de Pierre Assouline

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La République des livres
Morand, Chardonne et le dégoût des autres

Morand, Chardonne et le dégoût des autres

On écrit toujours trop. Surtout des lettres. Désormais des courriels. Déconseillé aux écrivains. Même pour le courrier, n’écrivez que ce qui vous brûle les doigts. Ne gaspillez pas vos cartouches, économisez vos traces ! Sinon ne vous étonnez pas que d’autres cherchent ensuite à mettre leurs pas dans les vôtres. Cocteau avait prévenu : « Un auteur se fait grand tort en écrivant ».

Ce qui n’a pas découragé Jacques Chardonne et Paul Morand de se livrer à leur irrépressible épistolat presque chaque jour à partir de 1953. S’ensuit une manière de conversation, l’un dans le Val d’Oise, l’autre dans le canton de Vaud. Conservées à la bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, ces milliers de lettres ont été écrites sans la crainte d’une publication, puisqu’il était précisé que leur contenu ne devait pas être divulgué avant l’an 2000.

morandLe premier volume, paru il y a deux ans, couvrait les années 1949 à 1960. C’était déjà un ragoût puant traversé de fusées d’intelligence et d’éclairs de finesse. Le deuxième tome de cette Correspondance (éditée par Philippe Delpuech, 1153 pages, Gallimard), qui court de 1961 à 1963, est de la même encre, mais en plus dense et plus fourni. On y retrouve les mêmes vices et de semblables vertus.

L’arc-en-ciel de leur mépris couvre un large spectre puisqu’il englobe généreusement la Femme, les Juifs, la démocratie, les communistes, les pédés, les écrivains, les académiciens, les critiques, les Anglais, les nègres, les éditeurs, les bourgeois, les vivants, les morts, les gens… Une nouveauté cette fois : les Belges. On ne fait pas plus ridicules, et puis quoi, leur pays n’est-il pas « une fausse couche de l’Angleterre victorienne » ? Et une obsession, bien partagée, s’agissant de « la race élue » :

« Le parlement italien a protesté, aujourd’hui, contre « la conspiration du silence » qui entoura le massacre de 6 millions de juifs par les nazis ! Quand on pense que depuis 44, l’écran, les journaux, les prix littéraires, la radio, la TV, les défilés, les programmes politiques, les manuels scolaires etc. ne nous parlent pas d’autre chose, ne cessent de nous apitoyer sur le sort des juifs massacrés, on se demande si on rêve. Mon père disait: « Les juifs en mettent toujours trop; cela ne peut que finir mal ». (Morand à Chardonne, 21/4/1963)

Mais n’allez pas croire que son correspondant soit en reste sur le sujet:

« Hitler n’a point fait un beau travail. Il n’a pas exterminé les juifs. Ils les a rendus virulents. Il n’y avait pas de juifs avant lui. A présent, ils sont nombreux, bien conscient qu’ils sont juifs, et le feront sentir pendant des siècles. D’où ma phrase malheureuse, à Paris, mais que l’on a eu la bonté d’étouffer assez vite: »Depuis 40, je suis antisémite » (Chardonne à Morand, 20/9/1963)

Et encore, le même, trois semaines plus tard:

« Si je ne me trompe pas, votre bel hôtel de Paris est construit sur le terrain d’un juif. Comment pouvez-vous y dormir? »

De cette encre, il y en a beaucoup d’autres. De quoi fournir une anthologie sur les ravages de l’antisémitisme mondain, le pire en un certain sens, car distillé en levant le petit doigt, sans se soucier des conséquences alors qu’il a pénétré les esprits, et donc encouragé les actes, dans un certain monde inaccessible à la grossièreté d’un Céline, à la vulgarité d’un Darquier.

