de Pierre Assouline

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La République des livres
Tout sauf avoir raison avec Emmanuel Berl

Tout sauf avoir raison avec Emmanuel Berl

Cet été, l’une des séries de France Culture signée Brice Couturier dans la dernière semaine de juillet s’intitulait « Avoir raison avec Emmanuel Berl ». Sans même un point d’interrogation qui eut marqué la réserve ou l’incertitude. Au fil de l’écoute, un étrange malaise m’a pris, semblable à celui éprouvé récemment à la lecture de Emmanuel Berl. Cavalier seul ( (490 pages, 27 euros, La Librairie Vuibert) d’Olivier Philipponnat et Patrick Lienhardtbiographie très complète en forme de course-poursuite sur les traces d’un insaisissable. Et pour cause ! Non qu’il soit fuyant : il n’a pas la consistance qu’on lui prête. Au vrai, Berl est un cas. Le genre d’homme qui a eu très tôt les bonnes cartes en mains et qui aura gâché son jeu. Il ne s’agit pas d’une quelconque une cuillère en or dans la bouche, mais d’incontestables facilités offertes par la naissance : grandir et évoluer au sein d’une famille et dans un certain milieu, de grands bourgeois israélites frottés de culture, sollicités, relationnés. Bergson et Proust sont de la famille. J’avais déjà ressenti ce même malaise face au fantôme de Berl, qui m’avait tant séduit dans ma jeunesse lorsque je me laissais envoûter par les romans et les nouvelles de Drieu la Rochelle et emballer par leur commune entreprise Les derniers jours, plusieurs numéros d’un « Cahier politique et littéraire » à deux mains parus le temps quelques numéros seulement en 1927, que Jean-Michel Place avait réédité en 1979.

Reprenons. Emmanuel Berl, 1892-1976. Engagé volontaire en 1914, réformé en 1917 pour troubles respiratoires, Croix de guerre. De 1932 à 1936, il dirige Marianne, hebdomadaire culturel et politique de gauche lancé par les éditions Gallimard. Essayiste, romancier, mémorialiste, journaliste, critique, historien. L’œuvre : quelques dizaines de titres d’où émergent encore pour des happy few à la mémoire longue Mort de la pensée bourgeoise(1929), Mort de la morale bourgeoise (1930), Sylvia (1952), Rachel et autres grâces (1965)Présence des morts(1956 réédité dans L’imaginaire), Un téléspectateur engagé. Chroniques 1954-1971 (François Bourin, 1993) et une Histoire de l’Europe à la fin des années 40 que les historiens considèrent avec le sourire au mieux comme un travail d’écrivain.Unknown

Qu’en reste-t-il ? A peu près rien. Ou plutôt si : une légende. Avec une indulgence effarante, une légion d’admirateurs à l’influence certaine, de Jean d’Ormesson à Patrick Modiano en passant par Pascal Sevran et Bernard de Fallois, ont inventé d’en faire un nouveau Montaigne. Ou même le nouveau Voltaire du Palais-Royal. Peut-être en avait-il le masque. Ne lui manquait que l’œuvre, ce qui est tout de même l’essentiel en pareil cas. C’est peu dire que son évolution obéit à « une ligne brisée ». On a l’impression qu’il a tout écrit et son contraire. Deux excellents auteurs, plus lucides car leur admiration était tempérée par l’esprit critique, Bernard Morlino dès 1990 et Henri Raczymov en 2015, lui avaient consacré l’un une biographie pionnière l’autre un essai pénétrant. Son parcours inspire de temps en temps mémoires et masters à SciencesPo. Drieu en avait fait un personnage de roman dans Drôle de voyage (1933) sous le nom de Gabriel Cahen et dans Gilles (1939), roman d’éducation plein de clés, essentiel pour saisir l’atmosphère politique et intellectuelle de l’entre-deux-guerres, où Berl était Preuss, le juif qui justifiait l’antisémitisme et expliquait la décadence française.

Pavés de Paris, (on peut en lire ici la collection) pamphlet hebdomadaire qu’il rédigea seul de 1938 à 1940, était payé par le Quai d’Orsay à la demande du ministre Georges Bonnet. Berl fut un fervent munichois et il dénonça comme bellicistes, va-t-en guerre etc et tous ceux qui ne furent pas des ravis de la paix de Munich. Si soucieux d’être anticonformiste, il prend la défense de Maurras nouvellement élu à l’Académie française en des termes hallucinants pour quiconque a déjà lu livres et articles du dogmatique de l’Action française :

« Je suis persuadé que son cœur est pur de haine et que la provocation au meurtre fut toujours chez lui, figure de rhétorique. Les Juifs le croient antisémite Ils ont tort. Maurras n’est pas antisémite parce qu’il aime la Raison et qu’il n’est pas démagogue. Il ne vous reproche d’être juif que si vous ne dites pas comme lui… » (In Pavés de Paris, No 1, 17 juin 1938)

Innombrables sont les jugements de cette encre signés Berl, le plus souvent gouvernés par un pacifisme érigé en évangile. Fin 1938, au lendemain de la Nuit de cristal qui précipite des juifs allemands aux frontières, tout en condamnant l’antisémitisme nazi, Berl juge « pas déshonorant » de les refouler car en s’installant en banlieue parisienne, ils concurrenceraient les petits commerçants de manière déloyale par leur travail au noir ( !). Ses éditoriaux hurlent « France d’abord ! » Rien d’étonnant, au fond non seulement à ce que Paul Baudoin et Yves Bouthillier, ministres du nouveau gouvernement de la France occupée, lui proposent d’écrire les premiers discours de Pétain, mais à ce qu’Emmanuel Berl accepte l’invitation. Flatté, convaincu, résigné à la défaite et à l’armistice, il se persuade qu’en étant la plume du maréchal, il travaille encore à la paix. Puissance de l’orgueil… Juif de cour un jour, Juif de cour toujours, même s’il a tout de l’israélite si français. Il planche sur le discours du 20 juin 1940 :

« Notre défaite est venue de nos relâchements. L’esprit de jouissance détruit ce que l’esprit de sacrifice a édifié. C’est à un redressement intellectuel et moral que, d’abord, je vous convie… »

Il planche à nouveau sur celui du 25 juin 1940 :

« Ce n’est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même… »

Avoir grandi dans un milieu dreyfusard et clémenciste pour se retrouver à négrifier pour le maréchal et émarger à la caisse noire de la Révolution nationale alors qu’on s’emploie déjà à rédiger le premier statut des Juifs les excluant de la communauté nationale, quelle carrière ! Berl n’a jamais rencontré Pétain. Et jamais il n’a renié la paternité de ces discours, ni n’en a éprouvé le moindre remords. Après tout, si ces formules passées à la postérité surprennent sous la plume de l’ancien patron de la rédaction de Marianne, elles ne détonnent pas du tout sous celle de l’unique rédacteur de Pavés de Paris qui en regorgeait. Berl se justifiera en disant qu’il l’a fait pour son pays, et que le service rendu à Pétain était du même ordre que celui de Chamfort à son ami Mirabeau dont il rédigea discours et rapports. Une fois installé à Vichy, l’ancien combattant en lui qui se dit maréchaliste et légaliste préfèrera prendre ses distances avec le pouvoir en émigrant d’abord sur la Côte d’Azur à Cannes puis jusqu’à la fin de la guerre au vert du côté d’argentât, en Corrèze avec sa femme, la chanteuse Mireille née Hartuch.

images2Bien plus tard en 1968, lorsque Berl publiera La fin de la IIIème République, récit du 10 juillet 1940 dans la fameuse collection de Gallimard « Trente journées qui ont fait la France », Paul Morand jamais à court d’une vacherie, découvrant sa réécriture de l’Histoire et la trouvant fort de café, rappellera dans son Journal inutile que jamais au cours de l’Occupation Berl ne cessa de rencontrer Jardin, Guérard , Rochat et autres vichystes et que toujours ils lui firent profiter, comme à nombre d’autres journalistes, des fonds secrets de Pétain puis de ceux de Laval.

Après la guerre, rideau ! C’est bien le moins. Il se replie sur ses écritures en son ermitage du Palais-Royal, la plus jolie vue de Paris. De partout on le presse de se souvenir et il ne se fait pas prier. Jean d’Ormesson et François Mitterrand sont ses visiteurs du jour et du soir. On sollicite sa plume dans plusieurs gazettes. Au passage, il invente un nouveau genre : la critique télé. Dans ses papiers comme dans ses livres, il peut se révéler sévère mais rien de bien méchant. Il a toujours eu l’art de ne pas se faire d’adversaires. Malraux disait même qu’il lui avait manqué le sens de l’ennemi. Morand, lui, remarquera que Berl pouvait bien hacher menu tant qu’il voulait, c’était sans gravité : « Il mord avec de fausses dents ». Il fréquenta Proust, ils eurent même des échanges épistolaires. Sauf que déjà, si jeune, sa graphie était illisible. Un désespoir pour ses futurs biographes. Mais en le lui faisant remarquer, Proust l’a parfaitement jugé :

« Signes dénués de signification rationnelle mais qui retracent pour moi votre visage »

Berl, le paradoxe fait homme. Et encore ! On ne sait pas tout. De l’avis même de ses biographes, une cinquantaine de cartons d’archives le concernant, jamais consultés car encore en instance d’être inventoriés, sont conservés à la Bibliothèque Nationale. Je sais maintenant pourquoi la lecture attentive de sa plus récente biographie par Olivier Philipponnat et Patrick Lienhardt, auteurs loués de « vies » de Roger Stéphane et d’Irène Némirovsky, m’a mis mal à l’aise ; elle est pourtant remarquable par son écriture, sa composition, ses perspectives, son sens critique et la qualité de ses sources souvent inédites. Alors quoi ? C’est juste qu’elle est supérieure à l’œuvre dont elle décrit les ressorts. Ainsi il peut arriver qu’un biographe soit meilleur que son héros, lequel finalement ne méritait pas tant d’énergie pour sa plus grande gloire déployée. A sa mort, les critiques l’ont enseveli sous les fleurs. Elles empêchaient de voir la minceur de son œuvre, ce qui eut été gênant pour celui qu’ils consacraient comme leur contemporain capital. C’est vrai qu’il aura connu tout le monde, un privilège : mais qu’en aura-t-il fait ?images

Son retrait de l’engagement public après la guerre est finalement le moment le plus respectable de sa carrière intellectuelle dès lors que l’on suppose, et rien ne s’y oppose, qu’il a pris conscience du discrédit pesant désormais sur l’expression de ses idées. La faute professionnelle n’existant pas chez les intellectuels, Sartre, Malraux, Aragon et tant d’autres le savent mieux que quiconque, il est assez remarquable d’en voir un de temps en temps se faire plus discret. Marginal jusqu’au bout, Berl.

Au fond, au-delà de ce pas de côté, de cette intelligence en liberté mêlée de malice et d’impertinence, la seule chose qui reste intacte chez ce multiforme qui ne croyait pas à sa propre unité, chez ce munichois jamais repenti, c’est son charme. Celui de son allure, celui de son commerce, celui de sa plume.  Le charme quand même, pour reprendre l’expression si bien trouvée à propos de Drieu la Rochelle par son éditeur dans la Pléiade. Mais cela n’encourage pas avoir raison avec Emmanuel Berl, un intellectuel dénué de sens politique qui n’aura eu de cesse de se tromper tout en entrainant d’autres dans ses erreurs.

(« Sa graphie dans une lettre à Proust » extrait de sa biographie par Philipponnat et Lienehardt ; Portraits de Berl en jeune et en vieux ; la plaque sur l’immeuble du 36 rue de Montpensier dont les fenêtres donnent sur les jardins du Palais-Royal à Paris ; photos D.R.)

Cette entrée a été publiée dans documents, Histoire Littéraire.

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commentaires

785 Réponses pour Tout sauf avoir raison avec Emmanuel Berl

christiane dit: à

Ce billet bien étayé est piquant ! Voilà de quoi fendiller une auréole.
Pas écouté l’émission. Rien lu de ce monsieur.
Alors, je découvre les talents de Passou quand il doute…

Delaporte dit: à

« Emmanuel Berl, un intellectuel dénué de sens politique qui n’aura eu de cesse de se tromper tout en entrainant d’autres dans ses erreurs »

… et dénué aussi de tout sens moral. Il est consternant de ressusciter un tel esprit, qui a mangé à tous les râteliers, et qui a été l’idole des esprits les plus superficiels de l’époque. Une époque qui, certes, méritait une telle infamie par le néant intrinsèque dans lequel elle s’est sauvagement complue !

Clopine dit: à

Je pense que c’est une coquille : « des ravis de la mais de Munich » ? « paix de Munich », non ?

hamlet dit: à

nous, les vivants, adressons nos prières aux vestiges qui sont restés debout après que le monde de la ferveur et de la conviction intime s’est effondré peu à peu. Les actes des hommes sont toujours des profanations. Les donneurs de leçons prétendent que l’apparence importe peu. Trahison de la parole, rage stérile de la justice des êtres vivants.

