de Pierre Assouline

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La République des livres
Pour saluer Jean Starobinski

Pour saluer Jean Starobinski

La disparition d’Yves Bonnefoy au cours de l’été 2016 ne m’avait pas seulement ramené du côté de ses livres mais de ses amis. Parmi eux, Jean Starobinski avec qui il avait composé Goya, Baudelaire et la poésie (107 pages), publié avec un soin extrême (couverture des plus subtiles dans la discrétion, et typographie assortie) par un petit éditeur suisse à l’enseigne vénitienne (La Dogana). A les suivre dans leur échange loin de toute cuistrerie médiatique mais si près de ce que Bonnefoy appelle « l’Arrière-pays », on se laissait convaincre que, ce qui importe à la poésie comme à la peinture, c’est « un acquiescement à la terre, à l’instant, à la couleur des choses » dans le fol espoir de conjoindre un rêve de beauté et une exigence de vérité. La définition, qui est de Starobinski, est d’une stupéfiante justesse. Les deux amis digressent pour notre plus grand bonheur, dans l’ardent désir de « s’établir dans l’unité« , mais n’oublient jamais Goya en qui Bonnefoy voit le seul créateur qui ait perçu en son temps, dans l’angoisse, que l’Occident devait s’éveiller de son rêve. La seule issue au pessimisme absolu, engendré par la mise à nu du fond bestial de l’humanité, serait la compassion absolue.

Après avoir relu leur échange alors que l’on annonce la disparition de Jean Starobinski à 98 ans, j’ai eu hâte de m’immerger dans l’épais recueil honorant le génie critique de celui-ci, qu’il se soit exercé sur la littérature, la peinture ou la musique. Ce n’est donc pas le spécialiste du siècle des Lumières auquel il a consacré des livres décisifs (il a bouleversé notre lecture de Rousseau dans La Transparence et l’obstacle qui déchiffrait son œuvre à la lumière d’un monde intérieur de la séparation et du rejet), ni le psychiatre si aigu dans son exploration de la mélancolie, que nous sommes appelés à retrouver là. Edité par Martin Rueff et intitulé La Beauté du monde (1344 pages, 30 euros, Quarto/Gallimard), le volume réunissait une centaine d’études qui constitue l’œuvre d’une vie, du moins dans son aspect critique et fragmentaire.pmfr75starobinskimanuel-braun

Rien de marginal dans ce travail. Ni à-côté, ni fond de tiroir, ni journalisme. Malgré leur dimension réduite, il s’agit bien d’essais, mûris comme tels après avoir été commandés par la circonstance. De quoi donner ses lettres de noblesse au genre de l’article de revue. De quoi refléter une esthétique, un art poétique, une sensation du monde. De plus, conformément au principe de cette collection, le livre comporte également une cinquantaine de documents qui retracent en détail la biographie méconnue de l’auteur, ses cours, ses conférences, ses bibliothèques, ses voyages, exercice rare mais plus passionnant qu’on ne le croit s’agissant d’une carrière essentiellement universitaire. L’ensemble est d’une richesse étourdissante. On y voit comment un grand lecteur et spectateur ne se contente pas de lire, d’écouter ou de regarder durant soixante ans mais « s’entretient » véritablement, au sens où l’entendait Hölderlin (« l’entretien que nous sommes… ») avec un créateur dès lors qu’il se place face à sa création, tendu vers un acquiescement permanent à la beauté du monde au sens où l’entendait Marsile Ficin :

« …cette grâce elle-même de la vertu, de la figure ou de la voix qui appelle et attire l’âme vers elle ».

Tout ce qu’il écrit se veut porté par une exigence de raison. Ses goûts, tropismes, dilections sont dès lors relégués au second plan, abandonnés à l’inconscient sans pour autant renier la sensibilité. Tout pour ce qu’il appelait « la relation critique » faite d’un difficile équilibre entre l’empathie et la mise à distance. Son idéal de critique mêle la rigueur méthodologique à la disponibilité de la réflexion. Ainsi entrait-il dans les œuvres curieux d’en démonter le sens et la forme : animé d’abord d’une sympathie spontanée, puis d’une volonté de les soumettre aux canons de l’analyse technique avant in fine de livrer son interprétation au trébuchet de la raison.

Le psychiatre surgit à nouveau sous la plume du critique dans « Une Mélancolie moderne : portrait du docteur Gachet, par Van Gogh ». On sait que l’un soignait l’autre. Starobinski a creusé cette mine qu’est la correspondance du peintre. Il s’est penché sur les années que l’étudiant avait passé à la Salpêtrière pour y acquérir un vrai savoir empirique sur la pathologie mentale. Puis il s’est souvenu que pour sa thèse de médecine à Montpellier, le jeune Gachet avait choisi d’écrire une Etude sur la mélancolie. Après quoi Starobinski a comparé ces symptômes aux portraits de Gachet par Van Gogh (inclinaison de la tête, bouche pincée…) pour y retrouver ceux que le médecin attribuait justement à l’individu mélancolique. Entouré d’objets qui rappellent les emblèmes de la vanité, Gachet dans sa solitude se dévoile comme un individu angoissé par la perte de ses forces vitales. Et Jean Starobinski de conclure sur une perspective infinie qui pourrait à elle seule nourrir tant de réflexions, vertu généreuse des fins ouvertes :

« Ce médecin en proie à l’anxiété est le témoin de l’anxiété du peintre : que devenir, si celui dont on attend le secours a lui-même besoin de secours ? «

la-beaute-du-monde-la-litterature-et-les-arts,M343892Quand d’autres critiques universitaires se défient du poème, Jean Starobinski lui a fait confiance pour tresser les fils de sa réflexion. Ce recueil a ceci de vertigineux qu’il nous permet d’assister à l’effervescence d’une puissante intelligence des œuvres lorsqu’elle est irriguée par une culture humaniste des plus vastes. De la pensée en action maitrisée par une écriture d’une rigueur exemplaire. On peut y picorer, le lire par sauts et gambades ou, comme il enjoignait de le faire avec les Fleurs du mal, le lire en continu afin d’en mieux percevoir la profonde unité et la cohérence d’une pensée. Il décrypte, apporte des réponses, esquisse des solutions, dévoile les ruses du masque, dénonce les impostures, mais sans jamais oublier que la littérature et les arts s’épanouissent dans la sphère de l’inachevable et que toute signification demeure en suspens.