Au fond, les deux épistoliers ont le dégoût des autres, ce qui n’incline pas à la haine de soi. Pas le moindre soupçon de tendresse, de compassion, d’empathie. On n’imagine pas qu’ils aient jamais eu des amis. Ce dont ils se moquent bien. Roger Nimier ? Un fils plutôt. Les autres hussards ? Poivrots et compagnie ce qui est mal vu de la part de ces deux buveurs d’eau. .T.E Lawrence dit Lawrence d’Arabie ? Son histoire, Morand la résume ainsi :

« Un inverti qui, dans la journée représente l’Empire anglais encore au zénith, mais qui, la nuit (par une sorte de dédoublement du genre Dr Jekyll et Mr Hyde) devient la moukère de quelque arabe de grande tente.« 

Manifestement, ça le travaille, d’autant qu’en ces années soixante, non seulement il est privé de bains de mer et d’alcools, mais aussi, selon son propre aveu, éloigné de toute vie sexuelle :

« Je lis Julien Green : les pédés ont le droit d’être plaints certes; mais j’ai aussi le droit d’être dégoûté ?« 

Chardonne (il signe « JC », d’aucuns apprécieront…), qui se juge lui-même indifférent jusqu’à en être inhumain, tient l’amour pour « une maladie » et ignore jusqu’au prénom et à l’âge de ses petits-enfants :

« Je ne les ai jamais vus. Je suis rebelle à tout sentiment de famille ; ils me semblent tous faux, tous viciés par la parenté » .

Quant à Morand, que son cynisme protège de tout jugement moral, il se félicite de n’avoir d’autre postérité que sa chienne. Ils rivalisent d’esprit jusque dans l’abjection. Et pourtant, c’est passionnant dès lors que l’on prête un certain intérêt à la république bananière des Lettres.

Les amateurs d’histoire littéraire s’y régaleront de potins, d’anecdotes, de choses vues sur les coulisses de l’édition et du journalisme. A croire que la Frette-sur-Seine était souterainement reliée à Vevey par le boulevard à ragots. Ceux qui n’ont que mépris pour ce type de piapia dont la comédie littéraire a le secret seront dédommagés de leur lecture de ce pavé par de véritables critiques de livres parus à l’époque, analyses aiguës et d’autant plus libres qu’elles n’étaient pas destinées à une diffusion immédiate. De temps en temps, ils causent graines et jardins. Vilmorin mais sans Louise. Ou manières de table, avec ici ou là, quelques morceaux d’anthologie, telles les pages de Morand sur les différentes façons de saluer.jacques-chardonne-devant-sa-maison-450x315

Morand, c’est le coupant des formules, le vif de l’ellipse, l’acidité des pointes, la cruauté des traits, la férocité des portraits ; et avec ça des jugements aussi expéditifs que définitifs, le tout rapide, sans effort.

« Si la République convenait à la France, il n’y en aurait pas eu cinq ».

Un style, quoi, toujours aussi étincelant. Louons le styliste en Morand et abandonnons les restes à ses admirateurs. Ce surplomb sur l’époque, Chardonne y parvient parfois. Il a compris que le naturel, cela s’apprend. Ce qui confère une certaine fluidité à la lecture de ces 855 lettres écrites en parfaite conscience qu’elles seraient un jour publiées. A croire c’était leur but premier.

« Tout ce que vous dites de la société littéraire française n’étant plus un univers littéraire est vrai et original. (…) Cela aurait continué, en France, si nous étions restés occupés par les Allemands. Nous les aurions dévorés, comme les Grecs, les Romains, en moins de dix ans, et ils nous auraient conservé notre empire colonial; on l’aurait gardé pour eux, ce qui valait mieux que de le donner aux nègres » (Morand à Chardonne, 17/1/1961)

Le cavalier en Morand a conservé le coup de cravache ferme et élégant. Chardonne paraît bien faible à côté, et si peu perspicace. Le premier publie alors sa biographie de Fouquet ou le Soleil offusqué, l’un de ses livres les plus étincelants, un charmant Bains de mer, bains de rêve, une anthologie du Prince de Ligne ; le second, Femmes et Détachements. On suit leurs carrières en librairie, ce qui ne va pas sans aigreur et désenchantements, comme il se doit entre réprouvés autoconsacrés. Surtout lorsque l’un reconnaît sa misanthropie :

« Vous avez bien de la chance de pouvoir réduire aux juifs votre dose de mépris. c’est un paratonnerre. pour moi, il s’étend à peu près à tous les gens que je connais ; je n’en suis pas fier, et je le montre le moins possible » (Chardonne à Morand, 25 juillet 1963)

Il est vrai que ces deux écrivains paraissent d’époque en un temps où triomphe le Nouveau Roman. C’était en 1960 av. A.G. (Amazon Google). Un temps où on entrait encore « aux Sciences Po » avec les lettres de Talleyrand à Louis XVIII comme bréviaire.