Lavande dit: à

Petit jeu annexe: qui arrivera à traduire la phrase de la première photo ?

hamlet dit: à

Notre temps diffère de celui des morts. Nous n’avons même pas de pouvoir sur le souvenir et l’oubli. Nous ne savons jamais quelles images vont surgir à la surface de notre esprit. Nous nous tourmentons avec des consolations dont nous n’avons nul besoin, et oublions les bienfaits qui pourraient nous apporter un apaisement. Les ombres de notre âme ne tourne pas seulement le dos à la lumière, elles nous entourent, menaçantes comme des démons, dès que nous avons perdu l’équanimité d’un clair-obscur harmonieux. En vain nous appelons à l’aide des forces intérieures et extérieures. En vain nous nous en prenons aux étoiles et à nos amis.

hamlet dit: à

chaque homme succombe à la tentation, ou plutôt à la contrainte, de chercher après coup une justification pour des décisions qu’il a prises dans sa vie. Oui, il présuppose qu’il a toujours eu le choix entre plusieurs possibilités et concède tout au plus qu’il s’est trouvé par la suite lié à des actes irréversibles. Le respect de notre propre personne nous ordonne de ne pas de ne pas déclarer nous-mêmes que nous avons agi comme des sots dépourvus de raison. Comment pourrions-nous sinon de trouver la force de saluer le soleil chaque matin ?

Clopine dit: à

Hamlet, quand vous déclarez qu’il faut avoir la force de saluer le soleil chaque matin, avez-vous réfléchi à ce que vous dites ? Parce que, si tout le monde se mettait à saluer le soleil comme vous le souhaitez, ce serait difficile d’écouter en même temps BFM TV. Moi je crois que la plupart des gens ne saluent pas le soleil le matin. Pensez-vous vraiment ce que vous dites ? Avez-vous conscience de ce que cela fait le soleil sur le dessèchement de la cornée ? (etc., à la manière de, etc.)

Lavande dit: à

C’est l’antidote au dessèchement de la cornée.

et alii dit: à

d’où christiane concluez-vous quepassou doute?

christiane dit: à

@hamlet dit: 30 juillet 2018 à 20 h 54 min
Vous n’avez jamais écrit ce genre de pensées.

« Notre temps diffère de celui des morts. »
Comment imaginez-vous le temps des morts ? N’est-ce pas un temps qui n’existe plus ? Une dissolution ? Un vide ? un repos infini ?

 » Nous n’avons même pas de pouvoir sur le souvenir et l’oubli. Nous ne savons jamais quelles images vont surgir à la surface de notre esprit. »
C’est un bonheur, une invention perpétuelle. De l’autre côté de l’oubli nous guettent bien des surprises… Avez-vous peur de la mémoire ?

« Nous nous tourmentons avec des consolations dont nous n’avons nul besoin, et oublions les bienfaits qui pourraient nous apporter un apaisement. »
Oui, beaucoup par l’imagination qui jamais n’est à la hauteur de ce qui va arriver.

« Les ombres de notre âme ne tourne pas seulement le dos à la lumière, elles nous entourent, menaçantes comme des démons, dès que nous avons perdu l’équanimité d’un clair-obscur harmonieux. »
Il ne faut pas craindre les ombres. Elles sont le repos de la lumière.

 » En vain nous appelons à l’aide des forces intérieures et extérieures. En vain nous nous en prenons aux étoiles et à nos amis. »
Les forces intérieures du mental sont puissantes.
Les forces extérieures étaient plus puissantes dans nos fantasmes enfantins que dans le réel de ce monde d’adultes souvent inconsistants. Reste la force donnée par la foi, mise en péril par un Dieu absent et muet…
C’est vrai qu’on leur en veut aux étoiles et aux amis, jusqu’au jour où on les voit dans leur modestie, leur impuissance. On peut aimer des toutes petites choses vulnérables, des êtres fragiles. On fait avec. On fait la route…
Bonne soirée.

christiane dit: à

@et alii dit: 30 juillet 2018 à 21 h 51 min
Au ton de son billet, comme s’il trouvait qu’il y a là « beaucoup de bruit pour rien », un orateur doué qui faisait illusion mais pas un travail d’écriture mémorable, ni une pensée approfondie.
Et vous, vous ne trouvez pas qu’il doute de la valeur littéraire de ce testament ?
Je relis :
« Sans même un point d’interrogation qui eut marqué la réserve ou l’incertitude (…)un étrange malaise m’a pris,(…) les traces d’un insaisissable. Et pour cause ! Non qu’il soit fuyant : il n’a pas la consistance qu’on lui prête (…)Qu’en reste-t-il ? A peu près rien. Ou plutôt si : une légende. Avec une indulgence effarante, (…) On a l’impression qu’il a tout écrit et son contraire…. »

Jazzi dit: à

Mais de quelle raison s’agit-il ? Celle de la collaboration ou de l’indifférence à la mémoire juive, la Shoah incluse !

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…tout, est bon, dans la cuisine juive,…
…en tout temps, en tout lieux,…la chanson, à Dominique,…par sa sœur,…rester, en toute bonne littérature du bon coin,!…

…tout, et, n’importe quoi,…comme tout le monde libre,…et, faire fit, des plâtres dogmatiques, sur le vivant, des êtres, mêmes avec, ou sans stratifications à la cuillère d’or,…

…l’équilibre, du jeux, a ses enjeux à la vie, quelques cartes, du lot,…de l’ancien Tarot de Marseille,…s’imaginer, une destinée,…à l’écriture  » grandes gueules « , dans les sociétés,…etc,…
…Ah,!Ah,!…Bip,!Bip,!…Go,!…etc,…
…of course,!…

Pablo75 dit: à

C’est son ami Proust qui a expliqué au jeune Berl la raison pour laquelle il ne ferait pas une oeuvre. Dans ce documentaire célèbre, Berl parle plusieurs fois. À la fin de celle qui commence à 39 min, Proust lui donne la clé de comment faire une Oeuvre: la foi total en soi-même, une foi absolue que Berl n’avait pas, incapable comme il était de « prendre son parti », lui.

https://www.youtube.com/watch?v=s60bNcVr4IE

hamlet dit: à

si je peux me permettre de juste ajouter un petit détail à cet article par ailleurs très complet, rue Monpensier c’est entre vingt et trente mille euros le mètre carré.

autant dire que désormais on y trouvera plus guère d’intellectuels, du coup ils ont bien fait de mettre la plaque, encore que je ne suis pas sûr que les comptables et les joueurs de foot qui y habiteront sauront qui sont Cocteau et Berl.

ainsi va le temps.

d’ailleurs je me demande si tous ces bouquins sur le « passé » ne sont pas en parti dû à la flambée de l’immobilier à Paris ?

P. comme Paris dit: à

Bien le bonjour, Mr Court.
Heureux de savoir que vous êtes un chercheur,
sur un sujet plutôt pointu.
Au plaisir de vous lire.

Delaporte dit: à

Berl est de cette race de plaisantins qui ont conduit la littérature sur la mauvaise pente. Avec eux, tout est léger, épatant (mot préféré de d’Ormesson), charmant. L’élégance ne peut jamais être sérieuse, il faut du rire et de la plaisanterie, jusqu’à en être las au point de cesser d’écrire ou de se suicider, – comme dans ce nouveau roman d’une jeune Italienne, qui a bien appris sa leçon, et nous livre un roman catastrophique dont voici le résumé (on imagine aujourd’hui comment une Ulrike Meinhof aurait traité dans une fiction l’histoire de la RAF) :

« Nadia Terranova, trop jeune pour les comprendre sur le moment, se plonge dans les « années de plomb » qui ensanglantèrent l’Italie à la fin des années soixante-dix. Elle en tire un livre générationnel charmant, entre roman sentimental et récit exemplaire. »

Incroyable !

Lacenaire dit: à

Le p’tit Court docteur en littérature ? surtout pas en lit et ratures ! que de la bonsieuserie nomdedieu !

Pablo75 dit: à

« Les nazis n’étaient absolument pas chrétiens […] parce qu’ils étaient d’abord antisémites, l’antisémitisme était la base de leur idéologie. La religion chrétienne, notamment avec la Bible, naît du peuple hébreu. »
Delaporte dit: 30 juillet 2018 à 19 h 43 min

Donc, il n’y a jamais eu un antisémitisme chrétien. L’Inquisition chrétienne n’a jamais persécuté et brûlé des juifs en Espagne, par exemple.

La preuve? « La religion chrétienne, notamment avec la Bible, naît du peuple hébreu. »

Quel escroc intellectuel, ce Delaporte… (qui continue son délire avec Ulrike Meinhof !!).

Beltegeuse dit: à

C’est assez drôle qu’il ait été affligé d’une écriture indéchiffrable, illisible en d’autre termes incompréhensible un peu comme ses choix , ses engagements , vu d’avion, un personnage qui colle à sa graphie. Je n’ai pas suivi de culture comme nous l’indiquait Phil, ne connait rien de ce monsieur que ce que PQ nous en livre ici.

Beltegeuse dit: à

Ce que PA.

Beltegeuse dit: à

23h19 une curiosité que tout le monde connaît.

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…il faut, laisser croire, les béguines, et ses abrutis,…les royautés, comptent dessus, depuis, les premiers écrits, dans le temps,…

…des prétextes, haut de formes, pour faire, les paradoxes, à ses aménagements, en ,plus des saints, les servitudes – volontaires,…
…à la pensée, comme du bétails,…
…à nos vaches laitières, et ses paradis,…

…pile, je gagne, et face, tu perd,…

…on est, pas, près de sortir, de ces auberges, ou enclaves – là,!…
…à l’image, de Stalag 13,…fiscal,…
…Ah,!Ah,!…et, Tintin,…

hamlet dit: à

les trois piliers du nazisme : Hitler pour le politique, Heidegger pour le métaphysique et Schmitt pour le juridique, étaient tous trois d’origine catholique, ils incarnent l’accomplissement de la politique de Paul et de la pensée de Marcion.
Dans ces années-là « la Croix » le journal se vantait en première page d’être le journal le plus anti juif de France.
Aujourd’hui ce journal incarne la tolérance et soutient l’immigration.
Le monde n’est rien d’autre qu’une immense scène de théâtre, les acteurs changent de déguisement et de maquillage avec une telle rapidité qu’un spectateur qui s’endort pendant représentation et se réveille quelques scènes plus loin n’arrive pas à suivre le sens de l’histoire.

Jacques R. dit: à

Reconnaissons au moins à Berl un titre de gloire qu’on ne saurait lui dénier : celui d’avoir été le chéri de Mireille.

et alii dit: à

. All the world’s a stage, And all the men and women merely players;

Clopine dit: à

Quant à la phrase mystérieuse, elle est ponctuée d’un dessin de boa ayant avalé un éléphant. Et elle signifie :
« la marquise sortit à cinq heures ».

PS : pour la passionnante, sidérante, renversante et instructive conférence de Monsieur Court-Jeune-Homme, j’espère juste que ce ne sont pas les deniers publics qui paient ce genre de navrante prestation.

Hélas, cela n’aurait rien d’étonnant, tant mes impôts (et les vôtres) sont ainsi détournés de destinations utiles (et on a l’embarras du choix !)pour servir l’hallucinant égoïsme auto-admiratif de gâteux confits de religiosité…

Attention, hein : je ne suis pas en train de récuser les conférences érudites, et suis souvent la première à m’y précipiter, quand le conférencier, outre le savoir, pratique l’intelligence et le partage. Ahahah. Ce qui, ici, n’est certes pas le cas.

Beltegeuse dit: à

Delaporte, est ce que vous soutiendrez la lutte révolutionnaire armée? Ils ont tout de même tué quelques personnes les amis de votre égérie. Du sang sur les mains quels qu’en aient été le motif, cela ne vous dérange donc pas? Étonnant parcours que celui de cette femme dont on voit la transformation au fil des photos, belle au départ en universitaire?bourgeoise bon chic bon genre. Je ne mets pas en cause la sincérité mais les moyens.

christiane dit: à

@Lacenaire dit: 31 juillet 2018 à 8 h 24 min
Là, vous êtes décevant.
Ce colloque exposition nous en apprend beaucoup sur la société en Basse-Bretagne au XVIIe s., sur la langue bretonne. Cette figure de Michel le Nobletz (1577-1652) est assez représentative de ce qui pouvait se passer en pleine Réforme catholique, en Bretagne.Il restera 25 ans à Douarnenez.
M.Court est un sacré chercheur. Si on écoute attentivement la lecture de son exposé on sent les heures de recherches qu’il a passées dans les archives paroissiales du diocèse de Quimper. Merveille que ces cartes peintes exposées (procédé inventé par M.L.N, cartes symboliques bien sûr) accompagnés des petits « mode d’emploi » consignés dans des petits livrets que M.Court commente avec humour ! Cette exposition accompagnait le colloque. Historiens, chercheurs, étudiants, prêtres, passionnés… Tous curieux de connaître celui que l’on appelait « ar beleg fol » (« le prêtre fou »). Universitaires et chercheurs ont pris part à ce colloque international, spécialistes de cette période, arrivant d’Amérique du Nord, de Belgique ou d’Autriche, comme de Clermont-Ferrand ou de Rennes, pour partager leurs connaissances sur Michel Le Nobletz et le Port-musée exposait une douzaine de taolennoù (tableaux de mission, cartes peintes sur des peaux de mouton et classées monuments historiques).
Merci, vraiment d’avoir mis en ligne cette vidéo qui nous donne à connaitre un peu mieux M.Court et la Bretagne du XVIIe S..