« Comprendre, c’est transformer le monde.

Cela nous pousse à ouvrir des pistes, tenter des rapprochements, oser des analogies. De quoi éveiller notre perception des différences. Un tel parcours dans les œuvres, avec l’ouverture de cet esprit-là et l’acuité de ce regard-là, les deux convaincus qu’une recherche ne peut commencer que lorsqu’on se sent en compagnie, est de ceux qui nous permettent de nous expliquer ce qui nous arrive mieux que nous ne serions le faire. Car obsédé de clarté et de rationalité, le grand critique, tout à son art du contraste et du ricochet, est de ceux pour qui le lecteur est « la cible que s’invente la flèche ».

Son livre savant, si complexe et si nuancé, a toutes les qualités plus une : c’est aussi le livre d’un écrivain. Du type de ceux qui écrivent pour leurs amis en les imaginant innombrables. Il est impossible d’accorder fût-ce quelques lignes à chacun des auteurs et artistes auxquels il a consacré des pages et des pages d’analyse, de Ronsard à Pierre Jean Jouve, en passant par Lautréamont, Valéry, Breton, Kafka, Celan, Guardi, Michaux, Mozart, Monteverdi, Mahler, et bien évidemment Baudelaire qui n’a jamais cessé d’être son compagnon de route. Mais une fois qu’on l’a reçue, qu’elle soit poème, sonate ou dessin, que peut-on bien faire de la beauté d’une oeuvre d’art ?

En 1913, Aron Starobinski, père de Jean, émigra jeune et seul à Genève car l’université de Varsovie n’autorisait pas le Juif en lui à s’inscrire à la faculté de médecine. Dans le train, il fit connaissance d’un voyageur : « Où allez-vous, jeune homme ?- A Genève ? – Quoi ! Genève ! Refugium omnium virorum perditorum ! (le refuge de tous les hommes perdus). Louons cette ville où naquirent Nicolas Bouvier et Jean Starobinski, deux hommes perdus qui nous permettent aujourd’hui de mieux nous trouver. Et rêvons à ce temps où l’on pouvait entendre parler latin dans le train… Au fond, pour avancer dans la vie, on pourrait parfois se contenter de deux livres : L’Usage du monde de Nicolas Bouvier, indispensable bréviaire d’un maître à déambuler, et ce Quarto de Jean Starobinski, qui offre à sa manière un usage de la beauté du monde. Si je n’avais que deux livres à emporter en vacances, ce serait ceux-là.

P.S. Son père mourra en 1965 sans avoir jamais réussi à obtenir la citoyenneté helvétique. Devenu une figure de la médecine et de la culture à Genève, on trouve en 1942 la signature du docteur Aron Starobinski, un homme qui n’était pas sans qualités, au bas de l’acte de décès d’un certain Robert Musil…

(  » Duelo a garrotazos (Duel au gourdin) de Francisco Goya, issue des peintures noires 1819-1823, Musée du Prado, Madrid ; Portraits de Jean Starobinski par Manuel Braun et Jean-François Robert)

Cette entrée a été publiée dans Essais, Philosophie, sciences humaines.

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commentaires

881 Réponses pour Pour saluer Jean Starobinski

Ed dit: à

Ce midi, c’était endives au jambon.

Ed dit: à

Mes collègues étaient bavaient devant miam miam

Ed dit: à

Elle est où la fille qui raconte sa life sans les sujets de ses phrases ? Et la Chaloupe ? Bordel.

renato dit: à

et alii, dans la pile des livres à lire j’ai ça : John O’Shea, Music and Medicine. Medical Profiles of Great Composers, Oxford University Press, il me semble.

John O’Shea, médecin et historien de la médecine formé à l’Université Monash de Melbourne, est chercheur à la faculté d’histoire de la médecine de la Worshipful Society of Apothecaries à Londres.

et alii dit: à

1953-1965, 1969-1974 et 1983-1985.wiki donne les dates
c’est quoi,ça?la pointure des sandales de JJJ,

et alii dit: à

renato dit: 14 mars 2019 à 0 h 20 minlisez vite renato et parlez nous en!
bonsoir!