Un troisième volume de cette correspondance couvrant la période de 1964 à 1968, doit encore paraître. L’ensemble comptera 5000 pages. Tour à tour brillant et infect, c’est enlevé, aussi bien écrit que décrit ; mais on ressort de cette immersion dans leur monde défunt avec l’étrange sentiment d’avoir lu un pêle-mêle écrit non dans une langue étrangère, comme Proust le disait des beaux livres, mais dans une langue morte, comme on le dirait de recueils qui sentent la naphtaline quand on les ouvre, et puent la mort quand on les referme.

(« Mur des noms à Prague » photo Passou ; « Paul Morand en 1969 » photo Henri Cartier-Bresson ; « Jacques Chardonne chez lui » photo D.R.) 

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

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commentaires

631 Réponses pour Morand, Chardonne et le dégoût des autres

Edouard ? dit: à

Traumatisme léger, deux semaines au plus…

la vie dans les bois dit: à

A ce niveau de commentaires, vous devriez changer de projet. Non plus les névroses de commentateurs , mais les salopards et leur syndrome de Lucifer. Cela dit, je vous espère quand même quelques pères de famille respectables parmi vos lecteurs, pour plusser ce qu’écrit Erreur de casting.

bab el-oueda dit: à

Ignorez cette pauvre bête, Edouard
(la vie chez les oies).

Pauvre culture népalaise: quand la catastrophe naturelle vient prendre le relais de la catastrophe humaine (maoïstes)…
Crève-coeur.

la vie dans les bois dit: à

Mon 16h39 pr P.Assouline.

christiane dit: à

@ JC / à 13 h 11 min
Non, ne vous fiez pas aux apparences.
Quant au lieu imaginé, je ne crois pas qu’il soit celui de la douceur mais plutôt celui d’une grande solitude suivant un fantasme d’appel. Après le noviciat, c’est une incarcération (volontaire), d’énormes sacrifices (liberté, possessions diverses, maternité, couple, vie amoureuse…), beaucoup de travail (souvent ingrat) pour faire vivre la communauté (parfois étouffante et où l’on peut perdre toute indépendance). Des rites répétitifs pour donner un semblant d’organisation sociale. Parfois un peu de légèreté. Beauté des offices (chant grégorien). Beaucoup de doutes… aussi, un vœu d’obéissance à vous donner envie de ruer dans les brancarts ! Et bien sûr un mystère : tout ça est-ce pour une illusion (folie- autosuggestion) ou une réalité qui nous dépasse… (Personne -sauf Orphée – n’a tenté la traversée !)
Trop indépendante pour avoir vécu dans ces lieux autre chose que de courts séjours pour peindre, lire, travailler au calme, dans des régions souvent très belles. Pour le reste, j’en suis encore au pari de Pascal !
Dans vos commentaires vous franchissez souvent la ligne jaune. Impossible de vous suivre dans ces marécages haineux même si c’est un jeu… littéraire.

maurice dit: à

« Dans vos commentaires vous franchissez souvent la ligne jaune. Impossible de vous suivre dans ces marécages haineux même si c’est un jeu… littéraire. »

Il n’y a que Chaloux pour le trouver drôle, c’est dire

ppppppopopopopopol dit: à

Changez de disque, Christiane!

Chaloux dit: à

Alba va mieux. On respire.

tout un programme dit: à

‘La désintégration du Progress sera telle que peu de gros morceaux atteindront la surface de la Terre, par ailleurs recouverte par les océans à 80 %. Il est par ailleurs impossible de prévoir le moment de cet événement, qui devrait survenir dans une semaine environ….
c’est un gros objet de quelque sept tonnes’…
(Lemonde)

Où tombera-t-il? dit: à

Chaloux dit: 30 avril 2015 à 17 h 45 min
Alba va mieux. On respire.

