire un mot, même en trop, copier / coller,!…
…etc,!…
Par souci d’universalité, je préfèrerais que le lecteur de ces souvenirs singuliers, pense à son propre père, Claudio Bahia !
CL. Bahia, Jean D’Ormesson a parcouru Copacabana en compagnie de sa gouvernante avant la seconde guerre. Meilleur souvenir que Gobineau incommodé par l’indigénat.
Qui s’en souvient ?
http://www.jeveuxsauverlaplanete.fr/images/stories/articles/comportements-ecologiques/bonuxlogo.jpg
J’ai entendu parler des cadeaux bonux, mais on a jamais utilisé Bonux dans ma famille. Nous c’était SuperCroix.
une formidable histoire de la littérature française, mais alors totalement subjective! et que gallimard pourrait bien rééditer c’est « tableau de la littérature française », trois volumes de portraits signés par le ban et l’arrière-ban de la nrf, Retz par André Suarès, Montesquieu par Valéry, Froissart par Jean Giono, Rousseau par Jean Cocteau, Laclos par Malraux, La Fontaine par Fargue! etc…
« Tailleur de pierre est un superbe métier. »
Oui, D., je regrette de n’avoir pas été plus attentif quand mon père essayait de m’en transmettre les rudiments.
Sa soeur aînée, ma tante Henriette, qui toujours veilla sur lui, et sur nous, après sa mort, m’a raconté que la veille de son départ en pension, à l’institut des sourds et muets de Nice, mon père eut si peur d’être abandonné par sa famille, qu’il fit une fugue. On le retrouva dormant au pied d’un arbre, en pleine pinède, au coeur de la nuit. Plus tard, il fut envoyé à Marseille, pour parachever sa formation. Je possède encore les vieilles photos sépia où on le voit, en compagnie de ses camarades et d’un vieux professeur à barbichette, dans un vaste atelier aux murs recouverts de bas-reliefs en pierre, oeuvres des jeunes élèves…
« SuperCroix »
Déjà catho, dès l’enfance, D. !
Et tu ne t’es pas révolté ?
« Froissart par Jean Giono »
Il y a comme un intrus dans la liste, de Nota !
Pour Froissart, pas pour Giono…
Froissart était converti, baroz, à la droite et au figaro..
JAZZI dit: 5 décembre 2017 à 15 h 38 min
« Froissart par Jean Giono »
* * * *
ce doit être un hommage à André Frossard, vu la douloureuse actualité
scusi… Frossard. ne froissons personne…
Jacques,un intrus? que non! C’est Jehan Froissart, chroniqueur, dont Giono fit le portrait…
Je ne sais pas combien de fois a été employé le terme « mémères » mais je constate que les pépères sont toujours aussi condescendants par ici.
Mieux vaut écouter Jean d’O :
« Si la femme a reçu à peu près les mêmes avantages que l’homme, l’homme n’a pas reçu en échange tous les inconvénients, ou disons toutes les charges, qui pèsent sur la femme », affirmait-il aux étudiants réunis dans l’amphithéâtre Descartes. Ovationné à la fin de son intervention, il avait ajouté : « Je ne suis absolument pas féministe […]. J’essaie de voir les choses comme on regarderait les abeilles ou les fourmis. » !!!
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/disparitions/video/2017/12/05/quand-jean-d-ormesson-parlait-de-la-charge-mentale-des-femmes_5224797_3382.html#Y9TaAetDGYux0mFO.99
« oui son écriture frôle parfois le relâcheme »
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce poncif sur Beauvoir, à savoir qu’elle écrivait mal. Au contraire, pour ce que j’en ai lu, j’ai toujours admiré son style précis et élégant. Pour le reste, je suis bien d’accord avec Paul Edel, et je trouve qu’avoir été une « grande sartreuse » lui a en somme fait du tort, alors que toute seule elle était déjà quelque chose de grand.
On peut d’ailleurs, puisque l’actualité nous y oblige, considérer l’écriture brouillonne, bâclée, voire confuse, de Jean d’Ormesson, et comparer avec Beauvoir et son style net et précis. Comme on dit, il n’y aurait pas photo. La différence entre un faiseur et une authentique artiste de la plume…
Delaporte, avez-vous lu » La mort d’une mère » ? réputé le meilleur récit de Beauvoir pour son style, il est plutôt plat. Vous êtes sans doute bien occupé par les coucheries de bouquincamp.