Ed dit: à

Yeah
Hurk à toi !

gisèle dit: à

Janssen JJ 23h07. Vous devez faire erreur,je n’ai rien demandé, moi Gisèle. Je vis sans liens et sans reproche.
Dans ce passé lointain qu’est hier,avant-hier peut-être, j’ai posté un lien pour Clopine: 44mn délicieuses d’un docu allemand sur les vaches du Jura Souabe. Sans succès.Hélas, pour les vaches. Hélas pour moi qui ne me sens aucune attirance pour Sainte Monique ni Sainte Augustine. Je ne suis qu’une migrante déambulant parmi les Fleurs de la RDL.
Au passage, permettez-moi de vous dire que votre Pendule, enfin celle de Foucault, a connu de bien sinistres aventures.Racontées par vous, c’est épique,quel talent.

christiane dit: à

« Je retourne à la base. » C’était pour moi et ça restera : Sergio

Marie Sasseur dit: à

« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C’est moi qu’on voit toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour, de goût ou de philosophie ; j’abandonne mon esprit à tout son libertinage ; je le laisse maître de suivre la première idée sage ou folle qui se présente, comme on voit, dans l’allée de Foi, nos jeunes dissolus marcher sur les pas d’une courtisane à l’air éventé, au visage riant, à l’œil vif, au nez retroussé, quitter celle-ci pour une autre, les attaquant toutes et ne s’attachant à aucune. Mes pensées ce sont mes catins. »

M. Starobinski s’est fort intéressé au ramage de Diderot. Son éloquence. Voulait-il se faire son neveu ? Comme un autre se voulait neveu de Lacan.
Je n’ai pas saisi l’utilité de la démarche diderotienne de M. Starobinski.
Sauf à ignorer que le siècle des philosophes s’est aussi illustré par un talent litteraire extraordinaire, mis au service du persiflage et de la mystification.

Marie Sasseur dit: à

Ça restera, … un XXX.

et alii dit: à

neveu de lacan
mais non, on ne parlera pas d’artaud pour la folie
Un essai sur Artaud, Guérir la vie. Artaud dont Jacob Rogozinski a rêvé de lui donner une philosophie à partir de ses motifs.
http://www.florilege.free.fr/florilege/artaud/lesmalad.htm

La maladie est un état.
La santé n’en est qu’un autre,
plus moche.
Je veux dire plus lâche et plus mesquin.
Pas de malade qui n’ait grandi.
Pas de bien portant qui n’ait un jour trahi, pour n’avoir pas voulu être malade, comme tels médecins que j’ai subis.

http://www.florilege.free.fr/florilege/artaud/lesmalad.htm

et alii dit: à

C’est ainsi que je considère
que c’est à moi,
sempiternel malade,
à guérir tous les médecins,
— nés médecins par insuffisance de maladie, —
et non à des médecins ignorants de mes états affreux de malade,
à m’imposer leur insulinothérapie,
santé
d’un monde
d’avachis.
artaud
http://www.florilege.free.fr/florilege/artaud/lesmalad.htm

Peer Gynt dit: à

@ Paul Edel 10 mars 2019 à 13 h 48 min
Belles dissertations d’hypokhâgne pour saluer le départ de Staro. L’anti-crtique des beautés, la critique de la critique. Le créateur reste entier et sauf.

Au fait, Paul Edel a dit : « Dans son Essai sur les limites de la littérature (sous-titré Les sandales d’Empédocle), etc… ». Et pourtant elle tourne, et le titre principal du livre de Claude-Edmonde Magny est bien « Les sandales d’Empédocle ». Pas un détail, le livre repose sur cette image-mère, s’ouvre et se ferme sur Empédocle.
La question reste : pourquoi cette affirmation péremptoire de Paul Edel pour une erreur qui fait contre-sens ?

et alii dit: à

Après ma lecture de Marcher droit, tourner en rond, j’étais obligée de continuer ma lecture des livres d’Emmanuel Venet. J’ai donc demandé deux de ses ouvrages à la bibliothèque. J’ai donc lu le premier Ferdière, psychiatre d’Antonin Artaud et je suis en train de lire le second Précis de médecine imaginaire. Forcément, je me suis demandée pourquoi au moins trois de ses livres tournaient autour de la maladie (plus exactement les maladies de l’esprit). J’ai compris en lisant la quatrième de couverture (ce que je n’avais pas vu sur le ebook du livre dont j’ai déjà fait le billet) ; Emmanuel Venet est psychiatre (et habite Lyon accessoirement). Tout cela est donc logique, même si ici on parle de l’écrivain, non pas du docteur
https://cecile.ch-baudry.com/2016/09/11/ferdiere-psychiatre-dantonin-artaud-de-emmanuel-venet/.

et alii dit: à

Dans son court texte (45 pages), Emmanuel Venet raconte la biographie de Ferdière, de sa naissance et de son environnement familial à sa mort. Il dessine un homme dual, qui voulait faire de la littérature mais qui n’était pas suffisamment aventureux pour ne pas faire à côté un métier, la médecine donc. C’est le portrait de cet homme qui n’arrivera jamais réellement à choisir entre sa « passion » et la normalité que nous trace l’auteur. C’est un peu comme s’il avait vécu sa vie à regrets.

et alii dit: à

ACCUEIL › LE BLOG SC › CULTURE & SOCIÉTÉ ›
« Psychiatre chez les poètes, poète chez les psychiatres »
Par F. Haccoun – Poète égaré devenu psychiatre, Gaston Ferdière croisa la route d’Antonin Artaud.

D. dit: à

Je precise à d’éventuels égarés que je ne suis ni Delaporte, ni Ed bien que comme cette dernière j’apprécie beaucoup l’habituelle qualité de ses interventions et sa véritable culture littéraire et musicale.