« C’est un gros objet de quelque sept tonnes’… »

N’exagérons rien.

Attila dit: à

Passou semble s’être fait une spécialité : traquer les fascistes littéraires d’expression française ?
Il en a même dégoté un au fin fond de …la Suisse !
De quoi faire l’objet d’un nouveau papier…
A chacun ses tropismes !

JC...... dit: à

@Christiane
Autant Pascal est génial dans les domaines ou il suffit d’être intelligent pour éclater, probabilités, logique, mathématiques… autant il est terne dans son aspect mystique chrétien.

Pour s’en convaincre, lire les grands du soufisme, ou les vieux Grecs !

Son pari est un jeu de dupes, une idiotie majeure, dégradante, idiote ! Une grosse couillonn.de…

A sa décharge, un jeu d’époque, époque troublée… et Pascal est resté un enfant surdoué. Mort. Absolument mort. Un type mortel.

maurice dit: à

chaloux

vous vous trompez, je ne suis pas Widergänger.
Vous en crispez d’autres (parfois)

transcendantalement dit: à

« son aspect mystique chrétien »

parole d’un grand mystique

Duc Bihoreau de Bellerente dit: à

«L’amour n’existe à peu près pas. C’est une maladie, quand ce n’est pas une invention.»
– Jacques Chardonne

Si je n’avais jamais entendu parler du grand amour, l’aurais-je cherché, plus jeune? Sans doute pas. Ignorance is bliss.

JC...... dit: à

Il est évident que l’amour n’existe pas ! (sinon, on ne se marierait pas avec une inconnue, pour ne pas dire n’importe qui…)

Duc Bihoreau de Bellerente dit: à

«Cela fera enrager des gens de notre proche monde ; eux qui ne liront pas cette correspondance, je veux au moins qu’elle leur donne la colique.»
– idem

Le plaisir de donner des dîners, disait un ami complètement fou mais d’un spirituel superbe, c’est de ne pas inviter certaines personnes et d’en mal placer d’autres à table. Était-ce de lui? Qui sait…

JC...... dit: à

Avant de vous quitter définitivement, une opinion sur la juste remarque de Bellerente : enculer une mo(u)che est déjà un acte sordide, mais si en bonus, on ajoute la colique !…

Vivre à Mayotte dit: à

Intéressante cette remarque de Morand sur ce qu’on n’ appelait pas encore l’industrie de l’holocauste. Zemmour (respect à lui) dit en substance la même chose dans son livre au sujet d’Au revoir les enfants (ou du Crif, je ne sais plus), ce qui montre bien qu’il y a là une part de vérité pas forcément bonne à dire. Il est certain qu’à trop bourrer le crâne des gens, on finit par obtenir l’effet inverse de celui recherché ; la compassion pour les victimes (trop souvent feinte ou narcissique, parce qu’obtenue sur commande), l’intelligence des fait (surtout) laissent place à l’agacement devant l’injonction au devoir de mémoire. Je trouve d’ailleurs la photo du mur des noms à Prague particulièrement indécente et racoleuse pour illustrer cette correspondance, pardon de vous le dire.

Chaloux dit: à

Maurice, vous me comblez, j’ai surtout aimé déplaire. Tout un art.

Que l’amour n’existe pas, c’est possible, que ce soit une « invention », pourquoi pas, mais c’est une invention qui se répète.