Beltegeuse dit: à

Les motifs.

Beltegeuse dit: à

Soutiendrez. Sous ce jour il serait possible que vous puissiez excuser les crimes des terrorismes, tous pavillons confondus.

Beltegeuse dit: à

Souteniez.

Jacques R. dit: à

« Sylvia » fait partie des livres que j’ai lus naguère (jadis) avec plaisir, et dont je ne garde (excepté le titre) strictement aucun souvenir. Je ne saurais l’expliquer que par les déficiences de ma mémoire. Le relire ? Vu le nombre des livres que je me suis promis de relire, ce ne sera sans doute pas le cas. Existe-t-il des recettes pour garder au moins quelques traces des livres pour lesquels, autrefois, on eut quelque goût ? Prendre des notes ? Cela permettrait au moins d’adopter un rythme de lecture plus propice à la fixation du souvenir.

Beltegeuse dit: à

9h17 ce qui lui évita le defaut de concupiscence qui gâte tant de beaux esprits.

Beltegeuse dit: à

Et soutiendriez encore ce type de lutte?

Beltegeuse dit: à

21h28 je les ai vues en plein hiver, figées gelées.Non loin, si vous y êtes ,la ferme aux aurochs qui après vérification depuis tout ce temps s’est transformée en parc animalier, bisons,aurochs et autres espèces approchantes. Très joli site.

Lacenaire dit: à

« Lacenaire vous êtes décevant » écrit dame christiane…

désolé mais chacun ses goûts, je suis plus tourné vers l’avenir et non sur le retour au passé même catho/breton
je n’ose imaginer la réaction de votre ami JC sur un tel sujet (urkurkurk)
bien à vous
CM

Lavande dit: à

Figées, gelées ? Ça doit être un sacré spectacle !
C’est vrai que les records de froid en hiver sont dans le Jura (-36,7 à Mouthe en 1968 !)

Jazzi dit: à

Oui, Jacques R. On se souvient surtout d’Emmanuel Berl comme étant le mari de Mireille et l’auteur des discours du maréchal Pétain, notamment son fameux : « La terre ne ment pas ».
Moi aussi, il y a des livres lus et des films vus dont je ne garde pas le moindre souvenirs. Nos cerveaux font le tri et envoient tout ce qui l’encombre à la corbeille. C’est tant mieux. Pourquoi y revenir ? Gardons intact le désir pour d’autres livres et d’autres films !

Beltegeuse dit: à

J’ai vu sur le net des photos d’hiver de ces cascades non gelées mais si les souvenirs sont exacts nous devions y être , je recoupe avec la ferme aux aurochs, je n’en avais jamais vus avant .Oui glacées, un froid intense. Mais cela n’a rien d’étonnant, ici, si vous allez dans le relief en hiver, les sources sont également prises en glaces et forment des stalactites sur la roche et c’est au sud.

closer dit: à

Après avoir écouté l’émission de France Cult avec Pierre Nora et glané des infos ça et là sur Berl (que je n’ai jamais lu), une seule conclusion possible: le lire d’urgence!

closer dit: à

Je suis parfois d’accord avec Clopine, mais il est difficile de supporter sa mauvaise foi quand elle a décidé de haïr quelqu’un… Trois victimes me viennent à l’esprit: Court, Finkielkraut, et un certain Bergeret dont je n’ai jamais remarqué la présence nulle part mais qui, paraît-il, la persécute urbi et orbi… Elle n’a évidemment pas écouté la conférence de Court, mais elle a décidé qu’elle n’avait aucun intérêt car elle ne peut pas avoir le moindre intérêt, venant de lui, quoi qu’il arrive.

Clopine dit: à

Ah oui, Christiane, c’est fait pour vous, ces conférences de Monsieur Court.Y’a aussi les chevaliers-paladins du lac de Paladru, si vous vous voulez. En fait, vous allez bien ensemble, Court et vous. Vous êtes sans doute moins hautaine que lui, par manque de moyens, mais tout aussi pompeuse.

de nota dit: à

Un extrait de « Sylvia » de Berl, extrait qui démontre,,à mon sens, que Berl est un écrivain très estimable, ce qui est déjà beaucoup….
« La sorte d’amitié qui s’établit entre Proust et moi — pour quelques jours — fut la plus inespérée, non la plus inattendue de celles que je trouvai, en ces temps de guingois. Tout l’excluait : elle n’était même pas étayée par l’amour de la littérature. Je ne me souciais pas beaucoup d’elle, et il m’en parla très peu. Je l’ai vu assez fréquemment, pendant cinq semaines, et toujours seul à seul, sans qu’il me lût jamais, comme j’ai su depuis qu’il avait l’habitude de faire, les pages qu’il venait d’écrire. J’attendais dans l’étrange salon où les lits en poirier noir de ses parents dressaient leurs carcasses vides comme des plans de chapitres. Quand Céleste m’introduisait dans sa chambre, il posait lentement son cahier sur la pile de cahiers dont il pensait : « Il faut qu’elle croisse et que je diminue. » Ces cahiers que je devais tant lire, je ne le questionnais même pas sur eux. Il tournait vers moi sa tête de satrape aux aguets, ses lourdes joues blafardes, et il commençait aussitôt à me confesser et surtout à me catéchiser. Malgré les raffinements de sa politesse, il ne m’a pas laissé une seconde l’illusion qu’il aurait accepté de perdre son temps avec moi, n’eût été ce devoir de prédication auquel j’ai eu le sentiment qu’il se jugeait astreint. Aussi m’est-il apparu comme un philosophe oriental qui vivait sa doctrine et doctrinait sa vie. Tout de suite, il me contraignit à établir entre ma pensée et mon comportement un rapport dont il voyait et dont je n’avais jamais senti la nécessité. Je n’avais pas constaté, en effet, que les idées eussent tant d’influence sur ceux mêmes qui les professaient. Ma fiancée était vaguement parente de Lévy-Bruhl, comme moi de Bergson. Leurs philosophies se ressemblaient très peu, leurs vies beaucoup. Je trouvais tout simple qu’un auteur fût très différent de ses livres, et sa façon de parler de sa façon d’écrire. C’est pourquoi je n’étais pas intimidé par les grands personnages que le hasard me faisait rencontrer, m’étant convaincu qu’ils n’étaient pas réellement ceux auxquels allait mon admiration et celle de tout le monde. Le petit vieillard vêtu de gris que j’avais vu, à Thann, boire le thé, dans le jardin de M. S… avec mes officiers, en quoi était-ce Kipling? Le monsieur, d’ailleurs charmant, qui m’avait dit parfois quelques mots aimables sur mon cousin Henri, en quoi était-il Barrés? Mais Proust, lui, était vraiment Proust. Il me stupéfia par sa cohérence ; il parlait comme il écrivait, sa maladie faisait une même chose avec sa méditation, chacune de ses paroles engageait tout l’ensemble de sa pensée. Aussi fus-je bouleversé par ses idées, quoiqu’elles me fussent familières. Il enseignait la solitude de l’homme et la fatalité des passions. Mes professeurs de philosophie me les avaient enseignées, eux aussi ; ils m’avaient expliqué qu’une passion ne peut finir que par une autre passion — la folie ou la mort. Mais à ces vérités de baccalauréat, Proust croyait sérieusement. Que personne ne put jamais communiquer avec personne, ce n’était pas pour lui une hypothèse probable, c’était un article de foi. Il supportait mal qu’on le révoquât en doute. Sa tolérance cessait aussitôt, et même sa bonne grâce. Sa tête devenait celle d’Assuérus répudiant Vasthi. « Trop veule pour les disciplines austères de l’analyse », pensait-il, malheureux autant que moi du zéro qu’il se voyait contraint de m’infliger. Je battais en retraite, non sans précipitation. D’autant que sa volonté de me convaincre ne m’empêchait pas de sentir combien je lui étais suspect. Il avait la conviction que seule l’homosexualité fait saisir dans sa dureté, sa pureté, la douloureuse évidence du vrai. Non qu’il éprouvât le moindre doute, quant à l’identité des lois qui régissent les amours inverties et les amours normales : c’eût été admettre qu’une passion est modifiée par l’objet qui l’inspire, ce qui lui semblait absurde. Mais il pensait que les faveurs maléfiques de la Société font vite oublier leur condition à ceux qui les reçoivent et que les hétérosexuels, s’ils accèdent au plan du vrai, ne peuvent s’y maintenir, vu qu’ils restent misérablement solitaires, tout comme les autres, mais cessent bientôt de le savoir. Il accorda une attention surprenante aux difficultés sordides
de ma vie sentimentale, m’obligeant avec mie patience d’institutrice à les relier aux lois et aux principes généraux. Je savais bien que tout était frelaté dans mes rapports avec ma fiancée, comme avec ma maîtresse. J’admis sans peine que je ne les connaissais nullement, ni elles moi, et qu’il n’y avait pas de raison pour douter qu’il en allât de même avec n’importe quelle fiancée, n’importe quelle maîtresse. Je renâclai davantage, au sujet de l’amitié. Proust affirmait que, pour en démasquer l’imposture, il ne la ressentait pas avec moins de force, et ne la pratiquait pas avec moins de fidélité. J’en doutais. Si l’amitié est illusoire, le chagrin que la mort d’un ami vous cause, même violent, reste faux ; c’est un cauchemar, une tragédie non. Mais j’avais déjà vu, hélas! des amitiés se flétrir, le sentiment de Proust me paraissait atroce, plutôt qu’erroné. (…) Je rentrai à Paris afin d’y attendre le jour d’ailleurs proche où je devais partir pour Fontainebleau. J’étais impatient de revoir Proust, de le remercier des mots d’introduction dont il m’avait accablé à Évian pour les personnes qu’il croyait, bien à tort, mes voisines. J’avais hâte de lui annoncer la bonne nouvelle, de lui dire qu’il se trompait, qu’il existait des coeurs accordés. J’étais si plein de moi, si parfaitement bête que j’avais l’impression de le délivrer d’une vue des choses, dont je pensais qu’elles devaient lui être plus pénibles encore qu’à moi. Il m’écouta avec son habituelle, sa terrible attention. Au rebours de ce que je prévoyais, il parut consterné. Et, dans ses larges yeux dont les paupières tombantes ne parvenaient pas à amortir l’éclat, je crus voir se refléter la carte cavalière de la région maudite qu’il m’allait falloir traverser. Désarçonné tout de suite, je m’aperçus avec surprise que je ne pensais pas qu’il eût tort. Je ne croyais pas plus que lui au bonheur. En un sens, j’y croyais moins; je ne retrouvais pas, comme lui, dans mon enfance des paradis perdus, la protection d’un père omnipotent. Le visage de Sylvia, d’ailleurs, ne m’avait jamais évoqué de possibilités heureuses. Mais mon pessimisme tenait à l’idée que je me faisais de mon destin particulier, et Proust voulait que je le déduise de la nature de l’Homme et du Monde. Il me dit qu’il craignait que Sylvia ne me fît beaucoup souffrir, maintenant qu’elle allait s’interposer entre moi et mon amour pour elle. Je trouvais cela faux : Sylvia et cet amour faisaient pour moi une même chose. Proust, en outre, parlait d’elle comme si elle m’eût infecté. Je le trouvais injuste ; certes, je ne me sentais pas faraud, mais j’étais bien sûr que je valais mieux à présent qu’à Nice, et depuis mon retour d’Évian qu’avant mon départ. Je ne comprenais pas que cette évidence ne lui crevât pas les yeux à lui qui m’avait vu flottant, hébété, incapable même de suivre sa conversation, indigne qu’il me reçût! Si d’ailleurs la personne, la présence de Sylvia devaient m’être si néfastes, fallait-il donc regretter qu’elle existe? Fallait-il regretter qu’elle ne fût pas morte? Je le lui demandai. Il me répondit tranquillement que cela allait de soi, que si, au lieu de recevoir sa réponse, j’avais appris sa mort, j’eusse éprouvé sans doute un chagrin cruel, mais évité l’inéluctable dégradation de mon propre sentiment, qu’il jugeait plus cruelle encore. On était encore très loin d’Albertine disparue, et même de La Prisonnière. Je ne pensais d’ailleurs pas à la littérature. Je regardais Proust : rasées de frais, ses joues avaient l’air prises dans la pulpe d’un légume mûri en cave, son visage de dieu sumérien, mécontent quoique calme, semblait refuser l’encens frelaté qui montait vers ses narines. Le liège des murs, l’odeur de la chambre, le désordre des meubles, tout me parut faux jusqu’à l’absurde. Lui-même, était-ce un monstre?
Je l’observais avec suspicion. Je songeais que la sensibilité et même la compassion au malheur d’autrui ne sont pas incompatibles avec la méchanceté. Il le savait, il l’avait dit, répété. Je cherchais entre lui et moi la démarcation sur laquelle j’étais certain de ne pouvoir céder. Je lui dis que, dans sa manière de voir, l’amour n’était qu’un onanisme halluciné. Sa figure, déjà si blême, blêmit encore. Ses yeux étincelaient de fureur. Il se leva et alla s’habiller dans son cabinet de toilette. Il devait sortir. Je remarquai la vigueur de ce malade. Jusqu’à ce moment, je n’y avais pas fait attention. Ses cheveux étaient beaucoup plus noirs et plus épais que les miens, ses dents plus solides, sa mâchoire lourde paraissait capable de beaucoup broyer, sa poitrine, bombée par l’asthme sans doute, faisait ressortir la largeur de ses épaules. S’il fallait en venir aux mains, comme je le crus une seconde, je n’étais pas du tout sûr de parier pour moi. Du cabinet de toilette, il me décochait les phrases les plus désagréables que lui inspirât son ingéniosité. Nous étions loin du temps où il m’interrogeait avec astuce pour s’assurer qu’il n’existait aucun lien de coeur entre aucun membre de ma famille et George Sand, avant de me déclarer qu’il n’aimait pas du tout ses romans. « Vous êtes bête ! » criait-il, « aussi bête que… » et il énumérait des personnes dont certaines célèbres à juste titre, pour leur intelligence. Mais je savais très bien ce qu’il trouvait de commun entre elles et moi ; c’était cet aveulissement des esprits devenus incapables d’apercevoir ce qui les gêne, de constater un fait, même évident, s’il contrarie leurs systèmes ou dérange leurs attitudes. Évidemment il pensait avec un juste dégoût que deux mots d’une jeune fille, peut-être stupide, avaient suffi pour me faire renier les vérités qu’il m’avait lui-même enseignées. Cette flaccidité intellectuelle lui répugnait sans doute plus qu’une infirmité physique, plus que des tares morales, en quoi il avait sans doute raison. »
Emmanuel Berl, Sylvia, Gallimard, L’imaginaire n°320, 1994.