Janssen J-J dit: à

@10.16 de la DDE, alors ?… coincé entre une porte et un hamburger, somme toute ?… Quel misérable destin !

et alii dit: à

la fontaine
Le médecin Tant-pis allait voir un malade
Que visitait aussi son confrère Tant-mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade
Soutînt que le gisant irait voir ses aïeux.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure,
Leur malade paya le tribut à nature,
Après qu’en ses conseils Tant-pis eut été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L’un disait : « Il est mort; je l’avais bien prévu.
– S’il m’eût cru, disait l’autre, il serait plein de vie. »

Janssen J-J dit: à

D. dit: 14 mars 2019 à 10 h 16 min @ bien que comme cette dernière j’apprécie beaucoup l’habituelle qualité de ses interventions et sa véritable culture littéraire et musicale

Voulez dire que cette créature (popomgirl, Tomoto Quetchwa ?) apprécierait ses propres qualités littéraires et musicales ?
Déjà fatigué à c’theure là, D. ? Mancrépuxa !

et alii dit: à

Marcel Réja : médecin, poète symboliste et historien de l’art asilaire
Derrière le pseudonyme de Marcel Réja se dissimule le docteur Paul Gaston Meunier, lui-même fils de médecin. Originaire du Loiret, et aîné d’une fratrie de deux enfants, il naquit à Puiseaux le 20 août 1873 avant que ses parents ne viennent s’installer à Paris. Il entreprit alors des études de médecine, se spécialisant dans le traitement des troubles mentaux, et effectua son internat à Villejuif entre 1899 et 1900 dans le service d’Edouard Toulouse (1865-1947), alors médecin-chef dans une section de femmes. Scientifique invétéré, favorable à l’ouverture des asiles sur le monde extérieur, Edouard Toulouse n’en était pas moins un fervent amateur de littérature, menant une activité parallèle d’écrivain, rédigeant des pièces, des nouvelles et de nombreux articles de presse [3]
[3]
Pour une étude détaillée de la vie et de la carrière d’Édouard…. La personnalité de ce jeune médecin passionné de sciences et de lettres ne laissa sans doute pas indifférent son interne, fréquentant déjà, lui aussi, les cercles littéraires et artistiques parisiens. Les nouvelles méthodes de traitement laissant aux
https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2016-1-page-229.htm
bonne journée

et alii dit: à

Dès 1896, La Revue socialiste commença à publier les premiers poèmes d’un écrivain de vingt-trois ans se faisant appeler Marcel Réja. Il s’agissait de textes sombres et révoltés qui allaient être repris quelques mois plus tard sous la forme d’un ouvrage, La Vie héroïque  [13]
[13]
Marcel Réja, La Vie héroïque, Paris, Mercure de France, 1897., édité par le Mercure de France, témoignant de l’admiration de leur auteur pour les principaux écrivains symbolistes, tels Francis Viellé-Griffin, Émile Verhearen ou Stéphane Mallarmé. Ce premier recueil poétique fut suivi d’un second, Ballets et variations  [14]
[14]
Marcel Réja, Ballets et variations, Paris, Mercure de France,…, chargé de symboles et rédigé tout en prose, où Marcel Réja se montre envoûté par la figure féminine de la danseuse. Bien que ces deux premières expériences aient été saluées par la critique, et que certains de ses écrits fussent publiés par des revues emblématiques telles La Vogue ou L’Ermitage, Marcel Réja ne poursuivit pas son œuvre de poète, préférant se consacrer à des questions d’ordre artistique et esthétique. Il commença à fréquenter plusieurs artistes de la mouvance symboliste (Henri Héran, Edvard Munch et August Strindberg) et publia, entre 1897 et 1902, une demi-douzaine d’articles relevant de la critique d’art, suivis par de nombreux écrits consacrés à la danse, la musique et aux créations « asilaires » qui occupèrent l’essentiel de son activité littéraire jusqu’en 1908. Il se consacra ensuite à l’écriture de pièces de théâtre, ainsi qu’à la rédaction de chroniques politiques et sociales.

D. dit: à

Ah je me suis mal exprimé, pardon. Je pensai aux qualités de Chaloux que j’admire comme Ed.

D. dit: à

Je le refais, c’est préférable :

Je precise à d’éventuels égarés que je ne suis ni Delaporte, ni Ed bien que comme cette dernière j’apprécie beaucoup l’habituelle qualité des interventions de Chaloux ainsi que sa véritable culture littéraire et musicale.

Jazzi dit: à

C’est gentil de penser à moi, Chaloux. Il parait qu’en vieillissant les gens on tendance à accumuler, moi c’est plutôt le contraire, je désencombre…

Chaloux dit: à

Le vrai titre de la sculpture originale est évidemment « le tireur d’épine », pas autre chose…

Ed dit: à

Oui D. Chaloux nous fait découvrir des auteurs inconnus (pour ma part du moins) et il faut le saluer. En dehors de ses colères, il y a ça. Même chose pour Court, en dehors de son obsession pour Clopine.

Jazzi dit: à

Après les comices agricoles, les comices littéraires !

Ed dit: à

Simple exemple : Sur la mort d’un chien de Jean Grenier.

Chaloux dit: à

Ed, je ne suis pas coléreux (mais pas du tout), je suis âpre dans le combat. Réalisme exacerbé et bonne documentation (bah oui, complotiste…). J’accepte rarement d’aller là où on est décidé à m’emmener, ce qui est évidemment, dans une société pour animaux de batterie (on finit par être ce que l’on mange) qui s’en va vers le chaos un grave défaut. Je m’en accommode.

Chaloux dit: à

Ed, lis aussi Les îles de Jean Grenier, il faut absolument avoir lu ça. Grenier est politiquement un peu border-line mais c’est vraiment une des voix les plus essentielles du XXe siècle. Camus ne s’y est pas trompé.

Phil dit: à

politiquement borderline…à son époque, un peu à droite, signifie dear Chaloux.
vu dans la mélasse actuelle, très à droite.

Chaloux dit: à

S’agissant de Jean Grenier, ça ne me gène pas, dear Phil. Il est tellement plus que cela. Mais vous connaissez les précautions oratoires qu’il faut prendre aujourd’hui.