Bonne soirée,

christiane dit: à

@ JC

« Examinons donc ce point, et disons Dieu est, ou il est pas… Que gagerez-vous?… Il faut parier cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué… Pesons le gain et la perte en prenant croix, que Dieu est. » (B. Pascal
Est-ce un jeu de hasard ? Si oui, il est bien singulier… Les données du pari dépendent de l’anticipation qu’un joueur forme sur la décision d’un autre joueur, pour déterminer une stratégie, là, optimale pour chacun ( un libertin, athée, et un croyant en Dieu).
Si Dieu n’existe pas, le croyant et le non croyant ne perdent rien. C’est raisonner pour mieux sauter dans l’inconnu, de la pure logique. Pascal a appelé cela : le pari sur Dieu.
L’idée vous paraît saugrenue. Il y a sans doute à ergoter sur le pari de Pascal mais n’oubliez pas que son « mémorial », cousu dans son manteau, fut découvert par hasard après sa mort. Pascal étant chrétien, n’avait pas à recourir à ce pari pour lui-même, puisque l’on ne saurait parier sur une chose dont on est sûr. Considéré à tort comme un calcul d’intérêt ou une marque du désespoir de Pascal, ce n’était peut-être qu’un moyen de troubler la conscience des incrédules.
(Si Dieu existe, ne préférerait-il pas une foi sincère et désintéressée, voire pas de foi du tout ?).
Allez, pour vous faire sourire, « Le mécréant » de G. Brassens :

« Mon voisin du dessus, un certain Blais’ Pascal,
M’a gentiment donné ce conseil amical :
« Mettez-vous à genoux, priez et implorez,
Faites semblant de croire, et bientôt vous croirez. »

J’ me mis à débiter, les rotules à terr’,
Tous les Ave Maria, tous les Pater Noster,
Dans les rues, les cafés, les trains, les autobus,
Tous les de profundis, tous les morpionibus…

Sur ces entrefait’s là, trouvant dans les orties
Un’ soutane à ma taille, je m’en suis travesti
Et, tonsuré de frais, ma guitare à la main,
Vers la foi salvatric’ je me mis en chemin.

J’ tombai sur un boisseau d’ punais’s de sacristie.
Me prenant pour un autre, en chœur, elles m’ont dit :
« Mon Pèr’, chantez-nous donc quelque refrain sacré,
Quelque sainte chanson dont vous avez l’ secret ! »

Grattant avec ferveur les cordes sous mes doigts,
J’entonnai « le Gorille » avec « Putain de toi ».
Criant à l’imposteur, au traître, au papelard,
Ell’s veulent me faire subir le supplic’ d’Abélard.

Je vais grossir les rangs des muets du sérail,
Les bell’s ne viendront plus se pendre à mon poitrail.
Grâce à ma voix coupée, j’aurai la plac’ de choix
Au milieu des Petits chanteurs à la croix d’ bois.

Attirée par le bruit, un’ dam’ de Charité
Leur dit : « Que faites-vous ? Malheureus’s, arrêtez !
Y’a tant d’hommes aujourd’hui qui’ ont un penchant pervers
A prendre obstinément Cupidon à l’envers.

Tant d’hommes dépourvus de leurs virils appas,
A ceux qui’ en ont encor’ ne les enlevons pas ! »
Ces arguments massue fir’nt une gross’ impression,
On me laissa partir avec des ovations.

Mais su’ l’ chemin du ciel, je n’ ferai plus un pas,
La foi viendra d’ell’ même ou ell’ ne viendra pas.
Je n’ai jamais tué, jamais violé non plus,
Y’a déjà quelque temps que je ne vole plus.

Si l’Eternel existe, en fin de compte, il voit
Qu’ je m’ conduis guèr’ plus mal que si j’avais la foi.

Citro di vero dit: à

Voyons s’il peut pas s’en faire pire

la vie dans les bois dit: à

@30 avril 2015 à 16 h 27 min

Je copie-colle ce fil de commentaires, si d’aventure il m’est donné de croiser L. Bollinger. On sait jamais, comme dit un écrivain fort de ses bons mots:  » il ne faut pas insulter l’avenir ».

christiane dit: à

La citation était si longue… en voici un fragment plus complet. Ces « Pensées » ont leur part d’obscurité…
« — Examinons donc ce point, et disons : «Dieu est, ou il n’est pas.» Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n’y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l’extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre; par raison, vous ne pouvez défendre nul des deux.
Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix; car vous n’en savez rien.
— Non, mais je les blâmerai d’avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui prend croix et l’autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier.
— Oui, mais il faut parier; cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ? Voyons. Puisqu’il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. Vous avez deux choses à perdre : le vrai, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter. (…) partout où est l’infini, et où il n’y a pas infinité de hasards de perte contre celui du gain, il n’y a point à balancer, il faut tout donner. Et ainsi, quand on est forcé de jouer, il faut renoncer à la raison pour garder la vie, plutôt que de la hasarder pour le gain infini aussi prêt à arriver que la perte du néant. (…) aussi tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude ; et néanmoins il hasarde certainement le fini pour gagner incertainement le fini. (…) Et de là vient que, s’il y a autant de hasards d’un côté que de l’autre, le pari est à jouer égal contre égal … »

JC...... dit: à

Le pari de Pascal n’intéresse que ceux qui croient en Dieu et considèrent comme possible son existence.