Clopine dit: à

Closer, je ne hais personne, mais Court, lui, me hait. Définitivement. Je suis ce qu’il ne pardonne pas : la liberté et la légèreté, alors qu’il a ramé tant et plus pour ses peaux d’ânes universitaires (s’il en a vraiment)et qu’il s’empresse de passer sa vie le plus loin possible de la réalité, de peur d’être éclaboussé par une quelconque vérité qui viendrait s’inscrire en faux contre son conformisme social et ses croyances. Libre à lui, mais « c’est nous qu’on paye », a le droit également de gémir le pauvre monde…

christiane dit: à

@Jazzi dit: 31 juillet 2018 à 10 h 28 min
Très sage. Les deux œuvrent pour que le passé des régions, les modes de vie, les transmissions soient une mémoire éclairante. Je me souviens du remarquable documentaire sur les haies et leur importance pour les cultures, les oiseaux, les retenues d’eau réalisé par Clopine et son époux.
Étant de souche bretonne par mes ascendants maternels, tout ce qui peut éclairer les racines de ma famille m’intéresses et en particulier ces superstitions, cette dévotion à certains saints plus importants pour bien des bretons que Dieu. Une sorte de polythéisme…

christiane dit: à

m’intéresse

christiane dit: à

@de nota dit: 31 juillet 2018 à 10 h 53 min
Merci. Un texte profond qui semble contredire certains jugements…

Clopine dit: à

Ah merci, de nota, l’extrait est très bien, et Berl ne se trompe pas sur Proust. « Onanisme halluciné », c’est exactement cela la relation amoureuse dans la recherche. Dans la grande entreprise de destruction, par Proust, de tous les sentiments humains, il ne reste guère que l’art et plus précisément la littérature, or Berl et Proust n’en parlent pas ensemble : étonnez-vous donc qu’ils manquent juste d’en venir aux mains.

Quelle coquetterie, tout de même, de dire « je ne me souciais pas de littérature » en parlant de visites à Proust ! Car il était évident qu’on ne pouvait parler de rien d’autre, puisque, pour Proust, il n’y a rien d’autre, que tous les sentiments sont faux.

Clopine dit: à

Clopin et moi nous nous sommes faits l’honneur de ne pas nous demander nos mains.

Jazzi dit: à

« sa volonté de me convaincre ne m’empêchait pas de sentir combien je lui étais suspect. Il avait la conviction que seule l’homosexualité fait saisir dans sa dureté, sa pureté, la douloureuse évidence du vrai. »

Gide dit à peu près la même chose que Berl sur cette manie de Proust de sacraliser l’homosexualité. Parmi les témoignages des visiteurs du grand asthmatique, celui de Morand est plus rigolo.

Jazzi dit: à

Pour tous savoir sur Emmanuel Berl, lire l’interview réalisé par Patrick Modiano dont le titre est particulièrement bien trouvé : « Il fait beau, allons au cimetière »…

Jazzi dit: à

Au Palais-Royal vécurent Cocteau, Berl et Mireille, mais surtout… Colette !

de nota dit: à

Jacques, »Il fait beau, allons au cimetière » est la phrase que prononçait la mère de Berl quand elle allait se recueillir avec son fils sur la tombe de son époux…

D. dit: à

Jazzi, sur les quatre, un seul génie véritable et puissant : Cocteau.

D. dit: à

« Ta gu.ule keupu », je ne l’avais pas compris tout-de-suite mais il m’apparaît désormais comme une évidence incontournable.

D. dit: à

« Je suis (…) : la liberté et la légèreté »

Tout ça tout ça.

Jazzi dit: à

Le véritable génie du Palais-Royal c’est Diderot, D. ! Même s’il n’y habitait pas…

« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C’est moi qu’on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour, de goût ou de philosophie. J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. Je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit dans l’allée de Foy nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune. Mes pensées, ce sont mes catins. »

Jazzi dit: à

Il fait beau, et j’ai fait 69 !

D. dit: à

La Salutation au Soleil (devanāgarī: सूर्यनमस्कार. Sanskrit translittéré: Sūryanamaskāra, Sūrya soleil et Namaskāra salutation) est un enchaînement de postures (āsana) pratiqué dans le Haṭha Yoga. Il s’agit d’une salutation dans laquelle le pratiquant s’incline face au soleil levant (de nam, s’incliner).

Sūryanamaskāra est donc généralement traduit par salutation au soleil, salutation respectueuse au soleil ou prière solaire. La Salutation au Soleil est régulièrement pratiquée dans de nombreuses écoles indiennes.

Nous dit kikidépia.

Jazzi dit: à

D., moi, tous les matins, juste après le café, en fumant ma première cigarette sur mon balcon, je salue le jour nouveau. Le soir, je ne manque jamais de dire merci pour la journée passée, en me mettant au lit.

Jazzi dit: à

Contrairement à Passou, on sent que tu l’aimes bien Berl, de nota. Dis-nous pourquoi ?

Lavande dit: à

« ses peaux d’ânes universitaires (s’il en a vraiment) »: un peu mesquin.
« c’est nous qu’on paye »: la biographie de Marc Court donnée à propos de ce colloque ne mentionne pas qu’il soit professeur d’université ou chercheur au CNRS; en conséquence, je ne vois pas ce que les contribuables payent. Etre docteur en littérature n’implique pas de toucher une rente.
Alors que vous et moi, oui, nous sommes payées par les contribuables.

Lavande dit: à

Jazzi 12h20: moi pareil … sans la cigarette !
Je fais donc une सूर्यनमस्कार sans le savoir.

christiane dit: à

@Lavande dit: 31 juillet 2018 à 12 h 27 min
Merci pour la cascade du saut Girard, dite du hérisson. Une fraîcheur bienvenue loin des fièvres de l’été.

Clopine dit: à

Peut-être, Lavande, mais je ne vous ai jamais vue interroger Monsieur Court quand ce dernier, au fil des commentaires, donnait de moi une image déplorable, m’insultait joyeusement et, se plaçant très haut, m’appuyait sur la tête de tout son mépris. Vous ne releviez pas, alors, l’exagération dont ce mépris témoignait, ni de l’injustice ( en gros, je ne savais pas lire et m’attribuait une culture que je ne pouvais posséder) éhontée des propos de celui qui ne supportait pas, en réalité, mon athéisme incrédule. Vous restiez silencieuse, à l’époque. Je ne vous ai jamais demandé pourquoi (d’autant qu’à l’époque, vos interventions étaient aussi parcimonieuses que, par contraste, le danger auquel s’exposaient les commentatrices était grand, de se voir conspuer jusque dans leur féminité même…), car je sais que mes discours sont trop directs pour ne pas être clivants ou choquants. Mais parbleu, pendant des années, je n’ai pourtant répondu aux insultes qu’avec la plus sévère réserve, où je plaçais une dignité que, visiblement, personne n’a vraiment perçue. Tout ceci pour en venir au fait que j’accepte volontiers les remarques, surtout si elles sont justifiées, mais que je voudrais bien que, de temps en temps, le procédé ne soit pas unilatéral… Soupir !

christiane dit: à

Jazzi ?
69 ? Est-ce votre anniversaire ? dans ce cas, beaucoup de bonheur pour l’année à venir.
Regardez, si vous en avez le temps, ce documentaire de Sylvie Blum (2018) passé hier à 23h50 sur France 3. Il concerne un écrivain rare : Mathieu Riboulet. Il est d’une grande finesse.
https://www.france.tv/france-3/l-heure-d/569903-mathieu-riboulet-ecrivain.html
(disponible 29 jours)
« Auteur d’une quinzaine de livres, dont « L’Amant des morts » et « Les Oeuvres de miséricorde », Mathieu Riboulet, décédé en 2018, recevait Sylvie Blum dans sa maison de la Creuse fin octobre 2017. Avec la documentariste, l’écrivain revenait sur les thèmes récurrents autour desquels sont construits ses récits en réagissant à partir de tableaux, d’extraits de films et d’entretiens avec des écrivains et de cinéastes. »

Lavande dit: à

En général, Clopine, les interventions de Marc Court me passent complètement au-dessus de la tête: trop érudit pour moi, trop étranger aux domaines que je suis apte à appréhender. Je le lis vraiment en diagonale ou pas du tout. Je reconnais que je l’ai vu vous prendre à partie ou se moquer assez méchamment de vous mais de là à dire qu’il vous hait c’est peut-être un peu excessif, non?
Quant à mes contributions parcimonieuses, il y a eu des périodes où je ne lisais que l’article de Passou. Avec un métier très prenant, une enfant et un mari handicapé, je n’avais pas toujours le loisir de participer aux querelles des commentateurs.

de nota dit: à

Jacques,

J’ai lu Berl comme le témoin d’une époque-je précise afin de dissiper tout malentendu, que mon grand-mère père maternel à été exécuté par les nazis parce que juif et communiste- que je ne surplombe pas. Berl ne m’est pas vraiment sympathique, trop de désinvolture, de vanité ou de je ne sais quoi…mais cet homme a connu les tranchés et je ne sais pas condamner son pacifisme…mais il paie bien cher ses phrases écrites pour Pétain, le prix en serait moindre si Berl était reconnu comme un grand ecrivain, il bénéficierait alors de cette indulgence que l’on accorde à des écrivains plus considérables mais dont les écrits ou les actes sont autrement condamnables que ceux de Berl .. Je trouve ça injuste et inconséquent, peut-être.
Berl m’accable pas Drieu, il dit, dans les entretiens avec Modiano, que Drieu fréquentait plus de juifs que lui même, et qu’il aurait attrapé l’antisémitisme comme on attrape une maladie! dans ce refus de distribuer les bons et les mauvais points, il y a peut-être, chez Berl, une volonté de s’absoudre, mais je n’en suis pas sûr. Berl a détesté la guerre et il s’est fourvoyé, je ne me sens pas le droit de l’accabler.
J’ai réussi à convaincre quelques camarades de lire ces entretiens avec Modiano, même les plus reticents y ont trouvé un grand intérêt, je les recommande donc tranquillement, et que chacun se fasse sa propre opinion.
Quant à Sylvia, c’est une très remarquable autobiographie, écrite avec un réel talent, le talent de celui qui ne se paie pas de mots.

Jazzi dit: à

Jamais lu Mathieu Riboulet dont Passou nous a beaucoup parlé, Christiane. Son univers semble trop morbide à mon goût.

Lavande, je crois que Clopine parle de la conférence, financée par le clergé et la région.