Jazzi dit: à

Comment se fait-il, renato, que les testicules en bronze du jeune homme statufié soient plus patinés que le reste du corps ?

Jazzi dit: à

C’est une forme de harcèlement sexuel/virtuel !

christiane dit: à

Agréable lecture commencée dans ce livre de Jean Starobinski Jean-Jacques Rousseau La transparence et l’obstacle.
Page 78, je découvre qu’il s’était essayé aux pseudos ! Et ce faisant, voici comment J.Starobinski analyse cette tentation ( si elle éclairait les pseudos de la RDL…)
« Il est étrange de voir Rousseau avouer une si complète équivalence entre l’aventure courue sous un faux nom et la tension par laquelle il prétend habiter véridiquement son vrai nom. Mais si l’on se rapporte aux pages où Rousseau raconte ses aventures pseudonymes, l’on s’aperçoit qu’elles ne sont pas explicables par la psychologie de la dissimulation. A de très rares exceptions près, il ne s’est jamais agi pour lui de cacher sa véritable identité, mais au contraire de conquérir une nouvelle identité avec laquelle il pût se confondre sans retour. Il ne se masquait pas pour duper les autres mais pour changer sa propre vie. Quand Rousseau ment, il croit à son mensonge […] Rousseau s’absorbe dans sa fiction au point de ne plus laisser d’intervalle entre l’ancienne « réalité » qu’il abandonne et la fiction qui le fascine. Il se dépersonnalise pour entrer dans son nouveau personnage, et la métamorphose s’accomplit sans laisser aucun résidu. »
(Suit le rappel de la mystification où Rousseau se fait passer pour le compositeur Vaussore de Villeneuve.)

Jazzi dit: à

Rien de bien nouveau, en somme :

« BAROMETRE « Les Français et la lecture »
La librairie est en crise, les éditeurs ont le morale (sic) à zéro, les livres se vendent moins qu’avant… Et pourtant ! Les Français lisent toujours en 2019, avant tout pour le plaisir. Le Centre national du livre (CNL) a rendu publics les résultats de la troisième édition de son baromètre bisannuel « Les Français et la lecture », conduit par Ipsos. Conclusion :
– Des Français toujours autant lecteurs, même s’ils ont le sentiment de lire de moins en moins et de manquer de temps pour la lecture.
– Les mangas-comics, les livres de SF et les livres sur le développement personnel progressent nettement. De fortes disparités subsistent néanmoins selon l’âge et le sexe : les mangas-comics et les livres de SF sont plus portés par les jeunes et les livres sur le développement personnel sont plus portés par les femmes, les quadras, les CSP – .
– Les achats de livres d’occasion, mais aussi sur internet, se renforcent. Les grands lecteurs et les plus de 65 ans achètent moins de livres neufs, au profit de l’occasion. Le taux d’achat en librairie, notamment spécialisée, a progressé, mais le sentiment d’un manque de disponibilité des ouvrages en rayon et d’une difficulté à passer commande en magasin, conforté par la facilité du recours à internet, s’est accru sensiblement.
– Les Français restent attachés à l’objet livre. La lecture de livres numériques évolue de manière marginale et ne cannibalise pas le format papier. Les Français préfèrent lire des livres qui leur appartiennent et se tournent très volontiers vers le livre pour faire un cadeau.
– Plaisir et découverte, deux grandes qualités que les Français associent toujours à la lecture. S’ils estiment, plus que jamais, que la lecture doit être une source de plaisir et de découverte de nouvelles choses, la recherche d’épanouissement personnel se révèle être une attente encore plus forte des Français. »

Phil dit: à

Les nichons de Dalida à Montmartre sont aussi fort patinés, dear Baroz. ils semblent avoir pris un coup de soleil.

Chaloux dit: à

Jazzi, n’exagérons rien, tout au plus une mise en écho de tes propres déclarations.

Sur Starobinsky, j’en ai lu un il y a 25 ans -peut-être sur Rousseau-, je ne suis même plus sûr du sujet. Mais je suis très mauvais lecteur de ces livres qui ne me paraissent pas fidèles à la terre, comme le dirait un de nos auteurs de chevet au nom imprononçable. Même chose pour Steiner auquel je n’ai jamais pu mordre. Au contraire, je dois beaucoup à Marthe Robert qui, curieusement, semble presque totalement passée de mode. Il me semble que la génétique des textes a presque complètement balayé bon nombre des échafaudages intellectuels du genre de ceux-là. Mais ce n’est que l’avis d’un pas grand-chose complotiste, tombé -ou plongé?- dans un cul de basse-fosse, avouons-le.

Le sac Marcel qu’on peut transformer en coussin, quelle idée extraordinaire pour ranger ses chaussettes. Nul doute que cette invention de génie rapprochera Proust du petit peuple -du moins de celui qui a encore les moyens de s’acheter un sac à chaussettes-. Ce printemps proustien décidément, promet d’être vraiment inoubliable.
Reste que Léon Daudet n’est pas tellement, à ce qu’il me semble, mis à l’honneur… En tout cas, pas vu rappeler son nom. Et pourtant, le Goncourt de Proust, c’est en grande partie lui.

Petit Rappel dit: à

On doit au Docteur Toulouse, avec l’assentiment de son illustre modèle, une étude du cas Zola faite, il faut le dire, avec les outils conceptuels de l’époque. Il n’empêche que c’est un livre ou il y à prendre. Je suis plus réservé sur la prose de Ferdière orchestrateur du mythe Artaud après guerre. Il y a là un coté Barnum qui me gene.
Bien à vous.
MC

Chaloux dit: à

Aussi patinées que les gonades de Victor Noir au Père Lachaise?