Je préfère de loin la réponse de l’astronome Simon de Laplace à Napoléon.

Parlant de son traité sur le « Système du Monde », Napoléon fit remarquer à Laplace : «Votre travail est excellent mais il n’y a pas de trace de Dieu dans votre ouvrage»

Laplace lui répondit : «Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse.»

christiane dit: à

@JC…… qui dit: 1 mai 2015 à 9 h 34 min
Dieu « une hypothèse » ? Oui, absolument. Comme vous… Quand vous vous exprimez, loin des provocations, il est agréable de vous lire lentement.
La foi, sans le doute n’est qu’un emplâtre sur la peur de la mort. Ce que j’aime le plus en cette idée de Dieu , c’est l’inconnaissance et pouvoir douter de son existence.
Mais comment nous sommes-nous égarés dans ce chemin loin des querelles provoquées par le billet ? Ah, oui, votre boutade sur la gentillesse et les couvents ! (J’ai cherché là aussi et je n’ai trouvé que « l’enfer c’est les autres » – un peu aussi soi-même !
Bon, je vous laisse à vos jeux du cirque,(à l’étage du dessus) gladiateur !

JC...... dit: à

Le doute est le fondement de l’intelligence. Cependant il faut l’employer à bon escient !

Honnêtement, se pencher sur l’existence des dieux, ou déesses, ou spiritualité terrienne, cosmique, universelle…. il y a mieux à faire !

Chercher Dieu est une perte de temps inexplicable ! Dangereuse, si on aboutit à une croyance qui peut détruire… en croyant bâtir.

Marc Laudelout dit: à

Feu l’annotateur est parfois surprenant : page 132, je lis : « Jules Renard (1864-1910), écrivain, auteur de « L’Ecornifleur », de « Poil de Carotte » et d’un important « Journal ».
La question se pose : est-ce qu’il prend les lecteurs de cette correspondance pour des ignares ?

la vie dans les bois dit: à

« Comment, à ce stade, résister ici à quelques envies ? Celle, entre autres, de proposer que ces passages fassent l’objet d’une lecture publique dans nos amphithéâtres ; qu’on les commente entre enseignants et étudiants ; que l’on s’en serve pour formuler des questions originales pouvant nourrir des examens et des concours qui généralement ne le sont guère. Imaginons. Quels examens sont-ils ici pratiqués ? Quelle était leur pertinence ? Devant un tel tableau clinique, quel serait votre arbre décisionnel ? Que peut aujourd’hui évoquer le diagnostic du docteur Zacharie Regencrantz ? Une thérapeutique était-elle, alors, envisageable? Qu’en est-il aujourd’hui ? Ce médecin a-t- il un comportement éthique en prenant en charge – à sa demande – un ami? Commet-il, d’autre part, une faute éthique en lui révélant de cette manière le très sombre pronostic ? Quel serait ici, selon vous, le comportement le plus approprié ? »
http://www.revmed.ch/rms/2009/RMS-186/1940-crise-d-angor-par-Paul-Morand

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…Dieu, existe,…pour moi,!…

…dans le sens,…comme nous avons été trahis,!…abuser,!…tromper,!…à nous obliger à croire comme des bêtes à son berger,!…
…Dieu,…venez mes agneaux, à la casserole,!…les mains jointes, ligotées,!…si vous voulez,!…
…les Dieux, comme vos maîtres à vous croquer,!…l’évidence pour se faire mettre à l’oignon, et Vatican S.A.,!…
…un Stallag 13,!…S.V.P.,!…of course,!…
…etc,!…

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