Que tu aies été dans le collimateur de M. Court, c’est un fait, Clopine. Mais il a lui aussi ses ennemis, ici. Et chacun est assez grand pour se défendre tout seul. Moi, je l’aime bien. C’est un sacré personnage erdélien. Il a pour lui d’être un des rares à signer de son nom et de nous faire part, sans masque, de ses connaissances, de ses goûts, de son érudition et même de ses inimitiés, que l’on est pas obliger de partager. Ce qui n’est pas rien. Il ne manque pas d’humour. Pudeur, modestie, bonne éducation, contrairement à toi et moi, il ne fait jamais étalage de son travail. Et grâce au outing forcé de Lacenaire – un peu désobligeant -, on apprend qu’il est diplômé de l’université. Alors que WGG ou Bloom (dont le pseudo a récemment fondu sous la canicule) agitent sans cesse leur agrégation sous nos pauvres nez d’ignares. Je le croyais plus âgé…

Paul Edel dit: à

Clopine ou l impossibilité de comprendre l autre.
Dommage

Jazzi dit: à

« 69 ? Est-ce votre anniversaire ? »

Non, Christiane, c’est configuration que mon corps, jeune et souple, est toujours capable d’adopter !

Paul Edel dit: à

oui Jazzi bien d accord avec toi le sectarisme l intolerance et la moraline à deux balles quelle misère …

Jazzi dit: à

Merci pour ces précisions, de nota. Pour Berl, je n’ai pas été plus loin que le charmant « Regain au pays d’Auge » et que « l’interrogatoire » de Modiano.

Jazzi dit: à

Mais j’ai assisté, durant quelques semaines, au petit conservatoire de Mireille…

Ed dit: à

Bonjour,

Bon je ne suis pas très synchro avec l’article sur Moby Dick, mais ma chronique sur Les invisibles de Roy Jacobsen est en ligne.

Sinon, saviez-vous que 52% des Français préféraient passer du temps avec leur animal de compagnie plutôt qu’avec leurs amis.

Lavande dit: à

Ed, indépendamment du fait que je ne peux avoir ni chien ni chat pour cause d’allergies, je trouve ça plutôt triste !

hamlet dit: à

tant mieux si vous n’êtes pas synchro, car les choses sont parties d’un mauvais pied.

Avant de commencer à rédiger votre chronique il il vous faut savoir que Achab avait choisi de servir un Dieu qui exigeait de ses fidèles qu’ils lui sacrifient des enfants ! Ils les jetaient dans les flammes, exactement comme dans les camps d’extermination quand ils étaient à cours de gaz, ils jetaient les enfants vivants dans les incinérateurs.

Quand j’ai demandé pourquoi les soldats allemands portaient à leur ceinturon la phrase « Dieu est avec nous », j’ai eu droit à des réponses plus tartignoles les une que les autres. Un petit consommateur de produits culturels m’a conseillé d’aller voir sur wikipédia, qui telle une divinité moderne me donnerait toutes les réponses, un autre m’a dit que c’était la tradition depuis des siècles dans l’armée allemande, un autre m’a cité Michel Onfray, autre oracle de notre époque, et encore d’autres réponses plus tartes les unes que les autres.

closer dit: à

« Reprenons. Emmanuel Berl, 1892-1976. Engagé volontaire en 1914, réformé en 1917 pour troubles respiratoires, Croix de guerre. »

Grand bourgeois juif, vivant dans le confort, Berl s’est engagé dans l’enfer des tranchées et y est resté trois ans. Les gaz allemands ne sont sans doute pas étrangers aux problèmes respiratoires qui l’ont fait réformer. Personne, pas même Passou, n’a le droit de juger son pacifisme ultérieur, ni son attachement à Pétain qui, comme chacun sait, était vénéré par les combattants de 1914.

Comme on dit au Café du Commerce: « j’aurais bien voulu vous y voir »…mais Passou est malheureusement complètement piloté depuis quelques années par l’idéologie dominante. Quelqu’un a du prendre le contrôle de son cerveau. Où est le temps de sa jeunesse:  » J’avais déjà ressenti ce même malaise face au fantôme de Berl, qui m’avait tant séduit dans ma jeunesse lorsque je me laissais envoûter par les romans et les nouvelles de Drieu la Rochelle et emballer par leur commune entreprise ».

Il aurait pu devenir un grand juif conservateur, de la famille des Aron, Simone Veil, Pierre Nora, Finkielkraut, Zemmour (je suis bien conscient que je mêle des noms assez divers…). Tristesse…

Petit Rappel dit: à

Puisque quelqu’un et j’ignore qui, à mis en ligne cette vidéo contre mon gré:
Deux rappels.il s’agit ici d’un tricentenaire. Je vous renvoie pour la problématique à l’exorde du Professeur Yvon Tranvouez; « Monseigneur, le but de ce colloque n’est pas de vous donner les moyens de canoniser Michel Le Nobletz ».Ceci pour l’indépendance d’esprit.
Je rappelle que je suis l’auteur d’un Michel Le Nobletz et ses réseaux, qui, prenant justement l’imagerie du grand homme seul à contre-courant en se fondant sur les noms cités dans son hagiographie, me donne ici quelque légitimité à parler.
La conférence qu’on incrimine, et qui est une version très élargie d’une précédente que j’ai faite à l’Université Ste Mary de Londres n’est rien d’autre qu’une typologie des comportements religieux telle qu’elle ressort de documents de la première moitié du Dix-Septième siècle. On peut lui reprocher tel ou tel point, mais il faut alors argumenter, et ne pas se contenter de stériles « il me hait » fondées si j’ai bien compris sur les noces de la rancune et de l’envie. Je passe sur la figure obligée de la Peau d’ane, etc, qu’on a trop vu pour qu’elle soit encore efficace.
Un joli style mis au service d’idées absurdes reste une parfaite monstruosité. Soit que l’on pense que les énormités énoncées passeront mieux, soit qu’on ait perdu l’habitude de se voir apporter la contradiction, celle-ci jugée comme blasphématoire et nécessairement stupide. il semble ici qu’il y ait un peu des deux. Il est dommage que cela tombe sur Lavande par shrapnell Clopinien interposé. On peut se souvenir que ce n’est pas un cas unique, et qu’un Paul Edel entre autres a aussi fait les frais. On peut aussi se rassurer à l’idée que notre Muse du Département s’informe aux meilleures sources telles que BFM, justement surnommé Télémacron… On a la Bonne Presse qu’on mérite…
Bien à vous.
MC
PS
Sur le sujet du jour, meme sentiment de gâchis après l’Interwiew Modianesque…il faudrait, sur la Collection des Journées qui ont fait la France, une étude de leur valeur, très inégale. Tout le monde sait que le Giono sur Pavie est alimentaire, etc…

closer dit: à

Hamlet, ma réponse n’était absolument pas tartignole… »Gott mit uns » était sur les ceinturons de l’armée allemande parce qu’il s’y était toujours trouvé depuis le Kaiser, point. C’est une raison largement suffisante à une époque où l’athéisme était ultra minoritaire. De plus « Gott » a l’avantage de ne pas être trop précis. On peut y voir Jéhovah ou Odin…

Ed dit: à

Lavande, c’est très conventionnel et injustifié de penser cela. La (petite) majorité ne s’y trompe pas et sait où est son intérêt. Vous ne pouvez pas comprendre puisque vous n’avez pas d’animal. Il vous est donc impossible d’émettre un avis aussi péremptoire.

D. dit: à

Ed, moi aussi je pourrais sans doute me suffire de la compagnie des animaux. Je vais naturellement vers eux et ils viennent vers moi. Les chiens m’adorent, mon chat me vénère, les chevaux me racontent des choses. Les grands félins et moi nous comprenons très bien. La malice éléphantine me plaît. Seuls les ours et les cochons me déplaisent. Je mange le cochon mais c’est un animal insupportable. Véritablement sale, terriblement bruyant, peureux au possible et extrêmement désobéissant.
L’ours quant à lui est violent et destructeur par plaisir, n’a aucune grâce et est encore plus imprévisible qu’un grand félin.

Jazzi dit: à

Que je vous raconte mon passage au Petit Conservatoire.
J’avais une vingtaine d’années, et je rêvais de devenir riche et célèbre.
J’avais téléphoné à Mireille, lui expliquant que je ne désirais pas chanter mais seulement proposer à ses élèves quelques une des paroles de mes chansons. Elle m’invita à son cours, et de sa voix acidulée, me fit monter sur scène et me demanda de me présenter. Par la suite, je sympathisai avec une grande et jeune blonde, un peu vulgaire, dont la voix profonde
n’était pas sans rappeler celle de Michèle Torr. Je lui soumis un texte, que j’avais écrit au plus fort d’une récente passion amoureuse. Titrée « La peur d’aimer », celle-ci, de mémoire, commençait ainsi : « Tu ne veux pas que je te dise que je t’aime/Tu ne veux pas que je te parle de nous-même (…), tandis que le refrain disait : « Ta maladie, je la connais/Elle s’appelle la peur d’aimer/Je l’ai eu et je l’ai soignée/Et je voudrais t’en délivrer ». Isabeau, c’était son prénom de scène, accepta de la chanter, mise en musique par un élève musicien, qui n’était autre que son compagnon. Hélas, ma pauvre beuglante, interprétée pourtant magistralement par Isabeau, digne héritière des chanteuses réalistes de la grande époque, n’eut droit qu’à un public clairsemé d’une grande pizzeria du fin fond du XXe arrondissement…

Pat V dit: à

Clopine dit: 31 juillet 2018 à 10 h 56 min

(…)  » Définitivement. Je suis ce qu’il ne pardonne pas : la liberté et la légèreté, alors qu’il a ramé tant et plus pour ses peaux d’ânes universitaires (s’il en a vraiment)et qu’il s’empresse de passer sa vie le plus loin possible de la réalité, de peur d’être éclaboussé par une quelconque vérité qui viendrait s’inscrire en faux contre son conformisme social et ses croyances. »

Vous seriez donc, selon vos propres affirmations en antéposition : libre et légère, le .ul nu de savoirs universitaires, proche du réel et éclairée constamment par la vérité pour conclure par un credo anticonformiste et athée. ? 😉

D. dit: à

Diderot était une pointure, mais il n’avait pas l’esprit français. Les 3 autres, Cocteau, Mireille, Colette l’avaient. A commencer par Cocteau.

Jacques R. dit: à

Closer dit : « Passou est malheureusement complètement piloté depuis quelques années par l’idéologie dominante. »

Je le crois aussi. Ce qui le conduit à se faire l’écho complaisant des fables sur les horreurs supposées du IIIe Reich (Shoah, camps de concentration etc.) — fables qui sont le probable produit d’un vaste complot ourdi après la guerre par ses ennemis coalisés. En ce qui concerne les camps de concentration, l’origine de cette fable, en tout cas, est avérée. La voici:

Débordée par les agissements de certains gangs, la police française fit appel à la collaboration de la Gestapo (la collaboration, en effet, ne l’oublions pas, eut lieu dans les deux sens). Les policiers allemands prêtèrent donc main forte à leurs collègues français contre  » les gangs de gonzes en traction « , comme ces derniers appelaient les gangsters. La déplorable (il faut le reconnaître) prononciation des Allemands (quelque chose comme :  » les Kanks de Konzes Anthrax Sion  » ) prépara le terrain pour la scandaleuse déformation qui permit d’inventer les  » camps de concentration « .

Pour progresser dans le dévoilement des détails du complot anti-IIIe Reich, on consultera avec profit  » La folie des holorimes « , par Marc Hillman (Fayard)

Jazzi dit: à

« La (petite) majorité ne s’y trompe pas et sait où est son intérêt. »

Où est donc l’amour dans tout ça, Ed. Moi aussi je trouve cela triste…

Lavande dit: à

« Vous ne pouvez pas comprendre puisque vous n’avez pas d’animal. Il vous est donc impossible d’émettre un avis aussi péremptoire. »
J’ai eu un chien quand j’étais enfant puis un chat à l’âge adulte, jusque vers l’âge 40 ans où mon allergie s’est déclarée. Cette allergie ne se soignait pas à l’époque, je ne sais pas si c’est différent maintenant.
L’allergologue avait dit en plaisantant à mon mari « il faut choisir entre votre chat et votre femme ». Dieu merci, mon mari ne faisait pas partie des 52% !
Nous nous sommes séparés de notre chat que nous aimions beaucoup et qui a coulé des jours heureux chez des amis à la campagne.

Jacques R. dit: à

C’est cette même déplorable prononciation teutonne qui est à l’origine de la fable de la Shoah : on sait que l’entrée des usines ultra-modernes où les Juifs, homosexuels, Tziganes et autres étaient invités à déployer leurs talents, moyennant de confortables salaires ( d’où l’expression  » le salaire de la Beur « , car des Maghrébines participaient aux travaux ) s’ornait d’une inscription qui ^proclamait  » La Joie par le Travail « . Malheureusement, le sabir teuton en fit rapidement  » La Shoah barre le Drap-Faille « . D’où la Shoah.