Marie Sasseur dit: à

« En 1933, alors qu’il est interne au service hommes de l’hôpital psychiatrique « Ville Evrard » à Neuilly sur Marne, Paul Mondain dessine, comme il le fit pour illustrer sa thèse. Dans ses observations écrites des malades, il dresse leur portrait : « J’ai eu entre les mains une vingtaine de dossiers hommes (1933) dans lesquels figuraient des dessins sommaires (sortes de caricatures) effectués tantôt au crayon tantôt à la plume. Ces croquis (taille 10X10 cm environ) ayant été tracés sur les feuilles d’observation et étant à l’évidence du même trait que les notes médicales, il est pratiquement certain que l’auteur en est le docteur Mondain. »

https://www.mondain-catalogue.com/copie-de-artiste

Marie Sasseur dit: à

« Agé de 37 ans, Paul Mondain s’est distingué par ses conceptions personnelles du métier d’aliéniste . ». C’est un précurseur de « l’art-thérapie » : il enseigne l’art plastique à ses patients. « … anti-psychiatre avant la lettre, il encourage ses fous à peindre par thérapie …» (Richard Gaël).

Jazzi dit: à

« Lorcapedia »

C’est un nouvel assassinat du pauvre Federico Garcia Lorca, ce surnom !

Marie Sasseur dit: à

M. Starononski n’a pas que pensé des élucubrations. Il les a aussi écrites.
Partir en vacances avec ça ?
Ca va pas la tête.

Jazzi dit: à

Federico Garcia Lorca

(…) L’ami, je voudrais mourir dans
mon lit, comme tout le monde.
Un lit d’acier, si possible,
avec des draps de hollande.
Vois-tu cette plaie qui va
de ma poitrine à ma gorge?
Il y a trois cents roses brunes
sur le blanc de ta chemise.
Ton sang fume goutte à goutte
aux flanelles de ta ceinture.
Mais moi je ne suis plus moi et
ma maison n’est plus la mienne (…)

Delaporte dit: à

« Partir en vacances avec ça ? »

Quand les hommes ne travailleront plus, ils enchaîneront les lectures savantes – et auront également davantage de temps pour se consacrer à Dieu. Entre le travail et l’amour, je choisis l’amour. C’est ce que nous rappelait la sublime Marion Cotillard, en faisant cette lecture de saint Paul, que personne n’a oubliée, lors des obsèques de Johnny. Cotillard qui, nous apprend la presse, est une écologiste convaincue, et qui va lancer bientôt un nouveau projet de film sur la question. Une femme exceptionnelle, qui nous change heureusement des Sasseur…

Marie Sasseur dit: à

« Les consultations épistolaires constituent une archive généreuse pour qui s’interroge sur l’articulation entre langage, expérience sensible, et souffrance psychophysiologique. Cet article se concentre sur le langage utilisé par les patients quand ils s’adressent au Dr Samuel Auguste Tissot (1728-1797), médecin lausannois de renommée européenne. Une lecture répétée et précise de ces documents met en lumière les stratégies rhétoriques mises en œuvre par les malades pour décrire une intériorité corporelle qui dépasse le cadre des théories médicales de l’époque, et qui échappe à nos catégories contemporaines. »
Micheline Louis-Courvoisier, « L’univers physiopsychologique des malades au XVIIIe siècle : « une pratique » du sensible  », Études Épistémè 
https://journals.openedition.org/episteme/1742

Ed dit: à

Jazzi
Existe-t-il des doublures teub au cinoche ? Nous avons récemment vu La reine Margot de Chereau et ne pouvons croire qu’un tel tuyau appartient à la Mole…Et elle est tout sauf molle avec Adjani d’ailleurs.

La chronique brillante du roman de Dumas est disponible sur le sublime Tomtomlatomate. Hurkhurk.

renato dit: à

« Comment se fait-il, […], que les testicules en bronze du jeune homme statufié soient plus patinés que le reste du corps ? »

Déjà heureux Jacques qu’ils ne sont pas dans une collection de pénis coupés. Je suppose qu’il s’agit des conséquences d’un rituel pour s’attirer les attentions de la fortune. Enfin, des sauvages unies, empêtrés dans la pensée magique !

Je me souviens qu’un après-midi j’attendais un ami pré de la Préfecture de Turin lorsque un éclat de lumière attira mon œil, je suis aller voir et voilà un Christophe Colomb en bronze dont la patine du petit doigt avait complètement disparu :

http://4.bp.blogspot.com/-8fBMEPJXOKg/VKgy5O6itkI/AAAAAAAABVU/XnJsP3Ahey8/s1600/_DSC6188.jpg

Le soir même je n’ai parlé avec un historien locale et su que selon une légende, l’on parle de ce doigt comme du « doigt du voyageur » ; qu’il est considéré comme un puissant porte-bonheur ; que du fait que Turin est avec Lyon et Prague l’un des trois point du triangle magique, des gens de partout — et non seulement des Italiens ! — pensent que ce doigt indique la voie à suivre pour trouver la fortune ; qu’en raison du frottement continu du doigt a été remplacé.

Enfin le monde et fourré d’attractions ! il y a aussi le sein droit de Juliette à Verone, les lèvres de Guidarello Guidarelli à Ravenna ; la plaque sous la statue de saint Jean de Népomuc sur le pont Charles en République Tchèque ; le museau du Porcelet à Florence — Porcelet qui est un sanglier — ; Gaston de Foix à Milan ; etc., etc.