L’oeuvre, ou plutôt la non-oeuvre, de d’Ormesson est une bouillie infâme, un magma indigeste dont aucune idée ne ressort, pour tout dire parfaitement illisible. En tant qu’écrivain, d’Ormesson est certainement un gros raté. En tant qu’arriviste mondain, un expert…
Delaporte, avez-vous lu » La mort d’une mère » ?
Non, mais je croyais que c’était Peyrefitte qui avait écrit ça.
D’ailleurs, qu’est-ce qu’un « style plat » ? Ce n’est pas forcément négatif. Camus a un style plat, et réussit de grands livres. C’était l’époque qui voulait ça.
Le style, ou plutôt le non-style, de d’Ormesson n’était lui-même pas « plat ». Sa bouillie pour chat avait du relief, mais affreux et informe ! Et vide de sens !
une mort douce..vous avez raison, Delaporte. pour Peyrefitte aussi, your library is rich.
Un style plat est emm.dt à la lecture.
OK, de nota !
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Froissart
Pas ok, Phil. « La mort d’une mère » de Roger Peyrefitte, « Une mort douce », récemment relue de Simone de Beauvoir, et, surtout, « Le malheur indifférent » de Pater Handke sont de très beaux livres sur le même sujet…
Le « style » de Jeando est à l’image du costume sur la photo : clinquant
Baroz, dans mon souvenir, l’athéisme forcené de Beauvoir m’a semblé plomber le récit sur sa mère à qui elle fait perdre un supplément d’âme qui lui revenait de droit par son éducation.
Question style, Froissart enfonce tout ce beau monde.
défonce..enfonce ça fait plat dirait bonne clopine
l’homme n’a pas reçu en échange tous les inconvénients, ou disons toutes les charges, qui pèsent sur la femme
bonne clopine dirait que c’est vulgaire..et en plus « ça dépend » dirait baroz..jean d’o c’est cornélien
baroz tu dvrais te faire parachuter dans l’caveau pour sauver pour les vivants un truc surment trés confortabe
…les conservateurs périmés, en boites,…
danton a dit a ses poto en bas ‘dans le monde ou l’on va on n s’occupera pas de révolution’
Si je ne Mabuse comme disait la langue de Fritz, on l’a connu aussi extrêmement pugnace, voire teigneux à la radio, au milieu des années 80, le vendredi soir, dans une heure hebdomadaire où il ferraillait ferme contre ses opposants journaleux socialo-communistes. Là, l’énergie l’emportait sur la l’élégance, si ma mémoire ne me joue pas Dutourd, autre Jean.
Mais quelle belle vie il aura eu, ce garçon.
Sacré veinard.
AO
eue, autre dada
J’aurais beaucoup plus de fierté à avoir un fils tailleur de pierre qu’ingénieur techicocomm n’importe où. Savoir que son noble et rare travail traversera siècles voire millénaires, lorsqu’il s’agit du granite
y’a pus de débouché..comme dirait bonne clopine..que dans les plugs anal..et en plus en granit c’est froid
lours il a achté que des en granite..ya eu comme un fluide glaciale toute sa vie
« l’athéisme forcené de Beauvoir »
Oui, c’est dommage, ce préjugé antireligieux de Beauvoir, qui nuit à ce qu’elle raconte. Quelle grande catholique elle aurait pu être !
« Simone de Beauvoir, c’est une certaine idée de la France que je préfère à……d’autres. »
havec jean do c’est mette la barre pas bien haut polo..et le vla qui sparachute dans ledéluge..pas de quoi relver le nez de phil de son samsung esplosif
t’as pas dmal a faire le grand con dlalourde..cest acquis
Quant à ce pauvre d’Ormesson, on ne sait même pas à quelle religion il croyait. Il s’acoquinait toujours avec le plus agréable, en une sorte d’obscénité permanente. Un vrai adepte de la société médiatique, qui finalement, aujourd’hui, devant le Dieu, se verra avoir tout faux ! La vérité et d’Ormesson, ça faisait deux !
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