Jazzi dit: à

Jacques R. ou le retour de J.E.A.N !

Beltegeuse dit: à

Lavande, quel âge est on supposé vous donner, pas de traitement contre une allergie aussi courante à l’époque, cela remonte à longtemps, les années 60/70 . Vous n’étiez pas née comme les poissons.

D. dit: à

J’ai toujours trouvé surprenant que Berl souffrant de problèmes respiratoire fumait des Panter mignon. En petite boîte métallique couleur crème.

D. dit: à

Quels poissons, Bouldegleuse ?
Qu’est-ce que c’est encore que ces sornettes ?

Jacques R. dit: à

Savoir lire ce qui se cache sous les lignes permet de faire affleurer les non-dits de l’Histoire. Mais pas seulement. Par exemple, ce blog, qui se prétend blog littéraire, est en réalité un site de rencontres. Comme le montre la bonne façon de lire le nom de son animateur :

 » Ah ! … sous Line ! « 

Beltegeuse dit: à

Delaporte, j’écrivais pitoyable en raison de qui vous attendiez reconnaissance. Je n’avais pas pitié de vous mais la situation me paraissait pitoyable et désopilante parce que je reste persuadée que celle à qui vous vous adressiez et en qui vous placez votre confiance est une imposteuse. Nous avons tous besoin d’un minimum de reconnaissance.

Beltegeuse dit: à

Le pané surgelatus communus, D.

Jacques R. dit: à

Avouons que les responsables de la pub de chez Renault sont en-dessous de tout : même pas cap’ d’avoir trouvé cet imparable slogan :

 » Ah ! … sous Line Renault ! « 

Beltegeuse dit: à

L’ours est violent… Avez vous observez cette souplesse quand il joue de la guitare, D, ?

Beltegeuse dit: à

D’un autre côté, ce n’est ni un règne ni une ère.

Ed dit: à

Toujours pas compris ce qu’il y avait de triste. Ou est l’amour ? Ben on est en plein dedans.

Ed dit: à

D.
Si S. Germain lisait votre réflexion sur les porcs, elle en ferait tomber sa Bible.

Jacques R. dit: à

Par contre, le slogan  » Ah!… sous Line Renault  » ne conviendrait pas pour la RdL. Quoique, vu l’âge moyen des participants …

Beltegeuse dit: à

Quand il jouait, depuis il a vieilli et ses os craquent aussi préfère t il jouer immobile comme un tronc, d’ailleurs il lui arrive d’ajouter un t’as pas cent balles?

Beltegeuse dit: à

Ed fait baisser la moyenne d’âge, c’est un des avantages à sa présence.

Lavande dit: à

Betelgeuse l’allergologue m’avait dit qu’il n’existait pas de traitement EFFICACE, sinon j’aurais opté pour une désensibilisation.

D. dit: à

Beltegeuse dit: 31 juillet 2018 à 14 h 40 min
Le pané surgelatus communus, D

J’attends que les poissons soit nés pour les manger, Bérénice.

Beltegeuse dit: à

Observé, plantigrade ,un grand fauve dont il faut se prémunir. Un coup de patte et c’est fichu. Pas comme dans ce film ou Brad Pitt lacéré en réchappe miraculeusement.

D. dit: à

Ed, as-tu remarqué qu’ici en toutes circonstances j’ai une longueur d’avance sur toi ?

luc nemeth dit: à

(rappeler que Berl fut arrosé par le quai d’Orsay est peut-être encore trop aimable. Certes les notes des RG constituent un matériau à traiter avec prudence mais celle du 29 avril 1936 constitue, pour le moins, une pièce à joindre au dossier)

D.S./3

C.-4.297 PARIS, LE 29 AVRIL 1936.

a/s de M. Emmanuel BERL, directeur de
« MARIANNE ».

—————

On fait connaître que M. Emmanuel BERL, direc-
teur de « MARIANNE », est entré en relations il y a deux
mois environ avec M. ABETZ, chargé d’une mission à Paris
par M.M. Hitler et von Ribbentropp.
Il aurait reçu de l’émissaire allemand une
somme de 600.000 francs contre la promesse de faire
la défense d’une politique de collaboration franco-
allemande et d’engager une campagne en faveur des Jeux
Olympiques de Berlin.
M. Emmanuel BERL aurait été mis en rapports avec
M. ABETZ par M. de BRINON. Il se proposerait de se ren-
dre en Allemagne après les élections législatives.

-:-:-:-:-:-:-:-

Beltegeuse dit: à

D, j’aime vos variations sur ma fausse étoile, pas vraiment Diabelli mais je vous inspiré, je suis contente.

Ed dit: à

Encore un négationniste ? Virez-moi ça.

Clopine dit: à

Paul Edel, ou l’impossibilité de pardonner à l’autre d’être autre. Dommage.

Je passe sur l’intervention petit court rappel, tant elle définit mieux que je ne saurai dire, son triste auteur.

Beltegeuse dit: à

D, je n’etalerai pas plus mon inculture, j’attends que mon téléphone soit chargé pour faire les recherches qui s’imposent à moi après avoir lu ce court article. Je sors.

D. dit: à

Oui Emmanuel Berl était un homme bon et sincère, d’abord. Maladroit et inconséquent sous d’autres aspects. Très intelligent.
Epicétout.

D. dit: à

Comment pourrait-on être contre les Jeux olympiques ? C’est insensé.

D. dit: à

Un jeune homme qui se prend les pantoufles que Proust lui jettait à la gue.le ne peut être que bon et sain d’esprit. Par ailleurs. Il aurait d’ailleurs dû les conserver pour les revendre plus tard à Clopine.

D. dit: à

Gèletagueuse, jaime quand vos phrases commencent par « D, j’aime vos ».

Lavande dit: à

D. à 15h43 on n’a pas encore l’information sur ce que vous mangez ce soir. Ça nous manque vraiment.

christiane dit: à

@Petit Rappel dit: 31 juillet 2018 à 13 h 46 min
Bonjour,
je me doute que cette vidéo-conférence a été mise en lien contre votre gré, mais puisqu’elle nous a été donnée je l’ai écoutée. Quel exploit de rendre compte de cette typologie des comportements religieux dans les collèges tenus par les jésuites en trente minutes ! (C’est pour cela que vous parlez si vite !)
Comme vous le dites avec humour « leur recrutement pouvait cacher sous une apparence de saint un tartuffe complètement lubrique ». (ce qui a fait rire votre auditoire !) N’empêche qu’entre mortifications, cours et les estampes symboliques (typus ?), quand ces jeunes élèves sortaient de ces collèges et noviciats, ils étaient convaincus qu’ils étaient de « leur responsabilité de damner ou de sauver », deux mondes présentés sous une forme antithétique, structurés par la croyance « dans un surnaturel miraculatoire ». Tout devient alors signe et la réaction de Michel le Nobletz quand il voit une femme se noyer est ahurissante ! On comprend mieux les modèles qui ont été les siens…
Sait-on comment les populations de Basse-Bretagne réagissaient ? Le fait qu’il se soit retiré à Plouguerneau dans une sorte d’abri au milieu des rochers de la plage de Treménac’h, vivant dans le dénuement et l’ascèse a dû, si on y joint ses prêches enflammés, le faire passer pour « ar beleg fol », le prêtre fou.
Pourquoi vous a-t-il intéressé ?

Jacques R. dit: à

La méthode décrite par Marc Hillman dans « la Folie des holorimes » (Fayard) permet de pourfendre toutes les fables historiques. Par exemple, quelle fantastique vérité culturalo-histouristique, dissimulée au vulgue homme pécusse par la vulve gate scoulasiatique, nous est révélée par ces trois assertions arithmético-géométriques (la vérité du réel est mathématique ! ) :

Six zéros, c’est point quatre, eh !

Six cerfs ont sept points carrés

Si c’est rond, c’est point carré

Delaporte dit: à

« Donc, il n’y a jamais eu un antisémitisme chrétien. L’Inquisition chrétienne n’a jamais persécuté et brûlé des juifs en Espagne, par exemple. »

Pablo, vous passez d’un sujet à un autre et mélangez le tout avec mauvaise foi et crétinisme.
Bien sûr qu’il y a eu un antisémitisme chrétien, qui était d’ailleurs, pour les raisons que j’avance, parfaitement absurde. Je condamne de toute mes forces cette aberration, qui a du reste aujourd’hui pratiquement disparu. Les catholiques de Vatican II ont admis tout l’héritage magnifique qu’il devait à la tradition juive.
L’antisémitisme des nazis est évidemment différent. C’est plutôt basé sur l’idée de pureté de la race. Croyez-moi, ils se foutaient pas mal de qui avait tué le Christ ! Les convictions des nazis étaient obtuses et ignares.
Pablo, le confusionnisme dont vous faites preuve dans ce commentaire ne plaide pas en faveur de votre intelligence ni de votre lucidité historique. Chacun pourra constater objectivement qu’une fois de plus vous vous êtes méchamment trompé, et même lamentablement. Dorénavant, tâchez de faire preuve d’une peu plus de… rigueur !

christiane dit: à

@Jazzi dit: 31 juillet 2018 à 13 h 56
Amusant votre passage au Petit Conservatoire de Mireille.
Pour 69, si ce n’est votre âge alors qu’est-ce ?

Delaporte dit: à

Pablo essaie de me mettre en contradiction avec moi-même exactement de la même manière que, lors des procès staliniens, on essayait, par des paralogismes absurdes, de mettre en contradiction un présumé coupable, bien étonné de voir tout ce qu’on inventait pour essayer de le condamner. Pablo ou l’homme des procès staliniens.

Delaporte dit: à

La preuve? « La religion chrétienne, notamment avec la Bible, naît du peuple hébreu. »

C’est ce que montrent les récents travaux sur la question. Désormais, un chrétien sait tout ce qu’il doit à la religion juive. le Christ est issu de cette religion, c’était sa religion. Cela est évident pour tout lecteur attentif de l’Evangile – sauf pour Pablo.

Delaporte dit: à

Quant aux deux antisémitismes, chrétien et nazi, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre tout ce en quoi ils diffèrent. Pablo devrait retourner à la maternelle.

Phil dit: à

excellente notule du prestigieux passou qui donne envie d’aller ressuyer la canicule au bar du Lutetia avec une coupe ou mieux, une « flûte » pour hommager Jünger rire aux éclats d’abus en écoutant le vocable siffler pour la première fois en 1940 alors qu’il faisait de même des caves patriciennes à l’ombre de la splendide cathédrale de Laon.
Même hamlet en a pris un coup de calgon salutaire dans ses premiers commentaires.
La cauda notulaire de passou fait un peu sa jalouse, seuls les mal-embouchés le lui reprocheront.
Berl, c’est un peu notre (Franz) Hessel, et seul, de la France des bourgeois israélites d’avant, celle de notre avant-guerre qui disputait le bout de gras avec les Brasillach et autres terroiriseurs. B. Frank, né trop tard, n’aurait pas dédaigné la pose. Depuis, tout s’est gâté, le discernement en tête pour aboutir à des Couturier de Franculture qui rapiècent l’histoire à gros ciseaux pour complaire le trapéziste jésuitique Nora en regrettant que Berl ne fût pas notre Braudel israélite, capable de pondre un opus tardif sur l’histoire de l’Europe de mémoire et sans notes comme le fit l’historien en oflag.

Jacques R. dit: à

Cicéron, c’est Poincaré !

Delaporte dit: à

« Quel escroc intellectuel, ce Delaporte… (qui continue son délire avec Ulrike Meinhof !!). »

C’est vous, Pablo, l’escroc intellectuel. Libre à vous de déprécier Ulrike Meinhof, dont personne, même la police allemande, n’a jamais remis en cause la haute intelligence. Aujourd’hui, il est vrai, on manque de telles personnalités pour donner le la. On regorge de Benalla, et tout s’écroule autour de nous dans la misère intellectuelle la plus sordide !

D. dit: à

Ce soir, Lavande, je compte manger un quelconque poisson.

Lacenaire dit: à

déception ! le problème avec certaines personnes ici dont plus particulièrement Dame Christiane et le p’tit Court est que si nous ne sommes de leur avis non seulement nous sommes de imbéciles mais aussi des pignoufs qui osent s’en prendre à leurs « savoirs » et « convictions »…
quelle déception aussi que le mépris plus ou moins affiché qu’ils expriment

je n’ai pas ce problème avec mes moutons qui me manquent mais pas pour longtemps, j’y retourne bientôt ô joie (paraphrase)
bien à vous
CM

D. dit: à

On regorge de Benalla

Boh depuis aujourd’hui on met un peu de Crase aussi, pour varier.

D. dit: à

Je comprends pas, Phil, qu’est-ce qu’elle a cette cauda, elle vous plaît pas ?

Pablo75 dit: à

« Quant aux deux antisémitismes, chrétien et nazi, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre tout ce en quoi ils diffèrent. »
Delaporte

Tu as raison: le premier brulait les juifs, le deuxième les mitraillait et les gazait.