D’ailleurs, il fut un temps où les femmes qui désiraient un enfant chevauchaient des menhirs couchés, mais ça nous porterait loin, et pas envie.

Marie Sasseur dit: à

Archives du corps et de la santé au 18e siècle: les lettres de patients au Dr Samuel Auguste Tissot (1728-1797)

Comment la maladie est-elle vécue et interprétée au 18e siècle ? Selon quelles modalités exprime-t-on ses maux ? Que fait-on pour y remédier ? Quelles sont les attentes à l’égard des soignants ou de la médecine ? Comment se déroulent les consultations auprès de praticiens ? Autant de questions auxquelles cette base de données permet de répondre, en offrant la possibilité de parcourir, sous une forme à la fois analytique et synthétique, l’ensemble de la volumineuse correspondance reçue par le médecin suisse Samuel Auguste Tissot (1728-1797) durant la deuxième moitié du 18e siècle

https://wp.unil.ch/unimedia/tissot/

Chaloux dit: à

A Montmorency, il était fréquent que les visiteurs de la maison de Rousseau arrachassent un brin de la paille de son fauteuil, ce qui obligeait à faire rempailler très souvent ce fauteuil. Au bout de cinquante rempaillages, les visiteurs s’obstinaient dans leur besogne, alors qu’il n’y avait plus un brin de paille originel.

Chaloux dit: à

Nymphomaniac me rappelle cette femme suisse, ex-prostituée, qui racontait en long en large et en travers (c’est le cas de le dire) son goût pour les hommes noirs et leurs sexes. Son nom m’échappe. Est-ce que tu as lu ça, Ed?

Candide dit: à

@Chaloux :
Grisélidis Réal…

Chaloux dit: à

A sa manière, c’est un grand livre.

(Merci candide, même si j’avais retrouvé).

Chaloux dit: à

C’est surtout thérapeutique, Jazzi.

Marie Sasseur dit: à

Delaporte, ceci peut vous interesser.

« Dans cette lettre au Dr Tissot, l’Abbé Digne appelle littéralement le médecin au secours. Il l’a sans doute déjà consulté car il n’explique pas, en introduction, en quoi consiste précisément ses maux. De plus, ses mots de conclusion laissent supposer qu’il s’est déjà rendu à Lausanne. Après six mois d’une amélioration temporaire, il ressent des problèmes à l’abdomen, qui l’empêchent de s’alimenter normalement et qui lui occasionnent des difficultés respiratoires. Il écrit: « J’ay senti renaître mon insensibilité pour les choses de ce bas monde et augmenter mon indifference pour ce qui pourra m’arriver dans l’autre […] ». Il se rend aux eaux de Luxeuil, où, après quelques temps, ses vomissements et ses sensations de suffocation cessent. Il peut à nouveau respirer, marcher et manger normalement, en un mot, goûter « le plaisir de l’existance ». L’abbé s’étend ensuite sur près d’une page sur les causes qui, selon lui et au dire des médecins, ont pu occasionner son mal. Il fait part à Tissot des diverses observations qu’il a pu faire sur son état de santé. Il semble convaincu qu’il faut favoriser l’écoulement de la bile pour pouvoir empêcher la formation de glaires, dont l’abondance est à l’origine de ses maux. Comme les bains et l’huile de tartre, peut-être prescrits par le médecin dans une consultation antérieure, ne lui procurent qu’une amélioration temporaire, il demande de quels autres traitements il pourrait user. En conclusion, il prie Tissot de bien vouloir saluer de sa part les « aimables demoiselles qui savent si bien onorer l’hospitalité et rendre seduisant le sejour de votre ville ».

Ed dit: à

Merci jazzi. Tu m’as bien fait rire en parlant de « chattounes » !

Je ne l’ai pas lu Chaloupe, et n’en ai absolument pas envie. Beurk.

Chaloux dit: à

J’ai oublié de répondre à la Fouille-trou à propos de la Pavane de Fauré. Si elle trouve ça plus espagnol que de raison, ça vient certainement de son estomac ou de son foie surchargés : abus de chorizo.
Donc, lever le pied sur la saucisse.

Chaloux dit: à

C’est pourtant un livre à lire, Ed.

Ed dit: à

Y a pas moyen. J’ai autre chose à faire que de lire ce genre de choses.

christiane dit: à

Que c’est triste de voir certains petits esprits surmonter leur inconnaissance des recherches de Jean Starobinski par des attitudes de dédain. D’abord on lit. Après on juge. Cela évite de se parer d’une fausse culture « réponse-à-tout » en accumulant sur ces fils des séries interminables de liens Wiki. C’est une culture très Reader-Digest…
Donc pour en revenir à ce livre inclassable qui n’est ni une biographie, ni un exposé de la philosophie de Rousseau, quelle piste suit Jean Starobinski dans les premiers chapitres ? Pourquoi une telle multiplicité de son œuvre autobiographique : Dialogues… Confessions… Rêveries… Tout semble pour lui toujours à recommencer. Toujours il se demande « Que suis-je moi-même Voilà ce qui me reste à chercher. »
Pseudonyme ?
« Il y a des visages plus beaux que le masque sui les couvre. » (Émile). Pour quelle raison sa vérité se cache dans son intériorité ?
« Avant de devenir écrivain, Rousseau a découvert la force et l’impuissance de la parole. […] il n’est pas à son aise lorsqu’il dot parler. […] il n’a ni le ton ni l’à-propos nécessaires. […] Il se révolte contre les jugements qui l’emprisonnent dans les valeurs reçues, ou l’immobilisent dans la figure qu’il a maladroitement affichée. […] En prenant le parti d’écrire et de se cacher, il cherche à opérer la transmutation qui lui donnera, aux yeux des autres, la beauté de « ce qui n’est pas ». Se cacher sans écrire, ce serait disparaître. Écrire sans se cacher, ce serait renoncer à se proclamer différent. Il ne s’exprimera que s’il écrit et se cache. […] Écrire, c’est le besoin de se reprendre au trouble de la timidité, le besoin de prouver autrement sa valeur. »
Une démarche d’exploration vraiment intéressante dans ces premiers chapitres accompagnée de citations de Rousseau fort bien choisies.

