de Pierre Assouline

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La République des livres

Poésie

Adonis, un sang d’encre

Adonis, un sang d’encre

Donatien Grau

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L’œuvre d’Adonis est la manifestation – et le manifeste – puissants de la pertinence durable de l’idée et de la réalité que recouvre l’expression « avant-garde ». L’œuvre poétique témoigne d’une ambition de dire le monde dans sa pérennité : il est le maître d’une parole mystique qui dépasse largement les frontières de l’actuel, et qui s’accorde à elle-même la légitimité de son ambition. Adonis n’est pas un poète de la crainte, de la peur, ou de la timidité : il est le tenant, face à la menace imposée au Verbe, d’une consolidation et de l’altération de la foi en la capacité pour le langage […]

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Le Kâmasûtra est ce qu’il semble ne pas être

Le Kâmasûtra est ce qu’il semble ne pas être

Frédéric Boyer

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J’entreprenais cette lecture et cette traduction dans le noir. Il y a plus de quatre ans déjà. Ne connaissant à peu près rien à l’Inde ancienne et moins encore au sanscrit. Sans savoir où cette curiosité et ces efforts laborieux me conduiraient. Et toutes ces années je voyais que ma vie changeait rapidement et que j’allais être amené à vivre différemment. La ligne imaginaire du plaisir scinde souvent nos vies. Le sexe est le point le plus intense et le plus secret des vies, rappelait le regretté Michel Foucault, celui où se concentre leur énergie, leur vitesse, qui nous emporte […]

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Pour saluer Claude Michel Cluny

Pour saluer Claude Michel Cluny

Jean-Yves Masson

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Orphée vient de mourir. Une nouvelle fois. Il renaîtra donc, comme le veut la légende, si profonde, mais il n’aura plus jamais ce visage. Chaque poète digne de ce nom est Orphée. Les incarnations d’Orphée au fil des millénaires sont nombreuses, mais pas innombrables en un temps et en un pays donnés. Un vrai poète est une chose rare. Dans le cas de Claude Michel Cluny (2 juillet 1930 –11 janvier 2015), le nom d’Orphée s’impose d’autant mieux qu’il avait choisi de placer sous la protection du premier poète de la Grèce antique, et donc d’un grand mythe païen, la […]

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Leopardi deux fois plutôt qu’une

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L’expérience est fascinante, surtout quand on ne l’a pas fait exprès : lire un poète tout en lisant sa biographie, laquelle renvoie sans cesse à son œuvre, après avoir vu un film à lui consacré. Cela peut avoir des effets néfastes pour les livres comme pour les films, l’un ne supportant pas la comparaison avec l’autre, trop en-decà dans le registre de la connaissance, ou celui de l’émotion, quand ce n’est tout simplement celui du pur plaisir de lecteur ou de spectateur. Bref, le hasard a fait que quelques jours durant, j’ai pu me leopardiser comme jamais avant de me lover […]

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Traduire la poésie d’idées de Javed Akhtar

Traduire la poésie d’idées de Javed Akhtar

Vidya Vencatesan

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Javed Akhtar est l’une des voix les plus justes de la poésie ourdoue contemporaine. Elle exprime une sensibilité postmoderne, radicalement différente des autres voix de sa génération. Il habite les deux mondes de la métaphysique et du concret avec la même facilité ; entre eux ni opposition ni hiérarchie. Exemple de l’hétérotopie qu’évoque Michel Foucault, sa poésie est une invitation à découvrir d’autres mondes encore, des lieux qui permettent de contester, des lieux de doute, de clair-obscur, d’autres mondes que ceux qui nous sont familiers. Héritier d’une riche tradition poétique familiale, Javed Akhtar réussit pourtant à trouver un mode d’expression dont le timbre frais […]

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La religion de la poésie selon Yu Jian

La religion de la poésie selon Yu Jian

Françoise Siri

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Yu Jian est impassible, comme une statue de bronze, sur la scène de la Maison de la Poésie de Paris. On devine, derrière le masque du visage, une fébrilité, une inquiétude et une grande attention. Il commence par lire en chinois, avant d’être traduit. Sa langue est très musicale : il répète souvent le même son, comme une litanie, comme un martèlement, par exemple celui du mot qui signifie “mur” et qui donne son titre à un poème de son tout dernier recueil. Le mur, le mur qui enferme les hommes en Chine, le mur dans la culotte des garçons […]

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Le droit inaliénable du poète en fin de droits

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Vous, je ne sais pas ; mais moi, je n’y comprends rien à ce conflit des intermittents du spectacle. L’affaire a tout de la patate chaude que l’on se refile de gouvernement en gouvernement, de ministre de la Culture en ministre de la Culture (ici les dernières propositions d’Aurélie Filippetti) en espérant chaque fois l’envelopper dans une serviette pour ne pas se brûler, le temps que passe l’été de tous les dangers en raison des menaces d’annulations qui résonnent comme autant de mises à mort des festivals. La grève ? Pas vraiment la solution. A titre d’exemple, 80% des intermittents du […]

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François d’Assise, écrivain visionnaire

François d’Assise, écrivain visionnaire

Philippe Godoy

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Une belle parution dans le domaine de l’édition : la publication de  Cantique  de frère Soleil  par François d’Assise. Pourquoi être enthousiaste de cette parution en France ? Tout d’abord, elle rentre dans l’actualité universitaire puisque ce texte est au programme de l’agrégation d’italien; mais surtout c’est un texte fondateur de la littérature italienne, bien au-delà de son  mystique. Il a été composé à une époque où le latin était encore langue officielle (1225). Or il est écrit en dialecte d’Ombrie, une des sources de la langue italienne moderne, d’où  sa lisibilité aujourd’hui. A cet intérêt linguistique, s’ajoute une vision du cosmos, révélatrice […]

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Comment Baudelaire est entré par effraction dans un vers de Brodsky

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Déjà, une maison d’édition qui a inventé de s’appeler « Les doigts dans la prose », cela donne envie d’y aller voir, d’autant qu’elle annonce fièrement militer « en faveur de l’édition élégante, élitiste et durable pour tous » ; plus encore si elle donne à lire des poèmes de Joseph Brodsky (1940-1996), dont l’œuvre fut couronnée par le prix Nobel de littérature en 1987; et notre curiosité est à son acmé si elle ose les publier en en proposant quatre versions différentes superposées, histoire de nous permettre de comparer dans l’instant. Le cas de ses Vingt sonnets à Marie Stuart (192 pages, 18 euros, […]

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La poésie de Philippe Jaccottet comme une lame creusant dans l’opaque

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Si le comité Nobel de l’Académie suédoise, régulièrement sollicité en ce sens depuis des années, se décidait un jour à laurer Philippe Jaccottet, nul doute que ce volume d’Oeuvres (1728 pages, 59 euros, La Pléiade/ Gallimard) y serait pour beaucoup. Par « Œuvres », il faut entendre l’œuvre poétique. Encore faut-il s’accorder sur ce qui en relève. Le sommaire est éloquent. Il est le quinzième auteur à entrer de son vivant dans le temple, quatrième suisse à y être convié après Rousseau, Cendrars et Ramuz, mais-ceux-là à titre posthume ; encore est-il davantage fêté en France qu’en Suisse, où on l’étudie plus qu’on […]

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