(Quel escroc, ce type !!)

Jacques R. dit: à

N’en déplaise à Delaporte, une différence profonde sépare le christianisme du judaïsme, du moins si j’en crois Marc Hillman (« la Folie des holorimes ») :

Moïse :
— J’aperçois les Tables de la Loi

Jésus :
— J’aperçois l’étable ; de là, l’oie.

Jazzi dit: à

C’est le genre d’articles de Passou permettant à Phil de briller de tous ses plus sombres éclats !
Bagatelle pour un massacre en une seule phrase : « Depuis, tout s’est gâté, le discernement en tête pour aboutir à des Couturier de Franculture qui rapiècent l’histoire à gros ciseaux pour complaire le trapéziste jésuitique Nora en regrettant que Berl ne fût pas notre Braudel israélite, capable de pondre un opus tardif sur l’histoire de l’Europe de mémoire et sans notes comme le fit l’historien en oflag. »
Chapeau l’artiste !

Jacques R. dit: à

Rappelons à Delaporte que, tandis que l’antisémitisme nazi a sévi un peu plus d’une décennie, l’antisémitisme chrétien a sévi deux millénaires, en admettant que, par quelque opération du Saint-Esprit, il se soit aujourd’hui miraculeusement évaporé.

Jazzi dit: à

On a toujours pas la traduction de la phrase en en-tête du billet, demandée par Lavande ?

Lacenaire dit: à

information : moi, Docteur en filière ovine, diplôme de la Carmarthenshire Academy (Scotland)

christiane dit: à

@Lacenaire dit: 31 juillet 2018 à 16 h 12 min
Où ai-je écrit cela vous concernant ? J’ai dit être « déçue » par vos quolibets (« bondieuseries ») et vous ai remercié malgré tout de cette intéressante retransmission. Je ne vous ai jamais jugé comme un imbécile.

Delaporte dit: à

Vous confondez tous des termes pourtant distincts : antisémitisme, antijudaïsme et antisionisme. Dans votre esprit, tout ça est un horrible magma dont vous vous servez pour taper injustement sur l’Eglise et son histoire, qui certes y prête parfois le flanc. Et, cerise sur le gâteau, vous ignorez la nature même du nazisme. Vous croyez qu’on peut assimiler chrétiens et nazis, que ce sont des termes synonymes. C’est aller un peu vite en besogne…

D. dit: à

Heureusement qu’il a précisé notulaire, Phil, sinon il était viré.

Lacenaire dit: à

« bondieuserie » ! vous préférez cagoterie ou bigoterie ?
nullement un quolibet juste une définition

D. dit: à

On ne peut pas nier qu’il y a eu des moments où il valait mieux être juif que Cathare, pour aller dans le sens de Delaporte. Sinon quel catholique est antisémite de nos jours ? Probablement aucun, ou alors il faut aller chercher dans les franges extrêmes de certaines fraternités difficiles à gérer. C’est ça qui fallait dire pour avoir bon, Delaporte.

Jazzi dit: à

Réponse tardive à Ed.
Ce qui est triste dans votre statistique, ce n’est pas tant l’amour que les humains portent à leurs animaux domestiques et domestiqués, placés sous leur entière dépendance ; ce que vous traduisez par : « Ils voient où est leur intérêt » Comme si l’on capitalisait leur affection ! Non, ce qui est triste, c’est que Les gens, quelque soit leur sexe, leur âge, leur condition, ne s’aiment pas, les uns les autres. Car parmi les 48% restant, il faut compter un nombre important de personnes qui préfèrent probablement la solitude…

closer dit: à

Pour une fois, je suis d’accord avec Delaporte…
Les « contributions » de JR et de Pablo sur l’antijudaïsme chrétien sont d’une telle malhonnêteté que j’en suis réduit à me trouver dans la même baraque que Delaporte! La honte…

Jazzi dit: à

« Sinon quel catholique est antisémite de nos jours ? »

Pas mal d’homophobes chez les cathos, comme j’ai pu le constater à l’occasion des manifestations contre le mariage homo, D. !

Jacques R. dit: à

Fort intéressant et révélateur est en effet le cas d’Emmanuel Berl. Juif, mais aussi membre de la grande bourgeoisie, ses accointances et amitiés avec des personnalités marquantes de l’antisémitisme et de la collaboration (Drieu la Rochelle, Maurras etc.) sont avérées, sans compter son cousinage avec Lisette de Brinon (lire l’étonnante biographie de celle-ci sur Wikipedia). Il ne fait aucun doute que de hautes et amicales protections lui permettent de traverser la période de l’Occupation sans encombre ; après 1945, on ne demande pas à ce rédacteur de discours de Pétain de rendre des comptes ; il reprend sa carrière de journaliste comme si rien ne s’était passé. Son cas est-il un cas isolé ? Si je considère celui de sa cousine, Lisette, marquise de Brinon, il me semble que non.

Jazzi dit: à

Il s’agissait de savoir si les nazis étaient des chrétiens. Je penche plutôt vers la réponse consistant à les définir comme des païens polythéistes. Leur culte du corps et du naturisme va plutôt dans ce sens.

D. dit: à

Eh non, Jazzi. Ce n’est pas parce qu’on edt contre le mariage pour tous qu’on est homophobe. Reprenez la définition de l’homophobie.

Jazzi dit: à

Oui, Jacques R., il y a quelque chose de gênant dans la position d’Emmanuel Berl. Et Passou a parfaitement raison de s’interroger là-dessus. Certes, le papier élogieux de d’Ormesson, mis en ligne par D., qui présente Berl comme un homme au-dessus des partis, ni de droite ni de gauche, un pacifiste contre la guerre qui s’annonce, est brillant, mais valable seulement en temps de paix. En temps de guerre, ça ne tient plus !

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…prédicateurs, de tout,…et, se protéger, par des écritures pour son clan, de pharisiens, payants du groupe,…pour les avenirs, de différentes styles,…refaire, de bons citoyen abrutis,…

…me direz-vous,!…ou est, passer, Superman,…et, ses  » bandes  » dessinées,…
…ou,comment détruire, des mythes,…

…la protection des inquisitions, sur, la liberté de penser,… » la pensée unique « ,…
…pour s’assoir, sur les mondialisations légitimes,!…

…avec, çà, il parait, qu’il existe, une dettes incommensurable, de quelque, 140 000 Milliards de $ Dollars,…sue, les crédits, aux étudiants, et autres grandes ? écoles,…
…un système souriant, très bloqués,…pour se prostituer,…
…tout de Babel, et tout le fatras, à Babylone,…Superman,…Président,…aux affaires,!…
…le social, qu’elle affaires,…etc,…
…le café, vient de monter,…etc,…

Delaporte dit: à

« C’est ça qui fallait dire pour avoir bon, Delaporte. »

Si vous aviez suivi un tant soit peu le débat, D, vous auriez compris que je parlais de la dimension historique du problème, et non pas de la sociologie actuelle. Et puis, j’ai quand même cité Vatican II. Mais cela vous a également échappé.

Jacques R. dit: à

@ Jazzi

Plus que gênant, même. Sous l’Occupation, Berl prend ses distances avec Vichy. Soit. Mais tout de même. Il semble que, jusqu’en 1944, il mène une existence paisible. Soit. On veut bien croire qu’il ne sache rien de la persécution des Juifs en Allemagne, en France et ailleurs. Mais tout de même : il doit bien conserver, parmi les Juifs, des relations qui le mettent plus ou moins au courant. Et puis, il y a le statut des Juifs. qui date de 1940. Berl ne peut pas faire comme si les dispositions de ce statut n’avaient pas des effets graves, scandaleux, sur la condition des Juifs en France. D’accord, le cas Berl est singulier. Berl est Berl, un point c’est tout. Curieux bonhomme tout de même. Je cherche un personnage de roman qui, par ses ambiguïtés, ses mystères, pourrait lui ressembler, je ne trouve pas.

Delaporte dit: à

Sur l’histoire du mariage pour tous, on pourrait de même faire un certain nombre de commentaires. C’est une cause désespérée et désespérante qui a été mise en avant à l’instigation de militants marginaux, qui ont fait du chantage sur les plus hautes instances de l’Eglise en France. Des positions extrémistes et marginales sont alors apparues, qui ont eu un boulevard pour s’exprimer. Tel n’est pas selon moi le visage de l’Eglise actuelle, qui est plutôt à rechercher à Rome, dans le sillage du Saint Père.

christiane dit: à

@Lacenaire dit: 31 juillet 2018 à 16 h 43 min
Vous vous trompez Lacenaire, il s’agit d’un travail historique sur des archives.

Beltegeuse dit: à

Jazzi, pour la traduction, Clopine l’a donnée ce matin à moins qu’elle ne soit fantaisiste.

christiane dit: à

@Lacenaire dit: 31 juillet 2018 à 16 h 43 min
J’ajoute, Lacenaire, que c’est vous qui êtes à l’origine de ces échanges concernant ce colloque. C’est vous qui l’avez mis en ligne en commentant d’une façon satirique ce que cette vidéo provoque en vous. Souffrez que d’autres (nous sommes au moins trois) aient eu du plaisir à la découvrir, de l’intérêt à écouter cette prestation. M.Court s’y découvre comme un chercheur passionné par le XVIIe s. en Basse-Bretagne Qu’il se penche sur les registres paroissiaux n’est pas étonnant : les archives se trouvaient là à cette époque. Le portrait de ce Michel Le Nobletz est intéressant à ce niveau. Comment un enfant par ses études dans différents établissements tenus par des jésuites (l’école laïque à l’époque était à l’état de d’inconcevable), comment cet enfant est devenu un missionnaire un peu fou, illuminé, étant néanmoins proche du peuple, des humbles alors qu’il aurait pu choisir les honneurs du haut clergé avec des prêches conventionnels (clergé qui l’a d’ailleurs révoqué, le trouvant scandaleux) ?
Ce sont nos racines, tous ces gens, leur histoire, leurs vies, les combats qui les ont opposés les uns aux autres.
Le petit « Jacquou le croquant », du roman d’E. Le Roy, celui des révoltes paysannes, bien que d’un autre siècle, n’oubliera jamais l’injustice et la pauvreté qui ont conduit ses parents à la mort. La paysannerie française du XIXe devait fort ressembler à celle du XVIIe. Eugène Le Roy, lui aussi a fréquenté, adolescent, l’École des Frères de Périgueux, il n’aura pas la vocation. Tout au contraire, il deviendra dès l’âge adulte farouchement anticlérical, militant républicain et franc-maçon actif et écrivain.
Chaque vie a son itinéraire, la vôtre aussi.

Lacenaire dit: à

« Vous vous trompez Lacenaire », oui cela m’arrive…
mais avez-vous compté le nombre de fois où cela vous est arrivé ???
c’est de la bigoterie énoncée par un sacristain dont il a l’allure et le débit, ne manquent plus que les enfants de cœur…
bon j’arrête là pour ne pas m’énerver
bien à vous
CM
Docteur en filière ovine

christiane dit: à

de nota dit: 31 juillet 2018 à 17 h 47 min

Merci de nous avoir mis en ligne ce portrait de Camus dressé par Emmanuel Berl. Il n’y parle pas de littérature mais du charme de sa présence, de son honnêteté, de sa simplicité. De ce bonheur que leurs rencontres provoquait en lui. C’est très beau et insolite.

christiane dit: à

Lacenaire dit: 31 juillet 2018 à 18 h 50 min
Oh oui, Lacenaire, je me trompe souvent. Cela m’apprend beaucoup des autres et de moi. Quant au débit de M.Court, lors de ce colloque, je pense qu’il est dû au temps limité dont il disposait. Il demande à l’organisateur, cinq minutes avant la fin, s’il a le temps de terminer ! L’orateur suivant sera très différent et pas pressé du tout ! Chaque intervenant devait être conditionné par cette horloge. Cela se produit dans beaucoup de conférences…
Alors vous aviez abandonné vos moutons ? Qui s’en occupait ?
Pourquoi dites-vous que c’est un « bigot » ? Je n’ai pas trouvé trace de cela dans ses interventions. C’est un chercheur, laïque qui peut s’enflammer pour ses recherches dans les archives de Bretagne et vous décontenancer dans une expo d’art contemporain.
Je ne fais jamais de portrait fermé de mes amis, je les laisse m’étonner, me contredire. Et je peux dire que cet homme est un ami.

christiane dit: à

Ah, Lacenaire, à propos du dernier point que vous abordez « les enfants de cœur », mon préféré est Salvatore (celui qu’on appelait Toto) qui s’endormait à l’office parce qu’il passait des soirées clandestines au cinéma Paradisio (Salvatore Casio). Un film magnifique et bouleversant de Giuseppe Tornatore, avec Philippe Noiret dans le rôle inoubliable d’Alfredo, qui lui donnera l’amour du cinéma car le grand rôle c’est… le cinéma, un cinéma qui vivait dans les rires malgré la censure du curé (baisers interdits sur pellicule) ! Un petit village pauvre de Sicile. Ajoutez la musique de Morricone et les larmes de J.Perrin à la fin et là, je fonds !