Chaloux dit: à

Christiane, il y a de grands esprits qui n’aiment pas les abats. Des goûts et des couleurs…

Marie Sasseur dit: à

C’est sûr que M. Starobinski fait se pamer les « asilés » qui n’ont pas lu Rousseau.
Et M. Starobinski, en bon voltairien, aura eu bien du talent à rechercher chez Rousseau une psychopathologie, qui n’existait que dans sa propre imagination ,fertile et tres erudite !

Il y a effectivement beaucoup de liens et de pistes, sur ce fil de commentaires. Mais pas grâce aux vieilles à la ramasse, d’un niveau scolaire tout à faut affligeant, tres bébête et d’un lourd, mon dieu, d’un lourd, pire que le plomb.

Marie Sasseur dit: à

Plus de 870 commentaires, et la duègne est triste, avec son code rousseau psychomachiné qui lui reste sur les bras. Elle a encore tant d’extraits à copier-coller, alors qu’on se barre. La messe est dite.

christiane dit: à

@Marie Sasseur dit: 14 mars 2019 à 16 h 47 min
« La messe est dite’ un peu vite et la fuite est un aveu d’impuissance. Sauriez-vous, sans l’aide de vos liens wiki, nous parler de l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau afin que je puisse juger quelle experte et critique littéraire se permet ces jugements dédaigneux sur ce livre de Jean Starobinski ? Mais autant attendre que le plomb se change en or…

christiane dit: à

Terminé l’essai de Jean Starobinski Jean-Jacques Rousseau – La transparence et l’obstacle. Pas convaincue ni par la transparence (elle est faite de trop d’obscurités), ni par des obstacles autres que sa vanité, ses fureurs obsessionnelles et sa rancune. Je crois qu’il ne s’est pas remis de l’échec de ce qu’il pensait être sa vocation : le théâtre. A-t-il été regretté en France ? Je ne crois pas. Il avait fait le vide autour de lui, se fâchant avec tout le monde, puis devenant passif. Je préfère la retraite de Voltaire à la sienne.
Reste cette façon de construire cet essai. Starobinski essaie d’élucider les contradictions de J-J.Rousseau sans jugement moral. Richement documenté par des citations bien choisies.
Reste le projet autobiographique de Rousseau. La souffrance psychique, la panique, son obsession du complot l’ont rendu plus apte à construire un herbier, à trouver l’apaisement dans la solitude pour tenter d’échapper à cette préoccupation de lui-même, qu’à se voir et s’écrire en vérité. L’obstacle ne pourra jamais être aboli…
« La loi de l’authenticité n’interdit rien, mais n’est jamais satisfaite. Elle n’exige pas que la parole reproduise une réalité préalable, mais qu’elle produise sa vérité dans un développement libre et ininterrompu. »

Marie Sasseur dit: à

Promenade guidée: Rousseau-Genève une relation passionnelle

Parcourons Genève sur les traces de Rousseau, de sa maison natale dans la Vieille Ville, à Coutance où il a vécu dans l’atelier d’horlogerie de son père. En passant par la Treille, l’Eglise Saint-Germain et la Résidence de France, nous irons à la place de Saint-Gervais, lieu de la fameuse fête de la Lettre à d’Alembert, à la rue des Etuves, où Jean-Jacques est devenu apprenti graveur, puis à l’Ile Rousseau, aussi haïe qu’admirée, au Perron, théâtre d’un sanglant conflit qui a marqué Rousseau, à Saint-Pierre et à l’Hôtel-de-Ville, où l’Emile et le Contrat social ont été condamnés et publiquement brûlés par le gouvernement patricien.

https://www.tempslibre.ch/geneve/manifestations/399078-promenade-rousseau

Marie Sasseur dit: à

« Dans le Discours sur l’origine de l’inégalité, il montrera que l’homme a privilégié le paraître sur l’être, qu’il n’est que ce qu’il a, qu’un fossé toujours plus large s’est creusé entre grands et petits, pauvres et riches, et pressenti qu’un esclavage économique se substituerait ou s’ajouterait à la subordination politique. À ses yeux, le prétendu progrès est une chute, engagement dans une socialisation erronée et injuste. Rousseau ne prêche nullement, comme l’en railleront Voltaire et d’autres, un retour à l’état de nature : il le dit, le mouvement est irréversible. »
https://www.lexpress.fr/culture/livre/en-1789-rousseau-est-deja-un-personnage-mythique_1122581.html

Janssen J-J dit: à

(de la part d’eric chevillard, le 28 avril 2019)
[Il restait toute la journée assis sur son banc, il regardait les jolies passantes avec un peu d’amertume et de mélancolie en se récitant les vers de Baudelaire, de Nerval, en fredonnant entre ses dents la chanson de Brassens. Puis un jour, une de ces jolies passantes en le voyant a ralenti le pas puis s’est dirigée vers lui. – Je peux m’asseoir ? a-t-elle demandé avec un sourire timide. Alors il a retroussé sa manche, tapoté du doigt son verre de montre et il lui a fait remarquer que, si elle ne se hâtait pas un peu, elle allait se mettre en retard].

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