Jazzi dit: à

Beltegeuse, vous reconnaissez « la marquise sortit à cinq heures » dans la phrase en tête d’illustration du billet de Passou ? Pas moi !

Beltegeuse dit: à

Jazzi, je donne ma langue au chat Passou.

Ed dit: à

Jazzi,

Vous êtes trop idéaliste. Ce que vous résumez par le terme de dépendance (que je ne peux nier) est une relation très claire et saine : je te nourris, te donne des câlins et nettoie ta litière, donc tu ne peux que me montrer de l’affection. Des bases solides donc. Pas d’embrouille. Ils ne risquent pas de vous planter des couteaux dans le dos comme des amis auxquels vois avez pourtant beaucoup donné. Ce qui est triste, c’est la trahison humaine, pas là préférence de la compagnie des animaux. On s’en accommode très bien. Vous dites que les hommes ne s’aiment pas les uns les autres. C’est vrai. Alors il faut s’adapter. Et là, il n’y a rien de triste. Au contraire. Calme calme et volupté. Demandez à ma Katzenbetreuung comment sa famille se sent après quelques jours en présence des mes deux amours.

Beltegeuse dit: à

Ed, besoin d’un miroir afin de mieux vous regarder?

Soleil vert dit: à

Pauvre plaque (pardon Mireille) qui m’en rappelle une autre estimable au plus haut point, apposée au 14 quai au fleur :

« Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été : désormais ce fait mystérieux et profondément obscur d’avoir vécu est son viatique pour l’éternité. » – V. Jankélévitch, L’Irréversible et la Nostalgie.

Que n’aurais je point donné pour avoir un tel maitre en classe de philo.

Beltegeuse dit: à

comme le prouvent ce matin des extraits donnés par de nota, il est un fin littérateur . Si l’on s’en tient à cette qualité, ces brefs échantillons donnent plutôt envie de le découvrir que de le dédaigner en dépit de ses zones d’ombre et de cette position assez délicate à défendre concernant ses coreligionnaires et des amities qu’il entretint considérant qu’entre l’homme et sa production qu’elle fut d’idéologue ou purement littéraire d’ailleurs non exempte d’idéologie, il ne peut s’établir de pont. Une complexité qu’il s’agit de renseigner et dont il nous appartient de se forger une idée après lecture et investigations. Après tout, d’ Ormesson le bienveillant s’y est lui même laissé prendre et laissé séduire en passant outre des chefs qui auraient pu suffire à consommer la rupture entre une certaine noblesse d’esprit et une désinvolture en ces circonstances historiques gravissimes mais qu’il parvint à justifier.

Jazzi dit: à

Une des plaques commémoratives les plus drôles qu’il m’a été donné de voir, Soleil Vert, c’est celle qui se trouvait sur la façade de l’hôtel Beau-Rivage, à Nice, avant qu’ il ne soit restauré. Elle disait : « Ici a résidé Nietzsche et son génie tourmenté ». A moins que ce ne fut « torturé » ? Depuis, elle n’a pas été replacée !

D. dit: à

Katzenbetreuung

Quel mot horrible. Ça veut dire quoi ?
chatouneries ?

D. dit: à

On dira ce qu’on voudra mais l’Allemand est une langue très laide comparée au Français.
Il n’y a que dans les lieds qu’elle passe à peu près. Un peu comme le sucre et le pamplemousse.

Claudio Bahia dit: à

christiane dit: 31 juillet 2018 à 19 h 01 min
Lacenaire dit: 31 juillet 2018 à 18 h 50 min

très belle réponse de Christiane; j’ai aimé. Il faut dire qu’avec Lacenaire c’est assez facile, une sorte de mini JC qui crois que c’est arrivé.
Lacenaire, comment pouvez-vous tant aimer vos moutons et n’avoir que si peu d’indulgence pour les hommes? (oui, bon, vous allez me dire Genève, Coppet, le baron Necker et sa fille…), mais cela n’explique pas votre rudesse, votre rugosité. Alors? (comme dirait Delaporte: venez à confesse)
Décidément, on trouve de tout dans ce machin.

Claudio Bahia dit: à

« On dira ce qu’on voudra mais l’Allemand est une langue très laide comparée au Français. »

Quant à moi, je pense, D, que vous avez dépassé les bornes, je voudrais dire, de la stupidité; mais disons que vous êtes fatigué: il est tard, monsieur, il faut que vous rentriez chez vous.
Et en vous, pour réfléchir sur l’énormité de votre propos

D. dit: à

Ben aux dernières nouvelles vous n’êtes pas allemand pour vous appeler Claudio Bahia ?!

D. dit: à

Katzenbetreuung

Chatterie. Ou quelque chose comme ça.
Katzenbtreuung, c’est très laid. Ach que c’est laid comme mot.

D. dit: à

C’est même imprononçable.

D. dit: à

Ach mon bedit minou, z’est l’heurr bour doi t’aller auf die Katzenbtreuung !! Schell !!!

Pauvre bête.

D. dit: à

J’en oublie des e et des n tellement que.

Delaporte dit: à

Pour continuer le débat de ce matin, un exemple du dialogue entre chrétiens et juifs, à travers les figures incontournables du cardinal Lustiger et d’Elie Wiesel :

https://youtu.be/WwusbslhXaU

Paul Edel dit: à

Soleil, vert, voici le texte de Romain Gary sur Albert Camus:
Préface à l’édition américaine de La peste par Romain Gary.

« Albert Camus a publié son roman-prophétie huit ans avant que le noir linceul de « la peste » se jette sur l’Algérie. À ce jour, ce sont quelque 300 000 Arabes et Français qui en ont été les victimes. Les rescapés triomphent, en Afrique et ailleurs, quand il s’agit de propager le mal. Car désormais, chacun est contaminé, et quand bien même nous appellerions cela d’un autre nom — colonialisme, nationalisme, racisme, communisme, fascisme — le mal sommeille chez les meilleurs d’entre nous. Les idées infectes vont grouillant et se multipliant dans les recoins les plus sombres et les plus tortueux de nos cerveaux. Il n’est besoin que d’une foule et d’un slogan politique bien senti pour que l’épidémie reprenne, dans la déflagration des armes automatiques ou dans un champignon nucléaire.

Ce serait une erreur de ne voir dans La peste qu’un roman symbolique. Rien d’aussi réaliste n’a été écrit sur la peste depuis Defoe. Dans la ville d’Oran, sous le ciel radieux de l’Afrique, les rats sortent des égouts et propagent l’épidémie. Chacun de nous y reconnaîtra le rat symbolique qui sort de l’égout symbolique de son subconscient. Pour un nationaliste arabe, l’égout, c’est le colonialisme et la maladie sera apportée par les colonialistes venus de France. L’égout pour les Français, c’est le communisme et les rats, les agents communistes. Pourtant, chaque page de ce roman vibre d’une vive pulsion de réalité et, lorsqu’on va offrir tous ces symboles aux rats et aux égouts, il faudra se demander si l’intelligence n’est pas plutôt une maladie de nos cerveaux et si les idéologies, qu’elles soient vraies ou fausses, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ne sont pas les plus sûrs vecteurs de la mort.
Pour Camus, la peste n’était pas un symbole de la haine : la peste était la haine. On peut rester dans les rues d’Oran et passer des heures à débattre des origines de l’épidémie et à chercher ses responsables. C’est un jeu qui se joue aussi bien à Berlin, à Little Rock, Budapest, en Angola, en Afrique du Sud. Choisissez votre terrain, n’importe où; les germes sont en nous tous, prêts à s’épanouir au nom d’une bonne cause. Car c’est un fait que lorsqu’on explique : « c’est la faute des Russes », « des Allemands », « des Français », « des Américains», «des Juifs», «des Arabes», « des… », c’est sur l’homme lui-même qu’on dit quelque triste et terrible vérité.
Camus ne proposait ni traitement ni vaccin philosophique, il savait que personne n’était immunisé. Mais il pensait qu’un homme atteint un stade critique lorsqu’il commence à croire qu’il a « absolument raison ». Je cite ses mots : «Croire qu’on a absolument raison est le début de la fin. »
Albert Camus fut avant tout un amoureux de la vie, un homme qui l’a abordée avec toute la soif de perfection de l’artiste. Reconnaître l’absurdité de la souffrance et de la mort n’est pas dire de la vie qu’elle est absurde, ce n’est que reconnaître la part absurde en elle. C’est vrai qu’il «croyait» — et quelle défiance n’avait-il pas pour ce mot — que la vie s’achevait dans la mort, mais, comme il se plaisait à le dire avec un sourire : « Je me tiens prêt à toutes les bonnes surprises. »
Ni ses livres ni mes conversations avec lui ne m’ont jamais permis de savoir s’il considérait effectivement la peste comme un phénomène biologique et non purement historique. Je ne pense pas qu’il aurait pu répondre. Il n’était pas marxiste, toute idée de péché originel lui était étrangère et il ne cultivait de lien mystique ni avec la science ni avec l’antiscience. En revanche il semblait toujours plein d’espoir pour les autres, sinon pour lui-même. Peut-être avait-il ce qu’il faut de pessimisme pour voir qu’aucun de nous n’est épargné, mais aussi ce qu’il faut d’optimisme pour pressentir que l’éducation, le progrès moral, et quelque autre facteur inconnu qu’à défaut de mot plus approprié j’appellerai la destinée humaine triompheront de cet éternel ennemi que nous avons dans notre sang,
Il convient de se rappeler qu’Albert Camus est né à Mondovi en Algérie et que son profond amour pour la lumière de la Méditerranée l’a rendu particulièrement sensible aux ombres et aux ténèbres. Espagnol pour moitié il donne souvent à ses élégies la beauté des accents du flamenco. Amoureux de la vie, il ne pouvait imaginer immoralité plus grande que celle qui vise à détruire le vivant. C’était, au fond, un moraliste, en ce sens qu’il éprouvait la souffrance moins comme une douleur physique que comme une injure à la dignité humaine. Depuis la fin de la guerre, et jusqu’à sa mort voici deux ans, il a été « la conscience de la France». Des milliers de jeunes intellectuels ont lu ses articles, moins dans l’espoir d’y trouver une réponse que pour y chercher le réconfort. C’est sa voix qu’ils aimaient. C’était là une étrange histoire d’amour — étrange parce qu’elle ne prenait jamais fin et que, fidèlement, ses admirateurs venaient s’abreuver du son de sa voix, sinon véritablement de ce qu’elle avait à dire.
Ses ennemis lui reprochaient de n’apporter d’autre remède à nos maux que la beauté des chants de douleur et la générosité des sentiments. Qu’on me donne le nom d’un seul poète, d’un seul romancier, d’un seul philosophe qui ait résolu « nos problèmes». Ceux qui sont « absolument sûrs et certains» d’avoir toutes les réponses finissent généralement par « résoudre » » l’homme lui-même — dans une chambre à gaz ou dans une rue d’Oran. Camus savait que ce que nous sommes, aucune science, aucun dogme, aucune vérité absolue ne peut le saisir ni le cerner. Spirituellement, nous ne sommes capables d’aucun accomplissement si ce n’est de celui de nous interroger. Il savait qu’une civilisation digne de l’homme se sentira aussi toujours coupable envers lui.
Il est très difficile, curieusement, de se rappeler les paroles d’amis disparus ; c’est qu’on ne fait pas trop attention quand ils sont présents. Je me souviens du sourire de Camus et de la gravité de son visage — les deux expressions se succédaient parfois en quelques secondes — bien mieux que de sa conversation. Je n’ai jamais fait grand cas des paroles, de toute façon. Mais maintenant que sa voix s’est tue, les mots ne me font que mieux sentir à quel point elle me manque. Il me semble toutefois me rappeler qu’il disait… non en fait, rien de bien important. Juste qu’il est des vérités qui valent qu’on meure pour elles, mais aucune qui vaille qu’on tue en leur nom. C’est alors qu’il écrivit La peste. »

(1) « Introduction to The Plague by Albert Camus », trad. Stuart Gilbert Time Reading Program, Special Edition, 1962. Traduit de l’anglais par Jean-François Hangouët et Paul Audi.

Jazzi dit: à

Intéressant de lire ces deux textes sur Camus en regard. Celui de Berl se veut un article d’hommage, alors que celui de Gary est une préface. L’un aborde l’homme sous l’angle plus intimiste, tandis que l’autre s’attache surtout à son éthique. Amusant cette déclaration d’amour physique pour Camus, qui le rendait plus gai, selon le premier, tandis que le second nous le dépeint surtout sous l’angle du moraliste, de l’homme d’idées que fut. Mais les deux, à leur manière, témoignent d’un Camus sensible, charmeur, séduisant, terriblement attachant, amoureux de la vie, attentif aux autres. Je ne dirais pas, comme Soleil Vert, que l’article de Berl est mièvre et celui de Gary plus brillant. Ils sont simplement de nature diverse.

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